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De Montpellier
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Le 28 juin 1907 à Genève naît Paul Eugène Victor
dit Paul-Émile Victor, mort, à 87 ans le 7 mars 1995 à Bora-Bora en Polynésie française, explorateur polaire, militaire scientifique, ethnologue, écrivain français, fondateur et patron des expéditions polaires françaises durant 29 ans. Il est fait gloire du sport, satrape du collège de pataphysique, il est élevé au grade de grand-croix de la la légion d'honneur. Explorateur et ethnologue français Genève 1907-Bora Bora 1995. Dès sa jeunesse, il rêve d'aventures et d'explorations. Après son baccalauréat, en 1925, il entre à l'École centrale de Lyon, qu'il quitte sans passer le diplôme, puis est admis à l'École nationale de la marine marchande et effectue son service militaire dans la marine. En 1931, il obtient un brevet de pilote d'avion. En 1933, il est diplômé de l'Institut d'ethnologie du Musée de l'homme où il a suivi les cours de Marcel Mauss. Après une rencontre avec Jean Charcot, il organise l'année suivante sa première expédition polaire. Il séjourne d'avril 1934 à septembre 1935 chez les Esquimaux d'Angmagssalik, sur la côte est du Groenland, traverse l'inlandsis groenlandais en 1936, hiverne de nouveau à Angmagssalik 1936-1937 et, en 1938 et en 1939, voyage en Laponie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il entraîne les troupes américaines en Arctique et organise les sections de sauvetage de l'Alaska. En 1947, il crée les Expéditions polaires françaises Missions Paul-Émile Victor, qu'il dirige jusqu'en 1976, conduisant de nombreuses expéditions au Groenland et en terre Adélie. À partir de 1962, il organise aussi de multiples activités pour la défense de l'homme et de l'environnement. Il prend sa retraite en Polynésie française. Il a écrit une quarantaine d'ouvrages racontant ses expéditions et la vie des Esquimaux : Boréal, 1938 ; Banquise, 1939 ; la Grande Faim, 1953 ; Eskimos, nomades des glaces, 1972 ; Chiens de traîneaux, 1974 ; la Vie des Eskimos, 1975 ; À l'assaut du pôle Nord, 1976 ; Blizzards, aventures par − 50°, 1982 ; etc. → Institut polaire français Paul-Émile Victor.
En bref
Rien de ce qui est polaire n'est resté inconnu à l'explorateur français Paul-Émile Victor : à l'étude ethnographique des Inuit, qu'il a menée avant la Seconde Guerre mondiale, succède l'étude géophysique du milieu polaire, et en particulier des inlandsis groenlandais et antarctique. Pour mener à bien ces travaux, il crée, en 1947, avec le soutien du gouvernement français, les Expéditions polaires françaises, structure qui permet d'assurer la logistique et le financement des missions de recherche scientifique dans ces zones hostiles. Toujours à l'intersection de la science, de l'exploration et de la transmission culturelle, Paul-Émile Victor a su, par son talent et un travail incessant de vulgarisation, intéresser l'opinion publique française aux régions polaires, à leur importance dans l'explication des phénomènes géophysiques globaux, à leurs habitants, aux expéditions dans ces zones et à leur histoire. Il a fait rêver plusieurs générations tout en faisant de sa vie une œuvre. Né le 28 juin 1907 à Genève, Paul-Émile Victor est issu d'une famille d'origine juive d'Europe centrale. Il grandit à Saint-Claude Jura, où son père possède et dirige une fabrique de pipes. Durant la Première Guerre mondiale, l'arrestation de son père pour prétendu trafic avec l'ennemi marque le jeune Victor : elle ancre en lui une haine viscérale de la guerre et du nationalisme européen, ce pacifisme se doublant d'un refoulement de ses origines. En 1919, la famille Victor s'installe à Lons-le-Saunier. Une éducation protectrice et puritaine favorise chez l'adolescent une tendance à la solitude rêveuse : il aime à se retirer dans sa mansarde sous les toits, pour y lire des romans d'aventures, y rêver de voyages en Polynésie ou en Arctique, y dessiner ou y écrire des poésies. Mais il aime aussi la vie en groupe et en plein air : Tigre souriant chez les Éclaireurs de France, il conservera toute sa vie une passion pour le scoutisme, un des éléments de sa vocation d'explorateur. La Mansarde. Vents du nord, vents du sud 1981 est, à soixante ans de distance, le récit autobiographique de ces années d'enfance et de formation. Vocation ? Une dialectique entre désir de partir et devenir naturel de petit-bourgeois destiné à reprendre l'entreprise paternelle est à l'œuvre chez le jeune homme. Il intègre en 1925 l'École centrale de Lyon, qu'il quitte en 1928 pour s'engager dans la marine marchande. Désillusion : la réalité de cette dernière est loin des romans de Conrad, de même que le service militaire, qu'il effectue dans la Royale en 1929-1930, ne lui permet pas de voir du pays. Intégrant l'usine paternelle, Victor devient, entre 1930 et 1933, le fils Victor, successeur de son père, statut d'industriel qu'il refuse, reprenant ses études en septembre 1933. Que faire pour partir, mais de manière constructive, pour réussir peut-être, tout en ne suivant pas les traces de son père ? De l'ethnologie. Dans la France coloniale de l'entre-deux-guerres, la science des attirantes sociétés primitives s'épanouit comme discipline autonome et humaniste. Les différentes missions ethnographiques des élèves de Marcel Mauss et de Paul Rivet couvrent le monde entier : Dakar-Djibouti 1931-1933 avec Marcel Griaule, le Brésil 1934-1939 avec Claude Lévi-Strauss, le Mexique 1932-1940 avec Jacques Soustelle.... Toutes ces expéditions alimentent en articles les revues et en objets le musée d'ethnographie du Trocadéro, à Paris, fondé en 1878 et qui deviendra le Musée de l'homme en 1937. Victor suit cette voie : mais où partir ? La rencontre avec l'explorateur Jean-Baptiste Charcot au début de 1934 est déterminante : il partira au Groenland, pour y étudier les Ammassalimiut, une population eskimo on ne disait pas encore inuit isolée sur la côte est et alors encore relativement méconnue. Le Pourquoi-pas ? du commandant Charcot dépose à Ammassalik, en août 1934, pour une durée d'un an, les quatre du Groenland : Paul-Émile Victor, chef de mission et ethnographe, Robert Gessain, anthropologue, Michel Perez, géologue et Fred Matter, cinéaste. P.E.V. comme on le surnomme, bon dessinateur et doué pour les langues, suit le programme et la méthode de Mauss : être curieux de tout, tout noter, tout dessiner et tout photographier, afin de comprendre tous les aspects de la société analysée, de la vie matérielle techniques du corps, habitat, alimentation à la vie spirituelle légendes, contes, chamanisme, en passant par les techniques de transport et de chasse. Au-delà de l'enquête et des objets rapportés, Victor est fasciné par la civilisation du phoque qu'ont constituée ces nomades et par leur faculté d'être heureux en satisfaisant un petit nombre de besoins essentiels. Au cours de ce premier hivernage, une véritable vocation polaire naît chez lui, se substituant au simple désir de fuir l'Europe en voyageant. De retour en France en septembre 1935, P.E.V. ne songe qu'à repartir. Son idée : traverser la calotte glaciaire du Groenland en traîneaux à chiens. C'est la TransGroenland, qu'il réalise l'année suivante, d'ouest en est, avec Gessain, Perez et l'archéologue danois Eigil Knuth, sur les traces du Norvégien Fridtjof Nansen, du Groenlandais Knud Rasmussen ou de l'Allemand Alfred Wegener. Sous l'ethnographe perce l'explorateur : cet exploit sportif – 45 jours de lutte acharnée contre les blizzards et les glaces de calotte du Groenland – est aussi le prélude à l'exploration scientifique du Groenland qu'il organisera après la Seconde Guerre mondiale. Au terme de cette traversée, Victor hiverne une deuxième fois, avec une famille inuit, à Kangerlugssuatsiak, à 200 kilomètres au nord d'Ammassalik. Pendant un an, il vit « comme un Eskimo parmi les Eskimo, chassant et explorant l'arrière-pays, complétant surtout ses enquêtes ethnographiques. Pour lui, l'ethnographie doit être participante et même amoureuse il aura une liaison avec une jeune Inuit : pour étudier les Ammassalimiut, il faut vivre avec et comme eux, utiliser leurs techniques, conduire le traîneau ou le kayak, s'assimiler au groupe afin de devenir invisible. De retour en France en octobre 1937, il mène de front cursus ethnographique et carrière d'explorateur : conférences, articles pour le grand public, publication de son journal d'expédition Boréal, 1938 ; Banquise, 1939, introduction des techniques inuit en France raid transalpin en traîneaux à chiens, 1938, étude ethnographique en Laponie 1939. Sur le plan tant scientifique que médiatique, c'est donc une prometteuse carrière d'ethnographe-explorateur, qu'interrompent la guerre et la mobilisation. Agent de renseignement et officier de liaison avec la Finlande en guerre contre l'Union soviétique, c'est de Stockholm que P.E.V. assiste à la débâcle de l'armée française en juin 1940. Son pacifisme humaniste, ses origines juives, le désir de poursuivre sa carrière : tout pousse Victor à faire, lors de son retour en France en octobre 1940, le choix de l'émigration. L'Instruction publique le charge de poursuivre ses recherches ethnographiques et d'étudier les mouvements de jeunesse aux États-Unis. Après avoir passé deux mois au Maroc et six en Martinique, il arrive à New York en juillet 1941 et s'engage en 1942 dans l'U.S. Air Force. Ses compétences polaires y font merveille à partir de 1943 : il rédige des manuels polaires, devient instructeur polaire, puis conseiller arctique pour la création, la formation et l'entraînement de trois escadrilles de recherche et de sauvetage aux avions en difficulté. De retour en France en décembre 1944, P.E.V. vit entre la France et les États-Unis. Sa démobilisation est suivie de près par son mariage, en 1946, avec Éliane Decrais – Éliane Victor fera carrière à la télévision –, dont il aura trois enfants.
Sa vie
Paul-Émile Victor naît le 28 juin 1907 à Genève en Suisse. Il est fils d'Éric et Laure Victor, issus d'un milieu aisé d'origine juive de Bohême. Sa sœur Lily naît le 30 novembre 1908. Il passe une partie de son enfance à Saint-Claude dans le Haut-Jura où son père possède une usine de pipes, l'usine Victor. 1919 : Ses parents déménagent à Lons-le-Saunier, toujours dans le Jura, où son père crée une nouvelle usine de pipes la fabrication de stylos viendra s'y ajouter plus tard. Très jeune, Paul-Émile se réfugie dans le grenier, loué avec l'appartement de la Villa Bernard, propriété de la famille Bernard-Genin où il se plonge dans une collection de livres et de revues, d'affiches et de récits d'aventures, d'exploration et d'ethnologie, qui éveillent en lui des rêves et la passion des voyages polaires et polynésiens. Il entre alors aux Éclaireurs de France dont il sera responsable local et avec qui il gardera des liens jusque vers 1964. 1925 : il obtient un baccalauréat math-philo puis poursuit une formation d’ingénieur à l'École centrale de Lyon qu'il quitte en fin de troisième année sans diplôme, pour passer et réussir le concours d'entrée de l'École nationale de navigation maritime de Marseille où il entre en tant qu'élève officier, puis il fait son service militaire comme aspirant dans la Marine nationale. Ces deux expériences le déçoivent de la Marine dont il se faisait une idée plus poétique. 1931 : il obtient un brevet de pilote d'avion. 1932 et 1933 : Il est employé aux établissements Victor mais rapidement, son désir d'aller explorer les îles polynésiennes l'en détourne. 1933 : à 26 ans, il est licencié ès lettres et licencié ès sciences de l'Institut d'ethnographie du Trocadéro de Paris
Premières expéditions au Groenland 1934-1939
Matériel d'exploration de PEV au Centre polaire Paul-Émile-Victor de Prémanon dans le Jura 1934 : à la suite d'une rencontre décisive avec le célèbre et très médiatique commandant et explorateur polaire français Jean-Baptiste Charcot, il organise sa première expédition polaire avec le Musée d'Ethnographie du Trocadéro de Paris et le directeur de ce musée, Paul Rivet avec qui il s'embarque sur le Pourquoi-Pas ? du célèbre commandant. Il se fait débarquer avec trois compagnons, l'anthropologue Robert Gessain, le géologue Michel Perez et le cinéaste Fred Matter sur la côte est du Groenland pour sa première expédition polaire chez les Eskimos inuits de la ville d'Ammassalik. Au cours de cette première année passée avec les inuits, il apprendra à parler couramment leur langage. 1935 : à son retour en France, fort de son aura et de son sens de la communication exceptionnels, il acquiert du succès et de la notoriété médiatique grâce à de nombreuses conférences et articles dans des revues diverses sur ses aventures. 1936 : Il réalise l'exploit de traverser le Groenland en traîneaux à chiens, d'ouest en est, avec ses compagnons Robert Gessain, Michel Perez et le Danois Eigil Knuth. Arrivé à l'est, il reste quatorze mois seul à Kangerlussuatsiaq au sein d'une famille Inuits « comme un eskimo parmi les eskimo ». Aventure durant laquelle il a une liaison avec Doumidia, une jeune inuit. Les populations Inuits sont restées peu connues avant les récits des premiers explorateurs À son retour en France, il rencontre un nouveau grand succès médiatique et scientifique grâce à ses nombreuses conférences et articles de presse et de revue diverses et publie pour le Musée de l'Homme les résultats de son étude ethnologique et ses nombreuses notes et dessins sur la culture traditionnelle groenlandaise entièrement organisée autour du phoque. 1938 : avec Michel Perez et le commandant Flotard armée des Alpes, il effectue un raid transalpin Nice / Chamonix en traîneaux à chiens pour démontrer, avec succès, que les techniques polaires peuvent pallier les problèmes de transport d'hommes et de matériel en cas d'hiver rigoureux. 1939 : il réalise une étude ethnologique en Laponie norvégienne, finlandaise, suédoise avec les docteurs Michel Latarjet et Raymond Latarjet.
Un nouvel élan : la création des Expéditions polaires françaises
Marquant la fin de sa période ethnographique, la guerre est un tournant majeur dans la vie de P.E.V. Le progrès des techniques polaires permet désormais de continuer par d'autres voies l'exploration d'un Groenland que la guerre froide et le développement des lignes aériennes rendent stratégique et dont la calotte glaciaire est encore assez largement méconnue : on ne sait alors pas grand-chose de sa physiologie, de sa dynamique ou de sa météorologie. Pour réaliser ce programme, l'ingénieur P.E.V. a une idée logistique innovante : l'emploi de véhicules chenillés ravitaillés par les airs et suffisamment robustes pour transporter les instruments nécessaires. Toutefois, obtenir le financement d'une telle expédition dans la France de l'immédiat après-guerre est une gageure. De nombreuses démarches et une habile campagne de presse ne suffisent pas, et c'est l'adjonction – dans un contexte de ruée internationale sur l'Antarctique – d'une expédition scientifique visant à réaffirmer la souveraineté de la France sur la terre Adélie qui permet à Victor d'emporter la décision du gouvernement : le 28 février 1947 sont créées les Expéditions polaires françaises missions Paul-Émile Victor. 1948-1953, c'est la période héroïque : tout en supervisant les expéditions antarctiques, P.E.V. est surtout actif au Groenland. Coordonnant les groupes de véhicules qui traversent l'inlandsis, planifiant le support aérien, effectuant les calculs logistiques et financiers, prenant les décisions importantes, il permet par son action, en bon « soutier » de la recherche polaire, aux sismiciens et aux gravimétristes de mesurer l'épaisseur des glaces, aux glaciologues d'étudier les mouvements de celles-ci, aux météorologues d'effectuer leurs mesures. Mobilisateur d'énergies, il réussit à regrouper autour du projet E.P.F. les autorités françaises, de grands scientifiques, des spécialistes polaires, des techniciens, l'armée et la marine, la presse et l'opinion publique. Organisateur, il fait les démarches pour obtenir de l'argent, nerf des expéditions, recrute le personnel, supervise l'achat du matériel. Communicateur, ses talents d'orateur ou de vulgarisateur, son goût pour la représentation font de lui à la fois le héros et le héraut médiatique idéal. Entrepreneur d'expéditions autant qu'explorateur, il est le chef d'une équipe compétente : Robert Guillard, le spécialiste des pôles, Gaston Rouillon, l'organisateur, et Jean Vaugelade, l'administrateur. À partir de 1954-1955, les expéditions polaires s'internationalisent. Au nord, l'Expédition glaciologique internationale au Groenland E.G.I.G. – pendant polaire de la construction européenne – regroupe, sous la direction logistique de P.E.V. et des E.P.F., des scientifiques européens dans la poursuite de l'étude géophysique de l'inlandsis groenlandais. Les principales campagnes de l'E.G.I.G. ont lieu en 1959-1960, puis en 1967 – 1968. Au sud, l'Année géophysique internationale A.G.I. de 1957-1958 –durant laquelle Victor est le président du sous-comité antarctique français – marque le début d'une étude scientifique coordonnée de l'Antarctique. L'A.G.I., au cours de laquelle P.E.V. se rend pour la première fois en terre Adélie, trouve un prolongement politique dans le traité de l'Antarctique de 1959 qui réserve le continent blanc à la recherche scientifique. Usant de son influence, P.E.V. obtient la pérennisation des expéditions antarctiques françaises et des E.P.F., pôle technico-logistique d'un système antarctique français dont le Comité national français des recherches antarctiques C.N.F.R.A. est le pôle scientifique, et les Terres australes et antarctiques françaises T.A.A.F. le pôle politico-administratif.
Pilote de l'US Air Force 1941-1946
1939 : lors de la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé dans la marine française basée à Stockholm en Suède, il est à la fois officier de renseignement et officier de liaison avec la Finlande alliée jusqu'à l'armistice de 1940. Il quitte la France à l'automne 1940 et séjourne au Maroc puis en Martinique dans le cadre de missions ethnologiques, et arrive aux États-Unis en juillet 1941. 1942 : il s'engage dans l'US Air Force aux États-Unis comme lieutenant-instructeur, pilote et parachutiste. Il devient par la suite commandant d'une des escadrilles recherche et sauvetage de pilotes perdus en milieu polaire pour l'Alaska, le Canada et le Groenland et obtient à ce titre la double nationalité française et américaine. 1946 : il est démobilisé en juillet et se marie le 30 juillet, avec Éliane Decrais dont il a un premier fils le 30 mai 1947, Jean-Christophe, puis les jumeaux Stéphane et Daphné le 6 novembre 1952.
Chef des Expéditions polaires françaises 1947-1976
1947 : le 28 février, après 13 ans d'exploration et d'ethnologie, Paul-Émile Victor s'oriente dans la direction des expéditions scientifiques en créant les Expéditions Polaires Françaises - EPF - Missions Paul-Émile Victor grâce à son fantastique charisme, à son don pour les relations publiques et avec l'appui entre autres des médias, du gouvernement et du député et ministre André Philip. 1947 à 1976 : Paul-Émile Victor dirige les Expéditions polaires françaises. Au cours de ces 29 ans, 150 expéditions sont menées, dix-sept d'entre elles qu'il vit et dirige personnellement en terre Adélie en Antarctique et quatorze au Groenland en Arctique avec, entre autres, comme caméraman Samivel. Il est également chef de l'Expédition glaciologique internationale au Groenland EGIG, président du Scientific Committee on Antarctic Research SCAR, président du Comité antarctique français pour l'Année géophysique internationale AGI. 1956 : premier voyage de Paul-Émile Victor en terre Adélie et installation, 3 ans plus tard, de la base antarctique Dumont d'Urville et de la base Charcot 320 km vers l'intérieur du continent Antarctique. Pour progresser sur les zones glaciaires il fait fabriquer par l'intermédiaire de la Someto des chenilles spéciales dessinées par M. Cousin. 1962 : à partir de cette date, il organise de multiples activités sur la défense de l'homme et de son environnement et devient en 1968 délégué général de la Fondation pour la Sauvegarde de la Nature, créée par Louis Armand. 1965 : le 1er mars, il épouse en secondes noces Colette Faure, une hôtesse de l'air qui vit dans une péniche voisine de la sienne, amarrée sur la Seine à Paris, dont il a un fils : Teva3, né le 30 septembre 1971. 1974 : il crée le « Groupe Paul-Émile Victor pour la défense de l'homme et de son environnement avec notamment, Jacqueline Auriol, Alain Bombard, Jacques-Yves Cousteau, Haroun Tazieff, les professeurs Louis Leprince-Ringuet et Jacques Debat, groupe dont les travaux fourniront la matière de son livre Jusqu'au cou... et comment s'en sortir publié en 1979 chez Nathan, où il aborde ce que l'on appelle aujourd'hui le Développement durable dans une perspective globale et pratique. 1976 : à 69 ans, il prend sa retraite et transmet la direction des EPF à ses compagnons, notamment Gaston Rouillon, et devient membre du Conseil consultatif des TAAF Terres australes et antarctiques françaises.
Une vie après les pôles
Au début des années 1960, la vie personnelle de P.E.V., qui se remarie en 1965 avec Colette Faure, se réorganise. Bien qu'il ne dirige plus d'expéditions sur le terrain, il reste très actif dans le domaine polaire : direction des E.P.F., poursuite de l'E.G.I.G., séjours fréquents en terre Adélie – où les recherches scientifiques s'intensifient dans la base Dumont d'Urville rénovée –, publication de nombreux ouvrages autobiographiques et de vulgarisation. P.E.V. investit dans l'écologie la légitimité scientifique et la notoriété qu'il a acquises dans le domaine polaire. Devenant un des pionniers de sa diffusion en France, Victor conçoit l'écologie comme une science au service de l'homme. Homme d'action, son engagement est avant tout pratique : travaux de la Commission des loisirs et des sports de plein air, campagnes d'information sur l'eau ou les forêts par le Groupe Paul-Émile Victor pour la défense de l'homme et de son environnement, créé en 1974 avec notamment Alain Bombard, Jacques-Yves Cousteau, Haroun Tazieff, Louis Leprince-Ringuet. C'est en vieux sage que P.E.V. termine sa vie en polynésie, à Bora Bora, où il s'installe en 1976. Dessinant et peignant beaucoup, écrivant toujours, il n'est pas retiré du monde. La redécouverte de ses notes ethnographiques prises de 1934 à 1937, et leur publication sous le titre La Civilisation du phoque publié en 1989 lui apportent la reconnaissance scientifique attendue depuis si longtemps. Couvert d'honneurs, P.E.V. meurt en mars 1995 à Bora Bora. En 2000, l'Institut français pour la recherche et les technologies polaires, successeur logistique des E.P.F. depuis 1992, devient l'Institut polaire français Paul-Émile Victor, hommage mérité à l'homme dont l'action a permis l'institutionnalisation de la recherche scientifique française dans les régions polaires. Thierry Fournier
Retraite en polynésie 1976-1995
Bora Bora où demeure Paul-Émile Victor de 1977 à sa mort 1977 : à 70 ans, il réalise son second rêve d'adolescent avec sa femme Colette et leur fils, ils s'installent sur leur motu vierge en Polynésie française, le Motu Tane l'île de l'homme en langue tahitienne où il passe sa retraite à rédiger ses mémoires, des articles... tout en jouant encore à l'occasion de son énorme aura médiatique dans des causes diverses et en recevant le gotha scientifique planétaire de passage dans son île paradisiaque. 1987 : pour fêter ses 80 ans, il retourne en février en terre Adélie accompagné de quatre adolescents puis en avril-mai au pôle Nord avec l'expédition polaire en ULM de Hubert de Chevigny et Nicolas Hulot. Les quatre adolescents étaient son fils de 15 ans et trois étudiants français qui ont gagné un concours organisé par les Explorations polaires françaises et le journal Science et Vie. Philippe Castellant, 11 ans a gagné le premier prix. Les autres étaient Thomas Justin, 16 ans et Stéphanie Chiron, 15 ans. source: La Depêche du Midi 27-2-1987 et The Mercury, Hobart, l'Australie 5-2-1987 1988 : il est frappé par un accident vasculaire cérébral sur son île qui le paralyse à moitié, mais dont il récupère en grande partie. 1989 : création par son ami jurassien Pierre Marc et inauguration du musée polaire Paul-Émile-Victor à Prémanon, près des Rousses à 30 km de Saint-Claude dans le Jura franc-comtois de son enfance où il effectue de nombreux séjours lorsqu'il est en France. Ce musée devient en 1998 le Centre polaire Paul-Émile-Victor . 1995 : le 7 mars, il disparaît sur son île de Bora-Bora à l'âge de 87 ans et, selon ses dernières volontés, est immergé en haute mer avec les hommages de la Marine nationale à bord du bâtiment de transport léger de classe Champlain Dumont d'Urville. Paul-Émile Victor est l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages scientifiques, techniques, de vulgarisation et d'aventures, et de très nombreuses revues et articles. Il obtient le prix de l'Académie française en 1973 pour l'ensemble de son œuvre littéraire, la grand-croix de la Légion d'honneur et le titre de Satrape du Collège de 'Pataphysique.
Musée
Centre polaire Paul-Émile-Victor de Prémanon, un des quatre villages de la station des Rousses, dans le département du Jura.
Citations
Ce n'est pas ce que nous sommes qui nous empêche de réaliser nos rêves ; c'est ce que nous croyons que nous ne sommes pas. -L’aventure est un état d’esprit. Elle se trouve dans le cœur de l’homme. L’aventure, c’est être capable de refuser son destin, être prêt à partir à tout moment, concevoir encore et toujours de nouveaux projets, ne pas être assis, c’est en un mot vivre sa vie et la construire. -Parmi mes semblables, je me croyais un autre. Parmi les Eskimos, je me sentais l'un des leurs. [...] J'avais appris à être un homme. J'étais devenu un homme. -La nostalgie, c'est quelque chose qui vous grignote, qui vous amoindrit, c'est quelque chose qui est basé sur le passé, on vit pas dans le passé et les gens qui vivent dans le passé comme je dis sont des vieux. On vit demain, après demain, ou pour dans 50 ans, moi je vis pour dans 500 ans. -Il y a une chose dont je suis absolument certain, c'est que si on se prend au sérieux, on ne peut pas faire de travail sérieux. Pour faire du travail sérieux, il ne faut pas se prendre au sérieux, car c'est le seul moyen d'avoir la possibilité de faire une auto-critique. Et si on se prend au sérieux, on ne fait pas d'auto-critique. -Les vieux aventuriers ne meurent pas, ils disparaissent, ils s'évanouissent... -La seule chose promise d'avance à l'échec, c'est celle que l'on ne tente pas. -Nous n'avions pour eux aucune haine. Ils faisaient métier de loups comme nous faisions métier d'hommes. Ils étaient créatures de Dieu. Comme nous. Ils étaient nés prédateurs. Comme l'homme. Mais ils étaient restés prédateurs, alors que l'homme était devenu destructeur.
Œuvres écrites par Paul-Émile Victor
1938 : Boréal - récit - Grasset 1939 : Banquise - récit - Grasset 1939 : Jeux de ficelle chez les lapons nord occidentaux, Stockholm - publication scientifique, ethnographie 1940 : Jeux de ficelle des eskimos d'Angmagssalik, Copenhague - publication scientifique, ethnographie 1941 : La Poterie pré-caraïbe à la Martinique - publication scientifique, ethnographie 1942 : Polar survivol, US Air Force - publication technique 1942 : Polar technics, US Air Force - publication technique 1948 : Coutumes et techniques de la piste blanche - ethnographie 1948 : Apoutsiak, le petit flocon de neige - album pour enfants - Flammarion 1949 : Techniques; chasse, piégeages, pêche, pour survivre dans les régions polaires 1949 : Aventure esquimau 1951 : Poèmes esquimau - Seghers 1951 : Groenland - Arthaud 1953 : La Grande faim - Julliard - récit ethnographique 1953 : Glaciology of the Groenland ice-cap, Georgetown University USA - glaciologie 1956 : Les Explorations polaires - Nouvelle librairie de France 1958 : Pôle Sud - Hachette 1958 : Progrès des techniques polaires - Nathan 1960 : Aventures aux pôles - Ima 1960 : Les Glaces - Larousse 1961 : La Voie lactée - Julliard 1962 : Biologie antarctique et logistique - EPF 1962 : L'Homme à la conquête des pôles - Plon - histoire 1963 : Pôle Nord - Hachette 1963 : À l'assaut des pôles - RST 1963 : Aventures aux quatre coins du monde - Ima 1963 : Pilote de terre Adélie - EPF 1966 : Tahiti - Hachette 1967 : Pôle Nord - Pôle Sud - histoire géographie 1968 : Sur la piste blanche - Laffont 1971 : Terres polaires, terres tragiques - Plon - récit historique 1972 : Eskimos, nomades des glaces - Hachette - récit ethnologique 1973 : Smoke Adaptation 1974 : Chiens de traîneaux - Flammarion - récit et technique 1974 : La prodigieuse histoire des pôles - Nathan - géographie, histoire naturelle 1975 : Mes aventures polaires - G .P. Paris 1975 : S.eau.S - écologie 1975 : La Vie des eskimos - Nathan - récit ethnographique 1976 : À l'assaut du pôle Nord - Gallimard - récit 1977 : Du Groenland à Tahiti - Nathan 1977 : Les Survivants du Groenland - Laffont - récit historique 1978 : Protégeons l'eau - Nathan - écologie 1979 : Jusqu'au cou - et comment s'en sortir - Nathan - écologie 1980 : Les Loups, avec Jean Larivière - Nathan - récit zoologique 1981 : La Mansarde - Stock - autobiographie 1982 : Blizzards, aventures par moins 50° - Fayard - récit historique 1982 : Doumidia, Grasset - récit autobiographique et ethnologique 1983 : Les Pôles et leurs secrets - Nathan - géographie pour les jeunes 1987 : L'Iglou - Stock - autobiographie ethnologie 1988 : Eskimo - Stock - album photos ethnographiques d'Ammassalik 1934-1937 1989 : La Civilisation du phoque, avec Joëlle Robert-Lamblin, tome 1 1990 : L'Empire des loups - avec Jean Larivière - récit zoologique 1991 : Premières expéditions au Groenland - Nathan 1991 : Chants d'Ammassalik, avec Catherine Enel et Élisa Maqe - ethnographie 1992 : Mémoires d'un humaniste - éditions Agep - autobiographie 1992 : Planète Antarctique, avec Jean-Christophe Victor - Robert Laffont - géopolitique 1993 : La Civilisation du phoque, avec Joëlle Robert-Lamblin, tome 2 1993 : Chiens Arctiques - Arthaud - récit zoologique 1995 : Ah ! que le monde est beau ! - poèmes inuit mis en vers français par Jean Lescure - Proverbe 1995 : Nanouk l'eskimo 1995 : Dialogues à une voix - Laffont 2005 : Coffret Œuvres autobiographiques - 3 livres - Transboréal 2005 : Poèmes eskimo - Seghers Jeunesse 2005 : Le Génie des loups - Éditions de Monza 2006 : Paul-Émile Victor, voyages d'un humaniste - dessins, croquis, peintures - Ouest-France 2007 : Adieu l'Antarctique, réédition avec mise à jour de Planète Antarctique - Robert Laffont 2008 : Pouyak, la petite fille eskimo qui jouait à la poupée tout le temps - album pour enfants - Transboréal
Établissements et voies baptisés Paul-Émile Victor
Jetée Paul-Emile-Victor à Ouistreham 14 Rue Paul-Emile-Victor Ouistreham 14 Rue Paul-Emile-Victor à Arnieres sur Iton 27 Rue Paul-Emile-Victor à Fouras 17 Rue Paul-Emile-Victor à La Rochelle 17 Rue Paul-Emile Victor à Vaux sur Mer 17 Rue Paul-Emile Victor à Trégueux 22 Square Paul-Emile-Victor à Semussac 17 L'école maternelle Paul-Émile-Victor de Longvic 21 Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Port-en-Bessin-Huppain 14 Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Saint-Grégoire 35 Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Vieillevigne 44 Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Lyon 69008 L'école élémentaire Paul-Émile-Victor de Gap 05 Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Baisieux 59 L'école élémentaire Paul-Émile-Victor de Cesson 77 L'école élémentaire Paul-Émile-Victor de Dissay 86 L'école primaire Paul-Émile-Victor d'Epinal 88 Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor d'Ercé-près-Liffré 35 Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Gigean 34 Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Montpon-Ménestérol 24 Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Ploneïs 29 Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Riantec 56 Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Saulnières 28 Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Saint-Georges-de-Pointindoux 85 Le Groupe scolaire Paul-Émile-Victor de Saint-Jean-Brévelay 56 Le collège Paul-Émile-Victor d'Agde dans l'Hérault 34. Le collège Paul-Émile-Victor de Rillieux-la-Pape dans le Rhône 69 Le collège Paul-Émile-Victor de Mundolsheim près de Strasbourg 67 Le collège Paul-Émile-Victor de Cranves-Sales près d'Annemasse 74 Le collège Paul-Émile-Victor de Château-Gontier 53 Le collège Paul-Émile-Victor de Branne 33 Le collège Paul-Émile-Victor de Corcieux 88 Le collège Paul-Emile-Victor de Vidauban 83 Le lycée des métiers Paul Emile Victor d'Obernai en Alsace 67 Le lycée professionnel Paul-Émile-Victor d'Avrillé en Maine-et-Loire 49 Le lycée général et professionnel Paul-Émile-Victor d'Osny dans le Val-d'Oise 95 Le lycée polyvalent Paul-Émile-Victor de Champagnole dans le Jura 39 La médiathèque Paul-Émile-Victor d'Availles-en-Châtellerault 86 La bibliothèque municipale Paul-Émile-Victor de Clouange 57 La M.J.C. Paul-Émile-Victor de Lons-le-Saunier 39 La Maison pour tous Paul-Émile-Victor de Montpellier 34 Le Centre sportif Paul-Émile-Victor d'Aulnay-sous-Bois 93 Le Complexe sportif Paul-Émile-Victor de Champigny-sur-Marne 94 Le Complexe sportif Paul-Émile-Victor d'Ergue-Gaberic 29 La Résidence Paul Émile Victor à Marseille à côté de l'ENSM École de la Marine Marchande) qui héberge des promotions d'élèves officiers La promotion 1994 de Sciences Po Rennes porte son nom.
Il existe depuis 2008 une place Paul-Émile-Victor dans le 8e arrondissement de Paris.
Filmographie
Quatre du Groenland, film de l'expédition de 1936 30', réalisé par Fred Matter Dans les pas de Paul-Emile Victor, l'aventure polaire, film documentaire 52', réalisé par Stéphane Dugast Paul-Emile Victor, Voyages d'un Humaniste, film documentaire de Aubin Hellot 1999 La vie des Français en terre Adélie, film documentaire sur son dernier voyage en terre Adélie, et ses adieux aux expéditions polaires 1976, réalisé par Jacques Ertaud
Iconographie
Chez les Eskimo avec Paul-Emile Victor et Robert Gessain, Editions du Museum national d'histoire naturelle, 1989. Sélection d'objets et documents rapportés lors des expéditions de 1934-1936.
[img width=600]http://images.delcampe.com/img_large/auction/000/147/611/136_001.jpg?v=1[/img] Teiva Victor fils de Paul-Emile Victor à Bora-bora Polynésie
Posté le : 27/06/2015 23:19
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