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Attila roi des huns |
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De Montpellier
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Le 7 Avril 451 Attila rase Nancy
Le mythe, le fléau de dieu Ce nom résonne pour tous comme le nom d'une tempête, d'une calamité, en effet l'histoire retient avant tout, de ce chef de tribu natif des grands espaces de l'Asie centrale, l'image d'une violence guerrière et destructrice qui laisse dans l'humanité une trace peut-être admiratrice mais surtout douloureuse. La culture des Huns et la personnalité d'Attila ont fasciné ses contemporains. L'historiographie chrétienne a créé une légende noire autour du personnage mais d'autres traditions scandinaves et germaniques l'ont érigé en figure positive. Les Hongrois le célèbrent comme un héros fondateur. Ces mythes divergents se retrouvent dans les nombreuses représentations artistiques d'Attila, de l'Antiquité à nos jours. Attila fut le roi des tribus Huns, peuplade originaire des steppes d’Asie centrale établie dans la plaine danubienne. Selon l’historiographie romaine il régna de 434 à 453 sur l’Empire hunnique une grande partie de l’Europe centrale et de l’Asie centrale dont il se fit désigner Europæ Orbator empereur d’Europe.
Sur les sources historiques
L'historiographie d'Attila se heurte à une difficulté majeure : elle ne dispose que de sources écrites en grec et en latin par les ennemis des Huns. Ses contemporains laissent de nombreux témoignages à son sujet mais il n'en reste que des fragments. Priscus est un diplomate et un historien de langue grecque. Plus qu'un témoin, c'est un acteur de l'époque d'Attila. Il est membre de l'ambassade de Théodose II, à la cour du souverain hunnique en 449. Il est l'auteur de huit livres d'une Histoire couvrant une période allant de 434 à 452 et dont il ne reste aujourd'hui que des fragments. En outre, Jordanès et Procope de Césarée, historiens du VIe siècle, le citent dans leurs œuvres. Bien que Priscus soit évidemment partial de par ses fonctions, son témoignage est une source primaire majeure et il est le seul à avoir donné une description physique d'Attila. Jordanès est un historien goth ou alain de langue latine du vie siècle, il laisse un ouvrage, Histoire des Goths, qui constitue l'autre grande source concernant l'Empire hunnique et ses voisins. Sa vision reflète celle de son peuple et de la postérité d'Attila un siècle après sa mort. Marcellinus Comes, chancelier de Justinien à la même époque, est une source précieuse concernant les relations des Huns avec l'Empire romain d'Orient. De nombreuses sources ecclésiastiques contiennent des informations utiles bien qu'éparses, parfois difficiles à authentifier et déformées par le temps et les moines copistes du vie siècle au xviie siècle. Les chroniqueurs hongrois du xiie siècle, considérant les Huns comme des ancêtres glorieux, reprennent des éléments historiques et les ajoutent à leurs légendes. La littérature et la transmission du savoir des Huns étaient uniquement orales, à travers les épopées et les poèmes chantés qui se transmettaient de génération en génération. Très indirectement, cette histoire orale nous est transmise par les littératures nordiques et germaniques des peuples voisins couchées par écrit entre le IXe siècle et le XIIIe siècle. Attila est le personnage central de nombreuses épopées médiévales comme la Chanson des Nibelungen qui est l'une des plus connues, ou encore d'Eddas et de sagas. L'archéologie fournit des détails sur le mode de vie, l'art et les techniques guerrières des Huns, il reste quelques traces de batailles ou de sièges mais aujourd'hui encore la tombe d'Attila et l'emplacement de sa capitale n'ont toujours pas été localisés.
Naissance
Attila naît vers 395 dans les plaines danubiennes . Il est fils du roi d’une tribu Huns, Moundzouk, qui meurt à la guerre en 408. Orphelin, il est adopté et élevé avec son frère aîné Bleda par son oncle, le roi Huns Ruga. Le nom sous lequel Attila est connu aujourd'hui vient des Germains qui l'ont transmis aux Romains qui l'ont à leur tour transcrit en grec et en latin. Dans sa propre langue, le hunnique, son nom devait être proche phonétiquement mais probablement avec un sens différent. Attila est un diminutif du gottique Atta signifiant père. Pour les Goths, voisins, vassaux ou esclaves des Huns, Attila est donc le Petit père. Ils reproduisent ainsi dans leur propre langue un son qui a une autre signification en hunnique. Celle-ci ne peut faire l'objet que d'hypothèses à partir de racines turques, comme at cheval et son dérivé atliğ, cavalier ou at- flèche qui donne le dérivé atliğ, illustre .
Le monde méditerranéen en 450.
La date de naissance d'Attila n'est pas connue, le journaliste et romancier Éric Deschodt et l'écrivain Hermann Schreiber avancent la date de 395/10, mais l'historien Iaroslav Lebedynsky et l'archéologue Katalin Escher s'accordent pour qualifier cette hypothèse "de pure fantaisie" et préfèrent l'estimer entre la dernière décennie du IVe siècle et la première du Ve siècle. Son père Moundzouk est le frère des rois Octar et Ruga, qui ont régné conjointement sur les Huns. La diarchie est récurrente chez ce peuple sans que les historiens sachent si c'était coutumier, institutionnel ou occasionnel. Sa famille est donc de lignage noble mais les historiens ne savent pas si elle constitue une dynastie royale. Même s'ils sont en voie de sédentarisation depuis leur arrivée en Europe, les Huns forment une société de "pasteurs guerriers" se nourrissant essentiellement de viande et de lait, produits de leurs élevages de bétail et de chevaux. Attila reçoit donc une éducation de cavalier et d'archer. Comme d'autres enfants de son peuple, sa tête est très tôt enserrée par des bandages de façon à obtenir une déformation volontaire du crâne, pratique esthétique ou spirituelle. Il parle sa langue maternelle, le hunnique, apparenté à une langue turque, mais comme il fait partie de la classe dirigeante, il apprend aussi le langage des Goths. Il grandit dans un monde en mutation dans lequel les Huns, son peuple, sont des nomades installés depuis peu en Europe. Après avoir traversé la Volga dans les années 370 et annexé le territoire des Alains, ils s'attaquent aux royaumes goths jusqu'aux Carpates et aux rives du Danube. Ils sont très mobiles, leurs archers à cheval ont acquis une réputation d'invincibilité et les peuples germaniques semblent impuissants face à ces nouvelles tactiques. De vastes mouvements de population perturbent le monde romain installé à l'ouest et au sud et dont les frontières sont délimitées par le Rhin et le Danube. En 376, les Goths passent le Danube, se soumettent aux taxes romaines dans un premier temps, puis se rebellent contre l'empereur Valens qu'ils tuent lors de la bataille d'Andrinople en 378. Le 31 décembre 406, pour fuir les Huns, les Vandales, des Alains, des Suèves et des Burgondes franchissent le Rhin gelé et pénètrent en Gaule romaine. En 418, les Wisigoths obtiennent un territoire en Aquitaine seconde avec un statut théorique de fédérés romains mais restent, dans les faits, insoumis voire hostiles. En 429, les Vandales conquièrent un royaume indépendant en Afrique du Nord. Pour mieux faire face à ces invasions, l'Empire romain est géré depuis 395 par deux gouvernements administratifs et militaires distincts, l'un à Ravenne dirige l'Ouest, l'autre à Constantinople s'occupe de l'Est. Du vivant d'Attila, malgré quelques querelles de pouvoir, l'Empire romain reste uni et dirigé par la même famille, les Théodosiens. Les Huns dominent un vaste territoire aux frontières floues déterminées par l'assujettissement d'une constellation de peuples plus ou moins autonomes. Certains sont assimilés, beaucoup conservent leurs rois, d'autres sont tributaires ou reconnaissent la suzeraineté théorique du roi des Huns mais restent indépendants. Bien que les Huns soient indirectement la source des problèmes des Romains, les rapports entre les deux empires sont cordiaux : les seconds utilisent les premiers comme mercenaires contre les Germains et même dans leurs guerres civiles. Ainsi l'usurpateur romain Jean en recrute des milliers en 425. Ils échangent des ambassades et des otages, cette alliance dure de 401 à 450 et permet aux Romains de remporter de nombreux succès militaires. Les Huns considèrent que les Romains leur versent des tributs tandis que ceux-ci préfèrent considérer qu'ils leurs octroient des subsides contre des services rendus. Lorsque Attila devient adulte sous le règne de son oncle Ruga, les Huns sont devenus une grande puissance au point que l'ancien patriarche de Constantinople Nestorius en vient à déplorer la situation par ces termes : Ils sont devenus les maîtres et les Romains les esclaves
En 434, Ruga partage l’Empire hunnique entre ses deux neveux, Attila et Bleda, avant de mourir. De 435 à 440, le règne de Bleda est marqué par le triomphe des Huns face à l’Empire romain d’Orient. Ce triomphe est avant tout diplomatique et la politique de Bleda à l’égard des Romains est pacifique. Un doublement du tribut versé par l’empire romain d’orient de Constantinople et la promesse impériale de ne plus s’allier aux barbares ennemis des Huns aux peuples germaniques restés indépendants laissent les mains libres à Bleda. Aussi les Huns étendent-ils leur empire jusqu’aux Alpes, au Rhin et à la Vistule.
La prise de pouvoir d’Attila
Pourtant, dès 440, profitant de l’occasion qu’offre l’invasion de l’Arménie romaine par les Perses sassanides, invasion qui détourne momentanément l’attention de Constantinople des Huns, Bleda attaque à nouveau l’empire romain d’Orient. À ce moment, Attila n’aide son frère qu’en dernier recours, ayant entamé de son côté des pourparlers avec l’Empire. Il ne le fait sans doute que pour éviter d’être lésé sur le partage du butin. La politique séparée d’Attila lors de la guerre de 441-442 s’explique principalement par sa volonté de négocier avec les Romains la remise des princes héritiers huns qui s’étaient réfugiés dans l’empire à la mort de Ruga, dès 435. Ceux-ci auraient hérité du royaume en cas de décès de son frère. Fin 444 ou début 445, aidé par ses vassaux germaniques, Attila fait assassiner son frère ainé Bleda et devient le seul roi des Huns. Deux Germains soumis aux Huns, le roi des Skire Edika et le roi des Gépides Ardaric, fournirent en effet les forces nécessaires pour l’assassinat de Bleda qui eut lieu dans l’ordu de ce dernier. Son règne dure huit ans et est marqué, à sa mort, par un effondrement de la puissance des Huns, jusque-là patiemment bâtie sur les alliances militaires entre l’empire hunnique et l’empire romain d’Orient et sur la manne financière des tributs et rançons versés par Constantinople. En réalité, il semble que dès la fin de l’assassinat, les alliés germaniques d’Attila aient influencé celui-ci en favorisant la propension qu’il avait de se croire destiné à régner sur l’univers tout entier. Ainsi, avec la collaboration d’une vache et de son gardien, ils trouvent pour Attila l’épée du dieu de la guerre, Mars, pointant hors de terre. Or, dans l’engrenage qui va mener les Huns à acquérir plus de puissance, Attila se trouve rapidement contraint à de nouvelles guerres pour récompenser et surtout garder ses fidèles Germains. Aussi Attila se fait-il désigner Europæ Orbator empereur d’Europe et s’empare-t-il dès 445-446 de la province romaine de Pannonie-Savie, le reste de la Pannonie étant déjà tenu par les Huns. Pour maintenir la fiction de l’administration romaine, il est quand même nommé maître de la milice par l’empereur romain Valentinien III. Les sources anciennes ne parlent d'Attila que lorsqu'il devient roi, c'est donc seulement à partir de ce moment que l'on peut dresser son portrait.
L'apparence physique
Selon les écrits de Jordanès dans son "histoire des goths XXXV" fait une description sommaire de Attila : "Sa taille était courte, sa poitrine large, sa tête très grosse. De petits yeux, la barbe clairsemée, les cheveux grisonnants, le nez aplati, le teint mat, il reproduisait ainsi les caractéristiques de son origine." Cette description permet malgré tout de se faire une image assez précise d'Attila, aucune image de son visage n'ayant été retrouvée. Les représentations, peintures, gravures et monnaies datant du Moyen Âge et de la Renaissance sont fantaisistes. L'ambassadeur romain Priscus, habitué à l'apparat de l'empire romain est surpris de son apparence simple, sans bijoux ni vêtements de luxe, il mange dans de la vaisselle de bois alors que ses invités sont servis dans de la vaisselle d'or. Cette simplicité est aux antipodes du cérémonial à la cour de Rome ou de Constantinople où l'empereur vit dans un luxe ostentatoire et fait l'objet d'une vénération. Cette austérité dans l'apparence est calculée de façon à impressionner ses visiteurs par un effet de contraste.
Épouses et enfants
Attila dispose de nombreuses épouses et utilise les mariages pour nouer des alliances dynastiques et diplomatiques. La plus importante est Êrekan, que Jordanès nomme Kreka, mère d'Ellac, son fils aîné et successeur désigné, et de deux autres fils. Elle dispose d'une suite nombreuse, son statut particulier lui confère un rôle protocolaire et elle reçoit les ambassadeurs byzantins. La plus connue est Ildico, la femme auprès de qui Attila meurt lors de sa nuit de noce. La transcription de ces deux noms étant incertaine, les historiens ne savent pas s'il s'agissait de femmes huns ou germaines. Les épouses sont relativement libres, disposent d'une indépendance matérielle et de leurs propres résidences. Attila aurait eu de nombreux autres fils mais seuls deux sont connus avec certitude, Dengitzic et Ernakh, son préféré d'après Priscus. Une fois adulte, le fils aîné Ellac participe à la gestion de l'empire aux côtés de son père qui lui confie la charge de la partie orientale. Lorsque des banquets officiels sont organisés, ses fils participent, Ellac devant fixer ses yeux sur le sol par respect pour son père.
Organisation du pouvoir
Sous le règne d'Attila, l'Empire hunnique ne connaît pas d'expansion territoriale importante et durable, la nouveauté réside surtout dans la concentration des pouvoirs dans les mains d'un seul homme du fait du meurtre de Bleda et de la disparition de la diarchie. Les historiens ignorent le titre et la fonction exacte qu'il occupe au sein de son peuple, les Romains le désignent simplement comme le roi. À l'inverse des empereurs romains et donc à l'étonnement de leurs ambassadeurs, Attila vit au milieu de son peuple et en partage les mœurs. Les Huns sont des éleveurs nomades mais il semble que sous son règne commence une certaine sédentarisation, en particulier avec la construction d'une capitale dont l'emplacement exact est inconnu mais qui est situé entre les rivières Tisza et Timiș. Elle est constituée de nombreuses maisons de bois dont certaines sont pourvues de thermes à la romaine. Également en bois, le vaste palais royal orné de portiques fastueux impressionne les ambassadeurs romains en 449. Attila dispose de plusieurs autres résidences de taille plus modeste, relais de son pouvoir à travers son vaste territoire. Pour régner sur une confédération de peuples nomades et sédentaires très différents, il ne dispose pas d'une administration organisée, sa puissance repose sur des élites dominant une structure souple de fidélités variées. Le premier cercle dirigeant appartient à une souche princière hunnique mais nombre de personnages importants sont d'une ethnie différente. Son bras droit Onégèse est un Hun, son secrétaire Flavius Oreste est un Romain de Pannonie, les peuples soumis ou alliés aux Huns conservent souvent leurs propres rois comme Edecon, roi des Skires, Ardaric, roi des Gépides, Candac, roi des Alains, et Valamir, roi des Ostrogoths. Ces derniers sont engagés dans un rapport de pouvoir personnel avec Attila, ils lui doivent leurs places et l'ont soutenu lors de son putsch contre Bleda. Ils lui sont donc fidèles mais cette relation peut être fragilisée par la disparition du souverain. Une des priorités d'Attila est d'empêcher que certains Huns soient tentés de passer du côté romain pour servir comme mercenaires. Lorsqu'il contraint Rome ou Constantinople au tribut ou lors des négociations de paix, il exige toujours que lui soit remis ceux qu'ils considèrent comme des traîtres et des déserteurs. Cette politique porte ses fruits et le phénomène des transfuges reste anecdotique.
Religion
Les croyances ont une place importante dans le monde des Huns mais la religion d'Attila est mal connue. Beaucoup de ses sujets germains sont des chrétiens ariens mais il semble que les Huns et Attila pratiquent une religion traditionnelle polythéiste et animiste avec des chamans d'une grande importance sociale. Ces chamans pratiquent la divination par scapulomancie, pratique typique des éleveurs nomades turco-mongols. Les devins ont joué un grand rôle dans la vie d'Attila, dans sa vie de famille en lui prédisant sur lequel de ses fils il pouvait compter et dans les batailles en influant sur ses décisions. Concernant ses convictions et cultes, les historiens actuels divergent sur plusieurs points importants : Michel Rouche pense qu'Attila se voyait comme un dieu lui-même. Rouche déduit des grands chaudrons hunniques de bronze retrouvé par les archéologues qu'Attila pratiquait un cannibalisme sacré en faisant sacrifices humains et en buvant du sang humain. Edina Bozoky rejette totalement les affirmations de Rouche sur des pratiques pour lesquelles il n'existe selon elle aucun témoignage ni aucune trace matérielle et qui reposent sur des comparaisons anachroniques avec d'autres peuples. Quant à l'idée que le roi des Huns ait pu prétendre être un dieu, Katalin Escher et Iaroslav Lebedynsky pensent au contraire qu'il croyait à son destin providentiel et à son charisme surnaturel comme tant d'autres chefs militaires. Il est en revanche certain qu'il utilise aussi cette religion à des fins de politique intérieure. Ainsi au cours de son règne, Attila affirme avoir reçu une épée sacrée du dieu de la guerre, légitimation suprême et présage fédérateur précieux pour un règne qui met son peuple en état de guerre permanent.
Guerre et diplomatie
L'action d'Attila est essentiellement connue par ses relations avec les autres peuples et avec l'Empire romain en particulier. La stratégie du tribut Selon l'historien Otto John Maenchen-Helfen, les Huns vivent en pasteurs guerriers de l'élevage de chevaux et de moutons puis quand ils deviennent les maîtres de populations paysannes, comme les Germains et les Sarmates, ils trouvent plus simple et agréable de les rançonner que de travailler eux-mêmes. Ainsi, l'historien Michel Rouche les qualifie de société de prédateurs. Pour maintenir leur niveau de vie mais aussi la fidélité de leurs alliés, les Huns de plus en plus puissants commencent à exiger des tributs de leurs riches voisins romains et perses. S'ils ne paient pas, ils lancent des razzias qui rapportent autant si ce n'est plus de butin. Galvanisés par leurs succès, les aristocrates hunniques deviennent de plus en plus avides. Pour légitimer son pouvoir et accroître sa richesse, Attila doit donc impérativement maintenir les États voisins sous pression. Ainsi il saisit tous les prétextes pour accroître ses intimidations, sommations et revendications. Un historien romain qui vit Attila de ses yeux a écrit : Le port altier du roi des Huns exprimait la conscience qu’il avait de sa supériorité sur le reste de l’humanité ; il avait l’habitude de rouler des yeux féroces, comme s’il voulait jouir de la terreur qu’il inspirait. La comparaison souvent faite d’Attila avec Gengis Khan n’est pas juste, car à la différence de ce guerrier mongol du XIIIe siècle qui ravageait tout sur son passage, le chef des Huns avait l’intelligence de ne pas saccager le butin de la guerre et de ne pas massacrer des prisonniers qui pouvaient servir de main-d’œuvre. En fait, il n’est pas certain que les Huns, guerriers nomades, aient vraiment envisagé de s’installer en conquérant un empire ; entre deux razzias, ils s’offraient comme mercenaires aux empereurs d’Orient, et recevaient d’eux des tributs considérables pour qu’ils restent tranquilles, fût-ce aux portes de Constantinople ! En fait, Attila, jeune prince Hun retenu en otage, avait été élevé à Constantinople, à la cour de l’empereur romain d’Orient (Arcadius, puis Théodose II) ! Dans le même temps, le futur général romain Aetius, qui battra Attila aux Champs catalauniques (451 – vraisemblablement, cette bataille eut lieu près de Troyes) est, lui, otage des Huns et passe sa jeunesse parmi eux.
Attila et l’empire romain
Depuis la cuvette danubienne où il est durablement installé, Attila menace alors l’empire romain. Mais, le 27 janvier 447, un tremblement de terre détruit une grande partie de la muraille théodosienne de Constantinople et provoque une famine importante. Cette faiblesse de l’empire romain d’Orient permet à l’empire romain d’Occident d’être momentanément épargné par les visées d’Attila. La perte de l’empire romain d’Orient Attila, profitant de Evénement, jette son armée sur l’empire romain d’Orient. Il s’y embourbe : en réalité, l’empire ne paye pas son tribut et les versements des sommes précédemment dues sont interrompues. Les négociations de paix durent plusieurs années, sans aucun bénéfice pour les Huns. Or, au moment même où elles vont aboutir, les tributs versés par l’Orient se tarissent définitivement. L’empereur Théodose II meurt dans un accident de cheval et le parti des bleus, c'est à dire le parti des sénateurs et des aristocrates triomphe : il est farouchement opposé à l’idée de payer les barbares pour acheter la paix. N’ayant pu envahir ni soumettre l’Orient, Attila se retrouve pris dans le jeu diplomatique d’Occident en 450. La co-impératrice romaine Honoria L’épisode concerne Honoria, co-impératrice d’Occident qui veut épouser Attila pour s’allier à lui et que son frère cadet Valentinien III force à prendre le voile pour préserver l’unité impériale. En 449, un scandale éclate et Honoria est envoyée à Constantinople dans un couvent chrétien pour que sa virginité soit mieux gardée. Celle-ci envoie alors sa bague à Attila pour lui demander de l’aide. Attila prend l’affaire au sérieux et accepte le bijou comme dot , avant de demander la Gaule en tant qu’héritage impérial dû à sa fiancée. Ses exigences se heurtent naturellement à un refus. Bloqué en Orient, face au refus de Valentinien et à la disparition de Honoria, Attila se trouve contraint à l’automne 450 de déclarer la guerre à l’empire romain d’Occident, ce qui met un terme également au tribut versé par l’Occident.
L’invasion de la Gaule
À la tête d’une armée coalisée hunno-germanique, Attila se lance au printemps 451 dans une campagne contre la Gaule. Cette armée réunit tout une coalition de divers peuples épars jusque là, à savoir : les peuples Gépides qui sont les plus nombreux, les Wisigoths, dirigés par 3 rois frères dont le père du futur Théodoric Ier, soit Théodoric le Grand, les Skires, les Suèves, les Alamans, les Hérules, les Thuringes, les Francs, les Burgondes, les Alains, et les Sarmates. Cette armée est donc majoritairement germanique et les Huns n’en composent qu’une infime partie. Les tactiques qui ont précédemment fait leur succès contre les civilisés ne sont donc plus à l’ordre du jour. Et le 7 avril 451, Attila brûle Metz. Ce sont les invasions barbares
La Gaule lui résiste, d’abord à Paris sous l’impulsion de sainte Geneviève, puis à Orléans, à l’instigation de saint Aignan d’Orléans avec l’appui des légions romaines de Flavius Aetius . À Orléans, où il compte franchir la Loire, Attila combat les Wisigoths de Théodoric Ier et les légions romaines de Flavius Aetius, en réalité composées de tous les peuples établis en Gaule à cette époque qui sont : les Alains, les Francs, les Burgondes, les Sarmates, les Saxons, les Lètes ou colons barbares, les Armoricains et même des Bretons venus d’Outre-Manche... Les Huns sortent vainqueurs et c’est en Champagne que la bataille des champs catalauniques finale a lieu, sans doute moins d’une quinzaine de jours plus tard. Certains auteurs localise cette bataille à 5 milles romains, c'est à dire environ 7,5 km de Troyes dans des champs près du village de Maurica ou Mauriacus dpnt le nom latin exact est "campus mauriacus". D’autres, plus anciens, la localise près de Châlons-en-Champagne, l’antique Catalaunum d’où dérive le substantif attribué aux "champs catalauniques", à l’emplacement de l’oppidum gaulois de La Cheppe, improprement appelé "le camp d’Attila". À la suite de ce carnage, Attila reste un moment en Gaule puis se retire vers le Rhin.
Aux portes de Rome
Au printemps 452, Attila passe les Alpes et prend Aquilée après un long siège puis avec moins de difficulté s'empare de Padoue, Vérone, Milan et Pavie. La situation semble désespérée pour Rome et Valentinien III décide de négocier. Le 11 juin 452 il envoie une délégation composée du pape Léon Ier, de Aviennus, un ancien consul et de Trigérius un ancien préfet du prétoire qui a déjà traité avec les vandales de Genséric . Attila accepte une trève et signe un traité car son armée est victime d'une épidémie et surtout son empire est attaqué à l'Est par les troupes de Marcien décidé à porter secours à Rome. Attila se retire victorieux avec un butin immense. Bien que son armée soit un peu affaiblie, il menace les ambassadeurs de revenir l'année suivante si Honoria et sa dot ne lui sont pas remises. Cependant, comme en 451, Attila doit céder devant ses adversaires unis et les deux gouvernements romains solidaires. Au printemps 452, il attaque à nouveau en Italie. Son armée prend Aquilée, Padoue, Vérone, Milan, Pavie et se dirige vers Rome. L’empereur Valentinien III décide de négocier.
Fin de règne et successions
Entre temps, les troupes du nouvel empereur oriental, Marcien, ont franchi le Danube et menacent le cœur de l’empire hunnique. Aussi Attila se retire-t-il en Pannonie. Début 453, de retour dans son ordu, le roi Attila se retire, il meurt de façon soudaine et inattendue dans son sommeil, étouffé par un saignement de nez durant la nuit de noces avec la Germaine Ildico, qui est retrouvée au matin, prostrée près du cadavre. Certaines chroniques byzantines rapportent qu'il aurait été assassiné, l'historien Michael Babcock trouve cette hypothèse crédible et avance que Marcien aurait pu organiser une machination comme Théodose II avant lui l'avait essayée ; cependant les historiens Michel Rouche, Edina Bozoky, Katalin Escher et Iaroslav Lebedynsky n'y croient guère et, pour ces derniers, on ne peut ni balayer cette idée d'assassinat, compte tenu de l'ancienneté des soupçons, ni prouver quoi que ce soit. Attila reçoit des funérailles royales et est enterré secrètement dans un triple cercueil d'or, d'argent et de fer, probablement sous le lit du fleuve Tisza en Hongrie actuelle, temporairement détourné pour l'occasion, puis les esclaves qui creusent sa tombe sont égorgés afin qu'elle ne soit jamais découverte et profanée. Son emplacement est encore inconnu au XXIe siècle. Ses fils Ellac puis Attila II lui succèdent, mais sa succession dégénère en conflit entre ses fils, dont les principaux sont Ellac, Dengitzic et Ernakh. Ancien allié d'Attila, le roi Ardaric et ses Gépides soulèvent les peuples fédérés et vainquent les Huns à la bataille de la Nedao au cours de laquelle Ellac trouve la mort, entraînant la dislocation de l'Empire hunnique. Les tribus hunniques se désunissent et reprennent pour chefs des membres de leurs aristocraties, tandis que les différents peuples fédérés par Attila se dispersent. Dengitzic tente une dernière incursion au sud du Danube en 469 et une chronique byzantine, la Chronicon Paschale, nous rapporte sa fin : engitzic, fils d'Attila, fut tué en Thrace. Sa tête fut apportée à Constantinople, promenée en procession et plantée sur un pieu au Cirque de Bois. Toute la ville vint la voir . Avec sa mort disparaît toute possibilité de restaurer l'Empire hunnique. Si son Empire ne lui a pas survécu plus de deux années, les proches non hunniques d'Attila continuent à jouer un grand rôle dans la géopolitique du ve siècle et dans les évènements qui accompagnent la disparition de l'Empire romain d'Occident : Flavius Oreste place sur le trône le dernier empereur romain Romulus Augustule et Edecon est le père d'Odoacre qui le dépose en 476, mettant ainsi fin à l'Empire d'Occident.
L’image légendaire et mythologique d’Attila
Attila est surtout connu dans l’historiographie et dans la tradition chrétienne occidentale pour avoir été le fléau de Dieu, ce qui lui a conféré une image des plus sombres. En réalité, ce fils du roi Moundzouk, souverain d’un des peuples les plus puissants de son temps, est devenu aux yeux des Européens occidentaux l’image emblématique du souverain-guerrier nomade, se confondant dans l’imaginaire populaire avec les traits que l’on prêtera plus tard à Gengis Khan : sanguinaire, aimant la guerre et les pillages par dessus tout, cruel et rusé. Or, cette vision est en grande partie inexacte : non seulement les Huns d’Attila étaient un peuple turc qui accueillait de nombreux Germains en son sein, à tel point que ces derniers étaient largement majoritaires dans la coalition qui l’assistait lors de la bataille des champs catalauniques, mais aussi la cour d’Attila était sans doute l’une des plus raffinées de son temps, ayant repris nombre d’usages romains. Cependant, l’époque à laquelle vécut Attila - vers la fin de l’empire d’Occident, son opposition au général Flavius Aetius, par ailleurs nommé le dernier des Romains, et l’origine de son peuple ont frappé l’imaginaire collectif et contribué à faire d’Attila la figure typique du barbare s’opposant à la civilisation, ce qui ressort des nombreux films ou œuvres dans lesquels ce dernier apparaît. Dans le chant des Nibelungen qui a pour sujet l’écrasement des Burgondes par les Huns et popularisé au XIXe siècle par Richard Wagner, connu dans une version du XIIe siècle, Attila apparaît sous le nom de Etzel, noble et généreux allié. Il est aussi dépeint dans la mythologie germanique sous les traits de Atli, cruel et assoiffé d’or. Ces deux aspects montrent quelles peuvent être les différentes facettes de la vérité. Enfin, en raison de l’historiographie nationale, il ne faut pas oublier qu’Attila, nom d’origine germanique et plus précisément d’origine gothique, a disparu partout sauf en Hongrie et en Turquie, où ce prénom est toujours très populaire.
La vision occidentale : le fléau de dieu
Cette expression Chrétienne de fléau de Dieu a été forgée par saint Augustin pour désigner Alaric en 410, mais dès le VIe siècle Grégoire de Tours pense déjà que les Huns sont un instrument divin. Au siècle suivant Isidore de Séville précise l'idée : Les Huns sont le bâton de la fureur de Dieu. Chaque fois que la colère de Dieu s'abat sur les fidèles, c'est par eux qu'ils sont frappés. L'expression n'apparaît qu'au VIIe siècle dans une hagiographie de saint Loup où Attila se présente comme étant le fléau de Dieu, bien que fléau soit resté dans les mémoires, fouet traduit mieux le terme original de flagellum. Les chroniqueurs et hagiographes chrétiens poursuivent cette tradition et en font un véritable antihéros. Les hagiographies lui prêtent de nombreux crimes et martyres imaginaires comme saint Nicaise à Reims, saint Memorius à Saint-Mesmin et de nombreux autres. À partir de ces chroniques se développent de nouvelles légendes mettant en scène des évêques protégeant leurs cités d'Attila : Jean à Ravenne, Géminien à Modène, Alpin à Châlons, Auctor à Metz, etc. Sainte Ursule et les onze mille vierges mortes en martyre à Cologne constituent l'invention hagiographique la plus impressionnante, couchée par écrit au Xe siècle, elle reste populaire durant tout le Moyen Âge. Certains récits vont même identifier les Juifs aux Huns
Personnage romanesque en Italie
En Italie, à partir du XVIe siècle, Attila devient un héros littéraire. Des épopées en vers ou en prose narrent ses aventures chevaleresques et lui prêtent une naissance extraordinaire : il serait le fils d'une princesse et d'un lévrier. Dans ces récits, par sa nature semi-bestiale et ses mauvaises actions, il est encore représenté comme l'ennemi du christianisme. L'un des plus populaires, l'Estoire d'Atile, est copié puis imprimé à Venise à travers les siècles ; la dernière édition daterait de 1862.
Héros germanique et scandinave
Attila n'a pas laissé une image aussi négative dans les territoires non romains. La Chanson de Walther, chanson de geste en hexamètres latins, attribuée au moine Ekkehard Ier de Saint-Gall, vers 930, dépeint Attila comme un roi puissant et généreux. La Chanson des Nibelungen, Nibelungenlied en allemand, une épopée médiévale allemande composée au XIIIe siècle, le présente, sous le nom de Etzel, sous un jour positif malgré son paganisme. Dans les sagas islandaises écrites au XIIe siècle, Attila et les Huns sont mis en scène dans des guerres épiques les opposants aux Burgondes, aux Goths ou aux Danois comme dans la Brevis historia regum Dacie de Saxo Grammaticus. L’Edda poétique est un recueil de chants scandinaves, les racines des plus anciens remontent au Ve siècle. Le personnage du roi Atli est issu de l'Attila historique. Les poèmes de l'Edda mettant en scène Attila sont Atlamál (Les Dits groenlandais d'Atli), Guðrúnarkviða II (Le Second chant de Gudrún), Sigurðarkviða hin skamma (Le Chant bref de Sigurd), Guðrúnarhvöt (L’exhortation de Gudrún), Atlakviða (Le Chant d'Atli). Ces chants sont repris en prose au xiiie siècle par Snorri Sturluson, le plus grand écrivain scandinave médiéval. Dans ces légendes, Gudrún pour les nordiques ou Kriemhild pour les germaniques, sœur du roi des Burgondes, constitue un des principaux personnages, elle serait issue de l'Ildico historique. La mort tragique d'Attila, les soupçons d'assassinat et de l'implication de sa jeune épouse auraient donné lieu à une tradition littéraire dans laquelle le motif de la vengeance féminine tient une place majeure. Dans ces mythes, Attila est représenté de façon assez sympathique , il est tolérant, loyal, généreux et chevaleresque. Ses démêlés tragiques sont dus à sa naïveté et à ses difficultés à comprendre les autres peuples
Roi mythique hongrois
Lorsque au Xe siècle les Hongrois, nomades venus de l'Est, s'installent dans les Carpates et commencent à mener des razzias en Europe, les chrétiens les identifient immédiatement aux Huns. Quand ils se convertissent et commencent à écrire leur propre histoire, ils adoptent cette idée, revendiquent la filiation avec Attila et le transforment en héros positif. Il devient ainsi l'ancêtre de la dynastie Árpád dans la Gesta Hungarorum rédigée vers 1210. Dans ces mythes fondateurs, Attila est glorifié, ses vertus morales et guerrières exaltées. À la Renaissance, la Chronica Hungarorum utilise encore la figure du roi des Huns pour accroître le prestige et la légitimité de la monarchie hongroise alors à son apogée, Matthias Ier de Hongrie est célébré comme un second Attila. L'origine hunnique des Hongrois et la figure d'Attila est encore un thème récurrent de la littérature hongroise du XVI au XIXe siècle. En 1857, le compositeur et pianiste virtuose Franz Liszt compose un poème symphonique sur la bataille des champs Catalauniques. Le développement du nationalisme hongrois garde Attila comme une référence majeure de l'identité nationale, la disparition de son brillant empire est mise en parallèle avec le destin des Hongrois sous domination autrichienne et ottomane. Au XIXe siècle, l'historienne Edina Bozoky recense une vingtaine de drames, neufs poèmes et trois romans hongrois utilisant Attila, notamment deux œuvres de grands auteurs que sont l'écrivain Mór Jókai et le poète János Arany. Plus de quinze œuvres à ce sujet sont encore écrites au XXe siècle. Le prénom Attila reste populaire tout au long du siècle comme en témoignent Attila József, Attila Csihar, Attila Zsivóczky ou Attila Horváth. Huns ! Je lève haut l'épée de Dieu, qu'elle propage jusqu'à la fin du monde, l'empire, le nom, la gloire de notre peuple ! Discours d'Attila dans le poème épique et nationaliste de János Arany, 1863. Le mythe d'Attila est aussi très utilisé dans la politique hongroise, particulièrement par l'extrême droite dans les années 1930. Certains développent un néopaganisme prétendant retourner aux sources hunniques et construisent une tour à la mémoire d'Attila, d'Árpád et de Koppány. Ces groupes connaissent une résurgence avec la troisième République hongroise : une ainte Église des Huns est fondée en 1997 et une, Alliance hunnique en 2002. En 2010, une statue équestre d'Attila est inaugurée à Budapest par le ministre de la défense Csaba Hende. À cette occasion, des arbres sont plantés aux frontières historiques de la Hongrie, officiellement pour qu'ils prennent racine auprès d'Attila.
Symbole politique
Bien qu'au siècle précédent Voltaire et Montesquieu aient dépeint un Attila contrasté et pourvu de grandes qualités, au XIXe siècle Attila devient une métaphore du tyran et les Huns des ennemis barbares et brutaux. Benjamin Constant en 1815 et Victor Hugo en 1824 comparent Napoléon à Attila. Les Français et dans une moindre mesure les Anglais et les Américains comparent les Allemands aux Huns, Victor Hugo compare cette fois Guillaume Ier à Attila en 1871. Lors de la première Guerre mondiale, Guillaume II est encore comparé à Attila, la bataille de la Marne devenant une répétition des champs Catalauniques. En 1914, Rudyard Kipling lance un appel à la guerre contre les Huns. Les affiches canadiennes et américaines comparent la destruction de la Belgique par l'Allemagne aux ravages d'Attila, la propagande proclame, Beat the Hun, que l'on peut traduire par Écrasons le Hun. Les anecdotes historiques et morales d'Attila sont propagées par l'école : amené par sa monture favorite, Balamer, guidée par le vent jusqu'à l'épée de Tengri, Attila s'exclame : Là où passe mon cheval, l'herbe ne repousse pas. Cette phrase a longtemps été un lieu commun de l'enseignement primaire en France. Paradoxalement, les Allemands reprennent parfois à leur compte la métaphore, lors de la révolte des Boxers, Guillaume II galvanise ses troupes en les incitant à suivre le modèle d'Attila, il déclare : Pas de pitié ! Pas de prisonniers ! Il y a mille ans les Huns du roi Attila se sont fait un nom qui retentit formidablement aujourd'hui encore dans les mémoires et les contes ; que le nom des Allemands acquière en Chine la même réputation, pour que plus jamais un Chinois n'ose regarder un Allemand de travers. À la façon des Hongrois, au XXe siècle, les nationalistes et les touranistes turcs récupèrent également la figure d'Attila, libérateur des nations opprimées par les rois étrangers et la religion, précurseur de la Turquie moderne et laïque. Plus récemment, en 2011, le général serbe Ratko Mladić est surnommé Attila aussi bien dans son propre pays qu'à l'étranger. Des pamphlétaires utilisent encore la figure négative d'Attila, comme Sandy Franks et Sara Nunnally qui le comparent avec Wall Street;
Dans les arts
À une moindre échelle qu'en Hongrie, le roi des Huns est resté populaire dans le reste de l'Europe, sa figure ayant sans cesse intéressé les artistes. Pour l'historienne Edina Bozoky, la richesse et la variété des œuvres sur Attila sont exceptionnelles dans l'histoire littéraire : chaque pays, chaque époque se fabrique un Attila à son image.
Sculpture, vitraux, peintures et gravures
L'art chrétien a beaucoup représenté Attila, enluminures des ouvrages hagiographiques comme celles de La Légende dorée de Jacques de Voragine, statues, retables et vitraux des églises. Attila y est souvent un personnage secondaire visant à valoriser les saints, comme Alpin, Loup, Geneviève, Ursule et les vierges de Cologne. L'une des peintures les plus renommées est Le Martyre de sainte Ursule réalisée par Le Caravage en 1610, Attila y est représenté avec un air sombre et un arc à la main tandis qu'une flèche transperce la poitrine de la martyre. Les peintres, sculpteurs et graveurs hongrois de la Renaissance et de l'âge baroque en réalisent des portraits en majesté dans l'art officiel.
Théâtre Attila est une des dernières tragédies de Corneille, en 1667. Drame amoureux dans lequel Attila doit choisir entre Honorie l'impératrice et Ildione la sœur du roi de France, Corneille considère que c'est sa meilleure pièce de théâtre mais elle ne remportera pas un grand succès. Pour Nicolas Boileau en revanche, Attila signe le déclin du génie de Corneille, résumé par son exclamation désolée : J'ai vu Agésilas, hélas ! Mais après l'Attila, holà !. En montrant un Attila rongé par ses ambitions de conquêtes glorieuses et aux prises avec des amours tumultueuses, Corneille parle de la France du jeune et ambitieux Louis XIV des années 1660.
Musique et opéra Attila est très utilisé dans l'opéra. Dès 1672, Pietro Andrea Ziani compose un Attila sur un livret de Matteo Noris. En 1807 à Hambourg, en 1818 à Palerme, en 1827 à Parme et en 1845 à Venise des opéras intitulés Attila sont représentés avec des succès divers. Le plus connu reste celui de Giuseppe Verdi en 1846. Zacharias Werner, écrivain autrichien, écrit Attila, König der Hunnen, Attila, roi des Huns sur les dernières années de sa vie et la fait publier en 1807. Il met en scène la campagne d'Italie et le pillage d'Aquilée, Attila y est dépeint comme une métaphore de Napoléon. Celui-ci ordonne d'ailleurs de détruire toutes les copies de l'ouvrage en 1810. Cette œuvre est à l'origine de l'opéra de Verdi, Attila, sur un livret de Temistocle Solera en 1846. Aux XX et XXIe siècles, Henri Salvador écrit et chante un humoristique Attila est là en 1967, en 2009 Danton Eeprom donne ce nom un à titre de musique électronique dans son premier album Yes is More. Le poète et député hongrois Sándor Lezsák écrit un opéra-rock Attila, az Isten kardja mis en scène et joué par Levente Szörényi en 1993.
Littérature La littérature russe et soviétique de la première moitié du xxe siècle, dans l'élan du scythisme, qui célèbre les racines asiatiques de la Russie, s'empare de la figure d'Attila. Valéri Brioussov lui consacre un poème en 1921 où Attila personnifie la crainte de la destruction et l'espoir du renouveau. Ievgueni Zamiatine écrit le roman historique Le Fléau de Dieu sur la jeunesse d'Attila. De nombreux autres écrivains de pays différents lui ont aussi consacré un roman historique comme l'Allemand Felix Dahn dans ses Romans historiques de la Grande Migration publiés entre 1882 et 1901, le Canadien Thomas Costain en 1959, ou encore l'auteur américain de thrillers historiques William Dietrich avec Le Fléau de Dieu en 2005. Si Attila est représenté en Barbare, il sert aussi à critiquer un monde romain décadent, mou et dépravé.
Cinéma et télévision Le premier film mettant en scène Attila est un film muet italien en 1918115. En 1924, le film allemand Les Nibelungen de Fritz Lang devient un classique du cinéma, les Huns y sont dépeints comme des brutes barbares. Les films américain Le Signe du païen de Douglas Sirk et italien Attila, fléau de Dieu de Pietro Francisci sortis tous deux en 1954 conservent cette image. À l'inverse, le téléfilm Attila le Hun de Dick Lowry en 2001, dépeint un Attila, incarné par Gerard Butler, beaucoup plus positif et séduisant.
Bande dessinée La bande dessinée historique de Jean-Yves Mitton et Franck Bonnet Attila mon amour sort en six volumes de 1999 à 2003. Sur un ton humoristique, Manu Larcenet et Daniel Casanave transforment le conquérant en dépressif dans Une aventure rocambolesque d'Attila le Hun - le Fléau de Dieu publié en 2006. Le Fléau des dieux de Valérie Mangin et Aleksa Gajić transpose le combat entre Attila et Aetius en space opera.
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Posté le : 07/04/2013 16:38
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Re: Attila roi des huns |
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Modérateur
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De Corse
Niveau : 30; EXP : 5 HP : 0 / 726 MP : 395 / 26819
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On peut toujours apprendre, et à tout âge. Attila, j'en avais gardé une image scolaire, et elle n'était pas à son avantage !
Posté le : 10/04/2013 12:51
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Re: Attila roi des huns |
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De Montpellier
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Mais il est vrai qu'à le regarder de plus près on voit que tout n'est ni noir, ni blanc, mais il était un homme de son époque, c'est à dire qu'à nos yeux il serait infréquentable.
Posté le : 10/04/2013 20:11
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