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Accueil >> newbb >> Défi du 17 octobre 2014 [Les Forums - Défis et concours]

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Défi du 17 octobre 2014
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Noël est dans 2 mois et le père Noël, qui a pris de la bouteille, ne se sent plus en mesure d’assumer seul les livraisons du 25 décembre.
.
Il fait alors appel à vos services.

Raconter nous les aventures de cette nuit extraordinaire.

Peut être conseillerez vous au père Noël de déplacer le 25 décembre au 15 août, afin d’éviter de descendre dans des cheminées allumées !!!

A vos plumes, à vos souvenirs……….…, en devenir !!!

Amitiés de Touraine

Posté le : 17/10/2014 14:03
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Titi
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Re: Défi du 17 octobre 2014
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Je comprends mieux pourquoi je n'ai pas eu de cadeau au dernier Noël.
Moi qui croyais que c'était parce que je n'avais pas été sage. Je suis rassuré.
Comme dirait une Hurlue de mes relations: ça va, alors !

Posté le : 17/10/2014 23:51
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Re: Défi du 17 octobre 2014
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-Dis donc Pinpon, tu ne vas pas me refaire le coup de noël 2013 ou, ayant attaqué les cadeaux à la bourre, tu t’es retrouvé en carafe pour la livraison du 25 !!!

Info pour le lecteur :
La mère Noel, puisqu’il s’agit d’elle, qui vendait précédemment ses charmes avant de rencontrer le héros du 25 décembre, avait gardé cette gouaille de titi parisien et des filles de la rue que notre ami tagazou évoque si bien, dans son poème intitulé :’’Belles carrosseries’’.

Elle avait rencontré le père Noël, un soir ou celui-ci, désœuvré car au chômage, sachant qu’il ne travaille que du 24 au 25 décembre !!! le ramier, errait de bistro en bistro du coté de Pigalle, dans sa tenue traditionnelle.
En apercevant le lascar accoudé au bar, elle lui avait alors lancé: ‘’dis donc pépère c’est pas carnaval, pour se déguiser en pompier’’, et avait poursuivi avec beaucoup de délicatesse et d’élégance,’’ nous le feu, on l’à à l’endroit de notre fond de commerce, mon vieux pinpon’’
.
Cette approche un peu cavalière avait d’abord beaucoup choqué notre bonhomme en rouge, mais le surnom de pinpon, l’avait séduit par sa pertinence.

Par ailleurs cela le changeait de celui attribué par son voisinage qui l’avait affublé du sobriquet et raccourci de Pére No eu égard à son gout prononcé pour l’anisette, secret bien entendu, parfaitement tu par tous les parents de la terre pour ne pas écorner l’image du bonhomme en rouge auprès des enfants.

- T’es bien gentil, repris la bergère de l’écolo du ciel baba cool,( sans doute ami de Nicolas Hulot, car faisant tirer son tirer son traineau par des rennes à l’ère du moteur éclectique, avec réduction d’impôts pour l’achat d’un véhicule propre neuf) mais ne compte moi sur moi pour le 25 décembre, je vais ce soir là à une réunion Tupperware chez ma copine Marie la Magdaléenne.

Pris de court, il s’était alors tourné vers ANPE, pour tenter de trouver du personnel pour cette nuit céleste.
Il reçut, certes, des candidatures mais aucune n’était en rapport avec les compétences demandées. Ainsi l’un des candidats acceptait les conditions, mais exigeait de ne pas travailler après 18 heures, un second était allergique aux poils de rennes, quand un troisième, en accord avec les recommandations de la communauté Européenne, il réclamait de ne pas travailler à plus de 1m15 au-dessus du sol, alors livrer les cadeaux par la cheminée……………… !!!

C'est Bacchus, qui ayant vu une annonce dans Corse matin, m'avisât de cette offre d'emploi.
Sans doute le bonhomme à la barde blanche avait estimé qu'offrir un job pour une seule journée de boulot était conciliable avec la nature première des insulaires de l'Ile de beauté…..

J'ai donc répondu favorablement à celle ci, sans me douter des ennuis à venir, engendrés par cette nouvelle activité, moi qui venait de me faire virer de mon dernier emploi, mon patron me reprochant deux choses: mon excès du souci du détail et surtout mon retard régulier a l’embauche, en me disant : ce n’est pas en cherchant midi à quatorze heures que vous serez à l’heure au boulot !!

Ma première livraison en habit rouge fut pour une ex-collègue de la mère noël, aux attributs cessibles, à qui je posais la question traditionnelle: ''Et toi qu'a tu demander au père noël ?'' avec comme réponse étonnante :''mais, comme pour tout le monde, 55€ !! '
'
Mon âme charitable me conduisit ensuite dans une prison ou cherchant à savoir ce qui avait conduit un des pensionnaires en cet endroit, ce dernier me répondit : » je suis ici car j’ai fait mes courses de noël trop tôt !! » Arguant que cela ne méritait pas une telle punition, il ajouta ;’’je les ai faite, quand le magasin était fermé !! »

Ma visite suivante m’amena vers une femme, très amoureuse des voitures rapides qui demandaient dans sa lettre au père noël, un objet pouvant aller de 0 à 100 en moins de 4 secondes. Après avoir observé le physique plus que rondouillard de la requérante, j’ai déposé sous le sapin :…...une balance !!

Dans la maison suivante, j’ai trouvé un petit chien avec un pansement sur la queue ??? J’ai demandé à la maitresse de maison, pourquoi cet attribut sur le canin.
- » Je reçois ma belle mère, pour le réveillon du nouvel an, et j’ai coupais la queue du chien ne voulant pas qu’elle voit, qui que ce soit dans la maison, manifester sa joie de la voir »

Voulant terminer cette nuit agitée par quelques bonnes actions, j’ai livré :
un ascenseur chez Loriane pour lui éviter les incidents ménagers,
un monceau d’excuse chez Bacchus, pour me faire pardonner l’allusion de mauvais aloi dans cette nouvelle,, sur les Corses,
Un nouveau ministre de L’intérieur pour la Belgique de Couscous, pour éviter les polémiques sur l’actuel et nouveau détenteur du poste,
Un oiseau de compagnie,pour le superbe oiseau rare d'EXEM,titre de son dernier poème,
Un livre de géométrie pour Donaldo, pour qu’il continue de mettre un carré dans un rond, comme il le fait dans sa délicieuse nouvelle du même titre,
et des tonnes de plumes enjôleuses et talentueuses pour l’ensemble des membres de l’OReé afin qu’ils continuent de nous abreuver de leurs superbes nouvelles et poèmes !!!

En rentrant à mon domicile éreinté par cette nuit tumultueuse, et en voyant ma tronche de cake rabougrie devant le miroir, je fus convaincu qu’il existait bien 4 âges vis-à-vis du père noël :
Celui ou on croit au père noël
Celui ou on ne croit plus au père noël
Celui ou on est le père noël
Et enfin, celui ou on ressemble au père noël !!!

J’avais franchi le dernier pas, J’étais désormais dans la quatrième hypothèse !!!

Posté le : 18/10/2014 12:58

Edité par kjtiti sur 24-11-2014 22:54:47
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Re: Défi du 17 octobre 2014
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J'ai bien ri à la lecture des péripéties de Pinpon et son nouvel assistant. Il y a des allusions croustillantes.
Je te remercie pour ton nouveau ministre de l'intérieur. On en fera bon usage.

Je peux donc te transmettre les desiderata de mes trois têtes blondes, non brunes, pour Noël prochain. Tu ne demande pas de supplément pour les envois à l'étranger ?

Merci pour ce chouette moment evoquant une période de l'année à laquelle je préfère le soleil de l'été...

A bientôt

Couscous

Posté le : 18/10/2014 16:22
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Re: Défi du 17 octobre 2014
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Voici ma version :

Www.noël.com

Affalé dans mon fauteuil aux accoudoirs élimés, je regarde un film que je qualifierais « de saison ». En effet, nous sommes le vingt-trois décembre et, depuis une semaine, le programme télé ne contient que dessins animés, émissions de recettes de fête, d’idées cadeaux rivalisant d’ingéniosité et d’originalité et de films mettant en scène des enfants, où les sentiments sentent la guimauve et la dinde farcie et dont le happy end parvient parfois à me soutirer une larme.

Soudain, j’entends un fracas dans ma salle de bain. Je n’y ai pourtant pas enfermé Rodrigo, mon chat, car il est tranquillement endormi sur mes genoux. De drôles de bruits continuent à me parvenir de la salle d’eau. J’empoigne la première poêle à frire venue ainsi que tout mon courage avant d’ouvrir lentement la porte. Imaginez mon étonnement à la découverte d’un vieux barbu en surpoids, habillé en rouge et blanc. Il est assis sur la cuvette fermée des toilettes. Serrant fortement la poignée de mon arme improvisée, je demande :

« Qui êtes-vous et comment êtes-vous entré ici ? »

Sans dire un mot ni relever la tête, l’intrus désigne mon chauffe-eau d’un doigt mal assuré.

« Quoi ? Vous êtes le réparateur ? Cela fait plus d’un mois que je vous attends Mais c’est quoi cette tenue ? Vous devez troquer votre bleu de travail à l’approche de Noël ? »

L’homme prend une grande inspiration, hoquète et m’adresse enfin la parole, exhalant une haleine chargée d’effluves lourdement alcoolisées :

« Je suis Père No…
– Le présentateur ?
– Non… je serais plutôt livreur.
– Pour Kapaza ? Zalando ?
– Non, je ne travaille qu’une fois par an.
– RTT ou chômeur ?
– Vous ne me reconnaissez vraiment pas ?
– Non, pourquoi je devrais ? On est amis sur Facebook ?
– Pff ! Je suis le Père Noël !
– Vous êtes à l’avance ! Faut mettre à jour votre smartphone. Il doit y avoir un problème avec vos rappels automatiques.
– Arrêtez avec votre charabia technologique. J’ai d’autres problèmes.
– Votre addiction à l’alcool ?
– Non, j’ai juste eu besoin de décompresser. Je reviens d’une réunion avec Saint Nicolas, le Lapin de Pâques et la Souris des dents. On veut une amélioration de nos conditions de travail et la retraite à 1500 ans au lieu de 2000. Mais notre direction ne veut rien entendre.
– Mais vous rendez les enfants si heureux.
– Ce n’est plus comme avant. Les gamins nous demandent des téléphones, des tablettes, des appareils photos génériques.
– Numériques !
– Mais mes lutins ne sont pas qualifiés pour fabriquer ces jeux-la. J’ai donc dû négocier avec des usines chinoises mais je viens de découvrir qu’elles emploient des enfants ! Quelle horreur ! Je n’ai plus aucune motivation à continuer.
– Ne baissez pas les bras. Pensez à tous les enfants qui ont les yeux qui brillent en découvrant leur cadeau, toute la joie que vous générez dans les familles. Je veux bien essayer de vous aider. Je suis disponible justement. Cela fait plus de six mois que je cherche un emploi. Je m’appelle Lucie.»

Après une longue hésitation, il accepte finalement mon aide. Il me prend la main et nous voilà aspirés par la flamme de mon chauffe-eau. J’espère que cela le détartrera un peu. Une sensation d’endormissement m’envahit et puis des frissons me réveillent. J’ouvre les yeux, prise d’une légère nausée, et découvre un décor digne d’un film de Disney. Je suis dans un grand bureau très rustique, décoré de photos de rennes, de chaussettes rouges et de branches de sapin. Le maître des lieux me fait visiter son usine. Je découvre un lieu vétuste rempli de lutins assis devant une sorte de chaîne de montage. Ils ont tous des cernes sous les yeux, une mine déconfite et des joues creuses.

« Ils n’ont pas l’air très en forme vos lutins !
– Oui, ils ont perdu leur motivation eux-aussi. Avant, ils fabriquaient toutes sortes de jouets différents. Maintenant, ils sont cantonnés aux nounours, aux poupées et à l’emballage des jouets technologiques chinois. »

Je le suis jusqu’à un grand hangar où je découvre son fameux traîneau rempli à raz-bord.

« Vous êtes prêt pour demain je vois.
– Il me manque encore ma liste. »

Nous retournons dans son bureau. Là, il forme un code, 2412 évidemment, sur la porte d’un coffre. À l’intérieur, il récupère un énorme rouleau au papier jauni.

« Ne me dites pas que c’est votre liste.
– Si, bien sûr.
– Il faudrait vraiment vous moderniser. »

La journée du vingt-quatre sert aux derniers préparatifs et comporte surtout une longue sieste. Une fois le soleil couché, je m’installe sur le traîneau, aux côtés du mon hôte qui m’a prêté pour l’occasion une combinaison rouge et blanche ignifugée. Un petit cri d’encouragement et sa douzaine de rennes se mettent à courir et s’envoler dans la nuit étoilée. Je découvre un travail fastidieux car la liste d’enfants sages comporte des adresses raturées, des taches de chocolat au lait et n’est pas très facile à manipuler. Pour déposer les cadeaux, il faut passer par les vide-ordures des immeubles, les cheminées des convecteurs au gaz, ou l’évacuation des chaudières. Je ne sais pas par quelle magie mais on y arrive sans trop de difficulté. Après cette nuit harassante, je me laisse tomber dans le lit d’un lutin qu’il m’a gentiment prêté.

Je ne savais pas que cette expérience changerait ma vie. En effet, je suis devenue la conseillère du grand Barbu. Nous avons d’abord modernisé toute l’usine et prévu des pauses avec des massages pour les lutins afin qu’ils reprennent goût à leur travail. Ces derniers, ainsi que leur grand patron, ont reçu une formation accélérée en nouvelles technologies, grâce à l’appui d’une prof, une grande blonde à la pédagogie révolutionnaire. Plus de tractations avec les chinois exploiteurs d’enfants car les lutins peuvent désormais construire des tablettes et autres téléphones « Made in Pôle Nord ». La liste ancestrale est devenue numérique et le Père Noël est désormais l’ami Facebook le plus convoité, sur les conseils d’un consultant aux grands pieds.

Je viens de signer un CDD de mille ans avec Fantasy et Cie pour donner un coup de jeune à St Nicolas, le Lapin de Pâques et la Souris des Dents. J’ai encore du pain sur la planche ! Le seul problème est que je suis payée en chocolat chaud, guimauve et clémentines.

Posté le : 18/10/2014 16:31
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Re: Défi du 17 octobre 2014
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Sacré kjtiti,
Tu pourrais écrire de la science-fiction, vu le coup des annonces pour du travail dans un journal corse, osé, je te l'avoue.
J'ai beaucoup aimé le coup de l'objet qui passe de 0 à 100 en moins de 4 secondes.
Et puis merci pour le livre de géométrie.
Enfin, tu termines par une note philosophique sur les 4 âges vis-à-vis du Père Noël et je la trouve fort juste.
On démarre bien ce défi.
A bientôt ami poète.
Donald, le joueur de triangle.

Posté le : 18/10/2014 17:17
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Re: Défi du 17 octobre 2014
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Sacré Couscous,

On va pouvoir t'appeler Arlette. Je savais que le Père Noël se réveillerait un jour et s'apercevrait de l'inhumanité de ses conditions de travail mais de là à l'imaginer comploter avec la Petite Souris
J'ai bien reconnu ton style, surtout dans les dialogues (de sourds) toujours aussi truculents. Tu gardes ton regard d'enfant et c'est ce qui te rend si trognon.

Bises

Un Hurlu qui te veut du bien.
.

PS: Payée en chocolat chaud, guimauve et clémentines ?
On va bientôt pouvoir t'offrir un objet qui passe de 0 à 100 en moins de 4 secondes !

Posté le : 18/10/2014 17:26
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Re: Défi du 17 octobre 2014
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Oui, tu as raison, appelle-moi Arlette mon grand hurlu ! Je te promets de revendre mes rétributions mensuelles sur e-bay contre quelques légumes biologiques. Je laisse ainsi la balance à la baleine.


Bises

Couscous

Posté le : 18/10/2014 17:39
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Re: Défi du 17 octobre 2014
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Mille millions de petits souliers


Marie-Albertine, mon assistante, m'appela sur le poste fixe, alors que j'étais en train de battre mon record à La Dame de Pique. Après l'avoir maudite, je décidai de décrocher.
— Oui, ma chère !
— Donald, j'ai un potentiel client pour toi. Un Finlandais. Vu que tu es le spécialiste de la Scandinavie et des pays du Nord en général, je te le transfère.
— D'accord. Merci Marie-Albertine !
« La poisse. la Finlande au début de l'Automne, ça craint ! » rugit mon cerveau rationnel.
— Bonjour monsieur Ghautier, dit une voix féminine. Je suis Karina Mikkinen, de la firme No L.
— Que puis-je pour vous, madame Mikkinen ?
— Mademoiselle.

Le contact s'annonçait bien. Je ne connaissais pas cette firme No L mais Karina parlait dans un anglais parfait et paraissait avoir moins de trente ans. Je l'imaginais déjà grande, blonde, sculpturale, avec un bonnet et des skis, le regard bleu azur porté vers l'infini du cercle polaire arctique.
— Je sollicite votre aide pour un sujet de logistique mondiale.
— Coup de chance, c'est ma spécialité !
— Je ne suis pas très versée dans les cabinets de conseil en stratégie, je vous l'avoue. Un de mes amis m'a orienté vers votre cabinet.
— Il a eu raison.
J'embrayai sur le laïus commercial, une adaptation très personnelle de la plaquette officielle rédigée par les ahuris du marketing, avec force exemples de missions et anecdotes salées.
— Stop !
— Oui ?
— Vous m'avez convaincue. Je vais vous parler de notre activité.
— Avec plaisir.
En vérité, j'avais déjà fait des recherches sur Google et il apparaissait que No L avait pignon sur rue dans le domaine de la distribution de cadeaux. Son siège était situé en Laponie et la société affichait un revenu de plusieurs milliards de dollars, sur les cinq continents. Son fondateur, un vieux barbu au nom imprononçable, avait laissé la place à un conseil d'administration composé uniquement de Finlandais. Ses principaux concurrents se trouvaient en Chine, dans la région de Shenzhen.
— Connaissez vous notre entreprise ?
— Bien sûr !
— Je vous passe donc les détails. Sachez que nous souhaitons rester dans la tradition lancée par notre fondateur et que nous raisonnons comme une PME, au contraire de nos concurrents asiatiques.
— L'artisanat est un art de vivre.
— Nous sommes en phase. J'en viens au sujet qui m'occupe. Nous ne pouvons pas livrer nos clients pendant la période de pointe, le 25 décembre. Il nous faut une solution et vite !
— Combien de points à livrer ?
— Aux alentours d'un milliard !

Le nombre me laissa comme deux ronds de flanc. Je ne savais pas qu'il était physiquement possible de livrer autant de clients dans une seule et même journée. Il fallait prendre la balle au bond, vu que mon bonus était indexé aux ventes générées par ma pomme et que nous facturions à l'acte. Je flairais l'affaire du siècle et je voyais déjà la Lamborghini dans mon garage.
— Peut on se voir ?
— Oui. Je suis à Londres demain. Donnons nous rendez-vous là-bas, au Hilton de Park Lane. Disons quinze heures GMT. Cela vous convient ?
— C'est un peu court pour réserver.
— Vous ferez l'aller-retour dans la journée. Vous avez l'habitude, non ?
— Laissez moi votre numéro de mobile et je vous rappelle.
Karina Mikkinen me fournit ses coordonnées, celles de son assistante Hildegarde Machin-chose ainsi qu'un tas d'informations inutiles à mes yeux mais essentielles dans son monde. Il ne me manquait que la marque de ses skis. Je lui servis deux fadaises et une formule de politesse puis je raccrochai. Je lui envoyai ensuite un courriel de confirmation, un classique pour se couvrir dans les boites américaines et j'attendis son accusé de réception pour aller faire le siège de mon boss.

Je n'étais pas un associé du cabinet, juste un petit gars au titre ronflant de manager, bardé de diplômes prestigieux certes mais interdit d'engager des moyens sans l'aval de sa hiérarchie. Même pour acheter des chouquettes au Prisunic du coin, je devais remplir un formulaire en trois exemplaires.
Je devais donc en référer à l'ineffable Jean-Barnabé, le gradé à plumes en charge des missions internationales traitées depuis Paris, siège continental de notre multinationale américaine. De Lisbonne à Helsinki, de Brest à Tallinn, rien ne lui échappait. Il touchait sa commission à tous les étages, quelle que soit l'origine du deal. Coup de chance, Jean-Barnabé était aussi mon supérieur hiérarchique, mon chef adoré, le gusse qui signait mes fiches de paie.
Je me précipitai dans son bureau. Il me regarda et flaira le bon plan.
— Mon Donald, mon champion, me dit-il. Que me vaut ta visite ?
— Jean-Barnabé, tu ne vas pas me croire. Je crois qu'on a décroché le gros lot.
— Assied toi, respire un bon coup et raconte moi une belle histoire.
Au fur et à mesure de mon récit, je vis mon Jean-Barnabé s'éclairer comme un lumignon, passant par toutes les couleurs du spectre. Il commença à me poser des questions sur No L, mon indice de confiance en Karina Mikkinen, j'en passe et des meilleures. Je lui sortis mon plus beau concerto pour pipeau et orchestre et il avala la couleuvre d'un coup.
Muni du précieux sésame pour une avance de frais, je demandai à Marie-Albertine de me réserver une place dans l'Eurostar pour Londres.

Le lendemain à quinze heures, après un voyage standard au milieu des jeunes cadres dynamiques et sans connaître les joies d'une grève impromptue, je me dirigeai à l'accueil du prestigieux Hilton de Park Lane.
— Je suis attendue par Karina Mikkinen de la société No L.
— Vous êtes monsieur Donald Ghautier de la compagnie International Consulting ?
— En personne, ma chère.
— Vous êtes attendu dans le salon Gainsborough, en bas, quatrième porte à gauche.
— Merci.
— Bonne journée.
J'adorais me rendre en Grande Bretagne. La politesse, la convivialité des Britanniques me changeait de la morosité des Parisiens et plus généralement de l'esprit négatif des Français. En plus, Londres me rappelait mes jeunes années d'étudiant, quand je passais mon MBA option whisky-coca.

Karina Mikkinen m'attendait bien à l'endroit indiqué par la réceptionniste. Je ne m'étais presque pas trompé à son sujet : grande, blonde aux yeux bleus, je la voyais bien contempler l'infinité céleste, un pied sur la dépouille d'un ours brun. Elle n'avait plus son bonnet et ses skis mais une chapka et des raquettes. Le modèle sportif laissait place à la version armoire normande. La trentenaire avait pris un sérieux coup de vieux, plus proche de la maison de retraite que des podiums Cacharel.
— Ravie de vous rencontrer, monsieur Ghautier, dit-elle en m'invitant à prendre place.
— C'est un plaisir partagé, mademoiselle Mikkinen.
— Je vais vous expliquer la situation dans le détail.
Pas franchement synthétique, la mémère me débita son histoire avec moult digressions au sujets de lutins, de rennes, de traîneaux et de cheminées. Au fur et à mesure, je mesurai l'ampleur de la tâche et je réalisai dans quelle galère je m'étais fourré.
— Vous comprenez bien, monsieur Ghautier , l'importance de la qualité de service dans notre image de marque. Nos concurrents asiatiques privilégient le volume au détriment du savoir-faire et nous ne souhaitons pas les suivre sur ce terrain. Il y va de notre identité.
— Je vois. Vous êtes prête à mettre les moyens pour livrer dans les délais impartis et le respect des traditions. Les clients attendent leurs produits le 25 décembre et pas une minute plus tard.
— Exactement !
— Vous avez frappée à la bonne porte.
— Quand puis-je espérer une proposition commerciale de votre part ?
— La semaine prochaine !

De retour à Paris, je débriefai Jean-Barnabé et il me donna carte blanche pour concevoir et mettre en œuvre un plan d'actions. Une fois les effets de manche terminés, il me fallait revenir à la dure réalité : imaginer un dispositif capable de livrer un milliard de foyers en moins d'une journée, sur vingt-quatre fuseaux horaires et cinq continents.
Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas International Consulting, cette firme, née à Chicago au temps de la prohibition et spécialisée dans le conseil aux très grandes entreprises, possédait des bureaux partout dans le monde, même en Indonésie. Pour les géographies plus marginales, telles que la Papouasie-Nouvelle Guinée ou les Îles Samoa, elle utilisait un réseau de sous-traitants locaux, certifiés par sa cellule dédiée aux partenariats. En général, ce maillage suffisait mais dans le cas de No L il semblait trop limité. Je devais trouver une solution.
Dans les cas extrêmes, je comptais sur un ancien collègue américain, rangé des voitures mais encore friand de challenges en tous genres comme seuls savaient les poser les consultants en stratégie. Aussi, je me décidai à appeler Robert Wilkinson, plus connu sous le nom de Magic Bob.
— Hello Magic Bob, c'est Donald. Comment se passe la vie à Honolulu ?
— Aloha Donald, mon frère de sang. Il fait beau, les volcans fument, les vahinés remuent leurs petites fesses et je sirote des pina-coladas sous le soleil de Waikiki. La routine, en somme ! Et toi, toujours à écouter les conneries des grenouilles savantes ?
— Plus que jamais !
— Viens ici ! Tu vas adorer. Tout est simple, sans prise de tête inutile. Du sexe facile, des champignons hallucinogènes et le ciel bleu.
— Je vais réfléchir même si je trouve que ça manque de Suédoises dans ton coin.
— La perfection n'existe pas dans ce monde, mon vieux. Qu'est-ce qui t'amène ?
— Je suis sur un coup fumant mais compliqué. Il me faut un coup de main.
— Accouche !
— Tu connais la société No L ?
— Je veux mon neveu ! Des fondus. Ils sont encore bloqués au vingtième siècle, au temps où les enfants croyaient à la petite souris et les écureuils au grand capital.
— Si je te disais qu'ils m'ont mandaté pour régler un problème de logistique, qu'en penserais-tu ?
— Que tu es gravement dans la merde, mon pote !
— En gros, c'est ça ! En plus, le 25 décembre arrive à grands pas.

Magic Bob avait l'habitude de démarrer la discussion en appuyant sur ce qui faisait le plus mal. Une fois qu'on avait compris ça, on était prêt à n'importe quel scénario, de l'invasion d'un couvent de carmélites par des gardes suisses à l'atterrissage d'une navette belge sur le soleil.
— On peut en parler ?
— Vingt-cinq pour cent de commission me semble un bon début. Je ne me lève pas en dessous.
— Tu ne te mouches pas du coude !
— J'ai des frais, deux ex-femmes, des enfants aux quatre coins du monde et j'en oublie.
— C'est la crise. Tu n'es pas au courant ?
— George Bush nous l'avait caché.
— Tu sais quand même que c'est un Noir hawaïen votre président maintenant ?
— Ah ! Je comprends mieux pourquoi on voit aussi souvent Beyoncé à la télévision. Tu penses qu'il se la tape ?
— Je monte à trente pour cent et tu arrêtes de déconner !
— Tu as toute mon attention, ô toi maître du conseil en stratégie !
Enfin, je pouvais commencer à lui exposer la situation. Magic Bob était un tueur en matière de négociation, surtout quand il savait à quel point on avait besoin de lui. De plus, il était très gourmand en termes d'honoraires et je sentais qu'expliquer ses tarifs à Jean-Barnabé n'allait pas être de la tarte. Seulement, s'il y avait un synonyme du mot miracle, il se prononçait Magic Bob dans l'inconscient collectif des salariés d'International Consulting. Le roi du hoola-hup était une légende de Chicago à Novossibirsk, de Reykjavík à Hobart, et je savais qu'au bout du compte j'obtiendrais la ligne de crédit pour rémunérer ses prestations.

Je fis un résumé de l'ampleur des dégâts. Magic Bob posa quelques questions pour la forme puis je sentis ses petites cellules grises se mettre en action.
— En gros, il manque de lutins ton client et son concurrent utilise de la main d’œuvre prépubère.
— Ils sont sept cent millions.
— Et moi et moi et moi.
Sous ses dehors décadents, Magic Bob turbinait bien du crane, il n'y avait rien à dire. Je commençais à entrevoir un avenir radieux où je pourrais conduire ma canette sur la Riviera, au volant de ma belle voiture italienne, sans me soucier des appels de mon banquier et de la limite de ma carte bleue.
— J'ai une idée.
— Oh oui, Magic Bob !
— On va battre les Chinois sur leur propre terrain.
— Explique, ô toi Sphinx de Waikiki.
— Eux, ils exploitent des petits enfants pour faire le job des lutins. Ils n'ont aucun mal à en trouver vue leur population rurale, sous-estimée en général, et qui n'en est pas à la centaine de millions près.
— Aucun pays n'a un tel réservoir de main d’œuvre.
— Si. Un. L'Inde.
— Mais c'est une démocratie. Jamais ils ne nous loueront leurs enfants.
— Qui parle d'enfants ? Nous cherchons des lutins, tu sais, ces êtres petits, difformes, invisibles aux yeux de tous. J'ai des potes au gouvernement indien et je suis persuadé qu'ils me feront un bon prix sur leurs lutins. Ils en ont deux cents millions, prêts à l'emploi mais que personne ne veut toucher pour des raisons obscures. Je crois même qu'on pourrait obtenir des subventions de la Communauté Européenne ou d'autres organisations supra-gouvernementales.
— Je ne savais pas. Tu pourrais gérer le 25 décembre avec ces Indiens ?
— Oui. Je passe quelques coups de fil et je te rappelle. Prépare la valise de billets, en petites coupures mélangées entre euros, dollars américains et livres sterling.
— Comme d'habitude.
— Je te laisse. A plus tard Donald !
— Merci Magic Bob.

La suite fut une formalité. Magic Bob orchestra la manœuvre de main de maître, à l'américaine. Ses contacts à New-Delhi négocièrent âprement mais tinrent leurs engagements. Karina Mikkinen avala l'argument social et signa le chèque. Jean-Barnabé applaudit des deux mains, trop content de griller la politesse à ses collègues chinois.
Le 25 décembre, un milliard de cheminées furent visitées par des petits lutins indiens et des milliers de millions de cadeaux furent déposés au pied du sapin, du hêtre ou du baobab trônant au milieu du salon. Il n'y eut pratiquement pas de reliquat et la qualité de service atteignit des niveaux inégalés depuis une centaines d'années.
L'année suivante, No L signa un contrat tripartite de dix ans avec International Consulting et le gouvernement indien. J'écrivis le communiqué de presse pour les plus grands journaux occidentaux, en insistant qu'une société américaine et une entreprise finlandaise avaient réussi, dans un pays en pleine croissance, à réhabiliter une population défavorisée, celle des Intouchables. Jean-Barnabé me proposa même de me promouvoir associé, après le deal du siècle, mais je déclinai l'offre, peu intéressé à materner des consultants immatures et des assistantes versaillaises.

Posté le : 18/10/2014 19:08
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Re: Défi du 17 octobre 2014
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Ils ont des prenoms de 'bourges' tes collaborateurs ! Bon, va falloir arrêter avec ce délire de grande blonde suédoise. Il existe des petites brunes d'un nord moins éloigné qui valent le détour...
Tu es devenu le bienfaiteur de ces petits indiens qui auront enfin un travail décent. Rigolo que l'on ait tous deux évoqué les petits chinois. Les grands esprits se rencontrent...
La société No L., ils devraient y être obligés a n'utiliser que des mots sans L !
J'ai bien ri.
Merci Donald
Couscous

Posté le : 19/10/2014 08:30
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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