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De Montpellier
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Le 28 février 1877 naît Henri Breuil à Mortain Manche
connu sous le nom de l'abbé Breuil, mort le 14 août 1961 à L'Isle-Adam Val-d'Oise à 84 ans, à l'époque Seine-et-Oise, est un prêtre catholique et préhistorien français. Il fut surnommé le pape de la Préhistoire, il s’est illustré par ses contributions à la classification des industries paléolithiques et à l’étude de l’art pariétal préhistorique. Son activité principale est : Archéologie, anthropologie, ethnologie et géologie. Il reçoit plusieurs distinctions , la médaille Daniel Giraud Elliot 1924 puis Commandeur de la Légion d'honneur 1958. Il est enterré à Belleu Aisne.
En bref
Originaire d'une famille de bourgeoisie provinciale, Henri Breuil passe son enfance à Clermont-de-l'Oise, où son père est procureur de la République, fait ses études au collège de Saint-Vincent de Senlis, entre au séminaire d'Issy-les-Moulineaux 1895, puis à Saint-Sulpice à Paris 1897, où il est ordonné prêtre 1900. Libéré des servitudes paroissiales, il entreprend une carrière d'homme de science, avec l'accord de l'Église, à laquelle il manifesta, sa vie durant, une stricte obéissance. Son existence s'identifie avec le développement de l'étude de la préhistoire dans la première moitié du XXe siècle, mais il est excessif, comme on l'a fait, de le qualifier de père de la préhistoire ; tout au plus a-t-il souhaité en être le pape, comme il disait plaisamment, et en a-t-il été effectivement un des plus efficaces serviteurs. Quelques dates jalonnent une carrière sans problèmes : 1901, découverte avec R. Capitan et D. Peyrony de la grotte ornée des Combarelles, aux Eyzies Dordogne ; 1902, voyage avec E. Cartailhac à Altamira ; 1905-1910, privat-docent à la faculté des sciences de Fribourg, Suisse ; 1910, professeur d'ethnographie préhistorique à l'Institut de paléontologie humaine, fondé par le prince Albert Ier de Monaco ; 1929, professeur au Collège de France chaire de préhistoire ; 1938, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Henri Breuil voyage beaucoup, se rend fréquemment en Espagne et au Portugal, va en Chine 1931 et 1935, en Éthiopie 1933, et plusieurs fois en Afrique du Sud 1929, 1942-1945, 1947-1949, 1951. Il réalise une œuvre immense dont témoignent des centaines de publications, avec des activités et des intérêts multiples qui se sont constamment chevauchés. Ses contributions essentielles ont trait au Paléolithique inférieur, au Paléolithique supérieur, à l'art franco-cantabrique et, enfin, aux peintures rupestres d'Afrique. L'étude géologique des terrasses de la Somme H. Breuil et L. Koslowski, Études de stratigraphie paléolithique dans le nord de la France, la Belgique et l'Angleterre, in L'Anthropologie, t. XLI, 1931 ; t. XLII, 1932 et, en Angleterre, des gisements de Clacton-on-Sea et de High-Lodge H. Breuil, Le Clactonien, in Préhistoire, fasc. II, 1932 sert de fondement à la théorie des phylums parallèles qu'il propose pour les industries du Paléolithique ancien. Outre les industries à bifaces dès longtemps reconnues (Chelléen ou Abbevillien, Acheuléen et Micoquien, il existe des industries sans bifaces, avec outils sur éclats Clactonien, Tayacien, Levalloisien). Elles évoluent parallèlement, les premières se manifestant dans les périodes chaudes interglaciaires, les secondes dans les périodes froides glaciaires. Cette théorie repose sur l'attribution de la basse terrasse de cinq mètres de la Somme à la glaciation de Riss, et sur l'affirmation qu'il existe une industrie autonome sans bifaces, à éclats Levallois, le Levalloisien. Ces points ont été contestés par F. Bordes, et la théorie n'est plus admise F. Bordes, Les Limons quaternaires du Bassin de Paris. Stratigraphie et archéologie paléolithique, Paris, 1954. Contre les partisans de G. et A. de Mortillet qui, pour des raisons théoriques, soutiennent que le Solutréen est antérieur à l'Aurignacien, et en s'appuyant sur les stratigraphies établies par A. et J. Bouyssonie, D. Peyrony et lui-même Laussel, le Ruth, le roc de Combe-Capelle, etc., H. Breuil mène et gagne la bataille de l' Aurignacien présolutréen 1909. En 1912, il rassemble, compare et critique tous les documents valables sur le Paléolithique supérieur de la région classique et en établit magistralement les caractéristiques typologiques et la séquence évolutive (Les Subdivisions du Paléolithique supérieur et leur signification, Genève, 1912. Henri Breuil effectue par milliers des relevés de gravures et de peintures dans les grottes franco-cantabriques Pair-non-Pair, La Mouthe, les Combarelles, Font-de-Gaume, Altamira, Le Castillo, Niaux, Le Portel, La Pileta, Minateda, les Trois-Frères, etc.. Il établit un classement chronologique de l'art rupestre d'après les superpositions de figures et les comparaisons de style avec les objets d'art mobilier, datés par les niveaux qui les contiennent ; cycle aurignaco-périgordien, avec figures en « profil absolu », avec une seule patte par paire, et encornures, oreilles, sabots, en perspective tordue, vus de face pour un animal de profil ; cycle solutréo-magdalénien, avec figures en perspective naturelle. Il attribue à la période paléolithique les peintures des abris du Levant espagnol que les savants datent, actuellement, d'une époque beaucoup plus tardive. En Éthiopie, il relève les peintures de la grotte du Porc-Épic 1933, en Afrique du Sud la « Dame blanche de Brandberg, dans le Tsibab-Ravine 1947 et dans l'Érongo les fresques de Philip Cave 1951 : la présence dans ces peintures d'un type ethnique à peau claire et cheveux roux, différent des populations actuelles, lui fait supposer des migrations ou des influences de Nilotiques méditerranéens ? À la fin de sa vie, il les datait de ~ 1500, attribution trop ancienne d'après les spécialistes sud-africains. Pénétrant esprit d'observation, l'abbé Breuil, qui avait une rapidité incisive de jugement, était porté par une insatiable curiosité. Il vérifie, contrôle, trie, classe, compare les innombrables documents de la préhistoire, conclut, conscient, parfois à l'excès, de son génie, passionné, abrupt. Il a formé peu d'élèves, sans doute parce que son impatience souffrait mal la contradiction. Denise de Sonneville-bordes
Sa vie
Né d'un père procureur de la République à Mortain et à Clermont-de-l'Oise et de Cécile Morio de L'Isle, petite-fille du général Annet Morio de L'Isle, il entre au séminaire Saint-Sulpice en 1895 en même temps que Jean Bouyssonie 1877-1961, il suit les cours de sciences naturelles de Jean Guibert, auteur d'un traité intitulé Les Origines, questions d'Apologétique sur les rapports de la science et de la religion. Son enseignement fait une large place aux idées évolutionnistes alors relativement nouvelles. Il va faire un certain nombre de rencontres cruciales qui vont conforter son intérêt pour la science préhistorique naissante : Geoffroy d’Ault du Mesnil, Louis Capitan en 1896, Édouard Piette en 1897, chez qui il peut admirer des chefs-d’œuvre de l’art mobilier préhistorique, Denis Peyrony. Ordonné prêtre le 9 juin 1900 à Saint-Sulpice, Henri Breuil obtient de ne pas être attaché à une paroisse après plusieurs tentatives infructueuses, grâce à l’évêque de Soissons que connaît bien son grand-père maternel qui fut sous-préfet. Il peut ainsi se consacrer entièrement à ses travaux de préhistorien dans un but d'apologétique catholique. Il obtient sa licence d'histoire naturelle en 1904.
Un préhistorien de renommée internationale
Dès 1905, il enseigne la préhistoire à l’université de Fribourg, puis à Paris prend en charge la chaire d'ethnographie historique de l’Institut de paléontologie humaine en 1910, ce qui fait de lui le premier préhistorien professionnel de France. Il enseigne au Collège de France de 1929 à 1947. Il est nommé membre de l’Institut de France en 1938. Bien que détestant l'enseignement, il construit paradoxalement sa carrière dans ce domaine afin de le faire reconnaître et financer par l'université et la Caisse des monuments historiques et préhistoriques.
Apport à la connaissance de la préhistoire Henri Breuil et l’art pariétal
En 1901, avec Louis Capitan et Denis Peyrony, il participe à la découverte de deux grottes ornées majeures de Dordogne, les Combarelles et Font-de-Gaume. Il commence à réaliser des relevés des gravures de la première et des peintures et gravures de la deuxième. En 1902, Émile Cartailhac le convie à étudier les peintures de Marsoulas et d’Altamira. Dès lors, il va participer à l’étude de nombreux sites ornés, en France les grottes du Tuc d’Audoubert, des Trois-Frères et de Saint-Cirq dite grotte du Sorcier, en Espagne Castillo, Tajo de las Figuras mais aussi en Afrique du Sud. Il sera notamment le premier préhistorien à visiter et décrire sommairement la grotte de Lascaux, avant de gagner l'Afrique. Ses études vont lui permettre d'être reconnu désormais comme le spécialiste international de l'art pariétal préhistorique : en 1929, il reçoit une chaire au Collège de France, et en 1935, il obtient la première chaire du genre à l'université de Bordeaux. Son ouvrage majeur, Quatre cents siècles d'art pariétal, paru en 1952, dresse pour la première fois un panorama de l'art pariétal paléolithique franco-cantabrique connu à l'époque et lui confère une autorité mondiale. Ce livre est l'aboutissement de plus de 700 jours d’études sous terre. Henri Breuil s'attache avant tout à relever et à décrire minutieusement les œuvres paléolithiques et à en préciser la chronologie qu'il imagine se dérouler en deux cycles successifs. Plus tard, malgré son âge et ses difficultés visuelles, il ira authentifier les découvertes de Rouffignac révélées par le Spéléo-Club de Périgueux dès 1948 et reconnues seulement en 1954 par Louis-René Nougier et Romain Robert et de Villars découvertes par ces mêmes spéléologues.
Henri Breuil et les industries préhistoriques
Prenant conscience de l'importance des phénomènes périglaciaires, sa contribution majeure concernant les industries lithiques reste sa révision de stratigraphies de références du Paléolithique supérieur et la restitution en 1906 de la véritable position de l’Aurignacien dans la chronologie de cette période, au terme d'une étude méthodique de l'outillage lithique et osseux d'Europe en stratigraphie menée depuis 1905. Sa passion le conduit à s’intéresser à toutes les formes de la culture matérielle paléolithique, toutes périodes confondues. Avec le père Pierre Teilhard de Chardin, exilé en Chine dans les années 1930, il participe aux recherches concernant le Sinanthrope à Zhoukoudian en Chine. Il s’intéressa aux découvertes faites dans les gravières du quartier de Montières à Amiens et proposa de donner le nom de levalloisien pour désigner les industries à éclats sans biface dont de nombreux exemplaires furent trouvés de 1930 à 1950 à Montières. Il distingua également d'autres industries avec éclats le Clactonien et le Tayacien, en 1932. En 1939, l'abbé Breuil proposa de substituer le nom d'Abbevilien à celui de Chelléen aux plus anciens silex taillés grossièrement et de façon irrégulière trouvés à Abbeville.
Henri Breuil et l'Afrique
Ses nombreux voyages en Afrique lui permettent de se lier à sir Ernest Oppenheimer, alors leader mondial de l'industrie de l'or et du diamant. Il peut examiner de nombreuses collections et livrer les premières publications synthétiques traitant de la Préhistoire africaine. En Afrique du Sud, il prend une part importante au développement académique de la discipline et est même élu Président de la South African Archeological Society. Il se lie d'amitié avec le maréchal Jan Smuts, grâce à qui il obtient les moyens financiers et logistiques de ses expéditions. Plus tard, il se lie avec l'anthropologue sud-africain Phillip Tobias. En 1918, le prospecteur et topographe allemand Reinhard Maack découvre sur une paroi rocheuse, une importante fresque rupestre, dans les monts du Brandberg 2 573 m, le plus haut massif montagneux de Namibie. En 1947, Henri Breuil visite cette découverte dont le personnage central, qu'il appelle la Dame blanche, le hante depuis qu'il a appris son existence dix-huit ans auparavant.
Principales publications
Henri Breuil a publié plus de 800 contributions concernant la Préhistoire en général et l'art préhistorique en particulier, ainsi que quelques-unes concernant la botanique et l'entomologie. « La question aurignacienne. Étude critique de stratigraphie comparée, in Revue préhistorique, II, 1907, p. 173-219. « Les subdivisions du Paléolithique supérieur et leur signification, in Cong.int. d'Anthr. et d'Arch. préhist., 1912, p. 165-238. « Découverte d'une remarquable grotte ornée, au domaine de Lascaux, Montignac Dordogne, in C.R. de l'Acad. des Inscr. et Belles-Lettres, séance du 11 oct. 1940, p. 387-390 Quatre cents siècles d’art pariétal, Centre d'Études et de Documentation préhistoriques, 1952. Des descriptions inédites de grottes ornées par H. Breuil Bernifal, la Mouthe, Combarelles II, la Calèvie devaient être publiées par l'abbé André Glory, décédé accidentellement en 1966. Elles ont été publiées par Brigitte et Gilles Delluc et D. Vialou en 1994, 1995 et 2006 dans le Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord.
Posté le : 26/02/2016 19:57
Edité par Loriane sur 27-02-2016 16:33:09 Edité par Loriane sur 27-02-2016 16:33:49
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