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Henri Matisse
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Le 3 novembre 1954, à Nice, meurt Henri Matisse, artiste-peintre, dessinateur et sculpteur français.


Il fut le chef de file du fauvisme ; Pablo Picasso, son ami, le considérait comme son grand rival


Face à la vie et à l'œuvre d'Henri Matisse, l'histoire de l'art a forgé le cliché durable d'un artiste ambivalent.
D'abord, au début du XXe siècle, le révolutionnaire, instigateur du fauvisme, initialement méprisé en France ; ensuite, le peintre d'un bonheur de vivre douceâtre servant, après les premières avant-gardes abstraites des années 1910, l'exigence dominante d'un retour à des valeurs académiques.

Or son œuvre même a pour fondements la perméabilité des espaces, leur communication et, par l'épanchement de la couleur, la transgression des limites sur lesquelles repose le système de représentation classique.
À ce titre, la peinture de Matisse entretient une relation ambiguë avec l'abstraction, vers laquelle elle tend et à laquelle elle résiste. La défiance que suscite toujours sa peinture souligne, en outre, la persistance des interrogations que pose son art, dont la portée dépasse le cadre hagiographique traditionnel.
Il faut s'aventurer dans une suite d'anecdotes chronologiquement ordonnées de sa naissance au Cateau-Cambrésis Nord en 1869 à sa mort, à Nice, en 1954, et miraculeusement superposées aux multiples facettes d'une œuvre qui traverse un demi-siècle.
Il faut, pour justifier la prédominance de la couleur dans son art, dénombrer ses fréquents séjours au bord de la Méditerranée et s'intéresser à l'influence de Collioure où il passe notamment l'été de 1905 en compagnie de Derain, ou à celle de Tanger, qu'il visite en 1911-1912 et en 1912-1913 ?
Faut-il enfin décrire le Matisse avant-gardiste du début du XXe siècle, longtemps exécré, ou le peintre du retour à l'ordre qui fut, dès après la Première Guerre mondiale, récupéré par une France qui réagit aux excès de l'art moderne ? Sont-ils incompatibles ?
La vie et l'œuvre du peintre racontent aussi l'histoire des regards qui s'y posent ou s'en détournent.
À sa mort, un seul ouvrage d'importance avait été publié sur l'artiste, en 1951, par le directeur du Museum of Modern Art de New York, Alfred H. Barr, qui citait ironiquement cette remarque d'un critique français en 1910 :
"Estimons-nous heureux de ne voir parmi les disciples et admirateurs agissants de Matisse, que Russes, Polonais et Américains."
Un ouvrage qui ne sera jamais traduit en français comme le prophétise avec une certaine lucidité la préface d'un colloque consacré à l'artiste, à Nice, en 1987. Quarante ans avant ces honneurs posthumes, le premier directeur du Musée national d'art moderne de Paris, Jean Cassou, ne pouvait que
"combler les lacunes qui existaient encore, en particulier en ce qui concerne quelques-uns des maîtres de l'école moderne. Bonnard, Vuillard se trouvaient déjà fort bien représentés au musée. ... Mais l'effort principal, soulignait-il, a dû porter sur Matisse, qui n'y était représenté que par trois peintures, Braque qui ne l'était que par trois, Rouault par deux" .

Sa vie

Henri Matisse est né le 31 décembre 1869 au Cateau-Cambrésis en France, fils d’un marchand de grains.
Sa mère était peintre amateur. Après la guerre franco-allemande, en 1871, la famille déménage à Bohain-en-Vermandois où Matisse passe sa jeunesse. Il commence sa vie professionnelle comme clerc de maître du conseil à Saint-Quentin.
À 20 ans, à la suite d'une crise d'appendicite, il est contraint de rester alité pendant de longues semaines.
Léon Bouvier qui a épousé la sœur de son ami, voisin de son domicile, Léon Vassaux peint à ses heures, et présente à Matisse ses premières œuvres, plus particulièrement un Chalet suisse, chromo reproduit dans les boîtes de peinture en vente à l'époque. Henri Matisse en peindra une copie, qu'il signera Essitam. Parce qu'il est séduit par la peinture, sa mère lui offre une boîte de peinture.
Il découvre alors le plaisir de peindre.
Dès son rétablissement, tout en réintégrant l'étude, il s'inscrit au cours de dessin de l'école Quentin-de-La Tour destinée aux dessinateurs en textile de l'industrie locale.
Il peint son premier tableau Nature morte avec des livres en juin 1890
.
Carrière

En 1896, Matisse expose pour la première fois au Salon des Cent et au Salon de la Société nationale des beaux-arts dont il devient membre associé sur proposition de Pierre Puvis de Chavannes.
Cette fonction lui permet notamment d'exposer sans passer par un jury.
Il passe l'été à Belle-Île-en-Mer et rencontre l'australien John Peter Russell qui l'introduit auprès d'Auguste Rodin et Camille Pissarro. Il commence à s'intéresser à la peinture impressionniste qu'il découvre en 1897 au musée du Luxembourg.
En 1894, naît sa fille Marguerite, d'un de ses modèles nommé Caroline Joblau. C'est à l'occasion de son voyage de noces que Matisse débarque en Corse le 8 février 1898 accompagné de sa jeune épouse Amélie Parayre ; née en 1872, elle est âgée de 25 ans ; ils auront deux enfants, Jean en 1899 et Pierre en 1900.
Au cours de son séjour à Ajaccio qui dure jusqu'en juillet, il habite dans une villa dont il a loué le dernier étage meublé à un certain de la Rocca.
Henri Matisse peint à Ajaccio une cinquantaine de toiles dont "le mur rose" qui représente l'arrière de l'hospice Eugénie vu depuis la villa "de la Rocca".
Il passe une semaine à Londres où, sur les conseils de Pissarro, il découvre la peinture de Joseph Mallord William Turner.
En séjour à Toulouse, il expérimente la méthode de Turner.
À partir de 1900, Matisse travaille à l'Académie de la Grande Chaumière sous la direction d'Antoine Bourdelle et fréquente également l'atelier d'Eugène Carrière.
Il y fait la connaissance d'André Derain et de Jean Puy. Derain qui lui présente Maurice de Vlaminck. Il expose au Salon des indépendants 1901 et participe à la première édition du Salon d'automne 1903. Il expose en 1904 chez Ambroise Vollard.
Au début de 1905, il présente une importante exposition particulière chez Bernheim-Jeune et participe au Salon des indépendants. L'été de 1905, il séjourne à Collioure en compagnie de Derain.
Au Salon d'automne de 1905, l'accrochage des œuvres de Matisse, Albert Marquet, Vlaminck, Derain et Kees van Dongen provoque un scandale par les couleurs pures et violentes posées en aplat sur leurs toiles. À la vue de ces tableaux regroupés dans une même salle, le critique Louis Vauxcelles compare l'endroit à une "cage aux fauves". L'appellation de "fauve" est aussitôt adoptée et revendiquée par les peintres eux-mêmes.
Cette période marque également la reconnaissance de son travail, lui permettant enfin une relative aisance matérielle. Matisse devient le chef de file du fauvisme. La même année, il rencontre Edmond-Marie Poullain.
Il entreprend de nombreux voyages qui seront autant de sources d'inspiration : Algérie, Italie, Allemagne, Maroc, Russie, Espagne, États-Unis et Tahiti.
En 1908, Matisse ouvre une académie libre au couvent des Oiseaux, puis à l'hôtel de Biron où se pressent les étudiants étrangers.
L'académie ferme en 1911.
Entre 1908 et 1912, ses œuvres sont exposées à Moscou, Berlin, Munich et Londres ; Matisse et Amélie reviendront à Ajaccio en décembre 1912. En 1913, Matisse est exposé à l’Armory Show de New York à côté d'œuvres de Marcel Duchamp et Francis Picabia, comme autant de représentants de l'art le plus moderne qui soit.

Dès le déclenchement de la Première Guerre mondiale, il quitte Collioure qu'il fréquentait régulièrement depuis 1905.
Après avoir passé une partie de l'hiver 1916-1917 à Nice, Matisse décide de rester plus longuement sur la Côte d'Azur, qu'il considère comme un paradis, et dont il recherche la transcription dans ses toiles.
Durant cette période, Matisse rencontre le peintre japonais Yoshio Aoyama, qui vivait aussi à Nice, dans le quartier de Cimiez, et qui devient son disciple.
Selon Matisse, Aoyama était un maître de la couleur, créant le terme Aoyama blue. En 1919, il reçoit la commande d'Igor Stravinski et Serge Diaghilev pour dessiner les costumes et les décors du ballet Le Chant du rossignol présenté à Londres.

À partir de 1917, Matisse passe l'hiver à Nice, se préoccupant quelque temps de recherches plus abstraites sur l'espace et la musicalité : la Leçon de piano 1916 ou 1917, musée d'Art moderne, de New York semble ainsi éterniser le tempo d'un "moderato cantabile".
Après la guerre, son style montre une détente, un retour aux délices ornementales auxquels ses conversations avec Renoir en 1918 ne sont pas étrangères.
Peintures d'intimité où l'éclat des fleurs et des fruits concurrence celui des chairs féminines, les diverses Odalisques doivent beaucoup aux aquarelles des Femmes d'Alger, car Delacroix, de même qu'Ingres, est l'un des maîtres auxquels Matisse aime se référer.
La Légion d'honneur en 1925, le prix Carnegie en 1927 consacrent le succès du peintre.
Celui-ci revient à plus de rigueur par l'intermédiaire des découpages coloriés, qui lui servent à la préparation des grands panneaux de la Danse 1931-1933 commandés par le Dr Barnes. La sobriété s'accentue dans "le Nu rose" 1935, musée d'Art de Baltimore.
Un incessant souci de l'interpénétration sans modelé des figures dans l'espace, du jeu sans épaisseur des couleurs et du contour aboutit aux différentes versions de la Robe rayée et de la Blouse roumaine.

En 1925, Matisse est nommé chevalier de la Légion d'honneur.

À New York, on organise une rétrospective 1929. Pendant son séjour aux États-Unis, Albert Barnes, le collectionneur, lui commande une œuvre monumentale pour sa fondation à Philadelphie.
À son retour à Nice, dans l'atelier de la rue Désiré Niel loué spécialement pour cette réalisation, Matisse s'attellera à la Danse dont il réalisera de 1930 à 1933, trois versions en raison d'erreurs de gabarit.
La première version inachevée a été retrouvée après sa mort dans son appartement à Nice. Elle est exposée en présentation définitive avec la deuxième version, la Danse de Paris, 1037 × 450 cm, dans la salle Matisse du musée d'art moderne de la ville de Paris.
La dernière version dite la Danse de Mérion a été installée par Matisse lui-même, en mai 1933, à la fondation Barnes de Philadelphie. C'est au décours de ce travail que Matisse inventa les gouaches découpées.
Il travaille à l'illustration du roman de James Joyce, Ulysse, et aux décors et aux costumes de Rouge et noir pour les Ballets russes de Monte-Carlo 1934-1938.
En 1941, atteint d'un cancer, il est hospitalisé à la clinique du Parc de Lyon. Ses médecins lui donnent six mois à vivre.
S'il ne peut plus voyager, il utilise alors les étoffes ramenées de ses voyages pour habiller ses modèles originaires du monde entier.
Son infirmière, Monique Bourgeois accepte d'être son modèle. Matisse utilise la technique des gouaches découpées et commence la série Jazz.
Il s'installe à Vence et renoue une amitié épistolaire assidue avec le dessinateur et écrivain André Rouveyre, connu à l'atelier de Gustave Moreau.
En avril 1944, Marguerite Matisse, sa fille, ainsi qu’Amélie son épouse, sont arrêtées par la Gestapo, pour faits de résistance.
Madame Amélie Matisse reste six mois en prison, tandis que Marguerite Matisse, fille du peintre, parvient à s'enfuir à Belfort du train de déportation qui l'emmenait dans un camp.
Elle est recueillie dans un premier temps par la famille de Léon Delarbre, peintre résistant et déporté, connu pour avoir réussi à ramener avec lui des dessins réalisés dans les camps d'extermination, musée de la Résistance à Besançon.
Marguerite Matisse est ensuite prise en charge par la Croix-Rouge qui la cache au sein de la famille Bruno de Giromagny, et libérée le 6 octobre 1945. Sous le coup d'une émotion intense, Henri Matisse dessine de nombreux portraits de sa fille dont le dernier de la série montre un visage enfin apaisé.

En 1945, une grande rétrospective est organisée au Salon d'Automne. Il réalise les cartons de tapisserie Polynésie, le Ciel et Polynésie, la Mer 1946 et commence à travailler à partir de 1949 au décor de la chapelle du Rosaire de Vence.
En 1952 a lieu l'inauguration du musée Matisse du Cateau-Cambrésis, sa ville natale.
Il réalise la gouache découpée La Tristesse du roi, tableau plus proche même de la peinture classique que Matisse ne l'a jamais été..., son dernier autoportrait..., le portrait d'un vieillard.

Écrits et dernières inventions

Malgré la guerre, la vieillesse, la maladie, le sens de l'invention plastique demeure intact chez Matisse, s'inspire des courbes d'un fauteuil rocaille, renoue dans les grands Intérieurs de 1946-1948 avec les paroxysmes colorés du fauvisme, cherche la symbiose de tous les arts dans l'ensemble décoratif de la chapelle du Rosaire des Dominicaines à Vence 1951.
C'est toutefois à travers les grandes gouaches découpées follement évocatrices de la danse ou du repos, de la femme, de l'arbre ou de la fleur que Matisse atteint à la fin de sa "vie encore plus d'abstraction, encore plus d'unité".
Les mêmes préoccupations apparaissent dans ses sculptures, soixante-dix bronzes environ qui, eux, toutefois, s'attaquent de front aux problèmes de l'expression volumétrique ainsi avec la série des bustes de Jeannette, 1910-1913.
De même dans ses dessins et ses gravures fort nombreux, ses illustrations de livres : dix-sept en tout, parmi lesquelles les Poésies de Mallarmé 1932 les Lettres de la religieuse portugaise 1946 et le texte intitulé Jazz, magistralement accompagné de papiers découpés 1947.
Outre les réflexions incluses dans ce dernier album, Matisse a donné différents textes, repris dans le recueil Écrits et propos sur l'art édité en 1972.
Tout au long de sa carrière, les mêmes thèmes s'imposent : fenêtres ouvertes, femmes indolentes, univers de paresse totalement antithétique de son créateur et, avant tout, prétexte à la prospection du champ artistique.
Le travail guérit de tout disait Matisse. L'œuvre du peintre, d'une apparente simplicité, "ce fruit de lumière éclatante" aimé d'Apollinaire, naît d'un labeur acharné, qui toujours cherche à témoigner de l'indicible sensation dont l'un de ses derniers tableaux porte le titre : le Silence habité des maisons.

Henri Matisse meurt le 3 novembre 1954 à Nice et est enterré dans cette ville, au cimetière de Cimiez.

Son fils, Pierre Matisse fut un important et influent marchand d'art installé au Fuller Building de New York.
En 1963, le musée Matisse de Nice ouvre ses portes à son tour.
Connu et reconnu de son vivant, la cote de Matisse n'a cessé depuis de monter ainsi que le montre en 2009 la valeur historique de 32 millions d'euros atteinte par Les Coucous, tapis bleu et rose, œuvre mise en vente dans le cadre de la vente Bergé/Yves Saint Laurent à Paris.

Peintres autour de Matisse

Jackson Pollock, Mark Rothko, Barnett Newman, Marg Moll, Oskar Moll, Hans Purrmann, ... Tous ont partagé une même vénération pour Matisse.
La confrontation des collections du musée de sa ville natale avec des œuvres de ces génies de l'abstraction met en valeur cette filiation.
Tout au long de son Å“uvre Matisse travaille la sculpture afin de perfectionner son approche de la ligne.
Avec la série des Nus de dos qui s'étend de 1909 à 1930, il affronte tour à tour les problèmes picturaux qu'il rencontre : le tracé des figures monumentales : la réalisation de Nu de dos I, 1909, est contemporaine de celle des grandes compositions La Musique et La Danse, le rapport forme et fond : les fresques destinées à la Fondation Barnes sont réalisées en 1930 comme Nu de dos IV.
Toutefois, bien que la série ne semble pas avoir été conçue pour être présentée en une seule entité : la fonte des pièces en bronze n'a été faite qu'après la mort de Matisse, ces quatre sculptures constituent un ensemble plastique.
"Matisse était un artiste au sens médiéval du terme. Par un travail très simple, il cherchait à exprimer ce qu'il sentait au-dedans de lui. C'était un travailleur acharné. J'ai vu des cahiers entiers, des centaines de pages sur lesquelles il avait simplement dessiné une feuille de chêne. … Finalement, quelques traits signifient la feuille de manière évidente. Elle est reconnaissable par tous, mais elle est l'aboutissement d'heures et d'heures de travail."
La sculpture "Nu de dos IV" a été vendue aux enchères chez Christie's à New York pour près de 49 millions $ soit environ 35 millions € , elle devient ainsi la 4e sculpture la plus chère vendue aux enchères, après Alberto Giacometti et Amedeo Modigliani

L' homme

La représentation désastreuse dans les collections françaises des peintures réalisées par Matisse au cours des années 1904-1917 nous ramène d'abord à la réception mouvementée des peintres dits "fauves" : Matisse, Derain, Vlaminck, et d'autres anciens élèves de Gustave Moreau – lors du Salon d'automne de 1905.
L'œuvre de Matisse, lisait-on dans La Grande Revue en 1908, "excite trop de mépris, de colère ou d'admiration pour que l'os'en tienne à l'appréciation forcément rapide qu'ont dû en donner jusqu'à présent les critiques... . Il fallait donc que le peintre lui-même s'exprime sur ces passions excessives.
Ce qu'il fit dès 1908, en des termes désormais célèbres :
"Ce que je rêve, c'est un art d'équilibre, de pureté, de tranquillité, sans sujet inquiétant ou préoccupant, qui soit, pour tout travailleur cérébral, pour l'homme d'affaires aussi bien que pour l'artiste des lettres, par exemple, un lénifiant, un calmant cérébral, quelque chose d'analogue à un bon fauteuil qui délasse de ses fatigues physiques."
Comme le note Jack Flam dans les actes du colloque "Matisse aujourd'hui", il semble évident, en regard de certaines avant-gardes du début du siècle, que l'art de Matisse ne répond à aucun programme idéologique spécifique.
L'artiste lui-même, fils de la bourgeoisie de province, qui avait débuté une carrière comme clerc d'avoué avant d'être "poussé par je ne sais quoi, une force" vers la peinture en 1890, se présentait comme un modèle d'homme "normal".
Mari et père dévoué, allant au théâtre, montant à cheval, possédant une maison confortable, un beau jardin : "comme n'importe quel homme", tenait-il à préciser. L'apparente absence d'angoisse existentielle de ses sujets finit toutefois par se retourner contre les valeurs qu'elle devrait conforter.
Dès Luxe, calme et volupté 1904, dont le titre servira souvent l'interprétation d'un art lénifiant, l'œuvre de Matisse exalte l'oisiveté, la contemplation, la promesse d'un retour au paradis perdu.
Elle se développe ainsi comme une rêverie lente et décalée, fruit d'un intense délire qui se lit, par exemple, dans le regard éthéré de la Femme devant un aquarium de 1921 – année à partir de laquelle il partage sa vie entre Nice et Paris –, un tableau typique de sa période néo-classique dite niçoise.
Perdues dans un autre temps et un autre espace, ses pensées rejoignent celles des Marocains fumeurs de narguilé,
"ces grands diables qui restent des heures contemplatifs, devant une fleur et des poissons rouges", que Matisse, après les avoir observés lors de ses voyages en 1912-1913, dépeignait dans Le Café arabe 1913.

Le peintre


Une esthétique de l'échange

Cette communication subreptice entre deux espaces esthétiques et culturels antinomiques – celui de la tradition occidentale et celui d'un Orient d'où vient la révélation – est caractéristique de son esthétique de l'échange et de la fusion.
Certes, Matisse n'est pas, selon ses propres termes, un révolutionnaire par principe mais, dès le début de sa carrière, sa fréquentation de l'Académie des beaux-arts, à Paris, l'incite à se méfier des principes.
De Gustave Moreau, dont il fréquente l'atelier de 1895 à 1898, il garde ainsi le souvenir,
"d' un homme cultivé, qui incitait ses élèves à considérer toutes les sortes de peintures, tandis que les autres professeurs n'avaient en tête qu'une période, qu'un seul style – celui de l'académisme contemporain – c'est-à-dire le leur, résidu de toutes les conventions".
Parallèlement à cet enseignement en marge des dogmes officiels, Matisse débute comme copiste au Louvre. Or, estimera-t-il rétrospectivement, c'est précisément la renommée qu'il acquiert alors qui l'incite à opérer une rupture :
"Au Louvre, quand je fréquentais et y copiais, tout en travaillant des choses personnelles dans mon atelier, je faisais facilement l'image ou je croyais la faire. Mais c'était l'image des autres, l'image transmise par mes prédécesseurs. J'étais extrêmement peu dedans ou même pas du tout. ... C'est le succès qui m'a fait réagir, car il ne me paraissait pas mérité. "
Ainsi, au-delà de la morale qui justifie sa réaction, l'imitation au carré de la réalité par l'art, et de l'art par l'art à laquelle se confronte le copiste a, semble-t-il, conduit le peintre à douter de l'un des fondements du système de représentation classique : l'exclusion mutuelle de l'espace de la réalité la sienne, celle du modèle et de l'espace de l'art.

La peinture mise en scène

La peinture de Matisse met en scène la peinture elle-même et ses éléments constitutifs ; elle expose, interroge et dérègle méthodiquement ses conventions. En 1907, le critique Louis Vauxcelles saisissait parfaitement devant le Nu bleu "souvenir de Biskra", un jeu d'influences réciproques qu'il redoutait entre les lois internes du tableau, la réalité observée et la représentation :
"Je ne voudrais, en quoi que ce fût, froisser un artiste dont je sais l'ardeur, la conviction ; mais le dessin m'apparaît ici rudimentaire et le coloris cruel ; ... le hanchement du corps déformé détermine une arabesque de feuillage à moins que ce ne soit l'incurvation du feuillage qui motive la courbe de la femme."
Cette rime plastique entre la palme et la hanche est caractéristique de la soumission de la nature à "l'esprit du tableau" auquel aboutit Matisse.
Sa peinture repose, en partie, sur un aller et retour entre le motif, le peintre et le tableau.
Tout près de son modèle, quel qu'il soit, et comme "en lui-même", l'attitude de Matisse engendre d'abord une forme d'identification violente pour se tenir, selon ses propres termes « en émotion, en état d'une sorte de flirt qui finit par aboutir à un viol "

À ces deux termes qui n'en font plus qu'un s'incorpore un troisième, le tableau, qui impose ses propres lois :
"Dans la "Nature morte au magnolia" 1941, expliquait ainsi Matisse, j'ai rendu par du rouge une table de marbre vert ; ailleurs il m'a fallu une tache noire pour évoquer le miroitement du soleil sur la mer ; toutes ces transpositions n'étaient nullement l'effet du hasard ou d'on ne sait quelle fantaisie, mais bien d'une série de recherches à la suite desquelles ces teintes m'apparaissaient nécessaires, étant donné leur rapport avec le reste de la composition, pour rendre l'impression voulue."
En un sens, Matisse se situe précisément entre la convention classique qui veut que l'artiste donne un coup d'œil sur la toile, un demi sur la palette et dix sur le modèle, et celle de l'abstraction qui, selon la formule de Kandinsky en 1913, impose "dix coups d'œil sur la toile, un sur la palette, un demi sur la nature".
De bout en bout, son art accélère, aggrave certaines tensions inhérentes au système de la représentation. Celles, par exemple, qu'induit le cadre que l'on voit mis en abyme dans l'espace de l'Intérieur aux aubergines 1911 – dont l'état original comprenait un cadre peint –, transgressé par les figures en expansion de La Danse de la fondation Barnes 1932-1933, dont il avait accepté la commande lors de son second séjour aux États-Unis, à la fin de l'année 1930.
Cette limite physique entre l'art et la réalité est perturbée par la réinjection de sa propre peinture dans l'espace des deux versions de Capucines à "La Danse" 1912, ou dans celui de l'Atelier rouge 1911 dans lequel on dénombre une dizaine d'œuvres de Matisse représentées. Cette frontière se trouve même totalement niée par certaines photographies, comme celles de l'appartement du peintre en 1946 envahi par les figures composant Océanie : le ciel.

Émancipation de la couleur

Matisse concevait lui-même son art dans la continuité d'une tradition transgressive : " De Delacroix à Van Gogh et principalement à Gauguin en passant par les impressionnistes qui font du déblaiement et par Cézanne qui donne l'impulsion définitive et introduit les volumes colorés, on peut suivre cette réhabilitation du rôle de la couleur, la restitution de son pouvoir émotif."
À cette fin, comme le souligne Jean-Claude Lebensztejn, le fauvisme tendait à renverser une hiérarchie d'ordre éthico-religieux qui règle le rapport du dessin et de la couleur. Le dessin est l'âme, la morale de la peinture
"la probité de l'art" écrivait Ingres ; la couleur en est la physique, le corps. ... La suspicion où est tenue la couleur relève de l'interdit jeté sur le corps, c'est-à-dire, en dernière instance sur le sexe".
Cependant, précisait Matisse, l'avalanche de couleurs seule de La Danse 1909-1910 ou du Rideau jaune 1915 reste sans force.
Dans la spectrale Vue de Notre-Dame 1914 ou dans Le Coup de soleil dans l'allée de Trivaux 1917, l'émancipation de la couleur ne peut se réaliser sans s'arroger la fonction constructive du dessin car, explique Matisse, "la couleur n'atteint sa pleine expression que lorsqu'elle est organisée, lorsqu'elle correspond à l'intensité de l'émotion de l'artiste ".

Dessiner dans la couleur

Tardivement, tandis qu'il s'installe à Vence, la pratique du papier découpé, inaugurée en 1943 avec la conception de Jazz, dont le titre original devait être Le Cirque, relance le travail de Matisse sur les relations qu'entretiennent la ligne et la surface colorée, travail qui culmine dans le projet décoratif de la chapelle Notre-Dame-du-Rosaire, achevé en 1951.
Il ne s'agit plus seulement de contredire l'ordre classique réclamant la primauté du dessin sur la couleur.
Dès le Bonheur de vivre en 1905-1906, Matisse avait renversé cette convention en colorant le cerne prononcé de certains personnages.
Cette fois, il s'agit de fondre ces deux pôles traditionnellement séparés :
"Au lieu de dessiner le contour et d'y installer la couleur – l'un modifiant l'autre – je dessine directement dans la couleur, qui est d'autant plus mesurée qu'elle n'est pas transposée."
Cette simplification, concluait le peintre, "garantit une précision dans la réunion des deux moyens qui ne font plus qu'un". Prolongeant un procédé de gravure de la ligne dans la couleur que certaines toiles permettent d'observer et qui rappelle les dernières œuvres de Gustave Moreau, la découpe pénètre physiquement, et directement dans la masse colorée.
Dans Nu bleu III 1952, par exemple, cette découpe agit avec une ambivalence telle qu'il devient difficile de dissocier le fond et la forme, l'un et l'autre s'égarant dans les glissements extrêmement fluides entre le blanc comme support et son activation comme contour.

Une fenêtre sur l'abstraction

La fusion de ces deux instances n'élude pas, dans la peinture de Matisse, un mode de compensation de la couleur par le dessin qui, tout en permettant la reconnaissance des figures, maintient son art au bord de l'abstraction. Porte-fenêtre à Collioure 1914 est devenu l'emblème de ce seuil infranchissable que la fenêtre ouverte, ne donnant plus sur un espace illusionniste, vient matérialiser.
Cette même oeuvre confronte l'observateur à un principe de transposition coloré qui conduit le peintre, tenant compte des exigences internes de l'espace de la toile, à utiliser un noir profond pour restituer en termes purement picturaux une luminosité aveuglante : « Les Orientaux se sont servis du noir comme couleur, notamment les Japonais dans les estampes.
Plus près de nous, poursuivait Matisse, d'un certain tableau de Manet il me revient que le veston de velours noir du jeune homme au chapeau de paille "dans Le Déjeuner, 1868, sans doute est d'un noir franc et de lumière."
Matisse ne situait cependant cette découverte dans sa peinture qu'avec Les Marocains, réalisé de 1915 à 1917. Un tableau, comme en témoigne sa correspondance avec Charles Camoin, auquel il pensait sans doute depuis son retour de Tanger en février 1913 :
" ... C'est un souvenir du Maroc, c'est la terrasse du petit café avec les fainéants alanguis devisant vers la fin du jour. On aperçoit le petit marabout blanc du bas, le mauvais croquis ne te dira pas grand-chose. Ce ballot représente un Arabe couché de côté sur son burnous, les deux crochets sont les jambes."

Un art du futur

Dans les années 1970, la résistance du peintre américain Brice Marden devant Les Marocains était révélatrice des problèmes que ne cesse de poser un tel tableau :
"Je n'ai jamais pu comprendre Les Marocains – avouait-il. Je trouve que c'est une peinture effroyable. ... Ça ne fonctionne pas spatialement ; la composition ne fonctionne pas dans la structure d'ensemble du tableau."
On pourrait, en effet, affirmer que la composition et l'espace du tableau ne fonctionnent pas en termes purement formels.
Mais, chez Matisse, ces exigences formelles sont infléchies par le travail du souvenir et réciproquement. La difficulté que nous avons à articuler entre elles les parties distinctes de l'espace le café et les personnages, les pastèques et les coloquintes, la casbah, les différents registres d'abstraction qui rendent leur reconnaissance douteuse, l'ambivalence entre la profondeur et le plan, la temporalité qui affecte l'espace : tout cela rend, en effet, le tableau de Matisse incompréhensible.
Son étrangeté est intolérable.
Il faudrait admettre, avec Roger Fry qui reconnaissait indéniablement dans les pastèques et les coloquintes des musulmans enturbannés prosternés sur un tapis de prière, que Matisse a bien trop de sérieux pour se complaire aux sottes mystifications. Pour sa part, ce peintre qui disait bien vouloir plaire, n'hésitait pas à déclarer sur un ton messianique, quelque peu étranger à la normalité à laquelle on l'a réduit :
"Je sais bien que c'est bien plus tard qu'on se rendra compte combien ce que je fais aujourd'hui était en accord avec le futur".

Ses principales Å“uvres

La Chapelle du Rosaire de Vence
Nature morte au pichet, vers 1896-1897, musée Malraux, Le Havre
Le Mur rose (de l'hôpital d'Ajaccio), 1897-1898, Centre Pompidou MNR, Paris. Ce tableau, disparu en 1914, a été retrouvé en 1948 dans une cache de l'ancien SS Kurt Gerstein, près de Tübingen10.
Luxe, Calme et Volupté, 1904, musée d'Orsay, Paris
La Femme au chapeau, 1905, Museum of Modern Art, San Francisco
Le Bonheur de vivre, 1905-1906, Barnes Fondation, philadelphie
Vue de Collioure, 1906, musée de l'Ermitage.
Portrait de Madame Matisse, dit La Raie verte, 1905, Statens Museum for Kunst, Copenhague
"Nu bleu, Souvenir de Biskra", 1907, Baltimore Museum of Art, Baltimore
La Desserte rouge, 1908, sa version originelle était en bleue mais fut livrée en rouge au collectionneur moscovite Sergueï Chtchoukine
La Joie de vivre, 1908
La Danse et La Musique, pour le collectionneur moscovite Sergei Shchukin, 1909-1910, musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg
Nature morte au géranium, 1910, Pinakothek der Moderne, Munich
L'Intérieur aux aubergines, 1911, musée de Grenoble,grenoble
L'Atelier rouge, 1911, New York, MOMA
La Porte de la casbah, 1912, musée Pouchkine, Moscou, 116×90 cm
Porte-fenêtre à Collioure, 1914, Centre Georges Pompidou, Paris
La Fenêtre, 1916, Institute of Arts, Détroit
Les Demoiselles à la rivière, 1916-1917, Art Institute of Chicago, Chicago
Portrait d'Auguste Pellerin, 1917, musée national d'art moderne, Paris
La Fenêtre ouverte à Nice, 1919, musée Albert-André, Bagnols-sur-Cèze
Intérieur à la boîte à violon, 1919, musée d'art moderne, New York
Paysage ou Rue dans le Midi, 1919, musée des beaux-arts André-Malraux, Le Havre
Femme assise, le dos tourné vers la fenêtre ouverte vers 1922, huile sur toile, musée des beaux-arts de Montréal, Montréal
Odalisque au tambourin, 1926
Figure décorative sur fond ornemental, 1927, Centre Georges Pompidou, Paris
la Danse de Mérion (dite) 1933 triptyque 1037 × 450 cm. Deux versions exposées en permanence au musée d'art moderne de la ville de Paris, la version finale est installée à Mérion dans la Fondation Barnes (Philadelphie) aux États-Unis
Tahiti II, 1935-1936, musée Matisse - Le Cateau-Cambrésis
Grand nu couché 1935 Huile sur toile, 66x93 cm. Baltimore Museum of art, baltimore
Deux jeunes filles, robe jaune, robe écossaise, 1941, musée Matisse - Le Cateau-Cambrésis
L'Asie, 1946, Kimbell Art Museum, Fort Worth
Nu bleu II, 1952, Fondation Beyeler, Bâle
La Tristesse du roi, Centre Georges Pompidou, Paris
Vigne, 1953, musée Matisse - Le Cateau-Cambrésis
Odalisque gris et jaune vendu 14,7M$ en 2007
Danseuse dans le fauteuil, sol en damier mise aux enchères en juin 2007.
« Nous étions alors (durant l'été 1905,à Collioure avec Derain) devant la nature comme des enfants et laissions parler notre tempérament, quitte à peindre de chic quand on ne se servait pas de la nature elle-même. J'abîmais tout par principe et travaillais comme je sentais, rien que par la couleur » Henri Matisse.[réf. nécessaire]
La chapelle du Rosaire de Vence, qui est une œuvre architecturale qu'il considérait comme son chef-d’œuvre, réalisé sur la fin de sa vie et synthétisant toute sa recherche artistique.
L'œuvre comprend également d'importantes séries de sculptures tirées en bronze (bustes de Jeannette, 1910-1913 ; quatre Nus de dos, bas reliefs, 1909-1930), près de 500 pièces gravées (eaux-fortes, bois, lithographies), des illustrations de livres : Poésies de Mallarmé (1932), Lettres de la religieuse portugaise (1946), Florilège des Amours de Ronsard (1948).

Liens

http://youtu.be/88U-ve7yCfA Voyage en peinture 1
http://youtu.be/hOFhXgOMjzI Voyage en peinture 2
http://youtu.be/l3L8tNBYUIE Ses Peintures
http://youtu.be/AXV8BBUuT8c ses peintures
http://youtu.be/l3L8tNBYUIE 1H 22 de peintures
http://youtu.be/ZrC2syYS16c Les voies de l'abstrait


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Posté le : 03/11/2013 00:34
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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