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Accueil >> newbb >> Défi du 7 février 2015 [Les Forums - Défis et concours]

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Défi du 7 février 2015
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Bonjour,
Le défi que je vous propose cette semaine est le suivant :
Vous projetez d’aller refaire votre vie à l’étranger et de recommencer tout depuis le début racontez nous.

Bonne chance !

Bisous

Missi

Posté le : 07/02/2015 09:18
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Re: Défi du 7 février 2015
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Je commence la première:

Aller s’installer en France

(Cette histoire est en partie une fiction. Il est vrai que j’ai un master de français mais je ne suis pas allée en France pour prolonger mes études.)

C’est ma dernière année universitaire de Master en Français dans la spécialité de littérature française. Je prépare actuellement mon mémoire.
En même temps, je pense prolonger mes études à l’étranger.

Je me suis informée auprès de mes copines déjà inscrites là-bas sur ce sujet et elles m’ont répondu que j’avais le choix entre deux possibilités : soit refaire une licence de français soit m’inscrire directement en Master. Cette seconde voie sera plus difficile pour moi, car, en France, le français est la langue maternelle, et, pour ma part, j'ai étudié le français en tant que langue étrangère. Je devrai donc fournir deux fois plus d’efforts si je veux réussir.

Mais on n’est pas encore là, pour l’instant, il faut préparer mon mémoire.
Je me suis inscrite au centre culturel français pour chercher des bouquins pour mon mémoire.
Je sais déjà que je vais travailler sur le roman « l'Étranger » d’Albert Camus.
Le thème de celui-ci est : «L'Étranger d’Albert Camus un roman à thèse » et mon travail consiste à relever les idées philosophiques de Camus dans son œuvre, les définir, les rechercher dans le corps du texte, les expliquer mais également de faire une analyse du personnage principal, Meursault, selon le critique Philippe Hamon.

Je dois avouer qu’il m’a fallu plusieurs mois pour finir mon travail de recherche.
Avant la préparation du mémoire, nous avons fait l’avant projet qui consistait à résumer ce que nous allions faire dans le mémoire. Cet avant projet servirait tout d’abord à valider ce premier semestre avec deux autres modules « Pratique systématique de la langue(PSL) » et « Narratologie ».

Le premier semestre s’est passé sans problème, mais le deuxième, qui consistait à rédiger le mémoire, a été plus difficile malgré mes facilités avec la langue française.
Après des mois de souffrance et d’acharnement, j’ai achevé mon mémoire.

J’étais un peu stressée le jour de la soutenance de mon mémoire, le 28 juin 2011 mais elle s’est agréablement bien passée et j’ai même eu la meilleure note de 16/20.
Pendant l’été, je me suis retrouvée avec certaines de mes copines, celles qui voulaient, comme moi, aller étudier en France.
Nous étions cinq et nous étions toutes admises pour y aller, vu nos bonnes moyennes.

Nos bagages préparés, nous voilà le 22 Août à Strasbourg où nous avons pris des chambres universitaires. Cette ville était super et puis nous avions le tramway juste à coté ce qui nous facilité la vie pour les multiples déplacements.
Après une longue réflexion, nous avons décidé de faire aussi un master de français en littérature là-bas.

La première année a été vraiment pénible. Les difficultés étaient plus nombreuses que pendant les études chez nous, mais nous étions déterminées, et nous étudions ensemble. Même si nos moyennes ont un peu chuté, vu le niveau de difficulté en France, c’était pour nous un défi qu'il fallait à tout prix réussir.
Les années d’apprentissages se sont bien passées et nous avons obtenu notre diplôme.

Maintenant il reste à trouver un emploi, j’espère que cela va bien se passer pour nous.
Chaque fille prend sa vie en main. Personnellement je vais m’inscrire à Pôle Emploi, pour chercher du travail, je recherche un poste de professeur des écoles ou assistante de direction, enfin tout ce qui pourrait correspondre à mon diplôme.

Pour le logement, je décide de m’installer avec une de mes meilleures amies dans petit appartement.
Un mois plus tard Pôle Emploi m’appelle pour me proposer un contrat de cinq mois à un poste de suppléante dans une école primaire.

Je complète mon dossier. Une semaine plus tard, je commence déjà à enseigner. Le premier jour c’était un peu difficile, déjà avant d’y aller j’avoue que j’avais un peu peur en pensant à ma première journée, comment serait le premier contact avec les élèves.
Je m’imagine des scénarios incroyables et les questions n’en finissent pas : « Et si je tombe sur des enfants turbulents, et si je suis très gentille, ils ne vont pas me respecter, et si… et si… »
Le premier jour arrive et me voilà dans une classe de première année élémentaire. Chez nous, en Algérie, on dit troisième année primaire.

Les premiers jours j’avais un peu peur et ça se voyait, et puis quand je suis rentrée en classe j’ai fait tomber mes affaires, les élèves souriaient un peu discrètement mais dans l’ensemble je les trouvais gentils. Une fois je leur ai fait la fable « Le corbeau et le renard » de Lafontaine et là il y a eu un échange très intéressant avec eux. Au fur et à mesure où je leur posais des questions, ça ce voyait ils aimaient cette histoire et surtout ils répondaient bien.

« -Comment trouvez-vous le renard ?
Un élève a répondu :-Intelligent et surtout très malin.
-Et le corbeau ? Un autre a répondu :-Naïf et très bête. "

Au fil du temps j’ai appris à me faire confiance et m’imposer.
Les contrats se succèdent et j’acquiers petit à petit de l’expérience.
Je passe au même temps des concours d’enseignements et au bout de la troisième fois je suis prise, et parmi les questions qui m’ont été posées :

« Pourquoi l’enseignement ?
– J’aimerais être enseignante car ce métier est noble surtout pour une femme, mes parents sont eux-mêmes enseignants ce qui m’a encouragée à suivre cette voie et j’aime ce métier tout simplement.
– Quelles sont les qualités que doit avoir un enseignant ?
– Ferme, organisé, ponctuel et à l’écoute. »

Vu mon expérience dans le métier, j’ai réussi le concours.
Après des années d’enseignement j’ai décidé de rester en France et ça a changé ma vie.

S.B

Posté le : 07/02/2015 09:28
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Re: Défi du 7 février 2015
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Eh bien, dans cette histoire, tu as réalisé tes rêves.
Ce n'est pas donné à tout le monde.
Belle entrée en matière dans le défi. Tu as progressé dans la narration, l'usage de la ponctuation et des temps.
Bravo !
Donald

Posté le : 07/02/2015 13:36
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Re: Défi du 7 février 2015
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Merci Donald, c'est vrai j'ai essayé de faire un effort mais cela dit Couscous a eu la gentillesse de me corriger le texte avant de le poster, je la remercie encore ici pour m'avoir aidée sur cette nouvelle.

C'est vrai que c'est mon rêve d'aller même si c'est juste pour étudier en France mais à cause de la peur de me retrouver seule là-bas et puis je ne suis pas assez mature pour vivre toute seule sans ma famille malgré mon age, je ne sais pas pourquoi je suis trop dépendante des autres. Je sais ce n'est pas bien mais pour l'instant c'est comme ça.

Missi

Posté le : 07/02/2015 15:08
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Re: Défi du 7 février 2015
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Un Américain en Haute-Loire


Aéroport de Roissy. Il est sept heures du matin. Je ne pars pas, j’arrive.
Ma vie a basculé le jour où j’ai commis l’irréparable. Je devais le faire malgré les risques pour ma vie et ma réputation. Depuis, l’Agence m’a déclaré persona non grata sur le sol américain, la patrie de mes origines, là où des générations de Wilkinson ont trainé leur guêtres.

« Magic Bob, la légende de l’espionnage, balance le Président » s’affichait encore sur les unes des grands journaux. J’avais fait fort. Mon dernier coup. Une forme raffinée de seppuku. Le Texan au pouvoir, ce cow-boy de pacotille, n’allait pas s’en remettre. Sa démission n’était plus qu’une question de jours.
« Bien fait pour toi, tu n’avais qu’à pas mentir au peuple ! » chantaient en boucle mes neurones rouges tandis que mes cellules grises regrettaient les conséquences de mon geste, de mes révélations au Washington Post sur les mensonges présidentiels au sujet de l’Iraq, de l’Afghanistan, de l’Iran et des barbus en général. La main droite de la Maison Blanche finançait ces terroristes tandis que la main gauche les poursuivait à coups de milliards de dollars. Une attitude carrément schizophrène. Je l’avais dénoncé, avec des preuves à l’appui.

Désormais, je suis condamné à vivre loin, sous une identité d’emprunt. Après moult réflexions, j’ai choisi le pays des grenouilles savantes pour démarrer une nouvelle vie.
« Pourquoi s’enterrer en seconde division ? » m’aurait demandé ma grand-mère, une fière Yankee qui avait connue la patrie de Molière pendant la dernière guerre mondiale et n’en avait pas gardé un souvenir impérissable.
Ma réponse est simple, Mamie : je parle leur langue sans accent, grâce à la bouillonnante Marjorie de mes années estudiantines à Yale, et j’ai beaucoup travaillé sur le sol français. Je me sens donc plus à l’aise auprès des bouffeurs d’escargot que chez mes cousins les Habits Rouges d’outre-Manche. Certes, parlant aussi couramment l’allemand et le néerlandais, j’aurais pu choisir un autre refuge mais je ne m‘estimais pas à l’abri des regards dans un Benelux trop petit, un village de buveurs de bières, et encore moins dans une Allemagne noyautée par les Russes. En plus, dans tous les cas, je préfère le Chardonnay à la roteuse.

De toute façon, venant d’Hawaï, n’importe quel pays me paraitrait toujours nul. Finies les vahinés assises sur mes genoux, terminés les cocktails en bord de mer à regarder les volcans en éruption, le paradis sur Terre m’est définitivement interdit. Je dois expier mes fautes passées. Autant le faire un verre de vin à la main en contemplant des paysages rustiques et en contant fleurette à une paysanne du Massif Central.
Parce que finalement, j’avais décidé de vraiment m’enterrer. Paris était trop blindé d’Américains en goguette et d’agents secrets de tous bords. En plus, je trouvais cette ville impossible, avec son odeur de merde, ses transports en commun minés par les grèves, ses quatre millions de trous du cul déguisés en philosophes à mèche j’en passe et des pires. Du coup j’avais cherché un endroit à l’opposé de l’Ile de France, une région rurale si possible, avec plus de bêtes de somme que d’habitants. Quitte à vivre avec des bœufs, autant qu’ils soient authentiques.

Je vais prendre mon train à grande vitesse en direction de Lyon. Voyager avec des représentants de commerce ou des cadres moyens exploités par leur entreprise d’informatique, les voir grappiller un croissant alors que c’est compris dans le prix du billet, écouter leurs plaintes au sujet de leur président à tête de fromage, tout ça m’amuse à l’avance. Ce seront certainement mes derniers instants avec des vrais citadins, avec le monde des lécheurs de bitume, avant d’emprunter le vieux chemin de fer jusqu’à ma destination.
Je vois déjà mon dernier trajet à travers les champs, sur une voie ferrée d’un autre temps, dans un wagon à compartiments, entre mémé Janine et pépé Antoine, en face de tonton Jacques et de tata Gilberte. Parce que c’est ça la Haute-Loire, le coin où j’ai décidé de me retirer, de poser mes valises et de refaire ma vie.
Personne ne connait ce département. Pourtant plus de deux cent mille âmes le peuplent, pas que des paysans même si la moitié du territoire sert à cultiver la lentille et à faire brouter des vaches laitières. D’ailleurs, histoire de ne pas subir un choc culturel trop important, je vais habiter dans la capitale, un bled appelé Le Puy-en-Velay où les catholiques et les conservateurs font la loi.

Quand j’avais embrassé ma carrière d’espion de haut vol après mes brillantes études à Yale, je n’imaginais pas terminer dans un tel trou. Je me voyais plutôt prendre ma retraite à quarante-cinq ans, bardé d’honneurs et reconnu par l’Oncle Sam, m’installer dans une jolie villa de San-Diego et contribuer à la bonne démographie américaine avec Sharon ma belle blonde californienne de dix ans plus jeune. J’étais frais et naïf à cette époque. Je croyais me battre pour le monde libre contre les affreux communistes et les tyrans du Tiers-Monde. Vingt ans plus tard, les Rouges ont été remplacés par des barbus, j’ai monté des dizaines de coups de Jarnac contre des gars pas toujours coupables, mon Président nous a inventé des histoires à dormir debout et des milliers de jeunes Américains sont morts dans le désert iraquien ou dans les montagnes afghanes, pour des clous. J’ai dit stop.

Je suis dans une voiture de première classe. Lyon se trouve à trois heures. Nous roulons à plus de deux cents kilomètres par heure. Le gras du bide en face de moi veut engager la conversation. Je pressens un grand moment de rigolade.
— Vous allez à Lyon ?
— Oui, comme tout le monde dans ce train, non ?
— Non. Certains vont s’arrêter en cours de route. Lyon n’est pas l’unique destination possible.
— C’est pourtant la seule grande ville sur le parcours. Les probabilités sont donc élevées.
— Vous n’êtes pas du coin, c’est ça ? Parisien ?
— Normand ! Et vous ?
— Je suis de Saint-Etienne mais je vis à Paris.
— C’est compliqué ! Vous faites comment dans votre vie personnelle ?
— Ma femme et mes enfants vivent à Saint-Etienne. Je les vois le week-end.
— Pourquoi vous infligez-vous ce calvaire ? Vous avez été vilain dans une autre vie ? Votre épouse et vos marmots vous pèsent ? Vous êtes un agent secret de sa Majesté ?
— Vous êtes marrant, vous, pour un Normand.
— Je sais. Les Bretons me le disent souvent.
— En fait, j’aime ma famille. Pour leur donner le meilleur, j’ai accepté ce job à Paris. D’ici une dizaine d’années, je pourrai revenir à Saint-Etienne pour reprendre la direction d’une agence locale.
— Votre femme sera partie avec le voisin et vos enfants vous appelleront « Monsieur ».

Le ventru tire la tronche. Visiblement, j’ai touché un point sensible. Son Esméralda a probablement déjà fauté, jugeant son Quasimodo assez loin pour lui laisser sa liberté de baiser. Un Prince Charmant de passage s’est servi, usant du pipeau et de la contrebasse pour lui jouer la scène du deux.
Résultat des courses : Quasimodo porte haut le chapeau à cornes, Esméralda tort de la fesse au supermarché, leurs enfants Riri Fifi et Loulou se réfugient dans un monde virtuel où les papas ont des muscles hypertrophiés et où les voisins sont décimés au lance-roquettes nucléaire.
Le gras du bide reprend un peu de contenance. Il se décide à me poser des questions.
— Et vous ? Vous ne m’avez pas dit ce qui vous amène à Lyon.
— Je m’installe en Haute-Loire.
— Ne me dites pas que vous allez vivre au Puy-en-Velay ?
— Si ! Pourquoi, c’est à ce point la honte ?
— Ne vous vexez pas ! C’est seulement qu’au vu de votre apparence, même si vous venez de Normandie vous allez rapidement vous emmerder là-bas. C’est mort. Seuls les vieux restent.
— Je trouverai bien chaussure à mon pied. Je raffole des belles paysannes blondes comme les blés, le genre belle des champs. Je me vois rencontrer la grande Françoise, avec ses yeux bleus à la Michèle Morgan, son accent rustique, son franc-parler et son rire agricole. Nous ferons ensemble de beaux enfants qui reprendront la ferme familiale quand nous serons trop vieux pour cercler le foin.
— Vous êtes agriculteur ?
— Non. En fait, j’ai décroché un job de professeur de sciences dans un lycée privée. C’est peinard, bien payé, nourri logé blanchi.
— Pourquoi avoir quitté la Normandie ?
— Une déception amoureuse avec une grande blonde.
— Je comprends mieux.

Quasimodo ne comprenait rien mais comment aurait-il pu ? Si je lui avais dit la moitié du tiers de la vérité, j’aurais ensuite été forcé de l’occire dans les toilettes. Ceci dit, je lui aurais peut-être rendu service, dans le cas fort improbable où il se soit réveillé de son cauchemar social déguisé en vie de nain. Du coup, le laisser croire que j’étais aussi nul que lui le confortait dans son illusion. Le beau mec assis en face de lui n’avait pas plus de chance avec les femmes, à un tel point qu’il en était réduit à quitter les vertes plaines normandes pour le cul du Massif Central.
— Ainsi vous êtes enseignant ?
— Oui et non. A la base, je suis ingénieur mais quand j’ai décidé de refaire ma vie de zéro, d’oublier Arielle l’amour de ma vie, j’ai préféré aussi changer de métier. Enseigner m’a toujours tenté. J’ai eu de la chance et me voilà au Puy-en-Velay.
— Elle a du vous en faire baver, cette Arielle.
— Elle ne m’aimait que pour mes plaquettes de chocolat et mes biceps d’acier.
— Il est vrai que vous êtes un bel homme.
— Merci. C’est vous que j’aurais dû rencontrer à l’époque.
— Je ne suis pas de ce genre, détrompez-vous.
— Je déconne, John ! C’était une formule de politesse, un remerciement en forme de boutade.
— Vous me rassurez. De nos jours, avec ces histoires de mariage pour tous, je suis un peu déboussolé.
— C’est ainsi que les hommes vivent et leurs baisers au loin les suivent.
— Quoi ?
— Rien. Je citais un poème d’Aragon. Vous n’avez pas étudié ce poète au lycée ?
— Si, mais ça fait un bail. En plus, j’ai choisi la voie courte pour devenir vendeur.
— Vous vendez quoi au fait ?
— Des climatisations. Pour les entreprises, les particuliers et les administrations.
— Passionnant ! Et ça paie bien de vendre ce type de produit ?
— Avec les primes, les bonus, ça m’a permis de m’acheter une maison sur les contreforts du Forez, dans un quartier résidentiel de Saint-Etienne. Je l’ai entièrement payée. Zéro dette à la banque.

Je sais ce qui m’attend. Les parents d’élèves seront des gars comme mon Quasimodo. Ils me raconteront comment ils ont financé leur piscine, pourquoi l’enseignement privé est mieux que le public où les bandes armées s’affrontent à coups de revolver pour des valises remplies de cocaïne colombienne. Leurs femmes me feront du gringue, lassées de leur crapaud conjugal et des samedis soir à la bière. Pour ne pas éveiller les soupçons, je m’en attraperai deux ou trois vite fait sur le gaz, histoire de rester dans la tradition française de l’infidélité chronique et du « pas vu pas pris ». Leurs lardons me craindront après une bonne branlée à leur meneur. Ils apprendront bêtement leurs théorèmes sans comprendre le sens profond de la science. Ainsi va le cycle de la vie.
Le ventru me regarde avec des yeux de cocker mort d’amour. Il a enfin trouvé un pote. Si ça se trouve, il va me proposer de dîner chez lui un de ces week-ends. J’espère que son Esméralda vaut le détour, histoire que je le conforte dans son rôle de cocu.
Vive la France et la Haute-Loire !

Posté le : 08/02/2015 12:11
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Re: Défi du 7 février 2015
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Merci Donald d'avoir participé à mon défi, j'aime bien ton histoire d’espion américain, ça ce voit que tu as de l'imagination je reste bouche bée, un écrit de grande qualité bravo.

Amicalement

Missi

Posté le : 08/02/2015 12:40
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Re: Défi du 7 février 2015
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Nouveau départ

Tout a commencé à l’ouverture d’une enveloppe luxueuse contenant une lettre à l’entête d’un notaire Dufaux, un patronyme peu engageant pour un homme de cette profession. J’y appris que j’étais conviée à la lecture d’un testament. Le nom du décédé était le même que celui de ma défunte mère, Vanhoutte. Je n’avais malheureusement pas connu celle-ci car elle était morte en me donnant la vie. Parler d’elle était un véritable crève-cœur pour mon père, j’avais décidé de faire taire toutes les interrogations qui naissaient dans ma tête de petite fille. Lorsque je lui ai montré ma lettre, il soupira avant de me confirmer que je venais de perdre mon seul et unique oncle. Il évoqua un personnage fantasque, parti à dix-huit ans vivre en Grande-Bretagne et qui ne donna plus aucune nouvelle à sa famille restée en Belgique.
Le notaire était un homme de taille très modeste, portant un bouc sombre et des petites lunettes rondes au-dessus desquelles il me scruta longuement après avoir décrypté ma carte d’identité. Il semblait être hésitant à me demander un peu de salive pour un test ADN. Le testament était relativement laconique.
« je lègue à mes éventuels successeurs mon entreprise et ma maison avec tout de ce qu’elle contient ; des livres futuristes de ma bibliothèque en passant par les cale-portes, mes médicaments journaliers et jusqu’aux croûtes dans le grenier. S’il ne devait plus y avoir d personnes de mon sang, je souhaite que tout revienne à la communauté de Lonetown qui saura en faire bon usage. »
– Voilà ! C’est tout ! m’annonça le nabot
– Et où se trouve la maison de mon oncle ?
– En Ecosse.
– Je ne veux pas m’installer si loin.
– Je vous conseille d’aller là-bas et de vendre les biens.
– Était-il fortuné ?
– Non, pas vraiment. Son compte est à peine crédité du montant qui permettra de régler les frais de succession. Voici les coordonnées de mon homologue sur place. Il vous remettra les clés et vous informera. »
Juste le temps de poser quelques jours de congé, de prendre un billet d’avion low cost et je me retrouvai dans le train qui me déposa à la gare de Lonetown. Sur le quai désert se trouvait un homme moustachu avec un chapeau melon et une redingote. Charlie Chaplin aurait-il eu un frère ? Il se dirigea vers moi, me salua en baissant respectueusement la tête en disant avec un accent anglais prononcé :
« Bienvenue Miss Vanhoutte. Je suis Nestor. Suivez-moi s’il-vous-plaît.
– Vous parlez français !
– Oui, votre oncle m’a appris.
– Je suis soulagée car mon anglais est très basique.»
Il prit ma valise et je le suivis jusqu’à une vieille Ford. Il installa ma valise dans le coffre et nous partîmes à travers la nature sauvage des Highland. Au détour d’un coin de forêt, je découvris une grande demeure au style baroque. Mon chauffeur s’arrêta devant l’entrée et m’ouvrit la portière. La façade était légèrement fissurée sur le côté gauche, les châssis des fenêtres n’avaient plus connu la caresse d’un pinceau depuis des lustres mais l’immeuble avait un certain charme. L’intérieur était aussi vieillot que l’extérieur ; le tapis du salon, à l’instar du canapé en cuir, était râpé et le papier peint devait dater de la première guerre mondiale. J’appris que mon chauffeur était aussi cuisinier, valet de chambre, homme de ménage et jardinier. Nestor avait été au service de mon oncle pendant plus de trente ans. Ce dernier lui versait ce que je qualifierais plus d’argent de poche qu’un véritable salaire, considérant qu’il était logé et nourri.
Le soleil couchant enflammait le salon lorsque quelqu’un sonna à la porte. C’était le notaire autochtone, une valisette en cuir à la main. Comme il avait suivi ses études en France, il maniait parfaitement la langue de Molière. Il me remit un énorme trousseau de clés en disant :
« Vous y trouverez tout ce qui ouvre les portes de cette demeure et de l’usine.
– Ecoutez, Maître, je ne pourrai pas m’occuper de tout cela. Pourriez-vous trouver des acheteurs ?
– Je vais m’y employer, Madame. Voici l’état des comptes de votre défunt parent et l’estimation des divers frais qu’il faudra régler. »
Le notaire belge avait raison. Je ne pouvais compter sur aucune épargne pour faire tourner l’usine et entretenir la maison. Mais comment faisait mon oncle ?
Le lendemain matin, Nestor me conduisit jusqu’à l’usine dont j’étais nouvellement propriétaire. En traversant le village, des dizaines d’yeux se sont tournés vers moi. J’y lisais à la fois de la curiosité et de la peur. Le bâtiment était aussi vétuste que je l’avais imaginé. Une trentaine de personnes s’y affairait à fabriquer des cure-dents achetés exclusivement par la France. En allant les saluer, je fis face des expressions de méfiance. Le carnet de commandes faisait présager une fermeture à court terme des activités. Nestor m’expliqua que l’usine était la seule du village et mon oncle le plus gros employeur de la région. Si elle devait fermer, ce serait catastrophique pour la plupart des familles du village qui seraient obligées de le déserter. Je me sentis soudain très mal à l’idée que ma décision risquait de transformer Lonetown en ville fantôme. Mais quel autre choix avais-je ?
Dans l’après-midi, le notaire revint m’annoncer qu’il avait déjà un acheteur : un grand entrepreneur chinois qui projetait de raser l’usine pour en faire un parc d’attractions, la maison devenant, quant à elle, le lieu de résidence des employés du parc, importés directement de Chine. Je demandai à l’homme de loi de continuer ses investigations afin de trouver un véritable repreneur qui assurerait aux employés de garder leur place.
Après le souper, je décidai de déambuler dans la bibliothèque.
« Quel était le style préféré de mon oncle, Nestor ?
– Il aimait particulièrement la science-fiction. »
Il m’indiqua une rangés avec des reliures en cuir. Je jetai mon dévolu sur « Le meilleur des mondes » d’Aldous Huxley. Arrivée à la page dix, je découvris avec surprise que le bouquin avait été découpé pour le transformer en boîte à secrets dont le contenu était un liasse de billets. Je me mis à ouvrir les autres livres du rayon. Chacun contenait un joli paquet de livres Sterling. Le plus étrange était que les œuvres d’un autre genre ne contenaient rien de la sorte. Je me rappelai soudain les mots du testament qui évoquaient « …les livres futuristes de ma bibliothèque. » et d’autres choses que j’avais oubliées.
Le lendemain, je sollicitai le notaire belge afin de me faxer une copie du testament. C’est ainsi que je découvris que les cale-portes étaient des lingots d’or peints en noir et que des diamants se cachaient dans les boîtes d’aspirine de la salle de bain. Quant aux croûtes cachées au grenier, il s’agissait de tableaux portant la signature de grands maîtres de la peinture, apparemment gagnés au cours de parties de poker. Mon oncle avait appliqué malicieusement le concept de « sans signe extérieur de richesse ». Ma première action fut d’envoyer ma démission à mon patron. Je m’imaginai avec malice sa tête en voyant le cachet de la poste. Grâce à ces fonds, je pus conserver l’usine et la moderniser. Dorénavant, elle fabrique également des bâtons d’esquimaux, des fourchettes en bois et des piques à brochettes.
J’avais perdu un oncle que je ne connaissais pas et j’ai gagné une famille de la taille d’un village. Les habitants de Lonetown m’appellent amicalement « The Belgian Lady ».

Posté le : 08/02/2015 14:18
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Re: Défi du 7 février 2015
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Merci Couscous pour ta participation, j'ai bien aimé l'histoire de ton héroïne qui devient propriétaire d'une usine et très populaire et on lui donne même un joli surnom.

Amitié

Missi

Posté le : 08/02/2015 14:52
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Re: Défi du 7 février 2015
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Donald,

Je vois que tu tentes d'envoyer un message subliminal à notre amie commune. Mais elle manque un peu de temps pour suivre les défis en "live". Mais elle devrait reprendre via une "rediffusion"...

ça va le changer de vivre à la campagne ! Une belle planque pour un espion à la retraite.

Un "président à la tête de fromage", warf warf !

Longue vie à Bob !

Merci Don

Au plaisir

Couscous

Posté le : 08/02/2015 19:30
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Re: Défi du 7 février 2015
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Fatigué des remarques assénées chaque jour,
Par un patron soucieux de revenus plus denses,
Harassé de ces tances évoquées en silence,
Par l’horrible mégère, et qui m’ont rendu sourd.

Ereinté par l’état, au très grand appétit
Réclamant des impôts, que je juge abusifs,
Au petit retraité le rendant convulsif,
Pour nourrir nos élites, en plumant les petits.

Je vais partir ailleurs, dans un pays parfait,
Ou l’on rase gratis, les poilus, les imberbes,
Ou la vie se résume à ce simple proverbe :
A boir’ jamais l’on meurt, comme disait Rabelais.

Pourtant, une question, au jour un de l’exil :
Ou prendre mes croissants, et mon pain croustillant,
Pour tremper dans mon lait et mon café bouillants,
Je n’ai plus dans le nez, cette odeur de fournil.

Et le petit bistro, ou tous nos états d’âme,
Remplaçant le psychiatre, sont mis sur le comptoir,
Permettant à chacun de conter son histoire,
Sans jugement aucun, et sans cri, et sans larme.

Ou vais-je bien trouver, un autre havre de paix,
Tel celui de ma cave, sise en bord de Loire,
Ou dans la cheminée lorsque tombe le soir,
Les braises font griller l’andouillette au Vouvray.

Dans quel pays, pourrais-je parler du vin nouveau,
De son gout de banane et d’un soupçon de mure,
Au grand dam d’un ami qui hurle à l’injure,
Arguant que cette année, ce vin sent le sureau.

Malgré les mutilés du bulbe rachidien,
Qui ont tenté en vain, de réduire au silence,
Sous couvert d’un prophète, en semant la violence
Ma France, c’est ici, que sera mon demain.

Et s’il est un endroit ou je pourrais partir,
Sachant qu’il me faudra le billet du retour,
C’est au doux Elysée que je ferai un tour,
Pour prêcher prés des Dieux un monde sans martyr….









Posté le : 09/02/2015 05:40
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Le bonheur est une chose qui se double,..…..si on le partage …

Titi
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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