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Re: Les expressions |
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« Dans les clous »
Dans le respect ou les limites de ce qui est attendu, demandé, édicté, imposé
Si vous êtes jeune, vous vous êtes peut-être bien déjà demandé pourquoi, dans la rue, on appelle également les passages pour piétons des passages cloutés. Si, par contre, vous avez de nombreuses années à votre compteur personnel, vous avez forcément la réponse.
Alors je m'adresse d'abord aux jeunes : Sachez qu'autrefois, entre la période du jurassique et la deuxième moitié du XXe siècle, les rues, qu'elles soient pavées (oui, ça a existé, même que les pavés ont pu servir de munitions anti-CRS en mai 68) ou goudronnées, étaient à certains endroits également traversées de passages pour piétons. Sauf que ces passages n'étaient pas matérialisés par des bandes blanches peintes sur la route, comme de nos jours, mais bordés par des gros clous fichés dans le sol et dont la partie visible était bombée[1]. Le piéton voyait donc deux lignes de clous, perpendiculaires aux trottoirs et délimitant la zone dans laquelle il fallait traverser lorsque le feu passait au rouge pour les voitures. Passer ou être dans les clous, c'était donc respecter le code de la route, traverser là où le piéton en avait le droit.
Et voilà comment peut naître une métaphore ! Il suffit d'étendre ce respect d'une règle bien spécifique à tous les autres domaines en conservant le vocabulaire initial, pour se retrouver avec une locution dont l'origine peut paraître bizarre lorsque ce qui l'a fait naître n'existe quasiment plus. Cette expression semble n'apparaître qu'au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, au moment où, justement, ces clous-là étaient en voie de disparition.
[1] Mais ces clous ne venaient pas forcément d'Inde.
Posté le : 05/08/2013 12:03
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« Baisser les bras »
Renoncer à agir, à poursuivre une action entreprise.
Pour justifier l'existence de cette expression, Alain Rey en fait une métaphore liée à la boxe où, le boxeur trop fatigué pour se protéger efficacement, baisse un peu les bras, diminuant ainsi sa capacité à se défendre et à limiter les coups ; il est alors à peu près assuré de perdre.
Mais on peut peut-être remonter beaucoup plus loin dans le temps, aux époques où l'ordalie étaient un des moyens utilisés pour déterminer qui était coupable ou qui avait de justes prétentions. En effet, parmi les différentes sortes existantes de "jugement de Dieu", il y avait celle, prisée par Charlemagne, qui servait à déterminer qui, parmi deux individus, avait raison de réclamer quelque chose ; elle consistait à imposer aux personnes impliquées de maintenir les bras à l'horizontale le plus longtemps possible ; celui qui "baissait les bras" en premier devait alors renoncer à ses exigences.
Posté le : 06/08/2013 11:20
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« Passer l'éponge »
Pardonner, oublier des actes désagréables
Nous voilà face à une belle métaphore ménagère dont la lointaine origine nous vient des fonds marins. En effet, l'éponge est d'abord un animal marin extrêmement primitif (sans organes). Sa capacité à absorber des liquides, tout en étant très souple, en a fait un objet de pêche intensive depuis près de 3 millénaires (Homère la cite déjà , 9 siècles avant J.C.).
Aujourd'hui, l'éponge naturelle ne se trouve quasiment plus dans les rayons des magasins. Elle y a été remplacée par des éponges synthétiques aux capacités de souplesse et d'absorption au moins équivalentes. Alors que l'éponge naturelle est informe, l'éponge carrée a rejoint le poisson carré dans les étals des grandes surfaces.
C'est Georget Bernier, alias Professeur Choron, qui, dans Hara Kiri, avait autrefois osé un « faites l'amour sur du formica, un coup d'éponge et c'est propre », photo à l'appui. C'est que l'éponge sert généralement à nettoyer quelque chose, le coup d'éponge permettant d'effacer des traces plus ou moins indésirables (certains se rappelleront avec un peu de nostalgie la petite éponge mouillée avec laquelle, à l'école, ils effaçaient ce qu'ils avaient écrit à la craie sur leur ardoise).
Et c'est à partir de cette utilisation que, dès le début du XVIIe siècle, d'abord sous la forme porter l'éponge, est née notre métaphore où l'usage virtuel d'une éponge est une forme de pardon qui permet d'effacer ou d'oublier bien des choses passées désagréables, des fautes commises ou des actes répréhensibles.
Posté le : 07/08/2013 15:53
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« Un pot-pourri »
Un mélange hétérogène d'éléments littéraires, graphiques ou musicaux
Lorsqu'on entend un chanteur reprendre un pot-pourri de ses succès, on ne peut qu'être étonné de la présence du qualificatif pourri contenu dans notre appellation, sauf s'il s'agit d'un très mauvais chanteur (je ne citerai pas de nom). En effet, de nos jours, le terme est très loin d'être flatteur puisqu'il désigne des choses peu ragoûtantes, extrêmement dégradées et même décomposées. Mais il n'a pas toujours eu ce sens très négatif.
Le mot apparaît chez Rabelais en 1564. Il y désigne un ragoût, comprenant plusieurs sortes de viandes et de légumes mélangés. Notez qu'il y avait déjà la notion de mélange hétérogène. On comprend bien la présence de pot, puisque le mot désignait déjà ce grand récipient suspendu dans la cheminée où l'on préparait la tambouille familiale. Mais pourquoi pourri ? Cela vient simplement du fait qu'au XVIe siècle, étaient « pourris » les aliments très ramollis et éclatés à la suite d'un excès de cuisson, comme l'étaient les ingrédients du ragoût volontairement laissé longtemps sur le feu.
Après le ragoût, et au figuré, le mot a, quelques années plus tard, désigné un assemblage de choses disparates, comme un ouvrage littéraire évoquant des sujets très divers ; à la fin du XVIIe, un mélange de plantes et de sels broyés donnait un parfum portant le même nom qui, par métonymie, a aussi désigné le récipient contenant ce mélange généralement destiné à parfumer une pièce.
C'est au début du XIXe siècle qu'il désigne également une musique composée de morceaux issus de sources différentes. Ne nous en sont principalement restés que les assemblages d'éléments littéraires, picturaux ou musicaux variés.
Posté le : 08/08/2013 15:05
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« Remettre aux calendes grecques »
Remettre à une date qui n'existe pas, donc qui n'arrivera jamais.
Pourquoi cette date n'existe-t-elle donc pas ? C'est sous Jules César, vers 45 avant J.C. que le calendrier romain est réorganisé pour être en accord avec les mouvements connus des astres. L'année de 365 jours et les années bissextiles datent de cette époque. Les calendes () désignaient le premier jour de chaque mois, jour pendant lequel les débiteurs devaient payer leurs dettes.
Un peu plus loin vers l'est, les Grecs, eux, n'en avaient cure, et continuaient à utiliser gaillardement leur méthode de comptage du temps, sans calendes.
Ce serait Auguste, à une époque où la 'Saint-Glinglin' et 'la semaine des 4 jeudis' n'existaient pas encore, qui aurait le premier introduit les inexistantes calendes grecques pour parler de la plus qu'hypothétique date de remboursement des débiteurs insolvables.
Posté le : 09/08/2013 14:30
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« Fier comme Artaban »
Être très fier, parfois même arrogant.
Cette expression est d'origine littéraire. Artaban est ici un personnage important d'un énorme roman, une épopée historique (12 volumes, 4153 pages), intitulé Cléopâtre et écrit par Gautier de la Calprenède () au milieu du XVIIe siècle. Du succès de ce roman à l'époque n'est resté que la fierté et l'arrogance de son personnage, la sonorité de son nom ayant probablement aidé à la conservation de l'expression.
Pour lire (peut-être) un exemple d'utilisation de l'expression du jour, voyez la rubrique 'Exemple' à cette page.
Parmi les altérations récentes de cette expression, on trouve "fier comme un bar-tabac" (popularisée par Coluche) ou "fier comme un p'tit banc".
Cet 'Artaban' là n'a rien à voir avec le nom de certains des fameux rois parthes de la dynastie des Arsacides ().
Posté le : 11/08/2013 22:46
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« Une main de fer dans un gant de velours »
Une autorité ferme sous une apparence douce. Ferme, mais diplomate.
A l'origine, seule l'expression 'une main de fer' était utilisée pour désigner quelqu'un ayant de l'autorité pouvant même être exercée avec rudesse voire violence.
Le gant de velours indique que l'autorité, quoique ferme, s'exerce cette fois-ci avec douceur ou diplomatie, avec absence de contrainte.
Cette expression est attribuée à Bernadotte () qui, lors d'une entrevue avec le comte d'Artois, prince royal de Suède, aurait dit : « Il faut pour gouverner les Français une main de fer recouverte d’un gant de velours ».
De nos jours, on se demande s'il peut réellement exister une recette efficace pour gouverner les Français...
Posté le : 12/08/2013 11:28
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Citation :« Ca fait la rue Michel »
Le compte y est. Ca suffit, c'est assez.
Cette expression familière, attestée au XIXe siècle, provient d'un jeu de mots digne de l'Almanach Vermot, basé sur la rue Michel-le-Comte, dans le quartier du Marais à Paris ().
Cette expression est apparue après 1806, lorsque cette rue a ainsi été nommée. Elle serait venue des conducteurs de fiacre qui, une fois leur client déposé dans la rue (ou à proximité) et l'argent de la course reçu, leur signifiait ainsi avoir le montant nécessaire.
Selon certains, elle aurait aussi pu être popularisée par les journalistes des nombreux quotidiens installés dans la rue Réaumur, située à quelques pas de la rue Michel-le-Comte.
Posté le : 13/08/2013 11:40
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« De longue haleine »
De longue durée, demandant beaucoup de temps (avec une notion d'effort soutenu)
Aujourd'hui, pour nous tous, et aucun mouton ne me contredira, l'haleine est cet air qu'exhale un individu qui parle ou qui expire par la bouche. Chez quelqu'un avec lequel on discute, on la préfère fraîche et agréable, au lieu de foudroyante pour une mouche qui aurait eu l'imprudence de passer entre les interlocuteurs. Si l'adjectif longue explique aisément la durée qu'exprime l'expression, il paraît peut-être un peu difficile d'associer à l'effort ce que l'haleine désigne de nos jours.
Mais, encore une fois, il nous faut remonter bien loin dans le temps pour tout comprendre. Au XIe siècle, l'haleine est d'abord l'air qui sort des poumons puis, par extension, le souffle. Or, on sait que lorsqu'on produit un trop grand effort, on finit par manquer de souffle ; ou, pour les athlètes, qu'il leur faut impérativement du souffle pour réussir leurs exploits. C'est donc là qu'on fait le lien entre l'effort et le souffle (ne dit-on pas d'ailleurs aussi « courir à perdre haleine » ?).
Si elle a été précédée au XIIIe siècle de à longue haleine (« avec force et durée »), c'est au milieu du XVIe siècle chez Ronsard[1] qu'apparaît notre expression avec le sens figuré de « qui demande un effort soutenu ». Et l'effort n'étant pas que physique, la locution indique aussi la capacité à soutenir un effort intellectuel prolongé. D'ailleurs, les Jésuites rédacteurs du Dictionnaire de Trévoux, au mot haleine, se citent en exemple en écrivant « l'entreprise d'un dictionnaire est un ouvrage de longue haleine ».
[1] Alors qu'il évoque certaines facilités qu'il prend avec la langue, nécessaires selon lui pour obtenir des rimes bien construites, il écrit ceci : « Certes, telle licence a tousjours esté concedee aux poèmes de longue haleine ou de mediocre vertu, pourveu qu'elle soit rarement usurpée, non à ces rimes vulgaires, orphelines de la vraye humeur poétique. »
Posté le : 14/08/2013 12:27
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« La moutarde lui monte au nez »
SIGNIFICATION L'impatience l'envahit. La colère le gagne.
ORIGINE Ceux qui ont tenté l'expérience d'avaler une cuillère à soupe de moutarde forte ont une petite idée de l'image contenue dans cette expression. Pour les autres, même si c'est plutôt l'heure du petit déjeuner, faites d'abord l'essai avant de continuer à lire.
Bien. Si vous lisez ceci, c'est que vous arrivez à nouveau à peu près à respirer. Séchez vos larmes, reprenez lentement votre souffle, on n'est pas pressés ! Alors maintenant que vous savez tous l'effet que ça fait, vous avez pu constater que ça vous a très fortement irrité les muqueuses nasales, en plus de quelques autres effets secondaires pas piqués des hannetons.
Donc, vous avez maintenant compris pourquoi le 'nez' est présent dans l'expression.
Pour le verbe 'monter', il va de soi que ce n'est pas la moutarde qui, de ses petits bras musclés, se hisse dans votre cavité nasale. Il s'agit simplement d'un usage classique dans le langage lors de manifestations physiques involontaires lorsque des mouvements d'humeurs corporelles marquent un changement de comportement : "le sang lui monte au visage" pour manifester la honte ou la colère, ou bien "les larmes lui montent aux yeux" pour indiquer une émotion particulière.
Ne reste plus qu'à expliquer la colère ou l'impatience, parce que s'il est vrai que le gobage de moutarde est un jeu stupide, il n'a pas pour autant de raisons de provoquer de tels sentiments. En réalité, c'est un jeu sur le mot 'irritation', celle physique provoquée par la moutarde et celle psychologique liée à une impatience ou de la colère, qui justifie la naissance de notre expression.
Dans sa forme actuelle, elle date du XVIIe siècle, mais un siècle plus tôt, elle existait déjà sous la forme "la moutarde lui entre au nez".
Posté le : 15/08/2013 12:56
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