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De Montpellier
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Le 14 février 1906 naît Maurice Patronnier de Gandillac
plus connu sous le nom de Maurice de Gandillac, à Koléa en Algérie et mort le 20 avril 2006 à 100 ans, à Neuilly-sur-Seine, philosophe, historien et professeur d'université de la philosophie français. L'enseignement qu'il dispensa pendant plusieurs décennies à La Sorbonne exerça une grande influence sur plusieurs générations de philosophes français.
sa vie
Figure importante de la vie philosophique française au XXe siècle, Maurice de Gandillac est né à Koléa, en Algérie, d'une famille d'origine périgourdine. Il entre à l'École normale supérieure en 1925 et passe l'agrégation de philosophie en 1929. Il y est le condisciple entre autres de Jean-Paul Sartre, Raymond Aron, Georges Canguilhem, Maurice Merleau-Ponty, Jean Hyppolite, et a comme maîtres Léon Brunschvicg, Étienne Gilson, qui l'oriente vers l'étude de la philosophie et de la théologie médiévales, Jacques Maritain et Gabriel Marcel. De nombreux séjours en Allemagne, motivés par la préparation de sa thèse sur Nicolas de Cues, vont lui permettre d'acquérir une connaissance de la langue et de la pensée de ce pays qu'il utilisera par la suite dans son activité de traducteur. Après avoir enseigné à l'université de Lille, il est nommé en 1946 professeur à la Sorbonne, où il restera jusqu'à sa retraite, en 1977. Historien des idées, il laisse plusieurs livres qui firent date, et surtout de très nombreux articles, communications et participations à des ouvrages collectifs dont les plus significatifs furent rassemblés dans le volume Genèses de la modernité (1992). Ces textes portent essentiellement sur certains courants peu connus de la pensée médiévale, avec leurs racines dans l'Antiquité tardive et leurs prolongements à la Renaissance. Auteur d'une étude fondamentale sur La Philosophie de Nicolas de Cues, parue en 1941, Maurice de Gandillac s'attacha particulièrement à la tradition néo-platonicienne qui mêlait des éléments mystiques à des intuitions hardies, anticipant sur ce qui allait constituer la modernité. Il consacra ainsi un livre à Plotin, traduisit et présenta les œuvres du Pseudo-Denys l'Aréopagite et celles d'Abélard, et publia plusieurs études sur les « mystiques rhénans », Maître Eckhart, Tauler, Suso, ainsi que sur Charles de Bovelles et Lefebvre d'Étaples. Un Dante philosophe et le très gros chapitre paru dans le tome II de l'Histoire de la philosophie de l'Encyclopédie de la Pléiade sous le titre « La Philosophie de la Renaissance » (1973) témoignent de l'importance qu'il accordait à la philosophie italienne. Quant à la pensée allemande des XIXe et XXe siècles, elle constitue l'autre pôle principal de ses intérêts, principalement à travers la traduction de textes majeurs de Hegel, Novalis, Nietzsche, Franz von Brentano, Max Scheler, Ernst Bloch, Walter Benjamin. Cette énumération non exhaustive des œuvres d'un historien des idées au vaste savoir, à l'érudition précise et au jugement sûr, ne rend pas compte de la totalité de la participation de Maurice de Gandillac à la vie intellectuelle de son temps. Ses souvenirs, évoqués dans Le Siècle traversé (1998), permettent de suivre son évolution, qui le voit subir l'influence des idées maurrassiennes avant de s'orienter vers le catholicisme social de Robert Garric, se rapprocher de Jacques Maritain, collaborer à la revue des Dominicains, Sept, et participer aux débuts de celle d'Emmanuel Mounier, Esprit. Après la guerre, sa position universitaire lui permit d'être en contact avec de nombreux jeunes philosophes, et de s'intéresser à eux avec une rare ouverture d'esprit, croisant le chemin de ceux qui allaient être des figures marquantes de la philosophie française dans les années 1970, Gilles Deleuze, Jacques Derrida, Michel Foucault, Louis Althusser, Jean-François Lyotard. Cette liberté intellectuelle, cette capacité d'accueil trouvèrent leur parfait lieu d'exercice à Cerisy, quand fut reprise, après la guerre, la tradition des célèbres décades de Pontigny créées en 1910 par Paul Desjardins. À Cerisy, pendant plusieurs dizaines d'années, Maurice de Gandillac fut l'animateur infatigable de colloques philosophiques et littéraires permettant à des participants venus de tous les pays et de tous les horizons intellectuels de dialoguer en pleine liberté. Jusqu'à ses derniers jours, il conserva sa présence d'esprit, sa mémoire, son jugement, et cette curiosité inlassable qui était la forme prise par son attention au monde et aux autres. Alain Pons Il fut le condisciple de Sartre en classes préparatoires littéraires au lycée Louis-le-Grand et à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm. Simone de Beauvoir le décrit sous le nom de Pierre Clairaut dans ses mémoires. Élève brillant, il eut de remarquables professeurs, parmi lesquels on peut citer Georges Cantecor, qui lui fit découvrir Nietzsche pour contrecarrer son thomisme naissant, et Étienne Gilson, qui lui fit connaître Nicolas de Cues 1421-1464, ce philosophe de la Renaissance auquel il consacra sa thèse en 1941.
Professeur de philosophie à la Sorbonne - de 1946 à 1977 -, philosophe d'une grande ouverture d'esprit, il dirigea notamment les premiers travaux de Michel Foucault, Jacques Derrida, Jean-François Lyotard, Louis Althusser et Gilles Deleuze, alors qu’ils étaient étudiants. Maurice de Gandillac fut également le premier traducteur en français de Walter Benjamin1. En juin 2005, il a publié, avec Jean Ricardou, fondateur de la textique et habitué des rencontres de Cerisy, auxquelles il assistait encore en juillet 2005, un ouvrage de poésie intitulé Bestiaire latéral, dans lequel il présente un grand nombre d'animaux imaginaires dont le nom est chaque fois une anagramme du mot « bestiaire ». Il a également assuré durant plus de trente ans la présidence de l'Association des Amis de Pontigny-Cerisy, dont le moyen d'action est le Centre culturel international de Cerisy-la-Salle, et y a dirigé plusieurs décades.
Bibliographie sommaire
Dante, Seghers, 1968 Genèses de la modernité. Les douze siècles où se fit notre Europe – De la Cité de Dieu à La Nouvelle Atlantide, Éditions du Cerf, 1992 Le Siècle traversé. Souvenirs de neuf décennies, Albin Michel, Paris, 1998 Œuvres complètes, Aubier, 1998
Annexes
Jean Wahl Gabriel Marcel Paul Ricœur Xavier Tilliette Familles subsistantes de la noblesse française
Vidéo
Le Temps, par Maurice de Gandillac 2003
Posté le : 13/02/2016 18:29
Edité par Loriane sur 14-02-2016 22:01:09
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