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De Montpellier
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Le 21 février 1878 à Paris 9e naît Mirra Alfassa
de son vrai nom Blanche Rachel Mirra Alfassa, morte le 17 novembre 1973 à 95 ans, à Pondichéry en Inde, aussi surnommée Douce Mère ou la Mère, a pour identité Mirra Richard. Elle a la double nationalité françaies et Indienne, elle reçoit une formation à l'académie Julian. Elle est connue pour son parcours spirituel et mystique avec Sri Aurobindo et ses écrits et pour être à l'origine de la cité d'Auroville en Inde.
Sa vie
Sa mère, Mathilde Ismalun, née à Alexandrie en Égypte, et son père, Moïse Maurice Alfassa, banquier, né à Adrianople, en Turquie, tous deux de confession juive, s'installent en France en 1877. Son frère aîné, Matteo Mathieu Maurice, né à Alexandrie, devient gouverneur des colonies. Elle étudie la peinture et se marie le 13 octobre 1897 à l'âge de 19 ans avec le peintre Henri Morisset, disciple de Gustave Moreau, dont l'atelier était au 15, rue Lemercier à Paris. Son fils André nait le 23 août 1898. En 1904, elle rencontre pour la première fois Louis Bimstein dit Max Théon. Elle effectue un séjour à Tlemcen de 1905 à 1906, puis en 1907. Elle fonde ensuite sa première association : Idea. Elle divorce en 1908 et se remarie avec Paul Antoine Richard 17 juin 1874 - juin 1967 en avril 1911. Elle se rend en Inde avec son mari en 1914 à Pondichéry Puducherry et rencontre Sri Aurobindo. Elle passe une première année à Pondichéry, revient en France en novembre 1915 puis part quatre ans au Japon à partir du 18 mai 1916 avec Paul Richard et revient définitivement à Pondichéry auprès de Sri Aurobindo en avril 1920. Son mari Paul Richard la quittera en novembre 1920. Lorsque Sri Aurobindo se retire en 1926, il laisse à Mirra Alfassa — qu'il a commencé à appeler Mère— la direction de l'ashram qu'elle organise et développe. Elle assiste aux derniers moments de Sri Aurobindo lors de son décès en 1950.
Elle fonde le 28 février 1968, en présence du président de l'Inde, Auroville au nord de Pondichéry dans le sud du Tamil Nadu, une communauté internationale soutenue par l'UNESCO, dont la vocation est de réaliser l'unité humaine.
Elle meurt le 17 novembre 1973 à Pondichéry. Elle laisse derrière elle une œuvre écrite importante, notamment son journal Prières et méditations, les Entretiens — causeries aux membres de l'Ashram — et les treize tomes de L'Agenda de Mère recueillis par un de ses disciples, le Français Satprem Bernard Enginger, qui raconte ce qu'elle nomme sa percée au cœur de la matière, pour donner naissance à ce qu'elle nomme l'espèce nouvelle ou la vie sans mort. Sri Aurobindo écrit dans The Mother 25.49 : Elle travaille ici, dans le corps, pour faire descendre quelque chose qui ne s'est pas encore exprimé en ce monde matériel et qui transformera la vie ici-bas.
Alfassa Mira dite La mère 1878-1973
L'âshram de Shrî Aurobindo était dirigé depuis 1926 par une femme que les disciples vénéraient comme une incarnation de la Mère divine. On ne l'appelait donc que « Mère », et depuis la mort du maître 1950 elle assumait également la fonction d'inspiratrice spirituelle, qui à l'origine était dévolue à Shrî Aurobindo. Juive d'origine égyptienne, Mira Alfassa était française ; née à Paris en 1878, elle épousa d'abord un peintre du nom de Morisset, puis un avocat, Richard. C'est au cours d'un séjour avec celui-ci dans l'Inde française qu'elle rencontra Aurobindo 1922. Associant désormais sa vie à celle de ce dernier, elle devient sa proche collaboratrice et fonde avec lui l'âshram centre spirituel de Pondicherry. Le fils qu'elle avait eu de M. Morisset y joua le rôle de secrétaire général après la Seconde Guerre mondiale. Entre 1926 et 1973 date de sa mort, la Mère donne une puissante impulsion à l'organisation matérielle de l'âshram officiellement : Shrî Aurobindo Society qui devient une importante entreprise capitaliste. Son génie de l'organisation, joint à une autorité rigoureuse et s'exerçant sans partage, a permis à la Mère de réaliser une œuvre certainement promise à durer. Son influence sur le plan spirituel est plus difficile à apprécier puisqu'il s'agit là d'un domaine où les témoignages ne peuvent être que subjectifs. Du moins la Mère a-t-elle toujours dit qu'elle ne faisait que transmettre l'influence supramentale issue d'Aurobindo lui-même, limitant ainsi volontairement son rôle à celui d'un intermédiaire entre le maître et ses disciples.Jean Varenne
Œuvre écrite
Prières et Méditations 1912-1919. Première édition en 1932. La Découverte suprême 1912. Première édition en 1937 Paroles d'Autrefois 1946 Quelques Paroles 1951 Quelques Réponses 1964 Éducation 1952 Les Quatre Austérités & Les Quatre Libérations 1953 Le Grand Secret 1954 Commentaires sur le Dhammapada 1960 White Roses 1964-1970 Sri Aurobindo, Pensées et Aphorismes. Deux Volumes commentés par la Mère. Entretiens 1929-1958, Huit tomes publiés pour la première fois de 1933 à 1972. Trad. T. I : Entretiens. 1929, Shri Aurobindo Ashram, 1967, 165 p. L'Agenda de Mère 1951-1973, édités par Satprem, trad., Institut de recherches évolutives, Interforum, 13 vol. T. I : L'Agenda de Mère. 1951-1960. Source : bibliographie des œuvres de Mère citées par Satprem dans "Mère. L'Espèce Nouvelle", p. 563.
AUROVILLE
Le Matrimandir, centre et lieu de méditation d'Auroville Pays Inde État ou territoire Tamil Nadu District Viluppuram Démographie Population 2 262 habitants
Auroville, la ville de Sri Aurobindo mais aussi la ville de l'Aurore est une ville expérimentale située à une dizaine de kilomètres au nord de Pondichéry dans l'État du Tamil Nadu en Inde. Elle fut créée en 1968 par une Française, Mirra Alfassa Mirra Richard, plus connue sous le nom de la Mère et compagne spirituelle du philosophe indien Sri Aurobindo. Auroville a pour vocation d'être, selon les termes de sa conceptrice, le lieu d'une vie communautaire universelle, où hommes et femmes apprendraient à vivre en paix, dans une parfaite harmonie, au-delà de toutes croyances, opinions politiques et nationalités. Aujourd'hui, les Aurovilliens, issus d'une trentaine de pays, sont organisés en 35 unités de travail : agriculture, informatique, éducation, santé, artisanat, etc. Désert à l'origine, le lieu est maintenant parfaitement viable. En 1972, la Mère parle du projet en ces termes : Il doit exister sur Terre un endroit inaliénable, un endroit qui n'appartiendrait à aucune nation, un lieu où tous les êtres de bonne volonté, sincères dans leurs aspirations, pourraient vivre librement comme citoyens du monde… Au centre d'Auroville, se trouvera le Matrimandir la Maison de la Mère, considéré par Mirra Alfassa comme l'âme du lieu. Le projet prévoit quatre zones internationale, culturelle, industrielle, résidentielle aménagées autour du Matrimandir et occupant 25 km2 actuellement 10 km2 sont réalisés. La ville est censée avoir la forme d'une galaxie spirale une fois sa construction achevée. Conçue par l'architecte français Roger Anger, Auroville est prévue pour accueillir 50 000 habitants. À leur arrivée, les pionniers trouvent un site aride, sans eau. Ils creusent des puits et, pour faciliter le pompage, installent des éoliennes, des réseaux d'évacuation et d'adduction d'eau. Plus de deux millions d'arbres et d'arbustes sont plantés en quatre décennies dans ce qui était un désert.
L'unesco a soutenu le projet depuis le début.
Charte Lors de l'inauguration d'Auroville, le 28 février 1968, en présence du président de la République indienne, un garçon et une fille représentant chacun des 124 pays du monde, versent une poignée de terre de leur sol natal dans une urne en forme de lotus en signe de fraternité universelle. Une charte en quatre points, exprimant sa vision de la ville, est lue par la Mère : Auroville n'appartient à personne en particulier. Elle appartient à toute l'Humanité. Mais pour y séjourner, il faut être le serviteur volontaire de la Conscience Divine ; Auroville sera le lieu de l'éducation perpétuelle, du progrès constant, et d'une jeunesse qui ne vieillit point ; Auroville veut être le pont entre le passé et l'avenir. Profitant de toutes les découvertes extérieures et intérieures, elle veut hardiment s'élancer vers les réalisations futures ; Auroville sera le lieu des recherches matérielles et spirituelles pour donner un corps vivant à une unité humaine concrète. Conformément à la croyance de la Mère que l'ère de la religion est derrière nous et doit faire place à une ère de spiritualité transcendant la religion, la charte d'Auroville dit catégoriquement pas de religions.
Plan
Au centre d'Auroville, se trouve la zone de la Paix, laquelle abrite le Matrimandir et ses jardins, l'amphithéâtre contenant l'Urne de l'Humanité et un lac censé créer une ambiance de calme et réapprovisionner la nappe phréatique. Quatre zones s'ordonnent autour de cette zone centrale : la zone industrielle : s'étendant sur 109 hectares au nord de la zone de la Paix et du Matrimandir, elle sert à abriter les industries vertes, les centres de formation, l'artisanat, et les services administratifs de la ville ; la zone résidentielle : couvrant 189 ha au sud de la zone de la Paix, elle est réservée à l'habitat sur 45 % de sa superficie et à la verdure sur 55 % ; la zone internationale : située à l'ouest de la zone de la Paix, elle est destinée, avec ses 74 ha, à accueillir des pavillons nationaux et culturels, regroupés par continents ; la zone culturelle : couvrant 93 ha à l'est de la zone centrale, elle est vouée aux activités éducatives, artistiques, culturelles et sportives. Autour de ces quatre zones périphériques s'étend une ceinture verte de 1,25 km de rayon, regroupant fermes biologiques, laiteries, vergers, forêt, habitat protégé pour la faune. Elle est censée fournir bois de construction, nourriture, remèdes, et servir de lieu de détente et de poumon vert.
Administration
Après la mort de Mirra Alfassa en 1973, la question principale à Auroville est de savoir quelle structure va gérer la ville : l'ashram de Sri Aurobindo qui, dans les faits, contrôle Auroville, ou bien la Sri Aurobindo Society, qui en possède le contrôle juridique ? En 1981, des habitants d'Auroville parviennent finalement à convaincre le gouvernement indien de retirer le contrôle juridique à la Sri Aurobindo Society et de le remettre au gouvernement par le biais d'une structure juridique adaptée. À partir de cette date, un représentant du gouvernement commence à résider à Auroville. La charte d'Auroville, et en particulier son article numéro 1, est donnée en référence de cette volonté d'indépendance par rapport à l'ashram. En 1988, le parlement indien vote une loi accordant à ce grand village de 20 km2 un statut unique dans le pays. Son administration est désormais entre les mains d'un conseil de sept membres provenant du gouvernement de l'État, de la société Sri Aurobindo et de la communauté aurovillienne elle-même. Depuis, les habitants étrangers bénéficient d'un statut préférentiel pour leur visa un an renouvelable contre six mois pour les touristes.
Population
Évolution de la population d'Auroville L'agglomération d'Auroville est constituée d'environ 80 communautés réparties dans un rayon d'une vingtaine de kilomètres. Au sein d'Auroville vit une population internationale de plus de 2 000 résidents, dont plus de 50 nationalités. En décembre 2014, la population regroupait 2 314 Aurovilliens 900 hommes, 880 femmes et 534 mineurs de moins de 18 ans, soit 1 780 adultes.
Unités de travail
Les Aurovilliens sont organisés en unités de travail, notamment :
Forecomers agriculture et technologies de substitution, Aurelec informatique, Fertile reboisement et agriculture, Nine Palms reboisement et agriculture, Meadows reboisement et agriculture, Fraternity communauté artisanale travaillant avec les villageois tamouls, Aspiration éducation, santé et activité du village. Les équipes du Centre de recherche scientifique d'Auroville le CSR s'intéressent activement aux énergies renouvelables, au recyclage et à la purification de l'eau fontaine Mélusine1, aux constructions écologiques ainsi qu'aux véhicules hybrides et électriques depuis plus de vingt ans.
Vivre à Auroville
Actuellement, pour devenir membre d'Auroville, il faut faire ses preuves pendant un an, il faut un visa indien de type X (abréviation de l'anglais extensible, renouvelable permettant de résider en Inde, ainsi que l'argent nécessaire pour vivre au moins un an sans être rémunéré pour son travail. Tous les biens immobiliers terrains, maisons, puits sont la propriété de la fondation Auroville, la propriété privée est interdite. Pour devenir l'occupant d'une maison existante, il faut faire don à la fondation du montant équivalent à la valeur de la maison. Pour bâtir une maison et en devenir l'occupant, il faut également faire un don à la fondation.
Atelier de théâtre dans Sadhana Forêt, Auroville
Éducation, soins médicaux de base, culture et activités sportives sont gratuits. Pour le reste, ceux qui n'ont pas de revenus touchent une allocation de 5 000 roupies environ 64 euros par mois. De l'argent virtuel, débité pour les achats effectués à Auroville, les factures d'électricité ou de restauration. Impossible néanmoins de se contenter de cette somme : le nouvel arrivant doit pourvoir aux frais de location, puis de construction de son logement; ce pécule ne peut suffire à qui souhaite voyager ou payer des études supérieures à ses enfants. Pour pallier ce problème, certains ont fait le pari d'une unité commerciale à Auroville même : hébergement des invités, fabrication d'encens, de produits bio, de vêtements, d'objets artisanaux, etc. une partie des bénéfices commerciaux est reversée à la communauté.
Constructions majeures Le Matrimandir
Qualifié de gigantesque balle de golf dorée et de simili Epcot Center par le guide Lonely Planet pour l'Inde méridionale, le Matrimandir est visible de tous les points du territoire de la ville. Il contient une chambre intérieure, revêtue de marbre blanc, qui abrite un globe de verre de 70 cm de diamètre20 réputé le plus gros au monde. Conçue comme lieu destiné à la méditation, cette chambre ne renferme ni fleurs, ni encens, ni musique susceptibles d'évoquer un édifice religieux. Elle n'est pas ouverte aux touristes.
Autres bâtiments
Le Centre des visiteurs Visitors Center : vaste édifice destiné à accueillir les visiteurs. On y trouve plusieurs photos d'Auroville à l'origine, des livres, une restauration et un amphithéâtre où se tiennent des spectacles. La Maison de l'Inde Bharat Niwas : bâtiment voué à la culture d'Auroville et comprenant des amphithéâtres, des cinémas, une bibliothèque, etc. Pour tous : la principale supérette d'Auroville. Le Laboratoire des langues Language Laboratory : lieu commun d'échanges pour l'étude et l'apprentissage des langues par l'écrit, l'audio, l'oral, l'ordinateur, etc. La Cuisine solaire : cuisine vaste et peu chère 25 roupies par repas soit environ 0,30 euro pour les Aurovilliens et les résidents. Néanmoins, elle coûte un peu plus cher (80 roupies/repas, soit environ 1,00 euro, pour les personnes extérieures, lesquelles doivent réserver. Le Coin des nouvelles créations New Creation Corner : restaurant à côté du réfectoire Nouvelles créations New Creation. Il s'agit d'un restaurant classique, avec serveurs, d'où des prix plus élevés environ 100 roupies par repas, soit environ 1,30 euros. La monnaie et les cartes bancaires y sont acceptées.
Maison de l'Inde Bharat Niwas Le pavillon de la culture tibétaine
Le pavillon de la culture tibétaine, financé par l'Inde est, avec celui de ce pays, le seul existant à Auroville. Claude Arpi en est le directeur. La journaliste Ann Riquier a participé à sa création. Son architecture s'inspire des plans du Mandala du Kalachakra et ses différentes pièces sont disposées symétriquement autour d’une cour centrale. Le 14e dalaï-lama a inauguré ce pavillon le 20 janvier 2009.
AUROBINDO ŚRĪ 1872-1950
La philosophie de Śrī Aurobindo a essentiellement pour élément européen la doctrine de l'évolution biologique, et pour élément indien son ontologie. Celle-ci affirme l'unicité de l'Être, substrat commun de toute réalité matérielle ou psychologique du monde phénoménal ou humain ; dans cette ontologie, l'Être est donc immanent à ce monde, mais en même temps le transcende ; pour l'homme, cet Être est Dieu, éternel, infini, omniprésent et, par là même, lui est intérieur. Le Śrī Aurobindo Āśram – communauté spirituelle et temporelle dont le centre est à Pondichéry – déploie une grande activité d'éducation ; elle vise à développer, dans l'esprit du maître, la connaissance scientifique internationale, mais aussi la santé physique par le régime de vie et l'activité sportive.
Synthèse de deux cultures
Né à Calcutta le 15 août 1872, Śrī Aurobindo, philosophe indien, fondateur du Śrī Aurobindo Āśram, est mort à Pondichéry le 5 décembre 1950. Troisième fils du Dr Krishnadhan Ghose, médecin bengali admirateur de la culture britannique, le jeune Ghose reçut deux noms personnels : en bengali, celui de Aurobindo (prononciation bengali du sanskrit Aravinda, « lotus ») et, en anglais, celui de Ackroyd. Son éducation, comme celle de ses frères aînés, demeura uniquement anglaise, bien que son grand-père, Kaliprasad Ghose, fût resté très attaché à la culture indienne. En 1879, on le confia avec ses deux frères aînés (après lui naquirent encore une fille et un fils) à une famille de Manchester où il commença l'étude du latin. En 1885, il entra à la St Paul's School à Londres, où il étudia particulièrement le grec, l'histoire de l'Europe, plusieurs langues européennes, et développa ses dons poétiques. En 1889, il s'inscrivit au King's College de Cambridge et adhéra à une association d'étudiants indiens ; il abandonna son nom anglais. Son père le destinait à l'Indian Civil Service : il y fut refusé pour un examen d'équitation ; il affichait d'ailleurs dès lors des sentiments nationalistes peu compatibles avec ce service. Distingué par James S. Cotton, frère d'un ancien lieutenant-gouverneur du Bengale, et par le Mahārājah de Baroda, il quitta l'Angleterre en 1893 et entra au service de l'État de Baroda. Il collabora bientôt, anonymement, à la revue nationaliste Induprakash. Il jugeait insuffisante l'action du National Indian Congress, fondé en 1885 et qui, à ses débuts, cherchait à inspirer à l'administration anglaise des réformes favorables au pays. Il estimait qu'il fallait surtout rétablir et promouvoir l'activité de la nation indienne. C'est alors qu'il en étudia les grandes traditions sanskrite et bengali que ses études lui avaient fait méconnaître. Mais, loin de renoncer à l'acquis européen, et particulièrement à la science européenne, il voua dès lors sa pensée à la recherche d'une synthèse supérieure, où le meilleur des deux cultures devait entrer comme élément, et dont la part indienne devait rendre à l'Inde la conscience de sa valeur propre.
Politiquement, il militait dans les organisations secrètes qui œuvraient pour l'indépendance, mais surtout dans celles de sa patrie, le Bengale, et il n'excluait pas, à la différence de Gandhi, le recours éventuel à la violence. Après le grand mouvement d'indignation provoqué en 1905 par la division du Bengale, due à lord Curzon, il quitte Baroda, en 1906, fait des tournées politiques au Bengale, dirige le Bengal National College et prend part à la direction du journal nationaliste Bande Mātāram (« Je salue la Mère »... qui est la Patrie et l'Âme), ainsi nommé d'après les deux premiers mots d'un chant de Bankim Chandra Chatterjī devenu la Marseillaise des Bengalis. Il est l'objet de poursuites en 1907 et quitte son « College ». Le National Indian Congress traverse une crise. Aurobindo est parmi les extrémistes avec le Marathe Tilak. Il pratique déjà la discipline psychologique du yoga, qui lui donne maîtrise de soi et sérénité. En 1908, à l'occasion d'actes de terrorisme où les siens sont impliqués, il est arrêté ; en 1909, il est acquitté, après avoir été incarcéré pendant toute une année parmi des condamnés de droit commun, année qu'il consacre à l'exercice du yoga, au travail littéraire et à la méditation. Athée moderniste en Angleterre, il avait retrouvé Dieu dans la philosophie indienne, Dieu en lui-même et qui lui donnait ses ordres, non par des visions, mais par le sentiment de sa présence en tout et de sa force en lui. Menacé de nouveau d'être arrêté, Aurobindo passe clandestinement à Chandernagor, territoire français, en février 1910, puis, en avril, sur un bateau français, à Pondichéry où il se fixe définitivement. Il s'abstient dès lors de toute action politique directe et même jusqu'en 1914 de toute activité publique et de toute publication. Après cette date, il fonde la revue Arya avec Paul Richard et un petit groupe de disciples, et il commence à publier. Ses œuvres furent traduites en français par Mme Richard qui devait bientôt quitter Pondichéry, pour y revenir, en 1920, s'associer à l'œuvre de Śrī Aurobindo, en organiser la réalisation communautaire, l'Āśram, devenir la « Mère ». En 1926 elle prenait la direction effective de cette communauté, tandis que Śrī Aurobindo entrait dans une retraite, interrompue seulement, chaque année, par son apparition publique darśan en un petit nombre d'anniversaires et d'occasions solennelles. À sa mort, qui n'a pas été acceptée comme telle par tous ses disciples et n'exclut pas pour eux la persistance de la présence, il a été inhumé dans une cour du bâtiment central de son Āśram, en une tombe samādhi constamment vénérée.
La Vérité divine reconnue en soi
Supposé par toute existence, Dieu, selon Aurobindo, est présent dans la matière comme dans ce qu'il appelle le « mental » et le « supramental ». Il y est actif aussi. La Vérité qu'il constitue et qui englobe toute vérité particulière s'exprime surtout par l'intelligence de l'homme et doit se manifester toujours plus pleinement par cette intelligence en évolution dirigée. La Vérité est déjà contenue dans les anciens textes, tout en y étant mêlée à des vérités de circonstance, de temps et de lieu, selon les époques et les peuples où ces textes ont été élaborés. Aurobindo la retrouve chez Héraclite comme dans les Véda, les Upaniṣad, la Bhagavadgītā ; dans ce dernier texte, elle apparaît clairement comme l'objet final de l'œuvre, de la connaissance et de l'amour. L'œuvre idéale est, dans le domaine de l'homme et de sa vie, la pleine réalisation désintéressée de la condition propre à chacun. Pour Aurobindo, il n'y a donc pas de doctrine religieuse ou philosophique universelle dont chaque homme doive être l'esclave, et le yoga, l'ajustement intégral pour chacun, est un ajustement à sa nature propre, ce qui ne veut pas dire la servitude à l'égard de ses penchants, mais la réalisation, conditionnée par la connaissance, de la Vérité divine reconnue en soi-même. Dominée tout entière par l'idée de synthèse où confluent les perceptions partielles de la Vérité, la pensée d'Aurobindo s'est exprimée philosophiquement – comme dans les images du poète qu'il n'a jamais cessé d'être – à la fois dans des travaux d'exégèse sur les textes et dans d'amples exposés, La Synthèse des yogas, La Vie divine. À l'égard de la doctrine de l'évolution, qui, selon lui, ne s'arrête pas à l'homme comme couronnement de réalisation mais doit admettre une marche vers un surhomme, certains comparent Aurobindo à Teilhard de Chardin.
Une communauté originale
Dans l' Āśram, la communauté spirituelle et temporelle dirigée par la Mère décédée en 1973, cette doctrine est l'idéal que les disciples se sont appliqués à réaliser en collaboration avec des sympathisants qui travaillent pour faire vivre et prospérer cette communauté. Le centre en demeure à Pondichéry, mais la communauté possède des branches et des groupes dans plusieurs grandes villes de l'Inde, ainsi qu'en Europe et en Amérique. L'Āśram favorise la fondation d'une grande ville, Auroville, ville de l'Aurore, comprenant, outre l'établissement fondamental, des secteurs international, agricole et industriel et située près de Pondichéry. Jean Filliozat
Posté le : 19/02/2016 19:48
Edité par Loriane sur 20-02-2016 21:27:48 Edité par Loriane sur 20-02-2016 21:29:19
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