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De Montpellier
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Fin de vie
Bien qu'il ait recouvré sa santé depuis août, il éprouve un choc émotionnel lorsqu'il apprend que Hester Thrale veut vendre la résidence dans laquelle il a vécu avec sa famille, et plus que tout, il est affligé à l'idée qu'il ne la verra plus comme auparavant161. Le 6 octobre 1782, Johnson va pour la dernière fois à l'église paroissiale faire ses adieux à sa résidence et sa vie passées. La marche jusqu'à l'église l'épuise, mais il parvient à effectuer le trajet tout seul. À l'église, il écrit une prière pour la famille Thrale : À Ta protection paternelle, Ô Seigneur, je confie cette famille. Bénis, guide et défends-les, afin qu'ils puissent traverser ce monde et, finalement, éprouver en Ta présence le bonheur éternel, pour l'amour de Jésus-Christ. Amen. Hester n'abandonne pas complètement Johnson, et lui propose d'accompagner la famille lors d'un voyage à Brighton162. Il accepte et reste en leur compagnie du 7 octobre au 20 novembre 1782. Quand il revient, sa santé commence à se détériorer, et il reste seul jusqu'à l'arrivée de Boswell le 29 mai 1783 pour l'accompagner en Écosse. Le 17 juin 1783, Johnson subit une attaque à cause de sa mauvaise circulation et écrit à Edmund Allen, son voisin, qu'il a perdu l'usage de la parole. Deux médecins sont appelés pour aider Johnson et ce dernier parle à nouveau deux jours plus tard. Craignant que sa mort soit proche, il écrit : J'espère toujours résister au chien noir, et en temps, le chasser, bien que je sois privé de presque tous ceux qui m'aidaient. Le voisinage s'est appauvri. J'ai eu il fut un temps Richardson et Lawrence à ma portée. Mme Allen est morte. Ma demeure a perdu Levet, un homme qui s'intéressait à tout et qui, donc, avait de la conversation. Mme Williams est si faible qu'elle ne peut plus servir de compagne. Quand je me lève, je prends mon petit déjeuner, solitaire, le chien noir attend pour le partager, du petit-déjeuner au dîner il continue à aboyer, sauf quand le Dr Brocklesby le tient à distance pour quelque temps. Dîner avec une femme malade, on peut se hasarder à supposer que ce n'est guère mieux que seul. Après le dîner, que reste-t-il à faire à part regarder les minutes passer et attendre ce sommeil que je ne peux guère espérer. La nuit arrive enfin, et quelques heures d'impatience et de confusion m'amènent à une nouvelle journée de solitude. Qu'est-ce qui fera partir le chien noir d'une telle habitation ? Johnson est à ce moment accablé par la goutte ; il subit une intervention chirurgicale pour se soigner et ses derniers amis, dont la romancière Fanny Burney la fille de Charles Burney, viennent lui tenir compagnie. Il est confiné dans sa chambre du 14 décembre 1783 au 21 avril 1784. Sa santé commence à s'améliorer en mai 1784, et il voyage jusqu'à Oxford avec Boswell le 5 mai. En juillet, la plupart de ses amis sont morts ou partis, et lui-même est en Écosse alors que Hester est fiancée à Piozzi. Sans personne en particulier chez qui aller, Johnson fait le vœu de mourir à Londres et s'y rend le 16 novembre 1784. Il est accueilli chez George Strahan à Islington. Dans ses derniers moments, il est angoissé et est en proie à des hallucinations. Lorsque le médecin Thomas Warren lui rend visite et lui demande s'il va mieux, il s'exclame : Non, monsieur ; vous ne pouvez concevoir à quelle vitesse j'avance vers la mort. A few days before his death, he had asked Sir John Hawkins, as one of his executors, where he should be buried; and on being answered, "Doubtless, in Westminster Abbey," seemed to feel a satisfaction, very natural to a Poet. (Quelques jours avant sa mort, il demanda à Sir John Hawkins, un de ses exécuteurs testamentaires, où il devrait être enterré. Et lorsqu'il lui répondit certainement à l'Abbaye de Westminster, Johnson sembla satisfait, ce qui est naturel pour un poète. – Boswell, La vie de Samuel Johnson De nombreux visiteurs viennent rendre visite à Johnson alors qu'il est alité, malade ; néanmoins, il préfère toujours la seule compagnie de Langton173. Fanny Burney, Windham, Strahan, Hoole, Cruikshank, Des Moulins et Barber attendent des nouvelles de Johnson. Le 13 décembre 1784, Johnson reçoit deux autres personnes : Mlle Morris, une jeune femme que Johnson bénit et Francesco Sastres, un enseignant italien qui entend quelques-uns des derniers mots de Johnson : I am Moriturus je suis sur le point de mourir. Peu après, il tombe dans le coma et meurt à 7 heures. Langton attend jusqu'à 11 heures pour informer les autres de sa mort ; John Hawkins en devient pâle et souffre d' une agonie de l'esprit, alors que Seward et Hoole décrivent la mort de Johnson comme la plus affreuse vision. Boswell remarque : mon sentiment n'était qu'une grande étendue de stupeur… Je ne pouvais le croire. Mon imagination n'était pas convaincue. William Gerard Hamilton entre et affirme : il a créé un abîme, que non seulement rien ne peut emplir, mais que rien n'a tendance à remplir. - Johnson est mort. - Allons au meilleur suivant : il n'y a personne ; on ne peut dire de personne qu'il fait penser à Johnson. Il est enterré le 20 décembre 1784 dans l'Abbaye de Westminster et l'on peut lire sur sa tombe : Samuel Johnson, LL.D. Obiit XIII die Decembris, Anno Domini M.DCC.LXXXIV Ætatis suœ LXXV178.
La critique
Les travaux de Johnson, et particulièrement ses Vies des poètes Lives of the Poets, présentent les diverses caractéristiques d'un style excellent. Il pensait que les meilleurs poèmes usaient du langage contemporain, et il désapprouvait l'utilisation d'une langue ornementale ou volontairement archaïque. En particulier, il se méfiait de la langue poétique de Milton, dont il pensait que les vers blancs non rimés pouvaient inspirer de piètres imitations. Johnson critiquait également la langue poétique de son contemporain Thomas Gray. Par dessus tout, il était gêné par l'usage abusif d'allusions obscures du genre de celles que l'on trouve dans le Lycidas de Milton ; il préférait la poésie qui pouvait être facilement lue et comprise. En complément de ses remarques sur la langue, Johnson pensait qu'un bon poème devait comporter des images uniques et originales. Dans ses plus petits poèmes, Johnson utilisait des vers courts et imprégnait ses travaux d'un sentiment d'empathie, ce qui a peut-être influencé le style poétique de Housman. Dans London, sa première imitation de Juvénal, Johnson utilise la forme poétique pour exprimer ses opinions politiques et, comme font souvent les jeunes auteurs, a une approche enjouée et presque joyeuse du sujet. Sa seconde imitation, The Vanity of Human Wishes, est totalement différente : si la langue reste simple, le poème est plus compliqué et difficile à lire, car Johnson essaie de décrire la complexe morale chrétienne. Les valeurs chrétiennes qui y sont décrites ne se trouvent pas que dans ce poème, mais reviennent dans beaucoup d'autres travaux de Johnson. En particulier, il insiste sur l'amour infini de Dieu et montre que le bonheur peut être atteint grâce à des actes vertueux. Alors que pour Plutarque, les biographies doivent être élogieuses et avoir une portée morale, pour Johnson elles ont pour but de décrire aussi précisément que possible la vie du personnage concerné, sans en écarter les aspects négatifs. Cette recherche de l'exactitude est quasi révolutionnaire à l'époque, et il dut se battre contre une société qui ne voulait pas accepter des éléments biographiques susceptibles de ternir une réputation ; il fait de ce problème le sujet du soixantième volume de The Rambler. En outre, Johnson pensait que les biographies ne devaient pas se limiter aux seules personnalités célèbres et que les vies d'individus moins connus avaient également leur importance ; ainsi, dans Lives of the Poets, sont décrits des poètes aussi bien majeurs que mineurs. Il insistait pour inclure des détails qui auraient semblé des plus futiles aux yeux d'autres afin de décrire avec la plus grande précision la vie des auteurs189. Pour Johnson, autobiographies et journaux intimes - le sien compris - avaient une grande valeur et comptaient au moins autant que d'autres genres ; dans le numéro 64 de The Idler, il explique en quoi l'auteur d'une autobiographie est le plus à même de restituer l'histoire de sa propre vie. L'idée que se faisait Johnson de la biographie et de la poésie est liée à sa conception de ce qu'est une bonne critique. Chacun de ses ouvrages est un support pour la critique littéraire ; il dit d'ailleurs, à propos de son Dictionnaire : J'ai récemment publié un Dictionnaire comme ceux que font les académies italienne et française, à l'usage de ceux qui aspirent à l'exactitude de la critique ou à l'élégance du style. Bien qu'une édition abrégée de son Dictionnaire soit devenue le dictionnaire standard des ménages, l'ouvrage était initialement destiné à être un outil académique examinant la façon dont les mots étaient employés, particulièrement en littérature. Pour atteindre son objectif, Johnson utilisa des citations de Francis Bacon, Richard Hooker, John Milton, William Shakespeare, Edmund Spenser et d'autres auteurs qui couvraient les champs littéraires qu'il tenait pour essentiels : les sciences naturelles, la philosophie, la poésie et la théologie. Toutes ces citations étaient comparées et soigneusement étudiées dans le Dictionnaire, de manière que le lecteur puisse comprendre le sens des mots, dans le contexte des ouvrages littéraires où ils étaient employés. N'étant pas théoricien, Johnson ne voulait pas créer une école de théories d'analyse de l'esthétique de la littérature. Il se servait plutôt de sa critique dans le but pratique d'aider à mieux lire et comprendre la littérature. Dans l'étude des pièces de Shakespeare, Johnson met en évidence l'importance du lecteur dans la compréhension de la langue : Si Shakespeare a plus de difficultés que d'autres écrivains, c'est à imputer à la nature de son œuvre, qui demandait l'utilisation d'un langage familier, et par conséquent, de phrases allusives, elliptiques et proverbiales, telles qu'on les prononce et les entend à tout moment sans y faire attention. Ses travaux sur Shakespeare ne concernaient pas seulement cet auteur, mais s'étendaient à la littérature en général ; dans sa Préface à Shakespeare, il rejette les Règles du théâtre classique et affirme que le théâtre devrait être fidèle à la réalité. Mais Johnson ne se contente pas de défendre Shakespeare : il examine ses fautes, comme son manque de morale, sa vulgarité, son insouciance dans la création de ses intrigues, et, à l'occasion, sa distraction lors du choix des mots ou de leur ordre. Johnson affirmait qu'il était important d'établir un texte qui puisse refléter ce que l'auteur avait exactement écrit : les pièces de Shakespeare par exemple, connaissaient de nombreuses éditions, chacune comprenant des erreurs survenues lors de l'impression. Ce problème était encore aggravé par des éditeurs peu scrupuleux qui considéraient comme incorrects les mots compliqués qu'ils trouvaient, et les changeaient dans les éditions suivantes. Pour Johnson, un éditeur ne devrait pas altérer de la sorte un texte.
Portrait rapide
Après que nous fûmes sortis de l'église, nous sommes restés quelque temps à parler ensemble de l'ingénieux sophisme de Monseigneur Berkeley qui prouvait la non-inexistence de la matière, et que tout dans l'univers n'est qu'imaginaire. J'observais que, bien que nous soyons satisfaits que sa doctrine ne soit pas vraie, il est impossible de la réfuter. Je n'oublierai jamais l'empressement avec lequel répondit Johnson, frappant avec grande force une grosse pierre du pied, et se reprenant : C'est ainsi que je le réfute. ” – Boswell, La vie de Samuel Johnson Sa silhouette haute et robuste et ses étranges gesticulations étaient déroutantes pour ceux qui rencontraient Johnson pour la première fois. Quand William Hogarth vit Johnson pour la première fois, près d'une fenêtre chez Samuel Richardson, « secouant sa tête et se roulant par terre d'une façon étrange et ridicule, il crut de Johnson qu'il était un idiot dont les relations l'ont confié à la garde de M. Richardson. Hogarth fut surpris lorsque cette silhouette s'est avancée vers là où lui et M. Richardson étaient assis et d'un coup, reprit la discussion… avec une telle éloquence, que Hogarth le regarda avec étonnement, et imagina que cet idiot avait été inspiré sur le moment. Tout le monde ne se laissait pas abuser par l'apparence de Johnson : Adam Smith affirma que Johnson connaissait plus de livres que quiconque et Edmund Burke pensait que si Johnson devait devenir membre du Parlement, il aurait certainement été le plus beau parleur à y être jamais allé. Johnson s'appuyait sur une unique forme de rhétorique, et sa réfutation de l'immatérialisme de George Berkeley est restée célèbre : Berkeley affirmait que la matière n'existait pas mais semblait seulement exister ; au cours d'une discussion à ce sujet avec Boswell, Johnson frappe avec force une grosse pierre du pied et déclare : C'est ainsi que je le réfute. Johnson était un anglican dévot et conservateur ; il était compatissant et aidait ceux de ses amis qui ne pouvaient s'offrir de logement en les abritant chez lui, même quand lui-même était en difficulté financière. L'œuvre de Johnson est empreinte de sa morale chrétienne ; il écrivait sur des sujets éthiques avec une telle aisance, et son autorité dans le domaine est telle que Walter Jackson Batte a affirmé qu'aucun autre moraliste dans l'histoire ne le dépasse ou ne lui arrive à la cheville. Ses écrits ne dictent toutefois pas, comme le dit Donald Greene, de « modèle prédéterminé de bonne conduite, bien que Johnson ait mis en avant certains comportements. Il ne se laissait pas aveugler par sa foi et ne jugeait pas hâtivement les gens ; il avait du respect pour ceux d'autres confessions, tant qu'ils montraient un engagement aux enseignements du Christ. Bien qu'il respectât la poésie de John Milton, il ne pouvait supporter ses croyances puritaines et républicaines, pensant qu'il s'agissait de valeurs contraires à celles de l'Angleterre et de la chrétienté. Il condamnait l'esclavage et proposa un jour de porter un toast à la prochaine rébellion des nègres aux Indes occidentales. Outre ses croyances concernant l'humanité, Johnson aimait également beaucoup les chats, particulièrement les siens : Hodge et Lily. Boswell a écrit : Jamais je n'oublierai l'indulgence avec laquelle il traitait Hodge, son chat. Bien qu'il fût connu pour être un ardent conservateur, Johnson était dans sa jeunesse un sympathisant du Jacobitisme ; pendant le règne de George III, il accepte toutefois l'Acte d'établissement205. Boswell est en grande partie responsable de la réputation de conservateur convaincu qu'avait Johnson, et c'est lui qui détermina la façon dont on allait le percevoir pendant des années. Il n'était toutefois pas présent pendant les deux périodes phare de l'activité politique de Johnson : le contrôle du Parlement par Walpole et la guerre de Sept Ans ; et bien qu'il ait été souvent présent à ses côtés pendant les années 1770 et qu'il ait décrit quatre pamphlets majeurs de Johnson, il ne prend pas la peine d'en parler, plus intéressé par leurs voyage en Écosse. De plus, n'étant pas du même avis que Johnson dans deux de ces pamphlets, The False Alarme et Taxation No Tyranny, Boswell critique le point de vue de Johnson dans sa biographie. Dans sa Vie de Samuel Johnson, Boswell l'appelle si souvent « Dr Johnson », que ce surnom resta des années durant, au grand dam de ce dernier. La description des dernières années de Johnson fait état d'un vieillard visitant les tavernes, mais cette description est pathétique. Bien que Boswell, d'origine écossaise, ait été un proche compagnon et un ami intime de Johnson pendant les périodes importantes de la vie de ce dernier, Johnson, à l'instar de beaucoup d'autres Anglais d'alors, avait pour réputation de mépriser l'Écosse et ses habitants. Même alors qu'ils voyageaient ensemble en Écosse, Johnson montrait préjugés et nationalisme étroit. Hester Thrale note, à propos de son nationalisme et de ses préjugés envers les Écossais : Nous savons tous combien il aimait abuser les Écossais, et d'ailleurs se faire abuser par eux en retour .
Santé
Bien que Johnson ait probablement été en aussi bonne santé que d'autres de sa génération, il fut frappé par différentes maladies et problèmes tout le long de sa vie. Enfant, il eut des écrouelles ; il fut touché par la goutte, souffrait d'un cancer du testicule, et un accident vasculaire cérébral survenu à la fin de sa vie le priva de la parole pendant deux jours. Les autopsies révélèrent une maladie pulmonaire ainsi qu'une insuffisance cardiaque probablement due à de l'hypertension problème dont on ignorait alors l'existence. Enfin, il était dépressif et atteint de la Maladie de Gilles de la Tourette. Beaucoup de témoignages rendent compte des crises de dépressions de Johnson et de ce qu'il pensait être de la folie. Comme le dit Walter Jackson Bate, une des ironies de l'histoire de la littérature est que son symbole le plus fascinant et autoritaire de bon sens - de la compréhension grande et imaginative de la réalité concrète - aurait commencé sa vie adulte, à l'âge de vingt ans, dans un tel état d'anxiété et de désespoir que, de son propre point de vue au moins, il cet état semblait être le commencement d'une vraie folie. Pour vaincre ces sentiments, Johnson essayait de toujours s'occuper par diverses activités, mais cela ne l'aidait pas. Taylor dit que Johnson envisageait à un moment fortement le suicide ; Boswell quant à lui, affirma que Johnson se sentait accablé par une horrible mélancolie, était toujours irrité et impatient ; et un abattement, une tristesse et un désespoir qui faisaient de son existence une misère. Tôt dans sa vie, lorsque Johnson ne fut plus capable de payer ses dettes, il travailla avec des écrivains professionnels et identifia sa situation à la leur. Johnson fut alors témoin de la chute de Christopher Smart dans l'indigence et la maison de fous et craignit de partager son sort. Hester Thrale affirma, au cours d'une discussion à propos de l'état mental de Smart, que Johnson était son ami qui craignait qu'une pomme ne l'empoisonnât. Pour elle, ce qui distinguait Johnson de ceux qu'on plaçait dans des asiles à cause de leur folie comme Christopher Smart était sa capacité à garder pour lui ses émotions et ses préoccupations. Deux siècles après la mort de Johnson, le diagnostic posthume de la Maladie de Gilles de la Tourette est largement accepté. La maladie de Gilles de la Tourette n'était pas connue à l'époque de Johnson Gilles de la Tourette publie en 1885 un compte-rendu sur neuf de ses patients atteints mais Boswell a décrit Johnson montrant des symptômes, comme des tics et d'autres mouvements involontaires. Selon Boswell, il tenait souvent sa tête d'un côté… bougeant son corps d'avant en arrière, frottant son genou gauche dans la même direction avec la paume de sa main… Il faisait différents bruits comme un demi sifflement ou comme gloussant tel une poule et tout ceci parfois accompagné par un regard pensif, mais plus fréquemment par un sourire. Lorsque Johnson était énervé, il soufflait comme une baleine. On disait aussi de Johnson qu'il faisait ces gesticulations particulières au pas des portes, et lorsqu'une petite fille lui demanda pourquoi il faisait ces drôles de gesticulations et ces bruits étranges, il lui répondit que c'était une « mauvaise habitude. C'est en 1967 que l'on diagnostiqua pour la première fois la Maladie de Gilles de la Tourette, et le chercheur Arthur K. Shapiro, spécialisé dans la maladie, a décrit Johnson comme l'exemple le plus notable d'une adaptation réussie à la vie malgré le handicap de la maladie de Gilles de la Tourette. Les détails apportés par les écrits de Boswell et de Hester Thrale notamment, confortent les chercheurs dans le diagnostic ; Pearce écrivit que : « Johnson montrait aussi beaucoup des traits obsessionnels compulsifs et des rituels associés à ce syndrome... On peut penser que sans cette maladie, les exploits littéraires du Dr Johnson, le grand dictionnaire, ses délibérations philosophiques et ses conversations n'auraient jamais vu le jour ; et Boswell, auteur de la plus grande des biographies, n'aurait jamais été connu.
Héritage et Postérité
Statue érigée en 1838 en face de sa maison natale, au Market Square à Lichfield ; d'autres statues de lui se trouvent à Londres et Uttoxeter. D'après Steven Lynn, Johnson était plus qu'un écrivain et érudit célèbre ; il était une célébrité. Dans ses derniers jours, les moindres faits et gestes de Johnson, ainsi que son état de santé, étaient constamment reportés dans des journaux et, quand rien de notable n'était à dire, quelque chose était inventé. Selon Bate, Johnson aimait la biographie et il a changé le cours de la biographie dans le monde moderne. Le plus grand des ouvrages de biographie d'alors était Life of Johnson de Boswell, et nombre d'autres mémoires et biographies similaires apparurent après la mort de Johnson. Parmi toutes ces biographies, peuvent être citées A Biographical Sketch of Dr Samuel Johnson 1784, de Thomas Tyers ; The Journal of a Tour to the Hebrides 1785, de Boswell ; Anecdotes of the Late Samuel Johnson, de Hester Thrale, en partie tiré de son journal, Thraliana ; Life of Samuel Johnson 1787, de John Hawkins, la première biographie aussi longue ; et, en 1792, An Essay on the Life and Genius of Samuel Johnson par Arthur Murphy, qui remplace l'ouvrage de Hawkins en tant qu'introduction à une collection de l'œuvre de Johnson. Une autre source importante d'information fut Fanny Burney, qui décrivit Johnson comme le cerveau de la littérature de ce royaume et gardait un journal contenant des détails absents des autres biographies. Cependant, de toutes ces sources, Boswell reste le plus connu des lecteurs ; et bien que des critiques comme Donald Greene aient discuté son statut de biographie, Life of Samuel Johnson rencontra un grand succès, d'autant plus que Boswell et ses amis firent la publicité de l'ouvrage au détriment des nombreux autres travaux sur la vie de Johnson. Bien que son influence en tant que critique perdurât après sa mort, Johnson n'était pas apprécié de tous. Macaulay le considérait comme un imbécile savant une forme d'autisme auteur de quelques travaux de qualité ; les poètes romantiques rejetaient sa présentation de la poésie et la littérature, surtout en ce qui concerne John Milton. Mais il avait aussi ses admirateurs : Stendhal, dans Racine et Shakespeare, s'est appuyé partiellement sur sa présentation de Shakespeare, et il a influencé le style et la pensée philosophique de Jane Austen. Matthew Arnold, dans Six Chief Lives from Johnson's Lives of the Poets, considérait que les Vies de Milton, Dryden, Pope, Addison, Swift et Gray étaient des références fondamentales qui permettent, en revenant à elles de toujours retrouver son chemin by returning to which we can always find our way again. Johnson ne fut vraiment reconnu comme un grand critique que plus d'un siècle après sa mort, par des critiques littéraire comme G. Birkbeck Hill ou T. S. Eliot. Ils commencèrent à étudier son œuvre avec un intérêt grandissant pour l'analyse critique contenue dans son édition de Shakespeare et Lives of the Poets. Selon Yvor Winters poète et critique littéraire américain du XXe siècle, un grand critique est le plus rare de tous les génies de la littérature ; peut-être le seul critique anglais qui mérite cette épithète est-il Samuel Johnson, opinion partagée par F. R. Leavis qui affirme : Quand on le lit on sait, sans aucune équivoque, qu'on est devant un esprit puissant et distingué opérant au premier plan de la littérature. Et l'on peut dire avec beaucoup de conviction : voilà de la critique véritable. Pour Edmund Wilson « Lives of the Poets et ses préfaces et commentaires sur Shakespeare sont parmi les documents les plus brillants et pénétrants de toute la critique anglaise. Son insistance sur la nécessité d'étudier la langue dans la littérature rendit progressivement cette méthode prédominante dans la théorie de la littérature au cours du XXe siècle. Dans son film Les Sentiers de la gloire, 1957, Stanley Kubrick, fait dire à Kirk Douglas qui tient le rôle du colonel Dax, une citation de Samuel Johnson : Le patriotisme est le dernier refuge des crapules. Lors du bicentenaire de la mort de Johnson, en 1984, l'université d'Oxford organisa un colloque d'une semaine qui présentait 50 documents ; le Arts Council of Great Britain Conseils des arts de Grande-Bretagne quant à lui, tint une exposition de portraits de Johnson et autres souvenirs, tandis que The Time et Punch éditèrent des parodies du style de Johnson à cette occasion. En 1999, la BBC Four créa le prix Samuel Johnson. Un certain nombre de ses manuscrits, des éditions originales de ses ouvrages, la moitié de ce qui reste de sa correspondance, ainsi que des tableaux et divers objets le concernant, qui appartiennent à la Collection de Donald et Mary Hyde, sont hébergés depuis 2003 à Harvard, dans le département des Early Modern Books and Manuscripts de la Bibliothèque Houghton en:Hougton Library.
Posté le : 17/09/2016 22:32
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