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Re: Les expressions |
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« Tirer ses grègues »
S'enfuir rapidement.
Voilà une expression ancienne, autrefois familière mais pratiquement plus utilisée de nos jours. Tirer a ici le sens de 'aller vers, s'en aller', toujours utilisé en argot comme dans "se tirer (ailleurs)".
Les grègues, étaient au XVIe et XVIIe siècles des hauts-de-chausses ou culottes dites "à la grecque". Ce nom vient du provençal "grega" qui signifiait "grecque".
Celui qui "tirait ses grègues" au sens propre, les relevait. Au sens figuré, il les retroussait pour pouvoir courir plus vite.
Et bien entendu, c'est encore notre ami Jean de la Fontaine qui utilise cette expression dans sa fable "Le coq et le renard"
Ailleurs
Angleterre en To pull up your skirts and run Relever ses jupes pour courir Espagne es Poner pies en polvorosa Fuir si rapidement qu'on soulève la poussière Argentine es Rajar a toda maquina. Partir en courrant. Canada (Québec) fr Crisser son camp Canada (Québec) fr Sacrer le camp Italie it Darsela a gambe Se la donner a jambes Italie (Sicile) it Filarisìlla Décamper, filer Belgique (Flandre) / Pays-Bas nl het hazenpad kiezen choisir le chemin des lièvres Pays-Bas nl Zijn biezen pakken Prendre se joncs Pays-Bas nl Aan z'n kuierlatten trekken Tirer à ses guibolles Belgique (Flandre) / Pays-Bas nl de benen nemen prendre les jambes Belgique (Wallonie) wa Trossî ses guettes Trousser ses guêtres.
Posté le : 26/09/2015 09:37
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« Pierre qui roule n'amasse pas mousse »
Une vie aventureuse ne permet pas d'amasser des biens (ou des richesses).
Certains croient que ce proverbe aurait un lien avec un certain Pierre, pilier de bar, grand consommateur de bières et dans un état d'ébriété tellement avancé (il est rond, donc susceptible de rouler) qu'il ne peut plus avaler aucune de ses petites mousses préférées. Mais il n'en est rien !
Ceux qui aiment se promener dans des sous-bois frais et humides en auront vite compris l'origine. Il ont en effet pu constater que, sur les cailloux (ou les pierres) qui n'ont pas bougé depuis longtemps, on trouve plein de cette belle mousse verte qui s'y accroche fermement de ses petits bras musclés. Par contre, sur les cailloux qui bougent régulièrement, ceux déplacés par les torrents, par exemple, point de mousse il y a, car elle n'a pas l'occasion d'avoir le temps de s'y déposer et s'y répandre.
Ce proverbe incite donc les gens à rester casaniers pour avoir des chances (mais pas des certitudes, ça se saurait !) de remplir leur portefeuille.
Compléments Il paraît aussi que les voyages forment la jeunesse. Ces deux proverbes voudraient donc dire que les jeunes qui voyagent ne peuvent s'enrichir autrement qu'intellectuellement.
Ailleurs
Allemagne de Walzender Stein wird nicht moosig La pierre qui roule ne devient pas mousseuse Angleterre en A rolling stone gathers no moss Une pierre qui roule ne ramasse pas de mousse Espagne es Piedra que rueda no cría musgo Pierre qui roule n'amasse (ne cultive) pas mousse Italie it Pietra mossa non fa muschio Pierre bougée, déplacée ne fait pas de mousse Latin la Musco lapis volutus non abducitur. À de la mousse une pierre en mouvement n'est pas attachée. Latin la Saxum volutum non obducitur musco Pierre qui roule n'amasse pas mousse Pays-Bas nl Een rollende steen vergaart geen mos Une pierre qui roule n'amasse pas de mousse Portugal pt Pedra que rola nao cria limo. Pierre qui roule n'amasse pas mousse. Belgique (Wallonie) wa Pir' qui rôl' n' ramass' pont d' mossrai Pierre qui roule n'amasse point de mousse
Posté le : 29/09/2015 09:52
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« Payer rubis sur l'ongle »
Payer comptant (et totalement).
Il ne doit pas être très pratique de chercher à faire tenir un rubis sur l'ongle d'une main pendant qu'on sort son portefeuille de l'autre. Sans compter que l'utilité de la chose n'est pas évidente au premier abord, ni même au deuxième !
Alors d'où peut bien venir cette expression ? Pour ce qui est de la date, cela vient du XVIIe siècle.
A cette époque, on disait "faire rubis sur l'ongle". Dans son "Dictionnaire comique" publié en 1718, Philibert-Joseph Le Roux indique qu'au cours des beuveries, lors d'une tournée dédiée à un absent estimé, il était coutumier de garder au fond du verre une toute petite goutte, de la verser sur l'ongle du pouce, puis de la lécher pour marquer l'attachement porté à la personne. Et si le verre était rempli de vin, une telle mini-goutte pouvait passer pour un rubis.
A la même époque, c'est aussi devenu une métaphore pour dire "payer jusqu'au dernier sou". Mais cette fois, c'étaient les poches qui étaient complètement vidées.
Le 'rubis' liquide ayant été progressivement oublié, c'est le deuxième sens qui a d'abord été maintenu (le verbe payer ayant pris le dessus sur 'faire') avant qu'on n'associe plus l'expression qu'à un paiement comptant (mais pas forcément content) et intégral.
Ailleurs
Allemagne de Auf Heller und Pfennig bezahlen Payer jusqu'au dernier et centime Allemagne de Bar auf die Kralle zahlen Payer comptant sur la griffe Angleterre en To pay on the nail. Payer sur l'ongle. États-Unis en To pay cash on the barrelhead Payer comptant sur fond de tonneau (servant de comptoir improvisé) Espagne es Pagar contante y sonante Payer comptant et sonnant Espagne es Pagar a tocateja Payer comptant Italie it Pagare sull'unghia Payer sur l'ongle Pays-Bas nl Handje contantje Mainette comptantette (traduction discutable...) Brésil pt Pagar na lata. Payer à la canette. Serbie sr Isplatiti smesta do poslednje pare Payer rubis sur l'ongle
Posté le : 30/09/2015 08:35
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« Tirer le diable par la queue »
Vivre avec des ressources insuffisantes. Avoir des difficultés à subvenir à ses besoins.
Si c'est Dieu qui gouverne, le Diable est dans l'opposition. Et il le montre bien, glissant des peaux de bananes autant que faire se peut dans les tentatives infructueuses du Créateur pour ramener l'Homme dans le droit chemin. Ce personnage existe depuis la nuit des temps dans l'imaginaire des humains, sous une forme ou une autre. Et les histoires où un homme fait appel au Diable pour l'aider à le sortir d'un très mauvais pas sont nombreuses.
C'est pourquoi, suite au mystère qui entoure l'origine de cette expression, de nombreux lexicographes ont tenté de l'expliquer par l'image de l'homme qui, étant dans un grand besoin, passe un coup de fil au Diable pour le faire venir. Mais une fois ce dernier présent et les raisons de l'appel au secours expliquées, celui-ci décide de repartir sans accorder d'aide. Le pauvre homme, qui est pourtant prêt à vendre son âme tellement il est dans le besoin, cherche alors désespérement à le retenir par ce qui lui tombe sous la main, c'est-à-dire la queue.
Mais Duneton, grâce aux travaux récents de Pierre Enckell (écrivain, journaliste et lexicographe contemporain), signale qu'il y a longtemps, cette expression avait un autre sens. Aux XVIe et XVIIe siècles, les textes où elle apparaît montrent qu'elle signifiait "travailler humblement pour gagner raisonnablement sa vie". Mais en aucun cas, il n'y a de notion de misère, de gêne, de difficulté à gagner sa vie.
Par contre, dès 1690, Furetière donne notre signification actuelle à l'expression.
Ces découvertes récentes ne font qu'ajouter un mystère au précédent :
On ne sait toujours pas ce qui a fait basculer le sens de l'expression, donc le lien qu'il peut y avoir entre la misère et le diable qu'on tire par la queue, Mais on ne sait pas plus pourquoi, auparavant, un travail humble était comparé à un 'tirage' de queue du diable.
Ailleurs
Allemagne de Am Hungertuch nagen Ronger la nappe de la faim Allemagne (Bavière) de Von der Hand in den Mund leben Vivre de la main à la bouche Angleterre en To live from hand to mouth Vivre de la main à la bouche Angleterre en To feel the pinch Sentir le pincement Angleterre en To be broke Être fauché Argentine es Correr la liebre Courir la lièvre Espagne es Estar con una mano delante y otra atrás Être avec une main devant et une autre derrière Espagne es Estar a la cuarta pregunta Etre à la quatrième question Espagne es Estar en la miseria Être dans la misère Espagne es Estar a dos velas Être avec deux bougies Argentine es Correr la coneja Courir la lapine Argentine es Andar cortando alambres con el culo. Couper des fils de fer avec le cul. Canada (Québec) fr Ne pas avoir une token Canada (Québec) fr Tirer le yâble par la queue Tirer le diable par la queue Canada (Québec) fr Ne pas avoir une crisse de / un maudite cenne Canada (Québec) fr Être dans le rouge Italie it Vivere stentatamente Vivre péniblement Italie it Vivere di stenti Vivre de misères Italie (Sicile) it 'Lliccàri 'a sàrda Lécher la sardine Lituanie lt Gyventi nuo algos iki algos Vivre de salaire au salaire Pays-Bas (Amsterdam) nl in de merode zitten (Bargoens, début 20e S) se trouver dans la pauvreté (la panade, détresse, misère) Pays-Bas nl de broekriem moeten aanhalen devoir serrer la ceinture du pantalon Pays-Bas nl De eindjes niet aan elkaar kunnen knopen Ne pouvoir joindre les deux bouts Pologne pl Klepać biedę Chasser (poursuivre) la pauvreté Brésil pt Comer o pão que o diabo amassou. Manger le pain que le diable a malaxé ou a pétri. Roumanie ro A trai de azi pe maine Vivre d'aujourd'hui à demain Roumanie ro A trage mâţa de coadă Tirer le chat par la queue Roumanie ro A trage mâ?a de coad? Tirer le matou par la queue Russie ru Bedstvovat' Vivre dans la misère Belgique (Wallonie) wa Sêchi l' diale po l' cowe Tirer le diable par la queue
Posté le : 02/10/2015 18:17
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« A gogo »
Abondamment, à profusion.
Cette expression date du XVe siècle. gogo est une duplication plaisante à l'oreille de 'go', issu de 'gogue' qui voulait dire "réjouissance, liesse".
Furetière écrivait : "A gogo se dit des choses plaisantes et agréables qu'on a en abondance. Les gens riches vivent à gogo. Il a de l'argent à gogo..." C'est de 'gogue' que viennent les mots 'goguenard' et 'goguette' encore employés de nos jours.
Compléments Bien sûr, il ne faut pas confondre l'ancien 'gogue' avec nos 'gogues' modernes qui, en argot, désignent les toilettes ("Sais-tu, Gilberte, que j'éprouve beaucoup de gogue à l'idée d'aller aux gogues ?" disait le constipé).
Ailleurs Tunisie ar Bel brecht / Bel bala Beaucoup / A la pelle Tunisie ar Yakhra aalih Fox Fox fait caca dessus Allemagne (Bavière) de In rauen Mengen En masse rude Angleterre en Galore En grande suffisance Espagne es A gogó (galicisme) A gogo Espagne es A tutiplén À tout plein Argentine es a raudales a des versements. Italie it A bizzeffe À foison Italie it A iosa À profusion Italie (Sicile) it A cchiù non pòzzu Jusqu'à ce que j'en puisse plus Pays-Bas nl lucullisch (expr. un peu vieillotte) en abondance Pologne pl ile dusza zapragnie autant que l'âme en désire Brésil pt A beça En grande quantité Brésil pt A rodo À la raclette
Posté le : 10/10/2015 11:39
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« Mordre la poussière »
Être jeté à terre au cours d'un combat. Par extension, être vaincu.
Beurk ! Ceux qui ont déjà eu la 'chance' d'avoir du sable ou de la poussière dans la bouche savent que ce n'est jamais volontairement et volontiers qu'on mord la poussière.
Si cela nous arrive, c'est soit involontairement à la suite d'une chute, soit parce qu'on a voulu ou été contraint de se frotter à plus fort que soi et que ce malotru nous a précipité la tête la première à la rencontre du plancher des vaches.
Si cette expression est très ancienne la métaphore est parfaitement compréhensible et les combats de lutteurs avaient souvent lieu sur des terrains de sable ou de terre poudreuse, son sens étendu ne semble être utilisé que depuis le XVIIe siècle, époque où on utilisait également "mordre la terre". Mais vu ce qu'il nous en reste aujourd'hui, cette dernière a visiblement mordu la poussière.
Ailleurs
Angleterre / États-Unis en To bite the dust. Mordre la poussière Angleterre en To kiss the ground Embrasser le sol Espagne es Morder el polvo Mordre la poussière Grèce gr τρώω χώμα Je mange la terre Israël he נחל כישלון חרוץ Subir un échec cuisant Italie it Mordere la polvere Mordre la poussière Japon jp X-ni tsuchi-o tsukeru accrocher (faire toucher) de la terre à X (au propre, dans la lutte de sumo, puis dans un combat, dans une concurrence) Pays-Bas nl in het stof bijten mordre dans la poussière Portugal pt Beijar a lona Embrasser la toile Roumanie ro A mânca pamânt Manger de la terre Suède sv Bita i gräset Mordre l'herbe Turquie tr TOZ YUTTURMAK FAIRE AVALER LA POUSSIERE
Posté le : 12/10/2015 09:08
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« Frapper / se cogner le petit juif »
Frapper / se cogner le nerf ulnaire.
Je vois tout de suite des yeux grands ouverts et une interrogation immédiate : "De quoi qu'y nous cause, lui ? Quoi que c'est-y donc que ce nerf ulnaire ?" Eh bien, pour ceux qui n'ont pas fait d'études de médecine, c'est un nerf (si !) qui suit tout le membre supérieur, passe au niveau du coude derrière l'épicondyle médial de l'humérus re-si !, donc près de la pointe du coude où il provoque une désagréable sensation de fourmillement ou 'électrique' intense lorsqu'on le compresse fortement ou on le cogne .
Maintenant, pourquoi l'appelle-t-on le petit juif ? En ces temps de "politiquement correct" avancé où il n'est plus possible d'appeler un chat un chat sans qu'il sorte ses griffes pour vous faire regretter de ne pas l'avoir appelé 'félin de compagnie', voilà une expression qui est peut-être mal venue car, à l'origine, elle véhicule une certaine dérision (euphémisme, peut-être) à l'encontre des commerçants juifs.
En route, donc, pour l'explication. Peut-être vous souvenez-vous d'avoir vu, dans la vraie vie ou dans un film, des gens mesurer des longueurs de quelque chose (corde, tissu...) en l'enroulant autour de l'avant-bras, de la main à l'arrière du coude. C'était ce qui s'appelait "mesurer à l'aune", l'aune étant devenue la longueur du tour de l'avant-bras (soit environ 1,20 mètre) après avoir désigné l'avant-bras lui-même. Ce mode de mesure demandait des mouvements particuliers des deux membres supérieurs, le coude de celui portant la chose à mesurer devant faire des allers-retours de bas en haut et pouvant être amené à cogner l'éventuelle surface au-dessus de laquelle la mesure se faisait.
La dénomination petit juif viendrait d'une époque où, dans le commerce des vêtements et tissus, les commerçants juifs étaient majoritaires. Et lorsqu'ils étaient amenés à mesurer des produits à l'aune, ils pouvaient facilement et régulièrement se cogner le nerf ulnaire sur leur comptoir (ce qui, 'grâce' à la douleur procurée, permettait au client d'assister alors à une courte danse du scalp).
Ailleurs Autriche de Sich das närrische Bein anhauen Se cogner l'os fou Angleterre en To hit your funnybone. Se cogner l'os bizarre. États-Unis en To hit one's funny bone Se frapper l'os drôle Argentine es Golpearse el codo. Se cogner le coude. Espagne es Darse en el hueso de la risa. Se cogner l'os du rire. Espagne (Catalogne) es Colpejar-se l'os de la música Se cogner l'os de la musique Pays-Bas nl Zich aan zijn elektriciteitsbotje stoten Se cogner le petit os électrique Pays-Bas nl Zijn jodenbotje stoten Se cogner (l'os) du petit juif Pays-Bas nl Zijn weduwnaarsbotje stoten Se cogner l'os du veuf Pays-Bas nl Het telefoonbotje stoten Se cogner l'os de téléphone
Posté le : 28/10/2015 09:27
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« Etre frappé / marqué au coin du bon sens. »
Porter la marque du bon sens. Être plein de bon sens.
Voilà une nouvelle expression qui peut paraître bizarre et difficilement compréhensible si on ne pense qu'aux coins d'une caisse ou au coin de la rue (à condition d'être parti dans le bon sens, bien sûr). Mais point de rue, foin de caisse ici !
Il faut remonter aux temps anciens où les monnaies n'étaient pas produites de manière centralisée et industrielle, mais 'frappées' localement par les seigneurs selon une technique () qui n'a commencé à évoluer que tardivement. Avant le XVIe siècle, les pièces étaient fabriquées à l'aide de morceaux d'acier gravés en creux avec l'empreinte qui devait être laissée sur la pièce, cette marque très reconnaissable permettant d'en identifier l'origine. Ces morceaux d'acier s'appelaient des coins (remarquez qu'en anglais, 'pièce' se dit aussi 'coin').
Notre expression est donc une métaphore en liaison avec ces marques définitives que laissaient les coins lorsqu'une pièce était frappée ou marquée.
Mais, si aujourd'hui on emploie surtout le "bon sens" en complément, la véritable expression est "être frappé (ou marqué) au coin" suivi d'un autre complément quelconque. Ainsi, dans la littérature, on peut trouver "du bon goût", "de la bonne éducation", "de l'amabilité bourgeoise", "d'une haute inspiration"... L'expression peut donc s'employer avec toute personne ou chose qui porte clairement la marque d'une qualité ou qui est pleine de cette même qualité.
Exemple « A l'automne 2006, la rumeur musicale mettait en balance, pour occuper le trône parisien, Laurent Bayle et Nicolas Joel. L'opposition de styles était trop tentante pour ne pas être caricaturale : d'un côté, le flamboyant directeur de la parisienne Cité de la musique ; de l'autre, un notable provincial, un peu terne. Nicolas Joel l'a emporté, et cette nomination, de l'avis général, est frappée au coin du bon sens. » Le Monde du 17/01/07 à propos de la nomination de Nicolas Joël à la tête de l'Opéra de Paris
Compléments
Il a existé d'autres expressions basées sur ce même coin, mais elles sont tombées en désuétude : - "Être frappé à tel coin" signifiait "s'entêter dans une opinion" au XVIIe siècle. - "Être marqué du bon coin" voulait dire "être excellent" à la même période.
Ailleurs
Pays Langue Expression équivalente Traduction littérale Angleterre en To bear the stamp of Porter l'empreinte de Espagne es Venir / ser dictado por el sentido común Être dicté par le bon sens Canada (Québec) fr Avoir de l'allure Italie (Sicile) it Èssiri 'n tìpu assinnàtu Être un type qui possède du bon sens Pologne pl Nie w ciemię bity Il n'est pas frappé au sinciput
Posté le : 19/04/2016 07:56
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« Etre bouché à l'émeri »
SIGNIFICATION Être idiot, obtus, borné. Être incapable de comprendre.
ORIGINE Tout le monde connaît (ou devrait connaître) la toile émeri, qu'il ne faut pas confondre avec le papier de verre (Lien externe). L'émeri est un matériau très dur qui sert d'abrasif depuis de nombreux siècles, le genre de produit avec lequel il est plutôt déconseillé de nettoyer son écran.
L'émeri n'est en aucun cas un produit de bouchage, comme le plâtre ou le liège, par exemple. Alors pourquoi dit-on bouché à l'émeri ?
Autrefois, pour qu'un récipient, flacon ou fiole en verre soit bouché de la manière la plus étanche possible, on polissait à l'émeri l'extérieur du bouchon et l'intérieur du goulot, pour que le contact entre les deux soit le plus parfait possible.
Une fois qu'on sait cela, on est..on est un peu plus à même de comprendre la métaphore de notre expression.
Quand, en argot, on dit de quelqu'un qu'il est 'bouché', c'est non seulement pour dire que la nature ne l'a pas trop gâté sur le plan intellectuel, mais aussi pour signifier qu'il est complètement hermétique, au sens où aucune once d'intelligence ne peut y entrer, où il est quasiment impossible de lui faire comprendre quelque chose.
Hermétique ? Etanche ? Vous venez de comprendre ! Le bouché à l'émeri est comparable à ce récipient étanche duquel rien ne peut sortir mais dans lequel rien ne peut rentrer non plus.
Le terme argotique 'bouché' tout seul date du XVIIIe siècle (mais on disait déjà "un esprit bouché" au XVIIe). La variante avec l'émeri est apparue au début du XXe.
Une preuve indéniable, c'est qu'aucun hiéroglyphe ne nous montre un égyptien de l'Antiquité en train d'utiliser de l'émeri sur son écran. Et pourtant, les sculpteurs de cette époque l'utilisaient déjà pour polir l'obsidienne, entre autres.
Exemple « Mais à l'opposé, si je me laissais prendre Verdun, pour n'avoir pas cru assez vite que c'était sérieux, les mêmes diraient que je suis décidément bouché à l'émeri. » Jules Romains - Les hommes de bonne volonté
Ailleurs
Bulgarie bg Да си задръстен Être bouché Allemagne (Bavière) de Ein Brett vor dem Kopf haben. Avoir une planche devant la tête. Angleterre en To not have two brain cells to rub together Ne pas avoir deux cellules cérébrales pour les frotter États-Unis en thick as a brick épais comme une brique Angleterre en Thick as two planks Épais comme deux planches Argentine es Ser duro como una roca Être dur comme un rocher Espagne es Ser duro de entendederas Être dur de jugeote Canada (Québec) fr Être bouché par les deux bouts Canada (Québec) fr Ne comprendre ni du cul ni de la tête. Italie (Sicile) it Èssiri scèccu Être un âne Italie it Duro di comprendonio Dur de comprenette Italie it Essere di coccio Être fait de terre cuite Belgique (Flandre) nl Stom geboren, suf gewiegd en nooit iets bijgeleerd Né stupide, berçé à l'assoupissement et jamais appris quelque chose Brésil pt Ser burro como uma porta Être bête comme une porte
Posté le : 20/04/2016 08:26
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