Administrateur
Inscrit: 14/12/2011 15:49
De Montpellier
Niveau : 63; EXP : 94 HP : 629 / 1573 MP : 3168 / 59938
|
Le 21 Juillet 1948 naît Hubert-Félix Thiéfaine
Avant-dernier d’une famille de six enfants, Hubert-Félix comme il l'évoque lui-même dans sa chanson « La Fin du Saint-Empire romain germanique », voit le jour en 1948 et grandit dans le Jura, dans le contexte de l'immédiat après-guerre. Enfant du pays, c'est à Dole qu'il fait toute sa scolarité au cours de laquelle il découvre les poètes surréalistes et situationnistes et leur licence d'écriture dont il s'inspirera lui-même au cours de sa carrière, des réminiscence des premiers perception vécues dans le sombre Jura de l’après-guerre au sein duquel le chanteur passe une enfance triste et difficile. Déjà mélancolique, rêveur et solitaire, son faible engouement pour le travail et la discipline scolaire le mène droit au séminaire, en pension, en prison ?!. En dépit de son admiration pour ces grands athées que sont Lou Reed et Léo Ferré, il est contraint de s'inscrire au petit séminaire afin de devenir prêtre, à l'instar de son oncle, curé d'une paroisse jurassienne. La famille de Thiéfaine est originaire du village de Sampans, dans le Jura, mais vivait à Dole. Il passe sa scolarité dans plusieurs établissements de la ville tant publics que privés. Il a écrit une chanson pour ses parents, intitulée When Maurice meets Alice, dans l'album Scandale mélancolique, il passe sa scolarité dans plusieurs établissements publics et privés de Besançon, et au pensionnat jésuite Notre-Dame de Mont Roland de Dole dans le Jura, où il a comme condisciple les futurs chanteurs Laroche Valmont et Cookie Dingler.
Après des études de droit, la psychologie, Dans le même village vivait le futur guitariste Claude Mairet, dont la carrière est par la suite intimement liée à la sienne. Hubert-Félix passe quatre ans au petit séminaire en vue de devenir prêtre. Mais les influences littéraires et musicales de ce jeune homme plein de spleen adolescent correspondent peu à la rigueur de l'enseignement catholique et Hubert-Félix Thiéfaine renonce à la vocation sacerdotale pour entamer un cursus universitaire. Mis à l’écart, il forge là sa personnalité hors du commun et s’enivre d’écriture et de musique. Ses premiers mots ont les sonorités décalées de ses futures oeuvres. A dix-sept ans, il forme ses premiers groupes, inspirés par Dylan ou Léo Ferré, et prend à vingt ans la poudre d’escampette, le bac en poche, direction Besançon, la faculté de Droit. Suivies d'études universitaire plus classique quand il s'inscrit en fac de psychologie. Ce sont ses premières évasions…
Sombre Jura
Ayant déjà tâté de la composition et de la chanson au sein d'un groupe lycéen baptisé Caïds Boys, le jeune homme évolue dans le milieu musical du campus entre deux cours magistraux et y fait la connaissance de Tony Carbonare, lui-même musicien amateur et compositeur à ses heures perdues. L'amitié entre les deux jeunes gens est forte et bientôt ce duo devient trio lorsque Claude Mairet, ami d'enfance de Thiéfaine, les rejoint.
Besançon-Paris
Convaincu de sa nécessité de fuir la vie modèle, études-travail-vie rangée, H-F emprunte les chemins de traverse. Ses quelques expériences musicales avec son ami Tony Carbonare ne lui suffisent plus, parce qu’elles sont sans lendemain, comme des amours inachevées. Après un service militaire avorté, il est exempté, guitare sur le dos, il quitte le Doubs pour Paris en 1971, certain qu’il a une carte à jouer.
C'est avec Tony Carbonare qu'il va à Paris tenter sa chance en 1971, où il commence par trouver gîte et couvert pour lui-même et ses textes hallucinés au Club des Poètes, de jean-pierre Rosnay. Il tente sa chance dans les cabarets rive gauche en 1971, notamment au club des poètes de Jean-Pierre Rosnay, au Pétrin et à la Maison pour tous de la rue Mouffetard. Il a déclaré savoir depuis l'âge de 10 ans qu'il voulait être chanteur. Il habitait alors dans la chambre de bonne de la famille Rosnay et participait deux fois par semaine à leurs spectacles de poésie, rue de Bourgogne. Après des années très difficiles, à la demande de Tony Carbonare, il travaille avec le groupe Machin et réalise son premier album, "Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s'émouvoir" composé de morceaux écrits dix ans auparavant. Deux années durant, il alterne les stages bidon, les petits métiers faciles, profitant de son temps libre pour écrire un roman et un spectacle musical. Ce dernier s’intitule Comme un chien dans un cimetière et verra finalement le jour en 1973 dans les petits clubs et les cabarets de la région parisienne. Mais si le public commence à apprécier le jeune chanteur, ses textes déconcertants et son allure provinciale ne convainquent aucun éditeur. Bredouille et malade, Hubert quitte Paris en 1976 pour un retour à son Jura natal.
Machin
C’est finalement là que se fera le déclic, dans un salvateur retour aux sources. Lorsqu'il rencontre le groupe Machin, composé de quatre hurluberlus et dans lequel joue son ami Tony. Il les rejoint quelques temps sur scène. Machin correspond tout à fait à l’état d’esprit de Thiéfaine, cultivant déguisement, insolence et humour noir. Une attitude de scène que gardera longtemps le chanteur, n’hésitant pas à se costumer comme sur la pochette de son troisième album De l’amour, de l’art ou du cochon ? Radios et journaux spécialisés le sollicitent et ses premiers concerts attirent un public curieux de voir s’étendre le phénomène.
De la collaboration avec le groupe Machin et Tony Carbonare naissent au total trois albums dans lesquels les textes de Thiéfaine sont rehaussés par les arrangements baroques de Tony Carbonare. De retour à la capitale c' est la rencontre du public parisien, mais les premières années sont très difficiles pour le Franc-comtois égaré au milieu de Paris. Vivant de galères en déconvenues, il réussit néanmoins à monter son premier spectacle en 1973, "Comme un Chien Dans un Cimetière". Mais le style du chanteur, l'hermétisme de ses écrits et la singulière bizarrerie de ses compositions ne rencontrent qu'un succès mitigé. Loin de la vie de bohème idéalisée des artistes, Thiéfaine connaît quelques années noires mais réussit à transcender le spleen pour mettre sa déprime en musique, tout en s'appuyant maladroitement sur ses deux béquilles que sont la drogue et l'alcool.
En 1975, il retrouve Carbonare, qui évolue au sein d'un groupe folk-rock, Machin, qui vient de sortir un premier disque, Moi Je Suis un Folkeux. Bien qu'évoluant sur scène avec eux durant quelques années, Thiéfaine ne sera jamais formellement membre du groupe et continuera à évoluer en solo. Autorisation de Délirer, l'année suivante, confirme le style particulier de l'auteur et contribue à accroître quelque peu sa notoriété. Pour l’heure, Hubert signe son premier contrat chez Sterne et sort en 1978 son premier album aux ventes confidentielles: Tout corps vivant sur le secteur étant appelé à s’émouvoir… En deux ans et trois albums, Thiéfaine obtient un succès d’estime. Évoquant les thèmes récurrents de la folie, de la dépression et de la mort, Thiéfaine est absolument inclassable et c'est surtout le public gravitant autour de la scène punk qui se retrouve dans cet artiste peu banal. Avec De l'Amour, de l'Art ou du Cochon ?, en 1980, le chanteur tente de jouer davantage la carte de la fantaisie et de l'humour, mais l'artiste, lui, est plus dépressif que jamais et n'arrive à exorciser ses idées noires qu'avec son quatrième album, Dernières Balises "Avant Mutation", pour lequel il retrouve Claude Mairet. Bien qu'ayant fait une série de concerts achevée par un Olympia, Thiéfaine reste toujours aussi marginal et les radios qui daignent la diffuser se contentent généralement de passer « La Fille du coupeur de joints ».
Angoisse existentialiste
À partir de 1980, Thiéfaine s'oriente vers un style plus rock : citons l'album Soleil cherche futur qui a connu un certain succès avec la chanson Lorelei sebasto cha en 1982 et Alambic/Sortie sud, cosigné avec Claude Mairet à l'écriture musicale. En 1988, il rompt avec Claude Mairet et sa maison de disques Sterne, et enregistre deux albums aux États-Unis Chroniques bluesymentales en 1990 et Fragments d'hébétude en 1993. certainement le plus américain des albums du Jurassien depuis ses débuts.
Après s'être séparé de Claude Mairet, c'est aux Etats-Unis que Hubert-Félix Thiéfaine choisit d'aller trouver son inspiration pour composer son nouvel album. Chroniques Bluesymentales, enregistré à New York sort en 1990 et annonce le « Thiéfaine nouveau ». Il n'a certes pas changé son univers textuel, mais à ses compositions se sont adjoints quelques rythmes nouveaux, issus du sampling ou des musiques électroniques, mais surtout du rock américain traditionnel. Depuis les albums-miroirs La Tentation du Bonheur en 1996 et Le Bonheur de la Tentation en 1998, sa musique, volontiers mélancolique, s'ouvre aux nappes de synthétiseurs. En 1998, il remplit la salle de Bercy sans aucun appui des médias. Le concert fait l'objet d'un album et d'un DVD. En 2001, il participe à la composition de l'album Brotherhood, du groupe dolois Kerplunk, en écrivant le texte de la chanson Lobotomie Sporting Club. Bien que peu présent dans les grands médias, Hubert-Félix Thiéfaine connaît un succès relativement important depuis le début de sa carrière : plusieurs de ses disques ont été consacrés disques d'or et ses concerts font régulièrement le plein grâce à la fidélité et l'attachement de son public. Son manager au sein de leur société, Lilith, est sa compagne Francine Nicolas avec qui il a eu deux garçons, Hugo et Lucas, pour qui il a écrit respectivement Septembre rose et Tita dong dong song.
Surréalisme dépressif
Chanteur et poète, inventeur de mots, créateur de sons, Hubert-Félix Thiéfaine véhicule l’image du troubadour moderne. Il sillonne le paysage musical francophone loin des médias et traîne avec lui une réputation d’esthète et de guerrier provocateur. Depuis vingt-cinq ans, sa prose habille intelligemment un rock original, entre loufoquerie et romantisme noir. De Comme un chien dans un cimetière à Défloration 13, Thiéfaine rentre peu à peu dans la légende. Oscillant toujours entre le plus profond pessimisme et le comique potache, Thiéfaine devient, aux yeux d'une frange de son public qui n'a rien compris à sa démarche, un apologiste de la drogue. Incarnant ne certaine forme de dandysme décadent aussi blasphémateur qu'en quête de transcendance, Thiéfaine explore un univers qui n'appartient qu'à lui, même s'il commence à être imité, le plus souvent très mal, par quelques artistes trouvant en lui un modèle d'attitude trash/arty. Météo Für Nada et Eros Über Alles, ses deux albums suivants, sont toujours des séances d'auto-psychanalyse mises en musique et, en dépit de la qualité de son travail, Hubert-Félix Thiéfaine commence à prendre conscience que ses albums se ressemblent toujours un peu et qu'il n'a pas beaucoup évolué artistiquement depuis Tout Corps Branché Sur le Secteur.
Clair-Obscur
Cependant, c'est désormais un public fidèle qui se presse aux concerts de ce dépressif situationniste, qui déstructure totalement la syntaxe à la manière d'un cadavre exquis dans les paroles de ses chansons. Désormais capable de remplir une salle comme le Zénith, l'auteur de « Narcisse 81 » atteint une forme de plénitude artistique grâce à Soleil Cherche Futur, servi par des titres comme « Loreleï Sebasto cha » ou "Les Dingues et les paumés"
L’envol du poète
Puis tout va très vite. Son album Dernières balises obtient un disque d’or et lance la machine Thiéfaine. Sa poésie et sa musique décalées créent la surprise dans le milieu du rock. Intellectualisé et marginalisé par certains médias, il rentre dans la catégorie particulière des chanteurs à texte, empêchant ainsi son oeuvre de sombrer sous une popularité éphémère. Assurément, son art s’inscrit dans le solide, le durable, le beau. De l’Olympia à Bobino, la foule venue lui rendre hommage le confirme. Désormais rien n’arrête sa carrière.
Aujourd'hui
Le chanteur aux allures de poète maudit devient prolifique et enchaîne les albums : Alambic sortie sud, Meteo für Nada, ou encore Eros über alles sont autant de chefs-d’oeuvre incontestés. Puis encore de nombreux « tubes » marquent les esprits de ces vingt dernières années de leur signature si particulière : La fille du coupeur de joints, Loreleï Sebasto Cha, Sweet Amanite Phalloïde Queen ou encore Les dingues et les paumés, Groupie 89 turbo6, Zone chaude môme, La vierge au Dodge 51.
Scènes privées
Pourtant timide et introverti, Hubert-Félix trouve son bonheur sur scène, à la rencontre de son public. Les tournées le mènent dans toute la France et durent parfois plus d’un an. Les plus grandes salles de spectacle l’accueillent à guichets fermés, le Zénith, l’Olympia, …et ses apparitions dans les festivals sont autant de moments privilégiés Bourges, Nyon, …. Reconnu et rarement décrié, il inspire le respect et les journalistes se penchent sur la vie de cet homme attachant et trouble: une biographie de Pascale Bigot paraît dans les années 80 aux prestigieuses éditions Seghers et le magazine Chorus, bible de la chanson francophone, lui consacre de nombreux articles. Ayant trouvé le juste équilibre entre vie publique et vie privée, il a deux enfants, Hugo et Lucas, nés en 1986 et 1993, Thiéfaine construit discrètement et durablement une oeuvre solide et attachante. Parce que chacun de ses albums a un véritable sens artistique et nécessite un travail d’écoute et d’appropriation, cet artisan des mots est devenu un auteur fascinant et inclassable. Son treizième album, Défloration 13, paru en 2001, est accueilli comme un nouveau chef-d’oeuvre, sans défaut et sans âge. A la manière d’un Murat qui refuserait toute concession aux contraintes du système, Thiéfaine s’enorgueillit d’appartenir au cercle restreint des grands artistes de la francophonie. Son oeuvre singulière et colorée traverse les années sans prendre une ride tant son ironie et sa quête inespérée du langage en font un modèle du genre.
Thiéfaine s'institutionnalise presque, joue avec les musiciens de Zazie et s'associe à Paul Personne avec lequel il est ami. Une évolution vers la nouvelle chanson française confirmée par Scandale Mélancolique, en 2005, pour lequel il n'hésite pas à pousser la chansonnette avec Cali sur le titre « Gynécées ».
Une reprise par Bénabar, un duo avec Cali... Thiéfaine se serait-il « vendu » ? La question s'est posée, surtout lorsque l'hypothèse d'une collaboration de l'auteur avec le money-maker français Johnny Hallyday est envisagée en 2007 peu de temps avant la sortie de l'album Amicalement Blues. Mais cette question en amène une autre : peut-on rester éternellement un artiste maudit ? Dans le cas d'Hubert-Félix Thiéfaine, la réponse est ambiguë : ce n'est pas Thiéfaine qui s'est adapté à la scène française, mais plutôt le contraire, car la jeune génération de la chanson française a passé son adolescence à écouter « Loreleï Sebasto Cha » ou « Les Dingues et les paumés ». Une reconnaissance ultime sous forme de justice immanente pour un auteur aussi doué que non conventionnel et dont l'influence sur la musique de son époque reste déterminante.
En février 2011, le sexagénaire demeure un enfant terrible de la chanson comme le démontre le nitzschéen Suppléments de Mensonge, nouvel album produit par les ex-Valentins Jean-Louis Piérot et Edith Fambuena. Thiéfaine s'entoure pour l'occasion de nouveaux compositeurs tels que Ludéal, JP Nataf, Dominique Dalcan, Arman Méliès et La Casa. Cette nouvelle aventure est suivie d'une tournée baptisée Homo Plebis Ultimae Tour. Jouant avec le sens de cette citation du latin Sénèque, Hubert-Félix Thiéfaine peut laisser croire qu'il s'agit de son ultime tournée. Il n'en est apparemment rien et cette nouvelle visite à ses fans est captée sur le CD et DVD Homo Plebis Ultimae Tour qui reprend le concert donné à Nantes. Sorti en octobre 2012, Homo Plebis Ultimae Tour est disponible en édition limitée sous forme d'un élégant coffret.
La plupart de ses textes sont des odes à la vie, ou du moins, à la manière de l'approcher, et à la mort. Entre ces deux extrêmes, on rencontre l'éloge de la folie, de la littérature, du sexe, de la drogue, et malgré tout, du genre humain...
Albums studio
aux Zarbs festival en 2008 (Auxerre, France). 1978 : Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s'émouvoir 1979 : Autorisation de délirer 1980 : De l'amour, de l'art ou du cochon 1981 : Dernières balises (avant mutation) 1982 : Soleil cherche futur 1984 : Alambic / Sortie Sud 1986 : Météo für 1988 : Eros über alles 1990 : Chroniques bluesymentales 1993 : Fragments d'hébétude 1996 : La Tentation du bonheur 1998 : Le Bonheur de la tentation 2001 : Défloration 13 2005 : Scandale mélancolique 2007 : Amicalement blues (en collaboration avec Paul Personne) 2011 : Suppléments de mensonge
Enregistrements publics
24° Festival Chorus des Hauts de Seine 2012 à Gennevilliers 1983 : En concert (double album vinyle ou double cd) 1986 : En concert vol.2 (double album vinyle ou cd simple) 1988 : Routes 88 (double album vinyle ou cd simple) 1995 : Paris-Zénith (double cd) 1999 : En concert à Bercy (double 2002 : Au Bataclan 2007 : Scandale mélancolique tour (double cd) 2012 : Homo plebis ultimae tour (double cd) Compilations[modifier 1988 : 1978-1983 1989 : 1984-1988 2002 : Les Fils du coupeur de joints (album hommage & compilation) 2006 : Les indispensables 2008 : Tous ces mots terribles (un titre sur une compilation hommage à François Béranger) 2009 : Séquelles 2010 : Remets-lui Johnny Kidd (un titre sur une compilation hommage à Alain Bashung)
Vidéographie
1992 : Bluesymental tour (VHS) 1995 : Paris-Zénith (VHS) 1999 : En concert à Bercy (DVD) 2007 : Scandale mélancolique tour (DVD) 2012 : Homo plebis ultimae tour (DVD/Blu-ray)
Récompense
2012 : Victoire de la musique de l'album de chansons 2012 : Victoire de la musique de l'artiste interprète masculin de l'année
Interview sur France Culture
> Culture / Loisirs Hubert-Félix Thiéfaine : « Je suis un marginal » Nommé dans trois catégories aux Victoires de la musique (ce soir sur France 2), le chanteur atypique recueille, à 63 ans, les fruits d'une carrière sur la route. Il nous a reçus dans sa maison du Jura. Publié le 03.03.2012 On s'attend à une tanière. On arrive dans une ferme. « Je ne suis pas un ours, j'ai du respect pour les individus, c'est quand ils se regroupent que je deviens méchant », rectifie d'emblée Hubert-Félix Thiéfaine, grand favori des 27e Victoires de la musique, diffusées ce soir, à 20h35 sur France 2. C'est là , près de Dole, entre Dijon et Besançon, que le chanteur s'est posé il y a près de vingt-cinq ans dans un village de 90 habitants. Hubert-Félix Thiéfaine et Catherine Ringer favoris des Victoires de la Musique « C'est grâce à Lorelei », explique-t-il pour commencer. Soit « Lorelei Sebasto Cha », son premier tube en 1983, son premier luxe, ses premiers impôts aussi. « Je n'en payais pas jusque-là , j'étais monté à Paris avec un sac à dos et ma guitare bleue pour jouer dans les cabarets. » L'instrument est toujours là dans son bureau, une dépendance avec vue sur la forêt de Chaux. Sur le mur, trônent quelques figures tutélaires : papa, maman, Dylan, Ferré. Les Stones ne sont pas loin. Thiéfaine sort une dédicace. « Je suis ami avec le patron de leur fan-club français, qui a donné à Keith Richards, leur guitariste, l'un de mes disques. Et il m'a fait ce petit mot : Ravi d'avoir été une source d'inspiration pour une si belle musique. » Dans la pièce d'à côté, il a accroché ses nombreux disques d'or. « Je l'ai fait pour une émission de télé. La journaliste : Vous pourriez installer vos deux disques d'or. Elle a été vexée quand elle a vu qu'il y en avait beaucoup plus. » On lui demande où il rangera son futur trophée. Il botte en touche. Pourtant, à 63 ans, après quatre décennies de carrière, Thiéfaine a enfin de grandes chances d'être sacré aux Victoires de la musique. « C'est flatteur. Avec cela, on va peut-être arrêter d'écrire Thiéfaine avec ph. Mais je n'aime pas ces cérémonies. Je n'en ai pas besoin pour avoir un public. » Il redoute l'agitation, loin de ce confortable corps de ferme réaménagé sur un terrain de près de deux hectares. « Je gagne bien ma vie, mais ici, comme les gens ne me connaissent pas, ne me voient pas, ils pensent que j'ai hérité. » Au contraire, Thiéfaine a acheté pour fuir la capitale, revenir aux sources de la Franche-Comté, près de Dole où il est né. « J'ai visité cette maison, un jour de pluie, de grisaille. Je me rappelle avoir tapé dans mes mains, dans le jardin. Il n'y avait pas un bruit. Au début, je n'osais pas prendre ma guitare pour ne pas déranger le silence. » Aujourd'hui, il aime ça, n'écoute plus trop de musique à part du classique et des bizarreries comme Gavin Bryars ou Brian Eno, malgré une belle discothèque qui trône dans son salon. Une maison rangée pour un Thiéfaine un rien maniaque. « Je n'aime pas me salir les doigts, c'est pour cela que je ne suis pas peintre. La propreté, c'est important. Pour peu que j'aie un peu de fouillis dans ma tête, si je range, ça va mieux. » Il y a trois ans, tout était sens dessus dessous dans son esprit. La faute à des tournées sans fin, « 220 chambres d'hôtel différentes par an », des Zénith chaque soir, voire Bercy. « Je prenais des tas de trucs pour tenir le coup. J'étais totalement schizophrène, j'avais un pied dans la folie. Je voulais en finir. » Le chanteur est hospitalisé puis reste convalescent plus d'un an et écrit « Suppléments de mensonge », son album de la renaissance, sorti l'an passé, celui pour lequel les Victoires de la musique ont enfin pensé à lui. « J'avais été quand même nommé une fois pour le précédent, mais la vraie récompense, c'est de vivre de ma musique. Je me sens terriblement artiste. Et j'ai du mal à vivre avec les gens qui ne le sont pas. Je suis un marginal. » Sa femme Francine est sa manageuse et la productrice de ses tournées marathon, le plus jeune de ses deux fils, Lucas, 19 ans, a monté son groupe à Dijon. Les autres peuvent passer leur chemin. Il ne soutiendra aucun candidat à la présidentielle et votera sans doute blanc, comme souvent. Pour les Victoires, par contre, beaucoup ont probablement glissé son nom dans l'enveloppe.
Liens
http://youtu.be/FsEUefHD1QU Loreleï sébasto cha http://youtu.be/LjvltAbhn00 Je t'en remets au vent http://youtu.be/D6l-DXZOLYA La ruelle des morts http://youtu.be/Towgu_hSkKs Interview http://youtu.be/6FfBDj0ae3E interview http://youtu.be/jiKYhvpBgpw La fille du coupeur de joint http://youtu.be/7LIHWmQKBu4 Alligator 427 http://youtu.be/1TwyHa5dnSU la cancoillote http://youtu.be/sLH2rcsCdjM Annihilation homo plébis ultimae tour http://youtu.be/lutnOb9mItQ Bercy
Posté le : 20/07/2013 19:52
|