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De Montpellier
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Le 12 juillet 1884 naît Amedeo Clemente Modigliani
à Livourne en Toscane, Italie, il meurt à 35 ans, le 24 janvier 1920 à Paris, peintre et un sculpteur italien rattaché à l'École de Paris. Peintre de figures, nus, portraits, sculpteur, dessinateur. Connu au départ comme un peintre figuratif, il est devenu célèbre par ses peintures et ses sculptures de facture dite moderne où les visages ressemblent à des masques et où les formes sont étirées. Il reçoit sa formation à l'académie du dessin de Florence, il a pour maîtres Henri de Toulouse-Lautrec, Paul Cézanne, Pablo Picasso, Constantin Brâncuşi. Il appartient au mouvements, art figuratif, art moderne, École de Paris, ses Œuvres les plus réputées sont Fille dans la chemise, Nu assis, La Femme à l'éventail.
En bref Le mot de Vlaminck, confirmé plus tard par Cocteau : C'était un aristocrate, semble résumer le mieux la personnalité et l'œuvre de Modigliani. En effet, Modigliani s'est distingué de l'opinion commune et par sa vie brève et scandaleuse et par son art, dont l'élégance et le raffinement confinent parfois à la préciosité. Voué à la recherche du style, mais indifférent aux théories, Modigliani ne fit qu'effleurer le fauvisme, l'expressionnisme ou le cubisme, courants qui départagent les artistes de son temps. Ainsi son œuvre, bien que parfaitement cohérente avec elle-même, est-elle inclassable stylistiquement ou même historiquement. La vie de Modigliani est à la fois bien et mal connue. Modigliani est devenu le héros de la bohème, incarnant à lui seul toutes les passions, toutes les folies de l'artiste maudit, au gré de la fantaisie de ses biographes et de ses nombreux amis. En s'en tenant strictement aux faits, sa fille, Jeanne Modigliani, s'est attachée, dans la mesure du possible, à démêler la vérité de la légende, Modigliani, A. Biro, Paris, 1990. Amedeo Modigliani naît à Livourne, d'une famille de juifs italiens. Très vite, il montre des dons pour le dessin, si bien qu'il quitte précocement l'école, pour suivre les cours de peinture du paysagiste Micheli. Celui-ci fait partie du groupe des macchiaioli de macchia, tache, qui peignent des paysages baignés de lumière et d'un romantisme douçeâtre. En 1901, atteint de tuberculose, il quitte Livourne pour visiter les musées de Naples, de Rome, de Florence où il restera un an afin de suivre les cours de la Scuola libera di nudo de l'académie des Beaux-Arts. En 1903, il poursuit sa formation à l'académie des Beaux-Arts de Venise ; il y demeure jusqu'en 1906, date de son départ pour Paris où il découvre un nouveau milieu en pleine effervescence. Il fait connaissance du groupe du Bateau-Lavoir, où Picasso règne en maître, et de tous les Montparnos, dont Max Jacob, Apollinaire, Cendrars et plus tard Utrillo et Soutine, qui seront ses plus fidèles amis. En 1907, il rencontre le docteur Paul Alexandre, son premier acheteur. En 1908, il expose au salon des Indépendants cinq toiles et un dessin, et continuera à y exposer assez régulièrement. En 1909, il rencontre Brancusi, qui l'encourage à sculpter. En 1914, il fait successivement la connaissance de Paul Guillaume, son premier marchand, et de Léopold Zborowski qui, plus qu'un marchand, fut un ami et un protecteur inlassable. En effet, dès 1909, la santé déjà fragile de Modigliani était mise à rude épreuve par des excès de toutes sortes ; alcool, drogues, femmes. S'il a eu, semble-t-il, de nombreuses et tumultueuses passions, trois femmes ont réellement compté : Lunia Czekowska, son amie spirituelle ; Béatrice Hastings, avec qui il eut une liaison orageuse, et enfin Jeanne Hébutherne, qu'il connut en 1917 et qui devint sa femme. À partir de 1917, ses œuvres commencent à se faire connaître, mais une exposition de ses nus, à la galerie Berthe-Weil, est fermée par la police pour atteinte à la pudeur. Il meurt à Paris, miné par l'alcool et la tuberculose. Si l'on a séparé volontairement la vie et l'œuvre de Modigliani, c'est que celle-ci a toujours été réalisée à une certaine distance de celle-là , contrairement à l'opinion communément admise. Ainsi, au dire de ses amis, Modigliani ne discutait jamais de problèmes artistiques et le seul témoignage sur ses conceptions esthétiques est une lettre adressée à son ami Ghiglia en 1901 : Crois-moi, seule l'œuvre arrivée désormais à son stade complet de gestation, qui a pris corps et s'est libérée des entraves de tous les incidents particuliers qui ont contribué à la féconder et à la produire, seule cette œuvre vaut la peine d'être exprimée et produite par le style. D'autre part, si l'on a insisté sur l'entourage familier de Modigliani, c'est qu'il constitue sa source d'inspiration la plus fréquente.
Sa vie
Né au sein d'une famille romaine d'origine juive séfarade, Amedeo est le quatrième enfant d'un homme d'affaires ruiné, Flaminio Modigliani et d'Eugénie Garsin qu'il a épousée en 1872. Son enfance est pauvre et marquée par la maladie. À 14 ans, il subit une attaque de typhoïde et deux ans plus tard une tuberculose. En 1898, son frère de 26 ans, Emmanuel, est condamné à six mois de prison pour anarchisme. En 1902, il s'inscrit à l'école libre du nu, la Scuola Libera di Nudo de l'Accademia di Belle Arti à Florence dirigée par le professeur Giovanni Fattori, le peintre chef de file des Macchiaioli, à Florence et l'année suivante à l'Institut des arts de Venise où il fréquente les bas-fonds.
Arrivée à Paris et influences de ses contemporains
En 1906, il déménage à Paris, alors le centre de l'avant-garde, dans le Bateau-Lavoir, un phalanstère pour prolétaires de Montmartre. D'abord influencé par Toulouse-Lautrec, il s'inspire de Paul Cézanne, du cubisme et de la période bleue de Picasso. Il est remarqué pour sa vitesse d'exécution. Il ne retouche jamais ses tableaux mais ceux qui ont posé pour lui ont dit que c'était comme avoir son âme mise à nu. En 1909, il fait un court séjour à Livourne, malade et usé par son mode de vie. Il revient à Paris et loue un studio à Montparnasse. Il se considère au début plus comme un sculpteur que comme un peintre, se consacrant à cet art après que Paul Guillaume, un jeune et ambitieux négociant, lui a présenté Constantin Brancusi. En 1910 il fait la rencontre de la poétesse russe, Anna Akhmatova, et sont amoureux pendant le temps qu'elle vit à Paris. Il découvre l'art nègre et cambodgien au Musée de l'Homme. Ses statues sont reconnaissables à leurs yeux en amande, la bouche petite, les nez fins et longs et les cous allongés. Une série fut présentée au Salon d'automne de 1912, mais sa mauvaise santé lui fait abandonner cette voie brutalement ; les poussières et l'épuisement l'obligent à se consacrer seulement à la peinture. Il fait le portrait des habitués de Montparnasse, comme Soutine qui avait un gosier en pente, Diego Rivera, Juan Gris, Léopold Survage, Max Jacob, Blaise Cendrars, Foujita, Jean Cocteau et Raymond Radiguet… Au déclenchement de la Première Guerre mondiale, il essaye de s'engager dans l'armée mais sa santé précaire le fait réformer. Connu comme "Modì" par ses amis, Amedeo est magnétique pour la gent féminine. Il a beaucoup d'aventures jusqu'à ce que Beatrice Hastings entre dans sa vie. Elle reste avec lui pendant presque deux ans, étant le modèle pour plusieurs portraits comme Madame Pompadour. Sous l'effet de l'alcool, il est maussade et violent, comme le montre le dessin de Marie Vassilieff. À jeun, il est gracieusement timide et charmant, citant Dante Alighieri et récitant des poèmes du comte de Lautréamont Les Chants de Maldoror dont il garde un recueil en permanence auprès de lui. En 1916, il se lie avec le poète et marchand d'art polonais Léopold Zborowski et sa femme Hanka. Modigliani le peint plusieurs fois ne faisant payer que dix francs par portrait.
L'été suivant, le sculpteur russe Chana Orloff lui présente Jeanne Hébuterne, une belle étudiante de 18 ans inscrite à l'Académie Colarossi, et qui avait notamment posé pour Foujita. Lorsque la famille bourgeoise de Jeanne apprend sa liaison avec celui qu'elle considérait comme un débauché et une épave, elle lui coupe les vivres. Leurs relations très orageuses deviennent bientôt encore plus célèbres que le comportement de Modigliani ivre. Chargé des affaires du peintre, Zborowski propose à la marchande de tableaux d'avant-garde Berthe Weill d'organiser une exposition dans sa galerie du 50 rue Taitbout, Paris, 9e. Le 3 décembre 1917 s'ouvre le vernissage interrompu précipitamment par l'invitation de la galeriste à se rendre manu-militari au commissariat faisant face à sa boutique. Parmi les 32 œuvres exposées, 4 toiles posent problème et ordre est donné de les décrocher. La galeriste, connue pour ne pas se laisser faire, interroge le commissaire pour connaître les raisons de cette censure, il lui est répondu : Ces nus, ils ont des poils !. L'exposition a néanmoins continué jusqu'à son terme prévu le 30 décembre 1917 même si malgré sa résistance, Berthe Weill est contrainte de se résoudre à ne plus présenter les nus. Avec ce scandale, aucun tableau n'est vendu. À cause de problèmes de santé, Zborowski l'envoie à Nice avec Jeanne Hébuterne, qui accouche fin 1918 d'une fille prénommée Giovanna. Il peint de plus grands formats et éclaircit ses couleurs, il peindra les quatre seuls paysages que l'on connaisse de lui.
Retour à Paris, décès et funérailles
En mai 1919, il retourne à Paris pour s'installer rue de la Grande-Chaumière. En 1920, son état de santé se détériore rapidement. Il fait son autoportrait. N'ayant pas entendu parler de lui depuis plusieurs jours, Manuel Ortiz de Zárate le trouve délirant dans son lit tenant la main de Jeanne enceinte de près de neuf mois. Le docteur ne peut que constater son état désespéré. Il meurt d'une méningite tuberculeuse le 24 janvier 1920. Les funérailles sont suivies par les communautés d'artistes de Montmartre et Montparnasse. Jeanne Hébuterne, qui avait été conduite chez ses parents, se donne la mort en se jetant d'une fenêtre au cinquième étage, le lendemain du décès de Modigliani.
L'intermède de la sculpture ou le mythe de Livourne
En 1909, par l'intermédiaire de Paul Alexandre, Modigliani fit la connaissance du sculpteur roumain Constantin Brâncuşi et, sur les conseils de ce dernier, il installa en avril 1909 son atelier à la Cité Falguière de Montparnasse. La même année, à la suite de cette rencontre, Modigliani se mit à la sculpture sur pierre, qui pour quelque temps passa au premier plan de sa création. À Livourne et à Carrare, impressionné par le style concis de Brancusi, Modigliani s'était senti attiré par la sculpture. Peut-être avait-il eu déjà auparavant le désir de faire de la sculpture, mais il n'en avait pas les possibilités techniques, que seul son nouvel atelier put lui donner. Il est possible aussi que l'héritage antique de l'Italie, une fois qu'il en eut l'expérience personnelle, ait été pour lui une source d'inspiration qui le poussa à réaliser des sculptures. Une autre possibilité encore serait que Modigliani voulait s'essayer à un genre artistique différent en voyant stagner son succès en peinture. En 1910 Modigliani fit la connaissance de la poétesse d'origine russe Anna Akhmatova, avec qui il eut une liaison par la suite. En 1911 Amedeo Modigliani exposa ses sculptures de pierre, dans lesquelles il cherchait un effet archaïque, dans l'atelier de l'artiste portugais Amadeo de Souza-Cardoso. Commença alors une période où le motif de cariatides envahit ses œuvres, tant en sculpture qu'en peinture. L'année suivante, des sculptures de Modigliani furent exposées au Salon d'automne. Amedeo Modigliani fit la connaissance des sculpteurs Jacob Epstein et Jacques Lipchitz, qui vivaient eux aussi à Paris, et le second a décrit l'art de Modigliani comme l'expression de ses sentiments personnels. Au printemps 1913, Amedeo Modigliani était à Livourne où il s'installa à côté d'une carrière. Là , il travailla comme sculpteur de marbre, alors qu'auparavant il ne travaillait qu'avec du grès calcaire. Quand elles étaient terminées, Modigliani envoyait ses sculptures à Paris, mais aucune ne nous est parvenue. On ne sait pas exactement pour quelles raisons il a arrêté ses activités de sculpteur après 1913. Une d'entre elles était peut-être sa santé, à laquelle l'environnement chargé de poussière ne pouvait que nuire. Peut-être aussi ne voyait-il pas d'avenir pour son travail en tant que sculpteur. Sur le plan artistique, il ne progressait pas et les quelques expositions qu'il faisait n'attiraient guère l'attention et lui rapportaient peu financièrement. Toutes ces considérations ont pu faire qu'il soit finalement revenu à la peinture, plus lucrative.
La peinture ou la sculpture 1907-1914
Modigliani arrive à Paris en 1906. Il admire alors les préraphaélites et Whistler. Cependant il changera vite de maîtres en découvrant Toulouse-Lautrec, Cézanne et Picasso. On connaît malheureusement très mal cette première période de l'activité picturale de Modigliani. En effet, ses premières œuvres ont été brûlées, dispersées ou perdues. Comme témoins importants de son évolution entre 1907 et 1913, il ne subsiste, selon Ambrogio Ceroni, que trente tableaux. Dans une première étape, de 1906 à 1908, on peut reconnaître certaines tendances expressionnistes, comme dans le Portrait de Maud Abrantes 1908, l'étude du Nu assis 1908 et le Portrait de la Juive 1908. Les traits sont accusés, la pâte épaisse, les couleurs sombres. Mais Modigliani abandonne vite ce style, pour s'imprégner beaucoup plus profondément de l'œuvre de Toulouse-Lautrec et de Cézanne. Cézanne lui apprend à simplifier les volumes, à mettre en page avec force et clarté et à alléger la matière, comme le montrent les superbes portraits d'Alexandre père et d'Alexandre fils 1909. Quant aux deux tableaux Le Joueur de violoncelle et le Mendiant 1909, ils sont purement cézanniens d'esprit et de technique, avec leurs fines modulations de bleu et la souplesse harmonieuse des plans. En ce qui concerne l'influence de Toulouse-Lautrec, du cubisme, de l'art nègre et de l'art italien, leur présence sera diffuse dans toute son œuvre, sans que l'un ou l'autre élément soit prépondérant. Ces styles différents ont en effet en commun le goût de la ligne et de la sobriété expressive. Entre 1909 et 1914, Modigliani n'exécute plus que des dessins et des sculptures. Il a toujours beaucoup dessiné, tout ce qui lui tombait sous la main, et très vite. Il déchirait souvent ses dessins ou bien les distribuait à tous les vents, sans jamais revenir sur l'un d'eux ; aussi ont-ils un caractère nerveux, alerte, et expriment-ils en quelques traits l'individualité de chacun. Parmi eux on peut distinguer la série très originale des Caryatides, qu'il appelait les déesses Beauté. Ce sont des figures de femme inspirées de la statuaire antique et qui étaient destinées, si Modigliani en avait eu les moyens, à former une cohorte d'honneur au temple de la Beauté. En effet, certains critiques comme Nina Hammet et le docteur Zarate soutiennent que la première vocation de Modigliani fut d'être sculpteur. Il fut sûrement très impressionné par Brancusi : comme lui, il taillait directement la pierre et, comme lui, il s'inspirait d'un même idéal de pureté intemporelle, bien que moins intransigeant. On connaît vingt-cinq sculptures, en majorité des têtes. Elles sont dans l'ensemble assez grossièrement sculptées, presque équarries ; elles laissent une impression d'inachèvement non dénué d'une certaine monumentalité. Ce n'est qu'en 1914, sous l'impulsion de Paul Guillaume, que Modigliani se remet à peindre.
Affirmation d'un style 1914-1919
Arthur Pfannstiel a catalogué trois cent cinquante-deux toiles entre 1914 et 1919 Ceroni cent quatre-vingt-douze seulement, car il a répertorié cent soixante faux. Ces toiles se rapportent à un seul thème, celui de la figure humaine : portraits de sa femme, de ses amis ou d'inconnus peints au hasard d'une rencontre. Il semble que ces différents portraits se ressemblent tous étrangement. Comme on l'a d'abord constaté dans ses dessins et dans ses sculptures, dont l'influence ne cessera de se faire sentir dans son œuvre peinte, Modigliani recherche en effet une certaine beauté abstraite, synthèse de son idéal formel et de son expérience du modèle. Ainsi la mise en page est-elle presque toujours semblable : les personnages sont en général vus de face, assis, les mains croisées ; toute l'attention est concentrée sur le visage ; les fonds unis, indéfinis, servent de repoussoir, le corps n'étant souvent que trop sommairement esquissé. En effet, ce qui préoccupe Modigliani, c'est l'effet plastique de la ligne, son relief ; le modelé n'est que très légèrement indiqué et la couleur réservée, harmonieuse, sans épaisseur, car elle n'est là que pour agrémenter le dessin. Ainsi le profil de Lunia, son long cou se détachent-ils avec la force et la netteté des portraits florentins ; ainsi encore, dans le beau portrait de Jeanne Hébutherne devant la porte 1919, courbes et contre-courbes se marient amoureusement. C'est dans la série des nus, exécutés en 1916 et 1917, que l'on peut admirer toute la puissance expressive de la ligne, toute la chaleur sensuelle qui en émane. Cependant, si Modigliani est sensible avant tout au rythme, à la poésie des lignes, il sait aussi en rompre le contour, l'adapter à la psychologie de chacun. Ainsi fait-il ressortir l'ironie anguleuse de Jean Cocteau 1916, l'assurance triomphante de Paul Guillaume 1916, l'esprit torturé de Soutine 1917. Par le dépouillement, par la stylisation, Modigliani peut atteindre, dans ses meilleures œuvres, à une véritable monumentalité, d'un hiératisme serein comme dans L'Homme à la pipe 1918, le portrait du Jeune Apprenti 1918 et dans son Autoportrait 1919. Ses portraits d'enfants sont d'une simplicité et d'une sobriété bouleversantes. Toutefois, chez Modigliani, la grâce peut devenir mièvrerie, maniérisme, et la monumentalité, rigidité. Ainsi, un certain nombre de déformations élégantes produisent une impression de monotonie ou de gratuité : cous d'une longueur démesurée, épaules tombantes, yeux en amande, mains exagérément effilées. Les corps semblent trop souvent désincarnés, plats, comme découpés dans du papier. En outre, l'expression de muette acceptation de la vie qui définit, selon Modigliani lui-même, l'âme de ses modèles, leur regard voilé, vide, peut lasser qui goûte des émotions plus fortes. Modigliani n'est pas un révolutionnaire, il n'enseigne rien, il n'a ni ascendance, ni descendance directes, son art lui est propre. C'est cette singularité, si peu conforme à l'esprit scientifique de son siècle, qui fait le prix et le charme de son œuvre, même si les effets en sont un peu faciles parfois et les perspectives limitées. Claude Schweisguth
Postérité
La fille orpheline d'Amedeo et de Jeanne, Jeanne, Giovanna Modigliani-Leduc Nechtstein, 1918-1984, sera adoptée par la sœur de Modigliani et élevée à Florence. Adulte, elle écrira une biographie importante de son père intitulée : Modigliani : Homme et mythe. En 1984, le centenaire de la naissance de Modigliani donne lieu au canular de Livourne, dont l'un des auteurs est le peintre Angelo Froglia.
Quelques nus de Modigliani
Toute sa vie Amedeo Modigliani a peint des nus ; ils représentent, après les portraits, le groupe le plus important de ses œuvres. Les premiers datent de 1908, comme Leidender Akt – Nudo Dolente, Nu souffrant. Cette peinture à l'huile, grande de 81 × 54 cm, représente une femme dont on ne voit qu'une partie. Elle est mince et montrée entièrement nue. La tête est rejetée en arrière, et la bouche ouverte. C'est une marque d'extase, de tristesse, de douleur et de sensualité. La véritable expression de la personne se cache derrière le visage en forme de masque. Les épaules sont tirées vers l'avant ; les bras, démesurément longs pendent vers le bas, les mains reposent sur les cuisses. La femme est si mince qu'elle présente de la ressemblance avec un squelette. Par là le nu de Modigliani allait contre les contenus classiques de ce type d'image, porteur d'une charge sensuelle et fortement sexuelle. Sur le fond sombre se détache le corps lumineux et presque blanc, souligné par un contraste clair-obscur. La peinture est âpre et donne l'impression que l'image est partiellement inachevée. Dans ce tableau on voit clairement l'analogie de la conception du corps telle qu'elle existe chez Modigliani avec celle d'autres artistes de l'époque. Il y a ainsi des similitudes avec des tableaux comme La Madone d'Edvard Munch qui date de 1894, ou des œuvres de George Minne. C'est dans les années 1916 et 1917 que Modigliani peignit sa célèbre série de nus qui comprend 30 tableaux. Ils montrent les modèles assis, debout ou couchés, présentés idéalisés dans leur nudité. Les corps des femmes forment l'élément central de l'image ; l'espace et les autres objets sont renvoyés à l'arrière-plan et n'occupent qu'une place limitée dans l'image. Leur représentation n'évoque rien de mythologique ni d'historique, mais est purement simplement une représentation de la nudité. Ils n'en restent pas moins dans la tradition de la Vénus nue qui, de la Renaissance au XIXe siècle n'a cessé de constituer le motif prédominant du nu. Modigliani s'orientait cependant vers les maîtres italiens de la Renaissance italienne comme le Titien, Sandro Botticelli et Giorgione dont le travail a précédé l'ère académique de la peinture. Leurs représentations ne se conformaient à aucune pose de nu prédéterminée, mais reflétaient les caractéristiques individuelles de chaque artiste. Avec les académies des beaux-arts s'était établie une certaine façon de comprendre le nu. Il y avait un canon déterminé et limité de poses pour les modèles de nu, des règles strictes et formelles. C'est avec cette tradition académique que rompt Amedeo Modigliani dans ses nus en négligeant dans ses portraits les proportions, l'anatomie et le mouvement. En outre, les poses des modèles ne se conforment pas à l'enseignement académique. Les nus de Modigliani ont été d'ailleurs influencés par les études qu'il avait faites à l'Académie Colarossi. Là , les modèles étaient laissés à la disposition des élèves qui pouvaient déterminer librement leur attitude. À côté de cela on peignait ce qu'on appelait des nus d'un quart d'heure qui réclamaient une esquisse et une composition rapide du motif. C'est la raison pour laquelle nous possédons un grand nombre de dessins de nu de Modigliani datant de ses années parisiennes. La peinture Nu couché, grande de 60,6 × 92,7 cm, fait partie des œuvres les plus célèbres de Modigliani et date également de la série de représentations des années 1916 et 1917. Elle présente un modèle couché, placé au centre de l'image. La femme est vue d'assez près, si bien que les extrémités de ses membres ne sont pas montrés complètement. C'est ainsi que manquent les avant-bras avec les mains et la partie inférieure des jambes. Le visage est tourné vers le spectateur, que ses yeux ouverts regardent directement. Les hanches sont tournées légèrement vers l'arrière, en sorte que l'on n'aperçoit pas le pubis. Le corps repose sur un drap de lit rouge, ce qui crée un léger contraste clair-obscur. Sous la tête se trouve un oreiller blanc qui constitue, avec le bord de la couverture blanche, la zone la plus claire de l'image. En arrière-plan on reconnaît le mur. En somme c'est à peine si, en dehors du corps, il existe des éléments de l'image qui fassent diversion. L'image est orientée selon la composition de la photo de nu à l'époque, cependant l'érotisme n'est pas souligné mais nuancé de mélancolie. Du fait de la dignité et de la froideur apparente de la femme, on trouve une correspondance avec les sculptures de Modigliani. Après la série de 1916 et 1917 Amedeo Modigliani n'a peint des nus que de façon occasionnelle, comme Nu debout – Elvira de l'année 1918. Cette peinture à l'huile de 92 × 60 cm a été réalisée pendant un séjour de Modigliani dans le Sud de la France. Typique de ses peintures de cette époque, elle a été peinte avec des couleurs beaucoup plus claires. À la place des couleurs dominantes sombres, en particulier le rouge, c'est le turquoise qui prévaut ici. Le modèle debout, que l'on ne montre qu'à partir des cuisses, occupe une position centrale dans l'image. Si ce n'est un drap blanc qui recouvre le pubis, il n'y a pas d'autres éléments qui entrent dans la composition de l'image. Les lignes de contour du corps sont fortement soulignées et les couleurs largement appliquées, ce qui renforce la présence de la personne.
Salons
1907 - Salon des indépendants: 1907 - Salon d'automne: 2 toiles et 5 aquarelles: 1908 - Salon des Indépendants : 6 œuvres dont; La Juive achetée par Paul Alexandre- L'Idole - 1912 - Salon d'Automne : 7 sculptures têtes et ensemble décoratif Posthume Salon des Tuileries 1926 - 1927 - 1928 - Salon des indépendants Salon des artistes français
Expositions, galeries
1906 - Galerie Laura Wylda rue des Saint-Pères: 3 peintures exposition d'hiver 1913 - A l'Armory Show de New York en février, il n'est pas présent. 1917 - Galerie B.Weill, 50 rue Taitbout à Paris, du 3 au 30 décembre 1917, seule exposition personnelle de l'artiste de son vivant en France. Posthume 1921 - A la Galerie l'Évêque à Paris, organisée par Léopold Zborowski
Musées, monuments
1917 : Nu assis, au Musée royal des beaux-arts, à Anvers. L'Algérienne, au Musée Ludwig, à Cologne.
Posté le : 11/07/2015 18:41
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