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De Montpellier
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Le 11 janvier 1842 à New York naît William James
mort le 26 août 1910 à Chocorua dans le New Hampshire, psychologue et philosophe américain, fils d'Henry James Sr., le disciple de Swedenborg, et frère aîné d'Henry James, romancier célèbre. Ses principaux intérêts sont la métaphysique, la psychologie, l'épistémologie, la religion. ses Idées remarquables sont : la méthode de clarification du langage, la théorie génétique de la vérité, l' univers pluraliste et indéterministe, la théorie de la croyance. Ses Œuvres principales sont : Le pragmatisme en 1907 ; Essais d'empirisme radical en 1912. Il est influencé par Locke, Berkeley, Hume, J. S. Mill, Darwin, Spencer, C. S. Peirce, J. Royce, J. Dewey, F. C. S. Schiller et il a influencé C. S. Peirce, H. Bergson, J. Dewey, A. N. Whitehead, F. C. S. Schiller, B. Russell, Putnam, Rorty, Émile Durkheim, Gilles Deleuze, Carl Gustav Jung, Louise Rosenblatt
En bref
Psychologue nord-américain, philosophe, leader du mouvement connu sous le nom de pragmatisme, William James était le fils d'Henry James, le disciple de Swedenborg, et le frère aîné d'Henry James, romancier célèbre, renommé pour la finesse de ses analyses psychologiques et de son style. Les aïeux de James étaient des émigrants irlandais enrichis. Ses grands-parents étaient des agriculteurs ou des commerçants, et il est rare qu'on rencontre dans sa famille un avocat ou un médecin. L'enfance de William James, comme celle de son frère Henry, fut mouvementée, en raison des fréquents voyages de leur père, particulièrement en Europe. C'est sans doute cette agitation dont fut animée son enfance qui rendit à William si difficile le choix d'un métier. Finalement, il s'orienta vers les sciences, après avoir d'abord tenté d'étudier les beaux-arts. Il entra à l'école scientifique Lawrence de l'université Harvard. Il suivit là des cours de chimie, d'anatomie, puis commença des études médicales à Harvard. Il interrompit momentanément ses études pour accompagner, en tant qu'assistant, le naturaliste Louis Agassiz, dans une exploration du bassin de l'Amazone. Ayant repris ses études, il les interrompit à nouveau, en 1867-1868, pour partir en Allemagne suivre les cours de Helmholtz, Virchow et Bernard. Ce fut une période riche en lectures de toutes sortes (Renouvier surtout), en méditations et en observations. Mais ce fut également une période de grande indécision et de découragement, qui le mena presque au suicide : ses études scientifiques lui semblèrent un moment pernicieuses, il eut l'impression qu'elles minaient sa foi, et ce conflit, qui resta vif pendant toute l'existence de James, fut l'un des moteurs essentiels de son œuvre. William James est souvent présenté comme le fondateur de la psychologie en Amérique. Il a fondé le premier laboratoire de psychologie américain, à Harvard, en 1876. Sa conception philosophique repose sur l'anti-intellectualisme, l'empirisme et le pragmatisme. Ses idées annoncent le courant béhavioriste. Il a écrit notamment The Principles of Psychology 1890, The Varieties of Religious Experience (1902). La première conférence de psychologie à laquelle j'ai assisté, c'est moi qui l'ai donnée, disait-il. Docteur en médecine, il s'efforce tout d'abord de constituer une psychologie scientifique Principes de psychologie, 1890, puis défend les principes du pragmatisme, dont il est un des meilleurs représentants, avec Charles Sanders Peirce. L'essentiel de la carrière universitaire de William James se déroule à Harvard où il est d'abord instructor 1872 puis professeur adjoint de physiologie (1876). En 1880, il devient professeur associé, puis très rapidement, en 1885, professeur de philosophie. En 1890, son titre officiel est professeur de psychologie avant de redevenir professeur de philosophie en 1897.
Sa vie
Lorsqu'il revint à New York en novembre 1868, il était malade. Et bien qu'il ait obtenu son diplôme médical à Harvard, il fut incapable d'exercer la médecine. De juin 1869 à 1872, James vécut dans la maison de son père, comme un demi-invalide, passant son temps à lire et à méditer, écrivant fort peu. Au début de cette période, il connut des troubles rappelant certains aspects d'une névrose phobique, qui le menèrent au bord de la folie, mais dont il se remit en avril 1870. Si l'on en croit ce qu'il dit lui-même, c'est la lecture d'un texte de Renouvier sur la volonté libre qui lui permit de sortir de cette crise et qui l'amena à décider que l'acte fondateur de la volonté libre était la croyance en cette volonté libre, malgré l'affirmation de Darwin selon laquelle l'esprit est un produit de l'évolution biologique : pour W. James, la volonté humaine n'en reste pas moins libre, et la vie vaut la peine d'être vécue. C'est cet optimisme voulu qui permit à James de dépasser cette crise qu'il avait traversée. C'est en 1872 que James commença sa carrière de professeur qu'il devait poursuivre jusqu'à la fin de sa vie. Il fut à cette date nommé professeur de physiologie à Harvard. Mais, sans se limiter à ce domaine, il enseigna bientôt la biologie, la philosophie, la psychologie, et poursuivit l'étude de leurs rapports réciproques. Il ne considère plus alors la psychologie de façon traditionnelle, comme une science des phénomènes mentaux, mais comme une science fondée sur la physiologie. Cet enseignement parut révolutionnaire, dans la mesure où la psychologie était alors enseignée en Amérique comme une science fondée sur des principes théologiques. La psychologie, ainsi renouvelée, devenait une science de laboratoire, et la philosophie devint, d'un simple exercice de rhétorique qu'elle était, une aventure dont l'enjeu principal était de découvrir une méthode et une métaphysique.
Lorsqu'en 1878 James épousa Alice H. Gibbens, une nouvelle vie commença pour lui : sa vieille neurasthénie disparut et il se mit au travail avec une énergie qu'on aurait difficilement soupçonnée chez un malade. C'est ainsi qu'en 1880 il signa un contrat avec Henry Holt et Compagnie pour publier un manuel de psychologie. Le manuel fut publié en 1890 sous le titre The Principles of Psychology, Les Principes de la psychologie. Cet ouvrage, pour la première fois en Amérique, présentait la psychologie comme science indépendante, et il fut immédiatement considéré comme une innovation géniale. Mais, après avoir créé le premier laboratoire américain de psychologie expérimentale et avoir livré ses idées dans ce domaine, James se détourna totalement de la psychologie, qui lui semblait désormais d'un intérêt relatif par rapport aux problèmes fondamentaux soulevés par la philosophie et la religion. À partir de cette époque, ses recherches vont porter sur la nature et l'existence de Dieu, l'immortalité de l'âme, le déterminisme et le libre arbitre, les grandes valeurs de la vie morale. Mais là encore, par sa démarche, James fera preuve d'originalité : la méthode qu'il empruntera sera non pas dialectique mais empirique ; ainsi, pour aborder le problème de la nature de Dieu, James prendra comme point de départ l'expérience religieuse. De même, le problème de la survie après la mort sera démêlé à partir d'une recherche psychologique. L'expérience humaine, qui était à l'origine de ces problèmes, lui semblait en effet plus apte à les résoudre que les conclusions dogmatiques contradictoires amassées au cours des siècles. À partir de la fin des années 1880, James tourna son enseignement vers la morale et la religion. De 1893 à 1903, il fit plusieurs conférences et écrivit plusieurs traités concernant plus particulièrement les problèmes religieux. Ceux-ci furent par la suite réunis en ouvrages : The Will to Believe and Other Essays in Popular Philosophy (La Volonté de croire..., 1897) ; Human Immortality (1898) ; Talks to Teachers on Psychology and to Students on Some of Life's Ideals (Les Idéaux de la vie, 1899) ; The Varieties of Religious Experience (Les Formes diverses d'expérience religieuse, 1902).
The Varieties of Religious Experience marque le sommet de la pensée de James en ce qui concerne la psychologie et la religion. Ses recherches portèrent alors sur les problèmes proprement philosophiques, qui jusqu'alors étaient restés secondaires pour lui. C'est là surtout qu'il mit en œuvre sa méthode appelée « pragmatisme », qui a pour but de démontrer que la signification de toute idée, qu'elle soit scientifique, religieuse, philosophique, politique ou sociale, est à rechercher dans la succession des expériences dont elle provient.
En 1906, James partit enseigner à l'université Stanford en Californie, ainsi qu'à Boston ; il publia ses cours sous le titre Pragmatism : a New Name for Old Ways of Thinking (Le Pragmatisme, un nom nouveau pour une vieille manière de penser). Par la suite, il écrivit différentes études, essentiellement dans le Journal of Philosophy : « Does Consciousness Exist ? » (« La conscience existe-t-elle ? ») ; « The Thing and Its Relations » ; « The Experience of Activity ». Ces études tentaient d'étendre la méthode empirique et pragmatique à tout ce qui existe. Après la mort de James, on les rassembla dans un recueil sous le titre de Essays in Radical Empiricism (Essais sur l'empirisme radical, 1912). L'idée centrale de cet ouvrage est que les relations qui tissent le réel sont au moins aussi réelles que les choses elles-mêmes, et qu'il n'est nul besoin de supposer un principe caché pour rendre compte de la cohérence du monde. Au printemps de 1907, James reprit ses cours sur le pragmatisme à l'université Columbia de New York et fit quelques conférences à Oxford, qui furent publiées, en 1909, sous le titre A Pluralistic Universe. Ils reprenaient, d'une façon plus systématique et moins technique que les Essays in Radical Empiricism, les mêmes idées et thèses essentielles. Après sa mort, on publia aussi quelques morceaux dispersés de la polémique sur le pragmatisme en les réunissant dans un ouvrage intitulé The Meaning of Truth (Signification de la vérité, 1909).
Pragmatisme et vérité : l'utilité de la connaissance
Pour William James, il s’agit de découvrir pourquoi nous avons besoin d’idées fausses et d’idées vraies, plutôt que de savoir si les notions de vrai ou de faux sont pertinentes dans l’absolu. James soutient que l’établissement de la vérité est utile à l’homme, car elle lui permet d’agir adéquatement sur la réalité : de s’adapter à elle, et en échange, de pouvoir la modifier. Une idée vraie n’est pas vraie pour elle-même, elle est vraie car elle permet d’effectuer une action sans rencontrer d’obstacle. Si je crois que le boucher vend du pain, et que je lui demande une baguette, je constaterai à sa physionomie que je me suis trompé. J’aurais donc appris, par une expérience de « vérification », que mon idée était fausse : elle ne correspondait pas à une fonction réalisable de l’objet. Mon savoir était faux, car il ne m’a permis d’effectuer l’action voulue (acheter du pain). Une idée est vraie quand elle permet d’utiliser à dessein un certain objet. Acquérir une idée vraie, pour James, c’est faire une expérience : l’idée vraie n’est pas une propriété de la chose, ni une propriété de mon esprit : elle est le lien qui unit adéquatement (quand l’idée est vraie), inadéquatement (quand l’idée est fausse) mon esprit à l’objet, d’après un besoin pratique. Le monde pragmatique de James se conçoit dès lors comme un « monde d’expériences » : le monde est fait d’objets séparés (disjonctifs) que nos idées vraies ont pour tâche d’unifier, afin de pouvoir agir sur eux. Dans l’absolu, il n’existe pas de loi une et éternelle, seulement des objets indifférents ou détachés les uns des autres, mais notre esprit, intéressé par leur utilisation, les joint par des idées qui, dans la réalité, leur permettent de fonctionner ensemble : nous créons ou découvrons ainsi des « lignes de faits » entre des objets différents, mais ces lignes sont innombrables, et il est difficile de pouvoir les réduire à une seule. Ainsi le monde de James est-il pluriel, en opposition au monde unifié, « moniste », des philosophes rationalistes ou des théologiens.
Monisme et pluralisme
Si James semble s'opposer au monisme des philosophes rationalistes dans Le Pragmatisme et les Essais d'empirisme radical, il développe l'idée d'un monisme empiriste auquel nous arriverions si nous finissions par trouver le principe qui coordonne toutes nos idées, toutes nos lignes de faits, il rejoint ainsi René Berthelot qui analysa la pensée de James dans un célèbre ouvrage sur le pragmatisme religieux. Cependant, précise William James, ce principe, compte tenu de nos savoirs actuels, n'est pas encore disponible : il n'est qu'une possibilité future. Ainsi, les philosophes affirmant l'existence constatée d'un principe universel présidant à la création de toute chose s'exposent-ils à d'inépuisables débats et remises en cause : le moindre événement contraire au principe établi rendrait la théorie inapte à rendre compte de toutes nos expériences.
William James : pionnier
En plus de ses travaux de pionnier en psychologie, les 1400 pages des Principles of Psychology de 1890 et en philosophie, William James est célèbre pour ses travaux au sein des sciences psychiques, ou parapsychologie. Ses longues études de Mrs Piper sont réunies dans ses Études et réflexions d'un psychiste. Membre de la Society for Psychical Research britannique, il fonde ensuite l'American Society for Psychical Research et élabore des échanges soutenus avec ses collègues européens : Bergson, Théodore Flournoy, Myers, etc. On lui doit également les premiers travaux sur la mémoire: intégrant un double système de mémorisation en fonction de la durée de rétention de l'information.
Théorie des émotions
William James & Carl Lange élaborent en 1884 la théorie des émotions : théorie James-Lange. Pour eux, l'émotion traduit une réponse aux modifications physiologiques. « Nous nous sentons tristes parce que nous pleurons, en colère parce que nous frappons quelqu'un et effrayés parce que nous tremblons. »
0euvre
Principes de psychologie (The Principles of Psychology), 2 vol., 1890, partiellement en ligne [1]. (ISBN 0486203816) (ISBN 9780486203812) Précis de psychologie (Psychology. Briefer Course), 1892. La Volonté de croire (The Will to Believe, and Other Essays in Popular Philosophy), 1897. Aux Étudiants, Aux Enseignants (Talks to Teachers on Psychology: and to Students on Some of Life's Ideals), 1899. Les formes multiples de l'expérience religieuse (The Varieties of Religious Experience: A Study in Human Nature), 1902. Le Pragmatisme (Pragmatism: A New Name for Some Old Ways of Thinking), 1907. Un univers pluraliste (A Pluralistic Universe), 1909. La Signification de la Vérité - Une Suite au Pragmatisme (The Meaning of Truth: A Sequel to « Pragmatism »), 1909. Introduction à la Philosophie (Some Problems of Philosophy: A Beginning of an Introduction to Philosophy), 1911. Memories and Studies, 1911. Essais d'empirisme radical (Essays in Radical Empiricism), 1912.
Traductions
La Signification de la Vérité - Une Suite au Pragmatisme, éd. Antipodes, 1998. Expériences d'un psychiste, trad. E. Durandeaud, introd. René Sudre, Paris, Payot, coll. Aux confins de la science, 1969 ; Petite bibliothèque Payot, 2000 [fac-sim. de l'éd. de Paris, Payot, 1924, parue sous le titre : Études et réflexions d'un psychiste]. Aux Étudiants, Aux Enseignants, Payot, 2000. Les formes multiples de l'expérience religieuse (trad. partielle), Exergue, 2001. Précis de psychologie, Les empêcheurs de penser en rond, Paris, 2002. La Volonté de croire, Les empêcheurs de penser en rond, Paris, 2005. Introduction à la Philosophie, Les empêcheurs de penser en rond, Paris, 2006. La Théorie de l’Émotion (trad. chap.24 des Principes), préface de Georges Dumas, réd. L'Harmattan, 2006, (ISBN 2-296-00893-3)). Le Pragmatisme, nlle trad., Flammarion, coll. Champs, oct. 2007. Philosophie de l'expérience : Un univers pluraliste, Les empêcheurs de penser en rond, Paris, 2007. Essais d'empirisme radical, Agone, Marseille, 2005 ; rééd. poche, Flammarion, coll. Champs, oct. 2007. La Psychologie de la Croyance et autres essais pragmatistes, éd. Cécile Defaut, juin 2010.
Études
Henri Delacroix, Les Variétés de l’expérience religieuse par William James, dans la Revue de métaphysique et de morale, 11.5 (septembre 1903): 642-669. Théodore Flournoy, La Philosophie de William James, St-Blaise, 1911. David Lapoujade, William James : Empirisme et pragmatisme, Paris, PUF, 1997 ; réed. Les Empêcheurs de penser en rond, 2007. David Lapoujade, Fictions du pragmatisme. William et Henry James, Paris, Éditions de Minuit, 2008. Thibaud Trochu, Pierre Janet et William James : influences croisées, in Janetian Studies n° spé. 02, Paris, 2007. Jean Wahl, Les philosophies pluralistes d'Angleterre et d'Amérique, Paris, Les Empêcheurs de penser en rond/Le Seuil, 2005, [1920], 403 p. (rééd. de la thèse de doctorat de l'auteur comportant un chapitre sur William James). Jean Wahl, Vers le concret, Vrin, 1932 ; rééd. avec un avant propos de Mathias Girel, Vrin, 2004. Stéphane Madelrieux, William James : L'attitude empiriste, PUF, 2008. Stéphane Madelrieux (dir.), Bergson et James. Cent ans après, Paris, PUF, 2011 Ramon Rubio, William James – Philosophie, Psychologie, Religion, L'Harmattan, 2008. Michel Meulders, William James. Penseur libre, Éditions Hermann, 2010. Michel Weber, « Whitehead et James : conditions de possibilité et sources historiques d'un dialogue systématique », in A. Benmakhlouf et S. Poinat (éd.), Quine, Whitehead, et leurs contemporains, Noesis, 13, 2009, pp. 251-268. Michel Weber, « Critique jamesienne de l’onto-psychologie de la substance », in Pierre Steiner (éd.), Revue internationale de philosophie, 2012, volume 66, n° 260, pp. 207-227. Weber, Michel. Whitehead’s Pancreativism. Jamesian Applications, Frankfurt / Paris, Ontos Verlag, 2011.
Posté le : 11/01/2015 14:43
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