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De Montpellier
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Le 5 juillet 1889 naît Jean Cocteau
né Clément Eugène Jean Maurice Cocteau à Maisons-Laffitte et mort à 74 ans le 11 octobre 1963 dans sa maison de Milly-la-Forêt, poète, graphiste, dessinateur, céramiste, mithographe, tapissier, dramaturge et cinéaste français. Il est élu à l'Académie française en 1955. Comptant parmi les artistes qui ont marqué le XXe siècle, il a côtoyé la plupart de ceux qui ont animé la vie artistique de son époque. Il a été l'imprésario de son temps, le lanceur de modes, le bon génie d'innombrables artistes. En dépit de ses œuvres littéraires et de ses talents artistiques, Jean Cocteau insista toujours sur le fait qu'il était avant tout un poète et que tout travail est poétique. Szs Œuvres principales sont Le Sang d'un poète en 1930, La Machine infernale en 1934
En bref
Le 11 octobre 1963 avait lieu, à Cuverville, la vente aux enchères de la bibliothèque de Gide. Le même jour, à Milly-la-Forêt, une crise cardiaque terrassait Jean Cocteau. L'avenir n'aura pas de peine à voir là la fin d'une époque, que Cocteau couvrit tout entière et dont il fut peut-être le porte-parole le plus éloquent. Osant la vivre, osant affronter toutes ses formes d'expression, il l'habita si exactement qu'on a peine à présent à l'en détacher. Il avait pris la précaution de naître en 1889, la même année que Charlie Chaplin. Il prendra celle de mourir en même temps que Francis Poulenc et Édith Piaf. Il est des œuvres qui s'édifient loin du public, d'autres qui s'adressent à lui et attendent ses réponses pour rebondir. D'emblée, celle de Cocteau appartient au second genre, celui des coqueluches et des enfants maudits. À dix-neuf ans, il est fêté par le tout-Paris. On organise une matinée théâtrale où sont présentées les œuvres du jeune poète. Il n'avoue coquettement que dix-huit ans. Le succès suit. Les femmes du monde, les poètes en vue s'arrachent l'enfant prodige, réputé pour avoir la conversation la plus spirituelle de Paris. Succès essentiellement mondain, d'ailleurs. Ces recueils de poèmes paraissent au public du temps aussi brillants qu'inoffensifs. Ils offrent aujourd'hui l'aspect d'une collection d'influences, mal armée pour résister au passage des modes. On a peine cependant à imaginer ce que fut cet engouement tout parisien pour un Parisien-né, cette popularité parmi les élites mondaines et artistiques du jeune bourgeois issu d'une lignée d'agents de change et d'amiraux. Bien peu d'œuvres longtemps approfondies connurent une telle inauguration ! Ce Prince frivole fréquente tout ce qui compte alors dans les arts et les lettres : Catulle-Mendès, les Daudet, les Rostand, la comtesse de Noailles, Proust... Autant de figures dont il dessinera les traits dans ses Portraits-souvenirs 1935. L'homme qui marche vers la cinquantaine se penche, dans cette délicate autobiographie, sur les médaillons d'un salon qui serait le Paris mondain des années folles. Il observe surtout l'enfant qu'il y fut, heureux de la Madeleine à Maisons-Laffite ; étonné par les réceptions musicales ou la découverte du cirque ; ébloui devant les monstres sacrés » de la Comédie-Française. Un enfant baigné dans l'air du temps, et mis en éveil par tout ce qui bouge en art. Le jeune garçon tient du petit prince, l'adolescent, de la vedette de salon. Qui n'eût succombé à de si brillants auspices ? Cocteau, lui, sait échapper au sort des innombrables étoiles filantes qui illuminent l'époque. Avec une intuition significative, il choisit, pour rallier l'avant-garde, la date qui marque, esthétiquement, l'avènement du XXe siècle. Cocteau connaissait Diaghilev, pour lui avoir fourni le scénario d'un ballet, Le Dieu bleu. Stravinski était aussi de ses proches. Au printemps de 1913, le compositeur et le chorégraphe créent Le Sacre du printemps. Le tout-Paris, scandalisé en fait aussitôt un échec. Cocteau, lui, s'en trouve « déraciné de fond en comble », comme il le dira plus tard. Il comprend la leçon, et en retient ce qui lui paraît être désormais la voie à suivre. Cette voie, il l'emprunte résolument. Tournant le dos, peu à peu, au parisianisme, il se retire dans la solitude, et compose Le Potomak. Ton neuf, réflexions lucides, ironie mordante : ici commence la prose nerveuse, scintillante et fluide, ses phrases lapidaires et ses métaphores empruntées aux rêves. En ai-je suivi des crapules, des imbéciles, des princes ! je me déchausse et je me brosse. Ici, surtout, se déclare l'éclectisme. Le Potomak s'offre comme un recueil de dessins et de proses, les uns et les autres marqués de la même tendance au laconisme, à la précision, au saisissement et, en même temps, à la dérive onirique. Conscient de sa mue, Cocteau s'écrie : Me voilà quelque chose de tout à fait machine, de tout à fait antenne, de tout à fait Mors. Un Stradivarius des baromètres. Un diapason. Un bureau central des phénomènes. Le voilà prêt à affronter les bouleversements, et à y prendre part. Les bouleversements, c'est d'abord la guerre. Cocteau se porte au front, comme ambulancier et comme poète : volontaire, il entre dans la Section d'ambulances aux armées créée par Étienne de Beaumont ; il compose le Discours du grand sommeil, qu'il déclare traduit de cette langue morte, de ce pays mort où ses amis sont morts ». On songe aux poèmes de guerre d'Apollinaire, et pourtant, l'écriture est plus nue, le ton plus halluciné. De retour à Paris, le permissionnaire retrouve ses amis dans les ateliers de Montparnasse et de Montmartre. Peintres, écrivains, musiciens, ils ont nom Max Jacob, Apollinaire, Picasso et Satie. Sous l'impulsion de Cocteau-le-rassembleur, qui travaille à établir un courant communiquant entre toutes les formes d'expression artistique, le peintre, le poète et le musicien se rejoignent. De la conjuration de Satie, de Picasso et de Cocteau naît le ballet Parade. Il est créé sous les huées : c'est la preuve qu'il dérange ! C'est le signe qu'on est sur la bonne voie ! Dans Parade, comme dans Le Coq et l'Arlequin, que Cocteau écrit peu après, c'est l'air ambiant, ses atmosphères de symbolisme, ses relents de complexité gratuite, qui enregistrent la secousse. « Satie enseigne la plus grande audace à notre époque : être simple. Fraternité fiévreuse, qui se scelle par des manifestations collectives, comme celles du groupe des Six, auquel s'adjoint Cocteau, par des créations de revues, par des chroniques ; par des inimitiés aussi, comme celles qu'il entretient avec Breton et le groupe Dada à sa naissance. Qu'importe ! Cocteau est partout : il joue, il danse, il fait la guerre, il vole avec Roland Garros. Et il écrit. Tout ce qu'il écrit alors se rattache de près ou de loin à une rencontre. À une révélation, plutôt : celle de Raymond Radiguet. Le seul honneur que je réclame, écrira Cocteau, est d'avoir donné pendant sa vie à Raymond Radiguet la place illustre que lui vaudra sa mort. Le futur auteur du Bal du comte d'Orgel a quinze ans. Cocteau flaire en lui le génie. Il en fait l'inséparable ami, tôt associé à l'écriture, dans Les Mariés de la tour Eiffel. Au Picquey, près d'Arcachon, où ils se retirent tous deux, Cocteau travaille au Secret professionnel, pendant que son compagnon écrit Le Diable au corps. Il y définit les choix de son esthétique personnelle. Toujours sous l'impulsion de Radiguet, il se met au roman. Le Grand Écart, Thomas l'imposteur voient le jour. Période d'intense activité, qui donne le ton de ce que seront désormais la vie et l'œuvre de Cocteau : du surréalisme, il ne supporte pas le dogme ; de tout ce qui peut l'aider à parler, il adopte les moyens fulgurants, les traits sans détours, les formules sans obscurité. Il va droit au coup de maître, sans plus rien devoir aux modèles. On croit percevoir une rage de créer, mais on est surpris de la découvrir délicate et sans bavures.
Sa vie
Clément Eugène Jean Maurice Cocteau est né le 5 juillet 1889, dans la maison de son grand-père maternel, place Sully à Maisons-Laffitte dans une famille bourgeoise de Paris. Son père, Georges Alfred Cocteau, né le 8 juillet 1842 à Melun, avocat et peintre amateur, et sa mère, Marie Junia Émilie Eugénie Lecomte, née le 21 septembre 1855 à Maisons-Laffitte, se sont mariés le 7 juillet 1875 dans le 9e arrondissement de Paris. Son grand-père paternel, Athanase Cocteau 1798-1865 était notaire et maire de Melun, son grand-père maternel, Eugène Lecomte 1828-1906, agent de change et collectionneur d'art, son oncle maternel, Raymond Lecomte, diplomate. Son père qui vivait de ses rentes se suicide le 5 avril 1898 à Paris, Jean Cocteau portera longtemps cette blessure. Il a une grande sœur, Marthe 1877-1958 et un grand frère, Paul 1881-1961. Il découvre le théâtre et le cinéma à six ans. Dès l'âge de quinze ans, Cocteau quitte le cocon familial. Élève au lycée Condorcet avec notamment comme camarade le vénéneux Pierre Dargelos qui exerce sur lui une véritable fascination, il manifeste peu d'intérêt pour les études, est renvoyé du lycée pour indiscipline en 1904 et rate son baccalauréat deux fois. En 1908, le tragédien Édouard de Max organise au théâtre Femina une matinée poétique avec le premier récital des poésies du jeune Cocteau. Il publie son premier recueil de poèmes à compte d'auteur, La Lampe d'Aladin inspiré des Mille et Une Nuits, à 20 ans 1909 et devient alors connu dans les cercles artistiques bohème comme le prince frivole. C'est sous ce titre qu'il publie à 21 ans, en 1910, son second recueil de poèmes. Edith Wharton le décrit comme un homme pour qui chaque grande ligne de la poésie était un lever de soleil, chaque coucher du soleil la base de la ville merveilleuse... Il est également fasciné par le maître des ballets russes, Serge de Diaghilev et ses artistes principaux, le peintre Léon Bakst et le danseur Vaslav Nijinsky. La rencontre avec Diaghilev qu'il veut étonner marque la première crise dans la création coctalienne : il renie ses recueils de poèmes, pastiches assez ampoulés, et se rapproche de l'avant-garde cubiste et futuriste. De sa collaboration avec les artistes russes naissent Le Dieu bleu en 1912, avec des costumes et décors de Léon Bakst sur une musique composée par Reynaldo Hahn, puis Parade, ballet produit en 1917 avec des costumes et décors de Pablo Picasso et une musique composée par Erik Satie. Cette œuvre inspire à Guillaume Apollinaire le néologisme de surréalisme, repris ensuite par André Breton et Philippe Soupault pour la création du mouvement culturel que l'on connaît. Cocteau collabore au mouvement dada et a une grande influence sur le travail des autres, dans le groupe même composé par ses amis, Les Six dont il devient le porte-parole. Ayant été réformé du service militaire, Cocteau décide néanmoins de participer à la guerre de 1914 comme ambulancier avec un convoi sanitaire civil. Adopté par un régiment de fusiliers marins, il vit à Dixmude, vole avec Roland Garros mais est rapidement démobilisé pour raisons de santé. Il rejoint Paris et reprend ses activités artistiques. Après le nécessaire temps de gestation, il écrira sur cette guerre l’un de ses meilleurs romans : Thomas l’Imposteur. Dans les années 1920, Cocteau s'associe avec Marcel Proust, André Gide et Maurice Barrès.
Raymond Radiguet
En 1918, Max Jacob lui présente le jeune poète Raymond Radiguet. Il exercera sur la courte carrière de ce dernier une influence prépondérante : Jean Cocteau aussitôt devine — À quoi ? Je me le demande, écrira-t-il plus tard dans La Difficulté d’être — un talent caché. Enthousiasmé par les poèmes que Radiguet lui lit, Cocteau le conseille, l’encourage et le fait travailler ; il l’aide ensuite à publier ses vers dans les revues d’avant-garde, notamment dans Sic et dans Littérature. Les deux hommes entreprennent beaucoup de voyages ensemble. Toujours en admiration devant le talent littéraire de Radiguet, Cocteau promeut les travaux de son ami dans son cercle artistique, et s'arrange pour faire publier par Grasset Le Diable au corps une histoire en grande partie autobiographique sur le rapport adultère entre une femme dont le mari est au front et un homme plus jeune, exerçant son influence pour recueillir le prix littéraire du Nouveau Monde pour le roman. En 1921, il collabore avec le Groupe des Six pour le livret argumentaire des Mariés de la Tour Eiffel, œuvre collective qui lance la nouvelle génération musicale en France dans le sillage d'Erik Satie qui en est le mentor. En 1921 également, Cocteau organise une rencontre entre Radiguet et un de ses amis le secrétaire général du Quai d'Orsay, Philippe Berthelot.
Le programme du ballet Parade en 1920
La réaction de Cocteau à la mort soudaine de Radiguet, en 1923, crée un désaccord avec certains proches qui déclarent qu'il l'a laissé désespéré, découragé et en proie à l'opium. Cocteau n'aurait même pas assisté à l'enterrement. Mais Cocteau n'assiste généralement pas aux enterrements. L'auteur quitte alors aussitôt Paris avec Diaghilev pour une représentation des Noces par les Ballets russes à Monte-Carlo. Cocteau, lui-même, qualifie beaucoup plus tard son attitude de réaction de stupeur et de dégoût. Son penchant pour l'opium à cette époque-là , Cocteau l'explique comme un simple hasard lié à sa liaison fortuite avec Louis Laloy, le directeur de l'Opéra de Monte-Carlo. La dépendance de Cocteau envers l'opium et ses efforts pour s'en sevrer auront une influence décisive sur son modèle littéraire. Son livre le plus connu, Les Enfants Terribles, est d'ailleurs écrit en une semaine, au cours d'un difficile sevrage.
Cocteau et les Bourgoint
C'est à l'hôtel Welcome à Villefranche-sur-Mer où il réside que Jean Cocteau lie connaissance avec la famille Bourgoint ; ils se sont connus à travers un ami commun, Christian Bérard, un peintre qui réalisa les décors des pièces de théâtre de Cocteau. Les Bourgoint avaient trois enfants, les jumeaux Maxime et Jeanne, et le cadet Jean. Jeanne et Jean Bourgoint revirent Cocteau en 1925. Jean Cocteau rencontre à Meudon, le 15 juin 1925 chez les Maritain, Charles Henrion. Ce disciple de Charles de Foucauld, vêtu d'un burnous blanc orné du Sacré-Cœur rouge, fait une grande impression sur Cocteau, qui se convertit. Le 19 octobre, Jean Cocteau communie, entouré de Jean Bourgoint et de Maurice Sachs. Ils se fréquentent jusqu'en 1929, date à laquelle Jeanne se suicide, laissant son frère démuni. La vie de Jeanne et de Jean Bourgoint impressionne tant Cocteau qu'il se met presque aussitôt à écrire leur histoire qui deviendra Les Enfants terribles.
La passion du spectacle
À travers l'écriture, à travers le dessin, à travers la musique, ce qui porte Cocteau, c'est une attirance irrépressible pour le spectacle. Sa prose est images ; ses images fondent un langage et sa langue est musicale. Tout l'amenait naturellement au théâtre, et plus tard, au cinéma. Après la mort de Radiguet, en 1923, s'ouvre, avec Roméo et Juliette, la longue série des œuvres théâtrales. Œdipe roi, Antigone adaptés de Sophocle, et Orphée se succèdent. Autant qu'au goût du théâtre, ils correspondent tous trois à une tentation du sacré. La perte cruelle qu'il vient de subir, l'amitié de Jacques Maritain, l'influence d'un membre de l'Ordre du père de Foucauld, enfin, aboutirent à un retour au catholicisme. À cette étape intérieure correspond la Lettre à Jacques Maritain, qui aura tant d'échos dans les milieux artistiques du moment. Le mythe grec passe par le sacré parce qu'il fait appel aux puissances ténébreuses, aux ressorts du tragique : à la Destinée. L'idée, portée sur scène, nous semble familière : n'oublions pas que c'est en grande partie à l'auteur d'Orphée que nous devons cette familiarité. L'œuvre de Cocteau est une avancée menée continûment sur plusieurs fronts. Si le théâtre s'enrichit par lui, la poésie reçoit aussi son intarissable tribut. En 1927, paraît Opéra, un des sommets d'inspiration de Cocteau. La poésie de roman, quant à elle, n'est pas oubliée. En 1929, la critique accueille avec enthousiasme Les Enfants terribles, composés en trois semaines sous la dictée d'une force impérieuse. Ici éclate le génie romanesque : construction, émotion, finesse des thèmes, limpidité du style, grandeur tragique, tout contribue au renouvellement du genre romanesque par ce récit qui pourrait n'être que souvenirs d'enfance. Il faut savoir que l'abord des grands chefs-d'œuvre de Cocteau est souvent modeste. Bien des méprises sont à mettre au compte de cette apparente légèreté, située à cent lieues des discours pontifiants.
Maturité
Dans les années 1930, Cocteau aurait eu une liaison avec la princesse Nathalie Paley, fille morganatique d'un grand duc de Russie, elle-même modiste, actrice ou modèle et ancienne épouse du couturier Lucien Lelong. Elle aurait été enceinte, mais la grossesse n'aurait pu être menée à son terme, ce qui plongea Cocteau et la jeune femme dans un profond désarroi. Cocteau évoque la fausse couche de Nathalie dans Le passé défini, et dit que cet avortement serait la conséquence d'une scène violente avec Marie-Laure de Noailles : Elle est responsable de l'avortement de Nathalie. Cependant, Cocteau ayant initié la princesse à l'opium, il se peut qu'il y ait eu des répercussions dues à cette drogue sur la grossesse. Vers 1933, Cocteau fait la connaissance de Marcel Khill qui devient son compagnon et joue, à sa création, le rôle du messager de Corinthe dans La Machine Infernale. Ils feront ensemble, en 1936, un tour du monde en 80 jours relaté par Jean Cocteau dans Mon Premier Voyage, Éditions Gallimard. Cocteau entretient ensuite une relation de longue durée avec deux acteurs français, Jean Marais et Édouard Dermit, ce dernier officiellement adopté par Cocteau. Il aurait entretenu une relation avec Panama Al Brown, un boxeur dont il prend en charge la carrière à un moment donné. En 1940, Le Bel Indifférent, une pièce de Cocteau écrite pour Édith Piaf, est un énorme succès. Il travaille également avec Picasso et Coco Chanel sur plusieurs projets, est l'ami de la majeure partie de la communauté européenne des artistes, et lutte contre son penchant pour l'opium durant la plus grande partie de sa vie d'adulte. Alors qu'il est ouvertement homosexuel, il a quelques aventures brèves et compliquées avec des femmes. Son travail recèle de nombreuses critiques envers l'homophobie. Jean Cocteau joue un rôle ambigu durant la Seconde Guerre mondiale, les résistants l'accusent de collaboration avec les Allemands, une partie de son passé 1939-1944 reste mystérieuse. Jean Cocteau écrira dès le début de l’Occupation dans l’hebdomadaire collaborationniste La Gerbe créé par le célèbre écrivain breton Alphonse de Châteaubriant. En décembre 1940 il y lance une adresse aux jeunes écrivains, sorte de message pour les jeunes Français les appelant à prendre part au Nouvel Ordre européen.
Une maturité inquiète
Le visage des productions de Cocteau, vers cette époque, se ride d'un profond pli d'amertume. Dans Le Livre blanc, dans l'Essai de critique indirecte, dans Opium. Journal d'une désintoxication, ainsi que dans La Machine infernale, apparaissent la douleur et l'angoisse, d'autant plus sensibles qu'elles font tache d'ombre dans une lumière apollinienne. C'est alors que Cocteau, comme s'il ne disposait pas encore d'assez d'espace où imprimer ses rêves, aborde le cinéma. Et, ici encore, en même temps qu'il découvre un langage neuf, il le renouvelle. Le Sang d'un poète est le film le plus libre qui ait jamais été vu. Cocteau y emploie l'art cinématographique « comme un dessinateur qui tremperait son doigt pour la première fois dans l'encre de Chine et tacherait une feuille avec ». L'essai restera sans lendemain jusqu'à La Belle et la Bête, tourné en 1945. Mais il s'agit sans doute de l'avancée extrême et de la synthèse d'une poussée poétique qui investissait jusque-là romans, dessins et théâtre. Sombre passe, pour Cocteau, que ces années trente. La solitude et l'équilibre sans cesse menacés le condamnent à une recherche intérieure plus fiévreuse que jamais. La Machine infernale, qui reprend le mythe d'Œdipe, conduit au triomphe cette approche personnelle du tragique. Paris n'a plus l'entrain des années folles, en ce difficile avant-guerre. Les salons ne brillent plus autant, et on est las du scandale ; l'évasion, Cocteau la cherche ailleurs : dans la drogue, dans les voyages. Qui est-il alors ? Un homme de cinquante ans qui rencontre, pour l'avoir trop peu connu adolescent, peut-être, ce mal existentiel que Fontenelle nomme « difficulté d'être ». Au bord de la vieillesse, et plus mobile que jamais, il tente encore toutes les magies, de l'art et du monde.
La passion du spectacle
À travers l'écriture, à travers le dessin, à travers la musique, ce qui porte Cocteau, c'est une attirance irrépressible pour le spectacle. Sa prose est images ; ses images fondent un langage et sa langue est musicale. Tout l'amenait naturellement au théâtre, et plus tard, au cinéma. Après la mort de Radiguet, en 1923, s'ouvre, avec Roméo et Juliette, la longue série des œuvres théâtrales. Œdipe roi, Antigone adaptés de Sophocle, et Orphée se succèdent. Autant qu'au goût du théâtre, ils correspondent tous trois à une tentation du sacré. La perte cruelle qu'il vient de subir, l'amitié de Jacques Maritain, l'influence d'un membre de l'Ordre du père de Foucauld, enfin, aboutirent à un retour au catholicisme. À cette étape intérieure correspond la Lettre à Jacques Maritain, qui aura tant d'échos dans les milieux artistiques du moment. Le mythe grec passe par le sacré parce qu'il fait appel aux puissances ténébreuses, aux ressorts du tragique : à la Destinée. L'idée, portée sur scène, nous semble familière : n'oublions pas que c'est en grande partie à l'auteur d'Orphée que nous devons cette familiarité. L'œuvre de Cocteau est une avancée menée continûment sur plusieurs fronts. Si le théâtre s'enrichit par lui, la poésie reçoit aussi son intarissable tribut. En 1927, paraît Opéra, un des sommets d'inspiration de Cocteau. La poésie de roman, quant à elle, n'est pas oubliée. En 1929, la critique accueille avec enthousiasme Les Enfants terribles, composés en trois semaines sous la dictée d'une force impérieuse. Ici éclate le génie romanesque : construction, émotion, finesse des thèmes, limpidité du style, grandeur tragique, tout contribue au renouvellement du genre romanesque par ce récit qui pourrait n'être que souvenirs d'enfance. Il faut savoir que l'abord des grands chefs-d'œuvre de Cocteau est souvent modeste. Bien des méprises sont à mettre au compte de cette apparente légèreté, située à cent lieues des discours pontifiants.
Le grand public
C'est avec L'Éternel Retour que Cocteau touche enfin le grand public. Le film, daté de 1943, est tourné en commun avec Jean Delannoy. Le public... Cocteau avait-il oublié l'audience de son œuvre ? Non, sans doute. Mais le voici plus sensible qu'auparavant à l'accueil qui lui est réservé. Le théâtre et le cinéma l'accaparent presque à eux seuls. Déjà , en 1938, Les Parents terribles avaient renouvelé jusqu'à le transcender le genre boulevardier. Le public avait répondu, comme il répondra à L'Aigle à deux têtes. Voici donc Cocteau en homme célèbre. Prince encore, mais un peu moins « frivole » qu'au temps de La Lampe d'Aladin. On l'interroge à la radio, on commence la publication de ses Œuvres complètes, on l'élit à l'Académie française. Lui, cherche toujours. Il accompagne les tournées théâtrales où sont jouées ses œuvres, il porte à l'écran ses grands drames de l'avant-guerre. Une figure s'inscrit, comme l'emblème d'une parfaite communion, au coin de toutes ces entreprises : celle de Jean Marais. Jusqu'à sa mort, Cocteau habita ces deux personnages qu'il voulut fondre en un : celui de l'artiste épris de toutes les formes, et celui de l'homme aimé et admiré de tous les publics. Il se fait peintre, encore, décorant la chapelle de Villefranche-sur-Mer ou celle de Saint-Blaise-des-Simples à Milly : sollicité de toute part, il accepte toutes les besognes. Le 11 octobre 1963, il s'éteint. L'homme éparpillé a-t-il conquis sous les honneurs son unité ? Aux yeux des contemporains, certainement pas. Cocteau reste aujourd'hui, pour beaucoup, l'éclectique que ses dons perdirent, l'esprit foisonnant qui ne sut se fixer nulle part. Cocteau garde en lui cette irréparable brisure qui sépare le brillant élève et l'artiste maudit. Comment comprendre l'œuvre qui se fraye, sans interruption, un chemin entre les deux, si ce n'est en faisant état d'une infaillible fidélité à soi-même ? Le secret de l'exigence sans relâche est là . Celui de la douleur aussi. Le poète qui accepte de poursuivre la route à pied jusqu'au bout devient une victime de la société, qui l'expulse comme indésirable. Il dérange. Il est considéré comme un flâneur contre qui se heurte une foule où chacun s'imagine savoir où il va. Il est ordre en forme de désordre. Un aristocrate à figure d'anarchiste. Un empêcheur de danser en rond. Christian Doumet
Akos Biro et Jean Cocteau.
Cocteau est d'ordinaire assez réservé quant à l'affirmation de son engagement politique. Pendant l'Occupation, il fait preuve d'un certain pacifisme, L'honneur de la France, écrit-il dans son Journal du 5 mai 1942, sera peut-être, un jour, d'avoir refusé de se battre, mais surtout, il n'hésite pas à accueillir Arno Breker, sculpteur officiel du troisième Reich, lors de son exposition à Paris, pendant l'été 1942. Leni Riefenstahl bénéficie de sa protection après la guerre pendant sept ans. L'Allemagne nazie n'est pas non plus sans le séduire, surtout son chef, dont il se fait une représentation qu'il faut placer au musée des Hitler imaginaires. … Il est fasciné par l'idée du chef-artiste, politique tout-puissant en même temps que mécène et protecteur des arts, à la fois Napoléon et poète, Chez Hitler, c'est le poète qui échappait à ces âmes de pions, écrit-il en parlant des dirigeants français de l'avant-guerre. En 1941, la décision du préfet de police d'interdire sa Machine à écrire est annulée par la Propaganda Abteilung, soucieuse de ne pas trop museler la muse française. Reste qu'à la Libération, il est rapidement acquitté par le Comité national du cinéma et le Comité national des écrivains devant lequel il ne se présente pas, comités d'épuration devant lesquels il comparaît pour collaboration. À l'occasion d'un reportage sur les écrivains du Palais-Royal, Jean Cocteau fait la connaissance du photographe Pierre Jahan. En 1946, les éditions du Compas éditent La mort et les statues, ouvrage pour lequel Cocteau rédige les poèmes qui seront en regard des photos prises clandestinement, en décembre 1941, par Pierre Jahan sur les statues de bronze réquisitionnées par Vichy puis concassées pour soutenir l'effort de guerre allemand. Quelques immenses succès firent passer Cocteau à la postérité : Les Enfants terribles, Les Parents terribles de 1938, La Belle et la Bête. Devenu une référence cinématographique, il préside le Festival de Cannes de 1953, puis celui de 1954. Au printemps 1950, Jean Cocteau est invité par Francine Weisweiller, l'épouse d'Alec Weisweiller, le riche héritier de la société Shell, à venir passer une semaine de vacances dans leur villa Santo Sospir, à la pointe de Saint-Jean-Cap-Ferrat. L'artiste commence bientôt par dessiner sur les murs blancs un Apollon au-dessus de la cheminée du salon ; encouragé par Matisse, il entreprend de décorer tout le reste de la maison où il se plaît tellement qu'il y reviendra pendant onze ans ; et de proche en proche, il décore ainsi entièrement la villa de fresques a tempera, de mosaïques et d'une tapisserie sur des thèmes de la mythologie grecque ou de la Bible16, utilisant la couleur pour la première fois. Il y fait venir par la suite un grand nombre de célébrités, entre autres Picasso, Charlie Chaplin et Jean Marais qui s'initie à la peinture à l'huile. C'est par amitié pour Jean Cocteau que Francine Weisweiller baptise son yacht Orphée II. En 1960, l'artiste tourne Le Testament d'Orphée avec le soutien financier de François Truffaut. Parallèlement, il s'engage dans la défense du droit à l'objection de conscience, entre autres en parrainant le comité créé par Louis Lecoin, aux côtés d'André Breton, Albert Camus,Jean Giono et de l'abbé Pierre. Ce comité obtient un statut, restreint, en décembre 1963 pour les objecteurs. Cocteau ne sera pas là pour s'en féliciter: en octobre 1963, apprenant le décès de son amie Édith Piaf, il est pris d'une crise d'étouffement et succombe quelques heures plus tard d’une crise cardiaque dans sa demeure de Milly-la-Forêt, le 11 octobre 1963 à l'âge de 74 ans. Cependant, Jean Marais déclare dans un entretien télévisé le 12 octobre 1963 : Il est mort d'un œdème du poumon, son cœur a flanché. Il aimait beaucoup Édith mais je ne pense pas que ce soit la mort d'Édith qui ait provoqué la mort de Jean.
Jean Cocteau vécut longtemps au Palais-Royal, 36 rue de Montpensier. Sa maison de Milly-la-Forêt, la Maison Cocteau, est devenue un musée, inauguré le 22 juin 2010. Il est enterré dans la Chapelle Saint-Blaise-des-Simples à Milly-la-Forêt Essonne Sur sa tombe, cette épitaphe : « Je reste avec vous.
Å’uvres
La Bibliothèque historique de la ville de Paris possède un fonds Jean Cocteau composé de manuscrits, correspondances ou encore photographies acquises en trois temps : l'achat d'une partie des manuscrits entre 1990 et 2002, l'achat de la bibliothèque de Cocteau à partir de 1995 et la donation Pierre Bergé en 2006. Pierre Bergé est l'ayant droit moral des œuvres de l'écrivain et président de la fondation Cocteau.
Œuvres littéraires
Poésie
1909 : La Lampe d'Aladin 1910 : Le Prince frivole 1912 : La Danse de Sophocle 1919 : Ode à Picasso - Le Cap de Bonne-Espérance 1920 : Escale - Poésies 1917-1920 1922 : Vocabulaire 1923 : La Rose de François - Plain-Chant 1925 : Cri écrit 1926 : L'Ange Heurtebise 1927 : Opéra 1934 : Mythologie publié avec dix lithographies de Giorgio De Chirico 1939 : Énigmes 1941 : Allégories 1945 : Léone 1946 : La Crucifixion 1948 : Poèmes 1952 : Le Chiffre sept - La Nappe du Catalan en collaboration avec Georges Hugnet 1953 : Dentelles d'éternité - Appoggiatures 1954 : Clair-obscur 1958 : Paraprosodies 1961 : Cérémonial espagnol du Phénix - La Partie d'échecs 1962 : Le Requiem 1968 : Faire-Part posthume
Romans et récits
1919 : Le Potomak édition définitive 1924 1923 : Le Grand Écart - Thomas l'imposteur roman 1928 : Le Livre blanc 1929 : Les Enfants terribles 1940 : La Fin du Potomak 2012 : La Croisière aux émeraudes posthume
Théâtre, musique et ballet
1912 : Le Dieu bleu, musique de Reynaldo Hahn, chorégraphie de Michel Fokine, décors et costumes de Léon Bakst 1917 : Parade, musique d'Erik Satie, chorégraphie de Léonide Massine, décors et costumes de Pablo Picasso 1921 : Les Mariés de la tour Eiffel, musique de Georges Auric, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Francis Poulenc et Germaine Tailleferre 1921 : Le Gendarme incompris critique bouffe de Jean Cocteau et Raymond Radiguet, musique Francis Poulenc, mise en scène Pierre Bertin, Théâtre Michel 1922 : Antigone 1924 : Les Biches, musique de Francis Poulenc, chorégraphie de Bronislava Nijinska, décors et costumes de Marie Laurencin 1924 : Roméo et Juliette 1926 : Orphée 1930 : La Voix humaine 1934 : La Machine infernale Avril 1936 : L'École des veuves A.B.C. 1937 : Œdipe-roi. Les Chevaliers de la Table ronde20 1938 : Les Parents terribles 1940 : Les Monstres sacrés 1940 : Le Bel Indifférent 1941 : La Machine à écrire 1943 : Renaud et Armide. L'Épouse injustement soupçonnée 1944 : L'Aigle à deux têtes 1946 : Le Jeune Homme et la Mort, ballet de Roland Petit 1948 : Théâtre I et II 1951 : Bacchus 1960 : Nouveau théâtre de poche 1962 : L'Impromptu du Palais-Royal 1963: "Ballett Theater" ouvrage collectif: Jean Cocteau - Carl Orff - Rudolf Betz, Werner Egk - Hermann Frieb' 1971 : Le Gendarme incompris posthume, en collaboration avec Raymond Radiguet Poésie et critique 1913 : Notes sur les ballets de Jean Cocteau in Arsène Alexandre, L'Art décoratif de Léon Bakst 1918 : Le Coq et l'Arlequin 1920 : Carte blanche 1922 : Le Secret professionnel 1926 : Le Rappel à l'ordre - Lettre à Jacques Maritain 1930 : Opium 1932 : Essai de critique indirecte 1935 : Portraits-Souvenir 1937 : Mon Premier voyage Tour du monde en 80 jours 1943 : Le Greco 1947 : Le Foyer des artistes - La Difficulté d'être 1949 : Lettres aux Américains - Reines de la France 1951 : Jean Marais - Entretiens autour du cinématographe avec André Fraigneau 1951 : Jean Marais par Jean Cocteau, Calmann-Lévy 1952 : Gide vivant 1953 : Journal d'un inconnu. Démarche d'un poète 1955 : Colette discours de réception à l'Académie royale de Belgique - Discours de réception à l'Académie française 1956 : Discours d'Oxford 1957 : Entretiens sur le musée de Dresde avec Louis Aragon - La Corrida du 1er mai 1959 : Poésie critique I 1960 : Poésie critique II 1962 : Le Cordon ombilical 1963 : La Comtesse de Noailles, oui et non 1964 : Portrait souvenir posthume ; entretien avec Roger Stéphane 1965 : Entretiens avec André Fraigneau posthume 1973 : Jean Cocteau par Jean Cocteau posthume ; entretiens avec William Fielfield 1973 : Du cinématographe posthume. Entretiens sur le cinématographe posthume Poésie de journalisme 1935-1938 posthume Scénario découpage technique 1983 : Le Testament d'Orphée posthume. Éditions du Rocher
Œuvres cinématographiques
Réalisateur
Courts métrages 1925 : Jean Cocteau fait du cinéma 1950 : Coriolan 1951 : La Villa Santo-Sospir 1957 : 8 X 8: A Chess Sonata in 8 Movements 1960 : Voyage au pays de l'Insolite 1962 : Jean Cocteau s'adresse à l'an 2000 Longs métrages 1930 : Le Sang d'un poète 1946 : La Belle et la Bête 1948 : L'Aigle à deux têtes 1948 : Les Parents terribles 1950 : Orphée 1960 : Le Testament d'Orphée
Scénariste
1943 : L'Éternel Retour réalisé par Jean Delannoy 1948 : Ruy Blas réalisé par Pierre Billon 1950 : Les Enfants terribles réalisé par Jean-Pierre Melville, scénario de Jean Cocteau d'après son roman 1954 : Pantomimes, court métrage de Paul Paviot commentaire et voix 1958 : Django Reinhardt, court métrage de Paul Paviot texte d'introduction 1961 : La Princesse de Clèves réalisé par Jean Delannoy 1965 : Thomas l'imposteur réalisé par Georges Franju, scénario de Jean Cocteau d'après son roman
Dialoguiste
1942 : Le Baron fantôme réalisé par Serge de Poligny 1945 : Les Dames du bois de Boulogne réalisé par Robert Bresson 1961 : La Princesse de Clèves réalisé par Jean Delannoy 1965 : Thomas l'imposteur réalisé par Georges Franju Directeur de la photographie 1950 : Un chant d'amour réalisé par Jean Genet Acteur 1942 : Le Baron fantôme réalisé par Serge de Poligny 1943 : La Malibran réalisé par Sacha Guitry 1957 : 8 X 8: A Chess Sonata in 8 Movements coréalisé par Jean Cocteau - Hans Richter 1960 : Le Testament d'Orphée Poésies graphiques 1924 : Dessins 1925 : Le Mystère de Jean l'oiseleur Illustrations et commentaires sur cette œuvre. 1926 : Maison de santé 1929 : 25 dessins d'un dormeur 1935 : Soixante dessins pour Les Enfants terribles 1941 : Dessins en marge du texte des Chevaliers de la Table ronde 1948 : Drôle de ménage 1957 : La Chapelle Saint-Pierre, Villefranche-sur-Mer 1958 : La Salle des mariages, hôtel de ville de Menton - La Chapelle Saint-Pierre lithographies 1959 : Gondol des morts 1960 : Chapelle Saint-Blaise-des-Simples, Milly-la-Forêt Années 1960 : vitraux de l’église Saint-Maximin21 de Metz Céramiques 1957-1963 Dans l'atelier de Madeleine Jolly et Philippe Madeline à Villefranche-sur-Mer, il crée plus de 300 céramiques et des bijoux. Durant la même période il dessine des poèmes-objets. Il travaille sur engobe mélange de barbotine et d'oxydes métalliques disposés sur les fonds et invente le crayon d'oxyde pour donner à ses décors un aspect pastel. Le catalogue raisonné d'Annie Guédras présente des photos couleurs et noir et blanc des céramiques créées par Jean Cocteau. Durant la même période, il dessine des bijoux, parures et sculptures.
Dessins et tableaux
1938, Rêverie d'opium, dessin 1952, Autoportrait à la veste jaune, huile sur toile
Tapisseries
Jean Cocteau : Il n'y a rien de plus noble qu'une tapisserie. C'est notre langue traduite dans une autre, plus riche, avec exactitude et avec amour. C'est un mélodieux travail de harpiste. Il faudrait les voir, nos harpistes, jouant sur les fils à toute vitesse, tournant le dos au modèle, allant le consulter, revenant jouer leur musique de silence. On s'étonne qu'un tel luxe existe à notre époque où le confort le remplace. Un jour avec Picasso, à l'Opéra, nous constatâmes que des oeuvres médiocres prenaient de la grâce et du style, traduites dans cette langue. Mais lorsque texte original et traduction s'équilibrent, alors on s'émerveille de notre artisanat de France. Les poésies de laine de Jean Cocteau », ainsi étaient nommées ses tapisseries et cet intitulé témoigne de son admiration pour l'art du tissage. Raymond Picaud tissera les premières tapisseries en partant des cartons dessinés par Cocteau à la manufacture d'Aubusson dans l'atelier qu'il dirige. De nos jours les tapisseries sont visibles dans certains musées et dans des galeries tels que la galerie Boccara25 spécialisée en tapis et tapisseries artistiques.
Enregistrements discographiques
Colette par Jean Cocteau, discours de réception à l'Académie Royale de Belgique, Ducretet-Thomson 300 V 078 St. Les Mariés de la Tour Eiffel et Portraits-Souvenir, La Voix de l'Auteur LVA 13 16 septembre 1963 : Derniers propos à bâtons rompus avec Jean Cocteau, enregistrés à Milly-la-Forêt, Bel Air 3110 1971 : Plain-chant par Jean Marais, extraits des pièces Orphée par Jean-Pierre Aumont, Michel Bouquet, Monique Mélinand, Les Parents terribles par Yvonne de Bray et Jean Marais, L'Aigle à deux têtes par Edwige Feuillère et Jean Marais, L'Encyclopédie Sonore 320 E 874 1984 : Coffret 3 vinyles Jean Cocteau comprenant La Voix humaine par Simone Signoret, 18 chansons composées par Louis Bessières par Bee Michelin et Renaud Marx, au double-piano Paul Castanier, Le Discours de réception à l'Académie Française, Jacques Canetti JC1 1989 : Hommage à Jean Cocteau, mélodies d'Henri Sauguet, Arthur Honegger, Louis Durey, Darius Milhaud, Erik Satie, Jean Wiener, Max Jacob, Francis Poulenc, Maurice Delage, Georges Auric, Guy Sacre, par Jean-François Gardeil (baryton) et Billy Eidi piano, CD Adda 581177 1992 : Les Enfants terribles version radio, avec Jean Marais, Josette Day, Silvia Monfort et Jean Cocteau, 1 CD Phonurgia Nova/INA 1997 : Anthologie, 4 CD comprenant nombreux poèmes et textes dits par l'auteur, Anna la bonne, La Dame de Monte-Carlo et Mes sœurs, n'aimez pas les marins par Marianne Oswald, Le Bel indifférent par Édith Piaf, La Voix humaine par Berthe Bovy, Les Mariés de la Tour Eiffel avec Jean Le Poulain, Jacques Charon et Jean Cocteau, le discours de réception à l'Académie Française, des extraits des pièces Les Parents terribles, La Machine infernale, des pièces de Parade au piano à quatre mains par Georges Auric et Francis Poulenc, Frémeaux & Associés FA 064 1997 : Poèmes de Jean Cocteau dits par l'auteur, CD EMI 8551082 1998 : Le Testament d'Orphée, journal sonore, par Roger Pillaudin, 2 CD INA / Radio France 2117 Journaux 1936 Mon Premier Voyage, Tour du monde en 80 jours 1946 La Belle et la Bête journal du film 1949 Maalesh, journal d'une tournée de théâtre 1983 Le Passé défini posthume - rééd. 2012 1989 Journal, 1942-1945 Timbre postal Marianne de Cocteau, 1960 Lieux et musées Lieux décorés par Cocteau sur la Côte d'Azur Jean Cocteau a décoré la salle des mariages et le bureau du maire de l’Hôtel de ville de Menton. Il a dessiné et peint « à fresque » les murs de la villa « Santo Sospir à Saint-Jean-Cap-Ferrat dans laquelle il a aussi réalisé des mosaïques et une tapisserie. Il a peint des fresques dans la Chapelle Saint-Pierre de Villefranche-sur-Mer. Il a décoré l'orchestra du théâtre en plein air de Cap d'Ail. On peut voir des mosaïques et des fresques dans la chapelle Notre-Dame de Jérusalem à Fréjus réalisées par Édouard Dermit d'après les croquis de Cocteau. Musée de Milly-la-Forêt Maison Jean Cocteau Musées de Menton Musée Jean Cocteau Collection Séverin Wunderman : Une donation de 1 800 œuvres représentant 7,5 millions d'euros a été offerte à la ville de Menton par ce collectionneur belge vivant à Los Angeles. Ce musée, inauguré en novembre 2011, devient ainsi la première et la plus importante ressource publique mondiale sur l’œuvre de Jean Cocteau. Menton abrite aussi un autre musée Jean Cocteau dit musée du Bastion œuvres de la période 1950 à 1963. Église Saint-Maximin de Metz : les vitraux L'œuvre verrière réalisée par Jean Cocteau à Metz constitue son dernier grand chef-d’œuvre achevé pour l'essentiel à titre posthume puisqu'il est décédé le 11 octobre 196329. Trois idées majeures permettent de caractériser l'originalité de son travail sur les vitraux une œuvre-témoin de l'art du XXe siècle, une œuvre novatrice et prophétique et enfin une œuvre célébrant l'immortalité et l'au-delà , l'église Saint-Maximin de Metz. Sur le thème de l'immortalité développé dans les 24 fenêtres de cette petite église paroissiale, il n'a cessé d'utiliser la mythologie et notamment le personnage d'Orphée pour faire revenir à la vie les êtres chers et les rendre même immortels. À la suite du film Orphée de 1950, il est dit : Jean Cocteau transpose le mythe d’Orphée à l’époque actuelle... L’homme est sauvé, La Mort meurt, c’est le mythe de l’immortalité.
Iconographie
Le musée Carnavalet conserve un portrait en pied de Jean Cocteau par Jacques-Emile Blanche, daté de 1913. Cette toile a été offerte au musée par Georges Mevil-Blanche en 1949. A Villefranche sur Mer, l'hôtel Welcome, où descendait Cocteau, et les restaurateurs commandent au sculpteur Cyril de La Patellière un buste en bronze à son effigie en 1989. Installé face à l'hôtel Welcome et à côté de la chapelle Saint-Pierre sur le port, il a été inauguré en présence d'Edouard Dermit et du sculpteur. Sur le socle est écrit cette phrase de Jean Cocteau : « Quand je vois Villefranche, je revois ma jeunesse, fassent les hommes qu'elle ne change jamais ». Un autre buste du même sculpteur se trouve au musée Cocteau de Menton, commandé par Hugues de La Touche, ancien conservateur des musées de Menton[réf. nécessaire].
Récompenses et distinctions
En 1955, Cocteau était membre de l'Académie française et de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Dans sa vie, Cocteau fut commandeur de la Légion d'honneur, membre de l'Académie Mallarmé, de l'Académie allemande, de l'American Academy, de la Mark Twain Academy, président d'honneur du Festival du film de Cannes, président d'honneur de l'Association France-Hongrie, Président de l'Académie du jazz et de l'Académie du Disque. En 1989, à l'occasion du centième anniversaire de sa naissance, il fut commandé au sculpteur Cyril de La Patellière un buste en bronze le représentant. Placé sur le haut d'une ancienne pierre taillée en guise de socle et provenant de la citadelle de Villefranche, ce buste fut inauguré le 5 juillet 1989 anniversaire jour pour jour de sa naissance) en présence du sculpteur, d'Edouard Dermit, de Jean Marais, de Charles Minetti commanditaire du projet, du directeur de l'hôtel Welcome. Sur la base est écrit cette phrase du poète : Quand je vois Ville franche, je revois ma jeunesse, fasse les hommes qu'elle ne change jamais. Un tiré à part de ce buste se trouve au Musée Cocteau de Menton le Bastion.
Posté le : 03/07/2015 17:52
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