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Manon Roland dite Madame Roland
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Le 8 novembre 1793 à Paris est guillotinée Manon Roland

née Jeanne Marie Philipon, plus connue sous le nom de Madame Roland, naquit le 17 mars 1754. Elle fut une des figures de la Révolution française.
Elle joua un rôle majeur au sein du parti girondin, et poussa son mari, Jean-Marie Roland de La Platière, au premier plan de la vie politique de 1791 à 1793
.

En bref

Inspecteur général des manufactures de la généralité de Lyon à la veille de la Révolution, Roland a épousé en 1780 une Parisienne de condition modeste, mais bien plus jeune que lui, belle et instruite, nourrie de Rousseau, et qui dira plus tard que la lecture de Plutarque « l'avait disposée à devenir républicaine ». En 1790, le ménage s'installe une première fois à Paris, pour sept mois, car Roland a été chargé de présenter à la Constituante la délicate question de l'octroi de Lyon. Manon écrit alors dans Le Patriote français de Brissot, tient salon, reçoit notamment Robespierre, Brissot, Pétion, Buzot. Au cours de l'été de 1791, elle retourne à Lyon, mais la suppression de l'emploi de son mari par décret de la Constituante fournit un prétexte pour revenir à Paris en décembre 1791. Dans le salon de Mme Roland, on rencontre tout l'état-major de ce qui va constituer la Gironde et dont elle est l'inspiratrice. Manon fait tout pour éviter la rupture entre Robespierre, qu'elle estime, et les brissotins. Grâce à cette conduite habile et perspicace, le mari se pousse dans la politique et, n'étant point député, peut entrer dans le ministère brissotin comme ministre de l'Intérieur en mars 1792. Le « vertueux Roland » symbolise le nouveau gouvernement, mais l'influence de sa femme dans la conduite des affaires est indéniable : elle lui sert de secrétaire, rédige ses discours, ses circulaires. Dans Le Défenseur de la Constitution, Robespierre dénonce le « triumvirat féminin, Mme Roland et, sans doute, Mme de Staël et Mme Condorcet. Roland, épousant la haine de sa femme pour le roi et la reine, adresse à Louis XVI un violent manifeste, agitant la menace du sang et de la guerre civile le 10 juin 1792. Il doit quitter le ministère. Après le 10 août, membre du Conseil exécutif provisoire, il ne va pas tarder à se heurter aux sans-culottes parisiens et à la Commune. Mme Roland conçoit une haine violente envers Robespierre et surtout envers Danton qui supplante son mari au Comité exécutif. Roland se montre un ministre compétent, consciencieux, qui s'efforce de réagir contre les excès de la centralisation et développe devant la Convention la notion de responsabilité ministérielle. Attaché à la liberté préconisée par les économistes, il se trouve accordé aux intérêts des négociants condamnant la taxation et la réquisition des denrées, ce qui l'oriente de plus en plus vers le conservatisme et achève de perdre le ménage dans l'estime des sans-culottes et de Robespierre. Roland démissionne le 22 janvier 1793. Il échappe à l'arrestation le 2 juin. Manon est exécutée le 8 novembre ; Roland se donne la mort quand il apprend l'exécution de Manon. Roger Dufraisse

Sa vie

Elle est la fille de Gatien Phlipon, que l’on peut aussi écrire Phlippon, maître graveur à Paris, 41, quai de l'Horloge, homme aisé mais coureur de jupons et joueur, et de Marguerite Bimont, fille d'une femme de chambre et d'un cuisinier au service de la marquise de Crequy. C'est la seule survivante des sept enfants du couple. Dès son plus jeune âge, Manon fut une enfant pieuse et très intelligente, au caractère ferme et résolu, et montra de grandes aptitudes pour les études et un esprit vif et enthousiaste. Un frère de sa mère, vicaire, lui apprit le latin. À huit ans, elle se passionna pour la lecture de la Vie des hommes illustres et Plutarque resta un de ses auteurs favoris. Sa passion pour cet écrivain dura tout au long de sa vie — puis Bossuet, Massillon, et des auteurs de la même veine, Montesquieu, Voltaire.
Elle fut placée en 1765 au couvent de la Congrégation et s'y lia d'amitié avec Sophie et Henriette Canet originaires d'Amiens. Manon entretint avec ses deux amies une correspondance suivie après leur sortie du couvent.

Jeunesse

Avec la maturation de son esprit, elle abandonna l'idée d'entrer au couvent. Après le décès de sa mère, alors qu'elle avait une vingtaine d'années, la jeune fille se consacra à l’étude, et à la tenue du ménage de son père. La lecture de la Nouvelle Héloïse parvint à la consoler du profond chagrin qu’elle éprouva à la mort de sa mère, et Rousseau resta son maître.
En 1774, elle séjourna quelque temps au château de Versailles, ressentant comme une insulte le mépris dans lequel la noblesse tenait les bourgeois. Manon n’oublia jamais la haine qu’elle ressentit alors.
Belle, l'attitude ferme et gracieuse, le sourire tendre et séducteur, la fille du graveur eut de nombreux soupirants, mais refusa toutes les propositions de mariage.
En 1776, par l'intermédiaire de ses deux amies amiénoises notamment de Sophie, devenue Madame de Gomicourt en épousant Pierre Dragon Gomicourt, seigneur de Sailly-le-Sec, elle fit la connaissance de Jean-Marie Roland de La Platière, économiste réputé, d'une grande intelligence, inspecteur des manufactures de Picardie qui s'était lié à Amiens avec la famille Canet. Le vertueux et sévère Roland de vingt ans son aîné s'éprit de Manon et demanda sa main.

L'épouse d'un grand commis de l'État

Le 4 février 1780, après de multiples hésitations, elle l’épousa. Ils vécurent un an à Paris.
En février 1781, le couple Roland s'installa à Amiens où naquit leur fille : Eudora Roland 1781-1858, et postérité. Passionnée de botanique, Manon herborisa le long des canaux aux abords de la ville. Elle constitua un herbier aquatique qui fut utile à son mari qui publia un ouvrage, L'Art du tourbier, en 1782.
Ayant appris que la place d'inspecteur des manufactures à Lyon était vacante, elle en fit la demande pour son mari et c'est ainsi que le couple, en août 1784, quitta Amiens où il végétait et s'installa à Villefranche-sur-Saône près de Lyon. L'immeuble où ils vécurent, au 793 de la rue Nationale, existe toujours. Acquise aux idées des Lumières, Madame Roland écrivit des articles politiques pour le Courrier de Lyon.
La vie conjugale n’enchantait guère Manon qui ne se maria pas par amour mais plutôt pour échapper à la tutelle de son père. Cependant, il est indubitable qu'elle éprouva pour Roland de l'affection. La vie quotidienne menée aux côtés de l’inspecteur des manufactures, avec qui elle collabora sur le plan professionnel sans se préoccuper de ses aspirations, ne l'épanouit point. Mariée dans tout le sérieux de la raison, avoua-t-elle dans ses Mémoires, je ne trouvais rien qui m’en tirât je me dévouais avec une plénitude plus enthousiaste que calculée. À force de ne considérer que la félicité de mon partenaire, je m’aperçus qu’il manquait quelque chose à la mienne.
La Révolution donna enfin à Manon l'occasion de mettre un terme à cette vie terne et monotone. Le couple s'installa à Paris en décembre 1791 à l’hôtel Britannique, rue Guénégaud, les époux dormant désormais dans une chambre à deux lits. Enthousiasmée par le mouvement qui se développait, elle se jeta avec passion dans l’arène politique.

L'égérie des Girondins

Manon décida alors de faire un salon qui devint le rendez-vous de nombreux hommes politiques influents, Brissot, Pétion, Robespierre et d’autres élites du mouvement populaire dont notamment Buzot. Il était presque inévitable qu’elle-même se retrouvât au centre des inspirations politiques et présidât un groupe des plus talentueux hommes de progrès.
Grâce à ses relations au sein du parti girondin, Roland devint ministre de l’Intérieur le 23 mars 1792. Dès lors, dans l’hôtel ministériel de la rue Neuve-des-Petits-Champs hôtel de Calonne construit par Le Vau, Manon devint l’égérie du parti girondin. Barbaroux, Brissot, Louvet, Pétion, et aussi Buzot auquel la lia une passion partagée, assistèrent aux dîners qu’elle offrait deux fois par semaine. Manon, cependant, resta fidèle à Roland, ce vénérable vieillard qu’elle aime comme un père.
Aux côtés de son mari, elle joua, au ministère de l’Intérieur, un rôle essentiel, rédigeant notamment la lettre dans laquelle Roland demandait au roi de revenir sur son veto, lettre qui provoqua son renvoi le 13 juin 1792. Lorsque son mari retrouva son portefeuille après le 10 août 1792, Manon dirigea plus que jamais ses bureaux.
Après les Massacres de Septembre qui la révoltèrent mais contre lesquels elle n’agit pas, elle voua à Danton une haine chaque jour plus féroce. Aussi entière et acharnée dans ses haines que dans ses affections, l’égérie des Girondins attaqua Danton de plus en plus violemment par la voix de Buzot. Sachant d’où venaient ces attaques, le tribun s’écria : Nous avons besoin de ministres qui voient par d’autres yeux que ceux de leur femme. Manon, dès lors, devint furieuse. Cependant, les Montagnards multiplièrent les attaques contre les Girondins et en particulier contre Roland surnommé Coco Roland, Manon devenant Madame Coco ou la reine Coco.
Lassé des attaques, le ministre de l’Intérieur démissionna le 23 janvier 1793. Son épouse et lui s’éloignèrent du pouvoir, sans renoncer à jouer dans l'ombre, un rôle politique.

La prison, le procès, l'exécution

Le 31 mai 1793, lors de la proscription des Girondins, elle ne fuit pas, comme elle aurait pu le faire et comme le firent entre autres son mari et Buzot. Son époux s’échappa vers Rouen, mais Manon se laissa arrêter le 1er juin 1793 à son domicile situé au second étage du 51 rue de la Vieille Bouclerie et fut incarcérée dans la prison de l’Abbaye. Détachée de la vie, libérée de la présence de son mari, elle ressentit son arrestation comme un soulagement et l’écrivit à Buzot dans une de ces pages de la correspondance passionnée et déchirante qu’ils échangèrent alors : Je chéris ces fers où il m’est libre de t’aimer sans partage. Elle fut libérée le 24 juin. Relâchée pendant une heure, elle fut de nouveau arrêtée et placée à Sainte-Pélagie puis transférée à la Conciergerie où elle resta cinq mois.
En prison, elle fut respectée par les gardiens et certains privilèges lui furent accordés. Elle put ainsi avoir du matériel pour écrire et put recevoir des visites occasionnelles de ses amis dévoués. Elle y reçut la visite de son amie Henriette Canet qui lui proposa d'échanger leurs vêtements pour que Manon puisse s'échapper mais celle-ci refusa. C'est à la Conciergerie qu'elle écrivit son Appel à l’impartiale postérité, ses Mémoires destinés à sa fille Eudora où elle montra une étrange alternance entre louanges personnelles et patriotisme, entre l’insignifiant et le sublime.
Elle fut jugée le 8 novembre 1793. Toute vêtue de blanc, elle se présenta devant le Tribunal révolutionnaire. Le procès se déroula entre 9 h et 14 h 30. Sa sentence fut mise à exécution le soir même, en même temps qu’un autre condamné, Simon-François Lamarche, ancien directeur de la fabrication des assignats. Manon monta, avec une grande sérénité, dans la charrette qui la conduisit vers le lieu du supplice, la place de la Révolution rebaptisée depuis place de la Concorde. Passant devant la statue de plâtre dédiée à la Liberté installée afin de commémorer la journée du 10 août 1792, elle se serait exclamée, peu avant que ne tombe le couperet de la guillotine :
Ô Liberté, comme on t'a jouée ! ou selon une autre version plus littéraire : Ô Liberté, que de crimes on commet en ton nom !
Anecdote : Elle montra beaucoup de courage en montant sur la guillotine au contraire de Lamarche et lui proposa de monter le premier à l'échafaud pour lui éviter "une deuxième mort", il l'accepta.

Postérité

Deux jours plus tard, apprenant la mort tragique de sa femme, Jean Marie Roland se suicida le 10 novembre 1793 à Bourg-Beaudouin, dans l'Eure, sur la route entre Rouen et Paris. Buzot, qui ne l’apprit qu’en juin 1794, se donna lui aussi la mort, près de Saint-Émilion.
Sa fille Eudora, devenue orpheline, fut recueillie par Jacques Antoine Creuzé-Latouche, ancien soupirant de Manon. Conformément à la volonté de sa mère, ce fut le célèbre minéraliste et botaniste Louis-Augustin Bosc d'Antic, un des principaux amis de Manon Roland et de son mari, qui devint peu après son tuteur et se chargea de l’éducation de la petite orpheline. Il tomba amoureux de la jeune Eudora alors âgée de dix-neuf ans. Mais celle-ci ne répondant pas à ses avances, il partit aux États-Unis en juillet 1796 pour l'oublier. Elle épousa, quelques mois plus tard, Pierre Léon Champagneux.

Écrits

Lettres de Madame Roland de 1780 à 1793 publiées par Claude Perroud, Imprimerie nationale, 1900-1902.
Lettres de Madame Roland de 1767 à 1780 publiées par Claude Perroud, Imprimerie nationale, 1913-1915.
Lettres de Roland à Bosc publiées par Claude Perroud, Paris, Noël Charavay, s.d., après 1902.
Dix-huit Lettres de Madame Roland publiées par Claude Perroud, Paris, Noël Charavay, s.d., après 1905.
Nouvelles lettres de Madame Roland publiées par Claude Perroud, Paris, Noël Charavay, s.d., après 1909.
Mémoires de Madame Roland, Paris, Mercure de France, 1986, réédition : 2004.
Mémoires, tome 1 lire en ligne ; tome 2 lire en ligne sur Gallica

Iconographie

Sculpture
Statue en marbre de Madame Roland par Émile Joseph Nestor Carlier, pour la Maison d'éducation de la Légion d'honneur à Saint-Denis (1887-1893).
Buste de Madame Roland en marbre par François Masson, Los Angeles County Museum of Art.
Buste de Madame Roland en plâtre par Vital Cornu, Musée de la Révolution Française à Vizille.

Peinture

Madame Roland, vers 1787, portrait anonyme, Musée des Beaux-Arts de Quimper
Madame Roland, École française du XVIIIe siècle, Musée Lambinet de Versailles

Dessin

Madame Roland de profil, gravure au burin, dessinateur: H. Rousseau, graveur: E. Thomas

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Posté le : 07/11/2015 22:57
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
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Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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