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Louis Malle
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Dans la nuit du 24/25 Novembre 1995, à Beverly Hills meurt Louis Malle

cinéaste réalisateur français, qui naquit le 30 Octobre 1932 à Thumeries

Films notables Le Monde du silence, Ascenseur pour l'échafaud, Atlantic City, Au revoir les enfants


Louis Malle est né en 1932, à Thumeries dans le Nord au milieu d'une fratrie de trois frères et deux sœurs, dans une famille de la grande bourgeoisie du Nord. Sa mère est une Béghin de l'industrie sucrière "beghin say", son père, ancien officier de marine, est directeur de l'usine de sucre de Thumeries.
Ici, on est patriote par lucidité, mais opportuniste par prudence, d'où certaines fluctuations idéologiques que le jeune garçon eut à connaître, et qu'on retrouve dans un film tel que Lacombe Lucien. Le grand tournant est cette matinée de janvier 1944, au collège des Carmes d'Avon, où un de ses condisciples – juif – est arrêté par la Gestapo et quitte la classe en lui disant simplement “Au revoir”.
Deux heures plus tard, les élèves sont rassemblés dans la cour, et le directeur de l'établissement, le père Jacques, convaincu de complicité avec la Résistance, est arrêté à son tour et envoyé en déportation. Ce souvenir gravé en lui, le cinéaste parviendra à l'exorciser, quarante-trois ans plus tard, dans Au revoir les enfants.

Dès l'âge de 14 ans, il s'initie à la réalisation avec la caméra 8mm de son père. Il pense étudier les sciences politiques à l'Université de Paris mais c'est à ce moment que germe sa carrière de cinéaste.
Brillant élève, Louis Malle semble promis à une carrière sans histoire : sa famille souhaite l'orienter vers Polytechnique.
Mais le ferment de la contestation commence à le ronger. Dans un ciné-club, il découvre La Règle du jeu, de Jean Renoir, et Les Dernières Vacances, de Roger Leenhardt. Sa décision est prise : il sera cinéaste. Dès l'âge de quatorze ans, il commence à tourner de petits films avec une caméra d'amateur.
Il entre à l'I.D.H.E.C. en même temps qu'à Sciences Po, pour rassurer sa famille et, par l'intermédiaire d'un ami, se retrouve sur la Calypso du commandant Cousteau, dont il devient l'assistant – puis le coréalisateur – pour un documentaire sur les fonds marins : Le Monde du silence, qui obtient la palme d'or au festival de Cannes en 1956. Louis Malle est lancé, et met aussitôt en chantier un vrai premier film, dont il se veut l'auteur à part entière : Ascenseur pour l'échafaud en 1958.
Ce qui était au départ un “policier” de série devient une rêverie très personnelle, qui anticipe sur la désinvolture de ton de la nouvelle vague.
Le générique, révélateur de ses goûts raffinés, réunit les noms de Roger Nimier, pour le scénario, Henri Decae, pour la photographie, Miles Davis, pour la musique.
Jeanne Moreau, Maurice Ronet et Lino Ventura en sont les interprètes. Le prix Louis-Delluc consacre un metteur en scène de vingt-quatre ans.

Libre de toute contrainte financière, mais résolu à s'imposer dans le circuit commercial classique, Louis Malle tourne ensuite Les Amants en 1958, d'après Point de lendemain, de Vivant Denon, conte libertin du XVIIIe siècle, mis au goût du jour par Louise de Vilmorin, qui choque les bien-pensants par son amoralisme tranquille. Puis il s'attaque à un texte réputé infilmable de Raymond Queneau, Zazie dans le métro en 1960, où il fait éclater les conventions du récit cinématographique, paie son tribut au star-system, à travers Brigitte Bardot, Vie privée, 1962 ; Viva Maria, 1965 et Alain Delon, un sketch d'Histoires extraordinaires, d'après Edgar Poe, 1968, au risque de rentrer dans le rang de la “qualité française”.
Dans le même temps, il fait preuve d'un superbe non-conformisme en rendant hommage à deux écrivains “maudits” : Drieu La Rochelle, un fasciste, Le Feu follet, 1963, et Georges Darien, un anarchiste, Le Voleur en 1967 ; il s'implique totalement dans ces films, dont Antoine Blondin admire “la mélancolie radieuse que donnent les images de la beauté et de la vérité”.
Le voici rejeté vers le dandysme de droite. Mais il surprend à nouveau son monde en prenant fait et cause pour les trublions de Mai-68, en chahutant aux côtés de Truffaut et de Godard le festival de Cannes et en allant tourner au Bengale un documentaire “engagé”, Calcutta (1969), suivi de “réflexions de voyage” sur L'Inde fantôme.
C'est au même observateur soucieux des réalités sociales que l'on doit un reportage sur les cadences infernales du travail en usine, Humain trop humain en 1974, et un autre sur la jungle des villes, Place de la République en 1974.

Controverse

Il s'attaque à deux tabous : l'inceste dans Le Souffle au cœur en 1971 et la collaboration sous l'Occupation dans Lacombe Lucien en 1974. C'est la gauche, pour le coup, qui fait grise mine et l'accuse de faire le jeu du révisionnisme.

De retour des Indes, il tourne un film lointainement inspiré de Ma mère de Georges Bataille, qui provoque un tollé : Le Souffle au cœur4. Il y évoque la relation incestueuse et romantique entre une mère et son fils. Ce thème est traité sans aucun jugement moral, ce qui sera une constante chez le réalisateur pour qui la vie s'apparente à une série de situations complexes. Il n'y a ni innocents ni coupables ou représentants du bien d'un côté et du mal de l'autre. Pour Malle, le spectateur doit être capable de se faire une opinion, sans condamner d'avance.
Trois ans plus tard, c'est sur un autre thème qu'il provoque une controverse. Dans Lacombe Lucien en 1974 il décrit le progressif engagement d'un jeune homme désœuvré dans la collaboration après qu'il a tenté d'intégrer sans succès la Résistance. Là encore, Malle ne porte aucun jugement, et montre un individu dont l'engagement est essentiellement dû au hasard des circonstances.
Même si une partie de la critique salue le film comme un chef d'œuvre, une autre partie accuse le réalisateur de tous les maux, lui reproche notamment de ne pas avoir vécu assez durement la guerre et juge son travail comme un affront à la mémoire des Résistants.
Cette polémique le décide à s'expatrier aux États-Unis.
Il tourne entre autres à La Nouvelle-Orléans un drame à costume sur la prostitution infantile, La Petite, avec la jeune Brooke Shields puis part pour Hollywood réaliser Atlantic City en 1980, avec Burt Lancaster, Susan Sarandon et Michel Piccoli, film qui raconte les mésaventures d'un truand à la retraite et de sa voisine dans la ville des casinos de la Côte Est.

Suit une époque de flottement, qui coïncide avec des turbulences dans sa vie privée.
Après l'échec d'un film qu'il définit comme un “conte de fées métaphysique”, Black Moon en 1975, il va tenter sa chance aux États-Unis, explorant avec un bonheur inégal des genres disparates : film de gangsters, Atlantic City, avec Burt Lancaster, 1980, défense des minorités, Alamo Bay, sur l'émigration vietnamienne au Texas en 1985, documentaire, God's Country en 1986 et jusqu'à un remake – manqué – du Pigeon, Crackers, avec Donald Sutherland, 1984.
On rangera à part La Petite, avec Brooke Shields, 1978, qui traite de la prostitution enfantine à La Nouvelle-Orléans au début du siècle, et un curieux projet expérimental, My Dinner with André en 1981, simple enregistrement d'une conversation à bâtons rompus entre deux intellectuels américains. Retour en Europe avec Milou en mai en 1989, comédie inspirée par la tourmente de 1968 vue de la France profonde, et Fatale en 1992, version “hard” des Amants, réalisée en Angleterre, avec Jeremy Irons et Juliette Binoche.
Seules réussites incontestables de cette dernière période, aux accents testamentaires : Au revoir les enfants en 1987, retour aux réalités douloureuses de l'Occupation, le film lui vaut un second prix Louis-Delluc, et Vanya 42e Rue en 1994, méditation sur les rapports du théâtre et du cinéma développée en marge des répétitions d'une pièce de Tchekhov dans un théâtre new-yorkais.

Un fil conducteur formel relie cette œuvre : le rôle primordial dévolu à la musique. Passionné de jazz, Louis Malle en parsème ses films, faisant appel ici à Charlie Parker, Sidney Bechet, Django Reinhardt, là à Jelly Roll Morton, Scott Joplin, le New Orleans Ragtime Orchestra ou le Joshua Redman Quartet.
Mais il puise aussi bien dans le répertoire classique : Brahms, Wagner, Erik Satie, Schubert, Saint-Saëns, ou la country music.
Le climat d'une fiction est inséparable, à ses yeux, d'une structure musicale adaptée. Mais il n'est pas moins sensible aux valeurs picturales. Chacune de ses réalisations peut ainsi être regardée comme un tableau – fresque ou allégorie, nocturne ou portrait de groupe.
La référence majeure est ici Matisse, pour la “démarche patiente et réfléchie grâce à laquelle il a élargi son champ de vision, en allant toujours vers une plus grande simplicité, vers l'essentiel” : belle formule qui définit parfaitement sa propre trajectoire.

Vie privée

Il a été marié à Anne-Marie Deschodt de 1965 à 1967. Il a eu un fils, Manuel Cuotemoc, né en 1971, avec l'actrice allemande Gila von Weitershausen et une fille Justine Malle, née en 1974 avec l'actrice franco-canadienne Alexandra Stewart.
Il a épousé l'actrice Candice Bergen en 1980. Ils ont eu une fille, Chloé Malle, née en 1985. Ils sont restés mariés jusqu'à sa mort en Californie, en 1995.
Sa cousine, Françoise Béghin, née en 1938, fille benjamine de son oncle maternel Ferdinand Béghin, est l'épouse de l'écrivain et académicien Jean d'Ormesson.
L'un de ses frères, Vincent Malle, fut un producteur de cinéma.

Documentaires

Au cours de sa carrière, le réalisateur a alterné des films de fiction pure et des documentaires.
Le documentaire le plus connu pour lequel il a collaboré est sans conteste Le Monde du silence qui reste le premier vrai film sur la faune sous-marine.
Coréalisé avec Jacques-Yves Cousteau, ce long métrage marque sa première grande expérience professionnelle pour laquelle il devient scaphandrier.
Quinze ans plus tard, sur l'exemple de Jean Renoir et Roberto Rossellini, il filme la vie des Indiens dans une série de documentaires tels que L'Inde fantôme, réflexion sur un voyage et Calcutta, Prix de la fraternité 1969. Son expérience indienne le fait un temps hésiter à revenir à la fiction.
Il décide ensuite de filmer une autre forme de pauvreté : celle des travailleurs français plongés dans une précarité quotidienne à cause de l'usine Citroën de Rennes. Humain trop humain sort en 1973.
Il filme également la population pauvre des États-Unis dans God's Country en 1985 et La Poursuite du bonheur, And the Pursuit of Happiness, 1986. Il y relate le parcours d'individus qu'il avait suivis une décennie plus tôt.

Récompenses, sélections et nominations

Oscars

1957 : Oscar du meilleur film documentaire (avec Jacques-Yves Cousteau) - Le Monde du silence
1973 : nomination à l'Oscar du meilleur scénario original - Le Souffle au cœur
1975 : nomination à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère - Lacombe Lucien
1982 : nomination à l'Oscar du meilleur réalisateur - Atlantic City
1988 : nomination à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère - Au revoir les enfants

Golden Globes

1982 : nomination au Golden Globe du meilleur réalisateur - Atlantic City
1982 : nomination au Golden Globe du meilleur film étranger - Atlantic City
1988 : nomination au Golden Globe du meilleur film étranger - Au revoir les enfants

BAFTA

1975 : BAFTA du meilleur film - Lacombe Lucien
1975 : nomination au BAFTA du meilleur réalisateur et du meilleur scénario (avec Patrick Modiano) - Lacombe Lucien
1982 : BAFTA du meilleur réalisateur - Atlantic City
1982 : nomination au BAFTA du meilleur film - Atlantic City
1989 : BAFTA du meilleur réalisateur - Au revoir les enfants
1989 : Nomination au BAFTA du meilleur film, du meilleur scénario original et du meilleur film en langue étrangère - Au revoir les enfants
1991 : Academy Fellowship Award pour l'ensemble de sa carrière
1991 : Nomination au BAFTA du meilleur film en langue étrangère - Milou en mai

Césars

1988 : Césars du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario - Au revoir les enfants

Festival de Cannes

1956 : Palme d'or (avec Jacques-Yves Cousteau) - Le Monde du silence
1969 : sélection officielle, en compétition - Calcutta
1971 : sélection officielle, en compétition - Le Souffle au cœur
1978 : Grand Prix de la commission supérieure technique - La Petite

Mostra de Venise

1958 : Prix Spécial du Jury - Les Amants
1963 : Prix Spécial du Jury - Le Feu follet
1980 : Lion d'or - Atlantic City désigné culturellement signifiant par la Bibliothèque du Congrès
1987 : Lion d'or - Au revoir les enfants

Berlinale

1984 : en compétition pour l'Ours d'or - Crackers

Autres

1956 : Prix Méliès (avec Jacques-Yves Cousteau) - Le Monde du silence (ex æquo avec Les Grandes Manœuvres de René Clair)
1957 : Prix Louis-Delluc - Ascenseur pour l'échafaud
1987 : Prix Louis-Delluc - Au revoir les enfants (ex æquo avec Soigne ta droite de Jean-Luc Godard)
1988 : European Award du meilleur scénario - Au revoir les enfants
1989 : Bodil du meilleur film européen - Au revoir les enfants
1990 : Prix David di Donatello du meilleur réalisateur étranger - Milou en mai

Filmographie

Première période française

1953 : Crazeologie court métrage
1955 : La Fontaine de Vaucluse court métrage
1955 : Station 307 court métrage
1955 : Le Monde du silence documentaire coréalisé avec Jacques-Yves Cousteau, Palme d'or au festival de Cannes
1957 : Ascenseur pour l'échafaud
1958 : Les Amants
1960 : Zazie dans le métro
1962 : Vie privée
1962 : Vive le Tour !court métrage documentaire coréalisé avec Jacques Ertaud
1963 : Le Feu follet
1964 : Bons baisers de Bangkok court métrage documentaire
1965 : Viva Maria !
1967 : Le Voleur
1968 : Histoires extraordinaires - segment William Wilson moyen métrage
1969 : Calcutta documentaire
1969 : L'Inde fantôme série télé documentaire
1971 : Le Souffle au cœur
1973 : Humain, trop humain documentaire
1974 : Place de la République documentaire
1974 : Lacombe Lucien
1975 : Black Moon
1976 : Close Up court métrage documentaire
1977 : Dominique Sanda ou Le rêve éveillé court métrage documentaire
Période américaine
1978 : La Petite
1980 : Atlantic City
1981 : My Dinner with André
1983 : Crackers
1985 : Alamo Bay
1985 : God's Country documentaire
1986 : ...À la Poursuite du Bonheur documentaire
Deuxième période française
1987 : Au revoir les enfants
1990 : Milou en mai
1992 : Fatale
1994 : Vanya, 42e rue

Liens

http://youtu.be/IuHbvPQc0IQ Ascenseur pour l'échafaud
http://youtu.be/e6eoswBNhwc Le feu follet
http://youtu.be/LVGoYJ0vP4I Les amants
http://youtu.be/Du8HxE5EakU Au revoir les enfants
http://youtu.be/b_-LlJ8Hom0 Black moon
http://youtu.be/GU7XeQppzac Zazie dans le métro
http://youtu.be/9VqW07XB8lI Avant première de Louis Malle
http://youtu.be/1h-v14BHvqU L'Inde fantôme
http://youtu.be/jtABsJnunuc Calacutta
http://youtu.be/1PUk0WtNNcs Viva Maria
http://youtu.be/u956mbi592s Milou en Mai
http://youtu.be/ifxIC_A1hQ0 Milou en Mai Stéphane Grapelli



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Posté le : 23/11/2013 22:32
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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