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De 18290 France
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« Le Chevalier D’Éon, une histoire de cour ! »
Connaissance des personnages Dans la cour du Château de Châteauneuf sur cher, au printemps 1760, une grande table fleurie pleine de brioches et de vin du pays, était dressée pour honorer, comme il en était coutume à cette époque, plusieurs mariages de jeunes gens du village. Parmi la joyeuse effervescence qui entourait la table, il y avait là , un verre à la main, deux personnages de hautes naissances qui avaient été les nobles témoins de ces unions. Ils semblaient bien se connaître et discouraient ensemble fort courtoisement. Pourtant, même si leurs deux chemins s’étaient, un temps, croisés, ils n’étaient pas de ceux, si j’ose m’exprimer ainsi, qu’on mettait dans le même sac. L’un, était « Paul de l’Hôpital Gallucio », Marquis de Châteauneuf sur Cher, ambassadeur de France à Naples en 1740, puis ambassadeur de France à Saint Pétersbourg en Russie. C était donc un homme qui se trouvait constamment dans la lumière qui faisait briller le Royaume de France. L’autre était « Alexandre Pierre Mackenzie Douglas », de noblesse écossaise, baron de Kildin, partisan de la maison Stuart, il était parent de Jean Pierre Tercier commis aux affaires étrangères. C’était lui un homme de l’ombre. Il était en quelque sorte le « James bond » du XVIII ème. Comment s’étaient donc connus ces deux personnages d’apparence très opposés ?
Voilà l'histoire ! A cette époque la France vient tout juste de sortir de la guerre de succession d’Autriche (traité d’Aix la Chapelle 1748 assez désavantageux pour la France. Des aristocrates polonais influents proposent au frère du roi Louis XV, le prince de Conti, de se porter candidat aux élections pour le trône de Pologne devenu vacant à la mort du roi Auguste III. Le roi Louis XV approuve la candidature de son frère, qui devenu roi de Pologne, lui permettra, entre autres, d’avoir une base diplomatique aux portes de la Russie dont il compte bien en faire son allié. Pour cette mission, les deux frères organisent entre eux deux, un système de correspondance ultrasecret qu’ils appelleront « Le secret du roi ». Pas même les services secrets royaux de l’époque « le cabinet noir » ne devront en connaître l’existence.
La première mission du « Secret du roi » La première mission du « secret du roi » fut d’œuvrer pour le rapprochement de la France et de la Russie dont la tsarine de l’époque Elisabeth était une amoureuse folle de la culture française et du faste de la cour de Versailles, des Français et des Françaises. Ce rapprochement ne devait donc pas être très difficile à obtenir. Le plus difficile était incontestablement d’approcher dans le plus grand secret la tsarine sans qu’aucun des deux gouvernements de France et de Russie ne s’en aperçoivent.
Procédés et moyens Pour ce faire, les deux frères royaux eurent l’idée d’envoyer deux hommes à eux sous une couverture encore utilisée de nos jours, celle d’un couple anonyme, oncle et nièce, de touristes français voulant découvrir les grands espaces de l’Est. Mackenzie Douglas fut choisi par le prince de Conti pour être l’oncle, mais le roi ne trouva point dans son entourage de femme capable de garder un tel secret. A cela ne tienne, on avait sous la main un jeune homme au visage d’ange qui, habillé en femme ferait une excellente nièce à Mackenzie. Ce jeune homme était Le Chevalier D’Éon.
Objectif La mission fut précisée, elle consistera à obtenir la main de la tsarine pour le prince de Conti, ou à défaut, de lui obtenir le commandement de l’armée russe. Un code secret fut convenu, dans les courriers : Mackenzie serait le « renard noir » ; si la mission réussie, on parlerait du « renard qui était cher » ; si elle était en bonne voie, on écrirait que « l’hermine est en vogue » : et si au contraire elle était mal partie, on affirmerait que « les martes zibelines étaient en baisses ». Tout un programme !
Action Voici nos deux bons-hommes ou plutôt l’oncle et la nièce partis pour une longue randonnée en calèche. Tout alla bien jusqu'à la frontière entre la Pologne et la Russie, où là , les soldats douaniers (qui ne sont pas des imbéciles puisqu’ils sont douaniers) refoulèrent l’oncle Douglas et laissèrent passer la belle nièce si féminine venant de France. Notre « chevalière » continua donc sa route pour enfin être présentée à la tsarine sous le nom de « Lia de Beaumont ». Il avait suffi pour cela de dire simplement qu’elle était Française, pour qu’Elisabeth ait une forte envie de la rencontrer puis de se l’attacher comme « liseuse » ou « lectrice » officielle.
Une tsarine pressente Lors d’un de ces moments studieux….., notre « chevalier nièce » put remettre à la souveraine de toutes les Russies, le message du roi qu’elle ou qu’il dissimulait dans la couverture d’un livre de France écrit par Montesquieu et qui avait pour titre « l’Esprit des Lois ». La tsarine ayant sans doute percé à jour le secret du sexe de notre chevalière, commença à se faire pressente à l’encontre de notre jolie nièce qui dut faire face à bon nombre de situations scabreuses.
Résultat de la mission Sa mission remplit, notre jolie nièce repartit pour la France avec la réponse de la tsarine qui souhaitait que le roi de France envoie auprès de sa personne, des ambassadeurs et représentants permanents. Ainsi Paul Gallucio de l’Hôpital, marquis de Châteauneuf, accompagné d’Alexandre Pierre Mackenzie Douglas et du chevalier D’Éon, en habits d’homme cette fois, furent tous les trois officiellement envoyés à la cour d’Elisabeth de Russie pour représenter la France. De cette ambassade déboucha le traité de Versailles en 1757 faisant de la Russie, de la Saxe, et de la Suède les alliés de la coalition franco-autrichienne.
Johan (JR.).
Bibliographie :
ARCHIVES NATIONALE : « Les archives personnelles de Charles de Beaumont, chevalier d'Éon » cote 277ap/1.
DENTU. (E.) : « Biographie d’Eon et pièces justificatives » 1866.
GAILLARDET. (Frédéric.). : « Mémoires du Chevalier d'Eon, capitaine de dragons, chevalier de Saint Louis, ministre plénipotentiaire de France à la cour d'Angleterre », t. I, Paris, Ladvocat, 1967 Editions de Saint-Clair.
LE MAISTRE. (Edme-Louis Anne.). : « Le chevalier d'Éon », Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, 1854.
LETAINTURIER-FRADIN. (Gabriel.). : « La chevalière d'Éon » Paris, E. Flammarion, 1901.
RABBE. (Alphonse.). VIEILH de BOISJOLIN et SAINTE-PREUVE. (Claude-Augustin.). « Biographie universelle et portative des contemporains, ou dictionnaire historique des hommes vivants et des hommes morts depuis 1788 jusqu'à nos jours », t. II, Paris, F. G. Levrault, 1834.
Posté le : 06/05/2018 17:15
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