Semi pro 
Inscrit: 16/04/2014 23:11
De France, enfin, je crois
Niveau : 10; EXP : 66 HP : 0 / 241 MP : 45 / 7705
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Salut, Couscous, quelle belle idée que ce poisson clown enquêteur et que cette poudre de crevette. A la fois drôle mais bien pensé. Arielle, ton texte est déchirant, émouvant, très bel hommage en tout cas. Exem, tu as laissé planer un petit air de vacances sous ton poème.
Voici désormais mon texte:
Est-ce que tu rêves d'une mer mécanique ?
Elle s’était allongée sur le sable blanc et, de ses cheveux virevoltés par la brise, une odeur suave émanait, un parfum, effluve magnétique dont mon cœur s’était transi. Les vagues se succédaient éternellement, fouettées par l’ondée matinale et mon regard s’illuminait d’un flot de plénitude, bonheur qui jusque-là ne me paraissait que rumeur. Ses yeux croisèrent les miens et, alors que mon esprit tendait vers un infini indescriptible, une main ferme se posa lourdement sur mon épaule. Une vague de fond s’éveilla alors et m’engloutit : le néant…
… Un cri ; un sursaut. Je redécouvrais le morne réduit de Monsieur Houdini et son plafond écaillé par l’humidité. « Ta session est finie, Cendrillon. Allez, lève-toi, j’ai d’autres clients qui attendent dehors. » Ses mains titanesques arrachèrent les électrodes de ma tempe et me soulevèrent de la table d’opération. Je vacillais en direction de la sortie mais ma vue se saisissait encore d’éclairs incandescents ; je m’écroulai alors sur le béton et la crasse. Houdini maugréa une insulte et vint me relever puissamment. « Allez, faut te casser maintenant. ».
Je fus propulsé hors de son sombre magasin, plongé au cœur de la foule ivre de rêves. Le néon bleu lapis, « Chimères d’Houdini », semblait me narguer de ses grésillements électriques et je reprenais ma route en direction d’une triste réalité, misère indigente éparpillée le long de Dream Boulevard.
Depuis l’Accident et le début de notre apocalypse terrienne, il ne nous restait plus rien si ce n’est cette citadelle miséreuse où régnait la loi de la dope et un désert infini, jadis monde verdoyant désormais roche poussiéreuse et souvenir regretté. Certains avaient essayé de partir, de traverser les étendues de sable à la recherche d’une idylle. Peut-être avaient-ils trouvé une colonie de rescapés près d’un fleuve ou d’une rivière fertile. Ils n’étaient en tout cas pas revenus. Peut-être étaient-ils morts.
Je m’étais installé à la terrasse du Crackity et regardait la belle Kate s’enfiler sa troisième ligne de coke. « Quand tu t’endors après avoir sniffé tout ça, est-ce que tu rêves de moutons opiacés ? ». Elle me sourit. Chacun avait dû se dénicher un antidote au souvenir : la drogue, l’alcool ; c’était devenu essentiel, rêver, oublier. « Quand tu t’enfermes dans ta machine à rêver, est-ce que tu rêves de moutons mécaniques ? ». Après le quatrième rail, la locomotive s’était enfumée, elle dérailla et se propulsa sur une plaine enneigée. « Kate ? Kate ? ». Elle se plongea avec joie dans la poudreuse et laissa ses naseaux enfumés se nourrir de cette triste cendre. « Allez viens Kate, je te ramène. ». La drogue ne nous fournissait plus de réel effets secondaires ; non, elle nous permettait de vivre normalement, comme avant.
Je contemplais une fois de plus cette femme allongée sur le sable fin et je demandais quelle odeur pouvait bien avoir la brise marine. Sa peau semblait frissonner, bercée par le sel et le sable, embaumée par l’insouciance du lendemain et la mer s’étendait par-delà le cadre, par-delà le tableau et les murs effrités de l’appartement.
Les premiers rais percèrent le volet et la cuisine s’illumina d’une tendre aura. Neuf heures n’avait pas sonné et Kate avait sorti la ceinture et la cuillère. « Un jour je partirai. J’achèterai une voiture et je roulerai jusqu’à tomber sur la mer, ou sur ma mort. Je ne prendrais qu’une petite pilule, tu sais, les roses-là qui te font rêver pour l’éternité. Ouais, j’en prendrais une comme cela ou je me jetterai dans les vagues, on verra bien. Je ne le ferai peut-être pas demain, mais je le ferai, un jour. ». Kate enfonça doucement la seringue dans mon bras et je sentis mon cœur s’arrêter l’espace d’un instant.
Le courant était frais et mes poumons respiraient pour la première fois depuis si longtemps. J’ouvrais les yeux et elle était là , devant moi. Elle tourna la tête et je compris alors qui elle était. Oui, c’était Kate et son visage frêle, pâle, malade. Elle s’effondrait sur elle-même. Une vague de fond s’éveilla alors et nous engloutit ; le néant…
Voilà , j'aurais voulu faire plus long mais entre toutes mes révisions je n'ai pas eu le temps d'étoffer mon histoire. J'espère que cela suffira en tout cas.
Posté le : 11/06/2014 15:11
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