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De Montpellier
Niveau : 63; EXP : 94 HP : 629 / 1573 MP : 3168 / 59498
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Héraclite mourant, Pierre de Lune, Sade, le cyclone à tête de grain de millet, le tamanoir : son plus grand désir eût été d’appartenir à la famille des grands indésirables. Jugement de l’auteur sur lui-même, Œuvres complètes Le poète et le moraliste ne sont jamais si bien accordés en lui que pour soutenir et pour illustrer deux causes qui dans son esprit n’en font qu’une : celle de la femme et celle de l’amour ... Ce grand flamboyant était le moins timide de tous les écrivains français modernes. André Pieyre de Mandiargues, Troisième Belvédère, Gallimard, 1971 Un théoricien amoureux de la théorie Il y a à la base de toute réflexion profonde un sentiment si parfait de notre dénuement que l’optimisme ne saurait y présider... Je me crois sensible autant qu’il se peut à un rayon de soleil mais cela n’empêche pas de constater que mon pouvoir est insignifiant... Je rends justice à l’art en mon for intérieur mais je me défie des causes en apparence les plus nobles. Visage décidé, menton en avant, le coin de la lèvre inférieure affaissé à cause de la pipe51, chevelure léonine tirée en arrière, le regard fixant l’invisible, André Breton a incarné le surréalisme cinquante ans durant, malgré lui et en dépit du rejet des institutions et des honneurs constamment exprimés. Toute sa vie, Breton a tenté d’emprunter d’un même front, trois chemins : la poésie, l’amour, la liberté. Très tôt, il s’est méfié des romans et leurs auteurs lui donnent l’impression qu’ils s’amusent à ses dépens. De manière générale, il rejette l’esprit français fait de blasement, d’atonie profonde qui se dissimule sous le masque de la légèreté, de la suffisance, du sens commun le plus éculé se prenant pour le bon sens, du scepticisme non éclairé, de la roublardise. Avec Breton, le merveilleux remplace les exhibitions nihilistes et l'irrationnel ouvre les portes étroites du réel sans vrai retour au symbolisme, Hubert Haddad. Pour abolir les conformismes et les préjugés, combattre le rationalisme, Breton usera de la poésie comme d’une arme aux multiples facettes que sont l’imagination, qui fait à elle seule les choses réelles, l’émerveillement, les récits de rêves et les surprises du hasard, l’écriture automatique, les raccourcis de la métaphore et l’image.Que font la poésie et l’art ? Ils vantent. L’objet de la réclame est aussi de vanter. La puissance de la réclame est bien supérieure à celle de la poésie ... La poésie a toujours été regardée comme une fin. J’en fais un moyen. C’est la mort de l’art de l’art pour l’art. Les autres arts suivent la poésie. Il s’agit de retrouver le secret d’un langage dont les éléments cessassent de se comporter en épaves à la surface d’une mer morte. Pour réussir son entreprise de subversion poétique Breton s’est gardé de tout travail quotidien alimentaire, allant jusqu’à défendre à ses amis les plus proches Aragon, Desnos de se commettre dans le journalisme. La révélation du sens de sa propre vie ne s’obtient pas au prix du travail. ... Rien ne sert d’être vivant, s’il faut qu’on travaille. Pour Breton, l’amour, comme le rêve, est une merveille où l’homme retrouve le contact avec les forces profondes. Amoureux de l’amour et de LA Femme, il dénonce la société pour avoir trop souvent fait des relations de l’homme et de la femme une malédiction d’où serait née l’idée mystique de l’amour unique. L’amour ouvre les portes du monde où, par définition, il ne saurait plus être question de mal, de chute ou de péché. Il n’est pas de solution hors l’amour. Je n’ai pas connu d’homme qui ait une plus grande capacité d’amour. Un plus grand pouvoir d’aimer la grandeur de la vie et l’on ne comprend rien à ses haines, si l’on ne sait pas qu’il s’agissait pour lui de protéger la qualité même de son amour de la vie, du merveilleux de la vie. Breton aimait comme un cœur bat. Il était l’amant de l’amour dans un monde qui croit à la prostitution. C’est là son signe, Marcel Duchamp. Particulièrement attaché à la métaphore de la maison de verre, Breton s’est livré dans les Vases Communicants à une analyse de quelques-uns de ses rêves comme s'il n'existait aucune frontière entre le conscient et l'inconscient. Pour lui, le rêve est l'émanation de ses pulsions profondes qui lui indique une solution que le recours à l’activité consciente ne peut lui apporter. Les adversaires de Breton l’ont nommé, par dérision parfois, avec véhémence souvent, le pape du surréalisme. Or, si l’auteur des Manifestes a constamment influé la ligne directrice du mouvement, il s'est toujours gardé d'apparaître comme un chef de file, même s'il a pu se montrer intransigeant, voire intolérant, lorsqu’il considérait que l’intégrité du mouvement surréaliste était en péril. Toute idée de contrainte, militaire, cléricale ou sociale, a toujours suscité en lui une révolte profonde. Présentant ce qu’ont toujours été ses objectifs, Breton écrit : La vraie vie est absente, disait déjà Rimbaud. Ce sera l’instant à ne pas laisser passer pour la reconquérir. Dans tous les domaines, je pense qu’il faudra apporter à cette recherche toute l’audace dont l’homme est capable. Et Breton ajoute quelques mots d’ordre : Foi persistante dans l’automatisme comme sonde, espoir persistant dans la dialectique celle d’Héraclite, de Maître Eckhart, de Hegel pour la résolution des antinomies qui accablent l’homme, reconnaissance du hasard objectif comme indice de réconciliation possible des fins de la nature et des fins de l’homme aux yeux de ce dernier, volonté d’incorporation permanente à l’appareil psychique de l’ humour noir qui, à une certaine température peut seul jouer le rôle de soupape, préparation d’ordre pratique à une intervention sur la vie mythique, qui prenne d’abord, sur la plus grande échelle, figure de nettoyage.
— La Clé des champs
Ce que Breton réhabilite sous le nom de hasard objectif, c’est la vieille croyance en la rencontre entre le désir humain et les forces mystérieuses qui agissent en vue de sa réalisation. Mais cette notion est dépourvue à ses yeux de tout fondement mystique. Il se base sur ses expériences personnelles de synchronicités et sur les expérimentations en métapsychique qu’il a observées à l’Institut métapsychique international. Pour souligner son accord avec le matérialisme dialectique, il cite Friedrich Engels : La causalité ne peut être comprise qu’en liaison avec la catégorie du hasard objectif, forme de manifestation de la nécessité. Dans ses œuvres, le poète analyse longuement les phénomènes de hasard objectif dont il a été le bénéficiaire bouleversé. Nadja semble posséder un pouvoir médiumnique qui lui permet de prédire certains événements. Ainsi annonce-t-elle que telle fenêtre va s’éclairer d’une lumière rouge, ce qui se produit presque immédiatement aux yeux d’un Breton émerveillé. Michel Zéraffa a tenté de résumer ainsi la théorie de Breton : Le cosmos est un cryptogramme qui contient un décrypteur : l’homme. Ainsi mesure-t-on l’évolution de l’Art poétique du symbolisme au surréalisme, de Gérard de Nerval et Charles Baudelaire à Breton. L'humour noi, expression dont le sens moderne a été construit par Breton, est un des ressorts essentiels du surréalisme. La négation du principe de réalité qu’il comporte en est le fondement même. Selon Étienne-Alain Hubert l'humour, loin d'être un exercice brillant, engage des zones profondes de l'être et ... dans les formes les plus authentiques et les plus neuves qu'il connaît alors, il se profile sur un arrière-fond de désespoir. Il publie en 1940 une Anthologie de l'humour noir. Pour Michel Carrouges il faut parler, à propos de l'œuvre de Breton comme de celle de Benjamin Péret, d’une synthèse de l’imitation de la nature sous ses formes accidentelles, d’une part, et de l’humour, d’autre part, en tant que triomphe paradoxal du principe de plaisir sur les conditions réelles.
Å’uvres
Les œuvres complètes d’André Breton ont été publiées par Gallimard en quatre tomes dans la Bibliothèque de la Pléiade sous la direction de Marguerite Bonnet, pour les deux premiers tomes, et Étienne-Alain Hubert, pour les deux tomes suivants
Revue:La Bréche, Action surréaliste, dir André BRETON, Éric Losfeld, de 1961 à 1967n°1à 8.
Poésie et récits
1919 : Mont de piété 1913-1919, avec deux dessins d'André Derain, Paris, éditions Au sans pareil, coll. Littérature 1920 : Les Champs magnétiques, avec Philippe Soupault, écrits en 1919 1923 : Clair de terre, 1924 : Les Pas perdus Poisson soluble 1928: Nadja ; réédition 196368 1929 : Le Trésor des jésuites, en collaboration avec Louis Aragon 1930 : Ralentir travaux, en collaboration avec René Char et Paul Éluard L’Immaculée conception, en collaboration avec Paul Éluard 1931 : L'Union libre 1932 : Le Revolver à cheveux blancs69 Les Vases communicants 1934 : L'Air de l'eau Point du jour 1936 : Au lavoir noir 1937 : Le Château étoilé L'Amour fou 1940 : Fata morgana 1943 : Pleine marge 1944-1947 : Arcane 17 1946 : Young cherry trees secured against hares 1947 : Signe ascendant 1948 : Martinique, charmeuse de serpents, avec des dessins d'André Masson La Lampe dans l'horloge 1949 : Au regard des divinités 1954 : Adieu ne plaise 1959 : Constellations, 22 textes en écho à 22 gouaches de Joan Miró 1961 : Le La
Essais
1924 : Manifeste du surréalisme ; augmenté de la Lettre aux voyantes, 1929 1926 : Légitime défense 1928 : Le Surréalisme et la Peinture ; dernière édition revue et augmentée de 1965 1930 : Second manifeste du Surréalisme 1932 : Misère de la poésie 1934 : Qu'est-ce que le surréalisme ? 1935 : Position politique du surréalisme 1936 : Notes sur la poésie, en collaboration avec Paul Éluard 1938 : Trajectoire du rêve Dictionnaire abrégé du surréalisme 1940 : Anthologie de l'humour noir ; édition augmentée 1950 1945 : Situation du surréalisme entre les deux guerres 1946 : Prolégomènes à un troisième manifeste du surréalisme ou non, précédé d'une réédition des deux Manifestes 1947 : Yves Tanguy Ode à Charles Fourier 1949 : Flagrant délit 1952 : Entretiens avec André Parinaud, retranscriptions d'entretiens radiodiffusés70 1953 : La Clé des champs, recueil d'essais publiés entre 1936 et 1952 1954 : Du surréalisme en ses œuvres vives 1957 : L’Art magique, en collaboration avec Gérard Legrand, rééditions 1992 et 2003
Correspondance
édité par Jean-Michel Goutier, Lettres à Aube 1938-1966, Paris, Gallimard, coll. Blanche
Liens
http://youtu.be/1rwHcEo4JY4 le surréalisme http://youtu.be/E9jRxHfL1Ro La prière du mendiant http://youtu.be/VW_63RhafoU La prière d'une maman http://youtu.be/n0pM7RQDX38 Un jour à la fois
Posté le : 27/09/2014 17:10
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