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De Montpellier
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Le 10 janvier 1778 à Uppsala Suède meurt Carl Linnæus
puis Carl von Linné, à 70 ans après son anoblissement, né le 23 mai 1707 à Råshult Suède, médecin zoologiste, naturaliste suédois qui a fondé les bases du système moderne de la nomenclature binominale. Considérant, selon la formule d'Edward Coke Nomina si nescis, perit cognitio rerum la connaissance des choses périt par l'ignorance du nom, que la connaissance scientifique nécessite de nommer les choses, il a répertorié, nommé et classé de manière systématique l'essentiel des espèces vivantes connues à son époque en s'appuyant sur ses propres observations comme sur celles de son réseau de correspondants. La nomenclature qu'il établit alors, et la hiérarchisation des classifications en classe, genre, ordre, espèce et variété, s'impose au xixe siècle comme la nomenclature standard.
En bref
Fondateur de l'histoire naturelle moderne, Linné n'est pas le premier en date des naturalistes. Il y avait des anatomistes avant Vésale, des chimistes avant Lavoisier. Néanmoins, dans la perspective de l'histoire des sciences, Vésale, Linné et Lavoisier apparaissent comme des initiateurs dans les disciplines où ils se sont illustrés. Selon Condillac, une science est une langue bien faite. Si la formule est vraie, l'histoire naturelle ne commence à exister comme science qu'à partir du moment où Linné la dote d'une langue positive, rigoureuse et universelle, de même que Lavoisier, inspiré par Condillac, crée la langue de la chimie. La science de Linné est loin d'être parfaite, mais elle est perfectible. Désormais les naturalistes savent ce que parler veut dire. Leur activité se déploie dans un univers du discours cohérent ; une place pour chaque chose et chaque chose à sa place, telle est la norme du nouvel espace épistémologique où se regroupent les éléments d'un savoir constitué en raison. L'histoire naturelle avant Linné est un domaine confus où s'accumulent les éléments disparates, réels ou légendaires, que la critique ne se soucie guère de départager. Le naturaliste est un compilateur, dont la curiosité encyclopédique entasse pêle-mêle les données de l'observation et celles de l'érudition philologique. Albert le Grand au XIIIe siècle, K. von Gesner et U. Aldrovandi au XVIe siècle sont partagés entre le respect de l'autorité incarnée par Aristote, Théophraste ou Pline, et le sens de la documentation, de l'information objective. Il leur arrive de classer leurs matériaux, faute d'apercevoir un meilleur ordonnancement, par ordre alphabétique. La révolution galiléenne introduit un ordre nouveau dans le monde matériel, soustrait à la juridiction de la physique aristotélicienne. L'ordre biologique résiste plus longtemps à l'exigence de la nouvelle raison, du fait de sa plus grande complexité, et aussi parce que le génie d'Aristote en ce domaine intervient comme un obstacle épistémologique difficilement surmontable. La zoologie, la botanique demeurent en état de sous-équipement conceptuel, en dépit des efforts méritoires de l'Anglais John Ray (1627-1705) et du Français Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708), entre autres. Déjà s'esquissent des tentatives de classifications systématiques ; le problème de la méthode est clairement posé. L'œuvre de Linné n'est pas une création originale, mais la réussite qui vient couronner une série d'essais antérieurs. Le mérite du savant suédois n'en demeure pas moins entier : grâce à lui, le seuil épistémologique de la science positive est franchi une fois pour toutes. L'histoire naturelle peut devenir, au XVIIIe siècle, une aventure de l'esprit et une passion de l'âme. La systématique Fils d'un pasteur de campagne, né à Råshult (Suède), Linné manifeste dès l'enfance un intérêt exclusif pour les plantes et l'observation des réalités naturelles. Après des études dans les universités suédoises et sur le terrain, il acquiert en Hollande le grade de docteur en médecine et publie, en 1735, la première édition du Systema Naturae. Bientôt célèbre, professeur à l'université d'Upsal en 1741, il poursuit dès lors une carrière jalonnée de savants ouvrages ; sa gloire européenne lui vaut dans son pays un titre de noblesse. Il meurt, après des années obscurcies par la maladie, la même année que Voltaire et Rousseau. Linné est d'abord un botaniste, et c'est à partir de ce domaine d'élection qu'il opère sa réformation de l'histoire naturelle. Le problème est posé par l'enrichissement des connaissances depuis que les savants de la Renaissance ont entrepris d'inventorier la richesse indéfinie du monde des plantes. À partir du XVIe siècle, les catalogues ne cessent de s'allonger, accablant les spécialistes sous la masse des informations. Pour que la raison reprenne ses droits, il faut découvrir un principe d'ordre, soumettant la variété des faits à une règle unitaire, elle-même fondée dans la nature des choses. Reprenant sur ce point les idées de Ray et de Tournefort, Linné affirme : « La méthode, âme de la science, désigne à première vue n'importe quel corps de la nature, de telle sorte que ce corps énonce le nom qui lui est propre, et que ce nom rappelle toutes les connaissances qui ont pu être acquises, au cours du temps, sur le corps ainsi nommé ; si bien que, dans l'extrême confusion apparente des choses, se découvre l'ordre souverain de la Nature » (Systema Naturae, éd. 1766-1767). La méthode correspond à la conversion de la réalité en un monde intelligible, schématisé selon les exigences de l'esprit scientifique. Le regard du savant opère une mutation du concret à l'abstrait. « La description, écrit Linné, est l'ensemble des caractères naturels de la plante ; elle en fait connaître toutes les parties extérieures ; elle doit comprendre pour chaque organe le nombre, la forme, la proportion et la position ; être faite dans l'ordre de succession des organes ; être divisée en autant de paragraphes séparés qu'il y a de parties distinctes, et n'être ni trop longue, ni trop succincte » (Philosophia botanica, 1751). Avant Linné, les plus clairvoyants des botanistes avaient posé le problème de la détermination des espèces végétales sans pouvoir le résoudre. Devant la multiplicité des apparences, ils n'étaient pas parvenus à fixer des points exclusifs de ressemblance et de dissemblance susceptibles de permettre l'ordonnancement du domaine végétal dans son ensemble. Ray pensait qu'il fallait s'en tenir aux caractères des fleurs et des fruits ; Tournefort estimait qu'on devait y ajouter des caractères relatifs aux diverses parties de la plante. Ainsi les premières tentatives de systématisation ne permettaient pas de surmonter la diversité empirique. Soucieux d'imposer dans la représentation de l'univers végétal un modèle descriptif opératoire, à la fois rationnel et universel, qui puisse s'appliquer aussi bien dans la géographie administrative ou dans l'art militaire, Linné, après des inventaires considérables, conclut que « la disposition des végétaux la plus recommandable doit être tirée du nombre, de la figure, de la proportion et de la situation de toutes les parties différentes de la fructification » (Philosophia botanica). Étamines et pistil fourniront le fil conducteur de la classification. Une rigoureuse économie de la pensée doit permettre, au sein des classes et des ordres, de désigner les espèces de chaque genre par un seul caractère distinctif, ce qui fonde une classification binaire. Les critères sexuels seront remplacés par d'autres dans le domaine de la zoologie, où ils ne fournissent pas une intelligibilité suffisante. La première édition du Systema Naturae paraît en Hollande en 1735. Œuvre d'un homme de vingt-huit ans, elle se présente comme une brochure d'une dizaine de pages in-folio : deux pages pour les minéraux, trois pour les plantes, deux pour les animaux. De réédition en réédition, le document initial ne cessera de s'enrichir, jusqu'à devenir un ouvrage considérable, la bible des naturalistes. Le système linnéen des déterminations (classes, ordres, genres, espèces) et des dénominations s'est imposé dans tous les domaines intéressant les naturalistes, en dépit des résistances, dont celle de Buffon. L'histoire naturelle a désormais son code. Linné l'a dotée de termes nouveaux, si bien entrés dans les mœurs que l'on n'imagine pas qu'ils ont seulement deux siècles d'existence : flore, faune, mammifère, primate... Le génie de Linné se situe dans le positivisme du regard qu'il porte sur la création ; il est le don de percevoir les êtres dans leur spécificité, mais aussi dans leurs rapports réciproques. Par la vertu du regard, la classification, fondée sur le choix de repères artificiels, semble rejoindre un ordre naturel. La systématique apparaît ainsi comme une phénoménologie et une morphologie. Nommer un être, c'est le mettre en place dans l'ensemble des êtres. La taxinomie n'est pas une mnémotechnique, mais une véritable science.
Histoire de son patronyme
Le grand nomenclateur que fut Linné, qui consacra sa vie à nommer la plupart des objets et êtres vivants, puis à les ordonner selon leur rang, eut lui-même maille à partir avec sa propre identité, son nom et même son prénom ayant été remaniés tant de fois au cours de sa vie qu’on ne dénombre pas moins de neuf binômes on voulait dire bi-noms, en deux noms et autant de synonymes. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la plupart des Suédois ne portent pas encore de noms patronymiques. Aussi le grand-père de Linné, conformément à la tradition scandinave, s’appelait Ingemar Bengtsson signifiant Ingemar, fils de Bengt et son propre fils, le père de Linné, fut d’abord connu sous le nom de « Nils Ingemarsson signifiant Nils, fils d’Ingemar. Mais Nils, pour répondre aux exigences administratives lors de son inscription à l’université de Lund, doit choisir un patronyme. Sur les terres familiales pousse un grand tilleul. La propriété en porte déjà le nom : Linnagård ou Linnegård, toponyme formé de linn variante aujourd’hui obsolète de lind, tilleul en suédois et de gård, ferme. Plusieurs membres de la famille s’en sont déjà inspirés pour former des patronymes comme Lindelius à partir de lind ou Tiliander à partir de Tilia, tilleul en latin. Il est par ailleurs de bon ton, dans les milieux instruits de pratiquer le latin. Nils choisit donc une forme latinisée et devient Nils Ingemarsson Linnæus. Honorant ensuite le très populaire souverain de Suède de l’époque Charles XII, en suédois Karl XII, 1682-1718, Nils donne le prénom du roi à son fils, qui débute donc son existence en s’appelant Carl Nilsson signifiant Carl, fils de Nils, puis Karl Linnæus, le plus souvent orthographié Carl Linnæus. Lorsque Carl Linnæus s’inscrit à l’université de Lund à l’âge de vingt ans, son prénom est enregistré sous la forme latinisée de Carolus. Et c’est sous ce nom de Carolus Linnæus, qu’il publie ses premiers travaux en latin. Parvenu à une immense notoriété et en qualité de médecin de la famille royale de Suède, il est anobli en 1761 et prend en 1762 le nom de Carl von Linné, Linné étant un diminutif à la française, selon la mode de l’époque dans nombre de pays de langue germanique de Linnæus et von étant la particule nobiliaire allemande. Dans le monde francophone comme en Suède, il est aujourd’hui communément connu sous le nom de Linné. En botanique, où les citations d’auteurs sont souvent abrégées, on emploie l’abréviation standardisée L. Il est d’ailleurs le seul botaniste à avoir le grand privilège d’être abrégé en une seule lettre. En zoologie, où il est d’usage de citer le nom patronymique complet de l’auteur du taxon, on emploie Linnæus ou sa graphie sans ligature latine Linnaeus, adoptée en anglais et plus pratique pour les utilisateurs de claviers dits internationaux à la suite des taxons qu’il a décrits, et plus rarement Linné, car c’est sous son nom universitaire Linnæus que ses principaux travaux de taxinomie zoologique jusqu’à 1761 ont été publiés sauf les 1 500 noms d’espèces d’animaux nouveaux établis en 1766/1767 dans la 12e édition de Systema naturae, pour lesquelles on utilise habituellement en français le nom d’auteur Linné. De plus, à la différence de son prénom Carolus, Linnæus n’est pas une transcription latine a posteriori, mais son véritable patronyme. Quant à ses œuvres, elles furent publiées jusqu’en 1762 sous les noms de Caroli Linnæi qui est la forme génitive, signifiant « de Carolus Linnæus, ou encore Carl Linnæus ou seulement Linnæus. En 1762, sur la page de couverture de la seconde édition de Species plantarum, le nom est encore imprimé de cette manière. Mais ensuite, il n’apparaît plus imprimé que dans sa forme nobiliaire Carl von Linné ou Carolus a Linné le a ou ab étant la traduction latine de von. Dans quelques bibliothèques, il est généralement entré comme Linnaeus, Carolus Carl von Linné, d'autres utilisent Carl von Linné.
Généalogie de la famille de Linné.
Carl Linnæus naît le 23 mai 1707 à Råshult, dans la paroisse de Stenbrohult du comté de Kronoberg, dépendant à cette époque de la province suédoise méridionale du Småland. La région est riche en forêts et en lacs, l’environnement y est particulièrement propice à la contemplation et à l’observation de la nature. Le père de Carl, Nils Ingemarsson Linnaeus 1674-1748 est alors un vicaire de l’église luthérienne et sa mère, Kristina Brodersonia 1688-1733 est la fille du pasteur de Stenbrohult, Samuel Brodersonius. Nils exerce cette charge d’assistant pastoral depuis son arrivée à Råshult en 1705, mais en 1709, à la mort de son beau-père, il devient lui-même le pasteur de la paroisse et la famille déménage de quelques centaines de mètres jusqu’au presbytère de Stenbrohult, au bord du lac de Möckeln. Nils est un amoureux des plantes qui transmet sa passion à son jeune fils, permettant à celui-ci d’entretenir son propre jardin dès l’âge de 5 ans. Mais avec un père et un grand-père pasteurs, la destinée de Carl est de suivre leurs traces et de devenir aussi pasteur. Carl quitte le foyer familial à 9 ans, le 10 mai 1716, pour entrer à l’école de Växjö à une quarantaine de kilomètres de Stenbrohult. Il poursuit ensuite ses études au lycée de la même ville, qu’il intègre le 11 juillet 1723 et qu’il quitte le 6 mai 1727. Mais il ne montre guère d’enthousiasme pour les études et la vocation religieuse. Il préfère s’intéresser aux choses de la nature et y passer son temps. Ses camarades le surnomment déjà « le petit botaniste ». Les professeurs, notamment celui d’histoire naturelle, le Dr Johan Stensson Rothman 1684-1763, convainquent finalement les parents de Carl de ne pas lui imposer une carrière religieuse et de lui permettre de poursuivre des études de médecine. C’est finalement son jeune frère, Samuel, qui succédant à son père et à son grand-père, deviendra pasteur de Stenbrohult.
Brillant étudiant de l’université d’Uppsala
Inscrit sous le nom de « Carolus Linnæus », il commence ses études à l’université de Lund en 1727. Il y reçoit notamment l’enseignement de Kilian Stobæus (1690-1742), le futur professeur et recteur de l’université, alors encore seulement docteur en médecine, qui lui offre son amitié et ses encouragements et lui ouvre ses collections et sa bibliothèque. Cependant, sur les conseils de son ancien professeur de Växjö, le Dr Johan Stensson Rothman, il s’inscrit à la prestigieuse université d'Uppsala qu’il rejoint en septembre 1728, où il peut effectivement trouver la richesse générale de connaissance qui lui convient. Fort peu développées à cette époque, les études de médecine n’étaient suivies que par une dizaine d’étudiants sur les cinq cents environ que comptait l’université et il n’était pas prévu que l’on puisse soutenir sa thèse de doctorat en Suède. Mais l’enseignement médical incluait une part importante de botanique, notamment l’apprentissage des caractères des plantes, de leurs vertus médicinales et de la manière de les préparer en pharmacie. Ces études furent sans doute le moyen, voire le prétexte, pour Carolus Linnæus de s’adonner à sa passion pour la botanique. Arrivé à Uppsala sans un sou vaillant, il lui faut aussi subvenir à sa propre existence. Alors qu’à peine arrivé en ville, il visite le jardin botanique fondé par Olof Rudbeck 1630-1702, il est remarqué et pris en charge par Olof Celsius 1670-1756, le doyen de la cathédrale et oncle du savant Anders Celsius 1701-1744. Olof Celsius présente Linné à Olof Rudbeck le Jeune 1660-1740, lui-même médecin naturaliste, qui engage le jeune étudiant comme tuteur de ses fils et lui permet d’accéder à sa bibliothèque. Linné remplace un temps l’assistant de Rudbeck, Nils Rozén 1706-1773, alors en voyage à l’étranger. Le jardin de Linné a été entretenu et peut actuellement se visiter à Uppsala Linné a justement comme professeur Olof Rudbeck le Jeune, ainsi que Lars Roberg 1664-1742. C’est à Uppsala, dès l’âge de 24 ans, qu’il conçoit sa classification des plantes d’après les organes sexuels et commence à l’exposer dans son Hortus uplandicus3. C’est aussi à Uppsala, que Linné se lie d’amitié avec Peter Artedi 1705-1735, son aîné de deux ans, qui également issu d’un milieu d’église, destiné à devenir pasteur et venu étudier la théologie, s’intéresse finalement plus à l’histoire naturelle, particulièrement aux poissons.
À travers l’Europe : des voyages d’exploration à la notoriété
Il conduit des missions scientifiques en Laponie et en Dalécarlie, à l'époque régions inconnues. Il en rapporte une très riche collection de spécimens végétaux, animaux et minéraux et publie sa première étude qui utilise le système sexuel des plantes, Florula Lapponica qu'il améliora par la suite sous le nom de Flora Lapponica 1737. Bien qu’il donne des conférences de botanique et qu’il soit considéré à Uppsala comme un génie, il n’a pas encore de diplôme de médecine. En 1735, il part aux Pays-Bas, avec l'intention d'y obtenir son diplôme de médecine et de publier ses écrits. Il met en forme ses notes et rencontre le botaniste Jan Frederik Gronovius 1686-1762 à qui il montre son manuscrit Systema Naturae. Celui-ci est si impressionné qu’il décide de financer son édition à Leyde4. En 1736, il fait un voyage à Londres où il rencontre les personnes en vue de l'université d'Oxford tel le physicien Hans Sloane, le botaniste Philip Miller et le professeur de botanique J.J. Dillenius. Il rentre à Amsterdam pour continuer l'impression de son travail Genera Plantarum, point de départ de sa taxinomie. Au cours de son séjour en Hollande, il rencontre également le droguiste Albertus Seba 1665-1736 et Herman Boerhaave 1668-1738 botaniste qui le met en relation avec l’influent George Clifford 1685-1760, président de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales et botaniste distingué. Il étudie et travaille au cours de l'année 1737 dans le jardin du riche banquier. Clifford est en relation avec les marchands hollandais et les plantes collectées dans le monde entier sont ramenées à Linné qui s'efforce de les intégrer dans son Systema naturae5. Son jardin à Hartekamp était fameux à l'époque, puisqu'il y avait plus de mille espèces différentes. Linné y écrit en collaboration avec Georg Dionysius Ehret, illustrateur botanique, une description de jardin anglais, l’Hortus Cliffortianus, publié en 1737. Dans le frontispice d'Hortus Cliffortianus il est fait allusion au mythe prométhéen et au thermomètre de Celsius. En effet on attribue à Linné l'inversion de l'échelle des degrés centigrades 0 °C : fusion et 100 °C : vaporisation Il obtient enfin son titre de docteur en médecine, après un court séjour à l’université de Harderwijk, puis il part pour l’université de Leyde, plus prestigieuse, où il reste une année au cours de laquelle son ouvrage Classes Plantarum est imprimé. Avant de rentrer en Suède, il va à Paris où il fait la rencontre de Bernard de Jussieu et de Claude Richard à Trianon.
Retour en Suède
Il retourne alors en Suède, où, ne recevant pas de proposition qui le satisfasse, il exerce la médecine à Stockholm en se spécialisant dans le traitement de la syphilis. Il se marie le 26 juin 1739 avec Sara Elisabeth Moræa 1716-1806, originaire de Falun. Ensemble ils auront sept enfants, deux garçons et cinq filles : Carl 1741-1783, Elisabeth Christina 1743-1782, Sara Magdalena 1744, morte à l’âge de quinze jours, Lovisa 1749-1839, Sara Christina 1751-1835, Johan 1754-1757 et Sofia 1757-1830. Finalement, en 1741, il obtient la chaire de médecine à l’université d’Uppsala puis celle de botanique, fonction qu’il occupera jusqu’à sa mort. Dans le jardin botanique de l'Université, il arrange les plantes selon sa classification. Il effectue trois expéditions en Suède et inspire une génération d'étudiants. Les compte-rendus de voyages sont publiés en suédois afin d'être accessible à tous. Outre la pertinence des observations de la vie de tous les jours, ces œuvres sont aussi appréciées pour leur qualité littéraire. Linné continue de réviser son ouvrage, Systema Naturae, qui ne cesse de grossir au fil des ans et à mesure qu'il reçoit des quatre coins du globe des spécimens de végétaux et d'animaux qu'on lui expédie et qu'il doit classer. De la brochure de dix pages du début deux pages pour les minéraux, trois pour les plantes, deux pour les animaux, son œuvre devient un ouvrage de plusieurs volumes. Quand il n'est pas en voyage, il travaille sur l'extension du domaine minéral et animal. Il est si fier de son travail qu'il se voit tel un nouvel Adam nommant la nature, au point qu'il avait coutume de dire Deus creavit, Linnaeus disposuit, ce qui traduit du latin signifie « Dieu a créé Linné a organisé » Il plante en 1745 la première horloge florale dans le Jardin botanique d'Uppsala. En 1747, il devient médecin de la famille royale de Suède et obtient un titre de noblesse en 1761. À la fin de sa vie il est si célèbre que Catherine II de Russie lui envoie des graines de son pays. Il entre aussi en correspondance avec Joannes A. Scopoli, surnommé le Linné de l'Empire autrichien, qui était docteur et botaniste à Idrija, duché de Carniole en actuelle Slovénie. Scopoli lui a transmis toutes ses recherches et ses observations pendant des années, sans qu'ils pussent se rencontrer à cause de la distance. Pour lui rendre hommage, Linné a nommé Scopolia une espèce de la famille des solanaceae. Les dernières années sont marquées par une santé déclinante. Il souffre de la goutte et de maux de dents. Une attaque en 1774 le laisse très faible et une seconde, deux ans plus tard lui paralyse la partie droite. Il meurt le 10 janvier 1778, à Uppsala, au cours d'une cérémonie dans la cathédrale, où il est par ailleurs enterré. Six années plus tard, suivant ses instructions posthumes, sa veuve vendit sa bibliothèque, ses manuscrits et la plus grande partie de ses collections à un acquéreur qui en prendrait grand soin. Ce dernier, un jeune Anglais nommé James Edward Smith, fonda une société scientifique chargée de recevoir ces trésors et l'appela la Linnean Society of London, où les collections sont conservées, protégées dans un sous-sol, mais disponibles aux chercheurs. Carl von Linné était membre de l'Académie royale des sciences de Suède et de l'Académie royale danoise des sciences et des lettres.
Son œuvre Systema Naturæ
L’ouvrage le plus important de Linné est son Systema Naturæ les systèmes de la Nature qui connaît de nombreuses éditions successives, la première datant de 1735. Chacune d’elles améliore son système et l’élargit. C’est avec la dixième édition, de 1758, que Linné généralise le système de nomenclature binominale. Mais sa classification est parfois totalement artificielle. Ainsi dans la sixième édition de Systema Naturæ 1748, il classe les oiseaux dans six grands ensembles pour répondre, harmonieusement, aux six ensembles qu’il utilise pour classer les mammifères. Il définit clairement certains groupes comme la classe des amphibiens. Pour cela, il utilise les animaux décrits ailleurs comme dans les œuvres de Seba, Aldrovandi, Catesby, Jonston ou d’autres auteurs. Mais, la plupart du temps, il décrit les espèces d’après des spécimens qu’il peut lui-même étudier. Précurseur du racisme scientifique, il divise les Homo sapiens en quatre variétés en 1735, mais c’est dans la dixième édition, celle de 1758, qu’il introduit une classification de différentes espèces humaines avec l’homme blanc Homo europaeus en haut de l’échelle et l’homme noir Homo afer en bas voir Linné, Systema Naturae, 10e éd., 1758 t. I, p. 20
Species plantarum
C’est en 1753 que Linné fait publier Species plantarum les espèces des plantes où il décrit environ 8 000 végétaux différents pour lesquels il met en application de manière systématique la nomenclature binominale dont il est le promoteur.
Ses correspondances
Mises en vente par la veuve de Linné en 1783 pour subvenir à ses propres besoins et à ceux de ses filles, les très nombreuses lettres à Linné des plus grandes figures de l’époque du monde des sciences et des idées révèlent toute la richesse intellectuelle du personnage et mettent en lumière les controverses qui agitaient alors la pensée européenne.
Les perles de culture
Lors de son voyage en Laponie en 1732, Linné visite une pêcherie de perles au lac de Purkijaure. Il faut ouvrir des milliers de coquillages pour trouver les si rares perles : cela l’intrigue. De retour à Uppsala, il tente une expérience, introduit une petite dose de plâtre fin dans des moules perlières et replace celles-ci dans la rivière de la ville, la Fyris. Six ans plus tard, il récolte plusieurs perles de la taille d’un pois. Il perfectionne la technique utilisant alors un fil d’argent pour tenir le granule générateur éloigné de la paroi de la coquille. La nacre peut ainsi se déposer régulièrement pour former une perle sphérique. Il vend son brevet en 1762, mais l’acquéreur néglige d’en tirer profit. Ce n’est qu’en 1900 que l’invention de Linné est redécouverte lors de la lecture de ses manuscrits conservés à Londres. Au XXe siècle, les Japonais développent alors la culture perlière et en améliorent les techniques.
Ses idées Nomenclature linnéenne Nomenclature binominale.
Linnée boréale, Linnaea borealis, fleur discrète de Laponie dont Linné avait fait son emblème. Linné met au point son système de nomenclature binominale, qui permet de désigner avec précision toutes les espèces animales et végétales (et, plus tard, les minéraux) grâce à une combinaison de deux noms latins. Ce binom ou binôme suivant un usage erroné trop répandu comprend : un nom de genre au nominatif singulier ou traité comme tel, dont la première lettre est une majuscule ; une épithète spécifique, qui peut être un adjectif, un nom au génitif ou un attribut, s’accordant avec le genre grammatical masculin, féminin ou neutre du nom de genre. Il est écrit entièrement en minuscules. L’épithète évoque souvent un trait caractéristique de l’espèce ou peut être formé à partir d’un nom de personne, de lieu, etc. Il faut dire correctement binom, comme le Code de Nomenclature zoologique 4e édition, 1999 le précise en français, traduction de l'anglais binomen qui fut traduit par erreur par binôme en anglais binomial. Les rédacteurs de la dernière version française ont rectifié cette grotesque erreur - il n'y a aucun rapport entre ce concept algébrique et le nom des organismes en nomenclature binominale. Le code de Botanique a malheureusement entériné cette confusion, et, pire, admet l'expression de nomenclature binomiale. Le nom de l’espèce est constitué par l’ensemble du binom. Ces noms sont réputés latins, quelle que soit leur origine véritable grecque, chinoise ou autre, et écrits en alphabet latin lettres de a à z et ligatures æ et œ, comme en français, mais sans diacritiques ni accents. Ce système binominal permet d’éviter de recourir aux noms vernaculaires, qui varient d’un pays à l’autre, voire d’une région à l’autre. Par exemple, le renard roux est appelé en japonais aka-kitsune, mais un naturaliste japonais comprendra le nom latin, international, de Vulpes vulpes. Toutefois, avec la multiplication des recombinaisons, des synonymes et des interprétations divergentes d’auteurs, les « noms scientifiques » actuels sont parfois instables et difficiles à manier, comme d'ailleurs les noms vernaculaires.
Systématique fixiste
Linné est un naturaliste fixiste. Pour lui, les espèces vivantes ont été créées par Dieu lors de la Genèse et n’ont pas varié depuis. Le but premier de son système est de démontrer la grandeur de la création divine. L’ordre hiérarchique des taxons y est fondé sur des critères de ressemblance morphologiques et d’affinités supposées, sans établir de relation génétique ou phylogénétique entre les espèces. Mais, par la suite, au fur et à mesure de l’avancée des connaissances, notamment à partir des travaux de Lamarck et de Darwin, la systématique a pris diverses formes (phénétique, évolutioniste, phylogénétique…, pour aboutir de nos jours à une systématique pragmatique au quotidien qui essaie de prendre en compte les diverses données propres à chaque méthode.
Fixité ou mutabilité des espèces
Linné a été longtemps considéré comme un tenant du fixisme, c'est-à -dire de l'invariabilité des espèces naturelles. On a relevé dans ses écrits, en particulier dans les œuvres de jeunesse, des formules affirmant que le nombre des espèces est égal à celui des formes créées à l'origine. Le mythe biblique de la Création, religieusement respecté par Linné, semble fermer définitivement au soir du sixième jour la période des initiatives créatrices. Mais Linné est assez génial observateur pour découvrir des faits qui ne concordent pas avec ses présupposés théologiques. Il reconnaît de bonne heure des formes monstrueuses, déviations et aberrations par rapport au type, en lesquelles il voit d'abord des ratés de la Création, ou même des « plaisanteries » du Créateur. Seulement un monstre ne saurait se reproduire ; or en 1744, Linné constate que la Peloria, une « monstruosité » de la Linaire, se reproduit. « Une conclusion stupéfiante s'impose, écrit-il, à savoir que de nouvelles espèces peuvent surgir dans le règne végétal [...]. Il y a là [...] de quoi faire sauter les classes naturelles des plantes. » Il faut donc admettre une certaine plasticité des espèces. Linné cède à l'évidence ; il accepte la thèse d'un devenir temporel de la création. Seuls les genres ont été fixés à l'origine ; dans les limites du genre, « les espèces sont l'œuvre du temps », précise un texte de 1762. Lamarck et Darwin iront plus loin, mais il y a chez l'auteur du Systema Naturae des pierres d'attente pour les transformismes à venir.
L'anthropologie de Linné
On peut dire que l'histoire naturelle de l'homme commence avec Linné. L'inventaire systématique de la création ne serait pas complet si l'homme n'y figurait pas à sa place. Cette place est une place d'honneur, la première de toutes, mais c'est une place parmi les autres : l'espèce humaine doit se soumettre à la même curiosité qui soumet à sa juridiction toutes les autres espèces vivantes. La péripétie décisive s'accomplit dans la dixième édition du Systema Naturae (2 vol., Stockholm, 1758-1759) : l'homme y figure parmi les « animaux à mamelles », et dans l'ordre des « primates » qui comprend aussi les singes supérieurs. Il ne s'agit pas là de classification seulement, mais aussi d'une description précise, énumérant les signes distinctifs qui caractérisent l'homme en tant qu'homme. L'initiative de Linné renoue avec une tradition qui remonte à Aristote et à Galien, mais a été interrompue par l'intervention du christianisme ; celui-ci fait de la condition humaine une sorte de position intermédiaire entre l'animalité et la divinité. De même que l'avènement de la science moderne finit par avoir raison du tabou de la dissection, qui interdisait l'autopsie, de même la nouvelle intelligence impose le thème de l'anatomie et de la physiologie comparées. Tous les êtres vivants ont, à des degrés divers, des structures communes et un fonctionnement commun. Selon l'ordre anatomique, observe Linné, il n'y a pas de différence décisive entre l'homme et l'orang-outang. L'Homo sapiens de Linné se distingue du grand singe anthropoïde (Homo sylvestris) par des marques psychologiques et sociologiques plutôt que corporelles. L'histoire naturelle de l'homme, telle que l'esquisse Linné, complète les données de l'anthropologie culturelle ; la description des races est associée à celle des genres de vie.
Le décor mythico-religieux
Le positivisme de Linné, s'il triomphe d'interdits millénaires, n'implique nullement une rupture avec la religion traditionnelle. Linné est un chrétien aussi convaincu que Newton, ce qui n'est pas peu dire. Le Système de la Nature, en ses éditions définitives, s'ouvre par une profession de foi ; la Nature proclame la gloire du Dieu de la Genèse, et le naturaliste accomplit une œuvre d'apologétique. Le schéma théologique de la Création, bien loin de jouer le rôle d'un obstacle épistémologique, fournit des éléments d'intelligibilité, en particulier ceux de la finalité des êtres naturels et de la hiérarchie des formes vivantes. Le thème de la grande chaîne des êtres qui groupe toutes les réalités selon l'ordre ascendant d'une échelle ontologique est un présupposé de l'œuvre linnéenne. Cette échelle se retrouve chez tous les naturalistes du temps et fournit le principe d'un ordre de complexité et de dignité croissantes, à mesure que l'on passe des réalités les plus humbles, de la vie endormie dans les minéraux aux espèces végétales et animales. Les primates sont ainsi dénommés par Linné parce qu'ils constituent le couronnement de la nature aux confins du surnaturel. Chez Linné, comme chez Newton, la foi n'est pas un obstacle à la science. La conviction religieuse cautionne la recherche scientifique ; elle fournit à celle-ci le présupposé de l'unité et de l'harmonie de la création ; le discours scientifique n'en demeure pas moins autonome ; il ne met en œuvre que des éléments d'une rigoureuse positivité. Cette positivité est, chez Linné, celle du regard qui saisit l'unité des formes avec l'intuition divinatrice du génie. L'auteur du Système de la Nature n'est pas un biologiste ; il n'explique pas, ou, quand il se mêle d'expliquer, il explique mal. Il est un visionnaire du réel dont le coup d'œil a su embrasser à la fois la prodigieuse diversité des formes et leur prodigieuse unité. Mieux qu'un penseur ou un savant, Linné est, comme Goethe, un Augenmensch, un génie du regard. Georges Gusdorf
Linné et la Bible
Linné, comme d’autres scientifiques de son temps, éprouve des difficultés pour concilier le contenu de la Bible avec ses connaissances. Il explique ainsi que le jardin d'Éden était comme une île tropicale qui devait comporter une haute montagne. Celle-ci, dont le climat change avec l’altitude, offre des habitats pour les autres formes de vie habituées aux régions tempérées et arctiques.
Place de l'humanité
Linné a appliqué le concept de race à l'homme (ainsi qu'aux créatures mythologiques. La catégorie Homo sapiens fut subdivisée en cinq catégories de rang inférieur, à savoir Africanus, Americanus, Asiaticus, Europeanus et Monstrosus. Elles étaient basées au départ sur le lieu d'origine selon des critères géographiques, puis plus tard, sur la couleur de peau. Chaque « race » possédait certaines caractéristiques que Linné considérait comme endémiques pour les individus qui la représentaient. Les Indiens d'Amérique seraient colériques, rouges de peau, francs, enthousiastes et combatifs; les Africains flegmatiques, noirs de peau, lents, détendus et négligents ; les Asiatiques mélancoliques, jaunes de peau, inflexibles, sévères et avaricieux ; les Européens seraient quant à eux sanguins et pâles, musclés, rapides, astucieux et inventifs. On trouverait enfin dans la catégorie des hommes monstrueux les nains des Alpes, les géants de Patagonie et les Hottentots monorchistes. Par la suite, dans Amoenitates academicae 1763, il définit l'Homo anthropomorpha comme un terme fourre-tout pour une variété de créatures mythologiques et proches de l'homme, tels le troglodyte, le satyre, l'hydre, le phœnix. Il prétendit que ces créatures n'existèrent pas vraiment mais qu'elles étaient des descriptions inexactes de créatures ressemblant aux grands singes. Dans son Systema Naturae il définit aussi l'Homo ferus comme « chevelu, muet et à quatre pattes ». Il y inclut aussi le Juvenis lupinus hessensis ou garçons-loups qui furent élevés par des animaux, pensait-il ; dans le même esprit on y trouve le Juvenis hannoveranus Pierre de Hanovre et la Puella campanica où Linné évoque la fille sauvage de Songy.
L’influence de Linné Ses élèves et son influence Liste des étudiants de Linné.
Linné a eu une immense influence sur les naturalistes de son époque. Nombreux sont ceux qui viennent assister à son cours, apprendre sa méthode pour l’appliquer dans leur pays. Nombreux sont ceux qui s’embarquent pour des contrées lointaines pour y reconnaître la flore, Linné lui-même les nomme ses apôtres. Tous ces naturalistes trouvent avec la systématique et la nomenclature linnéenne un moyen de faire progresser les connaissances. C’est avec sa collaboration que Philibert Commerson put écrire son traité d’ichtyologie. Il eut aussi quelques autres correspondants tels que Frédéric-Louis Allamand. Parmi ses nombreux élèves, citons : Anders Dahl, Johan Christian Fabricius, Charles de Géer, Christen Friis Rottbøll, Daniel Solander ou Martin Vahl. Il faut citer également le naturaliste suédois Peter Artedi (1705-1735). Les deux hommes se rencontrent à l’université d'Uppsala, se lient d’amitié puis se séparent, Linné partant pour la Laponie et Artedi pour la Grande-Bretagne. Avant leur départ, ils se lèguent mutuellement leurs manuscrits en cas de décès. Mais Artedi se noie accidentellement à Amsterdam où il venait réaliser le catalogue des collections d’ichtyologie d’Albertus Seba (1665-1736). Suivant leur accord, Linné hérite des manuscrits d’Artedi. Il les fait paraître sous le titre de Bibliotheca Ichthyologica et de Philosophia Ichthyologica, accompagné d’une biographie de leur auteur, à Leyde en 1738. Son influence s’exerce à travers tous les continents : Pehr Kalm en Amérique du Nord, Fredric Hasselquist en Égypte et en Palestine, Andreas Berlin en Afrique, Pehr Forsskål au Moyen-Orient, Pehr Löfling au Venezuela, Pehr Osbeck et Olof Torén en Chine et en Asie du Sud-Est, Carl Peter Thunberg au Japon, Johann Peter Falck en Sibérie… Son caractère égocentrique, conjugué à une extrême ambition, le conduit, comme Buffon, à persécuter ceux qui n’optent pas pour son système. Mais il est le premier, suivant en cela John Ray, à utiliser un concept clair d’espèce qui n’est en rien diminué par sa conviction de l’immuabilité des espèces. Dans son roman d'anticipation Vingt mille lieues sous les mers, Jules Verne met en scène le personnage de Conseil, domestique du professeur Aronnax, qui classe systématiquement toutes les espèces rencontrées durant le voyage selon le système linnéen.
Les critiques
Contrairement à la plupart des naturalistes européens qui reconnaissent la révolution linnéenne, des naturalistes et des philosophes français comme Julien Offray de La Mettrie, Denis Diderot, Buffon ou Maupertuis critiquent la systématique linnéenne. Ce qui lui est reproché est son caractère artificiel et fixiste. L’entreprise de Linné ne fait que partiellement appel à la raison, et peu d’incitation à l’expérimentation. Ils lui reprochent aussi une démarche empreinte de religiosité car Linné se voit en nouvel Adam décrivant et nommant la création. Pour toutes ces raisons les philosophes des Lumières en France ne peuvent le reconnaître comme l’un des leurs. Finalement, des idées de Linné, seule la nomenclature binominale survivra.
Le prénom Linnea
Courant en Suède, le prénom « Linnea » dérive d’une fleur des bois, nommée Linnaea borealis, en hommage à Carl von Linné, par son professeur Jan Frederik Gronovius.
Sociétés linnéennes
Hommage
Le portrait de Carl von Linné figure sur le billet de banque suédois de 100 couronnes.
Plusieurs voies de circulation en France et une en Belgique ont été nommées Rue Linné.
bibliographie Œuvres de Linné
La liste ci-dessous est limitées aux principales publications la date indique la première édition Præludia sponsaliarum plantarum 1729 Fundamenta botanica quae majorum operum prodromi instar theoriam scientiae botanices per breves aphorismos tradunt 1732 Systema Naturae 1735 Fundamenta botanica 1735 Bibliotheca botanica 1736 Bibliotheca botanica recensens libros plus mille de plantis huc usque editos secundum systema auctorum naturale in classes, ordines, genera et species Critica botanica 1736 Genera plantarum Ratio operis 1737 Corollarium generum plantarum 1737 sur Gallica Flora lapponica 1737 Flora lapponica exhibens plantas per Lapponiam Crescentes, secundum Systema Sexuale Collectas in Itinere Impensis Ichthyologia 1738, où Linné publie les travaux de son collègue et ami Peter Artedi décédé accidentellement Classes plantarum sur Bibliotheca Augustana Hortus Cliffortianus 1738 Flora suecica 1745 Fauna suecica 1746 Hortus Upsaliensis 1748 Philosophia botanica 1751 Species plantarum 1753 Flora anglica 1755 Animalium specierum, Leyde : Haak, 1759 Fundamentum fructificationis 1762 Fructus esculenti 1763 Fundamentorum botanicorum partes I et II 1768 Fundamentorum botanicorum tomoi 1778
Posté le : 08/01/2016 16:49
Edité par Loriane sur 10-01-2016 18:27:42 Edité par Loriane sur 10-01-2016 18:29:11 Edité par Loriane sur 10-01-2016 18:30:18
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