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De Montpellier
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Le 18 septembre 1959 meurt à Paris Benjamin Péret
à 60 ans, né le 4 juillet 1899 à Rezé Loire-Atlantique, écrivain, poète surréaliste, également connu sous les pseudonymes de Satyremont, Peralda et Peralta. Sa mère le fait engager comme infirmier au cours de la Première Guerre mondiale. En 1920, elle rend visite à André Breton, pour lui acheter le dernier numéro de la revue Littérature et lui recommander une « personne » qui doit bientôt venir à Paris, s'y fixer et qui voudrait se lancer dans la littérature . Quelques jours plus tard, Benjamin Péret arrive. Après sa rencontre avec Robert Desnos, il s'essaie à l'écriture automatique
En bref
De Benjamin Péret, Eluard a dit un jour : « Péret est un plus grand poète que moi. » Celui qui, depuis l'origine du groupe surréaliste, fut, jusqu'à sa mort, le plus fidèle compagnon de route d'André Breton a ignoré et méprisé les compromis tout au long d'une existence d'homme libre, consacrée entièrement à la révolution et à la poésie. Adepte de la révolution sociale et politique, il l'est dans la mesure où « le poète lutte contre toute oppression » (Le Déshonneur des poètes, 1945) ; mais il refuse avec énergie toute inféodation de la poésie, fût-ce à une politique révolutionnaire. Ce n'est pas au poète d'être au service de la révolution, mais à la révolution, en détruisant l'oppression, de permettre aux masses humaines d'abreuver leur « soif d'irrationnel ». Ennemi inconditionnel de notre société « tarifant le soleil et la mer » (La parole est à Péret, 1943), le poète doit « prononcer les paroles sacrilèges et les blasphèmes toujours permanents » (Le Déshonneur...). « Le poète actuel n'a pas d'autre ressource que d'être révolutionnaire ou de ne pas être poète. » La révolution faite, il pourra créer les mythes positifs au milieu de la collectivité : la poésie doit être faite par tous, non par un. Tout cela explique la passion de Péret pour les civilisations exotiques ou disparues, préférables à notre société barbare (cf. Anthologie des mythes, légendes et contes populaires d'Amérique, 1942). Les peuples dits primitifs l'intéressent parce qu'ils vivent de merveilleux poétique et de magie, « la chair et le sang de la poésie » ; l'homme des anciens âges use du langage de manière surréaliste car il ne sait penser que sur le mode poétique. L'édition complète des œuvres de Benjamin Péret (seuls sont parus deux volumes de poésies intitulés Œuvres complètes, Paris, 1970-1971) permettra sans doute de découvrir quel poète total il fut : poésie généreuse, qui saisit le merveilleux quotidien, les choses par leur secret, qui aime le monde, les hommes, l'amour avec sa belle violence : Je voudrais être / Car sans toi je suis à peine à l'interstice entre les pavés des prochaines barricades Feu central. André Laude
Sa vie
En 1921, il participe au procès contre Barrès, organisé par les dadaïstes. Péret y apparaît dans le rôle du « soldat inconnu ». En 1928, Benjamin Péret écrit un ouvrage au titre basé sur une contrepèterie, Les Rouilles encagées. Le livre est saisi en cours de fabrication à l’imprimerie. Il ne sera disponible pour le grand public qu'un demi-siècle plus tard. En 1970 il est édité par Éric Losfeld, pour être interdit à nouveau en 1971, puis enfin autorisé en 1975. Éric Losfeld s’était risqué à un tirage limité, une centaine d’exemplaires, en 1954. Il était illustré par des dessins d’Yves Tanguy. Péret est un des poètes surréalistes les plus singuliers : virtuosité de l'écriture automatique, luxuriance baroque des images relancées infiniment par un emploi unique de la proposition relative, humour burlesque désacralisateur, audace transgressive. La poésie de Benjamin Péret s'inscrit dans le surréalisme du plus haut vol, sous le signe ascendant de l'abondance, de la liberté. Il est inhumé à Paris dans le cimetière des Batignolles 31e division.
Brésil
En 1928, il épouse la cantatrice brésilienne Elsie Houston, et fait la connaissance de Mario Pedrosa, son beau-frère, qui vient de souscrire aux thèses de Trotski. Au Brésil, où il séjourne de 1929 à 1931, il s’invente une sorte de nouvelle vie qui fait de lui simultanément : un opposant de gauche, un poète reporter curieux des rituels de la macumba et du candomblé, un correcteur, un père de famille (son fils, Geyser, naît le 31 août 1931) et un prisonnier politique. Péret est finalement expulsé comme « agitateur communiste » par le gouvernement de Getúlio Vargas. Revenu en France, il est membre de l'Union communiste après avoir adhéré en 1925 au Parti communiste français. Il s'en éloigne ensuite pour se rapprocher peu de temps après de Grandizo Munis.
Espagne
En 1936, Benjamin Péret se rend en Espagne auprès des républicains en tant que délégué du Parti ouvrier internationaliste, qui pour une brève durée avait uni les différents courants trotskistes. Il se bat dans les colonnes du POUM Parti ouvrier d'unification marxiste, puis, déçu par les dissensions internes de l'extrême gauche antistalinienne, Péret rejoint les anarchistes de la colonne Durutti et dirige une unité qui combat sur le front de Teruel. À Barcelone, il rencontre la peintre Remedios Varo qu'il épousera en 1946.
France
Revenu en France, il est emprisonné en mai 1940 à Rennes durant trois semaines au motif de reconstitution de ligue dissoute (trotskiste) puis libéré sous caution par les nazis qui viennent d'occuper la Bretagne. Rentré à Paris, il glisse des coquilles dans un journal collaborateur tout en dirigeant les premières réunions du groupe La Main à plume avec Robert Rius. Le froid et la faim le poussent à quitter la capitale pour Marseille où il se réfugie en mars 1941, il travaille un temps à la coopérative Le Croquefruit.
Mexique
Lorsque les Surréalistes fuient les nazis, Varo et Péret partent pour le Mexique en 1941. Péret reste de 1942 à 1948 au Mexique dans des conditions financières difficiles, mais est fasciné par l’art maya et les mythes et légendes des sociétés précolombiennes. Il entreprend une anthologie qu’il termine peu de temps avant sa mort. En 1945, il rédige Le Déshonneur des poètes, un pamphlet en réponse à L'Honneur des poètes publié clandestinement en 1943.
France
Séparé de Remedios Varo et revenu en France, il écrit pour les revues surréalistes tout en participant politiquement à la décolonisation et à la critique du stalinisme. Benjamin Péret est le seul surréaliste à être resté fidèle à André Breton, jusqu'à sa mort. Il est enterré à Paris, au cimetière des Batignolles.
Å’uvre
Le Passager du transatlantique, Sans-Pareil, 1921. Illustré par Jean Arp. 152 Proverbes mis au goût du jour, en collaboration avec Paul Éluard, La Révolution surréaliste, 1925 Dormir, dormir dans les pierres, Éditions surréalistes,1927 Les couilles enragées, 1928. Conte érotique édité sous le pseudonyme de Satyremont et sous le titre Les rouilles encagées en 1954 chez Éric Losfeld. Rééd. éditions Prairial, 2016 Le Grand Jeu, 1928, Gallimard. Œuvres complètes, t.1, Le Terrain vague, Eric Losfeld, 1969 Ne visitez pas l'exposition coloniale, 1931. Tract collectif André Breton, Paul Éluard, Benjamin Péret, Georges Sadoul De derrière les fagots, 1934. Éditions surréalistes, chez José Corti. Je sublime, 1936, Éditions surréalistes. Illustré par Max Ernst. Je ne mange pas de ce pain-là , 1936. Rééd. par Syllepse, 2010 Un ennemi déclaré, 1939, Clé no 2, février 1939, en réponse à un article d'Émile Hambresin relatif à la Guerre d'Espagne Le Déshonneur des poètes, 1945. Poésie et Révolution K éditeur à Paris / Mexico, 1945. Rééd. J.-J. Pauvert, 1965 ; Amis de Benjamin Péret / José Corti, 1986 ; Editions Mille et une nuits, 1996 Dernier malheur dernière chance, 1945, éditions Fontaine, 1946. Un point c'est tout, 1946. Onze poèmes. Revue Les 4 vents, 1946 ; Feu Central K éditions, 1947. Feu Central, avec des illustrations d'Yves Tanguy, 1947 Les syndicats contre la révolution, avec Grandizo Munis, 19527. Rééd. Acratie, 2014 Air mexicain, 1952, Arcanes Texte du film L'Invention du monde réalisé par Michel Zimbacca et Jean-Louis Bédouin 1952 Le Livre de Chilam Balam de Chumayel 1955, Denoël trad. et présent. de B. Péret Anthologie de l’amour sublime 1956. Rééd. Albin-Michel, 1988 La Commune des Palmares 1956. Rééd. Syllepse, 1999 Gigot, sa vie, son œuvre 1957 Anthologie des mythes, légendes et contes populaires d’Amérique 1960. Rééd. Albin Michel, 1989 Œuvres complètes, tomes I à III, Eric Losfeld / Association des amis de Benjamin Péret.. Œuvres complètes, Tome IV à VII, José Corti. / Association des amis de Benjamin Péret Pour un second manifeste communiste avec Grandizo Munis du Fomento obrero revolucionario Ed. Losfeld, 1965 2009/06/01/pour-un-second-manifeste-communiste-for-1961/ Texte en ligne Édition populaire : Le déshonneur des poètes suivi de La parole est à Péret, avec une postface de Joël Gayraud, Éditions Mille et une nuits, Paris, 1996
Posté le : 17/09/2016 19:06
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