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Lionel Ray
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Le 19 janvier 1935 à Mantes-la-Ville, naît Lionel Ray, né Robert Lorho,

poète et essayiste français

Qui suis-je ? Quel est cet étrange inconnu qui m’habite ? Telle est une des interrogations que se pose Lionel Ray tout au long d’une œuvre commencée voici un demi-siècle.

Robert Lorho est né en 1935 d'un père d'origine bretonne, décoré de la croix de guerre étoile d'argent en 1918, et d'une mère wallonne. Il passera son enfance dans la ville de Mantes-la-Jolie.
Après avoir publié quelques recueils sous son vrai nom, Robert Lorho, agrégé de langue et littérature françaises, professeur de khâgne au lycée Chaptal, prend en 1970 à l'âge de trente ans, le pseudonyme de Lionel Ray.
Son métier de poète, il le vit en se renouvelant infatigablement, en changeant d'identité, en une éternelle renaissance.
Son avant dernier recueil L'Invention des bibliothèques a été publié sous le nom de Laurent Barthélemy, un jeune poète que Lionel Ray aurait découvert. Son dernier livre de poèmes Entre Nuit et Soleil en 2010 approfondit davantage cette question d'identité, qui est le thème fondamental de son œuvre. "Je est un autre".
Lionel Ray vit à Saint-Germain-en-Laye.
Il aborde un versant neuf de lui avec les Métamorphoses du biographe en 1971, qui mène à une déconstruction féconde et inventive du langage, poursuivie avec L'interdit est mon opéra en 1973, marqué par l'introduction du récit et des audaces typographiques. Partout ici même en 1978 renoue avec la lisibilité.
Cette date est aussi celle de la naissance du néolyrisme. Approches du lieu en 1983 et le Nom perdu en 1981, dont le titre renvoie à la pseudonymie, prolongent cette tentative tandis que, dès l'orée de leur titre, Comme un château défait en 1993 et Syllabes de sable en 1996 témoignent d'une tonalité plus sombre. Le parcours de Ray est emblématique d'une double postulation de la parole poétique contemporaine : le lyrisme et le formalisme.

Aragon présente ses nouveaux poèmes dans Les Lettres françaises en 1970, 1971, 1972, il salua comme un événement poétique considérable la venue de Lionel Ray dans la poésie française
De 1971, avec Les Métamorphoses du biographe, à 1996, avec Syllabes de sable, Lionel Ray a donné une dizaine de recueils de poèmes qui témoignent d'un art très élaboré du vers et de la composition. Si mutation et métamorphoses sont les termes élus par Lionel Ray, ils peuvent aussi servir à approcher un travail qui, à l'écart des théories, a cherché à éviter les retours nostalgiques à l'académisme comme la fuite en avant dans le formalisme. Le lyrisme qui caractérise son œuvre est tout sauf facile : les élans spontanés de la subjectivité sont ici constamment brimés par un travail sur la matière même du langage.
Le sujet qui parle ou qui chante n'oublie jamais qu'il parle de quelque chose, du concret du monde, et que ce qu'il dit s'adresse toujours à quelqu'un, ce destinataire inconnu, anonyme qu'est le lecteur. Les mots simples, les syntaxes accordées au rythme de la prosodie laissent transparaître le sens, le font jaillir dans des coulées heureuses, non exemptes d'inquiétudes. Comme un château défait, 1993, prix Supervielle en 1994, et Syllabes de sable 1996, disent avec pudeur l'irréparable, l'ineffable perte : Ce désarroi des pas d'avant / sur des chemins jamais aboutis : / maison des vents, maison d'absence... C'est de l'intérieur même du chant que se disent les ruptures.
Ce n'est certainement pas un hasard si, en 1976, Lionel Ray a consacré un essai à Rimbaud : la poésie, à défaut de rythmer l'action ou de la devancer, accompagne les hommes, intensifie leur séjour, refuse tricheries et stratagèmes. Lionel Ray se sent proche d'auteurs comme Supervielle, C. Milosz, Aragon, mais aussi Michaux, auquel il a consacré un Tombeau, dans Une sorte de ciel. Il a publié également deux anthologies de poésie bengalie, 2006 et 2007, en collaboration avec Sumana Sinha.
Il publie l'essentiel de son œuvre aux éditions Gallimard.
Lauréat de prix tels que le Prix Goncourt de la poésie en 1995, le Prix de la Société des gens de lettres, le Grand Prix de Poésie de la Ville de Lyon/Prix Roger-Kowalski, Prix de poésie Pierrette Micheloud 2010 et beaucoup d'autres, Lionel Ray est président de l'Académie Mallarmé, il est également membre des comités de la revue Europe, du journal mensuel Aujourd'hui poème et de plusieurs jurys de prix de poésie, Mallarmé, Max Jacob, Alain Bosquet.
Il anime des ateliers d'écriture à l'université de Paris 4-Sorbonne et dans d'autres villes. Invité en Europe, en Afrique, aux États-Unis et en Inde, Lionel Ray se dit "cet oiseau qui ne s'attarde pas.

Å’uvres

Lionel Ray au festival Voix Vives à Sète le 27 juillet 2010
Si l'ombre cède, collection jeune poésie nrf, Gallimard, 1959, 40p.
Les Métamorphoses du biographe ; suivi de la parole possible, Gallimard, 1971, 131 p.
Lettre ouverte à Aragon sur le bon usage de la réalité, Paris, Les Éditeurs français réunis, 1971, 111 p.
L’Interdit est mon opéra, Gallimard, 1973, 116 p.
Arthur Rimbaud, Seghers (Poètes d’aujourd’hui), 1976, 183 p. Nouvelle édition 2001.
Partout ici même, Gallimard, 1978, 191 p.
Aveuglant aveuglé, Saint-Laurent-du-Pont : Le Verbe et l’empreinte, 1981, np.
Le Corps obscur, Gallimard, 1981, 112 p.
Nuages, nuit : poèmes, Gallimard, 1983, 123 p.
Empreintes, Saint-Laurent-du-Pont : Le Verbe et l’empreinte, 1984.
L’Inaltérable, Saint-Laurent-du-Pont : Le Verbe et l’empreinte, 1984.
Voyelles et consonne, Saint-Laurent-du-Pont : Le Verbe et l’empreinte, 1984.
Approches du lieu ; suivi de Lionel Ray et l'état chantant par Maurice Regnaut, Moulins : Ipomée, 1986, 115 p.
Le nom perdu : poèmes, Gallimard, 1987, 127 p.
Une sorte de ciel : poèmes, Gallimard, 1990, 114 p. (Prix Antonin-Artaud)
Comme un château défait : poèmes, Gallimard, 1993, 151 p. (Prix Supervielle 1994; Prix Goncourt de poésie 1995)
Syllabes de sable : poèmes, Gallimard, 1996, 170 p.
Pages d'ombre : poèmes. Gallimard, 2000. (Grand prix de poésie de la société des gens de lettres, 2001; Prix Kowalski de la ville de Lyon; Prix Guillevic de la ville de Saint-Malo)
Aragon : Seghers, "Poètes d'aujourd'hui", 2002).
Matière de nuit : poèmes. Gallimard, 2004.
12 poetas bengalis : recueil de poésie bengalie en version française et espagnole, en collaboration avec Sumana Sinha, Ed. Lancelot, 2006. Murcia.
Tout est chemins : Anthologie de la poésie bengalie en version française en collaboration avec Sumana Sinha, éd. Le Temps des cerises, Paris. 2007.
L'Invention des bibliothèques (les poèmes de Laurent Barthélemy): Gallimard, 2007.
Le Procès de la vieille dame. Eloge de la poésie. Recueil d'essais. Éditions de la Différence. 2008.
Entre nuit et soleil : Gallimard, 2010. Prix de poésie Pierrette-Micheloud 2010
Lionel Ray a collaboré régulièrement avec des peintres :
Le dessin est une mémoire : autour de l’œuvre graphique de Le Yaouanc, Association culturelle de la Faculté des lettres et des langues de l’Université de Poitiers : Éditions de la Licorne, 1996, np .
Plusieurs ouvrages sur et avec le peintre cubain Joaquin Ferrer : Joaquin Ferrer ou l'Imaginaire absolu (monographie, éd. Palantines, Quimper, 2001, 130 illustrations).
Sumana : recueil de neuf poèmes d'amour dédiés à son épouse, accompagné de la peinture de Bardet C.J. et de la traduction bengalie de ces poèmes par Sumana Sinha.
Comme nuage et vent, recueil de 6 poèmes accompagnés de 4 gravures en eau-forte de la calligraphe Els Baekelandt (Éditions Sanchez-Alamo, graphisme analogique de la zone opaque, Paris, 2006

poésies

Je ne suis pas qui je suis,
ce masque dans la nuit anonyme
cette voix qui monte comme un fleuve
ni ces pas ne sont miens.

Nous sommes seuls dans ce pays
de sel de pierre de vent
dans ce grand incendie de paroles
dans ce miroir tournant.

Qui es-tu qui que tu sois
ce mort en travers de ma route
cette chose de sang et d'ombre
qui bouge et ne bouge pas.

Tu vis à l'écart de toi-même,
quel est ce visage absent
cet étranger que tu traînes
et qui rame à contre-courant ?
In Comme un château défait
****
Peut-être il reviendra
avec un visage inchangé,
ne le dérange pas !

Le temps s'applique,
jamais effarouché.

C'est pour ça que la musique
dit toujours que tu l'aimes
même si le monde est déserté.
In Comme un château défait © Poésies/Gallimard 2004 p 22
****
Le peu de poids que l'on pèse
dans le soir ! le peu
de cendres ! comme entre les mots

Le soudain silence ! et l'énorme
nuit ! le seul lieu,

ce mouvement, l'ombre qui
le glace,
et ce visage de vitrail !
Ibid p 23
****
Lire la mémoire aux volets fermés,
ses crimes, ses clés, ses caves,
le château des pluies,

Lire la prose des ombres, le babil
des abeilles, cette chose noire et douce,

Lire au soir le blason des nuages
lorsque l'eau se ride et que tu allonges
la main, tirant le fond noir du ciel.
Ibid p36
****
C'était perdu dans la nuit -,
au plus profond de la forêt.
Le temps se posait dans ton nom

Comme l'oiseau sur la plus haute
cime. Le temps mystérieux comme

une forêt, comme une clairière
dans la forêt, comme
une harde de cerfs dans la forêt.
Ibid p56
****
Tu aurais voulu des aventures
en pays imprévisibles
et frapper fort
sur le tambour terrestre.

Tu aurais guerroyé mille et cent ans
sous des soleils inflexibles
pour des tribus de corbeaux,
des peuples de lynx ou d'étoiles.

Tu t'es retiré dans un rêve
n'ayant tué ni la cruelle chimère,
ni la nuit grave,
ni le Temps aux pieds de plomb
Ibid p62
****
L'oubli comme une clef qui se ferme,
comme un nom sans personne,
comme un trou qui s'effondre

En lui-même. Et c'est aussi du temps
qui se dissipe dans la croissance de la nuit.

Cette suave pluie
où rien ne pense, et qui trace dans les cours
une écriture indéchiffrable.
Ibid p 83
****
Il y a la nation des nuages
la langue cruelle de la lune d'été,
les oiseaux courageux, et rien.

Il y a l’œil solaire, quelqu'un, personne,
une poignée de paroles, et rien.

Il y a une femme endormie,
l'heure qui est palpable comme son épaule,
la houle pacifique, et rien.
Ibid p 86
****
Je donnerai toutes les nuits du monde
pour cette femme inventée
comme une grande clarté rouge.

Comme un pays abandonné
avec sa chevelure de poudre.

Je donnerai toutes les pluies
toutes les preuves tous les silences
pour celle qui dort près de moi,
même absente.
Ibid p 97
****
Que peuvent-ils les mots sur tant d'abîme ?
La mort qui n'est que mort, toute la mort,
cette griffe noire sur les corps pliés.

Les soucis les brûlures les années
et bientôt la pierre impitoyable

Que peuvent-ils ? la terre elle-même se tait.
Tout repose dans la fausse mémoire
du temps qui les ignore, du temps vain et sans voix
Ibid p 110
****
Comme on glisse hors de soi
aux confins de la veille et du songe,
on regarde une autre demeure, un corps chantant.

Qui est cet homme proche de toi
si peu semblable et pourtant ressemblant,

Dans le tumulte des soifs et des mondes,
broyant le grain des paroles,
cherchant la source brève, la présence sans nom ?
Ibid p 115

Un instant tu as oublié le nom
des choses : la nuit est vide,
l'heure n'est plus cette écriture
du sable et des oiseaux.

Un instant tu es entré dans
la non-vision du soleil, dans
l'immobile minuit, dans la cave
de l'impossible naissance

Du monde. Il n'y avait nulle
apparence, nul être, pas même
la trace d'un brin d'herbe ou l'hypothèse

D'un nuage, ni début ni fin,
seulement cette mesure de l’in-
connaissable et la parfaite absence.
In Syllabes de sable © Poésies/Gallimard 2004 p 159
****
Devant toi, venu
d'un quartier d'enfance, que vois-tu
ne sachant plus où ni quand :
ciel craintif, orage contenu ?

Quel jour déclinait, brouillard
d'heures en dérive, avec
un bruit de roues, jusqu'au
fond du soir ?

Tu marchais le long des roseaux
sombres du fleuve, minuscules
myosotis ici ou là, camélias stériles

Et sans parfums, tu respirais un souffle
lent venu de la forêt voisine :
ta vie quelque part existait.
Ibid p165
****
Tu n'es personne. Ce qui tourne
autour de toi, paroles, maisons,
visages, tourne autour d'un centre
qui n'existe pas.

Ton lieu est vers le dehors
dans la nuit de toute langue,
tu vis en lisière,
corps exilé, corps étranger.

Et comme un orchestre caché, tu ne sais
quels instruments en toi
résonnent, cordes ou cuivres, harpes ou tymbales,

Serait-ce le pas des nuits qui s'imprime
sur le sable et se dissout
dans la mémoire éteinte.
Ibid p 170
****
Une sorte de chant
pareil au jour qui traverse
un feuillage et descend,
furtif, jusqu'à l'herbe pauvre.

Un chant qui parle d'octobre
et d'eau cachée,
de lointains sans amertume,
fronts mêlés, collines heureuses.

Et ce besoin d'espace entre
les mots, comme une disposition
de traces et de froissements.

Ici entre les fleurs, avec le grain
des ombres, la vie circule et boit,
fugitive, à d'anciennes sources.
Ibid p178
****
Je t'attendais à la porte des heures :
le silence est si vaste.
Que sont devenues ces traces d'eau
fuyante entre les pierres ?

Écoute au miroir des heures vides
sonner les chiffres de la nuit,
ils ne sont la voix de personne
sinon du sable qui s'épuise.

Les heures traversent l'obscur,
passantes proches, venues
de quel ciel, de quel monde

Vain ? maintenant que tu n'es plus
qu'une parole étrangère
et qui s'en va ?
Ibid p 186
****
Ces pauvres choses qui nous étaient
si proches, cartes et plumiers,
règles, compas, la nuit dispersée,
la confiance ancienne.

Aux quatre coins du monde,
les clameurs, les phares,
écoliers et chevaux, l'incroyable
beauté des rires et des voix.

Tout cela qui s'éloigne comme
un ballet d'éphémères, une feuille
au fil de l'eau flottant.

On ne voit plus devant soi
qu'abîme, une ombre, une autre,
des murs froids, des effondrements.
Ibid 192
****
Il n'y a pas d'hiver
dans les choses,
ni grilles
ni paroles stagnantes.

II n'y a pas d'énigme
dans le lait, il n'y a
pas de brume dans la pierre,
ni rire dans les nœuds d'angoisse.

Mais il y a des terres enfouies
et qui renaissent,
des récits qui circulent entre

La chair et le souffle,
des cités lyriques entre soleil et pluie
et dans tes yeux le temps fertile.
Ibid p 240
****
Toi qui n'existes pas et qui habites
quel pays quelle parole,
toi qui n'es d'aucun lieu
sinon celui que dit le poème.

Tu écoutes ce léger bruit d'eau
qui circule dans l'air qui nous attend,
dans la transparence du feuillage
qui touche au bleu du soir.

Tes yeux sont dans la buée de couleurs
visités par un rêve qui n'a pas de mur,
tu as la bouche invariable

De l’enfance à Noël
inguérissable à la limite
immobile du grand sommeil.
Ibid p 241
****
Syllabes de sable, c'est l'été,
rien ne bouge
sinon, séparé du monde,
ce mort en toi qui se lève.

Tu le connais,
toi l'outragé, toi l'humilié
qui vois tout cela.

Viens, je te conduirai
dans l'incendie du temps
loin de
la quotidienne imposture.

Jusqu'à ce trait d'écume
blanche comme le sommeil,
là-bas : les nuages, l'oubli.
Ibid p 263
****
Changer de maison avec d'autres bagages,
changer de ciel pour un château sans âge,
changer de souffle, de pieds, de ventre,
devenir un battement d'aile d'oiseau,

La saveur de l'air, la gaieté du chemin,
l'eau profonde d'un puits, lieu
sincère qui rit au nuage ;

Changer de rue comme on change de crâne,
circuler dans le hennissement des chevaux,
dans la sève du sycomore et la senteur
heureuse des pierres : devenir

Du sommeil flottant dans un rosier fleuri
ou dans l'étreinte du regard extrême :
tel est l'art insensé de poésie.
Ibid p 307

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Posté le : 17/01/2014 22:50

Edité par Loriane sur 18-01-2014 22:52:18
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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