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Jeanne d'arc boute les anglais 1
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Le 8 mai 1429 Jeanne D'arc " boute " les anglais hors d'Orléans

et met fin au siège de la ville qui durait depuis 1428. En raison de cette victoire encore célébrée à Orléans au cours des Fêtes johanniques, chaque année du 29 avril au 8 mai, on la surnomme la Pucelle d'Orléans, expression apparaissant pour la première fois en 1555 dans l'ouvrage " Le Fort inexpugnable de l'honneur du sexe féminin " de François de Bienne. Elle s'illustre pendant le conflit de la Guerre de Cent Ans, elle participe au Siège d'Orléans, à la bataille de Jargeau, à la bataille de Meung-sur-Loire et à la chevauchée vers Reims. Elle est la fille de Isabelle Romée et de Jacques d'Arc; elle a 3 frères et 1 sœur : Jacques, Jean, Pierre, et Catherine d'Arc.
En avril 1429, Jeanne d'Arc est envoyée par le roi à Orléans, non pas à la tête d'une armée, mais avec un convoi de ravitaillement. Ses frères la rejoignent. On l'équipe d'une armure et d'une bannière blanche frappée de la fleur de lys, elle y inscrit Jesus Maria, qui est aussi la devise des ordres mendiants les dominicains et les franciscains. En partance de Blois pour Orléans, Jeanne expulse ou marie les prostituées de l'armée de secours et fait précéder ses troupes d'ecclésiastiques. Arrivée à Orléans le 29 avril, elle apporte le ravitaillement et y rencontre Jean d'Orléans, dit le Bâtard d'Orléans, futur comte de Dunois. Elle est accueillie avec enthousiasme par la population, mais les capitaines de guerre sont réservés. Avec sa foi, sa confiance et son enthousiasme, elle parvient à insuffler aux soldats français désespérés une énergie nouvelle et à contraindre les Anglais à lever le siège de la ville dans la nuit du 7 au 8 mai 1429.
Jeanne d'Arc, née vers 1412 à Domrémy village du duché de Bar en Lorraine actuelle,et dont une partie relevait du royaume de France pour le temporel et de l'évêché de Toul pour le spirituel actuellement dans le département des Vosges en Lorraine, et morte, à 19 ans sur le bûcher le 30 mai 1431 à Rouen, capitale du duché de Normandie alors possession du royaume d'Angleterre, est une héroïne de l'histoire de France, chef de guerre et sainte de l'Église catholique, surnommée depuis le XVIe siècle la Pucelle d'Orléans et, depuis le XIXe siècle, mère de la nation française.
Au début du XV e siècle, cette jeune fille de dix-sept ans d'origine paysanne affirme avoir reçu de la part des saints Michel, Marguerite d'Antioche et Catherine la mission de délivrer la France de l'occupation anglaise. Elle parvient à rencontrer Charles VII, à conduire victorieusement les troupes françaises contre les armées anglaises, à lever le siège d'Orléans et à conduire le roi au sacre à Reims, contribuant ainsi à inverser le cours de la guerre de Cent Ans.
Capturée par les Bourguignons à Compiègne en 1430, elle est vendue aux Anglais par Jean de Luxembourg, comte de Ligny, pour la somme de dix mille livres. Elle est condamnée à être brûlée vive en 1431 après un procès en hérésie conduit par Pierre Cauchon, évêque de Beauvais et ancien recteur de l'université de Paris. Entaché de nombreuses irrégularités, ce procès voit sa révision ordonnée par le pape Calixte III en 1455. Un second procès est instruit qui conclut, en 1456, à l'innocence de Jeanne et la réhabilite entièrement. Grâce à ces deux procès dont les minutes ont été conservées, elle est l'une des personnalités les mieux connues du Moyen Âge.
Béatifiée en 1909 puis canonisée en 1920, Jeanne d'Arc est devenue une des quatre saintes patronnes secondaires de la France. Sa fête nationale est instituée par la loi en 1920 et fixée au 2e dimanche de mai.
Elle est dans le monde entier une personnalité mythique qui a inspiré une multitude d’œuvres littéraires, historiques, musicales, dramatiques et cinématographiques.


En bref


Jeanne d'Arc qui, grâce à la documentation d'une exceptionnelle richesse constituée par les dossiers de ses deux procès (condamnation en 1431, réhabilitation en 1456), est l'un des personnages les mieux connus du XVe siècle reste pourtant mystérieuse. Cela tient d'abord au contraste qui rend son action et les sources historiques qui la présentent déconcertantes. Paysanne qui ne sait ni lire ni écrire, dont tout le bagage savant se limite à la récitation du Pater, de l'Ave et du Credo et aux échos de sermons et de conversations entendus, elle est portée ou se porte (l'initiative de son action paraît bien lui revenir) au premier rang de la société.
Les procès ont bien consigné ses déclarations authentiques, mais ils sont rédigés dans la langue des juristes et des théologiens, alors que les paroles de Jeanne expriment une mentalité, une culture populaires. Ce contraste a rendu Jeanne incompréhensible ou suspecte à la plupart de ses contemporains (de Charles VII à ses juges) et des historiens, du XVe siècle à nos jours. Mais ceux qui ont saisi l'importance du caractère populaire de son comportement, de ses idées, de ses croyances ont faussé l'image de la Jeanne d'Arc historique soit par leur conception erronée du peuple (en partie Michelet, et surtout Péguy), soit par leur ignorance de la culture et de la mentalité populaires dans la France du début du XVe siècle.
Le fossé culturel séparant Jeanne de son entourage politique, militaire et ecclésiastique au XVe siècle et, depuis lors, de ses historiens a permis toutes les interprétations. L'historiographie de Jeanne d'Arc est ainsi devenue le condensé de l'évolution historiographique du XVe siècle à nos jours. Pour l'historien d'aujourd'hui, cette évolution n'est pas moins intéressante que l'histoire même de Jeanne. Il y a notamment une Jeanne d'Arc gothique, une Jeanne d'Arc Renaissance, une Jeanne d'Arc classique, une Jeanne d'Arc des « Lumières », une Jeanne d'Arc romantique, une Jeanne d'Arc nationaliste, etc.
Les deux caractères qui, au XXe siècle, sont passés au premier plan : la sainteté et le nationalisme, sont liés au moment historique et chargés d'équivoques et d'erreurs de perspective historique. Jeanne d'Arc, au XVe siècle, ne pouvait apparaître comme une sainte à personne et l'idée n'a effleuré aucun de ses plus chauds partisans. L'interprétation qui a été faite de paroles prononcées par certains témoins qui l'auraient traitée de « bona et sancta persona » repose sur un contresens. L'expression ne signifie pas « bonne et sainte personne », mais « personne de bonnes mœurs et de religion droite ». S'il est vrai que Jeanne a été animée par un sentiment « national » et a suscité des passions « nationales » en son temps, elle n'a ni créé ni même cristallisé ce sentiment qui existait en France bien auparavant, notamment dans les milieux populaires ; la nature du « nationalisme » du XVe siècle est différente de celle du nationalisme moderne et contemporain.
Si la plupart des interprétations de Jeanne d'Arc depuis le XVe siècle sont issues de déformations de bonne foi dues à l'outillage mental et scientifique de l'époque, si l'on comprend comment, de son vivant, ses ennemis, mal intentionnés sans doute, ont pu cependant confondre, plus ou moins de bonne foi, piété populaire et hérésie ou sorcellerie, il faut dénoncer les entreprises modernes qui, au mépris des textes les plus clairs et des données les plus certaines, reprennent inlassablement certaines erreurs. Il en est trois surtout, qui sont autant de contre-vérités assurées. Jeanne n'était pas une bâtarde royale ou noble, fruit par exemple des amours secrètes de la reine Isabeau de Bavière et du duc d'Orléans. Jeanne a bien été brûlée à Rouen, et les fausses Jeanne apparues après 1431 sont des folles ou des imposteurs. Jeanne n'a pas été démonolâtre, n'a pas appartenu à une secte « luciférienne » et, elle l'a dit sans ambiguïté, si elle partageait les traditions de son entourage paysan (fêtes autour d'un « arbre de fées », légendes du « Bois chenu »), elle « n'y croyait pas » comme le faisaient des compagnes et des compagnons d'une mentalité plus traditionnelle. Sa « simplicité » était celle d'une chrétienne du peuple très « orthodoxe ». Il est piquant de noter que les anthropologues anglais qui, au XXe siècle, ont eu le souci de replacer les croyances de Jeanne dans un cadre de mentalités traditionnelles sont tombés dans le piège de la sorcellerie. Une fausse science a renoué – innocemment – avec les superstitions savantes de leurs compatriotes mal intentionnés, ennemis de Jeanne au XVe siècle. En revanche, on peut penser que, à côté de l'histoire des mentalités et traditions populaires, les tentatives ébauchées par des spécialistes de l'histoire comparée des religions, de la psychiatrie et de la psychanalyse contribueront à mettre en lumière la vérité d'un personnage qui reste, en son temps et dans l'histoire, exceptionnel et, à travers les documents authentiques, souvent bouleversant.
Les événements. Jeanne est née probablement le 6 janvier 1412 dans un bourg du Barrois, Domrémy. Ses parents étaient des « laboureurs », c'est-à-dire des paysans assez aisés. Le nom de famille est écrit dans les documents d'époque Darc, Tarc, Dare, Day, etc. Le nom de Jeanne d'Arc apparaît pour la première fois dans un poème en 1576. De son enfance on connaît ce qu'elle-même et certains témoins en ont évoqué aux procès : sa dévotion, marquée par l'enseignement des ordres mendiants (confession et communion fréquentes, pratique des œuvres de miséricorde – surtout aumône aux pauvres –, culte spécial à certains saints et surtout à la Vierge et au nom de Jésus qu'elle prononcera sur le bûcher) ; sa participation aux fêtes et aux jeux de ses compagnons, à l'égard de qui elle manifestait toutefois une certaine distance, inspirée par sa piété et son goût pour la solitude. Domrémy, dans la vallée de la Meuse, était situé sur une route fréquentée par les marchands, les pèlerins, les clercs voyageurs, les soldats – le monde médiéval de la route, colporteur de nouvelles, de légendes et d'histoires plus ou moins savantes qui se mêlaient au fonds traditionnel local.
Les événements qui touchent Jeanne sont liés à la guerre de Cent Ans. Au lendemain du traité de Troyes (1420) et de la mort de Charles VI (1422), le royaume de France est divisé entre un roi légal, l'Anglais Henri VI – un enfant – qui, de Paris, ne tient que la France du Nord et doit beaucoup au soutien du duc de Bourgogne, et un roi qui se dit seul légitime, le dauphin Charles, « roi de Bourges », qui tient le Midi. Domrémy se trouve à la frontière entre les deux France et, dans la châtellenie de Vaucouleurs, non loin des possessions bourguignonnes et de l'Empire, c'est un des rares bourgs qui, dépendant du roi de France, soit resté fidèle à Charles. En 1425, les habitants doivent abandonner une première fois le village devant la menace bourguignonne et, en 1428, quand les Anglo-Bourguignons mettent le siège devant Vaucouleurs, qui résiste, Jeanne, avec les siens, se réfugie à Neufchâteau. C'est dans ce contexte qu'elle a commencé à entendre des « voix » – celles de saint Michel, de sainte Catherine et de sainte Marguerite – qui lui ordonnent d'aller en France, d'en chasser les Anglais et de faire sacrer Charles à Reims. Les Anglais en Angleterre, les Français en France, et le roi légitime sacré à Reims, en signe de lieutenance du vrai roi, Dieu : voilà l'essentiel du modèle de « monarchie chrétienne nationale » reçu par Jeanne. Après de longues hésitations, aidée par un parent, elle va trouver en mai 1428 le représentant du roi à Vaucouleurs, le capitaine Robert de Baudricourt, qui la traite de folle et la renvoie chez elle. Désormais elle sera aidée par des gens qui croiront en la réalité de sa mission et de ses voix, et elle se heurtera à l'incompréhension ou à l'hostilité de ceux qui la croiront folle, ou intrigante et menteuse, ou pis encore sorcière. Entre les deux, beaucoup hésiteront à se prononcer, oscilleront entre l'indifférence, la méfiance ou un intérêt sceptique. C'est qu'une longue tradition médiévale fait surgir un peu partout – et plus que jamais en ce début du XVe siècle à la faveur de la guerre, de la peste, du schisme – des prophètes savants ou populaires que l'Église rejette pour la plupart dans les cohortes maudites de Satan : sorciers ou pseudo-prophètes. Tel est le monde interlope, social et mental, dans lequel se trouve Jeanne en 1428-1429.
Le 12 février 1429, elle fait une nouvelle tentative auprès de Baudricourt. Sous la pression de partisans de Jeanne, après une séance d'exorcisme d'où elle sort victorieuse, Baudricourt cède. Il lui accorde une escorte armée. En onze jours la petite troupe, partie le 13 février de Vaucouleurs par la porte de France, arrive à Chinon, résidence du « roi » Charles. Celui-ci, très réticent, la reçoit le 25 février au soir. Elle passe l'épreuve avec succès, reconnaît le roi parmi son entourage et, dans un entretien particulier, le convainc de sa mission par un « signe » qu'elle refusera toujours de révéler au procès. Charles la soumet à l'interrogatoire des théologiens de l'université de Poitiers. Elle leur fait quatre prédictions : les Anglais lèveront le siège d'Orléans, le roi sera sacré à Reims, Paris rentrera dans l'obéissance au roi, le duc d'Orléans reviendra de sa captivité en Angleterre. Après un examen de virginité et une enquête de moralité, Jeanne, par une décision de Charles en conseil, est autorisée à participer aux opérations militaires. Munie d'une bannière (avec l'inscription « Jhesus Maria »), d'un prénom, d'une armure complète et d'une épée trouvée, sur ses indications, en la chapelle de Sainte-Catherine-de-Fierbois près de Tours, d'un écuyer, de deux pages, et d'un religieux augustin comme chapelain, elle prit part aux opérations qui aboutirent à la levée du siège d'Orléans par les Anglais, le 8 mai 1429. Ce fut ensuite la reprise de Jargeau, de Meung, de Beaugency, la victoire de Patay, le 18 juin. Son nom se répandit dans toute la France. Jean Gerson, chancelier de l'Université de Paris, dans un petit traité du 14 mai, se prononça en faveur de la mission divine de Jeanne, et Christine de Pisan, dans un poème du 31 juillet, voyait en elle la réalisation des prophéties de la Sibylle, de Bède et de Merlin : la France sauvée par une vierge.
Le 17 juillet, Charles VII fut sacré par l'archevêque de Reims selon le cérémonial traditionnel. Jeanne se tenait près du roi, avec sa bannière dont elle dira qu'« ayant été à la peine, il était juste qu'elle fût à l'honneur ». Jeanne allait échouer dans sa troisième prédiction. L'armée commandée par le duc d'Alençon livra le 8 septembre un assaut contre Paris, qui fut repoussé, dans lequel Jeanne fut blessée. Des opérations limitées auxquelles participa Jeanne aboutirent à la reprise de Saint-Pierre-le-Moûtier, mais à un échec devant La Charité-sur-Loire (décembre). Le 24 décembre, Charles VII anoblit Jeanne et sa famille. Jeanne passa l'hiver 1429-1430 dans le Berry, à Bourges et à Sully. À la fin de mars elle se rendit dans le nord de l'Île-de-France avec une petite troupe pour combattre les Bourguignons. Le 23 mai, alors qu'elle tentait de faire lever le siège de Compiègne, elle fut faite prisonnière par les hommes de Jean de Luxembourg, condottiere au service du duc de Bourgogne. L'archevêque de Reims, Regnaut de Chartres, qui administrait pour Charles VII les régions conquises, écrivit aux Rémois pour les rassurer. La prise de la Pucelle, disait-il, ne changeait rien : déjà un jeune berger du Gévaudan venait de se manifester qui en ferait autant qu'elle. Tout le contraste est là, entre le « rationalisme » du clerc savant et la croyance populaire. Jeanne va en mourir.
Les procès. Jeanne échoua dans une tentative d'évasion du château de Beaulieu-en-Vermandois, elle se jeta du haut d'une tour, ce qui lui fut reproché à son procès comme une tentative de suicide. Dès le 26 mai, l'Université de Paris avait réclamé qu'elle fût jugée comme hérétique par le tribunal de l' Inquisition. Ce corps, représentant suprême en France de la culture et des préjugés savants et de la collaboration avec les Bourguignons et les Anglais, s'avérait être le principal ennemi de Jeanne. Les Anglais, qui voulaient la condamnation de Jeanne, l'achetèrent à Jean de Luxembourg, mais la remirent à la justice d'Église, tout en déclarant qu'ils la reprendraient si elle n'était pas déclarée hérétique. Un tribunal ecclésiastique fut constitué, par Pierre Cauchon, évêque de Beauvais, diocèse sur le territoire duquel Jeanne avait été prise ; son diocèse étant aux mains des Français, cet universitaire parisien, devenu une créature des Anglais, était replié à Rouen. Depuis longtemps gagné aux Bourguignons, il était l'un des rédacteurs de l'ordonnance « progressiste » de 1413, dite ordonnance « cabochienne ». Il s'adjoignit, malgré les réticences de celui-ci, un dominicain, frère Jean le Maître, vicaire de l'inquisiteur de France à Rouen. Ce furent les deux seuls juges de Jeanne, entourés d'un certain nombre de conseillers et d'assesseurs à titre consultatif.
Le procès de Jeanne fut donc un procès d'« inquisition en matière de foi ». On lui reprochait le port de vêtements d'homme, qui tombait sous le coup d'une interdiction canonique, sa tentative de suicide, ses visions considérées comme une imposture et un signe de sorcellerie, son refus de soumission à l'Église militante, et divers griefs mineurs. Le procès s'ouvrit à Rouen le 9 janvier 1431. Malgré quelques entorses aux règlements ou à la tradition, il est conforme à la légalité inquisitoriale, les juges se montrant soucieux de se mettre à l'abri de cas d'annulation. La partialité se manifestera surtout dans la façon de conduire les interrogatoires et d'abuser de l'ignorance de Jeanne. Des déclarations de celle-ci on tire douze articles soumis à l'Université de Paris qui, le 14 mai, en assemblée solennelle, ratifie les conclusions des facultés de théologie et de droit. Les théologiens ont déclaré Jeanne idolâtre, invocatrice de démons, schismatique et apostate. Les canonistes l'ont dénoncée comme menteuse, devineresse, très suspecte d'hérésie, schismatique et apostate. Ou elle abjurera publiquement ses erreurs, ou elle sera abandonnée au bras séculier. Dans un moment de faiblesse, Jeanne, qui a résisté aux menaces de torture, « abjure » le 24 mai au cimetière de Saint-Ouen. Elle se ressaisit bientôt et, en signe de fidélité envers ses voix et Dieu, elle reprend le 27 mai ses habits d'homme. Un nouveau procès est expédié et, le 30 mai 1431, Jeanne hérétique et relapse, est brûlée sur le bûcher sur la place du Vieux-Marché de Rouen.
En 1437, la troisième prophétie de Jeanne s'était accomplie : les troupes de Charles VII avaient repris Paris. Le 10 novembre 1449, Charles VII entra à Rouen et, le 15 février 1450, il fit procéder à une enquête sur la façon dont s'était déroulé le procès de Jeanne. Cette enquête n'eut pas de suite. En 1452, pour plaire à la cour française, le cardinal d' Estouteville, légat pontifical, fit rouvrir l'enquête sans plus de résultat immédiat. En 1455, à la demande de la mère de Jeanne, débuta un nouveau procès d'inquisition, où le nouveau grand inquisiteur de France, le dominicain Jean Bréhal, se dépensa en faveur de la mémoire de Jeanne. Le 7 juillet 1456, dans la grande salle du palais archiépiscopal de Rouen, les commissaires pontificaux, sous la présidence de Jean Juvénal des Ursins, archevêque de Reims, déclarèrent le procès de condamnation de Jeanne et la sentence « entachés de vol, de calomnie, d'iniquité, de contradiction, d'erreur manifeste en fait et en droit y compris l'abjuration, les exécutions et toutes leurs conséquences » et, par suite, « nuls, invalides, sans valeur et sans autorité ». La décision fut publiée solennellement dans les principales villes du royaume. Décision d'annulation, purement négative, qui se contentait de lever une hypothèque sur le destin posthume de Jeanne.
Jeanne après Jeanne .Jeanne avait de son vivant connu une célébrité due surtout à l'étonnement de voir la Pucelle « passer de la garde des brebis à la tête des armées du roi de France ». Au lendemain de sa mort son souvenir fut tantôt honoré, tantôt exploité, bien que, à la cour et au sommet de la hiérarchie ecclésiastique, on fût porté à faire silence sur elle pour attribuer à Dieu seul et à son intérêt pour la monarchie française les événements provoqués par l'action de Jeanne. Des villes comme Bourges et surtout Orléans firent célébrer une messe de requiem à l'anniversaire de sa mort. À Orléans, une pièce de théâtre, ébauchée en 1435-1439, mise en forme en 1453-1456, le Mistère du siège d'Orléans, fut jouée à plusieurs reprises. Une fausse Jeanne, Jeanne ou Claude du Lis, apparut dans la région de Metz en 1436, épousa un pauvre chevalier, Robert des Armoises, et cette Jeanne des Armoises, qui fut reconnue par les frères de Jeanne – aberration ou calcul ? – donna le change jusqu'en 1440 où elle fut démasquée – ironie du sort – par l'Université et le Parlement de Paris.
L'époque humaniste voit une éclipse de Jeanne. L'historiographie officielle minimise l'importance de l'héroïsme au profit de la monarchie qui, par la volonté de Dieu, a été la véritable salvatrice de la France. Un courant rationaliste voit dans Jeanne la création et la créature d'un groupe de politiques avisés et cyniques (par exemple Girard du Haillan : De l'estat et mercy des affaires de France, 1570). D'autres la placent simplement dans la galerie à la mode des « femmes vertueuses ». Rares sont ceux qui, comme François de Belleforest (Les Grandes Annales, 1572) ou Étienne Pasquier (Les Recherches de la France, 1580), s'efforcent à une objectivité érudite. Pourtant, certains curieux s'intéressent au texte des procès puisqu'une trentaine d'exemplaires manuscrits ont été conservés pour la période de la Renaissance. D'autre part, avec les guerres de religion, Jeanne, vilipendée par les protestants (ils avaient détruit en 1567 le monument qui lui avait été élevé à Orléans), tendait à devenir la patronne des catholiques et en particulier des catholiques extrémistes, les ligueurs.
Le XVIIe siècle serait aussi une époque négative pour Jeanne d'Arc, dont le caractère « gothique » choquait l'esprit classique, si Jean Chapelain ne lui avait consacré une longue épopée, La Pucelle, ou La France délivrée (1656), qui fut « attendue comme une Énéide » et consterna les meilleurs amis du poète. Les libertins cependant ne voyaient en Jeanne qu'une « subtilité politique » et prétendaient qu'elle n'avait été brûlée qu'en effigie. Cette veine rationaliste semble triompher au siècle des Lumières. Jeanne est une des cibles favorites de Voltaire, qui cherche à la ridiculiser dans l'épopée héroï-comique de La Pucelle (composée en 1738, éditée en 1762), peu estimée aujourd'hui, mais très admirée par les milieux éclairés du XVIIIe siècle. Voltaire n'était pas seul de son bord. Beaumarchais, dans Les Lettres sérieuses et badines (1740), l'Encyclopédie ne voyaient en Jeanne qu'une malheureuse « idiote » manœuvrée par des fripons. Montesquieu la réduisait à une « pieuse fourberie ». Pourtant une abondante littérature catholique d'édification chantait ses louanges, le nombre des gravures la représentant en guerrière atteste sa popularité. Des esprits indépendants étaient sensibles à son personnage : Rousseau offrit à la république de Genève un texte des procès. Le mythe de Jeanne d'Arc doit beaucoup au romantisme et à deux poètes étrangers, l'Anglais Robert Southey (1795) et l'Allemand Schiller qui dans la pièce Die Jungfrau von Orléans fit de Jeanne une des plus touchantes héroïnes romantiques. La Restauration, la monarchie de Juillet, le second Empire voient le mythe de Jeanne s'épanouir avec le « patriotisme moderne ». Trois hommes firent beaucoup pour la légende, la connaissance et le culte de Jeanne. Michelet dans le tome V de l'Histoire de France (1841), puis dans une Jeanne d'Arc séparée (éditions critiques par G. Rudler, 1925 et par R. Giron, 1948) donna de Jeanne un inoubliable portrait, moins éloigné des documents authentiques qu'on ne l'a dit. Un érudit, Jules Quicherat, donna des procès et des documents annexes une édition qui fait encore autorité (1841-1849). Monseigneur Dupanloup, évêque d'Orléans depuis 1849, prépara enfin l'opinion catholique à l'idée de la sainteté de Jeanne. Peintre de la bourgeoisie et de la société établie, Ingres sacrifia à la mode en peignant une insipide Jeanne assistant au sacre du roi Charles VII dans la cathédrale de Reims (1854).
Après la guerre de 1870, Jeanne devint « la bonne Lorraine », symbole de l'espérance et de la revanche. Ses images – statues saint-sulpiciennes, lithographies, gravures – pullulent. Tous les artistes officiels et pompiers lui sacrifient (Jules Barbier, Charles Gounod, J. E. Lenepveu, Sarah Bernhardt, Théodore de Banville, François Coppée, Sully Prudhomme). Une même idéologie chauvine et cléricale inspirait jusqu'aux travaux historiques sérieux, telle la Jeanne d'Arc d'Henri Wallon (1860). Les voix plus ou moins discordantes sont rares. Bernard Shaw fait de Saint Joan (1923) la première protestante mais ne l'en admire que davantage. Anatole France, dans sa Vie de Jeanne d'Arc (1908), tout en voyant en Jeanne une hallucinée, instrument d'une faction d'ecclésiastiques, sut reconnaître la « fille des champs naïve et pure » à la « dévotion sincèrement visionnaire » et il est en définitive un de ceux qui ont le mieux senti son caractère populaire, historique, authentique. Monarchistes et républicains, catholiques et laïcs favorisaient à qui mieux mieux le culte de Jeanne. Cependant, le déchaînement des passions nationalistes avant et après la guerre de 1914-1918, orchestré par Péguy et par Barrès, était ratifié par l'Église qui proclamait l'héroïne nationale française bienheureuse en 1909 (le culte de Jeanne était dans la ligne de la spiritualité de Pie X), puis sainte et patronne de la France en 1920 (Benoît XV tenait à effacer auprès des Français vainqueurs l'attitude peu bienveillante du Vatican pendant la Grande Guerre). Depuis, au milieu de l'embaumement patriotique et religieux, certains artistes ont donné de Jeanne une interprétation plus simple et profonde à la fois, tels, au cinéma La Passion de Jeanne d'Arc de Dreyer (1927) et, au théâtre, l'oratorio de Honegger, Jeanne au bûcher.
On peut avancer aujourd'hui que Jeanne d'Arc a été une paysanne qui a ressenti avec une intensité extraordinaire les sentiments inspirés aux gens de son milieu par le drame de la France déchirée entre « Français français » et « Français anglais » et livrée aux misères matérielles et spirituelles de la guerre, et qui a manifesté avec une force exceptionnelle les croyances qui fournissaient à ces sentiments leur contenu affectif et irrationnel et des instruments d'action : vocation divine de certains élus comme elle, vocation divine des princes « nationaux », recours à certains moyens pour parvenir à ces fins divines, tels que la préservation de sa virginité à l'instar de Marie, l'observance du port symbolique du costume masculin pendant le temps de sa mission, la pratique des actes fondamentaux à ses yeux de la religion chrétienne confession, assistance à la messe, communion, mais aussi, et sans contradiction, prière individuelle et soumission aux ordres divins transmis par les voix. Pour réaliser sa mission dans un milieu soit réticent par distance sociale et culturelle du côté français, soit hostile à cause des formes militaires et politiques de son action du côté anglais, elle avait absolument besoin du succès. L'échec que fut sa capture fit disparaître son charisme. Toutes les réhabilitations, de 1456 à nos jours, sont plus des témoignages sur les préoccupations idéologiques de divers milieux et de diverses époques que sur la Jeanne historique. Jacques Le Goff

Sa vie

La naissance de Jeanne d'Arc se situe vraisemblablement en 1412 dans la ferme familiale du père de Jeanne attenante à l'église de Domrémy, village situé aux marches de la Champagne, du Barrois et de la Lorraine, pendant la guerre de Cent Ans qui opposait le Royaume de France au Royaume d'Angleterre.
Au début du XVe siècle, Domrémy se trouve imbriquée dans un territoire aux suzerainetés diverses. Sur la rive gauche de la Meuse, elle peut relever du Barrois mouvant, pour lequel le duc de Bar, par ailleurs souverain dans ses États, prête hommage au roi de France depuis 1301. Mais elle semble être plutôt rattachée à la châtellenie de Vaucouleurs, sous l'autorité directe du roi de France qui y nomme un capitaine le sire de Baudricourt, au temps de Jeanne d'Arc. Enfin, l'église de Domrémy dépend de la paroisse de Greux, au diocèse de Toul dont l'évêque est prince du Saint-Empire germanique.
L'historienne médiéviste Colette Beaune précise que Jeanne est née dans la partie sud de Domrémy, côté Barrois mouvant, dans le bailliage de Chaumont-en-Bassigny et la prévôté d'Andelot. Les juges de 1431 corroborent cette origine, de même que les chroniqueurs Jean Chartier et Perceval de Cagny. Seul Perceval de Boulainvilliers considère pour sa part qu'elle est née dans la partie nord, qui relevait de la châtellenie de Vaucouleurs et donc du royaume de France dès 1291.

Incertitudes sur la date de naissance

L'âge exact de Jeanne demeure inconnu. La version officielle, construite à partir du procès qui s'est tenu à Rouen, nous transmet que Jeanne a dit être née à Domrémy, et qu'elle a 18 ou 19 ans au moment de son procès. Une lettre du conseiller royal Perceval de Boulainvilliers en date du 21 juin 1429 constitue l'unique source faisant naître Jeanne la nuit de l'Épiphanie, autrement dit le 6 janvier, sans précision de l'année. La date de cette venue au monde saluée par le chant des coqs, à en croire Boulainvilliers, n'est pas authentifiée par les historiens médiévistes, qui soulignent plutôt la valeur symbolique de la nuit des rois mentionnée dans la missive.
Les chroniques médiévales se révèlent en fait souvent imprécises et les appréciations testimoniales sur les dates des naissances d'autant plus approximatives lorsque celles-ci ne sont pas illustres. Pour Jeanne d'Arc, les dates de naissance données par les chroniqueurs s'échelonnent entre 1399 et 1417 mais la Pucelle, lors de son premier interrogatoire le 21 février 1431 dit qu'elle croit avoir environ 19 ans et lorsqu'elle retrace sa vie, elle reste relativement cohérente. De plus, lors de son procès en nullité, les témoins, à l'exception de son amie d'enfance Hauviette et de Jean d'Aulon, concordent pour lui donner comme âge en 1431, 18, 19 ou 20 ans, ce qui la ferait naître vers 1412.

Famille

Jacques d'Arc et Isabelle Rommée, parents de Jeanne vue d'artiste par l'Union internationale artistique de Vaucouleurs. Statues érigées en 1911 sur le parvis de la basilique du Bois-Chenu à Domrémy-la-Pucelle Vosges.
Fille de Jacques d'Arc et d'Isabelle Rommée, elle faisait partie d'une famille de cinq enfants : Jeanne, Jacques, Catherine, Jean et Pierre.
L'usage de la particule n'indique rien quant à de possibles origines nobles, une particule pouvant être portée tant par des roturiers que par des nobles, en outre son nom est orthographié de différentes manières Dar, Darc, Day, d'Ay, Tare, Tarc, Tard, Dart, etc. dans la documentation relative à l'époque, sachant que l'usage de l'apostrophe n'est pas d'un emploi général au XVe siècle. Le nom d'Arc apparaît dans un sonnet anonyme, imprimé en 1576 à Orléans, qui célèbre la noblesse conférée par Charles VII à la Pucelle et déclenche la redécouverte littéraire de ce personnage.
Le patronyme d'Arc tire peut-être son origine d'Arc-en-Barrois en Champagne mais aucun document ne l'atteste. De arco signifie de l'arche ou du pont équivalent des patronymes courants Dupont ou Dupond, ce qui se rapporte probablement à un microtoponyme disparu.
Le père de Jeanne, Jacques, est désigné comme pauvre laboureur par des témoins du procès de réhabilitation de la Pucelle dans les années 1450. Cependant, l'historien médiéviste Olivier Bouzy note qu'un laboureur n'est pas pauvre puisque ce type de paysan aisé possède des terres et des bêtes. L'état des biens de Jacques d'Arc n'est pas connu avec précision. Bien que construite en pierre, sa maison comporte uniquement trois pièces pour toute sa famille. Bénéficiant vraisemblablement d'une certaine notoriété à Domrémy, le père de Jeanne représente à plusieurs reprises la communauté des villageois.
Jeanne ou Jeannette, comme on l'appelait à Domrémy où elle grandit fut décrite par tous les témoins comme très pieuse ; elle aimait notamment se rendre en groupe, chaque dimanche, en pèlerinage à la chapelle de Bermont tenue par des ermites garde-chapelle, près de Greux, pour y prier. Les témoignages de ses voisins lors de ses futurs procès rapportent qu'à cette époque, elle fait les travaux de la maison ménage, cuisine, du filage de la laine et du chanvre, aide aux moissons ou garde occasionnellement des animaux quand c'est le tour de son père, activité loin du mythe de la bergère qui utilise le registre poétique de la pastourelle et le registre spirituel du Bon berger de la Bible16. Cette légende de la bergère résulte probablement de la volonté des Armagnacs de transmettre cette image plus symbolique qu'une simple fille de paysan à des fins de propagande politico-religieuse pour montrer qu'une simple d'esprit pouvait aider le chef de la chrétienté du royaume de France et guider son armée, illuminée par la foi.
Les réponses qu'elle a faites à ses juges, conservées dans les minutes de son procès, révèlent une jeune femme courageuse, dont le franc-parler et l'esprit de répartie se tempèrent d'une grande sensibilité face à la souffrance et aux horreurs de la guerre, comme devant les mystères de la religion.
Une plaque apposée en 1930 sur le parvis de la cathédrale de Toul indique qu' elle comparut ici lors d'un procès matrimonial intenté par son fiancé en 1428.

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Posté le : 05/05/2016 20:17
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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