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De Montpellier
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Le 23 février 1927 à Marseille naît Régine Crespin,
morte à 80 ans le 5 juillet 2007 à Paris, cantatrice française, artiste lyrique à voix de soprano dramatique et mezzo-soprano de style, Opéra, lied, mélodie française. Elle fait une carrière internationale sous la direction de chefs d'orchestre tels que Georg Solti ou Herbert von Karajan, excellant à la fois dans le répertoire français et allemand. En reconnaissance de son art, le Concours international Marguerite-Long-Jacques-Thibaud, jusqu'alors destiné aux seuls pianistes et violinistes, s'est ouvert à l'art lyrique en 2011 et a été renommé Concours Long-Thibaud-Crespin. La jeune soprano qui, en 1950, fait ses débuts officiels à la scène ne se doute probablement pas qu'elle va devenir, en moins de dix ans, l'une des cantatrices françaises les plus réputées, et mener, à partir de la fin des années 1950, une carrière internationale qui va la conduire dans les temples lyriques les plus fameux. Elle sera notamment, vingt ans après Germaine Lubin, la première Française à être invitée au festival de Bayreuth. Ses triomphes sur scène ne doivent par ailleurs pas éclipser ses remarquables talents de récitaliste, mis au service du lied allemand et de la mélodie française.
Sa vie
Elle étudie au lycée Feuchères à Nîmes. Régine Crespin commence à prendre des cours de chant à l'âge de 16 ans. Repérée grâce à un concours organisé par une revue Opéra, Régine Crespin suit les cours du ténor Georges Jouatte au Conservatoire de Paris, où elle reçoit les premiers prix d'opéra, opéra comique et chant, et de la cantatrice Suzanne Cesbron-Viseur. Régine Crespin accomplit ses études musicales au Conservatoire de Paris avec la soprano Suzanne Cesbron-Viseur, le ténor Georges Jouatte et le baryton Paul Cabanel – tous trois ont participé, à leur époque, à la gloire du chant français avant de se consacrer à l'enseignement. Encore étudiante, elle a affronté les planches au Grand Théâtre de Reims, en 1949, dans Charlotte Werther de Massenet, mais sans la permission des autorités du Conservatoire. En 1950, au Théâtre municipal de Mulhouse, c'est en incarnant Elsa, Lohengrin de Wagner que la débutante – elle n'a alors que vingt-trois ans – est applaudie ; pour l'heure, comme le voulait la coutume, elle interprète cet ouvrage dans sa version française et non pas dans l'original allemand, mais ce rôle déjà donne une idée de sa voix : longue, ample, pleine et puissante.
Débuts
Elle débute à Reims en 1948 dans le rôle de Charlotte de l'opéra Werther puis entre en 1951 à l'opéra de Paris et à l'Opéra-Comique. Tout en peaufinant les rôles de Tosca ou du Chevalier à la rose, qui devient l'un de ses rôles préférés, elle sert l'opéra français dans Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc ou Les Troyens d'Hector Berlioz. Elle se fait connaître par une voix puissante au timbre clair, un phrasé tout en nuances, une prononciation parfaite et une grande délicatesse d'interprétation.
Dès 1951, Régine Crespin intègre la troupe de l'Opéra de Paris, lequel est alors regroupé avec l'Opéra-Comique et forme la Réunion des théâtres lyriques nationaux R.T.L.N. ; elle est Elsa au Palais-Garnier ; salle Favart, elle chante le rôle-titre de Tosca de Puccini. Mais les engagements commencent à se multiplier et elle ne reste que peu de temps dans cette structure, où elle reviendra toutefois régulièrement comme invitée. Au Conservatoire, elle avait travaillé cinq rôles qu'elle possédait intégralement : Marguerite, Faust de Gounod, Desdemona, Otello de Verdi, Tosca, Elsa et la Comtesse Almaviva, Les Noces de Figaro de Mozart. Elle ne tarde pas à enrichir son répertoire, avec la Maréchale, Le Chevalier à la rose de Richard Strauss – qui restera son rôle préféré –, Sieglinde, La Walkyrie de Wagner, Rezia (Oberon de Weber. La culture germanique tiendra un rôle important dans la vie de Régine Crespin, mais elle reconnaît elle-même n'avoir jamais été une mozartienne accomplie, même si elle a affronté Fiordiligi, Così fan tutte, Donna Anna dans Don Giovanni et la Comtesse. Entre autres événements marquants, elle participe, Madame Lidoine, la Nouvelle Prieure à la création en France – et en français – des Dialogues des carmélites de Francis Poulenc, Palais-Garnier, 21 juin 1957, sous la direction de Pierre Dervaux, quelques mois après la première mondiale – en italien – à la Scala de Milan, le 26 janvier 1957. Régine Crespin a créé Cinq Chants et une vocalise "Par le feu", pour soprano et orchestre, de Marius Constant en 1968, et participé à la première de l'opéra Sampiero Corso d'Henri Tomasi en 1956.
En 1957, André Cluytens l'impose auprès de Wieland Wagner pour chanter Kundry dans Parsifal au Festival de Bayreuth, rôle qu'elle prépare auprès de Germaine Lubin. Elle chantera Kundry aussi sous la direction de Hans Knappertsbusch quatre ans de suite de 1958 à 1961 et Sieglinde en 1961 au Festspielhaus.
L'une de ses grandes fiertés, c'est d'avoir aidé à remettre à l'honneur des ouvrages alors injustement négligés : la Pénélope de Gabriel Fauré et, surtout, Les Troyens d'Hector Berlioz qui, grâce à elle, retrouveront le chemin de l'Opéra de Paris en 1961 dans le rôle de Didon, et dont elle assurera, en 1966, la première aux États-Unis, à l'Opéra de San Francisco, Cassandre et Didon. Elle n'aura, à son actif, que peu de créations. Parmi celles-ci, Cinq Chants et une vocalise, Par le feu, pour soprano et orchestre, de Marius Constant, 1968, et l'opéra d'Henri Tomasi Sampiero Corso, au Mai musical de Bordeaux en 1956.
Succès
Wieland Wagner, qui règne sur le mythique festival de Bayreuth, a entendu parler de cette voix exceptionnelle. En 1957, il auditionne Crespin, qui pense qu'il lui proposera peut-être Elsa ou Sieglinde ; à sa grande stupéfaction, Wieland l'engage pour le rôle de Kundry de Parsifal. Sa première apparition sur la colline sacrée, en 1958, sous la baguette du grand Hans Knappertsbusch, constitue une date importante dans sa carrière, d'autant que ce n'est pas si souvent qu'une Française se produit en ce haut lieu du culte wagnérien – elle y reviendra encore pour Kundry en 1959-1960, mais aussi pour Sieglinde en 1961 et la Troisième Norne, Le Crépuscule des dieux, 1961. En 1962, elle chante pour la première fois au Metropolitan Opera de New York dans Le Chevalier à la rose. Elle interprète Brünnhilde dans La Walkyrie dirigé par Karajan au Festival de Pâques de Salzbourg en 1967 et 1968, ainsi qu'au Met en 1968. Selon ses propres mémoires, elle n'a pas eu le moindre désir d'ajouter les autres Brünnhildes à son répertoire. Elle excelle également dans le répertoire des lieder et des mélodies. Ses récitals et enregistrements des Nuits d'été de Berlioz et de Shéhérazade de Ravel (sous la direction d'Ernest Ansermet, mais aussi de Robert Schumann, Henri Duparc, Gabriel Fauré, Francis Poulenc ou Joseph Canteloube, sont unanimement célébrés. Régine Crespin aborde dans la seconde moitié de sa carrière quelques rôles de mezzo (Madame Flora du Médium, etc. et chante les grands rôles d'Offenbach (elle incarne par exemple La Grande-duchesse de Gérolstein avec Robert Massard et La Périchole avec Alain Vanzo et Jules Bastin.
Sa réputation a désormais franchi les frontières. Le festival de Glyndebourne l'invite pour la Maréchale en 1959 ; la même année, elle apparaît à La Scala de Milan dans le rôle-titre de Fedra d'Ildebrando Pizzetti. Viennent ensuite le Covent Garden de Londres 1960, le Teatro Colón de Buenos Aires 1961, le Lyric Opera de Chicago 1962, le Metropolitan Opera de New York 1962, et de nouveaux personnages, comme Ariane, l'héroïne d'Ariane à Naxos de Richard Strauss, dont elle s'empare à Chicago en 1964, et qu'elle offrira deux ans plus tard au festival d'Aix-en-Provence. En 1967, le festival de Pâques de Salzbourg l'applaudit : celle qui avait été et restait une merveilleuse Sieglinde s'est laissée convaincre de tenter Brünnhilde dans La Walkyrie – il est vrai que celui qui lui a proposé cet emploi lourd et périlleux n'est autre qu'Herbert von Karajan, auquel on ne peut résister. Jamais, hélas !, elle n'osera Isolde, dont elle dit avoir eu peur ; ses admirateurs le regretteront toujours.
Vers de nouveaux horizons
Dans les années 1970, la cantatrice traverse une période difficile : des problèmes privés ainsi qu'une méforme l'obligent à prendre du recul avec son métier. Le second souffle lui vient des États-Unis. Le chef d'orchestre Alain Lombard la convainc de tenter un rôle qu'elle n'attendait pas, Carmen, l'incandescente gitane de Bizet, ce qu'elle fait en 1972, en concert, à Miami. Trois ans plus tard, au Metropolitan Opera, elle y est acclamée sur scène. La France et l'Opéra de Paris la boudent ; le Met lui ouvre les bras. Entre autres prises de rôles, elle y sera Madame de Croissy, la Première Prieure, dans les Dialogues des carmélites. Car, dans la dernière phase de sa carrière, Régine Crespin va se tourner vers des rôles de tessitures plus graves : Madame de Croissy, écrite pour une contralto, mais aussi Madame Flora (contralto) du Medium de Gian Carlo Menotti, la Comtesse, mezzo-soprano dans La Dame de pique de Tchaïkovski, par ses adieux à Paris, sur la scène du Palais des Congrès, en 1989. Elle dévoile aussi une face inconnue de son talent au Capitole de Toulouse, en 1979 : elle qui n'avait jusqu'alors incarné que des femmes marquées par la tragédie est une pétulante souveraine dans La Grande-Duchesse de Gérolstein de Jacques Offenbach mise en scène par Robert Dhéry.
Régine Crespin ne s'est pas contentée de chanter, elle s'est découvert une autre passion, l'enseignement. En 1976, elle a succédé à sa collègue Renée Gilly au Conservatoire de Paris, et s'est dévouée à sa tâche avec son enthousiasme habituel. Elle a également donné nombre de masterclasses, sur Berlioz, notamment, guidant ses élèves vers les secrets de ce style français si particulier, fait de noblesse et de simplicité. Celle que les Américains ont surnommé « la lionne française » prodiguait encore, après sa retraite quelques conseils à des chanteurs professionnels, dans des répertoires qu'elle connaissait bien pour les avoir longtemps pratiqués.
Régine Crespin meurt à Paris le 5 juillet 2007, après avoir des années durant lutté contre la maladie avec un courage exemplaire.
Elle enseigna au conservatoire de Paris à partir de 1976, jusqu'en 1992. En 1989, elle interprète Carmen dans le feuilleton télévisé l'Or du Diable. Elle fait ses adieux à la scène en 1989 et 1990. Ses cendres ont été déposées dans la case 40 499 au columbarium du cimetière du Père-Lachaise.
Honneurs et distinctions
Elle est commandeur de la Légion d'honneur et de l'Ordre des Arts et des Lettres. Georges Delbard a créé une rose à son nom. En reconnaissance de son art, le Concours international Marguerite-Long-Jacques-Thibaud, jusqu'alors destiné aux seuls pianistes et violinistes, s'est ouvert à l'art lyrique en 2011 et a été renommé Concours Long-Thibaud-Crespin.
Liens
http://youtu.be/5yG1_2L44Mg cours de chant http://youtu.be/phcVW87yMVQ Shéhérazade http://youtu.be/sUZCW7Lg1e4 Sombre forêt de Guillaume Tell http://youtu.be/SvR3q1VG1jE Au bord de l'eau Fauré http://youtu.be/mXY-Hp-m7_g Clair de Lune Fauré http://youtu.be/XP8kZPcDVcs Les Troyens http://youtu.be/rNlKAH_FqJY La périchole
Posté le : 21/02/2014 16:09
Edité par Loriane sur 22-02-2014 23:01:34 Edité par Loriane sur 22-02-2014 23:02:56
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