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1 Utilisateur(s) anonymes
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Défi thème d'écriture du 9 septembre |
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Modérateur
Inscrit: 21/03/2013 20:08
De Belgique
Niveau : 44; EXP : 15 HP : 215 / 1078 MP : 1072 / 37095
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Bonjour, Pour le défi de cette semaine, je vous propose de vous inspirer de cette photo de saison. A vos plumes mes amis. Au plaisir de découvrir vos oeuvres. Couscous
Posté le : 07/09/2013 14:26
Edité par Loriane sur 08-09-2013 09:24:17 Edité par Loriane sur 08-09-2013 09:25:21 Edité par Loriane sur 08-09-2013 09:26:43
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Re: Défi thème d'écriture du 9 septembre |
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Modérateur
Inscrit: 21/03/2013 20:08
De Belgique
Niveau : 44; EXP : 15 HP : 215 / 1078 MP : 1072 / 37095
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Balade de saison
Voici le mois de septembre qui s’achève doucement. Je flâne le long d’un cours d’eau qui serpente dans la forêt. Les pierres à la mousse râpeuse me content un été torride. Leurs pieds ont connu la sécheresse et leurs têtes, les assauts d’un soleil de plomb. Mais l’eau retrouve toujours la route vers son ancienne demeure avant de se coucher à nouveau dans son lit, apportant ainsi un regain de vie à la végétation.
Dans l’arbre que je contourne, les feuilles bruissent sous l’effet d’un vent frais, annonçant le changement de saison. Le sol n’est plus qu’un tapis souple et mouvant. J’écarte les branches d’un buisson qui semble murmurer. Les voilà ! Je les cherche depuis l’aube. Leurs petits corps frêles cachent une vraie force. C’est à elles que nous devons cette palette de couleurs qui va du rouge carmin au jaune passé, en passant par des teintes brunes et mordorées. De vraies artistes ! Petites fées, je vous dois tant.
Enfin, je me rapproche du cours d’eau qui file sans m’en demander la permission. En me penchant au-dessus du courant, je peux les apercevoir. Elles se faufilent entre poissons et rochers à la vitesse de l’éclair. Seul un œil aguerri percevra leur présence. L’une d’elles, un peu taquine, saute hors de l’eau et dépose un baiser furtif sur ma joue. Comme je vous aime, mes naïades !
Vous qui me connaissez et me croisez chaque année sans me saluer ! Dans votre esprit, je marque le retour à un temps plus capricieux. Pour toi, le jardinier, mon arrivée rime avec le balayage répétitif des encombrantes feuilles multicolores. Chers écoliers, cessez de vous lamenter auprès de moi de reprendre le chemin des devoirs et des leçons.
Tout est en place, je règne à nouveau, pour un trimestre seulement, avant de transmettre la couronne à mon frère au manteau blanc. Il viendra à votre rencontre vers la fin de décembre. Mon nom est célèbre car il revient de façon saisonnière sur toutes les lèvres, appelez-moi Automne.
Posté le : 08/09/2013 14:35
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Re: Défi thème d'écriture du 9 septembre |
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Modérateur
Inscrit: 03/05/2012 10:18
De Corse
Niveau : 30; EXP : 5 HP : 0 / 726 MP : 395 / 26842
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Le temps de quiétude.
Admettez que, pour moi, l'image bucolique Evoque, au rocher près, la rivière où je vais. Mais, pour le petit bois, les couleurs qu'il revêt, N'ont point encor atteint ces tons mélancoliques.
Quelques crues, très bientôt, vont laver ses rivages Du mépris affiché contre Dame Nature. Ses eaux vont, pour un temps, balayer les ordures Et ce que l'estivant laissa sur son passage.
Vous me verrez toujours, assis sur mon fauteuil, Un livre dans les mains, lunettes sur le nez, Me levant quelques fois pour aller promener, Guettant, tête levée, les petits écureuils.
Il est même certain qu'au long de cet automne, Alors que, justement, les feuilles seront d'or, Dans le calme complet, que la nature dort, J'irai encor baigner dans l'onde qui frissonne.
C'est le temps, semble t'il, où je reprends mon bien. Je l'ai vu maltraité par des mains inconscientes. Mais la nature attend, la nature est patiente; Si elle répare tout, aussi, elle se souvient.
Gravona turbulente, au cours parfois changeant, Tu vas aux flots salés. La tour de Capitello Te verra t'achever, en y mèlant tes eaux Qui ont, sur leur chemin, caressé tant de gens.
Posté le : 09/09/2013 21:15
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Re: Défi thème d'écriture du 9 septembre |
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Modérateur
Inscrit: 03/05/2012 10:18
De Corse
Niveau : 30; EXP : 5 HP : 0 / 726 MP : 395 / 26842
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C'est vrai que les rivières sont bien plus belles quand l'été s'achève. Et pour ceux, comme moi, qui peuvent continuer à les fréquenter, leurs rives désormais désertes sont bien agréables. La photo ressemble vraiment à la Gravone, en amont de l'endroit où patauge Réveillon ! on s'attendrait à le voir.
Posté le : 09/09/2013 21:25
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Re: Défi thème d'écriture du 9 septembre |
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Modérateur
Inscrit: 21/03/2013 20:08
De Belgique
Niveau : 44; EXP : 15 HP : 215 / 1078 MP : 1072 / 37095
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Je me doutais que cette photo allait t'inspirer. Tu me parles souvent des cours d'eau près de chez toi. Je n'ai pas cette chance. Il y a bien une fleuve à quelques kilomètres mais son courant verdâtre n'invite pas à s'y plonger.
Tu nous offres une jolie balade dans ton repère, enfin libéré par les touristes.
Merci Bacchus
Posté le : 10/09/2013 05:51
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Re: Défi thème d'écriture du 9 septembre |
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Plume d'Or
Inscrit: 06/08/2013 20:30
De Le Havre
Niveau : 25; EXP : 53 HP : 0 / 613 MP : 268 / 20413
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Quelle chance tu as Bacchus ! Je t'envie vraiment. Moi je ne peux que me rappeler mes vacances en Corse... Bon j'ai un peu déliré cette semaine, Coucous trouvait mon premier jet trop sage, alors j'ai rajouté quelques "dingueries".
Les randonneurs
C’est une belle journée d’Automne, idéale pour une balade dans la Restonica. Les chaussures de randonnée sont prêtes. Les sandwiches et les bouteilles d’eau sont dans les sacs, les polaires et les vêtements de pluie aussi il ne faut pas se laisser surprendre par le temps.
« Florent as-tu pris la carte ? » demande Béryl.
« Oui oui, j’ai eu du mal à la trouver mais elle est dans ma poche".
Les quatre amis : Florent, Violette, Joseph et Béryl se connaissent depuis l’enfance. Ils portent tous la même tenue typique des randonneurs, le pantalon multi poches, le tee-shirt en tissu léger et la casquette.
« On prend ma voiture », dit Joseph
« On part d’où déjà ? »
« De Corte, on laissera la voiture sur un parking »
Il faut parfois rouler longtemps avant d’atteindre le point de départ. Les chemins de Grande Randonnée ne sont pas toujours accessibles. Les premiers kilomètres se font sur le bitume.
« C’est moyen de marcher sur la route, il est encore loin le sentier ? » demande Violette.
« Non, ne t’inquiète pas, et après on sera en pleine nature, tu vas voir c’est magique ! »,
Florent a sa carte dans les mains et il veille à ce que les amis suivent les marques blanches et rouges qui sont peintes sur les panneaux ou les arbres qui bordent la route. Une voiture noire se gare sur le bas côté, personne ne semble au volant, le conducteur doit être particulièrement petit. Les quatre amis se regardent amusés,
« C’est peut-être un korrigan », Violette est une spécialiste de la culture bretonne.
« ça va on est en Corse, ils ne descendraient pas jusque là », répond Florent en riant.
Un trait rouge surmonté d’une flèche blanche indique qu’il faut prendre un sentier sur la gauche.Nos amis longent un torrent qui serpente entre les rochers. Le paysage est magnifique, les arbres ont pris leurs couleurs de l’Automne, l’air est pur et le soleil encore chaud. Violette est inquiète, elle sent une présence autour d’eux, quand elle en parle aux autres, ils se moquent d’elle,
« ma pauvre Violette, tu as peur ? Mais nous sommes là pour te protéger des lutins, regarde comme on est costaud ! »,
Joseph montre ses muscles, il est très « physique » et il mettrait certainement en déroute pas mal de malfaisants.
« Ne riez pas, nous sommes près d’un torrent, c’est le genre de lieu qu’ils adorent. Si on voit un cercle avec de l’herbe grillée tu feras moins le malin »
Les pierres roulent sous les pieds et les racines des arbres sont parfois saillantes sur le chemin. La jeune femme a clairement l’impression que quelqu’un marche derrière eux, elle se retourne à plusieurs reprises mais ne voit que les arbres et les buissons.
Tout à coup le sentier s’arrête, Florent est perplexe :
« Je ne comprends pas, le chemin a disparu, il va falloir traverser le torrent, c’est embêtant».
« Comme tu dis c’est embêtant », s’exclame Béryl.
« En tous cas moi je ne traverse pas »
« On ne va quand même pas rebrousser chemin, il faut trouver une solution », dit Joseph
« Il y a sûrement un sentier qu’on n’a pas vu tout à l’heure, comment veux-tu qu’on fasse ? »
« Il n’y a qu’à marcher sur les rochers », propose Florent.
« C’est facile, il y a des endroits où ils sont assez rapprochés, il faut voir ça comme un jeu »
« Drôle de jeu », pense Béryl.
« Avec tes grandes jambes tu n’as pas de problème, mais Violette et moi on va tomber ! »
« Mais non, je te dis qu’il faut trouver des rochers assez près les uns des autres ».
« Alors on va glisser et se retrouver le derrière dans l’eau ! »
Rien que d’imaginer l’eau glacée pénétrer dans ses vêtements, Béryl frissonne.
« Moi je propose de traverser dans l’eau directement, on enlève nos chaussures et on marche doucement jusqu’à l’autre rive »,
Violette joint le geste à la parole et commence à défaire ses lacets.
Béryl est effarée
« mais l’eau est gelée Violette ! On va attraper la mort ! En plus avec le courant tu vas être déséquilibrée»
« Il y a une autre solution », dit Joseph
Béryl reprend espoir,
« Laquelle ? »
« On cherche l’endroit le plus étroit et on saute »
La jeune femme le regarde comme s’il était devenu fou.
« Tu dis vraiment n’importe quoi, si je ne peux pas sauter de rocher en rocher, je ne vois pas comment je vais pouvoir enjamber le torrent entier. »
« Qu’est-ce que tu proposes alors ? Tu fais toujours des histoires, il n’y a jamais rien de possible ! », réplique Florent agacé.
« On fait une pause, on mange un morceau et on va trouver une solution »,
Béryl commence à sortir les provisions des sacs, elle est au bord des larmes, elle s’est toujours sentie un poids pour les autres, la prochaine fois elle restera chez elle. Les quatre amis mangent en silence, ils sont tous un peu tendus, la randonnée ne se passe pas comme prévu. Violette tourne la tête brusquement, elle est sûre d’avoir aperçu quelqu’un derrière un tronc.
« Est-ce que quelqu’un a pris ma banane ? Je l’avais posée sur ce rocher », Joseph cherche désespérément.
« Sympa les copains, vous êtes supers drôles ! Je crève de faim en plus ! »
Tout le monde se regarde, visiblement personne n’a volé quoi que ce soit.
« Tiens, prend la mienne », dit Béryl, « j’ai assez avec mon sandwich »
« Merci, tu es gentille. Florent tu es sûr que tu ne t’es pas trompé à un moment ? On a peut-être pris le mauvais chemin ? »
Florent jette presque sa carte au visage de Joseph,
« Et bien prends-la cette carte, tu sauras mieux la lire que moi ! »
Florent en a assez qu’on le prenne pour un incompétent, il fait son possible mais ce n’est jamais assez.
« Béryl tu fais trop d’histoires aussi. Pourquoi est-ce que tu ne veux pas traverser ? »,
Violette est un peu énervée par l’attitude de son amie, elle ne veut pas rester dans cet endroit bizarre.
« Vas-y traverse puisque tu es si maline ! »
Violette enlève ses chaussures et commence à traverser. Arrivée à mi-chemin elle glisse et tombe dans l’eau froide.
« Zut, aïe, je me suis fait mal ! »
Joseph se précipite pour la relever,
« Tes chaussures ne sont pas mouillées c’est déjà ça ».
Ils reviennent tous les deux sur la rive. Violette boîte et sa cheville enfle à vue d’œil. Joseph se dit qu’il en a marre d’être avec des « bras cassés », la prochaine fois il partira seul. Pourtant être enfant unique a toujours été difficile à supporter, il a beaucoup souffert de la solitude, mais comment faire pour s’entendre avec les autres ?
Violette s’est fait vraiment mal, elle veut toujours prouver qu’elle peut tout faire et se retrouve souvent dans des situations difficiles.
« Bon, c’est plus compliqué que prévu, qu’est-ce qu’on fait ? »
« Dans un premier temps il faut donner des vêtements secs à Violette, tiens voilà un short que j’avais pris en plus »,
Béryl lui tend le vêtement.
Florent lui donne sa polaire :
« Tiens je ne suis pas frileux ».
A ce moment un autre promeneur arrive, il est minuscule et porte un drôle de chapeau sur la tête.
« Bonjour »
Sans un mot il passe à travers un fourré, il y a un chemin qui conduit à un pont, avec les orages de l’ été, le tracé du sentier a été sans doute un peu modifié.
« C’est notre sauveur ! »
« C’est peut-être un peu exagéré Béryl», mais Florent est soulagé lui aussi.
Seule Violette ne partage l’enthousiasme de ses amis. Ce type a vraiment l’allure d’un korrigan, à quoi joue-t-il ? Derrière le buisson le petit homme est introuvable,
« où peut-il bien être ? » se demande Violette.
Les autres sont partis devant pour repérer les lieux. Soudain, la jeune femme entend une petite voix de vieillard,
« Bonjour Violette ! Tu m’a repéré, bravo ! »
En disant cela le lutin enlève un énorme rocher qui est en travers du chemin, et le jette un peu plus loin comme un vulgaire caillou. Violette est affolée, ses amis sont trop loin pour l’entendre et arriver à son secours assez vite.
« Allez, ne crains rien, tu concoures à la connaissance de mon histoire et de ma culture, en remerciement je vais arranger ton problème. Je t’ai suivie jusqu’ici parce que je savais que tu aurais des ennuis. Ça aurait pu être beaucoup plus grave d'ailleurs, mais ma mission est de veiller sur toi ».
Le korrigan touche la cheville de Violette, celle-ci sent une chaleur dans l’articulation et la douleur s’en va. Quand elle relève la tête le petit être a disparu. Elle pensait que ces êtres étaient maléfiques mais celui-là avait plutôt été sympa. La jeune femme se relève fait quelques pas en arrière mais il n’y a plus aucune trace du minuscule bonhomme. Elle décide de rejoindre ses amis.
« Tu n’as plus mal ? », demande Bèryl
« Non tu vois ça va mieux, ce n’était rien finalement ».
Les quatre amis se sentent un peu honteux de s’être emportés. Il y avait une toute petite difficulté et ils n’ont pas su la gérer, il a fallu qu’un homme, étranger à leur groupe leur donne la solution. Peut-être même que sans son intervention ils se seraient disputés plus sérieusement. Leur amitié est-elle si fragile ? Peut-être se connaissent-ils trop, ils n’ont pas la retenue les uns envers les autres qu’ils auraient avec un inconnu. Ce qui devrait être un atout est devenu un écueil. Mais connaît-on vraiment l’autre ? Notre part d’ombre se révèle dans les situations difficiles, nos amis en ont fait l’expérience. Violette, elle, a découvert qu’elle avait un ange gardien, les farfadets ne seraient pas aussi méchants et malfaisants qu’on le dit. Il faudra qu’elle en parle lors de sa prochaine conférence …
Posté le : 14/09/2013 16:35
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Re: Défi thème d'écriture du 9 septembre |
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Modérateur
Inscrit: 21/03/2013 20:08
De Belgique
Niveau : 44; EXP : 15 HP : 215 / 1078 MP : 1072 / 37095
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J'aime bien ta réécriture. C'est un peu plus "magique" et mystérieux. Je ne sais pas s'ils vont repartir une prochaine fois ensemble ... on le saura peut-être au défi de printemps Merci pour ta participation.
Posté le : 14/09/2013 16:56
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Re: Défi thème d'écriture du 9 septembre |
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Modérateur
Inscrit: 03/05/2012 10:18
De Corse
Niveau : 30; EXP : 5 HP : 0 / 726 MP : 395 / 26842
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Ah ! Toi aussi, tu l'as vu le lutin de la Restonica ! Je présume que, comme le veux la coutume, tu as dû boire un litre de rosé bien frais, en plein soleil, pour qu'il apparaisse. Il est rare de voir des randonneurs aussi malheureux que vous. Les champions sont les allemands qui ont toujours l'air aussi organisés qu'une division de panzers. J'ai toujours l'impression qu'ils se déplacent,en tenant en permanence entre leurs mains, une carte d'état-major de 1940, Ils ne demandent jamais rien à personne et peuvent, au besoin, renseigner n'importe qui. Ta petite excursion me fait penser aux trois Stooges en vacances ! La Corse, c'est aussi cela...
Posté le : 15/09/2013 15:19
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Re: Défi thème d'écriture du 9 septembre |
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Administrateur
Inscrit: 14/12/2011 15:49
De Montpellier
Niveau : 63; EXP : 94 HP : 629 / 1573 MP : 3168 / 59938
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Nous étions partis sous un ciel vert, puis, insensiblement sans s'être vraiment retirée pour laisser place à la nuit sombre, la lumière avait repris force et avait réchauffé chacune des petites molécules de l'air de ce mois d’Août finissant. Nos gros véhicules terriens laissaient les traces de leurs énormes roues dans un sol encore souple. Les moteurs enfin faisaient silence, ils avaient fini leur mission mécanique, et dès cette limite, nos jambes et nos dos d'humains termineraient la route jusqu'à la maison de pèche, qui allait s'endormir pour l'hiver. Les enfants secoués par les derniers cahots, baillaient et ouvraient les yeux sur une forêt que l'automne, déjà , incendiait Omni et Oynut sortirent les sacs du véhicule, chacun prit sa charge, pendant que les hommes préparaient les munitions, puis leurs fusils soigneusement chargés et accrochés sur le dos, ils s'engagèrent dans le sentier entre les cimes des mélèzes, des peupliers, des épicéas et des sapins de Douglas dont le vert bleuté soulignait la beauté étrange des orangés et des rouges lumineux des érables, des faux-trembles et des bouleaux. Les vermillons, les pourprés, les amarantes, les roux, les ardents, les safranés, les carminés, les pourprés, tous dansaient, tous hurlaient sans pudeur, un sublime chant d'amour à la beauté. Une bourrasque soudaine et brutale fit s'agiter les arbres alentour, les branches souples des grandes pruches se balancèrent avec grâce, comme pour un salut accueillant. Chacun marchait en silence écoutant la brise d'hiver qui annonçait au feuillage flamboyant la venue prochaine des premiers froids. Une vive lueur bleue, traversa soudain le feuillage avec célérité, le léger cri d'un geai de Steller fut porté par le souffle de vent, les regards s'étaient tous élevés vers cette apparition fugace, vers ce bijou volant. La marche était aisée, enchantée même dans cet univers végétal vibrant, puis, au détour de la simple trace que nous suivions, après avoir contourné un haut rocher, le ciel s'ouvrit et la chanson de l'eau nous parvint. Les cascades nombreuses descendaient bruyamment sur le plateau de Spatsizi, elles recommenceraient sous peu, à s'endormir, à se pétrifier sous leur peau de glace. Les lacs, durant les deux mois d'été, avaient été nourris des eaux libérées par la fonte des grands glaciers qui trônaient comme une coiffe de lumière majestueuse sur les hauts plateaux du Yukon. Bientôt, nous arrivâmes au bord du petit cours d'eau qui contournait la maison du lac. Il chantait sa joie de vivre, pour quelques petites semaines encore, il était libre, courant, clair de transparence entre les rochers, il allait entouré des arbres en feu de couleurs, il enlaçait les troncs blancs des bouleaux, les troncs sombres des épicéas de Sitka , et ceux des érables aussi éblouissants qu'une palette de peintre, son tendre grondement abritait les sauvagines, les bécassines et les éclairs roses et rouges des saumons. Les caribous et les grands orignaux, mangeurs de mousses et de lichens, craintifs et semblant encombrés de leurs grands corps, nous fuyaient. Parfois un bruit de branches rompues signalait leurs fuites, mais leur présence n'était qu'une ombre furtive bien vite évanouie. Les écureuils pressés, faisaient leurs emplettes pour la proche diète hivernale, ils s'activaient sans éprouver le besoin de se dissimuler, leurs longues queues s'enroulaient autour des troncs dans une ascension d'une enviable agilité, ils volaient sur les troncs et les branches, indifférents à nos présences. Avant même que les sacs ne deviennent lourds, les cris des enfants nous disaient que nous étions arrivés, en effet le toit de la maison du lac et les pilotis qui la portaient apparaissaient entre les arbres, en dessous entre les gros piliers qui portaient l'ensemble, la barque attendait sagement. Nous devrons la mettre au sec, tout fermer, tout protéger, enfermer les provisions ou les jeter, dans quelques jours les premières glaces envahiraient les sols, les plantes disparaîtrons et ... un arrêt brusque de Nootka qui marchait devant stoppa toute la petite troupe. Les enfants immédiatement se rangèrent derrière les adultes, accroupis et silencieux, Oka nagan qui était le meilleur tireur se plaça en retrait du groupe, le fusil en garde, il pointait son arme devant lui, immobile comme soudain statufié, il visait la grosse masse blanc-crème d'un énorme ours "esprit" qui tentait de forcer la porte de la remise où nous enfermions les poubelles. Un long silence inquiet pesa plusieurs minutes, quand soudain le vent tourna et, sans préavis, l'ours se dressa sur ses pattes, face à nous, nous étions sous le vent et il avait senti notre présence. Oka nagan tira au dessus de la tête de l’impressionnant animal, la détonation sèche explosa et partit au fond du vallon, faisant des ronds dans l'air, mais le grand bipède, debout, ne s'affola guère, il sembla hésiter, puis s'enfuit sans vraiment de précipitation. A voir son absence de peur, on pouvait en déduire qu'il n'avait pas dû croiser beaucoup d'humains. Ce devait être un mâle, il était haut et bien gras comme le sont en cette saison tous les ours du pays Yukon jusqu'au montagnes de Colombie. Il était plus grand encore que les ours noirs ou les grizzlis qui vivaient dans cette région. A cette époque, tous les animaux, humains ou non, se préparaient à l'hiver. Les ours, eux, commençaient déjà à choisir et à préparer leurs tanières. Les mamans ourses qui sont en gestation, freineront le processus le temps qu'il est nécessaire pour que les petits naissent à la fin de l'hibernation. Pour l'heure tous s'engraissaient et la pèche au saumon allait bon train, ce qui les amenaient irrésistiblement tous, au plus près des rivières nourricières. L'Ours parti nous arrivions sur la maison. Les enfants, rassurés, couraient dans le sentier en criant, heureux d'être arrivés, lorsque soudain amusés ils se dirigèrent vers une nouvelle construction qui avait surgi soudainement de la rivière. L'ingénieur-constructeur de cet édifice, né en une petite semaine, et d'au moins trois mètres de hauteur, était encore à l'oeuvre, on le voyait nager en traînant dans l'eau une branche avec ses feuilles. Nous avions visiblement une famille de beaver pour voisins. La hutte était large et haute, la famille devait avoir un bon nombre d'enfants qui vivront dans les tunnels sous la surface. Pour les autochtones, "'les petits frères qui parlent" étaient des amis que l'on ne combattaient jamais et dont les petits cris et le babillage bruyant mais expressif était à l'origine de ce charmant surnom.
Les premières feuilles volaient et allaient tranquilles, en un train long et lent, glisser à la découverte, à l'aventure, portées par l'eau glacée qui s'enroulera plus loin, autour de la multitude d'îles qui se baignent dans le pacifique à l'ombre des premières glaces de l’Arctique, d'où descendra, d'aubes en aubes, le dur hiver qui endort toutes les vies.
Lydia Maleville
Posté le : 15/09/2013 16:13
Edité par Loriane sur 16-09-2013 09:00:53 Edité par Loriane sur 16-09-2013 18:55:11 Edité par Loriane sur 28-09-2013 08:53:28
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Re: Défi thème d'écriture du 9 septembre |
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Semi pro
Inscrit: 08/09/2013 19:25
De le havre
Niveau : 8; EXP : 94 HP : 0 / 198 MP : 33 / 6560
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Belle inspiration avec ce jolie poème Bacchus. Texte dépaysant et surprenant Loriane. Quand à toi, Melle Arielle, je me suis régalée, encore meilleure cette version. Merci à tous pour ces petits bouts de bonheur
Posté le : 15/09/2013 23:11
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