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De Montpellier
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André Messager suite .
Hommage et célébrité
L’année suivante, Gabriel Pierné dirigea, aux Concerts Colonne, "Loreley" et "la Ballade pour orchestre", les concerts Straram donnèrent, le 1er mai, la Symphonie. La Société des Concerts du Conservatoire ne put rien, car son ancien chef avait défendu que l’une de ses Å“uvres soit jamais mise au programme ; M. Cluytens transgressera cette réserve en dirigeant la Symphonie le 13 mars 1949. Depuis le 17 juin 1932, l’effigie de Messager, d’ailleurs bien mauvaise, figure au revers du monument consacré à la gloire de Debussy parmi les musiciens, les virtuoses et les artistes qui furent les amis et les servants du "musicien français" ; Ce monument fut conçu par un comité présidé d’abord par Messager, puis par Laloy et achevé par Gabriel Astruc. Plus heureusement, la rotonde de l’Opéra‑Comique conserve les traits de Messager fixés par le très beau buste que Jean Descomps sculpta en 1939. A considérer l’ensemble de cette destinée exemplaire, consacrée à la seule musique, plusieurs enseignements se dégagent. Le premier, dont la haute signification est évidente, est que l’éclat de la carrière de Messager fut la conséquence d’un travail continuel dont l’intensité demeure stupéfiante, servant un incontestable génie natif. Durant ses années d’études, il acquit un savoir qui lui valut d’être un maître à l’âge où les autres sont encore écoliers ; mais il ne s’en tint pas là , puisque, sans répit, il étendit les possibilités de son moyen pour devenir un compositeur toujours habile, souvent subtil et prenant rang parmi les plus grands chefs d’orchestre. Le savoir affina également son sens critique auquel il conféra toujours une orientation constructrice. Tous ses amis qui étaient des Maîtres, se référaient à son jugement sans le redouter, car ils le savaient fondé, rebelle à tout adoucissement dicté par l’amitié comme à toute opposition d’école. Pour Messager, une Å“uvre est vraie dès lors que son métier est correct, comporterait-elle des inventions d’écriture ou de grammaire ; la perfection du métier étant vérifiée, Messager appréciait à sa valeur d’art l’apport émotif ou lyrique. Ainsi s’explique cet éclectisme apparent qui lui a permis d’attacher sa passion, sa science de composiÂteur, son intelligence à tout ce que, la musique comporte de grand, depuis Rameau jusqu’à nos contemporains en passant par des auteurs aussi apparemment dissemblables que Mozart, Beethoven, Saint-Saëns, Charpentier, Debussy, Franck, Fauré, Wagner ou Richard Strauss. Il mettait à leur service son méticuleux scrupule d’atteindre à une perfection telle qu’elle révélait presque constamment aux artistes eux-mêmes la plénitude de leurs pensées. Inversement, rien de ce qui est entaché de maladresse, rien de ce qui masque une insuffisance par une excentricité, n’a trouvé grâce à ses yeux et il se montrait alors aussi impitoyable qu’il était dévoué, fidèle et bienveillant aux artistes authentiques. C’est dans cet esprit qu’il a rédigé ses articles de critique qui, malheureusement, n’ont pas été assemblés en un ouvrage. Des théâtres qu’il dirigea, il fit les temples de l’art le plus vrai en n’admettant que les Å“uvres musicalement pures et en exigeant des interprètes rigueur et perfection. A l’orchestre de théâtre ou de concert, et malgré les nécessaires dissemblances entre ces deux styles, son "autorité impitoyable", comme l’a dit M. Inghelbrecht, était toujours reconnue. Indifférent à toute manifestation spectaculaire, il était le chef véritable, celui qui obtenait tout de ses exécutants réunis en cet ensemble "nerveux, carré, compact" rêvé par Berlioz ; Son intelligence de l’esprit et de la lettre des partitions, la pénétration de leur architecture jusque dans ses plus infimes détails, son souci d’une ordonnance méticuleuse, l’opposition à toute négligence, le sens de la valeur exacte des nuances, ont fait de lui l’un de nos plus prestigieux chefs d’orchestre, l’un de ceux qui, n’ayant souci que de l’œuvre, se refusent à en donner une interprétation personnelle. Plus simplement mais plus malaisément certes, il ne cherchait qu’à mettre exactement chaque chose à sa bonne place. Compositeur bien plus qu’instrumentiste, il dirigeait en veillant plus peut-être à l’ordonnance des plans de la composition qu’au minutieux rendu de la matière sonore. Au théâtre, il ajoutait à ces qualités non seulement le sang-froid indispensable pour rattraper les défaillances des exécutants, mais encore, ce sens de la scène qui l’autorisait à exiger des compositeurs les retouches nécessaires à la perfection. On demeure stupéfait en considérant la somme de travail que Messager, poursuivant une tâche jamais accomplie, a dépensée pour lire et apprécier les textes, pénétrer la pensée des auteurs, imposer ses jugements aux directeurs ou aux comités, réviser les partitions, les faire étudier, apaiser les conflits, déjouer les manÅ“uvres, puis répéter, exécuter et, enfin, vaincre l’inertie du public défiant devant toute nouveauté. Malgré ses mérites, malgré ses responsabilités, malgré le poids de ses charges, Messager demeura un homme simple, sachant sa valeur mais ignorant le vain orgueil. Il était aimé de tous car il était bon, prompt au dévouement ; l’indulgence de son regard tempérait la rigueur de ses fières moustaches et sa prestance d’officier de cavalerie. Son esprit primesautier, sa blague de Parisien et d’homme de théâtre, masquaient la précision et la rigueur de sa pensée, tandis que les bourdonnants importuns ou les fâcheux le déclaraient d’un caractère difficile. Ne recherchant que les satisfactions apportées par son art dans lequel il trouvait la récompense à la fois la plus authentique et la plus haute, il aurait pu faire siennes les dernières paroles de son ami Fauré : "J’ai fait ce que j’ai pu... et puis, jugez, mon Dieu !" Que subsiste‑t‑il de l’œuvre écrite de Messager, de sa Symphonie, de ses deux cantates, de ses treize pièces instrumentales, de ses trente mélodies, de ses sept ballets et de cet ensemble de vingt-trois opéras-comiques ou opérettes ; ensemble dont il disait lui-même bien modestement : "Au théâtre, j’ai une dizaine d’actes qui marchent ; mais j’en ai écrit deux cents autres !" En vérité, il reste beaucoup. Si l’Opéra conserve soigneusement les "Deux Pigeons" et "Isoline", dont le charme réel, la double intelligence de la musique et de l’esthétique du ballet classique, se soucient peu de l’évolution des modes, par contre, les autres Å“uvres ne sont plus que rarement exécutées. A vrai dire, l’on ne peut en faire grief aux directeurs ou aux comités des associations symphoniques, car il est nécessaire de ménager quelques places aux contemporains parmi un répertoire chaque jour plus considérable. Il reste donc le recours aux partitions imprimées ou au disque en souhaitant proche le jour où l’édition phonographie s’occupant, enfin, plus d’art que de commerce, atteindra à son but qui est de conserver la sonorité des textes gravés sur la page muette. Les gens de métier observent l’élégance d’une écriture impeccable dans sa netteté, l’esprit parfaitement musical d’œuvres composées avec les seuls moyens de la musique pure et vraie qui sont la distinction réservée de la phrase mélodique, qu’elle soit primesautière ou mélancolique, l’orchestration subtile ignorant ficelles ou vulgarités, l’invention musicale constante facilitée par un savoir approfondi. Les auditeurs, moins soucieux de technique que d’émotion, ce qui, à tout bien considérer, est le but de l’art, demeurent saisis qui, a par la finesse, la délicatesse, la grâce et aussi par la légère teinte mélancolique de cette musique dite légère à laquelle Messager a conféré une beauté inégale. Et, musiciens et amateurs, refermant leurs partitions ou arrêtant la rotation de leurs disques, font leur l’appréciation de Fauré : "Il n’y a pas beaucoup d’exemples dans l’histoire de la musique, d’un artiste d’une culture aussi complète, d’une science aussi approfondie, qui consente à appliquer ses qualités à des formes réputées, on ne sait pourquoi, de secondaires... Avoir osé n’être que tendre, exquis, spirituel, n’exprimer que la galanterie des passions, avoir osé sourire alors que chacun s’applique à bien pleurer, c’est là une audace bien curieuse en ce temps. Et c’est surtout l’affirmation d’une conscience d’artiste." "La Basoche", "Véronique" "Fortunio", "Monsieur Beaucaire", Passionnément témoignent et de la valeur de Messager et de celle de ce genre qu’il a illustré en magistral continuateur de la tradition de l’opéra-comique français du XVIIIe siècle. Si Messager estimait sans doute que la grande musique à laquelle il consacrait tous ses instants se devait de lui être également l’amie délassante, il savait aussi ce que ses Å“uvres lui coûtaient puisque sa verve coutumière lui a dicté les phrases suivantes adressées à M. Willemetz lorsque s’achevait Passionnément : "C’est fini, mon cher ami, je ne ferai plus d’opérette : j’ai compris ! Si j’éÂcris de nouveau, je ferai un drame lyrique, c’est bigrement plus commode ; on délaie la même idée pendant toute la soirée et on appelle ça un leitmotiv. Les chanteurs n’ont pas besoin de chanter ; ils n’ont qu’à gueuler, et quand ça n’est pas un four ignoble, on vous colle du génie." C’est donc mus par une profonde reconnaissance que vont se recueillir dans le calme cimetière de Passy ceux qui, trouvant en eux-mêmes de quoi s’élever au-dessus de la médiocrité quotidienne, perçoivent l’intime résonance de la phrase écrite par Debussy à Messager : "L’Art, c’est toute la vie ; c’est une émotion voluptueuse ou religieuse, cela dépend des minutes." Rapprochés dans l’éternité de leurs sépultures comme ils le furent durant leurs existences, reposent Debussy, Fauré et MesÂsager. Leurs restes seuls sont roulés dans le définitif linceul. Dans la surhumaine clarté apollonienne, leurs âmes sont présentes dans tous les lieux où les hommes, communiant dans l’éternelle, insaisissable et divine beauté des sons, y trouvent l’affranchisÂsement de soi, et ouvrent à l’inexprimable le plus sublime d’euxÂ-mêmes.
Å’uvres lyriques
François-les-Bas-bleus (Folies Dramatiques, 8 novembre 1883) La Fauvette du temple (Folies Dramatiques, 17 novembre 1885) La Béarnaise (Bouffes-Parisiens, 12 décembre 1885) Le Bourgeois de Calais (Folies Dramatiques, 6 avril 1887) Isoline (Renaissance, 26 décembre 1888) Le Mari de la reine (Bouffes-Parisiens, 18 décembre 1889) La Basoche (Opéra-Comique, 30 mai 1890) Hélène (Vaudeville, 15 septembre 1891) Madame Chrysanthème, opéra inspiré du roman éponyme de Pierre Loti, livret de Georges Hartmann (théâtre de la Renaissance, 21 janvier 1893) Miss Dollar (Nouveau Théâtre, 22 décembre 1893) Mirette (Londres, 3 septembre 1894) La Fiancée en loterie (Folies Dramatiques, 15 février 1896) Le Chevalier d'Harmental (Opéra-Comique, 5 mai 1896) Les P'tites Michu (Bouffes-Parisiens, 16 novembre 1897) La Montagne enchantée, pièce fantastique en 5 actes et 12 tableaux d'Émile Moreau et Albert Carré, musique André Messager et Xavier Leroux (théâtre de la Porte Saint-Martin, 12 avril 1897 ) Véronique (Bouffes-Parisiens, 10 décembre 1898) Fortunio (Salle Favart, 5 juin 1907) Béatrice (Monte-Carlo, 21 mars 1914) Monsieur Beaucaire (Birmingham, 7 avril 1919) La Petite Fonctionnaire, opérette en 3 actes d'Alfred Capus et Xavier Roux (théâtre Mogador, 14 mai 1921) L'Amour Masqué sur un livret de Sacha Guitry (1923) Passionnément, opérette en 3 actes de Maurice Hennequin et Albert Willemetz (théâtre de la Michodière, 16 janvier 1926) Coups de roulis (1928).
Ballets
Fleur d'oranger, (Folies-Bergères, 1878) Les vins de France, (Folies-Bergères, 1879) Mignons et vilains, (Folies-Bergères, 1879) Les Deux Pigeons, (Opéra, 8 octobre 1886) Scaramouche, (Nouveau-Théâtre, 17 octobre 1891) Amants éternels, (Théâtre Libre, 26 décembre 1893) Le Procès des roses, (Théâtre Marigny, 6 juin 1896) Le Chevalier aux fleurs, (Théâtre Marigny, 15 mai 1897) Une aventure de la Guimard, (Opéra-Comique, 8 novembre 1900)
Les Deux Pigeons :
Inspiré par la fable bien connue de La Fontaine, le ballet Les Deux Pigeons est composé en deux actes et trois scènes. C'est un ballet dont l'action se situe en Roumanie au cours du XVIIIe siècle. Le livret a été écrit par Henri de Régnier et raconte les amours, la romance de Gourouli et Peppio qui sont tous les deux amoureux de Djali, une gitane. L'ouverture de la suite de l'orchestre, l'entrée des tziganes, présente une succession de thèmes contrastés. Les mélodies classiques sont le contrepoint de thèmes inspirés par les rythmes et musiques tsiganes. Le ballet fut un très grand succès dès la première représentation en Octobre 1885. C'est André Messager lui-même qui dirigera ce ballet La carrière Londonienne
On sous estime souvent la carrière londonienne d’André Messager. Plusieurs de ses ouvrages furent présentés dans la capitale anglaise dont deux créations : Mirette (1894), écrite en collaboration avec Miss Hope Temple (qu’il devait d’ailleurs épouser… avant d’en divorcer quelques années plus tard) et Monsieur Beaucaire vingt-cinq ans plus tard (1919). À Londres encore, André Messager eut, pendant plusieurs années, la responsabilité artistique des saisons de Covent Garden.
Composé pour satisfaire au goût anglais, Monsieur Beaucaire est inspiré d’une nouvelle d’un certain Booth Tarkington qui avait connu une grande vogue aux Etats-Unis vers 1900. L’ouvrage connut un beau succès à la création, succès qui se répercuta aux Etats-Unis.
Il fallut six ans à l’ouvrage pour traverser la Manche. Enfin, le 21 novembre 1925, le théâtre Marigny, refait à neuf, affiche la version française de Monsieur Beaucaire, qui permet à André Baugé de s’imposer dans un rôle difficile, auprès de l’excellente Marcelle Denya. L’ouvrage obtient plus de 200 représentations consécutives avant de faire carrière en province.
Au théâtre Marigny, en 1925, la version française fut jouée plus de 200 fois de suite. L'ouvrage fut ensuite représenté en province et à l'étranger. En 1954, il était inscrit au répertoire de l'Opéra-Comique de Paris, avec Jacques Jansen (Beaucaire) et Denise Duval (Mary).
Quelques jugements sur Monsieur Beaucaire :
Florian Bruyas : (Histoire de l'opérette en France, 1974) "Spectacle très parisien qui enchanta beaucoup de monde, du meilleur et du plus ordinaire. La partition qui datait de quelques années était très fine et très musicale. Quelques grincheux la traitèrent de "gentille" sur un ton qui se voulait dédaigneux mais qui n'était que ridicule. Gentille, la partition de Beaucaire ? Allons donc ! Elle était charmante et distinguée cette œuvre anglaise du compositeur de Véronique et le musicien qui avait écrit "Le Menuet des roses", "La Pastorale", "La Valse du rossignol", les charmants couplets de Lucy et tant d'autres pages aussi soignées méritait mieux que cette épithète lâchée par quelques snobs grotesques qui tenaient à bouder leur plaisir."
Roland Manuel : (cité par Florian Bruyas) "L'orchestration de Beaucaire est prestigieuse. Le musicien de Véronique et d'lsoline se surpasse ici lui-même. Il obtient un rendement dynamique que tous les musiciens de ce temps pourraient lui envier. C'est la perfection même...".
Louis Oster : (Les opérettes du répertoire courant, 1953) "Monsieur Beaucaire est une œuvre spirituelle, éloquente, pleine de fraîcheur et de grâce. André Messager a montré son réel talent de compositeur en créant cette opérette romantique qu'il a troussée de ravissantes mélodies associées à une ingénieuse orchestration"
Disparue presque complètement de nos scènes, l’œuvre d’André Messager mérite une réhabilitation.
http://youtu.be/pZGc9DtcnzM deci delà http://youtu.be/4WQv3mLjqTo les deux pigeons http://youtu.be/W6pNCUDSeG8 Isolide http://youtu.be/dqk_EAC5P8c poussez l'escarpolette
Posté le : 24/02/2013 15:22
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