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Les expressions |
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« Tout son soûl »
sens : à satiété, autant qu'on veut.
Cette expression date du XVe siècle.
On utilise aujourd'hui le mot 'soûl' (ou saoul) pour désigner quelqu'un qui est 'ivre'. Mais autrefois, quelqu'un de soûl était une personne qui avait mangé et bu à satiété. C'est le 'bu à satiété' qui, quand il ne s'agissait pas que d'eau, ferrugineuse ou pas, a provoqué le glissement du terme vers la notion d'ivresse.
Être soûl, c'était aussi être rassasié, voire saturé de quelque chose, au point même d'en être écoeuré. C'est ce 'soûl'-là qu'on retrouve dans notre locution, un des très rares usages modernes de l'ancien sens du mot.
« Battez-moi plutôt et me laissez rire tout mon soûl, cela me fera plus de bien. » Molière - Le bourgeois gentilhomme
« Ma femme est morte, je suis libre ! Je puis donc boire tout mon soûl. Lorsque je rentrais sans un sou, Ses cris me déchiraient la fibre. » Charles Baudelaire - Les Fleurs du mal
Posté le : 15/07/2013 23:47
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« Etre né coiffé »
Avoir de la chance
Au Moyen Âge, le mot coiffe a tout d'abord désigné la partie d'une côte de mailles qui recouvrait la tête d'un soldat. Ce n'est que par la suite qu'il a désigné un bonnet masculin puis, plus tard encore, différents couvre-chefs.
Au XVIe siècle, parmi d'autres, il avait aussi une acception particulière, puisqu'il désignait ce fragment de membrane fœtale qui peut parfois recouvrir la tête du nouveau-né au moment de son expulsion. Or, une croyance datant de bien avant cette époque (elle remonterait même à l'Antiquité) voulait qu'un enfant qui naissait ainsi était protégé du mauvais sort.
Par conséquent, suivant cette superstition, celui qui était né avec une coiffe, donc coiffé, était quelqu'un de chanceux. L'expression est attestée en 1549. Et par extension, elle signifie aussi « être heureux » puisque celui qui a de la chance n'a normalement aucune raison d'être malheureux.
Apparemment, dans une partie de l'Asie, être né coiffé est aussi un bon présage. En effet, dans D'un nom à l'autre en Asie du Sud-Est, Josiane Massard-Vincent et Simonne Pauwels écrivent : « Si l'enfant est né coiffé, il sera nommé Turban/Coiffe, sapu/sapu'. La coiffe est perçue comme un bon présage, l'enfant coiffé deviendra un homme courageux et riche ; il aura un pouvoir sur les récoltes, à moins qu'il ne soit doté d'une vue particulièrement perçante puisqu'il pourra voir les bombo, les esprits des morts et d'autres entités invisibles au commun des mortels. »
Mais cette coiffe a décidément bien des conséquences sur la vie de la personne puisqu'au fil des lectures on trouve des affirmations comme « Le loup-garou est en effet bien souvent un enfant né coiffé » ou bien « La croyance veut aussi qu'un enfant qui est né coiffé mourra de mort violente ».
COIFFE, NAITRE
Posté le : 16/07/2013 15:26
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« Le dessus du panier »
Ce qu'il y a de meilleur
Il vous est sûrement déjà arrivé, au (super)marché, de repérer une magnifique barquette de fraises, de la ramener chez vous (après l'avoir payée, bien entendu), et de découvrir que celles situées sous la première couche étaient en moyenne beaucoup moins belles que les fraises du dessus. C'est simplement parce que le commerçant, dans l'espoir de vendre ses produits, même ceux abîmés, et de vous appâter, a pris le soin de mettre au dessus de la barquette ou du panier les plus beaux de ses produits. Ce faisant, ce fieffé coquin prend bien sûr le risque de ne plus vous revoir. Mais il faut bien qu'il arrive à vendre tout son stock, le pôvre ! Ce n'est pas parce qu'il s'est fait avoir par son grossiste qui a réussi à lui placer quelques produits de piètre qualité qu'il doit les garder sur les bras. À votre tour, donc, de vous faire avoir !
Si, pour des choses diverses, notre métaphore aisément compréhensible désigne effectivement ce qu'il y a de plus beau ou de meilleur, l'expression s'emploie aussi en parlant de personnes pour désigner les plus aisées, les plus distinguées ou les plus célèbres. Dans ce cas précis, on utilise aussi les termes de « crème » ou de « gratin ».
Selon Oudin, au début du XVIIe siècle, on a d'abord parlé du « pis / pire du panier » pour évoquer cette fois ce qu'il y a de plus mauvais. Plus tard dans le siècle, selon Furetière, on a vu apparaître notre expression en même temps que son opposé « le fond du panier ». Aujourd'hui il n'en reste plus que le dessus.
Posté le : 17/07/2013 13:00
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« Etre (un) grand clerc »
Être très savant
Le mot clerc est issu au XIe siècle du latin clericus qui signifiait « membre du clergé », puis également « lettré ». Mais quel lien peut-il y avoir entre un savant et un curé ou un évêque, me direz-vous ? Eh bien il ne faut pas oublier qu'en ces temps lointains, les membres du clergé étaient presque les seuls à savoir lire et écrire, ce qui, aux yeux du peuple, en faisait des savants (imaginez, qu'à notre époque, ils soient les seuls à savoir utiliser un ordinateur !)
Dans son Dictionnaire comique, satyrique, comique, burlesque, libre et proverbial paru en 1735, Philibert-Joseph Le Roux indique que c'est un grand clerc s'utilisait « en se moquant d'un homme qui fait le savant », probablement avec une connotation anticléricale. La mauvaise opinion des clercs est d'ailleurs confirmée dans le Dictionnaire des proverbes français en 1749 où, à la même locution, c'est la définition « un sot, un niais, un homme qui s'en fait accroire » qui est associée.
De nos jours, on utilise cette locution plutôt sous une forme négative : « il n'est pas grand clerc » ou, surtout, « il ne faut pas être grand clerc pour... » le clerc étant alors plus généralement celui qui est intelligent ou qui possède une vaste culture. Est-ce clair ?
En dehors de cette expression, clerc est toujours employé dans certaines appellations comme clerc de notaire, clerc de procureur ou clerc de commissaire priseur, par exemple, le mot s'étant aussi spécialisé depuis le XIIIe siècle pour désigner un employé travaillant dans l'étude d'un officier public ou ministériel.
Posté le : 18/07/2013 12:12
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« Une partie fine / partie carrée / partouse »
Réunion de plusieurs personnes pour y partager des plaisirs sexuels
Je précise tout d'abord qu'il y a longtemps, aucune de ces formes, même la dernière, n'avait de caractère sexuel. Et qu'au XVIIe siècle et plus tard, une partie était simplement une réunion de plusieurs personnes dans le but de passer ensemble un moment agréable et de s'amuser ; on parlait ainsi des « parties de chasse » ou « parties de campagne ». Le classique « et plus si affinités » s'étant apparemment vérifié, il n'en reste plus, dans nos locutions, qu'une réunion aux buts bien cernés.
Commençons par la plus fine des trois parties. Ici, le qualificatif fin s'oppose à ordinaire et désigne ce qu'il y a de meilleur. En 1846, dans son Dictionnaire d'amour, Joachim Duflot donne la définition suivante pour ce type de partie : « Promenade de deux amants en tête-à -tête, loin des indiscrets, des curieux et des jaloux. La partie fine n'existe qu'entre gens qui ont intérêt à se cacher ». Tout est dit. Si l'histoire entre ces deux êtres se terminait probablement au lit, à l'époque il ne s'agissait que d'une simple promenade, éventuellement adultérine. Avec le temps, la balade est devenue crapuleuse et la notion de sexe indissociable de l'expression.
Ce qui se passe dans une partie carrée a aussi changé avec les ans. Le terme carré ne vient pas de la forme de l'emplacement où se réunissent les participants, mais du nombre de personnes, à savoir quatre, généralement deux couples. Ces gens se réunissaient en tout bien tout honneur, dans le seul but de deviser gaiement, se sustenser de conserve ou se promener de concert. C'est au cours du XVIIIe siècle que l'activité a commencé à se réduire aux galipettes.
Enfin, la partouse (qui s'écrit aussi partouze) est une orgie avec un nombre de participants supérieur à deux pour la valeur basse, et illimité, pour la valeur haute, si ce n'est par le volume de l'endroit où elle a lieu. Mais il faut savoir qu'au tout début du XXe siècle, la partouse était simplement une partie de cartes, pas forcément de strip poker. Et selon Gaston Esnault, c'est à partir de 1919 qu'elle évoque une partie à deux seulement, puis en 1924, qu'on passe à un nombre supérieur, partie généralement réservée aux mondains, et avec une connotation de voyeurisme accepté et même souhaité.
Posté le : 19/07/2013 11:11
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« La caque sent toujours le hareng »
Lorsqu'on a de basses origines, on en conserve toujours la vulgarité, malgré une éventuelle réussite
Le hareng, comme vous le savez certainement, est un poisson des mers froides et peu profondes. Il a, comme beaucoup d'autres, une odeur très forte lorsqu'il est fumé, bien qu'aucune sorcière ne lui ait jeté de mauvais saur. Du coup, lorsque dans une caque, on entasse des harengs pendant un certain temps, elle en garde définitivement l'odeur quoi qu'on puisse faire pour tenter de l'en enlever.
Mais qu'est donc une caque, me direz-vous ? Eh bien le mot est apparu sous cette forme au XIVe siècle, probablement dérivé de l'ancien nordique kaggi ou kakki qui voulait dire « tonneau ». Il désigne une barrique destinée, avant d'autres usages ultérieurs, à contenir des harengs conservés dans du sel. Autant dire que, vu l'odeur des poissons ainsi stockés, le bois ne peut que s'en imprégner définitivement et que plus rien ne peut l'éliminer. Cette caque a autrefois donné l'expression serrés comme harengs en caque aujourd'hui remplacée par serrés comme des sardines, vu qu'il est plus facile actuellement de rencontrer des boîtes de sardines que des caques de harengs dans les rayons des supermarchés.
Cette expression est donc une métaphore désespérante pour celui qui n'est pas né dans le grand monde. Elle prétend que celui qui vient de la France d'en bas n'arrivera jamais à dissimuler complètement ses origines, même s'il arrive à se hisser dans les hautes sphères de la société. Tout comme la caque est perdue pour un usage autre que le stockage de harengs, une fois qu'elle a servi à ça, le mal né gardera toujours en lui la prétendue vulgarité liée au monde dans lequel il a été élevé. Mais on a eu aussi le mortier sent toujours les aulx, pour ceux qui pilaient de l'ail dans un mortier.
Notez que cette expression est presque toujours employée avec un sens négatif : elle n'est pas utilisée pour quelqu'un qui serait né avec une cuillère d'argent dans la bouche et qui aurait malheureusement plongé dans la pauvreté mais qui aurait gardé des traces de sa bonne éducation. Une des raisons de cette mauvaise appréciation vient de ce que le hareng, principalement le saur, était surtout consommé par les populations pauvres.
Posté le : 20/07/2013 12:15
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« Ne pas s'en faire (une miette) »
Ne pas s'inquiéter ou se faire de soucis Être insouciant
Lorsque vous répétez sans cesse à un angoissé de nature de ne surtout pas se faire de soucis, vous finissez par alléger la phrase en lui disant simplement "ne t'en fais pas !" Il aura parfaitement compris que le 'en' désigne ici les fameux soucis qui l'habitent et contre lesquels il semble impuissant. Notre locution est donc simplement une ellipse familière de "ne pas se faire de soucis".
Mais on trouve aussi parfois la "'miette'" accolée à l'expression. Pourquoi ? Eh bien pour une raison simple : si la miette est depuis le XIIe siècle l'abréviation de '" mie'" pour désigner d'abord les tout petits bouts qui tombent du pain quand on le rompt, puis, au XVIe siècle, par extension, de petits morceaux de n'importe quoi, le mot a également eu le sens de "un tout petit peu", en rapport avec la taille moyenne d'une véritable miette. Avec cet ajout l'expression est à comprendre comme "ne pas se faire de soucis, même pas un tout petit peu".
Posté le : 21/07/2013 11:22
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« Né dans la pourpre »
Héritier royal Héritier d'une famille puissante et/ou riche
Si je vous dis comme ça, de but en blanc, porphyrogénète, vous allez certainement me dire d'arrêter de vous insulter ou bien me répondre « à vos souhaits ! ». Et pourtant, ce vocable existe bien et il n'a rien d'un gros mot ! Il nous vient du grec et signifie, devinez quoi, « né dans la pourpre ». Là , vous n'aurez pas manqué de reconnaître notre expression !
En effet, ce qualificatif s'appliquait autrefois aux fils des empereurs byzantins. Il n'y avait pas de règle dans la succession impériale, mais les enfants de l'empereur étaient, du fait de leur filiation valant légitimité, à peu près assurés de monter sur le trône à la suite de leur père (un peu comme dans n'importe quelle dynastie, d'ailleurs, ou comme chez les dirigeants actuels de la Corée du Nord, par exemple).
Mais si tout ceci suffit à dater approximativement l'expression avec son sens originel, cela n'en explique pas l'origine. Eh bien elle nous vient simplement du fait que les femmes des empereurs accouchaient dans une chambre garnie de blocs de porphyre rouge (pourpre) égyptien, d'où son appellation de « Porphyra », pour le lieu, et de « porphyrogénète » pour les bambins nés dans cette pièce et à la destinée probablement toute tracée.
Il faut dire que, depuis l'Antiquité et jusqu'à la chute de Byzance, la pourpre était une couleur très recherchée, très chère car rare (difficilement fabriquée avec une quantité phénoménale d'escargots de mer murex pour obtenir très peu de teinture ) et réservée aux personnes de haut rang, comme les consuls et les empereurs de la peu romantique Rome antique, par exemple. La pourpre a aussi été un symbole de pouvoir dans le clergé, puisque c'était la couleur portée par les cardinaux et les évêques.
Cette expression a ensuite désigné plus généralement une personne issue de souche royale, puis est ensuite devenue une manière, relativement peu usitée, de désigner celui qui aura probablement peu de soucis à se faire dans la vie, en raison de sa naissance dans un milieu très aisé ; une autre manière de dire qu'il est né avec une cuillère en argent dans la bouche.
Posté le : 23/07/2013 12:34
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« L'assiette au beurre »
Une situation source de profits et faveurs pas toujours licites
Je profite du fait qu'on parle ici du beurre pour rappeler (voir les détails à l'expression mettre du beurre dans les épinards) que l'usage du beurre a évolué au fil des siècles. D'usage courant au Moyen-âge, chez les pauvres, il deviendra un complément alimentaire surtout réservé à l'aristocratie à partir de la fin du XVe siècle. Dans plusieurs métaphores nées à partir de cette époque, le beurre est un symbole de richesse, un emblème de luxe.
On imagine bien alors, autour d'un banquet ou d'une réception chez les gens de la haute société, que les convives qui avaient les postes les plus enviables ou donnant le plus de pouvoir, étaient choyés par la maîtresse de maison et qu'on mettait dans leur assiette les plats les plus beurrés (ce qui, soit dit en passant, n'était pas forcément un cadeau si l'on en croit les médecins d'aujourd'hui qui bannissent le beurre pourvoyeur de mauvais cholestérol). C'est de ces petites faveurs offertes aux puissants qu'aurait pu naître notre métaphore, le beurre étant le symbole des diverses choses dont ils peuvent profiter de par leur statut, que ce soit sous la forme de cadeaux offerts plus ou moins spontanément, ou de profits obtenus de manière plus ou moins licite (avantages en nature, commissions, pots-de-vin, etc.).
Mais on ne peut pour autant ignorer l'influence possible d'un jeu de mot sur une autre acception du mot assiette, celle liée à l'impôt. Or, à partir du moment où la collecte de cette taxe impôt-pulaire était confiée à des exécutants d'une probité pas toujours exemplaire, il était facile pour certains d'entre eux de trafiquer les chiffres et de s'approprier une partie de ce qu'ils récoltaient, ces sommes partiellement détournées leur donnant la richesse nécessaire pour prétendre faire partie de la caste des consommateurs de beurre.
Cette ancienne expression aurait pu disparaître s'il n'y avait pas eu, au début du XXe siècle, la naissance d'un journal satirique intitulé « L'assiette au beurre » (), en quelque sorte un ancêtre de notre Charlie-Hebdo contemporain, journal qui s'attaquait entre autres aux excès des gens de pouvoir, politiques ou entrepreneurs, qui profitaient largement de leur situation pour gruger les autres et s'approprier un maximum de choses au détriment des gens peu aisés.
Aujourd'hui, on l'utilise plutôt rarement. Et lorsqu'elle l'est, c'est souvent pour évoquer la corruption dans le monde politique (si tant est qu'une telle déviance puisse exister, bien sûr).
Posté le : 24/07/2013 11:59
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« Prendre le taureau par les cornes »
S'attaquer à une difficulté avec détermination
Comme vous le savez certainement, le taureau est un animal qui pèse plusieurs centaines de kilos, généralement nettement plus d'une demi-tonne. Alors, si après avoir été pris d'une soudaine envie de batifoler avec votre moitié dans un pré, vous vous trouvez nez à nez avec un taureau belliqueux qui vous fonce dessus, il ne vous viendrait certainement pas à l'esprit de rester face à lui, d'attendre qu'il arrive juste sous votre nez avec l'intention, d'un gracieux mouvement, de le saisir par les cornes pour l'envoyer valser au loin. Une telle attitude ne serait pas du courage, mais de l'inconscience totale, vu l'infinitésimal pourcentage de chances de réussite de la manœuvre. Non, dans une telle situation, la seule chose sensée à faire, est de dire à votre moitié de courir très vite dans une direction, de jeter votre parka rouge sur son dos juste avant qu'elle s'élance, et de courir tout aussi vite dans une autre direction, de préférence après avoir remonté votre pantalon[1].
Mais malgré la masse de l'animal, il existe toutefois des formes de combat ou de spectacle où des individus s'amusent, en approchant un tel animal par le côté, à lui saisir les cornes et, en s'y agrippant et en forçant sur sa tête, à le faire se coucher à terre. Noberto Caimo raconte ainsi son voyage en Espagne en 1755 : « J'y ai surtout admiré certains traits singuliers d'un courage et d'une intrépidité extraordinaire, comme de saisir adroitement le taureau par les cornes et de le renverser par terre ».
Mais qu'on ne s'y trompe pas, une telle action n'est pas donnée à tout le monde et arriver à un tel but sans être blessé, voire éventré et tué, est d'une grande difficulté. C'est elle que métaphorise notre expression, car il faut effectivement beaucoup de détermination pour s'attaquer de front à un tel obstacle.
Si les lexicographes modernes indiquent que l'expression est apparue sous cette forme au milieu du XIXe siècle, précédée à la fin du siècle précédent de attaquer le taureau par les cornes, on trouve pourtant dans un ouvrage de Guillaume de Lamberty écrit en 1727 le texte suivant : « C'étoit d'autant qu'il avoit ouï dire au feu Duc de Schomberg, le Père, que d'attaquer la France dans les Païs-Bas, c'étoit prendre un Taureau par les cornes. » Or, il ne fait aucun doute que la forme et le sens y sont bien déjà ceux de notre époque.
Bon, blague à part, non seulement le taureau ne voit pas les couleurs, mais en plus sa vision n'est pas nette ; alors parka rouge ou noir, peu importe ! C'est le mouvement qui l'attire : il y a autant de chances qu'il se mette à poursuivre l'un que l'autre.
Posté le : 25/07/2013 11:14
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