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De Montpellier
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Le 9 août 1962 meurt Hermann Hesse à 85 ans
à Montagnola en Suisse né le 2 juillet 1877 à Calw, Royaume de Wurtemberg, Empire allemand, romancier, poète, peintre et essayiste allemand puis suisse. Il a obtenu le prix Goethe, le prix Bauernfeld en 1905 et le prix Nobel de littérature en 1946. Il reçoit les distinctions de prix Goethe, prix Bauernfeld et le prix Nobel de littérature en 1946. Ses Œuvres principales sont Demian en 1919, Siddhartha en 1922, Le Loup des steppes en 1927, Narcisse et Goldmund en 1930, Le Jeu des perles de verre en 1943
En bref
Hermann Hesse est un écrivain allemand, naturalisé suisse en 1923 Calw, Wurtemberg, 1877 – Montagnola, Tessin, 1962. Personnalité contradictoire, marquée par une éducation stricte, Âme d'enfant, 1920, une rébellion contre toute forme d'autorité l'Ornière, 1906 et l'incapacité de choisir un métier, il oscillera toujours entre les deux piliers-principes du monde révolte/nostalgie de l'ordre, errance/fixation, tradition/modernisme, Occident/Orient. Après les poèmes des Romantische Lieder 1899, son premier roman Peter Camenzind, 1904, d'inspiration romantique et reflétant « la part rêveuse, oublieuse et paisible de lui-même Blanchot, le prix Nobel lui assure la consécration en 1946. Ses prises de position pacifistes lui valent dès 1914 des haines irréductibles. Une crise cure de psychanalyse en 1916 lui fait concevoir la littérature comme le moyen d'exprimer ses conflits, déjà présents dans Rosshalde 1914 et chez le vagabond Knulp 1915. Ainsi, Demian 1919 décrit deux mondes, celui de la sécurité familiale et morale et celui des interdits, plus fascinant que l'autre, tandis que Siddharta 1922, récit hindou qui sera redécouvert par la jeunesse américaine des années 1960, montre que la sagesse ne peut être acquise qu'au bout d'un long périple, en dehors des canons traditionnels éducatifs et religieux. Si le Loup des steppes 1927 est un roman grinçant et chaotique, Narcisse et Goldmund 1930 se distingue par sa sérénité et un retour à la forme classique de l'errance éducative , celle d'un jeune artiste qui, dans un Moyen Âge tourmenté, parfait sa vocation. Autodidacte, Hesse, qui a fait un séjour en Inde en 1911, étudie la pensée orientale Voyage en Orient, 1932 en y cherchant l'unité du moi, dont la nostalgie apparaît tout au long de son œuvre dans des couples de personnages complémentaires, où l'un, qui se cherche, a besoin de l'aide de l'autre, qui choisit un chemin différent ou lui ouvre des horizons inconnus Giebenrath/Heilner dans l'Ornière ; Sinclair/Demian ; Govinda/Siddharta ; Haller/Hermine dans le Loup des steppes ; Goldmund/Narcisse : synthèse qu'il tentera de réaliser dans l'apothéose qu'est son dernier roman, le Jeu des perles de verre 1943. Hermann Hesse, poète, romancier, critique et éditeur, appartient à cette famille d'auteurs qui étonnent, irritent et provoquent, mais suscitent également l'enchantement et l'enthousiasme. Son œuvre semble, en tout cas, exclure l'indifférence. Cela tient avant tout aux critiques de Hesse lui-même, dirigées à la fois contre la société industrielle et contre sa propre personne. Cette disposition à se mettre toujours en question l'a conduit de crise en crise et l'a rendu apte à exprimer la crise européenne, qu'il représente sous sa double face : processus de destruction, mais aussi promesse d'une renaissance. L'œuvre de Hesse illustre dans une large mesure ce « principe de l'espérance » qui, selon le philosophe Ernst Bloch, caractérise l'utopie des créations artistiques. La tradition romantique. Deux témoignages sont révélateurs dans l'enfance de Hesse : d'après sa mère, il fut un enfant difficile ; quant à lui, il a fortement idéalisé cette époque. Son enfance lui a laissé des souvenirs émus et sans mélange, elle est restée le paradis perdu par opposition à l'univers plat et commun des adultes, auquel on ne peut échapper que grâce au charme et à la magie de la poésie. Le héros de ses romans est presque toujours l'ennemi juré de la médiocrité, l'épouvantail du petit-bourgeois. Très tôt, Hesse se distingue par son refus de la contrainte collective et de l'autorité, et par l'aspiration à un monde idéal. Sa jeunesse est pleine de révoltes et de turbulences. Il parvient bien difficilement au seuil de l'âge adulte. Les premiers essais poétiques du jeune libraire sont fortement enracinés dans la tradition romantique allemande. Les Chansons romantiques, Une heure après minuit 1899, Hermann Lauscher 1901 expriment en images mélancoliques la nostalgie d'un univers de rêve et l'isolement dans la réalité. De là cette fuite dans le royaume de l'art. Même si Hesse rejette plus tard l'esthétisme de ses jeunes années, la recherche platonique de l'utopie du beau, du vrai et du bien restera un trait essentiel de sa création. Nature et tradition sont les pôles entre lesquels oscille son œuvre, délibérément en rupture avec la réalité. Dans Peter Camenzind, publié en 1904, son premier succès de romancier, le héros fuit la ville pour retourner à ses montagnes natales et finit par s'y révéler poète. Ce thème de la recherche de soi-même trouve un large écho auprès d'une jeunesse en conflit avec le monde des pères, qui proteste contre la société industrielle moderne, préfère la campagne à la ville et commence à se constituer en associations. Mais à cette époque déjà , Hesse rejette toute sorte d'accommodement avec la collectivité. C'est l'individu qui l'intéresse, parce qu'il représente la dernière certitude dans une culture en décadence et en même temps la première promesse d'une renaissance.
Sa vie
Hermann Hesse est issu d'une famille de missionnaires chrétiens de confession protestante. Ses parents furent tous deux engagés pour la Mission protestante de Bâle en Inde, où sa mère, Marie Gundert, était née en 18421. Son père, Johannes Hesse, né en 1847 dans la famille d'un médecin, était d'origine germano-balte où la famille vécut à Weissenstein aujourd'hui Paide en Estonie. Dans la petite ville de Calw, en Forêt-Noire, la famille tint à partir de 1873 une maison d'édition missionnaire sous la direction du grand-père maternel de Hesse, Hermann Gundert. Il eut cinq frères et sœurs, dont deux moururent prématurément. Le monde dans lequel Hermann Hesse vécut ses premières années était totalement imprégné de l'esprit du piétisme souabe. En 1881, la famille s'installa à Bâle pour cinq années, mais revint ensuite à Calw. Après avoir achevé ses études latines avec succès à Göppingen, Hesse rejoignit en 1891 le séminaire évangélique de Maulbronn dont il fera le cadre de son roman L'Ornière. Là se révéla en mars 1892 son caractère rebelle : Hesse s'échappa du séminaire et ne fut rattrapé que le lendemain, en pleine nature. Dès lors commença, sur fond de violents conflits avec ses parents, une odyssée à travers divers établissements et écoles. Hermann Hesse était dans une phase dépressive de son trouble bipolaire, et il exprima dans une lettre du 20 mars 1892 des pensées suicidaires Je voudrais partir comme le coucher de soleil. En mai 1892, âgé de quinze ans, il fit une tentative de suicide dans l'établissement de Bad Boll dirigé par le théologien et directeur de conscience, Christoph Friedrich Blumhardt. À la suite de cela, Hermann fut placé dans la maison de santé de Stetten im Remstal, et plus tard dans un établissement pour enfants à Bâle. Fin 1892 il entra au lycée de Cannstatt, à Stuttgart. En 1893, il y obtint son diplôme probatoire de première année, mais interrompit ses études. Il commença un apprentissage de libraire à Esslingen am Neckar, qu'il abandonna après trois jours, puis devint au début de l'été 1894 apprenti mécanicien pendant quatorze mois, dans la fabrique d'horloges Perrot à Calw. Le travail monotone de soudage et de limage renforça chez Hermann Hesse le désir de se tourner à nouveau vers une activité spirituelle. En octobre 1895, il se sentit prêt à entamer un nouvel apprentissage de libraire, à Tübingen, et à s'y consacrer sérieusement. Plus tard, il relata ces péripéties de son enfance dans son roman L'Ornière Unterm Rad.
La naissance d'un écrivain
Hesse travailla à partir du 17 octobre 1895 dans la librairie Heckenhauer à Tübingen. L'essentiel du fonds traitait de théologie, de philologie et de droit. La tâche de l'apprenti Hesse consistait à collationner, emballer, classer et archiver les livres. Après sa journée de travail de douze heures, il continuait à enrichir sa culture en solitaire, et les livres compensaient encore son absence de contacts sociaux pendant les longs dimanches fériés. Hesse lut des écrits théologiques, puis l'œuvre de Goethe, et plus tard Lessing, Schiller et des textes de la mythologie grecque. En 1896, son poème Madonna fut publié dans une revue viennoise. En 1898, Hesse devint assistant libraire et disposa d'un revenu respectable, lui assurant une indépendance financière vis-à -vis de ses parents. À cette époque, il lisait surtout les œuvres des romantiques allemands, et tout particulièrement de Clemens Brentano, Joseph von Eichendorff et Novalis. Dans une lettre à ses parents, il exprima sa conviction que la morale est chez les artistes remplacée par l'esthétique. Alors qu'il était toujours libraire, Hesse publia à l'automne 1898 son premier petit recueil de poèmes, Romantische Lieder Chants romantiques, et à l'été 1899 le recueil en prose, Eine Stunde hinter Mitternacht Une heure après minuit. Les deux ouvrages furent des échecs commerciaux. En l'espace de deux ans, seuls cinquante-quatre des six cents exemplaires de Romantische Lieder furent vendus. Eine Stunde hinter Mitternacht fut également tiré à seulement six cents exemplaires et ne se vendit que très lentement. L'éditeur leipzigois Eugen Diederichs était cependant convaincu de la valeur littéraire de l'œuvre, et voyait ces publications dès le départ comme des encouragements pour le jeune auteur, plutôt que comme une entreprise rentable. À partir de l'automne 1899, Hesse travailla dans une librairie d'occasion à Bâle. Ses parents ayant d'étroits contacts avec les familles bâloises érudites, un royaume spirituel et artistique des plus stimulants s'ouvrit à lui. En même temps, le promeneur solitaire qu'était Hesse trouva à Bâle l'occasion de retraites grâce aux nombreuses possibilités de voyages et promenades, ce qui servit sa quête artistique personnelle, en développant en lui l'aptitude à transcrire littérairement une observation sensorielle, aptitude sans cesse confrontée à une aventure nouvelle. En 1900, Hesse fut libéré du service militaire en raison de sa faible vue. Ses difficultés de vision durèrent toute sa vie, de même que sa névralgie et ses maux de tête. En 1901, Hesse put réaliser l'un de ses grands rêves en voyageant pour la première fois en Italie. La même année, Hesse entra chez un nouvel employeur, le libraire Wattenwyl, à Bâle. À la même époque, les occasions de publier des poèmes et de petits textes littéraires dans des revues se multiplièrent. Désormais, les salaires de ces publications contribuaient à ses revenus. Très vite, l'éditeur Samuel Fischer s'intéressa à Hesse, et le roman Peter Camenzind, pré-publié en 1903 et publié officiellement en 1904 chez Fischer, marqua la rupture : Hesse pouvait maintenant vivre de sa plume.
Entre le lac de Constance et l'Inde
La consécration littéraire permit à Hesse d'épouser en 1904 la photographe Maria Bernoulli 1868–1963, de s'installer avec elle à Gaienhofen au bord du lac de Constance, et d'y fonder une famille comptant trois fils, Bruno, Heiner et Martin. Il y écrivit son deuxième roman L'Ornière, paru en 1906. Par la suite, il rédigea surtout des nouvelles et des poèmes. Son roman suivant, Gertrude 1910, évoque la crise de créativité de Hesse. Il acheva péniblement cette œuvre, et la considéra plus tard comme ratée. Les désaccords se multipliaient aussi dans son ménage, et pour prendre de la distance, Hesse fit en 1911, avec Hans Sturzenegger, un long voyage à Ceylan et en Indonésie. Il n'y trouva pas l'inspiration spirituelle et religieuse espérée, cependant ce voyage imprégna fortement ses œuvres ultérieures, à commencer par Carnets indiens 1913. Après le retour de Hesse, la famille déménagea en 1912 à Berne, mais ce déplacement ne résolut pas les problèmes du couple, comme le dépeignit Hesse en 1914 dans son roman Roßhalde.
La Première Guerre mondiale
À la déclaration de la Première Guerre mondiale en 1914, Hesse se présenta comme volontaire à l'ambassade d'Allemagne, car il ne pouvait supporter de rester inactif, pendant que d'autres jeunes écrivains mouraient au front. Il fut néanmoins déclaré inapte au combat et affecté à Berne à l'assistance aux prisonniers de guerre, auprès de l'ambassade d'Allemagne. Dans sa nouvelle fonction, Hesse fut dès lors occupé à rassembler et expédier des livres pour les prisonniers de guerre allemands. À cette époque, il était coéditeur de la Deutsche Interniertenzeitung Journal des internés allemands, 1916-1917, éditeur du Sonntagsbote für die deutschen Kriegsgefangenen Courrier dominical des prisonniers de guerre allemands, 1916-1919, et responsable de la Librairie des prisonniers de guerre allemands. Le 3 novembre 1914, il publia dans la Neue Zürcher Zeitung l'article O Freunde, nicht diese Töne, Mes frères, cessons nos plaintes !, premier vers de l’Ode à la joie, dans lequel il appelait les intellectuels allemands à ne pas tomber dans les polémiques nationalistes. Il en résulte ce que Hesse qualifia plus tard de grand tournant de sa vie : pour la première fois, il se retrouva au milieu d'une violente querelle politique, la presse allemande l'attaqua, il reçut des lettres de menace et de vieux amis se désolidarisèrent de lui. Il fut soutenu par son ami Theodor Heuss, mais aussi par l'écrivain français Romain Rolland, à qui Hesse rendit visite en août 1915. Ces conflits avec le public allemand n'étaient pas encore apaisés, que Hesse subit une suite de coups du sort qui le plongèrent dans une crise existentielle plus profonde encore : la mort de son père le 8 mars 1916, la grave maladie de son fils Martin et la crise de schizophrénie de sa femme. Il dut interrompre son travail d'assistance aux prisonniers et commencer un traitement psychothérapeutique. L'intense travail de psychanalyse qui s'ensuivit, au cours duquel Hesse fit la connaissance de Carl Gustav Jung, déboucha finalement sur un nouveau point culminant de sa créativité : en septembre-octobre 1917, Hesse rédigea en trois semaines d'un travail frénétique son roman Demian. Le livre fut publié après la guerre, en 1919, sous le pseudonyme d'Emil Sinclair.
La Casa Camuzzi
Lorsque Hesse put reprendre sa vie civile, son couple était désuni. Une grave psychose s'était entre-temps déclarée chez sa femme et, même après sa guérison, Hesse ne put envisager aucun avenir commun avec Maria. La maison de Berne fut vendue, et Hesse emménagea mi-avril dans le Tessin, où il habita tout d'abord une petite maison paysanne à l'entrée de Minusio près de Locarno. Puis il vécut du 25 avril au 11 mai à Sorengo. Le 11 mai, il s'installa dans le village de Montagnola, près de Lugano, comme locataire de quatre petites pièces dans un bâtiment ressemblant à un château, la Casa Camuzzi. Là , il ne reprit pas seulement son activité d'écriture, mais commença aussi à peindre, ce qui apparaît clairement en 1920 dans son grand récit suivant, Le Dernier Été de Klingsor. En 1922 parut le roman indien Siddhartha, où s'exprime son amour de la culture indienne et des sagesses orientales auxquelles il avait été familiarisé déjà dans la maison de ses parents. Hesse épousa en 1924 Ruth Wenger, fille de la femme de lettres suisse Lisa Wenger et tante de Meret Oppenheim, après le mariage avec Hesse, elle eut comme fils l'acteur Ezard Haußmann. Hesse obtint cette année-là la nationalité suisse. Les principales œuvres qui suivirent, Le Curiste en 1925 et le Voyage à Nüremberg en 1927, sont des récits autobiographiques teintés d'ironie, dans lesquels s'annonce déjà le plus célèbre roman de Hesse, Le Loup des steppes 1927. Pour son cinquantième anniversaire, qu'il fêta cette année-là , parut également sa première biographie, publiée par son ami Hugo Ball. Peu après le succès de son roman, la vie du solitaire loup des steppes Hesse prit un nouveau tour par sa relation avec Ninon Dolbin, originaire de Czernowitz en Bukovine, et qui devint plus tard sa troisième femme. Le résultat de cette conversion à la vie de couple fut le roman Narcisse et Goldmund 1930. Hesse quitta en 1931 la Casa Camuzzi et s'installa avec sa compagne Ninon dans une plus grande maison la Casa Hesse, parfois aussi appelée Casa Rossa dans les hauteurs de Montagnola, qui avait été construite selon ses souhaits et mise à sa disposition par son ami Hans C. Bodmer. Cette maison est actuellement un bien privé et ne peut être visitée.
Le Jeu des perles de verre
En 1931, il commença à composer sa dernière grande œuvre, intitulée Le Jeu des perles de verre. Il publia en 1932 un récit préparatoire, Le Voyage en Orient. Hesse observa avec beaucoup d'inquiétude la prise de pouvoir des nazis en Allemagne. En 1933, Bertolt Brecht et Thomas Mann s'arrêtèrent tous deux chez Hesse dans leurs voyages vers l'exil. Hesse essaya à sa manière de contrer l'évolution de l'Allemagne : il publiait déjà depuis des décennies des comptes-rendus de lecture dans la presse allemande, désormais il s'y exprima plus fortement pour les auteurs juifs ou non pourchassés par les nazis. À partir du milieu des années 1930, aucun journal allemand ne publia des articles de Hesse. Le refuge spirituel de Hesse contre les querelles politiques et plus tard contre les nouvelles terribles de la Seconde Guerre mondiale était le travail sur son roman Le Jeu des perles de verre, imprimé en 1943 en Suisse. C'est en grande partie pour cette œuvre tardive que lui fut décerné en 1946 le prix Nobel de littérature. Après la Seconde Guerre mondiale, la créativité de Hesse déclina : il écrivit encore des nouvelles et des poèmes, mais plus aucun roman. Il était par ailleurs sollicité par un flot intarissable de lettres, ce qui était le prix de sa gloire renouvelée auprès d'une nouvelle génération de lecteurs allemands, qui cherchaient aide et conseil auprès du vieux sage de Montagnola. Hermann Hesse mourut le 9 août 1962 et fut enterré au cimetière de Sant’Abbondio près de Montagnola, où Hugo Ball repose également. Le fonds d'archives de Hermann Hesse se trouve aux Archives littéraires suisses à Berne.
Importance de l'Å“uvre
Les premières œuvres de Hesse restent dans la tradition du XIXe siècle : son lyrisme doit tout au romantisme, et il en est de même de la langue et du style de Peter Camenzind, un livre que son auteur présentait comme un roman initiatique dans la lignée du Henri le vert de Gottfried Keller. Sur le fond, Hesse s'opposa à l'industrialisation croissante et à l'urbanisation, ce par quoi il rejoignit une tendance des mouvements de jeunesse allemands. Hesse abandonna plus tard cette tradition néo-romantique de la forme et du fond. En revanche, la structure antithétique de Peter Camenzind, avec le contraste entre ville et campagne et l'opposition masculin-féminin, est encore présente plus tard dans les chefs-d'œuvre de Hesse, par ex. Demian et Le Loup des steppes. La connaissance des archétypes décrits par le psychologue Carl Gustav Jung eut une influence déterminante sur l'œuvre de Hesse, visible à partir du roman Demian : le chemin d'une jeune personne vers soi-même devint l'un de ses thèmes de prédilection. La tradition des romans initiatiques se poursuit également avec Demian, mais dans cet ouvrage comme dans Le Loup des steppes, l'histoire ne se déroule plus sur un plan réel, mais dans un paysage spirituel intérieur. Un autre aspect essentiel de l'œuvre de Hesse est la spiritualité, particulièrement présente dans le roman Siddhartha. La thèse principale de Siddharta soutient que la plénitude spirituelle ne peut être trouvée ni dans le renoncement aux réalités du monde ni dans la doctrine de Bouddha, mais dans l'expérience des sens. Les syncrétismes religieux christianisme, bouddhisme et intellectuels Nietzsche, Jung qui s'y expriment sont la profession de foi de Hesse, fondée sur l'ouverture au monde, sur la découverte d'une transcendance où s'unissent la vie et l'esprit. L'auteur reprendra ces éléments dans une ébauche de théologie Ein Stückchen Theologie et dans le texte Mein Glaube Ce que je crois. Tous les ouvrages de Hesse comportent une part autobiographique, particulièrement visible dans Le Loup des steppes, qui est précisément un modèle de roman de crise existentielle. Cette caractéristique ne disparaît que dans ses œuvres tardives. Dans les romans apparentés, Le Voyage en Orient et Le Jeu des perles de verre, Hesse traita un thème qu'il avait déjà abordé dans Peter Camenzind : l'opposition entre vie active et vie contemplative. En partant du contexte de son époque, Hesse conçut dans Le Jeu des perles de verre une utopie pour l'humanité et pour l'âme, les deux éléments s'équilibrant dans un jeu d'échanges dialectiques. Bien qu'écrivant encore un roman initiatique classique, il le fait de façon moderne, inversant les termes de la problématique maître/esclave hégélienne et nietzschéenne dont il était un lecteur fervent et répondant à distance au roman de Goethe, Les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister, qu'il considérait comme le chef-d'œuvre de la littérature allemande. En effet, le héros de Goethe s'appelle Meister, le maître, tandis que celui de Hesse se nomme Joseph Valet , ceci de façon délibérée, Hesse considérant que seuls l'humilité et le lâcher prise étaient des solutions pour l'âme humaine, et l'esprit allemand en particulier ce en quoi il s'oppose à Thomas Mann.
Permanence de la crise
Même si les circonstances matérielles s'améliorent pour Hesse – le voici écrivain indépendant et marié –, ce qu'il y a d'inadapté et de névrotique en lui continue cependant à fermenter et le conduira un jour à l'explosion. Il la vivra pendant la Première Guerre mondiale, dans sa vie privée comme dans sa vie d'écrivain. Le mariage est dissous. La guerre est pour lui une provocation et un profond ébranlement. Il devient pacifiste et gagne l'amitié de Romain Rolland, ce qui lui fait perdre ses anciens lecteurs et lui vaut les attaques de nationalistes extrémistes. Depuis, Hesse reste un écrivain contesté. Les œuvres suivantes et surtout Demian 1919 illustrent les nouveaux conflits. Ce roman consacre un auteur moderne, au rayonnement international. On y retrouve l'influence de Nietzsche, de Dostoïevski et de la psychanalyse. Hesse met en lumière les causes profondes de la guerre : la mentalité des masses a provoqué une telle décadence que seule une catastrophe peut en délivrer l'Occident. La prise de conscience du héros, née de souffrances et d'erreurs, est directement inspirée par la rencontre de Hesse avec la psychanalyse de l'école jungienne. Mais Hesse ne soumet jamais à des dogmes son inspiration, de plus en plus antagoniste, ambivalente et dialectique. Tout en s'intéressant à la psychanalyse, il prend résolument le parti de l'art face au nouveau système scientifique. Le livre eut un succès éclatant, suscitant l'approbation enthousiaste de la jeunesse désœuvrée et désorientée de l'après-guerre. Une voix s'y élève, qui insiste sur des valeurs morales, inscrites toutefois dans un engagement individuel et en constant renouvellement, à l'exclusion, par conséquent, de toute systématisation due à l'idéologie : les valeurs humaines que défend Hesse sont mises au service de la société sans qu'il soit nécessaire de s'engager dans un parti. Siddhartha (1922), un des livres les plus aimés de Hesse, reprend les mêmes thèmes sous les habits orientaux. Toutes les certitudes sociales : famille, religion, richesse matérielle, jouissance sensuelle deviennent fades et écœurantes pour le héros. C'est seulement en servant le sage batelier qu'il parvient à la connaissance de soi et à l'accomplissement dans la nature, par la fusion dans un ensemble impersonnel. Mais Hesse est encore loin d'avoir surmonté toutes ses crises personnelles, qui atteignent un point culminant avec Le Loup des steppes 1927 ; à bientôt cinquante ans il semble n'avoir résolu aucun de ses problèmes. À nouveau il est le miroir du déchirement de son époque, ainsi qu'il le fut dans Demian, mais cette fois-ci avec plus de maturité. Ce roman de Hesse est, avec Le Jeu des perles de verre, le plus intéressant du point de vue artistique. Mais ici le schéma de l'évolution du roman dans la tradition romantique allemande est renversé : ce n'est plus un jeune homme qui apprend la vie mais un adulte – et même un adulte vieillissant, désespéré, qui doit se remettre en question. Les causes de son échec résident en lui-même et non dans la réalité extérieure. Il lui faudra transcender la marginalité, le culte de l'esthétisme individualiste – produit de la bourgeoisie – et entrer dans la voie de l'absolu. Les antinomies de la vie et de l'esprit se fondent dans l'expérience de l'amour et des jeux magiques. Il ne s'agit plus de fuir la réalité : bien au contraire, le héros se lance dans les activités superficielles du demi-monde des villes modernes. Et il y trouve, en dépassant la réalité, une existence autre, magique, supérieure, qui lui promet la délivrance, loin d'une civilisation bourgeoise en pleine décadence. Le roman est déjà le prélude de la grande œuvre utopique de la vieillesse : l'ambivalence de l'expression laisse deviner, derrière la réalité, les contours de possibilités nouvelles.
Aspiration à l'harmonie
Durant l'ascension du national-socialisme et sous le IIIe Reich, Hesse doit de nouveau affronter luttes et bouleversements. Citoyen suisse depuis 1923, mais publiant en Allemagne, il ne reste pas indifférent à la tragédie qui se joue dans son pays natal. L'apaisement lui vient avec son troisième mariage 1932. Il connaît désormais la paix, dans le Tessin, où il écrit entre 1932 et 1943 la plus importante de ses œuvres, le grand roman utopique Le Jeu des perles de verre, dans lequel toutes les tendances et toutes les possibilités des écrits antérieurs se retrouvent et se développent. Là encore, Hesse s'est construit un univers artistique au sein duquel il peut respirer ; mais il parvient à une diversité qu'il n'avait pas encore réalisée jusque-là . Le texte oscille entre le moment utopique où apparaît l'idéal dans sa figure paradoxale, et le dépassement immédiat de ce moment. L'utopie de Hesse est donc elle-même en gestation, en mouvement, aspirant à un avenir qui soit une genèse véritable. À bon droit il est permis de parler d'utopie moderne historique, conformément à la conception de E. Bloch : elle n'est plus un plan préétabli de la cité idéale, mais seulement une base pour l'élan utopique et sa projection dans l'infini. De la sorte, Hesse peut, dialectiquement, partir d'éléments historiques et les projeter dans l'avenir. Et dans ce jeu subtil entre le passé et le futur s'articulent les potentialités du présent : la réconciliation de la vie et de l'esprit, du général et du particulier et la tentative, à l'aide de la mystique extrême-orientale, d'intégrer l'individu – en le délivrant – à la grande Nature. En 1946, Hesse reçoit le prix Nobel de littérature, se trouve à l'apogée de sa gloire et ne peut plus guère qu'aller vers son déclin. Assez vite, il devient suspect aux jeunes générations par son esprit romantique. On lui reproche l'absence de cette intelligence supérieure, de cette pertinence dans l'analyse abstraite qui caractérisent Robert Musil ou encore Thomas Mann. On finit pourtant par entrevoir la force réelle de son style, avant tout poétique. Il correspond parfaitement aux qualités utopiques de l'œuvre et illustre de façon convaincante l'utopie en tant que catégorie esthétique. Hesse atteint par là une modernité insoupçonnée, qui fait de lui le précurseur d'un art qui transcende les traditions bourgeoises. Son œuvre, en rupture avec son époque, exigeait une nouvelle création des catégories d'espace et de temps puisque la réalité s'était révélée parfaitement hostile et impropre à l'art. L'auteur pratique des procédés largement réutilisés par le roman moderne : l'analogie historique, d'une part, qui fait éclater la réalité verticalement vers les profondeurs de l'histoire ou des mythes, et la juxtaposition des images, d'autre part, qui glissent horizontalement vers un monde magique et surréaliste. Ce faisant, l'art produit sa propre transcendance et brise l'encerclement idéologique et technologique de la société industrielle. La dichotomie moderne entre la réalité et la langue entraîne Hesse non pas vers une déformation de la première, mais vers la poésie d'une symbolique multivalente qui échappe aux concepts idéologiques figés. Ainsi le monde ne nous est accessible que par l'entremise de l'art. Voir et entendre ; le poète est visionnaire et prophète, mais aux confins de l'intelligible. La correspondance avec la réalité lui est indifférente, sa langue dépasse la réalité et débouche sur un univers magique. Elle utilise pour cela les possibilités modernes de style : variations et ambivalence. À partir d'une réalité toujours mise en cause, elle tend vers ce qui est différent, suggérant la mutation : le dépassement de notre culture décadente avec son culte orgueilleux de l'individu, grâce à la réconciliation de l'esprit et de la nature, et au rejet du moi. Ainsi l'œuvre de Hesse montre que le salut n'est plus dans la philosophie mais dans l'art qui, lui seul, formule l'impossible pour que le possible se réalise. Il faut mentionner, à côté de ses nombreux recueils de poésie, des essais comme Le Regard dans le chaos 1920, Le Retour de Zarathoustra 1919, et Miettes de théologie 1932, où Hesse expose sa conception de l'art et du monde ; son œuvre de critique littéraire Bibliothek der Weltliteratur, 1929 qui nous révèle ses préférences ; enfin une correspondance tout à fait étonnante – notamment avec Thomas Mann. Son rayonnement universel s'explique, à côté du cosmopolitisme et de l'orientalisme que Hesse doit à ses parents, par son appartenance à une époque de transition où les anciennes structures aristocratiques et rurales disparaissaient pour faire place à une société industrialisée. Hesse a critiqué ce processus de transformation tout en laissant apercevoir les moyens de vaincre la crise. Barbara Belhalfaoui
Réception critique
La qualité littéraire et l'importance de l'œuvre de Hermann Hesse étaient déjà controversées de son vivant, et le débat continue aujourd'hui. Des collègues comme Thomas Mann ou Hugo Ball le tenaient en haute estime, cependant qu'à l'opposé Kurt Tucholsky disait : Je tiens Hesse pour un écrivain au don d'essayiste bien supérieur à ses qualités lyriques. Alfred Döblin parla même d'une ennuyeuse limonade. Les premières œuvres de Hesse furent cependant en majorité jugées positivement par les critiques littéraires contemporains. L'accueil de son œuvre dans l'Allemagne des deux Guerres mondiales fut marqué par les campagnes de presse contre l'auteur, en raison de ses prises de position contre la guerre et le nationalisme. À partir de 1937, les ouvrages de Hesse ne pouvaient être vendus que précautionneusement. De ce fait, une grande partie de la jeune génération ne découvrit Hesse qu'après 1945. Plus de dix ans après que Hesse eut reçu le prix Nobel de littérature, Karlheinz Deschner écrivit en 1957 dans son pamphlet Kitsch, Konvention und Kunst Kitsch, convention et art: "Le fait que Hesse publia une écrasante quantité de vers absolument nuls est un déplorable manque de discipline, une barbarie littéraire " et n'émit pas non plus un jugement favorable sur sa prose. Une partie de la critique littéraire allemande adopta ce jugement pendant les décennies qui suivirent, et Hesse fut qualifié par certains de fabricant de littérature décadente et kitsch. C'est ainsi que l'accueil fait à Hesse poursuivit son mouvement cyclique : à peine avait-il sombré au plus profond dans les années 1960 en Allemagne, qu'éclata aux États-Unis un « Hesse boom » qui atteignit jusqu'à l'Allemagne. Le Loup des steppes en particulier devint un livre à succès international au point qu'un groupe de rock 'n 'roll lui emprunta son nom, et Hesse devint l'un des auteurs allemands les plus traduits et lus dans le monde : plus de 100 millions de ses livres furent vendus. Dans les années 1970, les éditions Suhrkamp commercialisèrent des disques où Hesse récitait à la fin de sa vie des extraits de ses œuvres. En effet, dès le début de sa carrière, Hesse se voua à la lecture publique, et il transcrivit cette expérience particulière dans un texte inhabituellement joyeux, Autorenabend Soirée d'auteur.
Å’uvre Romans
Lauscher écrits et poèmes laissés par Hermann Lauscher 1900 Peter Camenzind 1904 L'Ornière 1906 Gertrude 1910 Rosshalde 1914 Knulp 1915 Demian 1919 sous le pseudonyme d'Emil Sinclair Le retour de Zarathoustra 1919 Le dernier été de Klingsor 1920 Siddhartha 1922 Le Curiste 1925 Le Loup des steppes 1927 Voyage à Nuremberg 1927 Narcisse et Goldmund 1930 Le Voyage en Orient 1932 Le Jeu des perles de verre 1943 Mon Enfance autobiographie
Nouvelles et textes divers
Berthold, nouvelles Brèves nouvelles de mon jardin Carnets indiens 1913 Description d'un paysage Éloge de la vieillesse Feuillets d'album Fiançailles, nouvelles Guerre et paix - Considérations politiques Histoires d'amour, nouvelles Histoires médiévales La Bibliothèque universelle La Conversion de Casanova, nouvelles La Leçon interrompue, recueil de cinq nouvelles Mon enfance, Histoire de mon Novalis, Le mendiant, Mon camarade Martin et La Leçon interrompue, Paris, Calmann-Lévy, L'Art de l'oisiveté 1899-1962 Le Loup Lecture-minute L'Enfance d'un magicien Les Contes merveilleux Les Frères du soleil Lettres 1900-1962, Paris, Calmann-Lévy. L'homme qui voulait changer le monde Magie du livre Musique Robert Aghion Si la guerre durait encore deux ans Souvenirs d'un Européen Tessin Une ville touristique du Midi Voyages en Italie Une petite ville d'autrefois Le poète chinois
Poèmes
Elisabeth 1900 Wie eine Welle 1901 Soirée 1902 Julikinder 1904 Im Nebel 1905 Bücher 1918 Vergänglichkeit 1919 Der Liebende 1921 Für Ninon 1927 Klage 1934 Stufen 1941
Iconographie
1927 - Hermann Hesse Photo de Gret Widmann 1957 - Buste de Hermann Hesse , bronze par Otto Bänninger 1897-1973, sculpteur suisse.
Posté le : 08/08/2015 18:16
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