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De Montpellier
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Le 20 septembre 1806 meurt Kitagawa Utamaro 喜多川 歌麿,
il serait né vers 1753 à Kawagoe, province de Musachi, près de Edo au japon, peintre japonais, spécialiste de l'Ukiyo-e. Il est particulièrement connu pour ses représentations de jolies femmes bijin-ga, mais son œuvre comprend également de nombreuses scènes de nature et d'animaux. Son travail parvint en Occident au xixe siècle où il rencontra un grand succès. Il a particulièrement influencé les impressionnistes par ses cadrages audacieux et le graphisme de ses estampes. Il était alors connu sous le nom d'Outamaro, transposition selon l'orthographe française de la prononciation de son nom, orthographe reprise à l'époque dans certains autres pays occidentaux. Son maître est Toriyama Sekien, ses élèves sont Utamaro II, Kikumaro, Hidemaro? Il appartient au mouvement Ukiyo-e. Il est influencé par Kiyonaga, il a influencé Eishi, Eisho, Eisui, Gustav Klimt. Ses Œuvres les plus réputées sont Les Pêcheuses d'abalone, Anthologie poétique : section de l'amour, Yama-uba et Kintarō, Douze heures des Maisons vertes, L'Almanach illustré des maisons vertes Il fut surnommé en 1891 par Edmond de Goncourt le peintre des maisons vertes c'est à dire les maisons closes, même si un tiers seulement des très nombreuses estampes que l'on connait de lui furent en réalité consacrées au Yoshiwara.
En bref
Kitagawa Utamaro débute en 1775 en exécutant des portraits d'acteurs qu'il signe du nom de Toyoaki. Ces portraits sont dans le style ukiyo-e, monde à la mode, dont les principaux représentants à l'époque sont Harunobo et Torii Kiyonaga. Ce n'est qu'à partir de 1780 qu'il signe du nom d'Utamaro. Il se spécialise alors dans la représentation de la femme japonaise, dont ses bijin-ga (beautés féminines , exagèrent le type : visage allongé encadré par une longue chevelure couleur de jais contrastant avec la couleur claire du corps et du fond de l'image, formes élancées et graciles. Utamaro peint les occupations quotidiennes de la femme – qu'elle soit mère ou courtisane –, où l'élégance et le raffinement d'allure rivalisent avec la sensualité qu'ils ont en charge de mettre en valeur. Puisant dans son inspiration de la beauté féminine, il crée l'okubi-e, image en demi-buste, style célèbre du portrait représentant essentiellement des courtisanes. En 1804, la censure juge une de ses œuvres inconvenante : Utamaro est emprisonné pour avoir représenté le shogun Hideyoshi 1536-1598 au milieu de ses favorites. Il ne s'en remettra jamais. S'éloignant de l'idéalisation de la femme, Utamaro est aussi un remarquable observateur de la nature ; il illustre des albums avec beaucoup de réalisme : le Livre des insectes 1788, Dons de la marée basse 1789, Poèmes satiriques sur les oiseaux 1790. Utamaro est, avec Hokusai, l'artiste japonais le plus admiré en Occident. Dès 1891, Edmond de Goncourt fait publier un de ses albums d'estampes en couleurs, Peintre des maisons vertes. Utamaro fut reconnu comme le maître des maîtres de l'estampe japonaise, le peintre de la femme. La gravure d'estampe fut le seul moyen dont on disposait à l'époque pour diffuser les œuvres des artistes japonais. Or, ils se considéraient avant tout comme des peintres, l'estampe étant un art mineur au Japon. Ce n'est qu'à la suite de l'engouement rencontré en Occident et surtout parmi les impressionnistes que les artistes japonais considérèrent avec plus de respect cet art.
Sa vie
Nous connaissons fort peu de choses de la vie d'Utamaro, et les détails de sa vie diffèrent souvent selon les sources. Selon certaines sources, il serait né à Edo aujourd'hui Tōkyō, Kyoto ou Osaka les trois villes principales du Japon. Mais plusieurs sources affirment qu'il serait né à Kawagoe, province de Musachi, près de Edo. Sa naissance serait située autour de 1753 cette date étant également incertaine. Selon une tradition ancienne, il serait né à Yoshiwara, le quartier des plaisirs d'Edo, et serait le fils du propriétaire d'une maison de thé, mais là encore, sans que le fait soit avéré. Son nom véritable serait Kitagawa Ichitar. Il est généralement admis qu'il devint l'élève du peintre Toriyama Sekien, alors qu'il était encore enfant; certains pensent qu'Utamaro était d'ailleurs son fils. Il grandit dans la maison de Sekien, et leur relation se poursuivit jusqu'à la mort de celui-ci en 1788. Sekien avait été formé dans l'aristocratique école de peinture Kano, mais il s'orienta plus tard vers l'ukiyo-e, plus populaire. Si Sekien eut bien un certain nombre d'autres élèves, aucun n'atteignit ensuite la notoriété.
Carrière et relation avec l'éditeur Tsutaya Jūzaburō
Un acteur-prostitué séduit un client par une agréable conversation. Utamaro Kitagawa, 1788 Utamaro fut ensuite patronné par l'éditeur Tsutaya Jūzaburō, chez qui il résida à partir de 1782 ou 1783. Comme la plupart des éditeurs, Tsutaya Jūzaburō habitait aux portes du quartier du Yoshiwara, dont il contribuait en quelque sorte à assurer la promotion (courtisanes et acteurs de kabuki. Utamaro, comme de nombreux artistes japonais de son temps, changea son nom à l'âge adulte, et pris le nom de Ichitaro Yusuke lorsqu'il prit de l'âge. Au total, il aurait eu plus de douze surnoms, noms de famille, ou pseudonymes. Il semble qu'il se soit également marié, bien qu'on sache très peu de choses de sa femme; il n'eut apparemment pas d'enfant. Sa première production artistique à titre professionnel, vers l'âge de 22 ans, en 1775, semble avoir été la couverture d'un livre sur le Kabuki, sous le nom professionnel, gō de Toyoaki. Il produisit ensuite un certain nombre d'estampes d'acteurs et de guerriers, ainsi que des programmes de théâtre. À partir du printemps 1781, il changea son gō pour prendre celui d'Utamaro, et commença à réaliser quelques estampes de femmes, que l'on peut raisonnablement oublier. Vers 1782 ou 1783, il s'en alla vivre chez le jeune éditeur Tsutaya Jūzaburō, alors en pleine ascension, chez lequel il résida apparemment cinq années. Pendant les années qui suivirent, la production d'estampes fut sporadique, car il produisit essentiellement des illustrations de livres de kyoka littéralement poésie folle, parodie de la forme littéraire classique waka. Entre 1788 et 1791, il se consacra essentiellement à l'illustration de plusieurs remarquables livres sur la nature insectes, oiseaux, coquillages.... Vers 1791, Utamaro cessa de dessiner des estampes pour livres, et se concentra sur la réalisation de portraits de femmes, en plan serré, figurant seules dans l'estampe, contrairement aux portraits de femmes en groupe, qui avaient encore les faveurs de certains autres artistes de l'ukiyo-e. En 1793, il devint un artiste reconnu, et son accord semi-exclusif avec l'éditeur Tsutaya Jūzaburō arriva à son terme. Il produisit alors un certain nombre de séries fameuses, toutes centrées sur les femmes du quartier réservé du Yoshiwara. En 1797, Tsutaya Jūzaburō mourut, et Utamaro fut apparemment très affecté par la mort de son ami et protecteur. Même si certains commentateurs affirment que le niveau de l'art d'Utamaro ne fut plus jamais le même à partir de ce moment, il produisit cependant des œuvres remarquables après cette date.
Arrestation
En 1804, au sommet de son succès, l'année même où il sortit l'Almanach illustré des Maisons Vertes, il dût faire face à de sérieux problèmes vis-à-vis de la censure, après avoir publié des estampes traitant d'un roman historique interdit. Ces estampes, intitulées La femme et les cinq concubines de Hideyoshi décrivait la femme et les cinq concubines de Toyotomi Hideyoshi, le grand chef de guerre du Japon à l'époque Momoyama. En conséquence, il fut accusé d'avoir porté atteinte à la dignité de Hideyoshi. En réalité, le shogun Ienari y vit une critique de sa propre vie dissolue. Quoi qu'il en soit, Utamaro fut condamné à être menotté pour 50 jours selon certains, il fut même brièvement emprisonné. Il ne put supporter le choc émotionnel de cette épreuve, et ses dernières estampes manquent de puissance, au point qu'on peut penser qu'elles sont sans doute de la main d'un de ses élèves. Il mourut deux années plus tard, le 20° jour du 9° mois, en 1806, âgé d'environ cinquante-trois ans, à Edo, alors qu'il croulait sous les commandes des éditeurs qui sentaient sa fin prochaine.
Apports stylistiques
On a pu dire du style d'Utamaro qu'il marquait à la fois l'apogée et le point de départ du déclin de l'art traditionnel de l'ukiyo-e. Il sut en effet porter l'art du portrait à son sommet, par de nombreux apports : portraits visant à la ressemblance, malgré les conventions de l'art japonais, visage en gros plan, en buste okubi-e donnant à l'image un impact saisissant, utilisation fréquente de fonds micacés kira-e, donnant un aspect à la fois luxueux et sobre au portrait, utilisation sans précédent du noir des chevelures féminines, dont la densité est augmentée par une double impression, virtuosité extraordinaire du traitement des cheveux (un défi pour le graveur... Dans son œuvre, Utamaro se définit comme un physiognomoniste, capable de représenter dans ses portraits les traits de personnalité de ses sujets. D'où les titres de certaines de ses séries, telles les Dix formes de physionomie féminine 1802. Il est de fait que le portrait de Naniwaya Okita portrait de droite dans la célèbre estampe : Trois beautés de notre temps permet de reconnaitre celle-ci dans un certain nombre d'autres estampes, où l'on retrouve son profil aquilin et son air réservé, contrastant avec l'expression plus délurée et la forme de visage très différente de Takashima Ohisa à gauche sur cette même estampe.
Les okubi-e chez Utamaro
Amour profondément caché, okubi-e sur fonds micacé, de la série « Anthologie poétique ; section de l'amour 1793-1794. Pendant longtemps, la notion de portrait n'exista pas dans l'estampe japonaise, en tous cas pas au sens où l'entend la peinture occidentale. En effet, la plupart des représentations humaines présentaient les personnages soit en groupe, soit - et c'était une constante des bijin-ga - individualisé, mais en pied. On en trouve des exemples typiques chez Moronobu, Kaigetsudo, ou encore Harunobu. Ce n'est guère qu'en 1788-1789 que Katsukawa Shunkō réalisa une série de portraits d'acteurs de kabuki, représentés en buste. Utamaro reprit cette idée pour l'appliquer au genre bijin-ga, en publiant chez son éditeur Tsutaya Jūzaburō sa série Dix types d'études physiognomoniques de femmes Fūjin sōgaku juttai, vers 1792-1793. Cette première série cependant, ne pouvait pas encore prétendre au portrait en gros plan, puisqu'il ne s'agissait que de portraits de femmes cadrés à mi-corps. Ce n'est qu'un peu plus tard, et tout particulièrement avec sa série Anthologie poétique : section de l'Amour Kazen koi no bu, publiée dès 1793-1794, qu'Utamaro conçoit véritablement ce qui restera l'archétype de l’okubi-e : les femmes ainsi représentées apparaissent en gros plan, ne montrant que la tête et les épaules, souvent sur un fonds micacé, pour produire ce qui demeure une des formes les plus spectaculaires de l'ukiyo-e.
Utilisation des fonds micacés
L'oiran Hanaogi, représentée sur un fond micacé prune, tenant une pipe à la main. Utamaro a eu recours très tôt, dès sa série Dix types d'études physiognomoniques de femmes, à l'utilisation d'un fond recouvert de paillettes de mica. Il fut l'inventeur de ce procédé, appelé kira-e. L'utilisation d'un tel fond confère indiscutablement un aspect luxueux à l'estampe. Il attire également l'œil par son côté lumineux et la façon dont il accroche la lumière. Enfin, autant et mieux qu'un fond monochrome, il permet de détacher le visage, et d'en faire ressortir la blancheur, retrouvant ainsi par une autre méthode la mise en valeur de la blancheur des visages féminins obtenue dans la peinture par l'utilisation de gofun. Car les fonds micacés d'Utamaro ne sont pas toujours uniquement blancs. Très souvent, ils sont au contraire légèrement teintés, renforçant ainsi le contraste avec le visage lui-même. C'est le cas par exemple dans le portrait Amour profondément caché Fukaku shinobu koi, de la série Anthologie poétique : section de l'Amour, dont le fond micacé est légèrement rosé, ou encore du portrait de l’oiran Hanaogi, dont le fonds micacé fait appel à une rare teinte prune.
Utamaro et la recherche de la ressemblance
Utamaro se voulait un portraitiste fidèle, capable de retranscrire la psychologie profonde de ses personnages. Exercice difficile, car s'inscrivant dans la série de conventions de l'estampe japonaise : yeux représentés par une mince fente, bouche réduite à sa plus simple expression, absence de tout dégradé exprimant le modelé du visage... Et cependant, Utamaro a su restituer, au travers de toutes ces conventions, des portraits qui permettent, par d'imperceptibles détails, d'attribuer une personnalité à ses modèles préférés, telles que Naniwaya Okita ou Takashima Ohisa. En 1912, dans le catalogue de l'exposition tenue à Paris de quelque trois cent œuvres d'Utamaro, Raymond Koechlin rendait ainsi hommage au talent de portraitiste d'Utamaro : Utamaro a donné à chaque visage une expression personnelle. Les yeux peuvent être dessinés de façon schématique; l'inclinaison varie d'une tête à l'autre et leur donne un regard différent; les bouches ne s'ouvrent pas de façon tout à fait semblable; les nez sont droits, aquilins ou pointus, et surtout l'ovale du visage lui donne son caractère.
Importance du noir chez Utamaro
Le recours aux okubi-e a permis à Utamaro de jouer pleinement de l'impact visuel créé par les chevelures des femmes. Ceci aboutit à un type d'estampe nouveau, qui s'éloigne des estampes de brocart traditionnelles, pour permettre l'élaboration d'architectures graphiques nouvelles. Ainsi, Janette Ostier a pu écrire : « Utamaro ... métamorphose les coiffures féminines, harmonieusement architecturées, en de gigantesques fleurs sombres qui font ressortir la gracilité d'une nuque, la pâleur d'un visage. Dans certaines œuvres, la répartition, presque la mise en page des noirs absolus, suggère, si on cligne des yeux, de singulières compositions abstraites d'un rigoureux équilibre. » Il est à cet égard intéressant de regarder les nombreuses estampes d'Utamaro rassemblées par Claude Monet : leurs couleurs sont aujourd'hui totalement passées, à la suite d'une trop longue exposition à la lumière du jour. Leur caractère d'« estampes de brocart » colorées s'est entièrement évanoui, pour faire place à d'admirables compositions en noir et blanc, dont le mérite purement graphique sort grandi de l'effacement des couleurs. Pour parvenir à un tel résultat, Utamaro accordait une importance particulière à l'impression du noir de la chevelure : comme il est d'usage, on imprimait tout d'abord le bloc portant le dessin à l'encre noire sumi, qui reportait donc sur le papier le dessin original d'Utamaro. Puis on appliquait les différents blocs portant chaque couleur. Mais on appliquait tout à la fin un dernier bloc, qui portait, lui, spécifiquement le noir de la chevelure, pourtant déjà imprimé en principe par le premier bloc. Cette double impression du noir de la chevelure le deuxième passage portant d'ailleurs des détails un peu différent du premier permettait d'atteindre une profondeur du noir que l'on ne retrouve pas chez les prédécesseurs d'Utamaro. Ainsi par exemple, la comparaison avec les chevelures des femmes de Kiyonaga fait-elle apparaître ces dernières - malgré les ressemblances stylistiques - comme étant gris très foncé, et non pas totalement noir.
Œuvre L'Almanach des maisons vertes
Livres et séries consacrées à la nature
Couple au paravent. C'est là un aspect important de son œuvre, pendant la première partie de sa carrière. Parmi ses premières œuvres, il publiera un livre sur Les insectes choisis Ehon Mushi Erabi, de 1788, dont son maître Toriyama Sekien écrivait dans la préface10 : « L'étude que vient de publier mon élève Utamaro reproduit la vie même du monde des insectes. C'est là la vraie peinture du cœur. Et quand je me souviens d'autrefois, je me rappelle que, dès l'enfance, le petit Uta observait le plus infini détail des choses. Ainsi, ... quand il était dans le jardin, il se mettait en chasse des insectes et, que ce soit un criquet ou une sauterelle, ... il gardait la bestiole dans sa main pour l'étudier. » Utamaro est également l'auteur de deux œuvres très connues, le Livre des Oiseaux, Momo chidori kyōka awase, de 1791, et le livre intitulé Souvenirs de la marée basse Shioho no tsuto, de 1790 environ sur les coquillages et les algues abandonnés par la mer. Il publia aussi une série de douze estampes sur l'élevage des vers à soie.
Les séries de bijin-ga
Utamaro réalisa de nombreuses séries d'estampes de jolies femmes et de courtisanes bijin-ga, séries qui étaient autant d'occasions pour lui d'étudier tel ou tel aspect de son art, en étudiant de nouvelles possibilités. Parmi ses séries les plus célèbres, on peut noter : Dix types d'études physiognomoniques de femmes Fūjin sōgaku juttai 1792-1793 ; Les Beautés célèbres de Edo 1792-1793 ; Dix leçons apprises des femmes 1792-1793 ; Anthologie poétique : section de l'Amour kasen koi no bu 1793-1794 ; Neige, lune et fleurs des maisons vertes 1793-1795 ; Tableau des beautés suprêmes du jour présent 1794 ; Six sélections de courtisanes et de saké Natori-zake rokkasen 1794 ; Cinq couleurs d'encre du quartier Nord Hokkoku goshiki-zumi 1794-1795 ; Douze heures des maisons vertes Seiro jūni toki tsuzuki 1794-1795 ; Beautés en fleur du jour présent 1795-1797 ; Tableau d'amants passionnés 1797-1798 ; Huit vues de courtisanes au miroir Yūkun kagami hakkei 1798-1799 ; Six paires zodiales dans le Monde Flottant Ukiyo nanatsume awase 1800-1801 ; Dix formes de physionomie féminine 1802. Ce sont là les plus connues. Mais il existe encore bien d'autres séries de bijin-ga moins connues, telles que : Les six bras et les six vues de la rivière Tamagawa, représentées par des femmes ; Femmes représentant les 53 stations du Tōkaidō ; Les sept dieux du bonheur personnifiés par des femmes ; Femmes représentant les quatre saisons...
La légende de Yama-uba et de Kintarō
Vers la fin de sa vie, Utamaro réalisa une bonne cinquantaine d'estampes consacrées à la description de la légende de Yama-uba et Kintarō. Yama-uba, la vieille femme des montagnes, sorte de sorcière des forêts profondes des montagnes du Japon, apprivoisée par l'amour maternel, et Kintarō, le garçon d'or, incarnation enfantine du héros Sakata no Kintoki. Cette très longue série fut très populaire, et donna lieu à des estampes remarquables par leur force, le détail prodigieux de la chevelure de Yama-uba, le contraste entre la blancheur de sa peau et le teint hâlé du garcon.
Autres séries montrant mère et enfant
Utamaro réalisa d'autres séries d'estampe mettant en scène des mères avec leur enfants. Ces séries, là aussi réalisées vers la fin de sa vie, ne sont pas totalement une nouveauté dans l'ukiyo-e; on en trouve en effet quelques exemples, en particulier chez Kiyonaga. Cependant, Utamaro l'érigea en un genre distinct dont la série Yama-uba et Kintarō constitue bien sûr le fleuron.
Sur ce thème, Utamaro réalisa également :
Les trois rieurs d'esprit enfantins Kokei no sanshō vers 1802 ; Comparaison élégante des petits trésors Fūryū ko-dakara awase vers 1802 ; Jeunes pousses : Sept Komachi Futaba-gusa nana Komachi vers 1803.
Les triptyques
Par ailleurs, il faut signaler un certain nombre de triptyques, tels que : Les pêcheuses d'abalone 1797-1798, qui rivalise avec La vague d'Hokusai, pour le titre d'estampe la plus célèbre ; La lande de Musashi Musashino 1798-1799, inspirée du Conte d'Ise, célèbre classique japonais ; L'averse Yoshida n° 311 ; Nuit d'été sur la Sumida Yoshida n° 41 ; Vue de la plage de sept lieues, à Kamakura Soshu Kamakura Sichiri-ga-hama Fukei ; L'atelier des célèbres estampes d'Edo Eido Meibutsu Nishiki-e Kosaku, représentant l'atelier d'Utamaro avec des bijin en guise d'ouvrières.
Autres œuvres
Enfin, Utamaro réalisa de nombreuses œuvres érotiques, telles que son célèbre Livre sur l'oreiller, publié en 1788 Ehon Utamakura, ou consacrées aux « Maisons vertes », en particulier L'Almanach illustré des maisons vertes Seirō ehon nenjū gyōji, publié en 1804, l'année de son arrestation, et qui contribua à sa réputation en Occident. Il réalisa également des séries de shunga estampes érotiques, telle que la série de douze estampes Prélude au désir Negai no itoguchi. Par ailleurs, il fit aussi des portraits d'acteurs de kabuki, ou bien des séries telles que Comparaison des vrais sentiments : sources d'amour, ou encore À travers les lunettes moralisatrices des parents. Dans un tout autre domaine, Utamaro réalisa aussi quelques séries qui peuvent être considérées comme des annonces publicitaires :
La courtisane Shizuka et le sake Yōmeishu.
Six sélections de courtisanes et de sake Natori-zake rokkasen : chacune de ces estampes y assure la promotion d'une marque de sake, qui accompagne le portrait d'une courtisane ; le logo de la marque est affiché en gros sur un motif de baril de sake; Dans le goût des motifs d'Izugura Izugura shi-ire no moyô muki : série de neuf estampes publiées vers 1804-1806, réalisées pour promouvoir de grande marques de magasins de textile Matsuzakaya, Daimaru, Matsuya..., dont le logo apparait de façon ostensible. Il est bien difficile finalement de recenser l'ensemble de l'œuvre d'Utamaro, qui compte près de 2000 estampes. Car s'il réalisa quelques belles peintures, l'estampe resta le domaine auquel il se consacra toute sa vie.
Élèves
Après la mort d'Utamaro, son élève Koikawa Suncho continua à produire des estampes dans le style de son maître, et repris ensuite son nom d'artiste gō Utamaro jusqu'en 1820; on se réfère à cette partie de son œuvre sous le nom de Utamaro II. On dit qu'il épousa la veuve d'Utamaro après la mort de celui-ci, et dirigea l'atelier pendant une dizaine d'années. Après 1820, il changea son nom d'artiste, qui devint Kitagawa Tetsugoro, et produisit désormais ses œuvres sous ce nom. Utamaro eut par ailleurs d'autres élèves, plus mineurs, tels que Kikumaro Tsukimaro, Hidemaro, Shikimaro, Yukimaro, Toyomaro... Mais son disciple le plus important, et incontestablement le plus doué, fut Eishi. Son style se continuera dans une certaine mesure au travers d'artistes comme Eisho, Eisui et Eiri, qui, plus qu'Eishi, chercheront à retrouver le caractère spectaculaire des portraits okubi-e d'Utamaro, parfois en allant encore plus loin par l'utilisation de fonds micacés noirs.
Utamaro et l'Occident Découverte d'Utamaro au XIXe siècle
La délégation japonaise à l'Exposition Universelle de 1867 Les toutes premières œuvres d'Utamaro arrivèrent en Chine déjà de son vivant, puis en Europe par des voies inconnues. Cependant, Utamaro ne fut largement découvert en Occident, et en particulier en France sous le nom romanisé d'Outamaro qu'à partir de l'Exposition universelle de 1867. Cette Exposition Universelle, à laquelle, pour la première fois, le Japon participait de manière officielle, fut suivie de la vente de mille trois cent objets japonais. Dès lors, l'impulsion était donnée : de telles ventes eurent lieu de nouveau par exemple en 1878, à l'occasion d'une rétrospective en France sur l'art japonais, rétrospective qui mit Hayashi Tadasama en contact avec les collectionneurs français. Hayashi fut dès lors l'un des tout principaux ambassadeurs de l'art japonais en France, et en Occident de façon plus générale, approvisionnant les collectionneurs en objets d'art importés du Japon. Les artistes français de l'époque furent souvent parmi les premiers à apprécier l'art japonais, tels Claude Monet qui rassembla une importante collection d'œuvres d'Utamaro que l'on peut voir encore aujourd'hui, Degas, ou encore, les Goncourt. L'un des plus grands collectionneurs d'estampes japonaises, le comte Isaac de Camondo, légua toute sa collection au Musée du Louvre, où, enrichie par d'autres apports, elle constitua la base de ce qui est aujourd'hui la grande collection du Musée Guimet, riche en estampes d'Utamaro.
Influence sur l'art occidental
L'influence de l'art japonais sur les artistes français et européens de la fin du XIXe siècle est connue : c'est ce qu'on a appelé le japonisme. On sait par exemple que Degas et les impressionnistes, de façon plus générale) fut influencé par sa découverte des estampes japonaises. Certains de ses cadrages s'en inspirent directement, ainsi d'ailleurs que de la photographie, avec en particulier des avant-plans audacieux où le sujet au premier plan est coupé. Cependant, il est difficile de rattacher cette influence précisément à Utamaro, d'autant qu'on trouvera plus souvent de tels cadrages chez Hiroshige que chez Utamaro. En revanche, Gustav Klimt a, lui, été spécifiquement influencé dans son art par Utamaro.
Utamaro et le cinéma
La vie d'Utamaro a été portée au cinéma par Kenji Mizoguchi dans le film Cinq femmes autour d'Utamaro.
Influence sur la peinture française
Les onze pièces publiées par Henri de Toulouse-Lautrec 1864-1901 pour la suite Elles sont à la fois caractéristiques de ses thèmes favoris à l'exception de la clownesse Cha-U-Kao, toutes les femmes qu'il représente appartiennent en effet au monde des maisons closes et de sa pratique de l'estampe ce sont des lithographies en couleurs, comme la plupart de ses œuvres. Lautrec suit de près l'art japonais et en particulier celui d'Utamaro : la série, en effet, devait à l'origine comporter douze pièces comme dans les albums d'estampes japonaises, la douzième, Le Sommeil, quoique exécutée, n'a pas été retenue dans l'édition originale, pour des raisons inconnues. On sait que les gravures sur bois japonaises ont un thème de prédilection, celui des quartiers réservés où évoluent courtisanes et prostituées, ce monde flottant ukiyo souvent lié au théâtre, celui-là même que Toulouse-Lautrec fréquente à Paris. Le thème, déjà abordé par Degas est ici traité avec beaucoup de finesse dans le choix de chaque sujet, il est aussi possible que Toulouse-Lautrec ait voulu y représenter les différentes heures du jour d'une manière peu conventionnelle, l'artiste préférant insister sur la recherche formelle de l'estampe plus que sur la description naturaliste ou érotique d'une réalité trop crue.
Posté le : 19/09/2015 10:58
Edité par Loriane sur 19-09-2015 21:46:09 Edité par Loriane sur 19-09-2015 21:50:00
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