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De Montpellier
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Le 20 juillet 2011 Ã Londres Royaume-Uni, Ã 88 ans, meurt Lucian Freud,
né le 8 décembre 1922 à Berlin Allemagne peintre figuratif, Réalisme, expressionnisme britannique. Par son style à la fois réaliste, acéré et presque caricatural, il est considéré comme un des peintres figuratifs les plus importants, et un des plus exemplaires. Il est notamment célèbre pour avoir peint, en 2001, le portrait de la reine Élisabeth II à l'occasion de son jubilé d'or, tableau qui a soulevé une polémique en Grande-Bretagne.
En bref
Né en 1922, le peintre Lucian Freud s'est imposé comme une figure singulière dans l'art contemporain, tant il a poursuivi une œuvre anachronique et originale, à rebours des modes et des avant-gardes successives. Ses portraits s'inscrivent dans la tradition des plus grandes époques de l'art pictural tout en étant travaillés par un sens radicalement moderne de l'inquiétude et du soupçon. Un de ses tableaux, le Portrait de la reine Elizabeth II, 2001, Queen's Gallery, Buckingham Palace, a ainsi subi les critiques des journaux conservateurs pour son style agressif, tandis qu'il peut aussi passer pour le témoignage intempestif d'une peinture antimoderne. Cette liberté de ton comme de touche rapproche Lucian Freud de Francis Bacon, avec lequel il a exposé à maintes reprises. Elle nous rappelle surtout que le XXe siècle demeure, sans que les contemporains s'en rendent toujours bien compte, un des grands siècles du portrait, de Giacometti à Baselitz, de Dubuffet à Warhol ou de Picasso à Boltanski.
sa vie
Petit-fils du médecin et fondateur de la psychanalyse, Sigmund Freud, Lucian naît à Berlin. Son père, l'architecte Ernst Freud 1892-1970, est le plus jeune fils de Sigmund Freud. En 1934, pour échapper à l'antisémitisme nazi, Ernst Freud emmène sa famille à Londres. Lucian a deux frères, Stephen Freud né en 1921 et sir Clement Freud 1924-2009. En 1938, à la suite de l'Anschluss, leur grand-père les y rejoint. Après ses études secondaires, Lucian entre en 1938–1939 à la Central School of Arts and Crafts de Londres. De 1939 à 1941, il suit les cours de Cedric Morris à l'East Anglian School of Painting and Drawing à Dedham. Il est alors mobilisé dans la marine marchande puis démobilisé après trois mois de mer. De 1942 à 1943 il étudie à temps partiel au Goldsmith's College à Londres. En 1943, il illustre les poèmes de Nicholas Moore. Il expose, pour la première fois, à la galerie Lefèvre à Londres en 1944. Sa peinture est alors influencée par le surréalisme : en témoigne le tableau énigmatique The Painter's Room. Déjà , l'univers personnel de Freud y est représenté : la fenêtre, la plante, l'animal, tous les éléments de son œuvre sont en place.
En 1946, Freud visite Paris et la Grèce. Il reviendra très régulièrement à Paris pour rendre visite à Picasso et à Giacometti.
En 1948, il épouse la fille du sculpteur Jacob Epstein, Kitty Garman. C'est son premier mariage. Il divorce puis se remarie et divorce pour la deuxième fois. Lucian Freud a eu de nombreux enfants légitimes ou naturels, une quinzaine, dont la styliste Bella Freud née en 1961, l'écrivain Esther Freud, l'artiste Jane Mc Adam Freud née en 1958 ou encore Noah Woodman, entre autres. À partir des années 1960, son style à la fois brutal et réaliste se forge avec comme thèmes privilégiés les portraits de ses amis, mais aussi des commandes, des grands nus vus comme écrasés par la vision de l'artiste, des portraits de chevaux et de chiens. Il est alors proche de Francis Bacon, Frank Auerbach, Kossoff, Andrews, etc., amis avec qui il forme ce que l'on appellera l' École de Londres – groupe auquel sera consacrée une exposition, en 1998–1999, au musée Maillol6.
Il décède dans la nuit du 20 au 21 juillet 2011, dans sa résidence de Londres.
La reconnaissance
Le talent de Freud est reconnu à partir des années 1970–1980 avec, en 1974, l'exposition rétrospective de ses œuvres à la Hayward Gallery de Londres, puis, en 1982, avec la publication de la première monographie consacrée à son œuvre par Lawrence Gowing. La première grande exposition itinérante de son œuvre a lieu en 1987-1988 Washington, Paris, Londres, Berlin. Après l'exposition de l'École de Londres suivent, en 2002, l'exposition de la Tate Britain, celle de la fondation La Caixa Barcelona, celle du Musée d'art contemporain de Los Angeles. En 2005 a lieu une importante rétrospective de son œuvre à Venise. En 2010 – Lucian Freud a 88 ans – est présentée à Paris l'exposition Lucian Freud - L'Atelier, au Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, plus de vingt ans après la première rétrospective que lui avait consacrée le Centre, en 1987.
Distinctions
Membre de l'Ordre des compagnons d'honneur CH - 1983 Membre de l'Ordre du Mérite britannique OM
Présentation de l'œuvre L' Ingres de l'existentialisme
L'œuvre de Lucian Freud est divisé en plusieurs périodes : une première période aux compositions surréalistes ; puis une période réaliste dite néo-romantique, où apparaissent les portraits dans une texture légère ; enfin la période de maturité, qui a fait la réputation de l'artiste. Peints dans une texture épaisse, dans des tons bruns, gris et blancs, les portraits apparaissent souvent comme vus avec une acuité particulière qui ne veut cacher aucun détail, en particulier du visage, du modèle scruté. Peints sur le vif, ils sont repris de nombreuses fois.
Les modèles nus sont vus dans des ateliers désolés – en fait l'appartement vide où travaille le peintre –, sur des lits ou des sofas défoncés dans des poses inhabituelles et avec des attitudes crues. Aucun détail n'est caché. L'éclairage de la scène est souvent électrique, et on remarque des coups de blanc sur les chairs des modèles peints qui renforcent la sensation d'éclairage artificiel. Freud parle d'une déformation particulière qu'il obtient par sa façon de travailler et d'observer. Il faut reconnaître aussi que, pour ses détracteurs, le style particulier de Freud choque par l'aspect caricatural, presque morbide de certaines de ses œuvres. Peintre, Freud est également graveur. On lui doit une œuvre gravée sur cuivre abondante, en noir et blanc, et qui reprend et réinterprète les thèmes de sa peinture.
L'homme mis à nu
De fait, pendant toute sa carrière, Freud met à nu le corps humain et en souligne avec compassion la séduction et la fragilité. Peintre de la tristesse de la chair plus que de son exaltation (Homme nu au rat, 1977-1978, Art Gallery of Western Australia), il s'éloigne des canons du beau idéal et met crûment en valeur l'apparence physique, souvent banale, de ses modèles, éloignés de toute grâce particulière, voire marqués par l'âge. Si cette nudité présente une dimension sexuelle évidente, elle paraît aussi renvoyer à une faiblesse humaine d'ordre plus essentiel. Ce mystère et ce drame qui se manifestent dans la chair nue, Freud continue de les explorer même lorsqu'il se concentre sur un simple visage. Ainsi confie-t-il à Laurence Gowing, à propos de Tête endormie (1962, collection particulière) : « J'allais faire un nu quand je me suis rendu compte que je pouvais le faire avec la tête seule. » Dès le Portrait de Francis Bacon (1952, Tate Gallery, Londres), la figuration du visage humain, dans sa singularité et son expressivité, devient un de ses thèmes favoris. C'est dans ce genre qu'il procède, avec La femme qui sourit (1958-1959, collection particulière), à un renouvellement décisif de sa manière de peindre, en abandonnant la valorisation du seul contour au profit de la couleur matière, étalée avec vigueur et violence sur la surface au moyen des poils durs d'un pinceau en soie de porc. Ce travail de représentation en relief déstructure le visage et lui confère une singulière intensité. De fait la spécificité de la peinture, par rapport à la photographie notamment, n'est pas aux yeux de Freud d'ordre technique, mais relève de l'éthique : la différence entre le portrait photographique et le portrait peint, souligne-t-il, est « le degré d'intervention des sentiments dans l'échange entre les deux parties en présence. La photographie les laisse jouer dans une toute petite mesure, la peinture dans une mesure illimitée ».
Cet échange de sentiments s'opère d'autant plus fortement que Freud peint avec le modèle vivant, et non d'après lui, et travaille généralement avec des personnes qui appartiennent à son entourage. Une série d'importants portraits se présente cependant comme des créations à vocation publique, dans la lignée des portraits d'apparat courants aux siècles antérieurs, Lord Goodman in his Yellow Pyjamas, 1987 ; Portrait of Baron H. H. Thyssen-Bornemisza, 1981-1982, musée Thyssen-Bornemisza, Madrid. Mais, même dans ces tableaux qu'on peut dire officiels, Freud montre l'ambition de traquer l'authenticité de la personne derrière son masque social, et met en valeur avec une violence savamment retenue l'émotion qui émane de chaque être humain : La peinture, c'est la personne, aime-t-il à répéter. Portée à incandescence, la peinture est cet art de révélation qui traque dans l'apparence sensible une vérité complexe et mystérieuse ; même les natures mortes – Cyclamen, 1964 ; Deux Plantes, 1977-1980, Tate Gallery, Londres – se révèlent de ce point de vue plus étranges qu'on ne le croirait à première vue.
Réinventer la tradition de la peinture
Les nombreux autoportraits qui jalonnent la carrière de Lucian Freud constituent bien plus qu'un simple exercice d'introspection. Ils constituent, ainsi que le prouve notamment l'autoportrait nu Painter Working, Reflection 1993, collection particulière, de véritables manifestes de la peinture comme travail, comme ambition plastique inscrite dans une histoire. Freud a de manière générale le souci de lier ses créations modernes à la tradition de la peinture occidentale ; il manie la brosse avec la brutalité d'un Frans Hals, évoque directement le Pierrot content de Watteau 1712 dans Grand Intérieur W. 11 1981-1983, collection particulière ou fait en maints détails de son œuvre référence à Rubens, Corrège et beaucoup d'autres. En 2002, l'année même de son importante rétrospective à la Tate Gallery, l'artiste a été choisi pour sélectionner les œuvres de l'exposition Constable au Grand Palais à Paris, dont il a su mettre en valeur avec originalité l'art de portraitiste et la manière, subtile et spontanée, d'utiliser l'aquarelle et l'huile. La toile D'après Cézanne 2000, National Gallery of Australia, libre réinterprétation du tableau de Cézanne L'Après-midi à Naples 1870-1875 qui figure dans sa collection personnelle, atteste avec éclat l'importance de ce rapport, savant et inventif, à de grands maîtres. La composition présente deux femmes et un homme, associés en une scène énigmatique qui prend place dans un lieu de plaisir. Les jeux de regard et d'expression, le mode de figuration tourmentée des corps mettent surtout en lumière le malaise de l'homme d'aujourd'hui, perdu dans un univers apparemment dénué de sens et confronté à des questions sans réponse. Ainsi, Lucian Freud s'affirme comme le peintre moderne de la figure humaine, dans la vérité de sa chair et dans son inquiétude existentielle.
Le point de vue d'Hector Obalk
Le critique d'art Hector Obalk a consacré à Lucian Freud un épisode de son émission Grand'Art, diffusée sur Arte en mars 2009. Il nous fait voyager dans l'univers de l'artiste depuis ses débuts jusqu'à son œuvre récente, notamment au travers d'une série d'autoportraits allant de ses toiles des années 1940 à celui de 2005. Hector Obalk y voit un bon moyen pour décrire l'évolution de la technique de Freud. Il y voit également, tour à tour, la représentation d'un peintre présomptueux, sûr de lui, faussement inquiet, enfin assumant sa nudité et les marques de la vieillesse. Son dernier autoportrait le représente en effet nu, les pieds dans des godillots ouverts, tenant de la main gauche sa palette et de la droite son couteau de peinture, dans le vide de son atelier, qu'il n'a jamais voulu aménager nous dit le critique. Ses portraits traitent de personnes ordinaires, des proches du peintre. Ils constituent parfois des séries, comme ceux de l'industriel irlandais, son chien et son fils, ceux de sa fille ou de son assistant David Dawson. En rendant aussi fidèlement que possible certains éléments de lumière, en exagérant d'autres traits, Lucian Freud a été capable de faire sentir le caractère de ses personnages. Ses sujets non animés ont plutôt tendance à s'intégrer comme éléments du portrait, qu'ils soient détails, remontoir de montre ou ceinture pour l'industriel, cravate du fils de l'industriel au rendu rendant les reflets de la pièce ou plus conséquents, fouillis d'objets sur la chaise à côté de son assistant. Toutefois, quelques œuvres portent exclusivement sur des éléments de décor, comme deux représentations du lavabo de son atelier. D'un point de vue technique, Hector Obalk remarque au début de son travail un attachement aux reflets dans les yeux, certaines exagérations touchant presque à la caricature et, toujours, une recherche obsessionnelle du rendu de la lumière. Sur le tard, Freud ne dessine pour ainsi dire plus, il pose les touches de teintes des carnations, dessinant ainsi des visages, parfois englués sous une épaisse couche de peinture. Pour Obalk, toutefois, cela n'a pas toujours été une réussite… Ce dernier relève trois changements dans la technique picturale de Freud. D'abord, un changement d'outil, une brosse plus dure. Ensuite, le passage à un blanc contenant plus d'oxyde de plomb, ce qui lui permet de rendre encore mieux les contrastes de lumière. Enfin, après être passé maître de sa technique, une remise en question totale qui lui fait abandonner en 1988, comme évoqué ci-dessus, le dessin des formes, pour l'application de touches de couleur, remise en question que seul un Titien avait été auparavant en mesure de faire, risque rendu possible du fait de la grande maîtrise technique, mais aussi de l'âge vénérable atteint par les deux peintres.
La cote de l'Å“uvre
Naked Woman on a Sofa 1984-1985 est vendu aux enchères, en 2005, pour 4,353 millions d'euros. Le 13 mai 2008, un nu intitulé Benefits supervisor sleeping, daté de 1995, est vendu par Christie's à Londres. Le montant final des enchères, près de 34 millions d'euros, fait de cette œuvre la plus chère pour un artiste encore vivant. Le 13 octobre 2011, le petit portrait de Charlie Lumley, Boy's Head tête de garçon, daté de 1952, est vendu par Sotheby's à Londres pour 3,2 millions de livres, 5 millions de dollars. Cette vente a attiré beaucoup d'attention médiatique.
Liens
http://youtu.be/KtD8CMaje8o Peintures portraits http://youtu.be/eJdOst73_8M Le peintre
Posté le : 19/07/2014 13:38
Edité par Loriane sur 20-07-2014 15:28:55 Edité par Loriane sur 21-07-2014 23:13:48
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