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De Montpellier
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Le 17 mai 1890 est créé l'opéra Cavalleria rusticana
en français "Chevalerie campagnarde", au Teatro Costanzi de Rome, opéra en un acte, d'une durée d'une heure dix minutes environ, composé par Pietro Mascagni, sur un livret de Giovanni Targioni-Tozzetti et Guido Menasci. Le livret est inspiré d'une nouvelle de Giovanni Verga. Cet opéra est de loin l'œuvre la plus célèbre du compositeur. Le jeune compositeur, qui n'avait composé qu'une opérette reçut le premier prix d'un concours proposé par l'éditeur Sonzogno, soucieux de rechercher de nouveaux talents. Il a été créé au Teatro Costanzi de Rome, le 17 mai 1890. Dans les années qui suivirent, Cavalleria rusticana fut représenté sur de nombreuses scènes européennes et connut un succès phénoménal. Mascagni a su mener une intrigue brutale, simple et efficace. Sa musique, assez peu sophistiquée, se rapproche souvent de la chanson populaire du sud de l'Italie, notamment dans les airs de Turiddu Sicilienne O Lola, Brindisi Viva il vino spumeggiante
En bref
Un opéra en un acte, Cavalleria rusticana, représenté à Rome en 1890, inaugure l'ère du vérisme — deux ans avant Paillasse de Leoncavallo et trois avant Manon Lescaut de Puccini : qui aurait prédit le succès à cet obscur petit professeur de province ? Dès lors, l'œuvre de Mascagni, avec celle des deux autres compositeurs cités, poursuivra une carrière éclatante, en dépit de l'évolution du goût et de celle de la technique musicale. La musique de Cavalleria rusticana, pleine d'émotion et évocatrice, exerce un attrait considérable sur les amateurs d'opéra. Pourtant, la veine créatrice de Mascagni semble épuisée après cette œuvre. Il n'en écrira pas moins quinze autres opéras, dont seul L'Amico Fritz, 1891, obtiendra un succès relatif. Mascagni a également composé deux symphonies, de la musique de chambre, un requiem, entre autres œuvres.
L'Opéra
En raison de sa brièveté et de ses fortes ressemblances, au moins quant à l'esthétique théâtrale, avec un autre opéra vériste composé à la même période : I Pagliacci Paillasse en français de Ruggero Leoncavallo, il lui est souvent associé : à la scène, au disque, au DVD... Pour les intimes de ces deux opéras, on parle du couple Cav and Pag.
Les personnages
Rôles Voix Création, 17 mai 1890 Chef d'orchestre: Leopoldo Mugnone Santuzza, une jeune paysanne soprano Gemma Bellincioni Turiddu, un jeune paysan récemment revenu de l'armée ténor Roberto Stagno Lucia, sa mère contralto Federica Casali Alfio, un charretier baryton Guadenzio Salassa Lola, la femme d'Alfio mezzo-soprano Annetta Guli Villageoises et villageois chœurs
Les créateurs
Argument : Acte unique
La scène se déroule dans un village sicilien au XIXe siècle, le jour de Pâques. Le prélude orchestral ouvre sur le thème du désespoir de Santuzza et se poursuit sur la sérénade que Turriddu adresse à Lola, la jeune épouse d’Alfio : c’est une chanson sicilienne chantée derrière le rideau. Le rideau se lève ensuite dévoilant la place du marché. Dans le fond s’élève l’église tandis que, sur la gauche, on voit la boutique de vins de Mamma Lucia.
Alors que sonnent les cloches de l’église, des femmes, en dehors de la scène, chantent la beauté du jour pendant que les hommes, également dans les coulisses, vantent le zèle et le charme de leurs femmes. Bientôt une foule d’hommes et de femmes se rassemble pour assister à la messe. Ils entrent dans l’église et, tandis que leurs voix s’éteignent, Santuzza, une jeune villageoise, triste et mélancolique, apparaît alors et se dirige vers la boutique de Mamma Lucia. Elle la rencontre alors que celle-ci est sur le point de partir à l’église et lui demande où se trouve son fils Turiddu. Lucia répond qu’il est parti le soir précédent pour chercher du vin. Mais Santuzza rétorque que Turiddu a été vu pendant la nuit dans le village. "Et que savez–vous au sujet de mon fils ?" interroge alors Lucia.
Leur conversation est interrompue par l’arrivée d’Alfio et le tintement des clochettes de son cheval. Alfio chante gaiement les joies de la vie de charretier, en dépit de ses difficultés. Puis, il réclame du vin à Mamma Lucia. Celle–ci lui répond alors que Turiddu est parti en chercher. Alfio s’étonne car il a vu Turiddu, ce matin, près de chez lui. Mais à ce moment s’élève, venant de l’église, le son de l’orgue et celui des prières qui jettent à genoux tous ceux qui se trouvent sur la place. Et tous, d’une même ferveur, chantent l’Hymne de Pâques pendant que la procession villageoise pénètre à son tour dans l’église, laissant Santuzza et Mamma Lucia seules dehors.
Santuzza s’épanche alors avec passion en racontant à Lucia l’histoire de son amour trahi : Turiddu, qui était fiancé à Lola avant son départ pour l’armée, l’a retrouvée à son retour mariée à Alfio ; il est alors devenu l’amant de Santuzza qui l’aime à la folie. Mais Lola lui a de nouveau volé son amant et Santuzza s’effondre en larmes, en se croyant maudite. Mamma Lucia, bouleversée par ce qu’elle vient d’entendre, pénètre dans l’église à son tour. C’est à ce moment qu’arrive Turiddu, tâchant d’abord d’éviter Santuzza. Mais celle-ci l’interpelle et lui reproche amèrement sa conduite. Le ton monte très vite et la querelle s’envenime quant survient Lola, en quête de son mari. Avisant Santuzza, elle trouve le moyen de la railler avant de pénétrer à son tour dans l’église.
À nouveau seuls, Santuzza et Turiddu reprennent leur dispute, faite de cris et de supplications ; excédé, Turiddu bouscule avec violence Santuzza qui s’effondre à terre en maudissant son amant avec cette haine, cette fureur que peut seule produire une passion.
Alfio sort à ce moment de l’église où vient de se précipiter Turiddu. Santuzza, folle de jalousie, lui raconte alors tout ce qui s’est passé entre sa femme et Turiddu. Alfio, abasourdi, jure vengeance et part sur le champ. Santuzza, soudain saisie d’un remords prémonitoire, le suit, effarée. La scène est alors vide et c’est le grand intermezzo symphonique, imprégné du sombre présage de la tragédie imminente et maintenant inévitable.
La messe de Pâques est terminée et tous les villageois sortent de l’église. Lola est pressée de rentrer chez elle mais Turiddu la retient un moment et invite tout le monde à boire. Chacun s’égaie et Turiddu boit à tous les vrais amoureux. À ce moment, Alfio refuse, de manière offensante, le vin que Turiddu lui offre : "je n’accepte pas votre vin ; il se transformerait en poison dans mon estomac". Turiddu réalise alors qu’Alfio sait tout et qu’après cette insulte, il ne peut que se battre avec lui.
Comme le veut la coutume sicilienne avant un duel, les deux hommes s’embrassent et Turiddu mord l'oreille d'Alfio. Alfio se dirige ensuite vers le verger pour ce duel au couteau. Turiddu appelle sa mère, il a le pressentiment de sa mort proche et il lui demande sa bénédiction, puis il lui recommande Santuzza avant de partir vers son destin. Mamma Lucia, bouleversée, pleure seule tandis qu’arrive Santuzza qui l’embrasse. Et tout aussitôt la place s’emplit de villageois agités d’où émerge une voix de femme qui s’écrie : Hanno ammazzato compare Turiddu. Turiddu est mort. Mamma Lucia et Santuzza s’effondrent en poussant des cris d’horreur et de désespoir.
Le rideau tombe précipitamment sur un hurlant vivacissimo orchestral.
Analyse Évocations
Le compositeur Domenico Monleone a composé en 1907 un opéra portant le même nom et basé également sur le roman de Giovanni Verga. Cette œuvre a été interdite et le compositeur a réutilisé la musique pour l'opéra La giostra dei falchi. Les deux opéras Cavalleria rusticana ont été joués et confrontés lors du Festival de Radio France et Montpellier Languedoc Roussillon de 2001. Le compositeur Stanislao Gastaldon a voulu participer au concours de Sonzogno, a écrit lui aussi un opéra inspiré par la nouvelle de Varga, Mala Pasqua!, mais il s'est retiré du concours et a ajouté deux autres actes à son opéra. L'œuvre a été créée au Teatro Costanzi le 9 avril 1890 avec un succès modeste. Au cinéma, l'opéra Cavalleria rusticana apparaît dans le film Le Parrain 3 de Francis Ford Coppola. En effet, Antonio, le fils de Michael Corleone, y joue le premier rôle. La grande scène finale du film est basée sur la première de l'opéra au Théâtre Massimo Vittorio-Emanuele de Palerme et imprègne le dénouement de la trilogie d'une grande portée tragique. L'Intermezzo apparait au début ainsi qu'au générique du film Raging Bull de Martin Scorsese. Ainsi que dans Le Bossu de Philippe De Broca. Dans la littérature, Cavalleria rusticana est citée dans A l'ombre des jeunes filles en fleurs de Marcel Proust page 550 de l'édition Folio et dans La Nausée de Jean-Paul Sartre page 40 de l'édition Folio.
À la télévision
Chorégies d'Orange, retransmis en direct le 4 août 2009 sur France 3
Discographie
Enregistrement historique, en avril 1940, sous la direction du compositeur, à la Scala de Milan, avec Lina Bruna Rasa Santuzza, Beniamino Gigli Turridu, Giulietta Simionato Mamma Lucia, Gino Bechi Alfio. Disponible chez Naxos, collection Historical, n° 8.110714-15; ou chez Cantus-lin. Julia Varady Santuzza, Luciano Pavarotti Turriddu, Ida Bormida Mamma Lucia, Piero Cappuccilli Alfio, Carmen Gonzales Lola. Chœur de l'Opéra de Londres, Orchestre Philharmonique National. Direction: Gianandrea Gavazzeni. Enregistrement Decca, 1976. Maria Callas, Giuseppe Di Stefano, Coro e Orchestra alla Scala, Milano, Tullio Serafin direction, 1953 réédité en 2007 dans le coffret The complete studio recordings Maria Callas - EMI Classics Zinka Milanov, Jussi Björling, Robert Merril. dir: Renato Celline 1953 Naxos Renata Tebaldi, Jussi Björling, Ettore Bastianini. dir: Alberto Erede 1957 Decca Records Fiorenza Cossotto, Carlo Bergonzi, Maria Gracia Allegri, Gian Giacomo Guelfi, Adriana Martino, Chœur et Orchestre du Teatro alla Scala, dir: Herbert von Karajan - 1965 Deutsche Grammophon Elena Obraztsova, Placido Domingo, Fedora Barbieri, Renato Bruson, Axelle Gall, Chœur et Orchestre du Teatro alla Scala, dir: Georges Prêtre, 1983, Philips Agnes Baltsa, Placido Domingo, Juan Pons, Wiera Baniewicz, Susanne Mentzer, Ch. Opera Covent Garden Londres, orch. Philharmonia londres, Giuseppe Sinopoli 1989 Deutsche Grammophon Renata Scotto, Placido Domingo, Jean Kraft, Isola Jones, Pablo Elvira, National Philharmonic Orchestra, Direction James Levine 1979 RCA, The Sony Opera House, BMG Entertainment - 2009 Sony Music Entertainment.
Posté le : 16/05/2015 09:47
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