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De Montpellier
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Le 23 août 1776 nait Josef Hoëné-Wroński
à Wolsztyn province de Poznań, mort à Neuilly-sur-Seine, à 76 ans, le 9 août 1853, philosophe, mathématicien et scientifique polonais de langue polonaise et française. Officier de l'armée polonaise, puis de l'armée russe, il fit des études de philosophie et de mathématiques en Allemagne avant de s'établir en France, en 1801. Il est l'auteur d'une philosophie dont l'objet fondamental est l'union des contraires. Il est fortement opposé à Hegel. Il a écrit Introduction à la philosophie des mathématiques 1811, Métapolitique messianique … 1840. Il était persuadé d'avoir rencontré l'Absolu, disait avoir mis au point une méthode pour y accéder, qu'il essaya de faire connaître et de vendre.
En bref
Né à Poznań, Wroński lutte pour l'indépendance de la Pologne dans l'armée de Kościuszko, devient officier supérieur de l'armée russe et étudie en Allemagne le droit, la philosophie, les mathématiques avant de s'établir définitivement en France, où une illumination survenue le 15 août 1803 lui permet de concevoir l'absolu. Bien qu'inventeur fécond — il est le premier à avoir l'idée des chenilles de tanks —, Wroński passe alternativement par des périodes d'aisance et de pauvreté. Sans beaucoup de succès, il écrit aux grands de ce monde, surtout aux hommes politiques, aux chefs religieux, pour les convaincre de l'intérêt de sa pensée. Un épisode pittoresque de l'illuminisme contribue à jeter le discrédit sur cet homme, pourtant génial. En 1814, le banquier Arson veut lui acheter son secret de l'absolu ; mais, reconnaissant l'intérêt de l'enseignement reçu, il refuse de payer la totalité de la somme promise. Wroński commet la maladresse de rendre l'affaire publique. La rupture avec Arson s'aggrave par l'intervention des martinistes, c'est-à -dire des théosophes gravitant autour du capitaine Jean-Jacques Bernard et de sa Société de la morale chrétienne, dont les Opuscules théosophiques 1822 tentent de concilier martinisme et swedenborgisme. S'étonnera-t-on d'une semblable hostilité ? Wroński est un mathématicien théosophe plus qu'un théosophe mystique, un spéculatif soucieux de découvrir des voies nouvelles plus qu'un ésotériste désireux d'approfondir les données d'une tradition. Son Messianisme publié à partir de 1831 contient des jugements sévères à l'égard de Saint-Martin, de Fabre d'Olivet, de Goerres, de Friedrich Schlegel, des mesmériens et des sociétés secrètes qui, innocentes par elles-mêmes, ne servent pas moins de refuge aux ennemis du genre humain. Le premier ouvrage de Wroński, Introduction à la philosophie des mathématiques 1811, était dédié à Alexandre Ier, de même que Le Sphinx 1818. Cette Introduction s'apparente à l'arithmosophie, de même que la Philosophie de l'infini 1814. Il y a aussi, chez Wroński, un aspect millénariste, car son séhélianisme, du mot hébreu signifiant raison prétend couronner le christianisme, transformant la religion révélée en une religion prouvée. Wroński construit presque tout son système autour de la négation du principe d'inertie. N'étant pas inerte, la matière ne s'oppose pas à l'esprit. Comme Schelling, il propose une synthèse du vitalisme leibnizien et de la théorie kantienne de la finalité interne. À la suite de Spinoza, il fait résider l'absolu dans l'esprit-corps, ou corps-esprit, mais, voulant réfuter le monisme spinoziste, il affirme que l'être, pour devenir vie, doit se faire triade en se changeant en 4 pour revenir à 1, sans que le passage du 1 au 3 signifie contradiction ou schizophrénie interne. Il s'agit là d'une philosophie du et, c'est-à -dire de la coexistence, tandis que la philosophie de Hegel proposerait plutôt une philosophie du ou, c'est-à -dire de l'opposition, de la séparation. Philippe d'Arcy Wroński, Paris, 1970, qui est son meilleur commentateur actuel, remarque que cette œuvre prend le contre-pied d'un dualisme cartésien qui n'a fait que se préciser au cours du XVIIIe siècle, esprit-matière, réactionnaires-libéraux, vrai-bien, tradition-révolution, ordre-liberté, raison-sentiment, pouvoir politique-autorité divine, si bien que Wroński salue surtout en Schelling le philosophe de l'identité primitive du savoir et de l'être qui constituent les deux éléments de la réalité. Toute philosophie fondée sur l'opposition du savoir et de l'être apparaît comme une philosophie de la damnation. Déjà la scolastique médiévale avait coupé la nature ou monde de l'homme de la surnature, alors qu'en réalité nous ne sommes point séparés de notre être. Wroński propose, au fond, une philosophie de la réconciliation. Cette logique des antagonismes permet d'accéder à un niveau supérieur de vie, de conscience, car seul l'antagonisme permet à la réflexion et à la connaissance d'avancer. Wroński réconcilie ainsi, pour lui-même, pensée et action ; il se tient politiquement au-dessus de la mêlée, sachant que le conflit, sous sa forme la plus négative, se nourrit précisément de la disparition d'un des deux termes. Wroński distingue, comme Fabre d'Olivet ou Hegel, trois puissances qui gouvernent l'histoire mais, contrairement au premier, il les conçoit sous forme chronologique : la providence époque du Créateur ; le destin, ou la fatalité ; l'homme, ou la raison. Enfin, l'idéal des sciences serait, selon lui, un panmathématisme unissant la connaissance de la loi de formation du système mathématique à la loi de formation de tout être vivant. P. d'Arcy a raison de remarquer que Spinoza avait eu l'intuition de ce vitalisme mathématique, mais que, comme Bergson ou Husserl, il ne sut pas en tirer les conséquences qui eussent été si profitables au progrès des sciences. Wroński, lui, n'a cessé de chercher les applications pratiques de ses théories ; malheureusement, il était seul. Est-ce lui qui inspira à Balzac le personnage et les idées de Wierzchownia dans La Recherche de l'absolu ? Il existe, en tout cas, une ressemblance entre les deux Polonais. Antoine Faivre.
Sa vie
Né Josef Hoëné à Wolsztyn en Pologne, Wronski est le fils de Antoni Hoene le nom de famille apparaît sous différentes formes : Höhne, Hoehne, Heyne, Hoëne ou encore Hoëné, architecte du dernier roi de Pologne et issu d'une famille d'origine tchèque installée en Pologne occidentale. Il fut probablement anobli et se fit appeler Antoni Hoene de Wronski. Josef participe à la guerre pour l'indépendance de son pays entre 1791 et 1794 et se distingue notamment lors du siège de Varsovie face aux Prussiens. Il est cependant fait prisonnier à la bataille de Maciejowice et emprisonné 4 années. Libéré en 1798, il démissionne de l'armée avec le grade de lieutenant-colonel puis rejoint l'Allemagne où il commence des études de droit, de philosophie et de mathématiques jusqu'en 1800, année où il s'engage dans la Légion polonaise à Marseille. Il commence alors son travail scientifique et universitaire et conçoit un important système philosophique. Il travaille notamment à l'observatoire de Marseille. Il se fait naturaliser français sous le Directoire. En 1810 il s'installe à Paris, se marie, et adopte le nom de Wronski. Il parlait un grand nombre de langues comme le polonais, le français, le latin, le grec, l'hébreu, l'arabe, l'araméen, mais pas l'anglais.
Å’uvre intellectuelle
Son but était une Réforme du savoir humain comprenant aussi bien la théorie du mouvement spontané que l'art de gouverner. Comme il le dit dans Prolégomènes du Messianisme : L'objet de cet ouvrage est de fonder péremptoirement la vérité sur la terre, de réaliser ainsi la philosophie absolue, d'accomplir la religion, de réformer les sciences, d'expliquer l'histoire, de découvrir le but suprême des États, de fixer les fins absolues de l'homme, de dévoiler les destinées des Nations . Son premier mémoire sur les bases des mathématiques est édité à Paris en 1810 mais il lui vaut les comptes-rendus assez réservés de Lacroix, Lagrange et Laplace ; ces deux derniers jugeant "incompréhensible" la philosophie des mathématiques de Wronski. Du coup, Wronski interrompt ses relations avec l'Institut de Paris et fait de l'Académie des sciences de Paris un ennemi né de la vérité pour finalement s'en prendre à l'illustre Lagrange dans sa Réfutation de la Théorie des fonctions analytiques de Lagrange 1812.
Å’uvre industrielle
Il a dessiné, entre autres, des véhicules tout terrain pour concurrencer les chemins de fer mais ceux-ci n'ont jamais été fabriqués. Wronski passe les années 1819 à 1822 à Londres. Il vient en Angleterre pour essayer d'obtenir une récompense du Bureau des longitudes mais ses instruments sont retenus par les Douanes à son entrée dans le pays. Il se retrouve dans une situation financière difficile mais, après que ses instruments lui sont rendus, il contacte le Bureau des Longitudes. Son travail sur les longitudes ne contient en fait que des généralités et n'impressionne guère. N'ayant réussi ni à vendre ses spéculations industrielles ni à faire accepter ses idées à l'Académie des sciences, il est contraint à emprunter de l'argent pour publier ses idées philosophiques. Mais une faillite brusque de son banquier met un terme à l'impression de son travail pendant plus de 30 ans, excepté son Canon des logarithmes.
Å’uvre scientifique
Concernant son travail scientifique, il essaye principalement d'appliquer la philosophie aux mathématiques, la philosophie venant selon lui avant les preuves mathématiques rigoureuses. Il critique l'utilisation des séries infinies par Lagrange et introduit sa propre idée du développement en série d'une fonction. Les coefficients de cette série sont des déterminants maintenant connus sous le nom de wronskiens appellation due à Muir, 1882. Il travailla beaucoup sur les déterminants et met au point une méthode permettant, pour tout polynôme, d'extraire le polynôme dont toutes les racines sont à l'intérieur du disque unité, méthode connue sous le nom de méthode de Wronski et basée sur les fonctions de Schur. En 1812, il publie un travail prétendant prouver que toute équation algébrique a une solution par radicaux, résultat contredisant les travaux de Paolo Ruffini déjà publiés. Le travail de Wronski, bien que naturellement faux, a néanmoins eu d'importantes applications. Son livre Introduction à un cours de mathématiques a été publié à Londres en 1821. Wronski meurt en 1853 à Neuilly, près de Paris. Il est enterré au cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine. Sa sépulture est surmontée de son buste sculpté par François Black.
Discussion
Mathématicien, technicien, philosophe, mystique, etc., ses travaux touchant aussi bien la politique, la religion et la philosophie que les sciences et l'industrie peuvent paraître effectivement confus. Contrairement, par exemple, à ses contemporains Lagrange ou Laplace, Wronski n'avait visiblement pas de ligne directrice prédéterminée. Génie, plus proche du Romantisme voire de l'Illuminisme que de l'Académisme, il suivait visiblement l'inspiration du moment mais peut-être aussi, les modes du moment... Aujourd'hui, il pourrait être qualifié de: "touche à tout" et même de "marginal". Pendant des années, les travaux de Wronski ont été considérés comme inutiles. Toutefois, un examen récent plus approfondi de son travail prouve que si une partie est fausse et s'il avait une très haute opinion de lui-même et de ses idées, il a tout de même fait preuve d'une grande perspicacité mathématique, et même d'un certain génie.
Divers
En août 1803 le 15?, il a la révélation de l’Absolu, et dès lors il ne cesse de travailler à une théorie générale du Messianisme, ou du Paraclétisme, fondée sur cette révélation. Tout au long de sa vie, il n’aura de cesse d’exposer ces idées dans de nombreux ouvrages philosophiques et politiques. La date exacte de la révélation n’a jamais été précisée dans les écrits de Wronski. Mais il semble qu'il ait promis à l'un de ses disciples le banquier Pierre-Joseph Arson de : faire connaître l’objet de tous ses vœux et de toutes ses recherches ; et il avait fixé le 15 août 1814 comme étant l’anniversaire de cette grande découverte . Certains de ses ouvrages appelaient à la formation d’une école, ou plutôt d’une Union Antinomienne qui servirait à la connaissance et l’application de l’Absolu dans la vie. Le maître eut des disciples plus ou moins fidèles, et ses écrits suscitèrent de l’intérêt chez les penseurs utopistes de l’époque. C’est d'ailleurs au titre d'"auteur utopiste" qu’il fut mentionné par Sainte-Beuve5 et Balzac.
Ouvrages
Liste des ouvrages de Wronski
Le Bombardier polonais, 1800 ouvrage perdu Philosophie critique, fondée sur le premier principe du savoir humain, 1803 Introduction à la philosophie des mathématiques et technie de l’algorithmie, 1811 Résolution générale des équations de tous les degrés, 1812 Réfutation de la Théorie des fonctions analytiques de Lagrange, 1812 Philosophie de l’infini, 1814 Philosophie de la Technie algorithmique, section 1, 1815 Philosophie de la Technie algorithmique, section 2, 1816 Introduction au Sphinx, 1818 Le Sphinx ou la Nomothétique séhélienne 1, 1818 Le Sphinx ou la Nomothétique séhélienne 2, 1819 Critique de la Théorie des fonctions génératrices de Laplace, 1819 Introduction à un cours de mathématiques en anglais 1821 Canon des Logarithmes, où est donnée la solution de l’équation du cinquième degré, 1827 Problème fondamental de la politique moderne : Machines à vapeur, 1829 Prospectus du Messianisme, 1831 Prodrome du Messianisme; Révélation des destinées de l’humanité, 1831 Réflexions philosophiques sur un miroir parabolique, 1832 Loi téléologique du Hasard, comme base de la Réforme du Calcul des Probabilités, 1833 Nouveau système des machines à vapeur, contenant les nouvelles lois de la Physique, 1834-1835 Rails mobiles ou chemins de fer mouvants, 1837 Pétition aux deux Chambres législatives de France sur la barbarie des Chemins de fer et sur la réforme de la locomotion, 1838 Supplique au Roi des Français, 1838 Avis aux ingénieurs, et résultats des expériences, 1838 Métapolitique messianique ou philosophie absolue de la politique, 1840 Tableau de la Philosophie de l’Histoire, 1840 Tableau de la Philosophie de la politique, 1840 Secret politique de Napoléon, comme base de l’avenir moral du monde, 1840 Le faux Napoléonisme comme interprétation funeste des idées napoléoniennes, 1840 Prospectus historique sur la réforme scientifique de la locomotion, 1840 Théorie axiomatique des groupes de TD en Alsace-Lorraine, 1841 La véritable localisation d'Alesia, et autres informations sur la Pologne, 1841 Introduction à un mémoire sur la solution scientifique de la locomotion, 1842 Application nautique de la nouvelle théorie des marées, 1842 Caméralistique. Économie politique et finances, 1842 Le destin de la France, de l’Allemagne et de la Russie comme Prolégomènes du Messianisme, 1842-1843 Urgente réforme des Chemins de fer et de toute la locomotion terrestre, 1844 Adresse aux nations slaves, 1847 Messianisme ou Réforme absolue du savoir humain I Mathématiques, 1847 Performations phénoménologiques et criticisme ontologique, 1847 Réforme du savoir humain II Philosophie, 1848 Réforme du savoir humain III Résolution générale et définitive des équations de tous les degrés, 1848 Adresse aux nations civilisées sur leur sinistre désordre révolutionnaire, comme suite de la Réforme du savoir humain, 1848 Épître à S.A. le prince Czaroryski, sur les destinées de la Pologne et généralement sur la destinée des nations slaves, 1848 Supplément à cette Épître, pour servir d’avis aux deux classes scientifiques de l’Institut de France, 1848 Les Cent pages décisives, pour S.M. l’Empereur de Russie, avec leur Supplément séparé pour la dynastie de Napoléon, 1850 Épître à S.M. l’Empereur de Russie, offrant l’explication définitive de l’Univers, physique et moral Épître secrète à S.A. le prince Louis-Napoléon, président de la République, 1851 Accomplissement de la Réforme de la Mécanique céleste, donnant les lois de la construction générale de l’Univers entier, 1851 Supplément à cette Epître, contenant la nouvelle science nautique des marées, 1851 Document historique secret sur la révélation des destinées du monde, 1851 Philosophie absolue de l’Histoire ou Genèse de l’humanité, 1852 Historiographie, 2 vol., 1852 Réforme scientifique de la Locomotion terrestre, 1852 Document scientifique, 1852 Véritable science nautique des marées, 1853 Publications posthumes Propédeutique messianique, en deux parties, 1855, 1875 Développement progressif et but final de l’humanité, 1861 Apodictique messianique ou traité du Savoir-suprême, 1876 Développement de la Philosophie absolue, 1878 Sept manuscrits inédits, écrits de 1803 à 1806, 1879 Nomothétique messianique, ou Lois suprêmes du Monde, 1881
Posté le : 21/08/2015 17:24
Edité par Loriane sur 22-08-2015 12:29:19
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