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Lino Ventura
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Le 14 Juillet 1919 naît Lino Ventura

Présenté par Iktomi


« Dans ma petite tête de Parmesan… »,
comme il aimait à dire. C’est en effet à Parme qu’Angiolino Pasquale Ventura est né le 14 juillet 1919. Italien il est né, Rital il est resté, ayant toujours refusé la naturalisation.

Pourtant peut-on imaginer personnage plus français, voire franchouillard, que le brigadier Théo Dumas (Un taxi pour Tobrouk), que Fernand Naudin (Les tontons flingueurs), moins méditerranéen que Clément Tibère (Le Silencieux), ou que le commissaire Vergeat (Adieu poulet) ?

Tard venu au cinéma, à près de trente-cinq ans, il représente l’antithèse de ces jeunes prodiges, ces révélations âgées d’à peine vingt ans qui ne savent rien mais paraissent avoir tout compris. Lino Ventura ne paraissait pas, lui. Il était. Et il avait réellement compris : ce qu’il pouvait attendre du cinéma et ce qu’il pouvait lui donner.

Résultat : il suffit de regarder sa filmographie, il y a vraiment très peu de films devant lesquels on se demande ce qu’il est allé faire dans cette galère (pour ma part, je mettrai Boulevard du rhum dans cette catégorie, mais ce choix n’engage que moi). Lino Ventura, jouer dans de mauvais films ? Allons donc ! Lino Ventura, être mauvais dans un film ? Jamais !

« J'ai dérouillé de quatre briques et morflé de cinq ans dans vos farces et attrapes… » lui fait dire Audiard dans La métamorphose des cloportes. C’est que, justement, on ne lui faisait pas dire ou faire n’importe quoi. Parce que Lino Ventura c’était avant tout une grande pudeur.

Alors vouloir lui faire rouler une pelle à Angie Dickinson (L’homme en colère), c’était de la pure inconscience de la part de Claude Pinoteau. Souvenez-vous aussi des Barbouzes : vers la fin du film, quand Francis Lagneau (Ventura, donc) est censé avoir passé une nuit torride avec la très blonde et juvénile Amaranthe (Mireille Darc, rien que ça !), ladite Amaranthe est très peu vêtue alors que Lagneau a tout juste tombé la cravate…

Ce n’était certes pas un homme enclin à la haine, mais il n’en avait pas moins quelques aversions bien prononcées.

Contre le mépris tout d’abord, et spécialement le mépris envers les humbles. « Un garçon de café, je lui dit monsieur » avait-il confessé lors d’une interview télévisée. Le respect réciproque, c’était son crédo. Avoir des égards pour autrui, il voulait bien tant que ça marchait dans les deux sens : « Faut pas me louper, sinon ça peut aller très, très loin. »

Aversion pour les intellectuels aussi, plus exactement pour une certaine catégorie d’entre eux : les petits donneurs de leçons très « rive gauche » qui s’ingéniaient à opposer le cinéma d’auteur aux films « commerciaux », lesdits films étant nécessairement formatés pour un public de cérébro-déficients.

Lino Ventura s’insurgeait contre cette pose pour ce qu’elle avait de méprisant – ce qui ramène à son aversion numéro un – et aussi parce qu’il y avait flairé une grande malhonnêteté intellectuelle.

Car qui oserait encore prétendre qu’on ressort plus intelligent (ou moins bête ?) d’A bout de souffle que de Classe tous risques ?

Une petite tête de Parmesan, peut-être, mais aussi un très grand coeur que ceux qui ne le connaissaient pas bien ont découvert lorsque Perce-Neige a été fondée.

Ce coeur qui l'a lâché le 22 octobre 1987. L'ultime farce et attrape, mais vraiment la moins drôle.

Sa vie

Lino Ventura est le fils de Giovanni Ventura et Luisa Borrini.
En 1927, il est âgé de sept ans lorsqu'il quitte l'Italie avec sa mère pour rejoindre son père parti travailler comme représentant de commerce à Paris quelques années auparavant. Par fidélité à ses origines, il n'a jamais consenti à prendre la nationalité française, comme cela lui fut souvent suggéré.
Lino Ventura parlait le français sans aucun accent, ayant passé l'essentiel de sa vie en France, et s'exprimait au contraire en italien avec une pointe d'accent français.
Il quitte rapidement l'école et commence à travailler dès l'âge de huit ans.
Il exercera successivement divers métiers : groom, mécanicien, représentant de commerce et employé de bureau.
C'est le sport qui va l'emporter. Il devient lutteur professionnel poids moyens sous le nom de Lino Borrini qui fut plus tard, de manière erronée, considéré par certains comme son véritable nom.
Il sera aussi catcheur.
En 1942, il épouse Odette Lecomte son amour de jeunesse dont il a quatre enfants :
Mylène en 1946,
Laurent en 1950,
Linda en 1958 et
Clelia en 1961.
En 1950, il est champion d'Europe poids moyens de lutte gréco-romaine, puis à la suite d'un accident, une grave blessure à la jambe droite au cours d'un combat contre Henri Cogan, qui deviendra acteur lui aussi. Passionné il deviendra organisateur de combats
ter. Passionné par son activité, il se reconvertit en organisateur de combats. Il est notamment un habitué de la Salle Wagram à Paris.
En 1953, tout à fait par hasard, un de ses amis parle de lui au réalisateur Jacques Becker qui cherchait un italien pour jouer face à Jean Gabin dans son film Touchez pas au grisbi. La rencontre se fait et Jacques Becker lui propose illico le rôle d'Angelo que Lino refusera dans un premier temps.
À la sortie de Touchez pas au grisbi, sa présence est telle que toute la profession le remarque.
Il est immédiatement adopté par le milieu du cinéma, par Jean Gabin avec qui il devient grand ami et par le public grâce à sa carrure, sa « gueule » et son exceptionnel naturel de comédien qui font de lui l'interprète idéal du film noir, de truand et de policier dur à cuire au grand cœur.
Sans avoir pris de cours de comédie, il va rapidement gravir les échelons ; il est tout d'abord acteur de complément, puis accède rapidement aux premiers rôles, son jeu d'acteur s'affinant.
Il devient l'un des poids lourds du cinéma hexagonal et restera à tout jamais reconnu comme l'un des meilleurs acteurs du cinéma français.
Père d'une enfant inadaptée, à cause d'un problème à la naissance, sa fille Linda née en 1958, il a créé avec son épouse Odette en 1966 l'association humanitaire Perce-Neige à Saint-Cloud, là où il vivait, avec pour but « l'aide à l'enfance inadaptée ».

Il décède le 22 octobre 1987 à Saint-Cloud, à l'âge de 68 ans d'une crise cardiaque après 34 ans de carrière cinématographique et 75 films. Il repose au cimetière du Val-Saint-Germain dans l'Essonne.

Filmographie

• 1954 : Touchez pas au grisbi de Jacques Becker : Angelo, le chef de la bande rivale
• 1955 : Razzia sur la chnouf de Henri Decoin : Roger, Le Catalan
• 1956 : La Loi des rues de Ralph Habib : Mario
• 1956 : Crime et Châtiment de Georges Lampin : Le patron du bistrot
• 1957 : Le Feu aux poudres de Henri Decoin : L'inspecteur Legentil
• 1957 : Action immédiate de Maurice Labro : Bérès
• 1957 : Trois Jours à vivre de Gilles Grangier : Lino Ferrari, l'accusé à tort
• 1957 : Le rouge est mis de Gilles Grangier : Pépito, le truand au couteau
• 1957 : L'Étrange Monsieur Steve de Raymond Bailly : Denis
• 1957 : Maigret tend un piège de Jean Delannoy : L'inspecteur Torrence
• 1958 : Ces dames préfèrent le mambo de Bernard Borderie : Paulo
• 1958 : Ascenseur pour l'échafaud de Louis Malle : Le commissaire Cherrier
• 1958 : Montparnasse 19 de Jacques Becker : Morel
• 1958 : Le Gorille vous salue bien de Bernard Borderie : Géo Paquet, dit « Le Gorille », agent de la D.S.T
• 1958 : Sursis pour un vivant de Víctor Merenda : Borcher
• 1959 : Douze heures d'horloge de Geza Radvanyi : Fourbieux
• 1959 : Marie-Octobre de Julien Duvivier : Carlo Bernardi
• 1959 : 125, rue Montmartre de Gilles Grangier : Pascal, le vendeur de journaux
• 1959 : Un témoin dans la ville de Édouard Molinaro : Ancelin; l'assassin poursuivi
• 1959 : Le Chemin des écoliers de Michel Boisrond : Tiercelin, le restaurateur collaborateur
• 1959 : Le fauve est lâché de Maurice Labro : Paul Lamiani
• 1960 : Classe tous risques de Claude Sautet : Abel Davos
• 1960 : Les Mystères d'Angkor de William Dieterle : Biamonte
• 1961 : Un taxi pour Tobrouk de Denys de La Patellière : Théo Dumas
• 1961 : La Fille dans la vitrine de Luciano Emmer : Federico
• 1961 : Le Roi des truands de Duilio Coletti : Le truand
• 1961 : Le Bateau d'Émile de Denys de La Patellière: Emile Bouet, pêcheur
• 1961 : Les Lions sont lâchés de Henri Verneuil : Le Docteur Challenberg
• 1961 : Le Jugement dernier de Vittorio de Sica : Le père
• 1962 : Le Diable et les Dix Commandements de Julien Duvivier : Garigny, le proxénète
• 1962 : Les Petits Matins de Jacqueline Audry : Le chauffeur de bus
• 1962 : L'Opéra de quat'sous de Wolfgang Staudte : Tiger Brown
• 1963 : Les Tontons flingueurs de Georges Lautner : Fernand Naudin
• 1963 : Cent mille dollars au soleil de Henri Verneuil : Hervé Marec
• 1963 : Carmen 63 de Carmine Gallone : Vincenzo
• 1964 : Les Bandits (Llanto por un bandito) de Carlos Saura : El Lutos
• 1964 : Les Barbouzes de Georges Lautner : Francis Lagneau, un barbouze
• 1964 : Le Monocle rit jaune de Georges Lautner : Le client d'Elie (caméo)
• 1965 : L'Arme à gauche de Claude Sautet : Jacques Cournot
• 1965 : Les Grandes Gueules de Robert Enrico : Laurent, un repris de justice libéré
• 1965 : La Métamorphose des cloportes de Pierre Granier-Deferre : Alphonse
• 1966 : Avec la peau des autres de Jacques Deray : Pascal Fabre
• 1966 : Ne nous fâchons pas de Georges Lautner : Antoine Beretto
• 1966 : Le Deuxième Souffle de Jean-Pierre Melville : Gustave Minda, dit « Gu »
• 1967 : Les Aventuriers de Robert Enrico : Roland
• 1968 : Le Rapace de José Giovanni : Le Rital
• 1969 : Le Clan des Siciliens de Henri Verneuil : L'inspecteur Le Goff
• 1969 : L'Armée des ombres de Jean-Pierre Melville : Philippe Gerbier
• 1970 : Dernier domicile connu de José Giovanni : L'inspecteur Marceau Léonetti
• 1971 : Fantasia chez les ploucs de Gérard Pirès : Sagamore Noonan
• 1971 : Boulevard du rhum de Robert Enrico : Cornelius
• 1972 : Cosa Nostra de Terence Young : Vito Genovese
• 1972 : Le Silencieux de Claude Pinoteau : Clément Tibère
• 1972 : La Raison du plus fou de Raymond Devos et François Reichenbach : Le motard
• 1972 : L'aventure c'est l'aventure de Claude Lelouch : Lino Massaro
• 1973 : La Bonne Année de Claude Lelouch : Simon
• 1973 : Far West de Jacques Brel : Le prisonnier
• 1973 : L'Emmerdeur de Édouard Molinaro : Milan, le tueur professionnel
• 1974 : Les Durs (Uomini Duri / Three tough guys) de Duccio Tessari : Le Père Charlie
• 1974 : La Gifle de Claude Pinoteau : Jean
• 1975 : Adieu poulet de Pierre Granier-Deferre : Le Commissaire Verjeat
• 1975 : La Cage de Pierre Granier-Deferre : Julien
• 1976 : Cadavres exquis (Cadaveri Eccellenti) de Francesco Rosi : L'Inspecteur Amerigo Rogas
• 1978 : Un papillon sur l'épaule de Jacques Deray : Roland Fériaud
• 1978 : La Grande Menace (The Medusa Touch) de Jack Gold : L'Inspecteur Brunel
• 1978 : L'Homme en colère de Claude Pinoteau : Romain Dupré
• 1980 : Les Séducteurs de Édouard Molinaro : François Quérole
• 1981 : Garde à vue de Claude Miller : L'inspecteur Antoine Gallien
• 1981 : Espion, lève-toi de Yves Boisset : Sébastien Grenier
• 1982 : Les Misérables de Robert Hossein : Jean Valjean, l'ancien forçat
• 1983 : Cent Jours à Palerme (Cento Giorni a Palermo) de Giuseppe Ferrara : Le général Carlo Dalla Chiesa
• 1983 : Le Ruffian de José Giovanni : Aldo Sévenac
• 1984 : La Septième Cible de Claude Pinoteau : Bastien Grimaldy
• 1987 : La Rumba de Roger Hanin : Le caïd du milieu (non crédité)
• 1987 : Maledetto ferragosto (Film inachevé)
• 1987 : La Jonque (Film inachevé)
Hommage
En 2003, la ville de Parme lui rend hommage en donnant son nom au centre du cinéma de la commune : Centro cinema Lino Ventura.
Bibliographie
• 1979 : Lino Ventura, Gilles Colpart - Éditions PAC - Monographie
• 1980 : Lino Ventura, Didier Vallée - Éditions Solar
• 1987 : Lino Ventura, Philippe Durant - Éditions Favre - Monographie
• 1992 : Lino, Odette Ventura - Éditions Robert Laffont - Biographie
• 2003 : Lino, tout simplement, Clelia Ventura (sa fille) - Éditions Robert Laffont - Souvenirs d'enfance et recettes de famille
• 2004 : Lino Ventura - Une leçon de vie, Clelia Ventura (sa fille) - Éditions Marque pages - Biographie
• 2007 : Signé : Lino Ventura, Clelia Ventura (sa fille) - Éditions Marque pages - Beau livre avec 20 objets facsimilés
• 2008 : Dictionnaire des comédiens français disparus, Yvan Foucart - Mormoiron : Éditions cinéma, 2008, 1185 p. (ISBN 978-2-9531-1390-7)
• 2010 : Les légendes du cinéma français, Lino Ventura, Bernard Boyé - Éditions Autres Temps - Album photos retraçant sa carrière cinématographique
• 2012 : Lino Ventura, Carnet de Voyages, Clelia Ventura (sa fille) - Éditions Barnea Productions -

Liens

http://www.perce-neige.org/
http://youtu.be/gJm9Sm8RpOQ interview
http://youtu.be/jFyzXIfXlBE Le ruffian film entier
http://youtu.be/UNtSgKz9ues un témoin dans la ville 1959
http://www.youtube.com/watch?v=DTr8_R ... e&list=PL260F39206C1648BF L'aventure c'est l'aventure
http://youtu.be/OYKXadKOSNA L'emmerdeur
http://youtu.be/Ai1NxKdOngA l'emmerdeur
http://youtu.be/HmI6co3ensE les tontons flingueurs
http://www.youtube.com/watch?v=Frrp6L ... e&list=PLCF98691FEF56BD04 les tontons fligueurs




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Posté le : 13/07/2013 21:41
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Re: Lino Ventura
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Est-ce que je me trompais quand, adolescent, j'imaginais qu'il était le modèle type du Français, représentant la France à l'étranger ? Et puis, son langage était le mien.

Posté le : 13/07/2013 23:05
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Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
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Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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