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Jean-Pierre Faye
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Le 19 juillet 1925 naît Jean-Pierre Faye

dans le 6e arrondissement de Paris, écrivain, poète et philosophe français. Il reçoit le prix Renaudot en 1964 pour " L'écluse ".Inaugurée par la poésie, ses premiers textes sont publiés en 1946 dans les Cahiers de la Table ronde, son œuvre s'oriente ensuite vers le roman. Dans Entre les rues 1958, le personnage principal est un malade lobotomisé, présenté comme foyer problématique de la conscience du monde et d'un métadiscours sur le récit, car explorer l'espace de la narration, c'est entrer matériellement dans l'ossature et le cerveau connaissant. Cette veine déconcertante engage Faye dans la voie d'une esthétique de la divagation, confirmée par la Cassure 1961, Battement 1962, Analogues 1964 et l'Écluse 1964, où l'auteur s'oppose à la fois à l'illusion référentielle de la mimesis et à une littérature qui se voudrait autonymique. S'impose ainsi « la saisissante illustration littéraire d'une phénoménologie de la perception Olivier de Magny, servie par un réalisme subjectif qui explore l'imaginaire urbain des capitales de la douleur. Cet ensemble, complété par les Troyens 1970, forme le cycle de l'Hexagramme, qui s'accompagne d'une réflexion sur le Récit hunique 1967, en même temps que le romancier devient aussi dramaturge Théâtre et Hommes et pierres, 1964 ; les Grandes Journées du père Duchesne, 1983. Philosophe de formation, Faye est une figure importante de l'avant-garde littéraire des années 1960, en rupture avec l'engagement sartrien. Il participe aux travaux de Tel Quel à partir de 1963, quitte ce groupe en 1967, par refus de l'outrance et du dogmatisme, et fonde, l'année suivante, le collectif Change. Il y poursuit, dans une perspective marxiste, ses analyses sur le diptyque Théorie du récit – Langages totalitaires 1972 et ses essais Dictionnaire politique portatif en cinq mots : démagogie, terreur, tolérance, répression, violence, 1982, tandis que sa prosodie du désir Inferno, versions, 1975 ; l'Ovale, détail, 1975 ; Yumi, 1983 ; Grandes Narrations de Bourgogne, 1983, mêlant intrigue amoureuse, affaire criminelle et histoire politique, engendre une complexité métrique peu commune Couleurs pliées, 1965 ; Verres, 1978 ; Syeeda, 1980. Ce questionnement idéologique et littéraire sans cesse renouvelé Commencement d'une figure en mouvement, 1980 débouche finalement sur le retour à la poésie le Livre du vrai, événement violence, 1998.

En bref

Après avoir passé l'agrégation de philosophie en 1950, Jean-Pierre Faye, né à Paris, enseigne à Reims, Chicago, Lille. Entre 1958 et 1970, il publie six romans – Entre les rues 1958, La Cassure 1961, Battement 1962, Analogues 1964, L'Écluse prix Renaudot 1964 et Les Troyens 1970 – qui constituent L'Hexagramme, réseau de récits entrecroisés où le lecteur est convié à lire plus que ce qui lui est raconté, à soupçonner, au-delà de la narration, le mythe, l'histoire, le philosophie et la littérature. Grand lecteur d'Homère et de Dante, Jean-Pierre Faye a voulu donner à ses recherches sur le texte les plus modernes un souffle et une ampleur épiques. Outre L'Hexagramme, trois ensembles peuvent se distinguer à l'intérieur de cette œuvre éclectique et polymorphe : les essais sur le langage et le pouvoir du récit, les ouvrages d'analyses historiques, les poésies. Parmi les essais théoriques, deux titres s'imposent : Langages totalitaires 1972 et La Critique du langage et son économie 1973. Parallèlement au travail entrepris par un Noam Chomsky, par exemple, Jean-Pierre Faye élabore une critique littéraire qui s'inscrit, autant que son objet d'étude, dans le champ narratif. Lecture et écriture sont désormais considérées comme un seul état de la langue, à un moment donné de l'histoire. Dans Les Grandes Journées du père Duchesne, ses joyeuses et horribles narrations 1978, Jean-Pierre Faye a mis en évidence ce rapport étroit, ambigu, entre histoire et récit, c'est-à-dire entre la vérité et la fiction. Dans ses ouvrages plus spécifiquement consacrés à l'histoire contemporaine, il s'est attaché à démonter des systèmes sociaux, économiques ou politiques à partir du langage qui les portait Luttes de classes à Dunkerque, les morts, les mots, les appareils d'État, 1973 ; Migrations du récit sur le peuple juif, 1974 ; Le Portugal d'Otelo ; la révolution dans le labyrinthe, 1976 ; L'Europe une : les philosophes et l'Europe, 1992. Quant à sa poésie, influencée par Mallarmé, Hölderlin et une certaine tradition philosophique allemande, elle veut écrire la parole et le silence. Couleurs pliées 1965, Verres 1977, Syeeda 1977 ou Ode Europe 1992 témoignent de cette exigence. Mais si la philosophie cherche à instituer des vérités, la poésie, comme le roman, reconnaît au mensonge — aux rêves, aux fables, aux légendes — une valeur réelle. La multiplicité d'écritures de Jean-Pierre Faye traduit sans doute son souci de capter tous les discours humains et de s'approcher au plus près de leur source pour comprendre ce désir, original, d'écrire, de parler, de communiquer avec les autres hommes.
Dans la logique de son livre Langages totalitaires, Jean-Pierre Faye a par ailleurs développé une réflexion d'une grande richesse sur le XXe siècle et ses dérives (La Déraison antisémite et son langage, 1913 ; Le Piège : La philosophie heideggerienne et le national-socialisme, 1994 ; Le Siècle des idéologies, 1996 ; Le Vrai Nietzsche : guerre à la guerre, 1998 ; Voies nouvelles de la philosophie, 2008 ; L’Histoire cachée du nihilisme, avec Michèle Cohen-Halimi, 2008
Après avoir été, à partir de 1963, membre du comité de rédaction de la revue Tel Quel, Jean-Pierre Faye fonde en 1967 la revue Change avec Maurice Roche et Jacques Roubaud. Placée sous le signe des formalistes russes, elle jouera jusqu’en 1985 un rôle important dans le domaine de l'expérimentation poétique. François Poirié.

Sa vie

Né à Paris, Jean-Pierre Faye prix Renaudot en 1964 pour L'Écluse passe, pour cause d'exode, son adolescence près d'Hendaye où il est marqué à la fois par l'afflux des réfugiés républicains espagnols et par les récits journaux, radio) des premiers bombardements nazis en Pologne, événements vus, lus ou entendus qui lui racontent l'histoire en train de se faire et sont les éléments déclencheurs de ses premiers poèmes dont certains seront publiés en 1945 par Les Cahiers de la Table ronde. Licencié en droit et sciences économiques 1947, Diplôme d'études supérieures 1948 avec Gaston Bachelard, Jean-Pierre Faye obtient, en 1950, son agrégation de philosophie, puis son Doctorat d'État en 1972. Il a également été l'élève de Claude Lévi-Strauss et André Leroi-Gourhan au Musée de l'Homme.
Jean-Pierre Faye enseigne ensuite à Reims 1951, Chicago 1954-1955, Lille 1955 et Paris-Sorbonne 1956-1960. En 1964 il rejoint le CNRS dont il sera Directeur de recherche en 1983.
De 1963 à 1967, il est membre du comité de rédaction de la revue Tel Quel et fait partie de l'avant-garde littéraire en rupture avec Sartre, auquel il reproche, entre autres, de ne pas connaître Saussure. En désaccord personnel avec Philippe Sollers et avec ce qu'il nomme la dictature structuraliste de cette publication, il la quitte pour créer, en 1967, la revue Change avec Maurice Roche et Jacques Roubaud. La dispute Sollers-Faye se poursuivra de longs mois, notamment dans les colonnes de L'Humanité en septembre 1969, chacun accusant l'autre d'inspiration fasciste et revendiquant la légitimité d’une référence à Derrida et, à travers lui, à Heidegger.
À Change, Faye est rejoint par Philippe Boyer, Jean-Claude Montel, Jean Paris, Léon Robel, Mitsou Ronat, Saul Yurkiévich, Geneviève Clancy et Félix Guattari, il en est le directeur jusqu'en 1985. En se réclamant des formalistes russes et des linguistes tchèques; en ouvrant ses pages à la grammaire générative de Noam Chomsky, il y développe le Mouvement du change des formes, base de regroupements transversaux et de variations théoriques dont le but se comprend autour de cette formule : La langue, en se changeant, change les choses.

Jean-Pierre Faye, octobre 2010

Le 21 mai 1968, Jean-Pierre Faye fonde l'Union des écrivains aux côtés notamment d'Alain Jouffroy, Bernard Pingaud, Nathalie Sarraute et Michel Butor. Ce regroupement de quelque 200 écrivains est conçu à la fois comme un mouvement solidaire des écrivains tchèques à Prague, soumis à une censure totale, et comme un lieu de réflexion sur le sens de la littérature dans un monde en crise.
En 1977, il analyse encore le Printemps de Prague de 1968 essentiellement sous l'angle des conseils ouvriers.
En septembre 1981, il conçoit avec Félix Guattari les bases d’une Université philosophique, qui sera fondée en 1983 comme Collège international de philosophie avec François Châtelet, Jacques Derrida et Dominique Lecourt.
En 1985 le Collège international de philosophie est refondé comme Université européenne de la recherche dont il est, depuis lors, le Président.
En 2013, lors des 30 ans du Collège international de philosophie, Jean-Pierre Faye suscite un esclandre en affirmant dans une Lettre sur Derrida éd. Germina que dès ses commencements le nazi Heidegger devient le maître à penser du Collège international de philosophie. Un collectif de philosophes condamne ce qu'il nomme un brûlot et une démonstration... aussi inconsistante que rapide. Selon ces philosophes, une rancune macérée depuis trente ans à l'égard de Derrida balaye la plus élémentaire précaution d’analyse.
Spécialiste de la philosophie allemande, Jean-Pierre Faye est, aussi auteur d'essais sur les fonctions sociales et politiques du langage tels que Langages totalitaires—étude de la formation du système de discours propre aux idéologies fascistes; La raison narrative—réflexion sur les entrelacs entre énoncé philosophique et logique de la narrativité ou, encore, Migrations du récit sur le peuple juif—analyse des invariants sur le judaïsme, de la chrétienté médiévale aux temps modernes. Son œuvre se répartit également entre fictions éclatées sous l'appellation Hexagramme Entre les rues, La Cassure, Battement qui explorent la transformation des lieux, théâtre Les grandes journées du Père Duchesne et poésie Fleuve renversé, Couleurs pliées, Verres, Syeeda.
Son fils, Emmanuel Faye, est professeur de philosophie à l'Université de Paris, Nanterre.

Œuvres Fiction

L'Hexagramme
Entre les rues, Paris, Le Seuil, 1958.
La Cassure, Paris, Le Seuil, 1961.
Battement, Paris, Le Seuil, 1962.
Analogues, Paris, Le Seuil, 1964.
L'Écluse, Paris, Le Seuil, 1964 réédition, Paris, Hermann, 2009.
Les Troyens, Paris, Le Seuil, 1970.

L'Hexagramme.

Autres
Inferno, versions, Paris, Seghers /Laffont, 1973.
L’Ovale détail, Paris, Robert Laffont, 1973.
Les Portes des villes du monde, Paris, Belfond, 1977.
Yumi, visage caméra, Paris, Lieu commun, 1983, réédition Notes de Nuit, 2012
La Grande Nap, Paris, Balland, 1992.
Didjla, le Tigre, Paris, Balland, 1994, réédition Notes de Nuit/L'Harmattan
La bataille de Léda, Paris, Hermann, 2008.

Essais

Introduction à Epicure, Paris, Hermann, 1965.
Le récit hunique, Paris, Le Seuil, 1967.
Langages totalitaires, Hermann, 1972; réédition augmentée, Paris, Hermann, 2004.
Introduction aux langages totalitaires, Paris, Hermann, 1972, Poche, 2009.
La critique du langage et son économie, Paris, Galilée, 1973.
Migrations du récit sur le peuple juif, Paris, Belfond, 1974.
Prague, la révolution des conseils ouvriers 1968-1969, avec Vladimir Claude Fišera, Seghers/Laffont, Paris, 1977, 287 p.
Dictionnaire politique portatif, Paris, Gallimard, collection "Idées", 1982.
La raison narrative, Paris, Balland, Metaphora, 1990;
L’Europe une. Les philosophes et l’Europe, Paris, Gallimard, collection "Arcades", 1992.
La déraison antisémite et son langage (avec Anne-Marie de Vilaine), Arles, Actes Sud, collection "Babel", 1993.
Le piège. La philosophie heideggerienne et le nazisme, Paris, Balland, 1994.
La frontière. Sarajevo dans l’archipel, Arles, Actes Sud, 1995.
Le langage meurtrier, Paris, Hermann, 1996.
Le siècle des idéologies, Paris, Armand Colin 1996, Pocket, 2002.
Qu’est-ce que la philosophie ? Paris, Armand Colin, 1997.
Le vrai Nietzsche : guerre à la guerre, Paris, Hermann, 1998.
Dialogue et court traité sur le transformat avec Henri Maccheroni, Al Dante 2000.
Nietzsche et Salomé. La philosophie dangereuse, Paris, Grasset, 2000.
Journal du voyage absolu, Paris, Hermann, 2003.
La philosophie désormais, Paris, Armand Colin, 2003.
Voies nouvelles de la philosophie. Philosophie du transformat, Paris, Hermann, 2008.
L’histoire cachée du nihilisme avec Michèle Cohen-Halimi, La Fabrique 2008
La crise, la bulle et l’avenir, suivi de La plus grande tragédie philosophique et la crise, Paris, Hermann, 2010.
L'expérience narrative et ses transformations, Paris, Hermann, 2010.

Poésie

Fleuve renversé, GLM 1959
Couleurs pliées, Gallimard 1965
Verres, Seghers/Laffont 1977
Sacripant furieux, Change errant 1980
Syeeda, Shakespeare & Company 1980. Reliefs 1984
Le livre de Lioube, Fourbis 1992, dessins de Gérard Titus-Carmel
Guerre trouvée, Al Dante 1995
Ode Europe, Imprimerie nationale 1992
Le livre du vrai . événement violence, L’Harmattan 1999
Herbe hors d’elle, Rémy Maure 2006, lithographies d’Anne Slacik
désert fleuve respirés, L’Ariane 2005, estampes et dessins d’Arman
Éclat rançon, La Différence 2007
Diwan Sertão, Notes de Nuit 2011, peintures d'Anne Slacik

Anthologie

Comme en remontant un fleuve anthologie poétique, L'Act Mem, 2010

Livre audio

Choix de poèmes lus par l'auteur, Notes de Nuit, Éditions L'Harmattan, 2011

Traductions

Hölderlin, Douze poèmes, G L M 1965, L’Amourier 2000
Jack Spicer, Langage, Seghers/ Laffont, Change 28. 1975
Jaroslav Seifert, Sonnets de Prague, Change errant 1979, Seghers 1985
Jerome Rothenberg, Poèmes pour le jeu du silence, Christian Bourgois 1978
Vasko Popa, La tour des crânes, Migrations littéraires, 1989
Eva Diamanstein, Matière de miroir, L’Harmattan 2000

Théâtre

Théâtre Hommes et pierres, Latvia, Vitrine, Centre, Seuil 1964
Iskra, suivi de Cirque, Seghers/Laffont 1973
Les Grandes Journées du Père Duchesne, Seghers/Laffont 1981
La Fête de l’Ane de Zarathustra, L’Harmattan 2009, dessins de Vladimir Veličković

Ouvrages collectifs

Hypothèses, Seghers/Laffont 1972, avec Roman Jakobson, Noam Chomsky, Jacques Roubaud, Mitsou Ronat
Les morts, les mots, les appareils d’Etat, Galilée 1973
Portugal : la révolution dans le labyrinthe, Lattès 1976
La Révolution des conseils ouvriers, Seghers/Laffont, Change 1977
Langue, théorie générative étendue, Hermann 1977, avec Mitsou Ronat
Commencement d’une figure en mouvement, Stock 1980, avec Philipe Boyer
Les chambres à gaz, secret d’Etat, Minuit 1984, E. Kogon, H. Langbein, A. Rückerl avec Germaine Tillion, Geneviève De Gaulle
Paroles à la bouche du présent, Al Dante 1997, avec Natacha Michel, Alain Badiou
Le transformat, le littoral, éd. Sils Maria : Concepts, 2003
Change, première suite, 10/18, 1974
Change de forme, I, 10/18, 1975
Change matériel, II, 10/18, 1975
Change, Seuil, et Seghers/Laffont, 1968/1985, 45 volumes
La Sorte, Pleine Page collection L'un dans l'autre, 2007, avec Henri Maccheroni

Divers

« Ce que Change a fait », revue Faire Part no 16/17, 2005, 178 p.
« Jean-Pierre Faye et la philosophie », revue Concepts no 7, Éditions Sils Maria, 2004, 206 p. contient 2 inédits de Jean-Pierre Faye : Goering et Carl Schmitt dans le IIIe Reich et un texte d'une soixantaine de pages, Le transformat, le littoral

Scénarios

Grandes narrations de Bourgogne, Publisud 1983, avec Hugo Santiago
Amants et autre animaux, avec Stephen Hamel
Mita’a, le danger d’or

Études

Maurice Partouche, Jean-Pierre Faye, Seghers, 1980
Mitsou Ronat, Faye, L'Âge d'homme, 1980.
Marie-Christine Balcon, Lire Jean-Pierre Faye, L'œuvre narrative, entre poésie et philosophie : un terrain d'aventure. Fragments recueillis, coll. Espaces Littéraires, L'Harmattan, 2008, (ISBN 2-7475-9882-9), 302 p.
Patrick Combes, Mai 68, les écrivains, la littérature, L'Harmattan, 2008, 350 p., chapitres II et VI sur Jean-Pierre Faye et l'Union des écrivains en 1968

Distinctions

Chevalier de la Légion d'honneur
Commandeur des Arts et des Lettres


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Posté le : 19/07/2015 16:21
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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