Bonjour à tous,

Cette semaine, c'est Kjtiti, un de nos poètes, qui propose le défi. Voici son message.


Il n’a pas échappé aux ORrésiens futés
En ce 27 octobre à 3 heures du matin
Que l’horloge du temps avait eu le hoquet
Stoppant sa folle course, et rebroussant chemin

Aussi cette semaine, je propose ce thème

« Avant l’heure c’est pas l’heure après l’heure c’est plus l’heure »


Et faisant le procès de ce temps qui se traine
Effectuant des journées finissant à plus d’heures

Je ne parlerai pas car ce n’est pas le lieu
De mon rôti de bœuf, cuit comme un pot au feu
Mis au four le 27, à 3 heures du matin
20 minutes plus tard avait cuit 1h 20

Je pense également à un ami très cher
Qui m’avait donné l’heure, de façon très courtoise
Je dois le la lui rendre, mais dés lors comment faire
Elle ne sera plus bonne, j’ai peur qu’il ne me toise

Je n’évoquerai pas un copain fonctionnaire
Embauchant le matin à la bourre d’une heure
Ce 27, sans changer d’habitude ses horaires
Il sera dans les temps, et ce n’est pas un leurre

Je ne décrirai pas, car ce n’est pas le jour
Mes exploits amoureux, ou même sans Viagra
J’ai, pendant une heure cinq, sans détour fait l’amour
Mais c’était le 27, chang’ment d’heure ce jour là

Voyez donc chers poètes et chantres de talent
Que cette heure égarée n’est pas sans conséquence
Dés lors prenez vos plumes, soyez étincelants
Pour faire de cette heure, un instant d’éloquence



Bonne plume à tous !

Couscous

" Avant l'heure, c'est plus l'heure..." Alors là, je conteste !
Je me dois de le dire : l'erreur est manifeste :
( Contester, c'est connu, c'est mon petit bonheur...)
Avant, c'est évident, ben c'est pas encor l'heure.

Kjititi est cruel : le temps nous est compté
Celui qu'il me faudra à tout vous raconter
Sera, bien entendu, ôté de ce qu'il reste.
Il me pique du temps ! permettez que je peste !

Et puis, attends...le temps peut bien dire, tout autant,
Le temps qu'il fait dehors, le temps de nos vingt ans,
Ou le temps conjugué, ou le temps des cerises;
Il faudrait, s'il vous plait, une question précise.

Vous n'avez pas compris ? alors au temps pour moi.
Ah ! vous le voyez bien, des temps, y'en a des tas.
'Moi' et 'tas', je le sais, ce sont des rimes pauvres.
Pauvre ne rime à rien, alors je dis : Le pôvre !

Juste un petit moment, que je reprenne souffle.
Je m'en vais boire un verre, je remets mes pantoufles.
Je ne fais rien de bon, en me précipitant.
C'est sur, je ferais mieux, si je prenais le temps.

Quoi c'était, le sujet ? je relis et me marre.
J'avais à peine lu et, déjà, je démarre.
J'écris ce que je pense et ceci, d'un seul jet,
Mais je crains fort, hélas, de rater le sujet

" Avant l'heure, c'est pas l'heure, après l'heure, c'est plus l'heure .."
Dis, tu t'es pas cassé ! Péril en la demeure ?
T'avais du lait au feu ? tu recevais ta soeur ?
Mais je te répondrai, et même de bon coeur.

Bon...ça fait saint Michel. Je peux aller manger ?
Mon texte vaporeux t'a pas trop dérangé ?
Tu peux, tranquillement, sonner le branle-bas,
Et sur ce, je me lève et vous salue bien bas .

Bacchus, quelle vivacité !

Un texte qui ne t'a pas trop volé ton temps si précieux, j'espère. En tout cas, tu nous régales à chaque fois.

Merci !

Bacchus et Coucous j'adore votre humour !!! Je serai plus sombre pour ce défi, mais pas d'inquiétude je ferai plus gai la prochaine fois promis.


Il fait beau, le ciel est bleu, le soleil chauffe ma peau, les oiseaux chantent. On se sent tellement bien quand l’été revient. Les tenues vont redevenir légères, le jardin va éclater de couleurs.

Mais soudain, une sueur froide m’envahit, j’ai envie de vomir, le jardin tourne, je tombe.

Je me retrouve à l’hôpital. Ce doit être grave, des tuyaux sont branchés un peu partout, ma famille est là, certains ont pleuré. Mes pauvres petits loulous, je ne veux pas qu’ils soient tristes, je ne souffre pas.
J’ai peu de sensations, j’ai peut-être un peu froid mais j’ai toujours été frileuse. Ma fille a pris ma main droite, et mon fils la gauche, je voudrais les rassurer mais je n’ai pas la force de parler. Je vais peut-être mourir, oui, ils ont peur que je meurs. C’est un peu tôt, je ne voyais pas les choses comme ça, je pensais accident, souffrance, sang … Que m’est-il arrivé ? Je me portais bien, est-ce que j’ai été empoissonnée ?
Pourquoi est-ce que c’est maintenant, je suis trop jeune, j’ai encore plein de choses à faire. Mes enfants ont encore besoin de moi, que vont-ils devenir ? J’ai peur pour eux. Bizarrement je n’ai pas peur de la mort, j’ai peur de la vie sans eux, sans moi.

La maison va être impossible à garder pour eux, ils vont être obligés de la vendre. Où vont-ils habiter ? Avec quoi vont-ils vivre, ils ne gagnent pas encore assez pour tout assumer. Ils sont tellement perdus, ils ont tout le temps besoin de conseils. Qui va les câliner, leur faire à manger ? J’aurais aimé les voir mariés avec des enfants et une belle situation, c’est trop tôt ! Je ne sais pas ce qui m’attend de l’autre côté, c’est vers la vie que je veux aller, pas vers la mort cette inconnue. Que va-t-il se passer ? Vais-je voir le grand tunnel dont tout le monde parle ? Vais-je retrouver mes parents, ma grand-mère, mes tantes, mes cousins ? Je serais heureuse de les revoir, mais je n’ai aucune certitude. Et s’il n’y avait rien ! Ici j’ai tout, mais de l’autre côté, qu’est –ce qui m’attend ?

Je rends mon dernier souffle

La vie ne peut se produire que si la mort est là. Je suis morte mais combien de personnes sont mortes avant moi, et combien mourront après moi. Si je meurs, ça veut dire que des bébés vont naître, c’est le cycle de la vie. Chaque nouveau né est condamné à mort, il ne sert à rien de lutter contre ça. Il continue à faire beau, le ciel est toujours bleu, le soleil chauffe, les oiseaux chantent. On se sent tellement bien quand l’été revient. Les tenues vont redevenir légères, le jardin va éclater de couleurs.
https://www.youtube.com/watch?v=yXd28E0nS5E

Merci Arielle mais le texte est celui de Kjtiti, j'ai juste recopié son message. Le mien viendra bientôt.

Un texte empreint de tristesse, de douleur, d'espoir, de résignation qui évoque les dernières pensées d'une âme pour qui l'heure a sonné.

Merci pour ta participation et ta fidélité aux défis.

A la prochaine pour un texte enjoué alors.

Couscous

Le temps qui passe, celui qui manque, celui des amours, ou simplement le temps de vivre, le temps a toujours fasciné les hommes et celui qui s’écoule à l’instant, le sera tout autant.
Ainsi : « Il faut donner du temps au temps.» disait de Miguel De Cervantès, « Le temps adoucit tout. » prétendait de Voltaire, pendant qu’Henry de Montherlant assénait: « Jeunesse : temps des échecs. » et Pindare le philosophe Grec de conclure : « Autre temps autres mœurs ».
Cette quête du temps, de son passé, de son devenir, reste une préoccupation majeure de la vie des hommes, au travers des siècles.
Nous ne sommes préoccupés que par le passé et ses souvenirs ou par le futur et ses développements, le temps présent ne semble, pas, ou plus, être l’objet de notre attention première
Nous avons certes, conscience que le vieillissement accélère le temps, d’abord celui qui reste et qui, de fait, se raccourcit, pour la conduite de nos ambitions, ainsi que pour les projets de vie personnels : le loisir de voir grandir ses enfants et petits enfants qui s’opposent au désir d’être encore présents pour vivre ces instants.
Mais curieusement, alors que le fil des années qui passent , devrait nous permettre de nous rapprocher de la sagesse, en prenant le contre pied de la jeunesse pour laquelle le temps ne compte pas, mais seul l’instant, nous sommes attirés par ce besoin de vitesse et traumatisme du temps, dans cette compétition de la vie, et de la performance qui nous aspire : Faire plus vite, plus fort , et pourquoi pas, tenter de faire meilleur !!!.
Pourtant étonnamment, le temps ne passe vite que si l’on ne s’occupe pas de lui, mais nous perdons notre temps à vouloir en gagner, alors que seule la réflexion est une économie de temps !!!

Seulement, notre impression d’exister nous est dictée par cette pression constante et insidieuse, qui fait que plus on va vite, plus on a l’impression de vivre, et pas forcément d’avoir vécu….
La relation au temps demande du travail, le temps de la réflexion, pour comprendre la vérité de l’instant qui est un mélange de brièveté et d’éternité. En faisant cette analyse, on passe de l’aliénation du temps imposé, à la liberté de la maitrise du temps.

La création a cet égard est un magnifique exemple, ainsi, les peintres, les sculpteurs, poètes ORésiens et autres artistes en tous genres, pendant leurs créations, ignorent le temps, qu’ils ne comptent d’ailleurs plus !!!, ce dernier suspend son vol, il ne pèse plus , il est mis en parallèle, l’instant est hors du temps….
Cette approche permet de réfléchir, de prendre du recul sur soi, mais également sur les autres, et d’établir une relation différente avec ces derniers.

Constructive et efficiente, la difficulté de cette démarche réside dans la continuité de son action, sachant que nous ne sommes pas en marge de cette société qui continue d’avancer en ignorant et en broyant les individus et leurs idées du mieux vivre, pour satisfaire les tenants de la finance carnassière et destructive.
Les tenants de ces pouvoirs multiples, qui tiennent notre monde au sein de leurs bourses…., ne prennent leurs décisions, qu’a court terme, uniquement préoccupés par les retombées immédiates, de ces dernières.
Aura-t-on un jour le courage de leurs dire non: NON à la course contre le temps qui sculpte et déforme nos vies ?
« Saura-t-on vivre un jour, le temps qui passe », énonçait le poète……………… ???

Quelle profonde réflexion sur le temps qui passe, inexorablement et l'emploi que nous en faisons. On sent toute la sagesse que confère un certain âge. A nous, beaucoup ou un peu plus jeune, de nous en inspirer.

Merci Kjtiti.

A kjtiti : Difficile de prendre son temps quand on travaille, qu'on a des enfants, des rendez vous et des réunions. Dès qu'on a un problème de santé, on s'aperçoit que le monde tourne sans nous, mais dès que la santé revient, notre entourage attend de nous que l'on reprenne notre place dans la course. Il faudrait avoir le pouvoir d'arrêter le temps.

Décalage

Samedi soir, 19 heures, la tempête fait rage dehors. La rue est balayée par des rafales violentes qui font valser ensemble des morceaux de papiers et les dernières feuilles de l’automne. Subitement, tout devient sombre. Les lampadaires publics cessent d’éclairer les voitures en stationnement et l’appartement de Lucie est plongé dans l’obscurité. Elle peste de ne pas pouvoir découvrir la fin de sa série préférée.

À tâtons, elle se dirige vers la fenêtre et constate de les ténèbres ont envahit la ville. Elle ouvre la porte qui mène vers la cage d’escaliers et entend ses voisins crier : « Vous êtes aussi coupés ? ». Elle répond « oui » comme tous les autres. Probablement que le vent aura endommagé des pylônes. Chacun ne peut que se résigner à attendre.

Lucie se pelotonne dans son lit. Rodrigo, son chat, vient se coucher sur l’édredon, à ses pieds. La jeune femme ne s’est jamais couchée aussi tôt de sa vie, à part dans les premières années de son existence. Trouver le sommeil à cette heure n’est pas facile, sauf si on a plus de quatre-vingts ans ! Pour passer le temps et meubler le silence pesant, elle se met à chantonner les airs qui lui passent par la tête. Ensuite, elle compte les moutons à haute voix. Finalement elle s’endort à une heure impossible à déterminer.

Le lendemain matin, ce sont les faibles rayons du soleil qui viennent lui caresser la joue et l’amener vers la conscience. Elle sort de son lit et constate que la température de l’appartement a considérablement baissé. En effet, l’électricité ne semble pas avoir été rétablie dans la nuit et la chaudière de l’immeuble s’est arrêtée. Bon, impossible de profiter d’une bonne douche chaude. Il faut qu’elle évite toute perdition de chaleur corporelle et s’habille rapidement avec une double couche de vêtements.

Elle observe dehors et constate que la tempête a redoublé de force. La journée va être longue ! Après le petit déjeuner, Lucie allume son ordinateur portable mais pas de courant, pas de wifi. De plus, la batterie montre des signes de faiblesse et l’appareil ne tarde pas à s’éteindre.

Pour obtenir un peu de chaleur, elle allume la gazinière. Celle-ci lui permet tout de même de manger un repas chaud avant d’envisager l’après-midi avec un grand soupir. D’habitude, son dimanche est consacré au farniente devant la télévision et les émissions de variété. La technologie moderne nécessitant de l’électricité, il lui reste peu de distractions.

Elle attrape son GSM qui se morfond dans le fin fond de son sac à mains et en profite pour téléphoner à son amie d’enfance, Ludivine. Elles échangent quelques mots mais le portable émet un bip caractéristique lui signifiant son arrêt imminent par manque de force de sa batterie. Juste le temps de dire :

« Je vais te laisser. Je n’ai plus de batterie.
- Tu n’as pas oublié … »

Et la communication est rompue. Mais qu’est-ce que Lucie ne doit pas oublier au juste ? Les deux amies auraient-elles prévu de manger un morceau ensemble cette semaine ? Lucie ne s’en souvient plus. Il faut dire qu’elle a une mémoire comparable à celle d’un poisson rouge de foire.

Restent les romans qui meublent sa frêle bibliothèque Ikea. Elle les a tous reçus à ses divers anniversaires à son amie Sybille mais n’en a lus aucun, par flemme. Il est temps de s’y mettre. Lucie en choisit un au hasard : « Docteur Jivago » de Boris Pasternak. En temps normal, elle se serait empressée de chercher le film sur le net mais là, elle remercie son amie de lui avoir offert la possibilité de tuer le temps, du moins jusqu’à la tombée du soir.

En effet, il fait presque sombre lorsqu’elle en lit le dernier mot en séchant une larme qui pointait au coin de son œil. « Magnifique histoire ! » se dit-elle. Le souper se compose du contenu d’une boîte de raviolis jeté dans une casserole. Elle profite de la flamme pour se réchauffer un peu les mains. Mais quand vont-ils remettre cette foutue électricité ? Encore une nuit à se coucher tôt.

Le lendemain, Lucie regarde sa montre, seul repère temporel. Il est 7 heures. Elle observe autour d’elle et remarque que son radio réveil clignote. Enfin, retour à la vie normale. La température de l’appartement est de nouveau acceptable. Une bonne douche chaude pour effacer le cauchemar de ce week-end et elle se met en route pour le boulot.

Elle traverse la Grand-Place et jette un œil au cadran qui orne le clocher et qui affiche 6 h 50. L’horloge a sûrement dû se dérégler à cause de cette foutue tempête. Son bureau est en bas de la rue. A l’approche de celui-ci, Lucie s’étonne de trouver toutes les persiennes fermées. Elle réfléchit à la date. Nous sommes bien le lundi 28 octobre, ce n’est pas un jour férié. Le 1er novembre, c’est vendredi. Serait-ce une mauvaise blague ? Mais ce n’est pas le 1er avril ! Aurait-elle raté une information transmise par mail telle qu’une mise en quarantaine du service pour cause d’épidémie de gale ou autre joyeuseté du genre ?

Après quelques minutes de cogitation, Lucie recherche dans son GSM le numéro de sa collègue. Après plusieurs sonneries, Anne-Marie décroche. Sa voix est enrouée.

« Oh, pardon. Tu es malade ?
- Non, mais tu m’as réveillée. Que se passe-t-il ?
- Je suis devant le bureau et il n’y a personne !
- C’est normal. Il n’est que 7 heures. Si tu voulais faire des heures sup’, il fallait demander vendredi à chef.
- Mais il est 8 heures !
- On changeait l’heure hier matin. Tu n’es pas au courant ?
- Le problème est que je n’en avais pas … du courant ! Du coup, j’ai zappé l’info. Bon, excuse-moi. À tantôt ! »

Lucie n’en revient pas. Elle entre dans le café du quartier où elle devra attendre une heure. En poussant la porte, elle pense : « Saleté de tempête ! »

A Couscous, c'est arrivé à mon fils qui est parti au collège à 6h15, je suis allée le chercher pour ne pas qu'il reste dans le froid pendant une heure. Il était très étonné de voir les rues si désertes et il commençait à avoir un peu peur.
1 h peut faire toute la différence.