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De Montpellier
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Mariage avec Anne de Clèves
À la fin des années 1530, Henri VIII voulut à nouveau se marier pour assurer sa succession. Cromwell, devenu comte d'Essex suggéra le choix d'Anne de Clèves, la sœur du duc de Clèves, qui était considéré comme un allié important dans le cas d'une attaque catholique contre l'Angleterre car il disputait le contrôle du duché de Gueldre à Charles Quint. Hans Holbein le Jeune fut envoyé à Clèves pour réaliser un portrait d'Anne destiné au roi. Même s'il fut avancé qu'Holbein enjoliva son œuvre, il est plus probable que le portrait était exact ; Holbein resta d'ailleurs en faveur à la cour. Après avoir vu le tableau et entendu ses courtisans réaliser des descriptions flatteuses de la princesse, le roi accepta d'épouser Anne. Henri VIII fut néanmoins déçu de son apparence lors de leur première rencontre le 3 janvier 1540 mais le mariage fut néanmoins organisé trois jours plus tard. Il fut rapidement décidé d'annuler cette union et Anne ne s'y opposa pas; peut-être en récompense de sa docilité, elle reçut le titre de sœur aimée du roi ainsi qu'une résidence et une généreuse pension. La nièce de Thomas Howard, Catherine, était l'une des dames de compagnie d'Anne et elle attira rapidement l'attention du roi ; cela inquiéta Cromwell car Howard était l'un de ses principaux opposants. Peu après, les réformateurs et protégés de Cromwell, Robert Barnes et Thomas Garret, furent brûlés comme hérétiques. Dans le même temps, Cromwell perdit les faveurs d'Henri VIII pour des raisons qui restent incertaines ; ses idées en politique intérieure et étrangère différaient peu de celles du roi et malgré son rôle dans l'affaire, il ne fut pas officiellement tenu pour responsable de l'échec du mariage avec Anne de Clèves. Il était néanmoins isolé à la cour tandis que Howard pouvait s'appuyer sur la position de sa nièce. Cromwell fut accusé de trahison, d'hérésie et de corruption et fut exécuté le 28 juillet 1540.
Mariage avec Catherine Howard
Le 28 juillet 1540, le jour de l'exécution de Cromwell, Henri VIII épousa la jeune Catherine Howard de 30 ans sa cadette. Il fut ravi de sa nouvelle reine et lui accorda les propriétés de Cromwell et de nombreux joyaux. Peu après le mariage, Catherine eut néanmoins une aventure avec le courtisan Thomas Culpeper et elle employa comme secrétaire personnel, Francis Dereham, avec qui elle avait été informellement fiancée avant son union avec le roi. Les rumeurs devinrent pressantes en 1541 et Henri VIII, qui ne se trouvait pas à la cour, chargea Thomas Cranmer d'enquêter. Le souverain refusa de croire ces allégations malgré les preuves fournies par l'archevêque et les aveux de Catherine ; lorsqu'il réalisa, Henri VIII éclata de rage et blâma le conseil privé avant de se consoler en allant chasser. La reine aurait pu avoir mentionné l'existence de fiançailles informelles avec Dereham, ce qui aurait invalidé son mariage avec le roi mais elle avança que Dereham l'avait contrainte à l'adultère. De son côté, ce dernier révéla la relation de la reine avec Culpeper qui fut condamné pour trahison. Il fut décapité le 10 décembre 1541 tandis que Dereham fut pendu, éviscéré et démembré le même jour. Catherine connut un sort identique à Culpeper le 13 février 1542. La paix entre Charles Quint et François Ier fut brève et les hostilités reprirent dès 1542. Irrité par l'influence française en Écosse, Henri VIII se rapprocha de l'empereur même si ce dernier lui reprochait son éloignement du catholicisme. Une invasion de la France fut planifiée pour 1543 et Henri VIII décida au préalable d'éliminer la potentielle menace écossaise. Cela lui permettrait également d'imposer la Réforme protestante dans une région encore largement catholique et d'unifier les deux Couronnes en mariant son fils Édouard à Marie, la fille du roi d'Écosse Jacques V. Cette campagne, qui se poursuivit sous le règne d'Édouard VI, fut surnommée le Rough Wooing rude séduction. Les Écossais furent battus lors de la bataille de Solway Moss le 24 novembre 1542 et Jacques V mourut le 15 décembre. Le régent James Hamilton signa le traité de Greenwich prévoyant le mariage mais l'accord fut rejeté par le Parlement écossais en décembre 1543 qui renouvela de plus son alliance avec la France. Henri VIII organisa une nouvelle offensive et ses troupes incendièrent Édimbourg en mai 1544 avant d'être battues à Ancrum Moor en février 1545. Les hostilités se prolongèrent après la mort d'Henri VIII jusqu'en 1551. Malgré ses succès en Écosse, Henri VIII hésita à attaquer la France avant d'ordonner une double invasion en juin 1544. La première menée par Thomas Howard attaqua sans succès Montreuil tandis que la seconde commandée par Charles assiégea Boulogne-sur-Mer. Henri VIII prit personnellement le contrôle de ses troupes et Boulogne tomba le 18 septembre. La campagne de Charles Quint était cependant dans l'impasse et il décida unilatéralement de signer une trêve avec François Ier le jour de la chute de Boulogne à la colère d'Henri VIII. L'Angleterre étant à présent seule contre la France, les gains anglais furent rapidement repris mais une tentative d'invasion française fut repoussée à l'été 1545. L'épuisement des deux belligérants entraîna la signature du traité d'Ardres le 7 juin 1546.
Mariage avec Catherine Parr
Henri épousa sa sixième et dernière épouse, la riche veuve Catherine Parr, en juillet 1543. Réformatrice convaincue, elle échangea beaucoup avec le roi au sujet de la religion mais ce dernier resta fidèle à une idiosyncrasie catholique et protestante. Parr contribua à réconcilier Henri VIII avec ses filles et le Third Succession Act de 1543 ramena Marie et Élisabeth dans l'ordre de succession même si elles se trouvaient après Édouard. Elles restaient néanmoins juridiquement illégitimes et le texte contenait plusieurs provisions comme une interdiction de se marier sans l'accord du conseil privé.
Mort et succession
À la fin de sa vie, Henri VIII était devenu obèse avec un tour de taille de 53 pouces 135 cm et un poids de 28 stones 178 kg. Il souffrait probablement de la goutte et présentait de nombreux furoncles douloureux. Son obésité et ses autres problèmes médicaux étaient certainement liés à la blessure à la jambe qu'il avait subi lors du tournoi de joute de 1536. L'incident aggrava un ancien traumatisme et ses médecins furent incapables de traiter la blessure qui suppura et s'ulcéra jusqu'à sa mort. En plus de l'empêcher de maintenir son niveau d'activité antérieur, on considère que cet accident est à la cause de ses sautes d'humeur qui eurent une profonde influence sur sa personnalité. La théorie selon laquelle il souffrait de syphilis est rejetée par la plupart des historiens. Une étude plus récente suggère que ses symptômes étaient caractéristiques d'un diabète de type 2 non traité ou du scorbut, deux maladies pouvant être causées par la consommation de grandes quantités de viande sans fruits ou légumes frais. Certains ont avancé que les fausses couches de ses épouses et la détérioration de son état mental pouvaient laisser penser qu'il souffrait du syndrome de McLeod. Selon une autre étude, l'évolution morphologique d'Henri VIII fut causée par un traumatisme crânien reçu lors de l'accident de joute de 1536 qui affecta son système endocrinien. Une déficience en hormone de croissance est peut-être la cause de sa prise de poids et de ses changements de comportement dans ses dernières années dont ses multiples mariages. L'obésité d'Henri VIII s'aggrava avant sa mort le 28 janvier 1547 à l'âge de 55 ans au palais de Whitehall. Ses derniers mots auraient été Monks! Monks! Monks! Moines ! Moines ! Moines ! peut-être en référence aux ecclésiastiques expulsés lors de la dissolution de leurs monastères. Il fut enterré dans le chœur de la chapelle Saint-George du château de Windsor dans le caveau où reposait Jeanne Seymour. Plus d'un siècle plus tard, Charles Ier fut inhumé dans le même caveau. Après sa mort, son seul fils légitime, Édouard devint roi sous le nom d'Édouard VI. Comme il n'avait que neuf ans, il ne pouvait pas gouverner et le testament d'Henri VIII désignait seize exécuteurs testamentaires pour former un conseil de régence jusqu'à ce qu'il ait 18 ans. Les exécuteurs choisirent Edward Seymour, le frère aîné de Jeanne Seymour, pour devenir lord protecteur du Royaume. Édouard VI mourut sans enfants en 1553 à l'âge de 15 ans et sa demi-sœur Marie devint reine sous le nom de Marie Ire après une brève crise de succession. Elle n'eut pas non plus de descendance et à sa mort en 1558, la fille d'Henri VIII et d'Anne Boleyn devint Élisabeth Ire. Le testament prévoyait que si la lignée de cette dernière s'éteignait, la Couronne serait transmise aux descendants de la sœur d'Henri VIII, Marie Tudor, tandis que ceux de son autre sœur, Marguerite Tudor, étaient exclus de la succession. Cette dernière disposition ne fut pas respectée quand son arrière-petit-fils Jacques VI d'Écosse devint Jacques Ier d'Angleterre à la mort d'Élisabeth Ire en 1603. La dynastie Tudor disparut donc au profit de la dynastie Stuart et l'union des Couronnes rapprocha les deux pays qui fusionnèrent en 1707 pour former le Royaume de Grande-Bretagne.
Image publique
Henri VIII cultivait l'image d'un homme de la renaissance et sa cour aiguillait de nombreux artistes et intellectuels. Il appréciait particulièrement la musique et il soutint des compositeurs comme Richard Sampson et Ambrose Lupo. Il possédait une grande collection d'instruments et jouait du luth, de l'orgue et du virginal. Il pouvait lire à vue la musique et chantait bien. Il était un musicien, un auteur et un poète accompli ; son œuvre la plus connue est Pastime with Good Company tandis que Greensleeves lui est, à tort, populairement attribué. Il était un parieur invétéré, adorait les jeux de dés et excellait à la joute, à la chasse et au jeu de paume. Il participa à la construction et au développement de nombreux bâtiments importantes dont le palais de Sans-Pareil, la King's College Chapel et l'abbaye de Westminster. Beaucoup de travaux furent réalisés dans les propriétés confisquées à Wolsey telles que le Trinity College, le Christ Church, le château de Hampton Court et le palais de Whitehall. Il était le premier roi d'Angleterre à avoir eu une éducation humaniste, maîtrisait le français, l'anglais et le latin et possédait une vaste bibliothèque dont il annota beaucoup d'ouvrages. Pour promouvoir la réforme de l'Église auprès du peuple, Henri VIII commanda de nombreux pamphlets comme l'Oratorio 1534 de Richard Sampson qui défendait une obéissance absolue envers la monarchie et affirmait que l'Église anglaise avait toujours été indépendante de Rome. Des troupes de théâtre et des ménestrels voyageaient de ville en ville pour faire connaître les nouvelles pratiques religieuses ; le pape et les prêtres catholiques étaient ridiculisés tandis que le roi était présenté comme un défenseur héroïque de la vraie foi. Henri VIII était un homme fort et de grande taille, plus de 6 pieds 183 cm qui excellait à la chasse et à la joute. Plus que de simples passe-temps, ces activités étaient des outils politiques lui permettant de renforcer son image royale, d'impressionner les diplomates et les dirigeants étrangers et de démontrer sa capacité à écraser toute opposition. Il organisa ainsi un tournoi de joute à Greenwich en 1517 au cours duquel il porta une armure dorée avec une tunique en velours et satin ornée de perles et de joyaux. Cela impressionna les ambassadeurs présents et l'un d'eux rapporta que la richesse et la civilisation du monde sont ici et ceux qui qualifient les Anglais de barbares me semblent en fait en être. Henri VIII abandonna la joute en 1536 après une chute qui le laissa inconscient pendant deux heures mais il continua de soutenir deux fastueux tournois chaque année. Cette baisse d'activité physique causa sa prise de poids et la disparition du personnage athlétique qui l'avait rendu si élégant, et tranche avec l'image donnée par les portraits d'Holbein : Henri VIII, immonde tâche de graisse et de sang sur l'histoire d'Angleterre, incapable, à la fin de sa vie, de franchir certaines portes de Whitehall tant il était obèse, est-ce vraiment lui cette idole impassible offerte à la vénération de ses sujets ? .
Administration Gouvernement
L'autorité des souverains Tudor, dont Henri VIII, était entière car ils revendiquaient un pouvoir de droit divin. La Couronne disposait de prérogatives royales regroupant des privilèges comme la diplomatie, les déclarations de guerre, la gestion de la monnaie, le droit d'amnistie et le pouvoir de convoquer et de dissoudre à volonté le Parlement. Le pouvoir d'Henri VIII n'était cependant pas absolu et le roi devait respecter des limites légales et financières qui l'obligeaient à travailler étroitement avec la noblesse et le Parlement. En pratique, le souverain utilisait le patronage pour établir une cour royale comprenant des institutions officielles comme le conseil privé et des groupes plus ou moins formels. L'ascension et la chute des nobles à la cour pouvait être rapide. Le chiffre de 72 000 exécutions durant son règne est fréquemment avancé mais est exagéré; Henri VIII fit néanmoins exécuter deux de ses épouses, vingt nobles, quatre haut-fonctionnaires, six proches conseillers, un cardinal John Fisher et de nombreux ecclésiastiques. Parmi les personnalités en faveur auprès du roi figurait généralement son chef ministre même si l'un des plus importants débats historiographique sur son règne est de savoir dans quelle mesure ces conseillers contrôlaient Henri VIII ou vice-versa. L'historien Geoffrey R. Elton estime ainsi que l'un de ces ministres, Thomas Cromwell, mena une révolution du gouvernement Tudor de manière relativement indépendante du roi qu'Elton qualifie d'opportuniste qui comptait sur d'autres pour faire la plus grande part du travail. Il estime également que lorsqu'Henri VIII participait à la gouvernance du pays, cela n'était généralement pas à son avantage. L'importance des luttes entre factions politiques à la cour est également discutée débattue dans le contexte des différents mariages du roi dont notamment la chute d'Anne Boleyn. De 1514 à 1529, le cardinal Thomas Wolsey supervisa la politique étrangère et intérieure du royaume pour le compte du jeune Henri VIII en tant que lord chancelier141. Il aida à combler le vide créé par la faible participation du roi au gouvernement, notamment en comparaison de son père, mais il le fit essentiellement en prenant la place du souverain. Wolsey centralisa l'administration et élargit la juridiction des cours de justice dont la chambre étoilée qu'il utilisa à son profit pour écarter ses adversaires. Son large enrichissement personnel et son pouvoir irritèrent les nobles tandis que son incapacité à obtenir le divorce du roi avec Catherine d'Aragon déçut profondément Henri VIII. Après seize années au sommet, il fut limogé en 1529 avant d'être arrêté pour trahison l'année suivante et de mourir en détention. Sa chute fut un avertissement pour le pape et le clergé s'ils refusaient de satisfaire les demandes du roi. Henri VIII intervint plus fréquemment en politique mais les nombreuses factions à la cour continuèrent de se livrer une lutte acharnée pour le pouvoir. Thomas Cromwell joua également un rôle considérable durant le règne d'Henri VIII lorsqu'il devint son principal conseiller en 1531. Poussé en partie par ses croyances religieuses, il tenta de réformer l'administration via la négociation sans essayer d'imposer de changements trop brusques. Ses principales mesures visaient à retirer une partie des prérogatives royales mais cette évolution ne fut pas complète car il devait conserver le soutien du roi et de ses pairs. Cromwell optimisa la collecte des impôts décidés par Henri VII et délégua leur gestion à des structures largement indépendantes. L'autorité du conseil royal fut transféré à un conseil privé réformé plus réduit et plus efficace que ses prédécesseurs. L'économie anglaise profita de ses réformes mais sa chute affecta fortement la bureaucratie qui nécessitait son intervention pour éviter les dépenses trop importantes détériorant les relations autant que les finances. L'influence de Cromwell dans le mariage à Anne de Clèves, bien que non fatale en elle-même, l'affaiblit alors que ses opposants gagnaient en pouvoir. Henri VIII épousa ensuite Catherine Howard, la nièce de Thomas Howard, et ce fut ce dernier qui organisa sa chute. Cromwell fut décapité le 28 juillet 1540.
Finances
Financièrement, le règne d'Henri VIII fut un désastre. Il hérita d'une économie prospère et le trésor royal fut alimenté par les biens confisqués à l'Église mais sa mauvaise gestion et ses dépenses considérables affectèrent l'économie. Il possédait ainsi près de 2 000 tapisseries dans ses palais contre seulement 200 pour le roi Jacques V d'Écosse et il était très fier de sa collection d'armes composée d'environ 9 000 pièces. Henri VIII hérita d'une large fortune de son père qui, à sa différence, avait été économe et prudent avec l'argent. Cette somme était estimée à 1,25 millions de livres soit 328 milliards de livres de 2012. Une grande partie de cette richesse fut utilisée pour l'entretien de la cour et de ses résidences dont beaucoup furent agrandies. Les souverains Tudor devaient financer toutes les dépenses gouvernementales avec leurs propres revenus tirés des terres de la Couronne et des droits de douanes accordés par le Parlement. Durant son règne, les revenus de la couronne restèrent constants autour de 100 000 £ par an, environ 17,3 milliards de livres de 2012 mais furent érodés par l'inflation causée par les guerres. Ce furent ainsi les interventions européennes d'Henri VIII qui épuisèrent le surplus laissé par son père dès le milieu des années 1520. Alors qu'Henri VII avait peu fait appel au Parlement, son fils fut contraint de le solliciter pour accroître ses revenus et le financement de ses conflits. La dissolution des monastères permit de renflouer les caisses de l'État et la valeur des terres confisquées représentait 120 000 £ environ 22,6 milliards de livres de 2012. En 1526, la Couronne dévalua légèrement la monnaie puis de manière plus importante sous l'administration de Cromwell. La livre anglaise perdit la moitié de sa valeur par rapport à la livre flamande entre 1540 et 1551. Cela permit d'accroire les revenus de la Couronne mais affecta fortement l'économie et cela contribua à une période de très forte inflation après 1544.
Réforme anglaise.
Henri VIII est généralement crédité pour le développement de la Réforme anglaise qui fit passer l'Angleterre de la sphère catholique à la sphère protestante. En 1527, le roi, jusque-là un catholique fervent, fit appel au pape pour lui demander l'annulation de son mariage avec Catherine d'Aragon. Le refus papal, en partie attribué aux pressions de Charles Quint, a été traditionnellement considéré comme le déclencheur du rejet de la suprématie pontificale par Henri VIII alors qu'il avait auparavant défendu cette doctrine. L'historien Albert Pollard estime néanmoins que même s'il n'avait pas eu besoin d'un divorce, le roi aurait certainement rejeté l'influence papale sur l'Angleterre pour des raisons purement politiques. Quelles qu'en soient les raisons, Henri VIII introduisit plusieurs législations entre 1532 et 1537 pour structurer l'Église d'Angleterre naissante et affaiblir l'influence du pape. La loi sur la restriction de l'appel de 1533 permettaient d'accuser de trahison et de condamner à mort ceux qui défendaient les bulles pontificales en Angleterre. D'autres lois renforçaient le pouvoir royal sur l'Église dont le Suffragan Bishops Act de 1534 qui obligeait le clergé à élire des évêques nommés par le souverain. La même année, l'acte de suprématie faisait du roi l' unique chef suprême de l'Église d'Angleterre du Terre et refuser le serment de suprématie reconnaissant cela était passible de mort d'après le Treasons Act. De même, tous les sujets du Royaume devaient accepter par serment l'invalidité du mariage d'Henri VIII et de Catherine d'Aragon et la validité de celui avec Anne; ceux qui refusaient pouvaient être emprisonnés à vie et tout éditeur ou imprimeur de documents avançant que le mariage avec Anne était invalide pouvaient être exécutés. Enfin, après l'excommunication du roi, l'Ecclesiastical Licences Act supprimait le denier de Saint-Pierre et affirmait que la couronne impériale d'Henri VIII avait été affaiblie par les usurpations et les exactions déraisonnables et peu charitables du pape. Malgré l'opposition de Cromwell, Henri VIII insista pour utiliser le temps parlementaire afin de discuter de questions religieuses et cette initiative fut ensuite défendue par Howard. Cela entraîna l'adoption des Six Articles qui réaffirmait la doctrine catholique traditionnelle sur plusieurs points fondamentaux comme la transsubstantiation et limitait l'expansion de la Réforme en Angleterre. Cela fut suivi par le développement d'une liturgie réformée et du livre de la prière commune sous l'influence de Cranmer mais ce processus ne fut pas achevé avant 1549. Le reste du règne d'Henri VIII vit un lent éloignement de l'orthodoxie religieuse et cette évolution fut aidé par la mort des principaux dignitaires religieux d'avant le schisme avec Rome dont notamment les exécutions de Thomas More et de John Fisher qui avaient refusé de renoncer à l'autorité papale. Henri VIII établit une nouvelle théologie politique de l'obéissance à la Couronne qui reflétait la nouvelle interprétation par Martin Luther du quatrième commandement Honore ton père et ta mère introduite en Angleterre par William Tyndale. Les protestants furent néanmoins persécutés sous son règne en particulier du fait de leur refus de reconnaître l'annulation de son mariage et beaucoup quittèrent le Royaume. Lorsque les taxes auparavant payées à Rome furent transférées à la Couronne, Cromwell réalisa le besoin d'évaluer la valeur des importantes possessions de l'Église et cela donna naissance au compendium Valor Ecclesiasticus, Valeur de l'Église. En septembre 1535, il exigea une inspection plus complète des institutions religieuses et la vie des moines fut rendue plus difficile par les prêches les accusant d'être des parasites improductifs. Les informations accumulées entraînèrent en janvier 1536 le début de la dissolution de tous les monastères par laquelle toutes les institutions aux revenus annuels inférieurs à 200 £ environ 96 000 £ de 2012 furent saisies par la Couronne. Les autres couvents furent progressivement transférés à la Couronne et à de nouveaux propriétaires. En janvier 1540, près de 800 monastères avaient été dissous ; le processus avait été efficace et n'avait rencontré que peu d'opposition. Les actions de Cromwell permirent le transfert d'environ 20% de la richesse foncière anglaise dans de nouvelles mains et créèrent une aristocratie terrienne redevable à la Couronne. Les réponses à la Réforme furent variées. Les monastères étaient les seuls soutiens des plus pauvres et leur dissolution fut une des causes du soulèvement du Pèlerinage de Grâce de 1536-1537. Ailleurs, les changements furent acceptés et ceux qui conservèrent les rites catholiques entrèrent dans la clandestinité. Ils réémergèrent lors du règne de Marie Ire entre 1553 et 1558.
Militaire
En dehors des garnisons de Berwick, de Calais et de Carlisle, l'armée professionnelle anglaise ne comptait que quelques centaines d'hommes et sa taille ne fut que légèrement accrue par Henri VIII. Lors de l'invasion de la France en 1513, l'armée était composée de 30 000 vougiers et archers à une époque où les autres nations européennes commençaient à adopter les piques et les arquebuses. L'influence de ces armes n'était pas encore décisive et les Anglais furent capables de combattre à égalité avec leurs adversaires. Henri VIII est traditionnellement présenté comme l'un des fondateurs de la Royal Navy grâce à sa création de ports permanents pour la flotte. Il semble qu'il ait également supervisé la conception de certains navires comme des galères. L'artillerie navale se développa sous son règne et des canons de plus en plus grands furent installés à bord des navires, ce qui contribua à l'abandon de la tactique de l'abordage. La taille de la flotte passa à cinquante navires dont certains très modernes comme la Mary Rose et Henri VIII établit un conseil pour gérer l'entretien et le déploiement de la Marine qui devint par la suite l'Amirauté. La rupture d'Henri VIII avec Rome accrut la menace d'une invasion française ou espagnole. Pour se prémunir contre cette éventualité, il ordonna à partir de 1538 la construction d'une série de fortifications coûteuses et modernes telles que le château de Deal le long des côtes méridionales du Kent à la Cornouailles. Wolsey avait auparavant organisé un recensement de la population afin de réformer la milice mais aucune réforme ne fut lancée avant le règne de Marie Ire.
Irlande Reconquête de l'Irlande par les Tudors.
La division de l'Irlande en 1450
Au début du règne d'Henri VIII, l'Irlande était de fait divisée en trois zones : le Pale où la domination anglaise était sans opposition ; le Leinster et le Munster surnommés les terres obéissantes contrôlés par les nobles anglo-irlandais et le Connacht et l'Ulster où le contrôle anglais était limité. Jusqu'en 1513, Henri VIII poursuivit la politique de son père qui consistait à autoriser les nobles irlandais, et notamment la famille FitzGerald, à gouverner au nom du roi afin de limiter les coûts de la colonie et de protéger le Pale. Cet équilibre fut déstabilisé par la mort du lord deputy Gerald FitzGerald en 1513 et la politique plus ambitieuse du nouveau roi. Son successeur et fils, également nommé Gerald FitzGerald, lutta énergiquement contre les seigneurs irlandais qui s'opposaient à l'influence anglaise mais son autonomie déplaisait à Henri VIII qui le renvoya en 1520. Il fut néanmoins contraint de le rappeler en 1524 car il était le seul à pouvoir maintenir un semblant d'ordre sur l'île. Lorsqu'en 1534, Gerald Fitzgerald fut convoqué à Londres et accusé de trahison, son fils Thomas organisa un soulèvement et mena une croisade catholique contre le roi. L'insurrection, qui menaçait de se transformer en guerre civile, fut réprimée par l'intervention de l'armée anglaise et Thomas Fitzgerald fut exécuté. Même si la révolte fut suivie par la volonté d'un plus grand contrôle de l'Irlande, Henri VIII souhaitait éviter un conflit avec les seigneurs locaux et une commission royale recommanda une politique de diplomatie pour les assurer que leurs terres ne seraient pas menacées par l'expansion anglaise. Anthony St Leger fut ainsi nommé lord deputy et le resta jusqu'à la fin du règne d'Henri VIII. Il appliqua une politique de renonciation et restitution qui transforma l'organisation du pouvoir en Irlande, traditionnellement basée sur les clans et les liens familiaux, en un système semi-féodal. Les propriétaires fonciers renonçaient à leurs terres et les cédaient au roi. En jurant fidélité au roi, leurs terres leur étaient restituées avec un titre de noblesse et ils pouvaient siéger à la Chambre des Lords irlandaise. En pratique, les seigneurs acceptèrent leurs nouveaux privilèges mais continuèrent à se comporter comme avant.
Héritage
La complexité et l'importance de l'héritage d'Henri VIII contribua à ce que, dans les mots des historiens Betteridge et Freeman, tout au long des siècles depuis sa mort, Henri VIII a été loué et vilipendé mais jamais il ne fut ignoré. L'un des débats de l'historiographie moderne est de savoir dans quelle mesure les événements de la vie d'Henri VIII dont ses mariages et sa politique étrangère et domestique furent le résultat de ses actions, et si cela fut le cas, si elles étaient volontaires ou opportunistes138. Dans son évaluation du règne d'Henri VIII publiée en 1902, Albert Pollard le loua comme le roi et le chef d'État qui, quels que soient ses défauts, mena l'Angleterre sur la route de la démocratie parlementaire et de l'Empire. L'interprétation de Pollard resta la plus influente jusqu'à la publication de la thèse de doctorat de Geoffrey R. Elton en 1953. Cette dernière intitulée The Tudor Revolution in Government reprit l'interprétation positive de Pollard de la période mais en présentant Henri VIII comme un suiveur plutôt que comme un meneur. Pour Elton, ce fut Cromwell et non Henri VIII qui entreprit la réforme du gouvernement. Il ne fut donc, en d'autres mots, rien de plus qu'une monstruosité égocentrique dont le règne « dut ses réussites aux meilleurs et aux plus grands hommes ; la plupart de ses horreurs et échecs émanant plus directement du roi. Même si les principaux arguments de la thèse d'Elton ont aujourd'hui presque tous été abandonnés, elle a contribué à la réalisation de nouveaux travaux de recherches comme ceux de son étudiant, Jack Scarisbrick. Ce dernier conserva son évaluation positive de Cromwell mais estima qu'Henri VIII avait eu le dernier mot dans la création et l'application des politiques gouvernementales. Scarisbrick considérait cependant que cette capacité avait été néfaste car son règne fut marqué par les troubles et les destructions et que ceux au pouvoir méritaient plus les blâmes que les louanges. Même dans les biographies plus récentes, comme celles de David Loades, David Starkey et de John Guy, l'étendue de la responsabilité d'Henri VIII dans les changements de son règne continue de faire débat. Ce manque de certitude sur le contrôle d'Henri VIII sur les événements a contribué à la variété de traits de personnalité qui lui ont été attribués. Une approche traditionnelle, développée entre autres par Starkey, est de diviser en deux le règne d'Henri VIII : une première positive avec un roi pieux, athlétique et érudit qui présida à une période de stabilité et la seconde avec un tyran imposant qui régna lors d'une époque de changements profonds et parfois fantasques.
Henri VIII a été joué à l'écran par:
Tefft Johnson dans le film Cardinal Wolsey 1912 Emil Jannings dans le film Anne Boleyn 1920 Lyn Harding dans les films When Knighthood Was in Flower 1922 et Les Perles de la Couronne 1937 Charles Laughton dans les films La Vie privée d'Henry VIII 1933 et La Reine vierge 1953 Montagu Love dans le film Le Prince et le Pauvre 1937 Ralph Forbes dans le film La Tour de Londres 1939 James Robertson Justice dans le film La Rose et l'Épée 1953 Robert Shaw dans le film Un homme pour l'éternité 1966 Richard Burton dans le film Anne des mille jours 1969 Keith Michell dans le film Les Six Femmes d'Henry VIII 1972 Charlton Heston dans le film Le Prince et le Pauvre 1978 Jared Harris dans le film The Other Boleyn Girl 2003 Ray Winstone dans le film Henry VIII 2003 Eric Bana dans le film Deux sœurs pour un roi 2008 Jonathan Rhys Meyers dans la série Les Tudors 2008-2010 Damian Lewis dans la mini-série Wolf Hall 2015 Henri VIII a également fait l'objet d'une pièce de théâtre de William Shakespeare en 1623 et d'un opéra de Camille Saint-Saëns en 1883.
Titre et armoiries
Armoiries d'Henri VIII durant son règne Le titre d'Henri VIII connut plusieurs évolutions durant son règne. Il utilisait initialement le titre : Henri VIII, par la grâce de Dieu, roi d'Angleterre, de France et seigneur d'Irlande ». Les revendications sur le trône de France n'étaient que symboliques et étaient invoquées par tous les rois d'Angleterre depuis Édouard III, peu importe la quantité de territoires français contrôlés. En 1521, le pape Léon X lui accorda le titre de défenseur de la foi mais il lui fut retiré par Paul III à la suite de son excommunication ; le Parlement adopta néanmoins une loi pour confirmer sa validité et il reste encore utilisé de nos jours. La devise d'Henri VIII était Cœur Royal » et son emblème était la rose Tudor. Durant son règne, ses armoiries étaient les mêmes que celles de ses prédécesseurs depuis Henri IV : Écartelé, trois fleurs de lys or sur fond azur qui est France et trois lions en pal or qui est Angleterre. En 1535, Henri VIII ajouta le titre de chef suprême de l'Église d'Angleterre : Henri VIII, par la grâce de Dieu, roi d'Angleterre, de France, défenseur de la foi, seigneur d'Irlande et de l'Église d'Angleterre sur Terre, chef suprême. L'année suivante, la partie de l'Église d'Angleterre devint de l'Église d'Angleterre et aussi d'Irlande. En 1541, le Parlement d'Irlande adopta le Crown of Ireland Act qui créait le titre de roi d'Irlande en lieu et place de celui de seigneur d'Irlande. Cette évolution avait été voulue par Henri VIII quand on l'avait informé que de nombreux Irlandais considéraient le pape comme le véritable chef de leur pays tandis que le seigneur n'était qu'un simple représentant. De fait, la suzeraineté de l'île avait été accordé au roi Henri II d'Angleterre par le pape Adrien IV au xiie siècle. Le titre de Henri VIII, par la grâce de Dieu, roi d'Angleterre, de France et d'Irlande, défenseur de la foi et de l'Église d'Angleterre et aussi d'Irlande sur Terre, chef suprême resta en vigueur jusqu'à la fin de son règne.
Posté le : 27/06/2015 20:16
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