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De Montpellier
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Le 8 mai 1902 Éruption de la montagne Pelée
Zone d'activité avec cratère sommital et rivière Blanche du 23 avril 1902 au 5 octobre 1905 pendant 3 ans 5 mois et 12 jours c'était un type d'éruption Phréatique, péléenne avec des phénomènes de uées ardentes, lahars, retombées de cendres, et raz-de-marée le 5 et le 7 mai, le volume émis fut de 0,14 km3 de lave et 0,2 km3 de téphra sur l'échelle VEI 4? Toute la région nord de la Martinique fut affectées faisant environ 30 000 morts L'éruption de la montagne Pelée en 1902 est l'éruption volcanique la plus meurtrière du XXe siècle ; sa nuée ardente paroxystique du 8 mai 1902 reste célèbre pour avoir en quelques minutes entièrement détruit ce qui était alors la plus grande ville de l’île de la Martinique, Saint-Pierre, exterminé ses habitants — environ 30 000 personnesN 1, seulement trois rescapés certifiés — et coulé une quinzaine de navires marchands. La destruction de la ville et de ses alentours était inévitable, mais pas la mort de ses habitants et de nombreux marins qui ont été les victimes effectives de décisions politiques et administratives nationales et locales — sur instructions ministérielles, refus par le gouverneur de la Martinique, Louis Mouttet, de faire évacuer la ville et de laisser appareiller les navires ancrés dans la rade — afin d’assurer le second tour d’une élection législative le 11 mai. Référence capitale de l’étude du risque volcanique, et même du risque naturel, elle montre ce qu’il faut éviter de faire à tout prix quand on court un danger naturel » imminent : ne pas prendre la précaution élémentaire de faire évacuer la zone menacée quand il est encore temps ; ainsi, la nuée du 30 août 1902 a fait encore un millier de victimes, car on n’avait toujours pas pris cette précaution ; en revanche, l’éruption de 1929/1932 n’en a pas fait, car toute la population du nord de l’île avait été évacuée. L’éruption type de 1889/1905 dont la nuée ardente catastrophique du 8 mai 1902 n’était qu’une phase, est aussi la référence fondamentale de volcanologie ; c’est la première éruption volcanique qui ait été scrupuleusement étudiée et décrite scientifiquement par Lacroix, Heilprin, Jaggar, Perret et beaucoup d’autres : pour désigner ce type d’éruption Lacroix a utilisé l’expression « éruption péléenne » et pour ses événements destructeurs, l’expression nuée ardente.
Le cadre
La ville de Saint-Pierre s’étendait en bordure de sa rade bien protégée, sur environ 3 km de long et 400 m de large, aux pieds du flanc Sud-Ouest du volcan ; elle était entourée de plusieurs hameaux et villages ; le tout était directement exposé aux effets des éruptions.
Saint-Pierre
Saint-Pierre, le Petit Paris des Antilles. Capitale économique et culturelle de la Martinique — chef-lieu administratif : Fort-de-France, résidence du gouverneur —, le Petit Paris des AntillesN 3 avait une cathédrale, un théâtre, un lycée, un hôpital, une prison, une chambre de Commerce, des consulats étrangers, un journal Les Colonies… Son port — en fait, un mouillage dans la rade, vers 100 m du rivage — accueillait de nombreux navires marchands internationaux pour exporter le sucre et le rhum fabriqués dans ses usines. Découverte le 15 décembre 1502 par Christophe Colomb lors de son quatrième voyage vers les Indes occidentales, puis colonisée à partir de 1635, la Martinique possède l'un des volcans les plus célèbres des Petites Antilles : la montagne Pelée. Ce volcan fait partie de l'arc insulaire des Petites Antilles, long de 850 km ; d'orientation subméridienne et reliant l'Amérique du Sud au Grandes Antilles. Cet arc volcanique est le résultat du plongement et de la fusion subduction de la croûte océanique atlantique sous la plaque Caraïbe. Massif dominant de la Martinique, la montagne Pelée se situe dans la partie nord de l'île. Sa superficie est de 120 kilomètres carrés pour un diamètre de base moyen de 13 kilomètres ; avant l'éruption volcanique de 1902, elle culminait à 1 351 mètres, au Morne-La-Croix qui dominait une caldeira sommitale dite de l'Étang-Sec L'édification de ce volcan devait commencer il y a 300 000 ans environ (la Martinique a environ 50 millions d'années. Trois phases se sont succédées. Au cours du premier stade, le volcan peléen primitif, qui se construit sur le versant sud du mont Conil, émet principalement des coulés de laves massives et autoclastiques, intercalées avec d'épaisses formations lahariques des cendres. Une deuxième phase débute il y a 40 000 ans avec un strato-volcan semblable à celui d'aujourd'hui et animé d'éruptions explosives. Une troisième phase débute il y a 13 500 ans environ ; elle a conduit à l'édification du volcan actuel, au cône central régulier. Des restes de foyers de populations caraïbes ou arawaks retrouvés sous des dépôts volcaniques témoignent de l'activité volcanique préhistorique de la montagne Pelée. D'autres éruptions, majeures ont été datées à 650 ans B.P. et 305 ans B.P. (formation de la caldeira, en 1792 et en 1851-1852. Les phénomènes précurseurs de l'éruption de 1902 datent de 1889 ; ils consistèrent en l'apparition de petites fumerolles dans la caldeira. Ce type d'activité s'était déjà produit en 1792 et en 1851, mais, cette fois-ci, dès le 2 mai 1902, des cendres volcaniques tombent sans interruption. Le 5 mai, le barrage de l'Étang-Sec se rompt et l'eau se déverse en formant rapidement un lahar qui ensevelit une usine et fait vingt-cinq morts. Quelques petits séismes sont enregistrés et, le 8 mai, à 8 heures, une formidable explosion se produit, suivie d'une nuée ardente détruisant tout sur son passage et rasant la ville de Saint-Pierre, où périssent 28 000 personnes, laissant seulement deux survivants, dont Auguste Cyparis, un prisonnier qui dut son salut aux murs épais de son cachot.
Éruption de la montagne Pelée . Le 8 mai 1902, l'éruption de la montagne Pelée, à la Martinique, anéantit la ville de Saint-Pierre, alors capitale de l'île. Vingt-huit mille personnes périssent lors de cette catastrophe. Après la destruction de Saint-Pierre, c'est Fort-de-France qui devient la capitale de la Martinique. Une étude des cadavres a montré que beaucoup de gens sont morts à cause de l'onde de choc précédant la nuée ardente à la vitesse de 600 km/h, qui a fait éclater les corps, mais, de toute façon, la température de la nuée ardente était probablement de l'ordre de 300 à 350 0C. Le nombre des morts peut paraître important pour une explosion que de nombreux signes précurseurs pouvaient laisser prévoir. Mais le climat social et politique en est responsable (le gouverneur ayant refusé l'évacuation de la ville, car des élections devaient avoir lieu). Cette année-là , quatre autres éruptions de la montagne Pelée firent au total 40 000 morts. Ainsi, jusqu'au 6 juin, l'activité du cratère reste violente et l'on peut noter trois nuées ardentes semblables à celle du 8 mai (20 mai, 26 mai et 6 juin). Du 6 juin à la mi-août, on observe un calme relatif ; il est suivi d'une recrudescence jusqu'au 30 août, jour où se produit la plus fantastique nuée ardente de l'éruption, qui détruit les villages de Morne-Rouge et d'Ajoupa-Bouillon. Mais la phase finale sera la plus instructive pour les géologues qui surveillent l'éruption, car elle se caractérise par la construction du dôme et la mise en place d'aiguilles rigides. Le dôme atteint 1 353 mètres et ne cessera de s'accroître jusqu'en septembre 1903 où il finira par s'écrouler. C'est une masse de matières visqueuses, à haute température, couvertes d'une carapace refroidie. L'aiguille commence à pousser au début de novembre 1902. Sa base est située, au départ, à 1 343 mètres ; elle atteint 1 575 mètres le 24 novembre 1902 et 1 600 mètres à la fin de mai 1903. Dans sa première phase d'ascension, l'aiguille croît à une vitesse moyenne de 10 mètres par 24 heures, avec un maximum de 60 mètres par 24 heures. Ensuite, l'activité s'est réduite au fonctionnement de quelques fumerolles. Mais, en 1929, l'activité augmente et une nouvelle éruption se produit entre 1929 et 1932, d'une manière identique à l'activité de 1902, avec nuée ardente, dôme et aiguilles. Depuis lors, seule la morphologie du cône, la présence de quelques sources thermominérales et quelques crises sismiques, qui se produisent parfois comme en 1986, trahissent un volcan actif. Les roches de la montagne Pelée ont des compositions chimiques voisines, mais des structures variables suivant le mode de mise en place. La roche typique est une andésite sursaturée à hypersthène. Les phénocristaux sont composés de plagioclase (bytownite à labrador) ; hypersthène, hornblende sont toujours présents ; olivine, titanomagnétite, ilménite sont des minéraux accessoires. La pâte est à dominance de plagioclases avec hypersthène ; sa texture est plus ou moins ponceuse, plus ou moins vitreuse, parfois franchement dévitrifiée. Le type d'éruption de la montagne Pelée (pyroclastes à 95 p. 100) indique un magma à viscosité et teneur en gaz élevées. Le dégazage se produit le plus souvent en cours d'éruption, proche de la surface et, selon sa violence, la température du milieu donne lieu à tel ou tel phénomène explosif. Quand le dégazage se fait calmement en profondeur, on observe un stade effusif avec mise en place de dômes, dômes-coulées, coulées selon que la température est forte ou moyenne. L'éruption de la montagne Pelée tient une place capitale dans l'histoire de la volcanologie pour des raisons humanitaires aussi bien que scientifiques. À la suite de la catastrophe, la mise en place d'observatoires scientifiques a été décrétée par les pouvoirs publics ; c'est aussi la première fois qu'une nuée ardente et que la construction d'un dôme avec la mise en place d'une aiguille sont décrites. Le terme « nuée ardente » a d'ailleurs été créé par Alfred Lacroix à cette occasion. Yves Gautier
Le volcan
Carte de la montagne Pelée avant l’éruption, par Lacroix, in La montagne Pelée et ses éruptions. Vers le milieu de l’arc de subduction des petites Antilles qui compte neuf volcans actifs, à l’extrémité nord de la Martinique, la montagne Pelée est un strato-volcan gris calco-alcalin, empilement subconique de blocs et de pyroclastites plus ou moins cimentés, enrobant un axe subvertical d’andésite, racine de deux dômes juxtaposés, celui de 1902 au NE et celui de 1929, le plus élevé sommet 1 397 m. Les dômes occupent l’est de la demi-caldeira de l’étang Sec, ouverte au SW vers Saint-Pierre qui s’étend à son pied. Le cône volcanique surface ~ 120 km2, est strié par un réseau dense de ravines rayonnantes dont la principale est la rivière Blanche qui part de l’étang Sec et se jette dans la rade, au nord de Saint-Pierre.
L’activité volcanique
L’activité de la montagne Pelée est modérée, éruptions peu fréquentes, courtes, relativement faibles et lentes, mais son dynamisme magmatique peut être violent et son évolution, difficilement prévisible. En éruption, son magma d’andésite à labrador et hypersthène, très gazeux et très visqueux, produit des nuées ardentes par explosions violentes de dégazage, des lahars par pluies de condensation de vapeur d’eau volcanique et/ou vidange d’étangs temporaires, construit des dômes ou des aiguilles plus ou moins vacuolaires instables, mais pas de coulées de lave. Actuellement, elle n’émet même pas quelques fumerolles.
Les éruptions anciennes
La première phase d’activité de l’arc antillais se serait produite entre -50 et -25 Ma. La phase actuelle aurait débuté vers -5 Ma, d’abord au morne Jacob, ~ -5/-2 Ma, et au piton du Carbet, ~ -2/-1 Ma, puis au piton Conil, < -0,5 Ma. La montagne Pelée se serait formée il y a environ 300 000 ans sur le bord nord de la dépression de Saint-Pierre entre le morne Jacob et le piton Conil. Lors de l’épisode actuel qui aurait débuté il y a environ 13 500 ans, elle aurait eu une trentaine d’éruptions pliniennes ou péléennes, en groupes alternants plus ou moins longs et nombreux, non cycliques. Vers 300, le volcan aurait produit une éruption qui aurait freiné le peuplement caraïbe de la Martinique. Peut-être à la suite d’une éruption au XVIe siècle, les Caraïbes auraient appelé le volcan « montagne de Feu. Lors de l’arrivée des Français le 15 septembre 1635, le volcan venait de produire une éruption péléenne - dôme dans le cratère sommital, plusieurs nuées ardentes…, destruction de la végétation sur toute la surface du volcan d'où la dénomination de montagne Pelée. Depuis, le volcan a eu quatre éruptions documentées en un peu plus de 200 ans : dynamisme phréatique en 1792 et 1851/1854 paroxysme le 5 août 1851 ; dynamisme magmatique péléen en 1889/1905 paroxysmes les 8 mai et 30 août 1902 et 1927/1932 paroxysme le 18 octobre 1929.
L’éruption de 1889/1905
Après une accalmie d’une trentaine d’années, l’éruption a débuté en 1889 ; ses événements majeurs sont la nuée ardente du 8 mai 1902 et celle plus puissante du 30 août. Les événements précurseurs : Le volcan est loin de s’être réveillé brusquement et de façon inattendue : 1889, début de l’éruption : fumerolles intermittentes dans l’étang Sec, cratère sommital ; février 1902 : permanence et intensification des fumerolles sulfhydriques ; pas d'inquiétude ; mardi 22 avril : rupture du câble télégraphique vers la Guadeloupe ; mercredi 23 avril, début de la phase phréatique : séismes, grondements souterrains, pluie de cendres au sud et à l’ouest sur Saint-Pierre ; vendredi 25 avril : nuage de cendres ; en bordure de l'étang Sec, construction d'un cône de pyroclastite ; samedi 26 avril : les cendres couvrirent Saint-Pierre et les environs ; pas d'inquiétude ; dimanche 27 avril : l'étang Sec se remplit d’eau bouillonnante jaillissant du cône de pyroclastite haut d’environ 15 m ; forte odeur de soufre dans les rues de Saint-Pierre et à 10 km alentour ; premier tour des élections législatives ; mercredi 30 avril : dans la ravine Roxelane qui traversait Saint-Pierre et au nord dans celle des Pères, lahars charriant des rochers et des arbres arrachés au sommet ; au nord, les villages du Prêcheur et de Sainte-Philomène furent couverts de cendres ; vendredi 2 mai à 11 h 30, début de la phase magmatique : séismes, éclairs, violentes détonations ; soleil masqué ; couche de cendres épaisse de plusieurs centimètres sur toute la partie nord de la Martinique ; samedi 3 mai : le vent renvoya le nuage de cendres vers le nord, dégageant provisoirement Saint-Pierre ; séismes ; rupture du câble télégraphique vers la Dominique ; dimanche 4 mai : retour et intensification des chutes de cendres ; toutes les ravines étaient en crue ; coupures des routes vers le nord ; début d’affolement et de départs ; lundi 5 mai : le matin, calme apparent du volcan ; chassés des hauts par l’eau et les cendres brûlantes, à l’embouchure de la rivière Blanche, invasion de l’usine Guèrin par des myriades de fourmis fourmis-fous et de scolopendres (bêtes-mille-pattes) venimeux, et dans les rues de Saint-Pierre, invasion de serpents fer-de-lance dont la morsure est mortelle - ~ 50 personnes et plus de 200 animaux tués1 ; ensuite, le débordement de l’étang Sec produisit un lahar dans la rivière Blanche qui ensevelit l’usine Guérin sous plus de 6 m de boue brûlante – 23 victimesA 1 –, provoqua un tsunami inondant les bas-quartiers de Saint-Pierre et coupant toutes les liaisons télégraphiques avec les îles voisines ; rupture du réseau électrique surchargé par les cendres humides ; mardi 6 mai : début de la formation du dôme au bord de la caldeira de l'étang Sec ; expulsion explosive continue de cendres incandescentes ; pluies torrentielles condensation de la vapeur d’eau et lahars dans toutes les ravines ; rade couverte d’un épais tapis de cendres, ponces et débris végétaux ; mercredi 7 mai : calme apparent, car l’obstruction du cratère par le dôme en surrection bloquait l’expulsion des gaz et des pyroclastites, préparant l’explosion finale du bouchon du cratère, sous l’énorme pression de dégazage du magma ; nuit du 7 au 8 mai : d'intenses orages provoquent des coulées de boue ; entre 3 et 4 heures du matin, elles dévalent les pentes et touchent Macouba, Basse-Pointe et Grand'Rivière ; celle qui fait déborder la rivière du Prêcheur cause le décès de 400 personnes au Prêcheur et aux Abymes ; cet événement étant survenu très peu de temps avant le paroxysme, son information ne sera pas diffusée
Jeudi 8 mai : nuée ardente dévastatrice
Le jeudi 8 mai, jour de l'Ascension, une explosion se produisit dans le cratère de l’étang Sec, dont le flanc était largement échancré depuis la coulée du 5 mai. Un souffle puissant, suivi en trois minutes par un immense nuage toxique, la nuée ardente, bloquée vers le nord et l’est par la falaise de la caldeira et le dôme, emprunta la brèche de l’étang Sec vers la rivière Blanche, déferla à plus de 500 km/h sur la ville et, à 7 h 52, en moins d’une minute, la détruisit en grande partie et incendia les navires ancrés dans la rade. L’explosion du bouchon provoqua un embrasement du cratère et une onde de choc atmosphérique supersonique ~ 450 m/s, 30 hPa de surpression instantanée ; puis une épaisse émulsion brûlante ~ 1 000 °C de gaz, d’eau et d’éléments solides en suspension s’échappa d’une bouche au pied du dôme, produisant un panache noir en forme de champignon haut de plus de 4 km au-dessus du volcan, visible à plus de 100 km de distance ; il s’effondra sur lui-même et la nuée descendante axée sur la rivière Blanche, couvrit de boue, de blocs et de cendres une zone triangulaire étang Sec/Prêcheur/Saint-Pierre, de plus de 40 km2 et s’arrêta au milieu de la rade à plus de 1 500 m du rivage. Des incendies et des lahars aggravèrent les destructions. Selon l’endroit où elles se trouvaient dans la zone ravagée par la nuée ardente, les 30 000 victimes succombèrent à l’onde de choc atmosphérique, à l’inhalation de gaz brûlants, à de profondes brûlures, à des chutes de blocs volcaniques, à des écroulements de bâtiments… Deux survivants durent leur salut à la solidité ou à l’éloignement des bâtiments qu’ils occupaient, mais furent gravement brûlés. Premier secours venant de Fort-de-France, le croiseur Suchet se présenta à l’entrée de la rade à 12 h 30, mais la chaleur l'empêcha d'y entrer avant 15 h ; il put secourir des marins et des passagers du Roraima puis des autres navires en feu au mouillage dans la rade ; la plupart moururent à terre ; une vingtaine survécurent.
Les événements suivants
Il y eut huit nuées entre le 8 mai et le 30 août, puis d’autres de moins en moins violentes, une soixantaine au total jusqu’à fin 1903. L’épaisseur cumulée des couches de cendres qu’elles ont déposé a dépassé 3 m rue Levassor déblayée. 20 mai : éruption plus violente que la première ; retombées de cendres sur toute l’île ; achèvement des destructions ; quelques victimes, des pillards ; appelée éruption sanitaire, car les cendres recouvrant les cadavres empêchèrent leur décomposition. 26 mai, 6 juin, 9 juillet : nuées analogues ; 30 août : nuée beaucoup plus étendue vers le sud et l'est – accroissement de la surface détruite ~ 60 km2. Moins explosive et moins brûlante < 120 °C - fonte du soufre), ses éléments incandescents incendièrent néanmoins la végétation et les habitations et pour cela fit environ 1 400 victimes dont au moins 800 au Morne-Rouge, 250 à L'Ajoupa-Bouillon, 25 à Basse-Pointe et 10 au Morne Capot, car aucune disposition n'avait été prise pour évacuer les habitants. De novembre 1902 à septembre 1903, surrection de l'aiguille filée par une crevasse du dôme ; écroulements successifs aux départs des nuées ; hauteur maximale atteinte ~ 310 m. Après juillet 1905 et jusqu’en 1910, quelques fumerolles et lente surrection du dôme ; extinction apparente.
Éruption de 1929/1932
Les effets de cette éruption magmatique, un peu moins violente mais plus durable, ont été limités aux destructions matérielles, car on avait pris la précaution d’évacuer toute la population du nord de l’île, en utilisant la carte de risque levée par Perret et ses observations depuis le morne des Cadets où il établit ensuite l’observatoire qui assure toujours la sécurité du nord de l’île. fin août : grondements et fumerolles acides ; 16 septembre : explosions ; panique à Saint-Pierre ; mi-octobre : intensification des explosions de plus en plus violentes ; évacuation de la population ; mi-novembre : début des nuées ; 16 décembre 1929 : nuée la plus violente ; début de la surrection du second dôme ; 1930/1932 : diminution progressive de l’activité ; début de l’assoupissement actuel.
La vie à Saint-Pierre avant le 8 mai
Les effets sans victimes, en grande partie limités aux alentours du cratère3, des éruptions phréatiques de 1792 et 1851/1854 étaient connus mais vus comme des curiosités pittoresques. Il en fut ainsi jusqu’au 27 avril 1902, jour du premier tour de l’élection législative. À partir du 2 mai, les événements inquiétants se succédèrent, mais en pleine campagne électorale, l’administration voulait que le second tour de l’élection — prévu le 11 mai — se passât normalement, les personnalités de la ville se partagèrent en partisans et adversaires de l’évacuation de la ville selon leurs opinions politiques et le journal Les Colonies ne publiait pas d’article alarmant sur le comportement du volcan ; 3 mai : inspection du gouverneur Louis Mouttet ; consignation de la troupe mise en état d’alerte ; innombrables confessions dans la cathédrale et les églises ; 4 mai : information du ministère à Paris et demande d’instructions par le gouverneur ; annulation d’une excursion sur le volcan ; 5 mai : début de panique à la suite de la destruction de l’usine Guérin ; nouvelle inspection du gouverneur et nomination d’une commission d'étude ; afflux de réfugiés des alentours ; 6 mai : plus d’électricité et pénurie de nourriture ; maintien de l’ordre par la troupe ; déclaration rassurante du maire ; départs d’habitants refoulés par la troupe sur la route de Fort-de-France ; 7 mai : dernier numéro du journal Les Colonies consacré à l’éruption et aux élections ; avis scientifique rassurant sur l’évolution de l’éruption ; retour du gouverneur accompagné de son épouse pour rassurer la population ; interdiction aux navires d’appareiller, mais le navire napolitain Orsolina y contrevint sous menaces d’arrestation de son commandant le capitaine Ferrata qui répliqua aux douaniers le menaçant de lourdes sanctions : Qui me les appliquera ? Demain, vous serez tous morts. Ce navire sera le seul de tous ceux qui se trouvaient dans la rade, à avoir échappé à la catastrophe en partant avant.
Causes de la catastrophe
Comme toutes les catastrophes dites naturelles, celle-ci a eu deux causes, l’une naturelle - la nuée ardente irrépressible, aux effets inévitables, mais qui n’auraient pu être qu’écologiques et matériels - et l’autre humaine - la décision de ne pas faire évacuer la ville et de ne pas autoriser le départ des navires à l’ancre, dont la conséquence a été la mort de la population et de celle des marins et passagers. On savait évidemment que les éruptions volcaniques étaient susceptibles de provoquer des catastrophes et on en connaissait les effets décrits à propos de celles du Vésuve 79, 1631 du Laki 1783, du Krakatoa 1883… Mais on ignorait pratiquement tout du déroulement, ainsi que de la nature et de la contingence des événements dangereux : le 7 mai, 150 km plus au sud, une nuée ardente de l’éruption en cours de la Soufrière de Saint-Vincent avait fait près de 2 000 victimes malgré l’évacuation de la population exposée ; à Saint-Pierre, les autorités le savaient, mais n’en ont pas tiré la leçon qui s’imposait ; les géologues et journalistes américains arrivés sur place le 21 mai avec le Dixie furent stupéfiés par l’aspect, la nature et l’ampleur des destructions. Cause naturelle inconnue, sous-estimée, négligée ? Quoi qu’il en soit, c’est bien pour assurer le déroulement du second tour de l’élection législative que les autorités politiques et administratives ont empêché l'évacuation de Saint-Pierre, cause humaine qui a provoqué la catastrophe humanitaire.
Ensuite
Les rescapés À Saint-Pierre, dans la zone ravagée par la nuée ardente, il n’y eut que trois rescapés : Louis-Auguste Cyparis, un ouvrier de 27 ans, enfermé dans le cachot de la prison pour avoir participé à une rixe meurtrière dans un bar - le cachot aux murs très épais, n'avait qu’une étroite ouverture sur sa façade opposée au volcan. Il en fut extrait le 11 mai. Bien qu'horriblement brûlé, il survécut, fut gracié et devint célèbre comme l'homme qui a vécu le jour du jugement dernier au cours d’une tournée aux États-Unis du plus grand spectacle au monde du cirque Barnum and Bailey's ; il fut le premier noir célèbre dans le monde du spectacle aux États-Unis. Léon Compère dit Léandre, jeune et robuste cordonnier qui vivait dans un bâtiment aux murs épais situé en bordure de la zone dévastée ; Havivra Da Ifrile, petite fille échappée in extremis sur la barque de son frère, qui fut recueillie en mer par le Suchet. Au mouillage dans la rade, sur le Roraima puis sur les autres navires en feu, des marins et des passagers ont été secourus par le Suchet ; la plupart moururent à quai, seule une vingtaine survécut.
L'aide aux sinistrés
La plupart des quelque 22 000 rescapés des communes environnantes se réfugièrent à Fort-de-France où ils trouvèrent le dénuement et l'insécurité. Le gouverneur intérimaire G. Lhuerre décida de les renvoyer chez eux dès le 5 août 1902 ; mais les routes vers le nord étaient impraticables ; pour les inciter néanmoins à partir, il décida qu’ils ne recevraient plus aucun secours en nature après le 15 août. Dès le 13 mai 1902, un comité officiel d'assistance et de secours aux victimes a été créé et une souscription nationale a été ouverte par le ministre des Colonies. À sa dissolution, en 1904, le comité avait récolté près de 10 millions de francs or. À l’étranger, les États-Unis, les plus proches des Antilles, intervinrent les premiers : le président Theodore Roosevelt fit voter par le Congrès un crédit de 200 000 dollars (environ un million de francs or), pour l'achat de 1 250 tonnes de vivres, médicaments…, apportés par le croiseur Dixie parti de New York le 14 mai et arrivé le 21 mai ; un crédit supplémentaire de 300 000 dollars fut ensuite alloué aux sinistrés. En Europe, le Royaume-Uni, l’Italie, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Russie… participèrent à cette aide humanitaire pour en moyenne 5 000 dollars chacun.
Conséquences sociales, politiques et économiques
Les conséquences sur la vie sociale, politique et économique de la Martinique furent considérables : Fort-de-France, déjà chef-lieu administratif, devint la ville principale de l’île et il ne resta de Saint-Pierre qu’un gros village agricole ; l'orphelinat de l'Espérance fut créé à Fort-de-France pour accueillir de nombreux enfants ; une partie de la population sinistrée fut relogée dans d'autres villages de la Martinique, sur la côte nord-atlantique et dans le sud de l'île. D'autres partirent pour la Guadeloupe, Sainte-Lucie, Trinidad, la Guyane, le Panama, le Venezuela…
Naissance de la vulcanologieN 10 scientifique
Avant cette catastrophe, la vulcanologie n’était qu’une branche mineure de la géologie. Elle devint une science à part entière à la suite des nombreuses observations que firent sur place de nombreux géologues et aux comptes-rendus qu’ils publièrent. Le 21 mai, avec les premiers secours, le Dixie amena aussi sur place plusieurs géologues, Heilprin, Hovey, Jaggar… pour étudier l’événement ; Lacroix arriva sur place le 23 juin et en repartit le 1er août. Aucun d’entre eux n’avait pu assister à une nuée ardente et ils donnèrent diverses interprétations différentes du phénomène en cause. Revenu précipitamment après le second désastre du 30 août, Lacroix effectua l’étude détaillée de plusieurs nuées auxquelles il assista jusqu’en mars 1903 ; il en décrivit de façon détaillée la forme et le comportement, expliqua l’origine et la raison de leur dangerosité et produisit le premier rapport de vulcanologie scientifique publié pour le grand public par Masson sous le titre La montagne Pelée et ses éruptions. Perret fit ensuite l’étude complète de l’ensemble de l’éruption de 1929/1932, en a dressé la carte détaillée et a créé l’observatoire du morne des Cadets.
Effets sur la nature
Évidemment, l’éruption a aussi ravagé la végétation et la plus grande partie de la faune dans la zone affectée par les nuées successives ; en particulier, on lui attribue la disparition du rat musqué de la Martinique.
Visites à Saint-Pierre Commémorations :
Monument derrière la cathédrale reconstruite ; Statue de Frank Perret à l’entrée sud de la ville. Musées : La maison des volcans : photographies, articles de journaux... ; Musée vulcanologique Frank Perret : objets, gravures, photographies, témoignages... Ruines : Rue Levassor : déblayée de cendres sur plus de 3 m d'épaisseur ; Théâtre : escaliers, dallage, pans de murs… ; Église du Fort : ruines conservées en l’état ; Cachot de Cyparis : les murs épais du cachot ont sauvé la vie du prisonnier ; Asile Bethléem : ruines de la chapelle ; Épaves de navires coulés : une douzaine d’épaves, la Gabrielle, le Roraima, le Dalia, le Diamant, le Tamaya… échouées dans la rade par plus de 100 m de fond, constituent un site remarquable d’archéologie sous-marine et de plongée. Observatoire du morne des Cadets à Fond-Saint-Denis : installé par Perret pour surveiller le volcan ; panorama magnifique de l’ensemble du site. Musée Frank Perret : bourdon de la cathédrale déformé par la chaleur. Ruines du théâtre. Cachot de Cyparis. Ruines de l'asile Bethléem. Les différentes ruines et les épaves des navires coulés lors de l'éruption ont fait l'objet d'une demande de classement au patrimoine mondial de l'UNESCO. La décision n'est à ce jour pas encore prise.
Posté le : 06/05/2016 21:56
Edité par Loriane sur 07-05-2016 13:50:18 Edité par Loriane sur 07-05-2016 14:01:55
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