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L'éclipse du 30 Juin 1973
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Le 30 Juin 1973 eut lieu l'éclipse du siècle


Une éclipse de Soleil se produit lorsque la Lune se trouve entre le Soleil et la Terre, ce qui ne peut se passer que lors d'une nouvelle Lune. Une partie de la Terre se trouve alors dans l'ombre ou la pénombre de la Lune.
Une éclipse de Lune se produit lorsque la Terre se trouve entre le Soleil et la Lune, ce qui ne peut se passer que lors d'une pleine Lune. La Lune se trouve alors dans l'ombre de la Terre.

Ombre et pénombre.

Une éclipse peut être totale ou partielle.
Lorsque la source de lumière est entièrement bloquée par l'objet éclipsant, on parle d'éclipse totale.
Si l'objet éclipsant ne bloque pas entièrement la lumière provenant de la source, on parle d'éclipse partielle.
NB : Une éclipse annulaire est un cas particulier d'éclipse partielle où les trois objets concernés sont parfaitement alignés, mais où l'objet éclipsant est trop petit (ou l'objet éclipsé trop gros) pour bloquer complètement la source de lumière : il reste alors un anneau lumineux encore visible.
C'est une situation relativement fréquente pour les éclipses de Soleil car, bien que par coïncidence, la Lune et le Soleil aient quasiment la même taille apparente vus de la Terre, selon leurs distances respectives à la Terre, une faible différence de diamètre apparent, de l'ordre de quelques % est perceptible.
À partir de la Terre, une éclipse n'est possible que lorsque le Soleil, la Lune et la Terre sont alignés.
Si le plan de l'orbite de la Lune coïncidait avec celui de la Terre, appelé l'écliptique, il y aurait une éclipse de Soleil et une éclipse de Lune chaque mois synodique lunaire. Comme ces deux plans sont inclinés d'un angle de 5°09', il faut que la Lune soit à proximité d'un des deux points d'intersection de ces plans, points appelés nœuds, pour qu'une éclipse puisse se produire.
Pour une éclipse totale de Lune, l'écart entre la Lune et un nœud ne doit pas dépasser 4,6°, pour une éclipse partielle de Soleil, cet écart peut aller jusqu'à 10,3°.


Phases générales d'une éclipse solaire

Le commencement de l'éclipse totale est l'instant où le cône de pénombre de la Lune commence à balayer le disque terrestre.
Le commencement de l'éclipse totale ou annulaire est l'instant où le cône d'ombre de la Lune commence à balayer le disque terrestre.
Le commencement de la centralité est l'instant où l'axe du cône d'ombre de la Lune commence à balayer le disque terrestre.
Le maximum de l'éclipse est l'instant où la grandeur de l'éclipse est maximale (l'instant où la plus grande surface terrestre est dans l'ombre).
La fin de la centralité est l'instant où l'axe du cône d'ombre de la Lune termine de balayer le disque terrestre.
La fin de l'éclipse totale ou annulaire est l'instant où le cône d'ombre de la Lune termine de balayer le disque terrestre.
La fin de l'éclipse générale est l'instant où le cône de pénombre de la Lune termine de balayer le disque terrestre.
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Phases locales d'une éclipse solaire

On appelle « premier contact » ou « premier contact extérieur » le moment où le disque lunaire commence à empiéter sur le disque solaire.
On appelle « deuxième contact » ou « premier contact intérieur » le moment où le disque lunaire est complètement entouré par le disque solaire (éclipse annulaire) ou le moment où le disque solaire disparaît complètement (éclipse totale).
On appelle « troisième contact » ou « deuxième contact intérieur » le moment où le disque lunaire commence à se dégager du disque solaire (éclipse annulaire) ou le moment où le disque solaire commence à réapparaître (éclipse totale) avec « l'effet diamant ».
Enfin, on appelle « quatrième contact » ou « deuxième contact extérieur » le moment où le disque solaire se détache du disque lunaire.
En France métropolitaine, il faudra attendre 2081 pour observer la prochaine éclipse totale de Soleil.


Phases d'une éclipse de Lune.

Éclipse lunaire.
L'éclipse lunaire est un assombrissement de la Lune, qui se produit lorsqu'elle passe dans le cône d'ombre de la Terre. Elle ne se produit que lors de la pleine lune.
Il y a trois types d'éclipses lunaires :
par la pénombre, lorsque la Lune passe uniquement dans le cône de pénombre de la Terre ;
partielles, lorsque la Lune passe en partie dans le cône d'ombre de la Terre ;
totales, lorsque la Lune passe en totalité dans le cône d'ombre de la Terre.
On appelle « premier contact » ou « premier contact extérieur » le moment où la Lune commence à entrer dans le cône d'ombre de la Terre.
On appelle « deuxième contact » ou « premier contact intérieur » le moment où la Lune entre complètement dans le cône d'ombre de la Terre. C'est le début de la totalité.
Le maximum de l'éclipse est l'instant où la distance angulaire entre le centre du disque lunaire et le centre du cône d'ombre atteint sa plus petite valeur.
On appelle « troisième contact » ou « deuxième contact intérieur » le moment où la Lune commence à sortir du cône d'ombre de la Terre. C'est la fin de la totalité.* Enfin, on appelle « quatrième contact » ou « deuxième contact extérieur » le moment où la Lune sort complètement du cône d'ombre de la Terre.


Cycles

En pratique, de 4 à 7 éclipses de Soleil comme de Lune peuvent se produire annuellement.
Elles se produisent par groupes séparés par un intervalle de 173 jours qu'on appelle année draconitique.
Ces groupes sont constitués d'une éclipse de Soleil ou d'une succession d'éclipses de Soleil, ou bien d'une éclipse de Lune et d'une autre éclipse de Soleil.
Le Soleil et un nœud de l'orbite lunaire se retrouvent dans la même direction tous les 346,62 jours.
19 de ces périodes, soit 6585,3 jours ou 18 ans et 11 jours, ont presque la même durée que 223 mois synodiques lunaires. Ceci veut dire que la configuration Lune-Soleil et les éclipses se répètent dans le même ordre dans le même laps de temps.
Ce cycle est appelé Saros ; contrairement à ce qui est parfois écrit y compris par Edmond Halley lui-même, ce cycle était inconnu des Babyloniens.
Comme la durée exacte de ce cycle n'est pas un nombre entier de jours mais possède un excédent d'environ 1/3 de jour, les éclipses se reproduisent donc selon ce cycle avec un décalage d'environ 8 heures et sont donc visibles à une longitude distante d'environ 120° par rapport à celle du cycle précédent.
Un autre cycle concernant les éclipses est l'Inex. Sa durée est de 358 mois synodiques lunaires (28,9 ans) après lequel les mêmes éclipses se reproduisent quasiment à la même longitude géographique mais à une latitude opposée.

L'éclypse du siècle

L'éclipse solaire du 30 juin 1973 qui a été observée en Afrique, au sud du Sahara, a été appelée l'éclipse du siècle au vu de sa très longue durée. Un film montre l'ampleur des moyens mis en oeuvre par la communauté scientifique internationale, tout en exposant le mécanisme d'une éclipse et son intérêt pour la recherche fondamentale.
L'utilisation du supersonique Concorde 001, spécialement adapté par l'Aérospatiale pour ce vol, a permis d'observer pour la première fois une éclipse pendant 74 minutes et d'assister à la progression de l'ombre de la lune se déplaçant sur la terre. Vues réelles - aériennes - accélérées.

cliquez : Nasa-éclipse solaire
Et là : http://xjubier.free.fr/site_movies/TS ... Concorde_E-Flight_SEM.mp4

Conférence sur la journée du 6 JUIN 1973 :

"Pour cette conférence exceptionnelle, nous accueillons André TURCAT, pilote d’essai qui eut l'honneur de prendre les commandes du premier Concorde sorti des usines de l'Aérospatiale à Toulouse-Blagnac en mars 1969. C'est également lui qui inaugura en octobre 1969 le premier vol supersonique de Concorde.
« Les éclipses de Soleil. Observation de l'éclipse de 1973 depuis Concorde »
Le 30 juin 1973, une éclipse totale de Soleil fut suivie à bord d'un Concorde en vol supersonique. Le Concorde volait dans l'ombre de la Lune presqu'aussi vite que le déplacement de cette ombre à la surface de la Terre, le tout se passant au-dessus de l'Afrique. Pour les astronomes embarqués, ce fut la plus longue éclipse jamais observée : 74 minutes alors que sur terre, la période de totalité ne dure jamais plus de 8 minutes !"


Eclipse totale de Soleil du 30 juin 1973 depuis le vol Concorde 001

Le Concorde 001, piloté par le pilote d’essai André Turcat et spécialement équipé d’appareils de mesures, a suivi l’éclipse totale de soleil du 30 juin 1973 en restant dans le cône d’ombre de la Lune pendant près de 74 minutes.
Afin de bénéficier de l’extraordinaire vitesse de vol de l’avion, les équipes françaises dirigées par Pierre Léna et Serge Koutchmy ainsi que quelques autres ont embarqué à bord du Concorde 001, truffé d’instruments de mesures, de caméras et d’appareils photos, pour suivre l’ombre de la Lune au-dessus du Sahara à la vitesse de Mach 2 (plus de 2.200 km/h) et à l’altitude de 17.000 mètres, et ainsi multiplier par dix la durée de la totalité.
En plongeant dans l’ombre de la Lune à la même vitesse qu’elle, le Concorde allait pouvoir rester dans la nuit ainsi pendant près de 74 minutes, le temps pour les astronomes et physiciens embarqués de faire toutes les expériences qu’ils purent imaginer afin de remplir cette durée de soleil noir incroyable. Ils ont ainsi pu réaliser en une heure et quart ce qui aurait pris plusieurs dizaines d’années à faire en observant une quinzaine d’éclipses totales depuis des lieux qui n’auraient pas forcément bénéficié d’un ciel totalement dégagé.


L'Evénement : Eclipse solaire par André Turcat -

25-03-2008 Le jour où j’ai suivi l’éclipse du soleil en Concorde
Une éclipse est prévue au-dessus de l’Afrique… C’est l’éclipse du siècle parce qu’elle se produira au moment du solstice d’été, ce qui est excessivement rare !

Au début de l’année, un astronome vient trouver André Turcat et lui dit :
« Nous avons calculé que lors de l’éclipse, l’ombre de la lune sur la terre avance à peu près à la vitesse du Concorde, à peine un tout petit peu plus vite. Si vous pouviez la suivre, ça nous permettrait d’étudier une éclipse totale de plus d’une heure, alors qu’observée du sol, comme on l’a toujours fait, une éclipse totale ne dure que trois ou quatre minutes ! »

L’idée fut vite adoptée. Mais pour qu’elle soit réalisable, il fallu fabriquer des hublots sur le toit pour pouvoir observer l’éclipse. Le prototype 001 du Concorde n’avait plus aucune utilité. Ce modèle fut donc transformé pour tenter l’expérience.

Le décollage a lieu le 30 Juin 1973 de Las Palmas. A bord, André Turcat est accompagné d'un groupe de scientifiques Français, Anglais et Américains. Ils rejoignent Fort-Lamy, au Tchad ( qui sera rebaptisé N'Djamena quelques mois plus tard ), en restant dans l’alignement du soleil et de la Lune. Ils partirent avec vingt secondes d’avance, et ils manoeuvreront en l’air pour perdre des secondes. Voler à 18 000 mètres d’altitude et calculer des secondes est extrêmement difficile ! On vole à 600 mètres par seconde : l’avion parcourt un kilomètre en 1, 5 seconde.

Avant d’atteindre le point de départ de l’éclipse, ils ont trois secondes de retard. André Turcat se met au défi de les rattraper ! L’avion joue avec le cosmos, il arrive dans l'ombre à une seconde près.
L’éclipse a déjà commencé, elle les rattrape… et les voici dans l’ombre de la lune ! ils vont voler autour du cercle de la Terre, et ils aperçoivent, à l’horizon, des nuages éclairés par le soleil. Mais eux sont en vol de nuit… L'avion suit l’ombre de la Lune durant 75 minutes.
C’est un vol unique dans l’histoire !

http://www.cerimes.education.fr/articles/article_514/eclipse-73



Les croyances autour des éclipses

Rapport de André Bourgeot chercheur au CNRS attaché au laboratoire d'Abtropologie sociale à Paris.
Afrique saraho-Sahélienne en pays Touareg

« Quand une éclipse de soleil se produit en Ahaggar, les femmes et les enfants sortent et frappent sur des tambourins, des marmites de métal et des plats métalliques. Ils poussent des cris perçants pour que la lune soit effrayée et laisse partir le soleil.
On dit, en effet, que c’est la lune qui a ravi le soleil. Quand il y a une éclipse de lune, la nuit, on agit de même que pour le soleil. On dit que c’est le soleil qui a ravi la lune.
Lorsqu’une éclipse de lune ou de soleil se produit, tout le monde est très troublé ; on dit que c’est la fin du monde qui arrive. »
Ce texte, recueilli au début du siècle par Calassanty de Motylinski et reproduit dans les Textes touarègues en prose, ne correspond plus tout à fait au comportement actuel, aussi nous a-t-il paru intéressant de le mettre en parallèle avec le reportage effectué par A. Bourgeot à l’occasion de l’éclipse totale du soleil du 30 juin 1973.
Le 30 juin 1973, une équipe d’ethnologues a pu observer comment « le soleil a été razzié » en pays touareg.
Ce « pillage » qui a duré sept minutes a vu la victoire finale de l’astre solaire. Le champ de bataille de cette razzia astrale s’étendait entre les 18e et 19e degrés de latitude nord et les 8e et 9e degrés de longitude est, au point de Timilī, en Aïr (Niger) situé dans le kori (oued) du même nom épousant le versant ouest des monts Aroyā situés à environ 200 km au nord d’Agadez.
Le lieu dit Timilī présentait l’avantage d’être éloigné des voies de passage et d’être soustrait aux contacts extérieurs souvent perturbateurs (touristes, administratifs, afflux des observateurs à Timia).
Conditions idéales partiellement oblitérées par l’absence totale d’élément masculin. En effet, Timilī dégagé économiquement des influences agricoles est exclusivement composé d’une vingtaine d’unités de production pastorale constituant des campements de gardiennage (amawel, pl. imawelā).
A ce type de campement particulièrement démuni (strict minimum matériel ainsi qu’en produits de consommation) s’opposent les aghiwā, unités résidentielles où séjourne le reste de la famille qui évolue dans des conditions matérielles normales.
A Timilī, ces « campements de gardiennage » se répartissent en quatre unités distantes les unes des autres de 500 m environ, organisées en arc de cercle orienté selon le cours du kori et gravitant autour du puits. Huttes et troupeaux se fondent dans les bosquets des berges du kori inondées pendant la saison des pluies (juillet-octobre).
La venue des « païens » (les ethnologues) risquait de perturber l’harmonie de ces campements.
Le contact établi, il se poursuit selon une approche non directive afin de tester le degré de pénétration de l’information concernant l’éclipse. Pour ce faire, l’acquisition des termes vernaculaires désignant l’éclipse de lune et l’éclipse de soleil permit de déduire que l’information nous avait précédée et qu’elle avait été largement diffusée par les soins des différentes autorités locales et rapidement colportée de campement en campement. Les chevrières précisèrent le moment (ageldilsit) où se déroulerait l’anebuẓẓ-n-tafuk : la « prise du soleil ».
Les expressions dénommant l’éclipse dans les trois parlers tamašeq suivants renvoient à un même champ sémantique construit sur un sémantème exprimé par la racine des noms d’action :
a) en Aïr (NE. du Niger) : anebuẓẓ-n-tafuk, « le fait d’être pris est celui du soleil » (la prise du soleil). La racine en est le verbe ebuẓẓ : « saisir à pleines mains » ;
b) en Ahaggar (extrême-sud algérien : amihaġ-n-tafuk, « le fait d’être razzié est celui du soleil » (la razzia du soleil), du verbe aheġ (piller) et nom verbal ahlaġ (pillage, razzia) ;
c) en Adġaġ-n-ifoġas (E.N.E. Mali) : ameġi-n-tafuk, « le fait d’être étranglé est celui du soleil » (l’étranglement du soleil), du verbe aġi, étrangler.
Ces trois dénominations traduisent, à des degrés différents, la même notion, celle de surprise violente (saisie, razzia, étranglement) se développant dans une sphère de pensée homogène. Ces terminologies impliquent des nuances engendrées par des pratiques sociales et/ou naturelles spécifiques à ces trois groupements politiques.
1Les rezzou ont été pendant longtemps la caractéristique des guerriers Kel Ahaggar tandis qu’en Aïr, ce qui importait fondamentalement était le butin, la « prise » de guerre. En Adaġ (adġaġ-n-foġas) l’analogie émanerait davantage d’éléments naturels ou animaux. L’éclipse serait le ravin « étranglé » par les montagnes ou bien l’animal domestique (chèvre, âne, chamelon) « étranglé » par l’animal sauvage (hyène, guépard, chacal, etc.). Il se dégage de cette dernière métaphore une distinction pertinente qui caractérise deux notions correspondant à deux pratiques différentes.
En effet, le langage imagé exprime « l’étranglement » du soleil et non pas « l’égorgement » de l’astre des jours.
Les chevrières restent sur place plus tard que d’habitude, pendant que le phénomène est déjà commencé, puis elles se lèvent et décident d’aller abreuver les troupeaux au puits où se trouvent déjà une quarantaine de femmes et d’enfants, c’est-à-dire environ trois fois plus que d’habitude à pareille heure.
La traduction des bandes enregistrées au puits rend compte de nombreux bavardages et commentaires décrivant toutes les activités qui se déroulent directement autour du puits et à proximité de celui-ci. Les réflexions des chevrières ont été sélectionnées à partir de deux critères, à savoir, tout ce qui se dit sur le phénomène et tout ce qui se rapporte aux infidèles, aux « païens », en d’autres termes, aux observateurs.
C’est ainsi que sur 5 h 15 mn d’enregistrement, les chevrières ont consacré environ 30 mn de bavardage à l’éclipse. Même si l’éclipse est entourée d’un mystère angoissant, ce qui compte chez les nomades, c’est le présent. L’attention se cristallise sur l’action présente. Le passé évènementiel est dépourvu d’intérêt à moins qu’il n’alimente des querelles ou des historiettes (tinaqqast). Quant au futur, à quoi bon en parler puisque Dieu seul sait ? Dans ces conditions, il n’est pas surprenant que l’éclipse n’ait pas été le pôle d’attraction et le siège des préoccupations des chevrières.
Les activités se poursuivent normalement autour du puits alors même que l’assombrissement devient perceptible.
L’obscurité s’intensifiant, l’attention des femmes s’est fixée sur un évènement étranger à l’éclipse : trois hommes mettent le feu à un tronc d’arbre mort au creux duquel s’est blottie une vipère. Elles demandent ce que les hommes sont en train de faire. Faut-il y voir un procédé de diversion ? L’hypothèse n’est pas à écarter mais quand on connaît la curiosité aiguë de ces nomades en permanence aux aguets des moindres mouvements, on est en droit de penser que cette diversion n’est pas fondamentale.
L’obscurcissement s’intensifie à l’ouest. A l’écart, une des femmes s’agenouille immobile. Le vent souffle violemment. Le voile sur la tête, prostrée, elle est tournée vers l’ouest.
Bientôt la moitié des femmes s’arrêtent de puiser. La tête et la bouche protégées par le voile, elles s’accroupissent tournées vers l’est, tandis que les autres continuent de puiser et de remplir les outres.
L’occultation est totale. Le soleil est étranglé. Un silence parfait se fige. Seules les ondes déferlantes semblent bruyantes. Elles précipitent dans leur course folle le flot de la vie vers le gouffre béant, inerte, de la fin du monde.
Recroquevillées, entièrement recouvertes de leurs vêtements, certaines femmes se mettent à sangloter, à geindre. Leurs gémissements contagieux modulés et portés par les crescendo et les decrescendo collectifs sont entrecoupés par les recommandations des plus lucides, par les prières des plus conscientes et des plus pieuses. Simultanément, les esprits (kel essuf) prolifèrent et contaminent cinq autres femmes.
Lorsque cesse l’éclipse et que le soleil retrouve son intégrité, chevrières et troupeaux quittent le puits pour se diriger vers les pâturages. La veillée du 30 juin fut animée par des chants et des danses afin, d’une part, de célébrer le retour du soleil et, d’autre part, de chasser les esprits pour calmer les possédées. Le lendemain, 1er juillet, toutes les activités ont repris normalement.
(d’après A. Bourgeot)
On voit que le trouble provoqué par l’éclipse, s’il demeure aujourd’hui réel, est moins profond que dans le passé. Il n’est plus question de fin du monde et le phénomène ne perturbe que faiblement les bergères ignorantes ; ce qui n’empêche point quelques transes et cas de possession. Il est notoire que les femmes touarègues de juin 1973 ne jugent plus nécessaire d’effrayer la lune pour l’empêcher d’avaler le soleil et vice-versa. Cette attitude moins émotionnelle s’explique peut-être dans la mesure où la population avait été suffisamment informée par les autorités du déroulement du phénomène. Si les manifestations extérieures sont, chez les femmes de Timilï, bien réduites par rapport à la conduite antérieure, l’angoisse demeure et se traduit plus dans l’attitude corporelle que dans les propos recueillis par l’ethnologue.

Les croyances autour des éclypses de soleil


" Remarquées dès l'Antiquité en raison de leur aspect spectaculaire, les éclipses de Soleil et de Lune ont fait très tôt l'objet d'observations assidues. Longtemps regardées comme des manifestations divines, elles suscitaient la crainte. Cela leur valut parfois de modifier le cours des batailles. Parallèlement, cependant, le désir de comprendre leur mécanisme et, plus tard, de prédire leur retour, ont contribué à faire progresser le savoir. Ainsi, ces magnifiques phénomènes naturels ont-ils imprimé leur trace à la fois dans l'histoire et dans la science. (…) Paradoxalement, ces phénomènes jadis si redoutés sont à présent très attendus. Les éclipses totales de Soleil n'offrent pas seulement un magnifique spectacle : ce sont aussi des instants privilégiés pour l'étude scientifique de l'atmosphère supérieure du Soleil, la couronne solaire, aux caractéristiques encore mal expliquées. "
P. De La cotardière (Pt de la société astronomique de france)


Légendes et coutumes à travers le monde

Toutes les civilisations du monde possèdent dans leur patrimoine culturel leur lot de mythes et de légendes sensés apporter une explication aux phénomènes célestes. Parmi ces derniers, les éclipses de Lune et de Soleil, par leur côté mystérieux et inquiétant, ont longtemps frappé l'imagination populaire. Pour les peuples antiques, c'étaient des puissances supérieures qui étaient responsables de ce désordre cosmique : elles agressaient le Soleil ou la Lune, le plus souvent sous la forme d'animaux redoutables… C'est pourquoi, afin d'effrayer l'assaillant pour lui faire lâcher prise, s'instaura un peu partout la coutume de produire un maximum de bruit et d'agitation en criant et en frappant sur des gongs ou des tambours.


Eclipses d'hier et d'aujourd'hui.

Aujourd'hui, le spectacle d'une éclipse est très apprécié du grand public, et les éclipses totales de Soleil déplacent même des foules d'amateurs en un lieu donné, vu leur rareté et leur magnificence… Néanmoins, cela n'a pas toujours été le cas puisque dans un lointain passé les éclipses étaient particulièrement redoutées de nos ancêtres qui les interprétaient comme des signes de mauvais augure, voire de malédiction !

A ce propos, les récits antiques mentionnent des visions de lunes ensanglantées et de soleils ténébreux, lesquels pourtant finissaient toujours par retrouver leur éclat premier, au grand soulagement des témoins… Cette attitude bien compréhensive puisque due à l'ignorance du mécanisme des éclipses, prit fin dès que les populations furent en mesure de connaître les causes de ces phénomènes, tandis que de leur côté, les astronomes annonçaient ces derniers avec de plus en plus d'exactitude : aujourd'hui, le début et la fin d'une éclipse se calcule à la seconde près !

Dans leur présentation des éclipses historiques et des découvertes qu'elles ont induites, les auteurs de l'ouvrage "Éclipses totales" précisent : " Les premières observations datées de ces phénomènes célestes remontent aux Indiens, aux Chaldéens, aux Babyloniens et aux Chinois. Le besoin de l'astrologie et du calendrier conduisirent aux premiers essais de prédiction des éclipses. Cette activité nécessitait une étude approfondie des observations anciennes inscrites sur des tablettes astronomiques donnant la liste des éclipses passées, et tentant de prédire celles à venir ".
A ce sujet, certaines traditions de l'Asie orientale prouvent qu'il était déjà possible de prévoir les dates des éclipses environ 2300 ans avant notre ère !

Seulement, ces prédictions n'étaient pas établies grâce à la compréhension des mécanismes célestes mais selon une loi empirique de récurrence : en effet, les anciens astronomes avaient remarqué que les configurations relatives des trois astres concernés, Soleil-Terre-Lune, se reproduisaient à l'identique au bout d'une période de 6.585 jours (environ 18 ans) appelée saros . Il fallut attendre le 11 ème siècle avant J.-C. pour que les Grecs soient en mesure de comprendre les mécanismes impliqués dans ces phénomènes, lesquels néanmoins continuèrent à être redoutés des populations, ce qui eut parfois pour conséquence d'influencer l'issue d'une bataille…

Voici, parmi les plus célèbres éclipses de Lune et de Soleil, celles qui ont marqué l'histoire de l'humanité – et parfois modifié le cours de son destin – ou qui ont permis certaines avancées dans le domaine scientifique, notamment en astrophysique.

21 octobre 3784 avant J.-C.
, Inde : L'éclipse solaire des peuples de l'Indus.
C'est l'éclipse la plus ancienne qui ait laissé des traces dans la mémoire de l'humanité, en l'occurrence la mémoire des peuples de la vallée de l'Indus située au nord du sous-continent indien.

22 octobre 2137 avant J.-C.
, Chine : L'éclipse solaire de Ho et de Hi.
Un antique manuscrit chinois gravé dans un os relate que les frères Ho et Hi, astronomes à la cour de l'empereur, furent exécutés pour ne pas avoir été à la hauteur de leur tâche… Mais les versions diffèrent quant à la nature de leur faute : pour les uns, ils auraient été incapables de prédire la date exacte du phénomène ; pour les autres, ils l'auraient correctement annoncée mais, ivres morts le jour en question, ils auraient omis de convoquer les archers et les tambourinaires chargés d'effrayer le dragon qui, selon la légende, allait tenter d'avaler le disque solaire…

15 juin 763 avant J.-C.
, en Assyrie : L'éclipse solaire de l'Ancien Testament.
Grâce à une chronique assyrienne, les historiens ont pu utiliser la mention de cette éclipse pour préciser la chronologie des premiers âges bibliques. En effet, il est dit dans l'Ancien Testament : " Et ce jour-là, dit le Seigneur, je ferai disparaître le Soleil à midi, et la Terre s'obscurcira dans la lumière du jour. " Or, durant l'année du calendrier assyrien correspondant à l'an 763 avant notre ère, une tablette fut gravée à Ninive avec ces mots : " Insurrection dans la cité d'Assour. Au mois de Sivan, le Soleil fut éclipsé. "

27 août 413 avant J.-C
., Sicile : L'éclipse lunaire de Nikias.
Cette éclipse de Lune eut une influence décisive dans l'issue de la guerre du Péloponnèse opposant les deux cités grecques Athènes et Sparte. Au cours de la seconde expédition des Athéniens contre la Sicile, la flotte du général grec Nikias se trouva immobilisée dans la rade de Syracuse défendue par les Syracusiens. Au cours d'une nuit de pleine lune durant laquelle les navires d'Athènes avaient commencé à forcer le barrage, il advint une éclipse totale du disque lunaire… Nikias vit là un signe dissuasif des dieux et renonça provisoirement à son opération, préférant attendre la pleine lune suivante. Cependant, après cette première alerte, les défenseurs de Syracuse renforcèrent leur barrage, si bien qu'un mois plus tard, lorsque la flotte athénienne reprit son offensive, elle se trouva refoulée dans la baie. Ce fut un véritable désastre : 29.000 soldats massacrés et 200 navires détruits ! Cette lourde défaite entraîna la chute d'Athènes en 404 av. J.-C.

IV ème siècle
avant J.-C., Grèce : Les éclipses lunaires d'Aristote.
Ce grand philosophe, élève de Platon et précepteur d'Alexandre le Grand, avait déjà compris en son temps que les corps célestes étaient sphériques. De leur côté, les pythagoriciens avaient émis l'idée que la Lune était une sphère éclairée par le Soleil après avoir observé l'aspect qu'elle prenait tout au long de ses phases. Aristote fit à son tour la démonstration de la rotondité de la Terre à partir …des éclipses de Lune dans leur phase de partialité ! En effet, lorsque la Lune entre dans l'ombre de notre planète, cette ombre se projette sur son limbe éclairé de face par le Soleil : la frontière entre la partie du limbe qui s'obscurcit et la partie qui reste éclairée présente une courbure très nette. Aristote montra ensuite que si la terre était par exemple cubique ou pyramidale, il n'en serait pas ainsi.

24 novembre de l'an 29
, Palestine : L'éclipse solaire de la crucifixion ?
Dans l'Evangile selon Saint Matthieu, au chapitre de la mort de Jésus, on relève une phrase qui évoque une éclipse totale de Soleil : " A partir de la sixième heure, l'obscurité se fit sur tout le pays jusqu'à la neuvième heure. " D'après leurs calculs, les astronomes montrent qu'à Jérusalem une éclipse de ce type a bien eu lieu, mais pas en l'an 33, année de la mort du Christ selon les Evangiles : ce fut le 24 novembre de l'an 29. De plus, la phase de totalité se produisit vers 11 heures du matin et non vers 3 heures de l'après-midi, au moment de la mort du Christ comme le veut la tradition chrétienne… Aujourd'hui, plus de 2000 ans après, il semble donc important de rester prudent et rigoureux avant de vouloir dater avec certitude un évènement d'une telle portée universelle…

5 mai 840, Bavière : L'éclipse solaire de l'empereur Louis.

L'ouvrage "Eclipses, les rendez-vous célestes" , relate la chronique suivante : " Louis de Bavière, fils de Charlemagne, était à la tête d'un vaste empire lorsque, le 5 mai 840, il assista à cinq minutes de totalité d'une éclipse solaire. Il en aurait été si effrayé, qu'il mourut peu après. Ses trois fils se disputèrent aussitôt sa succession. Leur querelle s'acheva trois ans plus tard avec le traité de Verdun qui divisa l'Europe en trois grandes régions correspondant aujourd'hui à la France, à l'Allemagne et à l'Italie. ".

22 mai 1453,
Empire bysantin : L'éclipse lunaire de Constantinople.
Une ancienne prophétie affirmait que la ville de Bysance, devenue Constantinople, ne pourrait jamais tomber, lors d'une phase de Lune croissante, sous les coups d'un assaillant… En avril 1453, l'armée turque du sultan Mohammed II bombarda les murs de l'antique cité et fit le siège de la ville. A chaque nouvel assaut, les assiégés parvenaient à repousser les soldats turcs, pourtant plus nombreux et mieux armés, mais s'épuisaient néanmoins au fil des jours. Un soir, le 22 mai, le moral des troupes bysantines reçut un coup terrible lorsque la Lune se leva… éclipsée… Alors commença la déroute et, six jours plus tard, la ville fut mise à sac. La chute de Constantinople causa un choc majeur pour la civilisation occidentale : le cours de l'histoire pour les nations européennes en fut profondément modifié.

29 février 1504
, Antilles : L'éclipse lunaire de Christophe Colomb.
Les éclipses des siècles passés n'ont pas eu que des effets néfastes : des personnages en situation délicate ont su se les approprier afin que les évènements tournent en leur faveur, tout comme notre célébrité Tintin sur son bûcher dans le Temple du Soleil qui se tira d'affaire grâce à une éclipse solaire. Ainsi, le grand navigateur Christophe Colomb profita d'une éclipse de Lune pour se sortir d'un mauvais pas durant son cinquième voyage vers la Nouveau Monde. En 1504, après qu'il eut abordé l'île de la Jamaïque dans de très mauvaises conditions, la moitié de son équipage se mutina, déroba les réserves alimentaires, tuant même quelques indigènes. Le chef de ces derniers refusa donc au navigateur de lui fournir des vivres, et la disette s'installa…. Trois jours avant une éclipse de Lune providentielle, Christophe Colomb fit annoncer à toute la tribu que le dieu chrétien allait donner un signe céleste de son mécontentement. Durant la nuit du 29 février, la Lune d'un rouge sombre plongea les indigènes dans la terreur, si bien qu'ils acceptèrent sur le champ d'aider le navigateur jusqu'à l'arrivée des secours… Notons en passant que Christophe Colomb exploita d‘autres éclipses, mais à titre scientifique cette fois : il fut l'un des premiers à les utiliser pour mesurer la latitude du lieu d'observation.

22 mai 1724,
Paris : L'éclipse solaire de Louis XV.
Ce jour-là, à Versailles, le jeune roi Louis XV âgé seulement de quatorze ans, fut certainement très impressionné par le spectacle de cette éclipse totale qui concerna la région parisienne. A ses côtés, un mémorialiste de l'Académie royale des Sciences, nota : " Dans l'instant que le Soleil fut entièrement couvert, ce furent des ténèbres profondes, différentes de celles de la nuit. On vit le Soleil, Mercure et Vénus sur la même ligne droite . Les oiseaux effrayés à l'ordinaire cessèrent de chanter et recherchèrent des retraites ". Pour la région parisienne, ce fut donc la dernière éclipse totale du millénaire puisque le 11 août dernier, la bande de totalité se situant plus au nord, les parisiens ne virent qu'un soleil éclipsé à 99%… Pour eux, il faudra attendre l'éclipse totale du 3 septembre 2081, soit plus de 350 ans après celle de Louis XV !


15 mai 1836
, Ecosse : L'éclipse solaire de Francis Baily.
Grâce à cette éclipse qui fut annulaire, Francis Baily, astronome anglais amateur – nous insistons sur ce point – détermina la cause d'un curieux et superbe phénomène (qui se produit également lors des éclipses totales, mais de manière beaucoup plus brève). Lorsque la Lune passa juste devant le Soleil, il porta toute son attention sur ces " grains de lumière en chapelet " qui apparurent au bord du disque noir . Distinguant des irrégularités en bordure de celui-ci, il se douta qu'il s'agissait des montagnes lunaires et comprit que la lumière solaire, stoppée par elles, perçait au travers des vallées. Depuis ce jour, de nombreux astronomes – professionnels ceux-là – ont parcouru le monde pour étudier à leur tour ce phénomène qui a gardé le nom de son " inventeur ". Cet exemple montre, parmi beaucoup d'autres, la contribution apportée par de simples astronomes amateurs aux sciences de l'Univers…

28 juillet 1851
, Autriche : L'éclipse solaire de Berkovsky.
C'est au cours de cette éclipse que l'Autrichien Berkovsky réussit la première photographie montrant la couronne solaire et les protubérances. Cependant, la nature même de ces éléments était encore mal connue des astronmes : quelques décennies auparavant, la plupart d'entre eux, comme le célèbre Edmund Halley, pensaient que la couronne et les protubérance appartenaient à la Lune… Cependant, un grand pas fut franchi dès la seconde moitié du XIX ème siècle lorsque l'utilisation de spectroscopes permit d'analyser de plus en plus finement l'auréole autour du Soleil. Concernant les protubérances, deux photographies prises en 1860 lors d'une même éclipse mais en deux endroits différents, distants de cinq cents kilomètres, tranchèrent le débat : aucun décalage du fait de la parallaxe n'apparut en comparant les deux clichés, ce qui prouva que les protubérances ne pouvaient appartenir à la Lune…

4 juillet 1917
, Egypte : L'éclipse lunaire de Laurence d'Arabie.
Selon une tradition de l'Islam, une éclipse de Lune qui se produirait pendant une période de ramadan pourrait annoncer la venue du Jugement dernier. Cette coïncidence eut lieu effectivement le 4 juillet 1917 et fut visible dans la péninsule du Sinaï, en pleine guerre mondiale. Un anglais, Thomas Edward Lawrence, immortalisé sous le nom de " Lawrence d'Arabie " par le film qui raconta ses aventures, réalisa un véritable exploit en prenant le port fortifié d'Aqaba à la tête d'une cinquantaine de Bédouins seulement. Ces derniers forcèrent sans difficulté un poste de défense à la faveur de l'éclipse de Lune : en face d'eux, les soldats Turcs, superstitieux et affolés, ne pensaient qu'à secourir la Lune qu'ils croyaient menacée, en tirant des coups de feu en l'air et en frappant des pots de cuivre… Le port d'Aqaba fut pris quelques jours après, ce qui permit aux Alliés de récupérer Jérusalem et Damas.


29 mai 1919,
Brésil et Afrique : L'éclipse solaire d'Albert Einstein
Empruntons aux auteurs de l'ouvrage Eclipses, les rendez-vous célestes les quelques lignes qu'ils consacrent à celle du 29 mai 1919, laquelle, de façon inattendue, propulsa à l'avant-scène du monde scientifique un certain Albert Einstein… " Cette éclipse totale de Soleil fut utilisée pour confirmer de façon spectaculaire la nouvelle théorie de la relativité générale proposée par Einstein en 1915. Des mesures prouvèrent que le trajet des rayons lumineux issus d'une étoile proche de l'astre éclipsé, étaient déviés par le puissant champ de gravité de ce dernier. Cela signifiait que la gravitation n'était plus correctement décrite par la loi de l'attraction universelle de Newton, mais devait s'interpréter comme la manifestation d'une " courbure " sous-jacente de l'espace-temps, engendrée par les corps massifs. Bien que le public ne comprit rien à cette nouvelle théorie, Einstein devint presque du jour au lendemain le savant le plus populaire du monde. "

25 février 1952,
Egypte : L'éclipse solaire de Bernard Lyot
En revanche, ce grand astrophysicien – et bricoleur de génie – que fut Bernard Lyot est peu connu du grand public français : cela est bien dommage ! En effet, c'est lui qui inventa puis mit au point le " coronographe ", appareil permettant d'étudier la couronne solaire en dehors des éclipses : cela fit progresser rapidement, avant l'ère spatiale, la connaissance de l'atmosphère du Soleil. Grâce à ses remarquables travaux, Bernard Lyot devint en 1939, à 42 ans, le plus jeune académicien des sciences. Déjà, à l'âge de 13 ans, il avait rédigé seul un cahier d'expériences dans le plus pur esprit La main à la pâte, bien avant l'heure…. Début 1952, en prévision de l'éclipse totale du 25 février, il se rendit à Khartoum, capitale du Soudan alors anglo-égyptien, à la tête d'une équipe de jeunes astronomes dont certains, comme Jean-Claude Pecker et Audouin Dollfus, devinrent célèbres par la suite. Parmi les nombreuses expériences prévues, la mission de Bernard Lyot consista à utiliser un spectrographe à fente courbe, conçu et construit par ses soins, pour affiner l'étude de la couronne solaire : ce fut une totale réussite. D'autre part, la radioastronomie en plein essor à l'époque, apporta lors de cette éclipse une contribution très importante. Mais en revanche, cette mission fut fatale à son auteur car, le 2 avril 1952, Bernard Lyot tombait foudroyé par une crise cardiaque…

30 juin 1973
, au dessus de l'Afrique : L'éclipse solaire du Concorde 001.
A partir des années 50, de nombreux vols scientifiques furent organisés à bord d'avions de plus en plus rapides. Ces derniers étaient chargés de se maintenir un maximum de temps au cœur même de l'ombre lunaire filant à presque 3000 km/h ! Ce procédé devait permettre aux astronomes de prolonger le plus possible, en fonction de la vitesse de l'avion, la durée de leurs observations durant la phase de totalité de l'éclipse. Après la Caravelle, les équipes scientifiques s'embarquèrent à bord de bombardiers, de jets, de chasseurs de plus en plus rapides… L'un de ces vols obtint un succès retentissant : ce fut celui du premier prototype du Concorde, lequel terminait ses années d'essai. Aux altitudes stratosphériques, il volait à Mach 2, donc deux fois la vitesse du son et surtout, il permit l'implantation d'un hublot optique suspendu au plafond de sa carlingue. Ainsi, les astronomes à son bord purent profiter de …74 mn de totalité ! A l'origine de cette aventure, il nous faut citer Pierre Léna, le co-fondateur, 23 ans après, de La main à la Pâte avec Georges Charpak et Yves Quéré) : à cette époque, il était à la tête du groupe d'astrophysique infrarouge de l'observatoire de Meudon déjà impliqué dans des expériences à bord d'avions. Mais cette expérience, très coûteuse malgré tout, ne fut pas renouvelée par la suite : entre temps, les scientifiques se préparaient à franchir un autre pas, spatial celui-là…

11 août 99, au-dessus de Europe : L'éclipse solaire de la station Mir.
Le 11 août dernier , c'est depuis l'espace que l'on a pu apercevoir dans sa globalité la tache, sur Terre, du cône d'ombre de la Lune lors de l'éclipse de Soleil : les quelques personnes qui ont eu ce privilège se trouvaient ni plus moins à bord de Mir, la station orbitale russe. Travaillant à bord depuis six mois, le spationaute français Jean-Pierre Haigneré a pu observer la tache d'ombre filant à vive allure peu avant son passage sur la France. Elle traversait alors la Manche recouverte de nuages et offrait l'aspect – peu engageant selon ses dires ! – d'une large tache noire aux contours très flous… Il en a pris néanmoins une très belle photo que l'on retrouve dans plusieurs publications, dont la revue L'Astronomie de la SAF ( n° 113, été 99) et l'ouvrage Eclipses, les rendez-vous célestes déjà cité.

Pour clore cette rubrique consacrée aux " éclipses d'hier et d'aujourd'hui ", laissons la parole à Jean-Claude Pecker, membre de l'Académie des Sciences, avec un court extrait de sa préface dans l'ouvrage Eclipses totales déjà cité :

" Les non-scientifiques eux-mêmes peuvent tirer plusieurs enseignements de ce passage de l'ombre de la Lune sur la Terre. L'un d'eux est le sentiment de la précision des évènements astronomiques : à la fraction de seconde près, au mètre près, le trajet de l'éclipse est balisé des années à l'avance. Le caractère d'exactitude des déductions que l'on peut tirer de la connaissance scientifique s'affirme avec éclat.
" Mais restera aussi, simplement, pour nous tous, astronomes solaires professionnels ou amateurs, ce regard ébloui devant la beauté des phénomènes du ciel, à côté desquels notre Terre n'est qu'un caillou morose… "

Emmanuel Di Folco Dr à l'observatoire de Paris


Liens :
http://youtu.be/zHLyypLk-0w l'éclipse dans le concorde
http://youtu.be/juImmdasMSY dans le concorde
http://youtu.be/Bxi9o6U8ih0 éclipse totale




Concorde 001


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Posté le : 29/06/2013 21:42
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Re: L'éclipse du 30 Juin 1973
Plume d'Or
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Un grand merci à Loriane pour cette documentation si complète, du beau travail ! Merci

Posté le : 01/07/2013 09:15
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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