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Gabriella Mistral
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Le 10 janvier 1957 à New YorK meurt Gabriela Mistral

à 67 ans, de son vrai nom Lucila de María del Perpetuo Socorro Godoy Alcayaga naît le 7 avril 1889 à Vicuña -éducatrice, diplomate, féministe, pédagogue et poétesse chilienne, Prix Nobel de littérature en 1945 et prix national de Littérature en 1951. Elle est considérée comme l'un des quatre grands de la poésie chilienne, avec Pablo Neruda, Pablo de Rokha et Vicente Huidobro.
Gabriela Mistral est née à Vicuña, dans la vallée de l'Elqui, au nord du Chili. Son père, instituteur, a abandonné sa famille quand Gabriela avait trois ans, réduisant celle-ci à une vie pauvre et difficile. Elle fréquente cependant l'école primaire avec des interruptions puis secondaire, avant de gagner sa vie comme aide-institutrice dès l'âge de quatorze ans. Sa mère, Petronila Alcayaga, meurt en 1929 et Gabriela lui dédie la première partie de son livre "Tala" en 1938.

En 1904, elle publie sous divers pseudonymes dans un journal local, El Coquimbo de La Serena, ses premiers poèmes comme Ensoñaciones, Carta Íntima et Junto al Mar.

En 1906, elle travaille comme institutrice et rencontre Romelio Ureta, un employé des chemins de fer, qui se suicide en 1909. Cet évènement tragique produira de profonds effets sur Gabriela Mistral qui mettra la réflexion sur la vie et la mort au cœur de son œuvre. Sa vie sera cependant enrichie par de très nombreuses amitiés masculines ou féminines qu'elle cultivera à travers une correspondance très active.
La première reconnaissance littéraire arrive en décembre 1914 quand elle remporte à Santiago le prix Juegos Florales avec son recueil Sonetos de la Muerte Sonnets de la Mort. Elle prend alors le pseudonyme de Gabriele Mistral composé à partir des noms de ses deux poètes favoris, Gabriele D'Annunzio et Frédéric Mistral. Elle découvre, lorsqu’elle n’a que 15 ans, en consultant la bibliothèque du journaliste de La Serena, Bernardo Ossandón, l’œuvre de Frédéric Mistral en 1904, sans doute grâce à la traduction en espagnol publiée cette même année chez Montaner y Simón Editores. Fascinée par l’écriture du poète provençal, elle crée en 1919, en compagnie du poète Julio Munizaga Ossandón à Magallanes, la revue féminine Mirey a, dont le titre est un hommage au poème mistralien Mirèio. Gabriela effectue quelques années plus tard un séjour dans le Sud de la France entre autres, Marseille en 1926, Bédarrides dans la Villa Saint-Louis, en 1928, Nice en 1932 ; là, elle entre en contact avec les paysages provençaux, découverts lors de ses lectures de Frédéric Mistral. Dans les poèmes Agua et La medianoche du recueil Tala 1934, elle évoque ce séjour, mentionnant les murs d’Arles, les cigales et le Rhône.
En 1922, elle est invitée par le Ministère de l'Éducation du Mexique pour mettre en place un système de bibliothèques et d'écoles dans le cadre de la nouvelle politique d'éducation du Parti Révolutionnaire mexicain. Elle publie en cette même année 1922, son recueil Desolación qui lui vaut une réputation internationale. L'année suivante, en 1923, elle publie Lecturas para Mujeres Lectures pour Femmes, un texte en prose et en vers qui célèbre la maternité, l'éducation des enfants et l'amour de la patrie.
De retour dans son pays, elle obtient le titre académique de professeur d'espagnol à l'Université du Chili. Puis, confirmant son statut international, elle fait des lectures et des conférences aux États-Unis et en Europe. Elle publie à Madrid Ternura Tendresse, un recueil de comptines et de rondes destiné aux enfants mais qui est aussi un hymne au corps des femmes.
L'année suivante, elle parcourt l'Amérique Latine - Brésil, Uruguay et Argentine - avant de rentrer au Chili où elle abandonne ses fonctions de professeur. De 1925 à 1934, elle vivra ensuite essentiellement en Europe - en France et en Italie - en participant à des actions pour la coopération intellectuelle de la Société des Nations et en intervenant dans différentes universités essentiellement américaines.
Comme beaucoup d'artistes ou d'écrivains sud-américains, elle sera également jusqu'à sa mort consul du Chili dans de nombreux pays comme les États-Unis, la France, l'Italie ou l'Espagne. C'est d'ailleurs à Madrid qu'elle côtoie le poète chilien Pablo Neruda, futur Prix Nobel lui aussi, dont elle fait reconnaître la valeur. Elle écrit durant cette période des centaines d'articles pour les journaux et les magazines hispanophones du monde entier.
Tala est publié en 1938 à Buenos Aires avec l'aide de son amie de longue date et correspondante Victoria Ocampo. Les bénéfices de librairie permettent de venir en aide aux orphelins provoqués par la guerre civile espagnole. Le recueil comporte de nombreux poèmes qui évoquent les traditions et le folklore des peuples sud-américains et méditerranéens : Gabriela Mistral conduit une réflexion forte sur son identité et sur ses racines multiples, à la fois basques et indiennes, en se définissant comme una india vasca.
En août 1943 survient le suicide de son neveu de dix-sept ans : la douleur de cette disparition sera l'un des thèmes de Lagar, le dernier ouvrage publié de son vivant, en 1957, dans lequel Gabriela Mistral réagit aussi aux tensions de la Guerre froide. Un ultime recueil sera édité après sa mort en 1967 par son amie Doris Dana : intitulé Poema de Chile, il évoque le retour au Chili de la poétesse morte en compagnie d'un Indien du désert d'Atacama et d'un "huemul", un cervidé andin.
En novembre 1945 le Prix Nobel de Littérature lui est décerné 2: elle est le premier écrivain d'Amérique latine à le recevoir, le 10 décembre 1945. Elle recevra également en 1947 le titre de doctor honoris causa du Mills College d'Oakland, en Californie avant d'être couronnée en 1951 par le Prix national de Littérature.
Il existe une stèle en son honneur dans le jardin de la Dar Sebastian, villa construite par un aristocrate roumain à Hammamet en Tunisie.
D'une santé fragile, aggravée par ses nombreux voyages, elle passe les dernières années de sa vie à Hempstead dans l'État de New York où elle meurt d'un cancer le 10 janvier 1957, à l'âge de 67 ans. Sa dépouille est ramenée au Chili dix jours plus tard et le gouvernement chilien décrète trois jours de deuil national tandis que des centaines de milliers de Chiliens saluent leur poétesse en assistant à ses funérailles.
Quand l'Académie royale de Suède, en 1945, décerna le prix Nobel de littérature à la Chilienne Gabriela Mistral, elle n'entendait pas seulement honorer – pour la première fois – la littérature sud-américaine ; elle avait expressément choisi de couronner l'œuvre d'une authentique poétesse, au tempérament puissant et chaleureux. La production en prose de Gabriela Mistral reste, en effet, dispersée dans des journaux de divers pays et des anthologies éphémères (et il est désormais peu probable qu'on la réunisse en volume. Toute sa renommée repose donc sur son œuvre poétique, qui tient en quatre recueils. Cette poésie, d'abord centrée sur la tragédie personnellement vécue par l'auteur dans sa première jeunesse, n'a pas laissé d'évoluer par la suite. À mesure que les années passaient, elle s'ouvrait davantage à l'univers de la communauté humaine et des choses. Parallèlement, l'expression se faisait moins directement accessible, plus obscure, ésotérique même. Mais des premiers aux derniers poèmes les caractères dominants sont demeurés une sensibilité vulnérable à l'extrême, ainsi qu'une sollicitude quasi maternelle à l'égard des humbles et des faibles, en particulier des enfants.

De l'enseignement à la carrière consulaire

Née d'une famille modeste à Vicuña, petit bourg tropical situé au nord du Chili, Lucila Godoy Alcayaga – c'est son vrai nom – s'est souvent déclarée fière d'allier dans ses veines, à une part de sang basque une forte proportion de sang indien. Admiratrice de la tradition hébraïque, elle laissait volontiers entendre qu'elle avait aussi des origines juives, mais cela n'a jamais été démontré.
Son père, qui abandonna le foyer familial alors qu'elle était encore au berceau, avait travaillé quelque temps dans l'enseignement primaire. Sa sœur aînée y entra à son tour. Elle-même, dès l'âge de seize ans, enseigna comme institutrice auxiliaire dans un village voisin de son bourg natal : cette vocation précoce manifeste le goût qu'elle a toujours eu de l'enfance. À vingt-deux ans, promue dans l'enseignement secondaire, elle était appelée à professer en des lieux divers, notamment au lycée de Punta Arenas, la ville la plus australe du Chili, qui produisit sur cette enfant des tropiques une impression sinistre (« Paysages de Patagonie » dans Desolación), et finalement dans un lycée de la capitale.
Entre-temps, trois « Sonnets de la mort » couronnés aux Jeux floraux de Santiago, en 1914, l'avaient fait connaître sous le pseudonyme, adopté pour la circonstance, de Gabriela Mistral : « Gabriela », par référence, dit-on parfois, à Gabriele D'Annunzio qu'elle admirait alors ; « Mistral », assurément en hommage au poète provençal, peut-être aussi au vent du même nom – on les trouve, l'un et l'autre, célébrés dans ses vers.
Sa renommée croissante attira sur elle l'attention du philosophe mexicain José Vasconcelos qui, en sa qualité de ministre de l'Éducation, l'invita en 1922 à professer au Mexique ainsi qu'à y collaborer à la réforme de l'enseignement. L'ardeur démocratique de ce pays, qui était encore dans la foulée de sa révolution de 1910, inspira à Gabriela un enthousiasme durable.
C'était là le début de sa carrière internationale. Après le Mexique, elle se rendit comme professeur et conférencière aux États-Unis, en Espagne, en Italie. Puis, en 1926, elle démissionna de l'enseignement pour devenir secrétaire de l'Institut de coopération intellectuelle de la Société des Nations.
Six ans plus tard, elle entrait dans le corps consulaire. À Madrid d'abord, puis à Lisbonne, au Guatemala, à Nice, au Brésil, à Los Angeles, parallèlement à ses activités de chancellerie, elle poursuivait son œuvre littéraire et faisait, à l'étranger, figure d'ambassadrice de la culture chilienne.
Malgré la gloire internationale que lui avait value en 1945 le prix Nobel, ses dernières années furent assombries par le suicide d'un adolescent dont elle avait fait son fils adoptif, et par le déclin de sa santé. Elle mourut d'un cancer, dans une clinique près de New York.

L'œuvre poétique

Maternité en creux
Bien que la poésie de Gabriela Mistral se soit interdit l'anecdote et la confidence précise, elle est cependant très directement tributaire des événements de sa vie publique et surtout de sa vie privée. Entre tous, un épisode de cette dernière fut déterminant : l'amour exalté qu'elle conçut, à l'âge de seize ans, pour un homme qui n'en était guère digne. Cet amour, d'abord payé de retour, cessa bientôt de l'être, quand celui qui en était l'objet se détourna de Lucila Godoy pour courtiser une jeune personne moins rustique. Jalousie aiguë, rupture, velléités de réconciliation – à ces vicissitudes qui se prolongèrent près de quatre ans devait brusquement mettre fin la mort volontaire de l'ancien fiancé (causée d'ailleurs par un motif qui n'était nullement passionnel). Ce dénouement brutal ne fit qu'exacerber chez la jeune fille l'ardeur de sa passion frustrée, de sorte qu'il n'est pas toujours possible de distinguer parmi ses poèmes d'amour ceux qui furent écrits avant le suicide et ceux qui lui sont postérieurs. Quant au suicide même, il inspira directement les fameux « Sonnets de la mort », « Nocturne », « Interrogations » et autres poèmes qui, rassemblés sous le titre « Douleur », représentent l'axe et le cœur même du recueil Desolación (1922).
Par scrupule de fidélité envers le disparu, par remords aussi de n'avoir peut-être pas agi envers lui comme elle aurait dû, Gabriela s'imposa dès lors un renoncement définitif au mariage. De fait, on ne lui connaît aucune aventure sentimentale hormis celle qui avait si douloureusement marqué sa jeunesse. Ainsi la sensualité qui surabondait en elle ne devait trouver de dérivatif que dans l'expression poétique.
Bien qu'elle eût renoncé pour toujours à la maternité, elle n'en continuait pas moins d'y aspirer de tout son être (« Poème du fils » : « Pour celui qui naîtrait, tout vêtu de chansons, / Je tendais mes bras, je creusais ma poitrine... »). De cette aspiration frustrée, tantôt elle se délivrait par l'abandon à la volupté du néant – « Béni soit mon sein où s'ensevelit ma lignée / Et béni soit mon ventre où ma race se meurt » – tantôt elle se consolait, plus humainement, dans sa tâche d'éducatrice des enfants d'autrui.
Nulle n'a jamais parlé avec autant de ferveur de l'enfance et du bonheur d'être mère que cette femme qui s'était condamnée elle-même à la stérilité, au mépris de son instinct le plus profond.

Paroles sereines

Au reste, dans Desolación tout n'est pas funèbre ou mélancolique. Déjà la désespérance annoncée par le titre y est compensée incidemment par une note claire et apaisée : « La vie est or et douceur de blé, / Brève est la haine mais immense est l'amour... » (« Paroles sereines »). Cet apaisement repose sur une double foi : foi dans le Dieu chrétien que n'a jamais reniée la poétesse, alors même que sa ferveur parlait le langage du panthéisme ; foi dans son propre cœur, qu'elle sentait accordé aux rythmes du monde et promis à l'immortalité : « Je crois en mon cœur que le ver rongeur / Ne mordra pas, car il ébréchera la mort même ; / Je crois en mon cœur, mon cœur qui repose / Sur le sein de Dieu terrible et fort » (« Credo »).
La sérénité se confirme dans Tendresse (Ternura, 1924), où se multiplient les chansons, berceuses, rondes, destinées aux enfants ou inspirées par eux.
Plus composite et plus complexe est Tala (1938) dont le titre même reste énigmatique : le plus vraisemblable est qu'il évoque un arbre de la forêt brésilienne qui porte ce nom. Aussi bien l'Amérique du Sud, et non plus seulement le Chili, devient ici l'un des thèmes dominants. Dans Tala et, seize ans après, dans Lagar (Pressoir, 1954), l'imagination tend même à s'élargir aux dimensions de la planète, voire du cosmos. Peut-être sous l'influence de son compatriote plus jeune, Pablo Neruda, qu'elle admirait fort, son langage confine alors à l'hermétisme prophétique. Mais ses rythmes gardent le plus souvent une allure dansante qui peut contraster avec l'ampleur ou la solennité du sujet.
La versification de Gabriela Mistral a généralement évolué vers une liberté toujours plus grande. Elle a rapidement renoncé à la rime et même à l'assonance, ainsi qu'à la symétrie des strophes. L'inégalité des vers s'est graduellement accusée, avec une préférence croissante pour le vers court. Au reste, elle n'a jamais prétendu à la virtuosité prosodique.
Parmi ses lectures préférées, elle a cité la Bible, les Fioretti de saint François d'Assise, Dante, Pétrarque, Frédéric Mistral et Rabindranath Tagore. Mais leur influence probable n'amoindrit en rien la singularité de son puissant lyrisme, ni celle de sa langue, que rend malheureusement assez ardue l'usage d'archaïsmes puisés au terroir ou de néologismes forgés par l'auteur. Michel Berveiller

Regards sur l'Œuvre

Les thèmes qui animent l'œuvre de Gabriela Mistral sont variés et marqués par une grande humanité et aussi, souvent, une profonde tristesse. Aux sujets lyriques comme l'amour du pays natal les paysages andins et la nostalgie, la maternité et l'enfant bien qu'elle n'ait jamais été mariée ni mère, ou encore l'amour et la mort, s'ajoute une préoccupation constante pour les humbles qu'accompagne sa foi catholique et "fransciscaine". La place faite à ses racines indiennes contribue encore à la force d'une œuvre marquante et personnelle.
Formellement, sa poésie est faite de simplicité, ce qui rend ses textes proches du peuple qu'elle n'a jamais renié.
Premier écrivain d'Amérique latine à obtenir le Prix Nobel de Littérature en 1945, Gabriela Mistral jouit d'un grand prestige dans son pays, à l'égal peut-être de Pablo Neruda, autre poète chilien couronné en 1970. Elle est également très estimée dans le monde hispanophone et aussi aux États-Unis. Elle est moins connue en France où ses œuvres ont été peu publiées mis à part les traductions de Roger Caillois en 1945 et de Claude Couffon en 1989.
Les féministes lui savent gré d'avoir traité de la condition des femmes en Amérique latine dès 1923 dans Lecturas para Mujeres et aussi d'avoir rendu hommage à leur corps maternel dans Ternura en 1924. Influencée par Jacques Maritain, elle est reconnue comme une pionnière des combats pour la dignité féminine.
Elle est la première femme poète qui a obtenu le Prix Nobel de littérature. Les autres femmes nobélisées avant elle sont des romancières : Selma Lagerlöf en 1909, Grazia Deledda en 1926, Sigrid Undset en 1928 et Pearl Buck en 1938. Après elle : Nelly Sachs en 1966, Nadine Gordimer en 1991, Toni Morrison en 1993, Wisława Szymborska seconde femme poète nobélisée en 1996, Elfriede Jelinek en 2004, Doris Lessing en 2007, Herta Müller en 2009 et Alice Munro en 2013. En tout, treize femmes lauréates du Prix Nobel de Littérature depuis 1901.

Œuvres Titres espagnols :

Sonetos de la Muerte 1914
Desolación 1922
Lecturas para Mujeres 1923
Ternura 1924
Nubes Blancas y Breve Descripción de Chile 1934
Tala 1938
Antología 1941
Lagar 1954
Recados Contando a Chile 1957
Poema de Chile 1967, publication posthume

Publications en français :

Poèmes choisis, trad. de l'espagnol par Mathilde Pomès, éd. Stock, 1946. Préface de Paul Valéry.
Poèmes, trad. Roger Caillois, Édition bilingue, éd. Gallimard, 1946
D'amour et de désolation, traduit de l'espagnol Chili et présenté par Claude Couffon, Éditions de la Différence, coll. « Orphée », 1989
Poèmes choisis, éd. Rombaldi, 1967 collection "Prix nobels"
Sur Gabriela Mistral :
Gabriela Mistral, 1976, collection Poètes d'Aujourd'hui, éd.Seghers, 1963/1976, par Mathilde Pomès.
Gabriela Mistral publique et secrète, éd. L'harmattan, 2003, par Volodia Teitelboim.

Citation

Cordillère « Chair pétrifiée de l’Amérique, / hallali de pierre éboulée, / rêve de pierre, notre rêve, / pierres du monde avec leurs pâtres ; / pierres qui se dressent d’un coup / afin de s’unir à leurs âmes ! / Dans la vallée close d’Elqui, / par pleine lune de fantôme, / nous doutons : sommes-nous des hommes / ou bien des rochers en extase !
Les temps reviennent, fleuve sourd, / et on les entend aborder / du Cuzco la meseta, marches / grimpant à l’autel de la grâce. / Sous la terre tu as sifflé / pour le peuple à la peau ambrée; / ton message, nous le dénouons / enveloppé de salamandre; / et dans tes brèches, par bouffées, / nous recueillons notre destin. »
Gabriela Mistral 1889-1957 - Prix Nobel 1945, Cordillera, éditions Orphée/La Différence, 1989. Traduit de l’espagnol Chili par Claude Couffon.

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Posté le : 08/01/2016 18:21

Edité par Loriane sur 10-01-2016 15:22:22
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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