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Lénine 6
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Défaite en Pologne et reflux de la vague révolutionnaire

Guerre soviéto-polonaise.

Les espoirs de Lénine sont cependant déçus dès août 1920, quand l'armée polonaise renverse la situation militaire et repousse les troupes soviétiques. La défaite de la Russie dans le conflit avec la Pologne porte un coup d'arrêt à la tentative d'exporter la révolution. Lénine doit constater la solitude internationale de la Russie soviétique, et le manque de réaction du prolétariat européen, et notamment polonais, dont il espérait un soulèvement. Lors du second congrès de la Troisième Internationale, l'Indien M.N. Roy plaide pour que soit reconnue l'importance des mouvements orientaux ; Lénine considère que la révolution doit compter sur les mouvements indépendantistes au sein des pays colonisés, mais constate que ses vues ne sont pas encore partagées par la plupart des communistes européens. Confronté à l'échec des révolutions européennes, il revient cependant à son idée de se tourner vers les arrières du monde occidental, en explorant le rôle des mouvements orientaux. Lénine demeure, en Russie, l'ennemi de l'asiatisme synonyme d'arriération, le paysan russe devant à ses yeux être européanisé- c'est-à-dire modernisé - pour sortir de sa semi-barbarie. Il considère cependant que le continent asiatique peut tenir un rôle capital dans la mondialisation de la révolution, car il accueille la majorité de la population du globe, qui lutte pour son affranchissement. Les pays arriérés d'Asie pourraient en outre, à ses yeux, suivre un schéma historique différent de celui de la Russie et sauter l'étape du capitalisme pour passer directement à un régime soviétique. En septembre 1920, le Premier congrès des peuples d'Orient » se tient à Bakou, animé par Grigori Zinoviev, Karl Radek et Béla Kun ; le congrès souligne cependant une absence d'unités de vue entre les communistes occidentaux et orientaux, ces derniers ne parvenant pas encore à faire reconnaître le caractère spécifique de leurs luttes.
En mars 1921, une tentative révolutionnaire en Allemagne échoue totalement ; Lénine est furieux d'apprendre, après coup, la manière désastreuse dont le coup de force communiste a été préparé. La priorité lui apparaît désormais de mettre les efforts du mouvement communiste au service de l'État soviétique dont il convient, en tant que base de la future révolution mondiale, de mettre au point l'organisation politique et territoriale. Malgré l'échec de la vague révolutionnaire en Europe, la tendance léniniste continue de constituer un important défi, non seulement aux démocraties parlementaires et aux régimes autoritaires occidentaux, mais également à la Deuxième Internationale et à la famille socialiste et social-démocrate dans son ensemble : durant les années 1920, les partis socialistes connaissent des scissions dans le monde entier, les militants favorables au régime bolchevik se constituant en partis communistes affiliés à la Troisième Internationale. Au sein du mouvement communiste, les conceptions de Lénine en matière d'organisation s'imposent face au gauchistes : la Gauche communiste - et notamment la tendance luxemburgiste et conseilliste qui s'oppose à la domination du parti et prône le gouvernement des conseils ouvriers - est marginalisée dès 1921. La théorie marxiste tend désormais à être assimilée avec l'interprétation qu'en donne Lénine, ce qui inclut les justifications théoriques qu'il apporte aux fluctuations de sa pratique politique.
Sur le plan privé, Lénine est par ailleurs très éprouvé, en septembre 1920, quand Inessa Armand, pour qui il avait conservé une grande affection, meurt du choléra. Il reste par la suite proche de la famille de son amie et s'assure que les enfants de celle-ci ne manquent de rien.

Révoltes en Russie et Nouvelle politique économique

Nouveaux soulèvements contre les bolcheviks
Révolte de Tambov et Révolte de Kronstadt. Malgré la victoire militaire des bolcheviks en Russie et la consolidation du régime, l'état du pays demeure désastreux. La politique du communisme de guerre, si elle a contribué à sauver le pouvoir soviétique, a également abouti à ruiner l'économie du pays220, qui subit une terrible régression : la production industrielle s'effondre et la politique des réquisitions impose à la paysannerie une ponction insupportable. Des nombreuses révoltes paysannes éclatent contre le pouvoir soviétique. L'insurrection la plus importante est celle qui se déclenche en 1920 dans la région de Tambov : ce soulèvement contribue à convaincre Lénine que le système des réquisitions agricoles doit être aboli.
Le Parti communiste doit également régler à la fois les problèmes de la qualité de son recrutement et de l'organisation du pays. En mars 1919, lors du VIIIe congrès du Parti, il est décidé de procéder à une purge des éléments douteux et de viser à l'avenir le recrutement d'authentiques prolétaires : environ 150000 militants sont exclus dans les mois qui suivent. Lénine inaugure ainsi une tradition de purges des éléments du Parti, qui sera plus tard reprise, à une bien plus grande échelle, par Staline. Celles-ci se passent cependant sans violence, contrairement aux futures pratiques de l'époque stalinienne.
Les débats internes sur l'organisation économique de la Russie sont également vifs : le courant de l'Opposition ouvrière, mené notamment par Alexandre Chliapnikov et Alexandra Kollontaï, réclame que la gestion de l'industrie soit confiée aux syndicats, une position que Lénine dénonce comme relevant de l'anarcho-syndicalisme ; Trotski, au contraire, souhaite la fusion des syndicats avec l'appareil d'État et une gestion militarisée de l'économie reposant plus sur les militants de base plus que sur la bureaucratie du Parti. Les débats se poursuivent des mois durant ; Lénine élabore un texte de compromis, qui renvoie dos-à-dos l'Opposition ouvrière et Trotski, ce dernier étant critiqué implicitement pour avoir permis la dégénérescence de la centralisation et du travail militarisé en bureaucratie.
Alors que le Parti communiste débat et que son dixième congrès doit s'ouvrir le 8 mars 1921, le régime soviétique est confronté à un nouveau péril avec la révolte de Kronstadt, soulèvement armé des marins de la forteresse qui réclament un véritable pouvoir des soviets, des élections libres, ainsi que la liberté de la presse. Au sein du Comité central, Lénine se fait l'avocat d'une répression sans pitié du soulèvement, que Trotski et Toukhatchevski se chargent d'écraser.

Famine et terreur, puis redressement économique de la Russie

Nouvelle politique économique et Famine soviétique de 1921-1922.
Au cours du dixième congrès du Parti communiste, qui se déroule en même temps que la répression de Kronstadt, Lénine fait adopter le principe du passage à une Nouvelle politique économique NEP. Cette réforme, que Lénine parvient à imposer grâce à la situation d'urgence que vit la Russie, prend le contre-pied du communisme de guerre : elle se traduit par la libéralisation du commerce extérieur et l'autorisation de créer de petites entreprises privées. Lénine restaure ainsi une forme de capitalisme d'État, en l'occurrence une dose limitée d'économie de marché, régulée par l'État et progressivement socialisée via des coopératives. Il entend ainsi assurer une transition de la Russie vers le socialisme, l'économie du pays étant à ses yeux insuffisamment développée pour passer directement à ce stade. Lénine lui-même n'est pas sans exprimer des doutes quant aux conséquences de la NEP, dont il craint qu'elle n'aboutisse au développement d'une nouvelle classe de capitalistes ; il n'en demeure pas moins convaincu que la réintroduction d'une dose de capitalisme est, pour la Russie, une étape indispensable avant d'atteindre le socialisme. Au sein du mouvement communiste, la NEP ne va pas sans susciter des oppositions - plusieurs milliers de militants quittent le Parti - ce qui pousse Lénine à faire adopter une résolution interdisant toutes les fractions au sein du Parti communiste russe. Une seconde résolution condamne les opinions de l'Opposition ouvrière concernant les syndicats et le contrôle ouvrier, que Lénine - qui avait pourtant adopté des positions similaires en 1917 - qualifie de déviation par rapport au marxisme ; la résolution adoptée par le Parti stipule que le marxisme enseigne que seul le parti politique de la classe ouvrière, c'est-à-dire le Parti communiste, est en mesure de grouper, d'éduquer et d'organiser l'avant-garde du prolétariat et de toutes les masses laborieuses ...et de diriger toutes les activités unifiées du prolétariat ». Les idées de Lénine sur le rôle dirigeant du Parti se trouvent ainsi institutionnalisées et élevées au rang de composante de la pensée marxiste, tandis que l'opposition au sein du Parti perd la possibilité de s'exprimer. Le dixième congrès est par ailleurs suivi de l'élimination définitive des mencheviks, dont les propositions présentaient de grandes ressemblances avec la NEP désormais adoptée par Lénine. L'historien Nicholas Riasanovsky juge qu'en faisant adopter la NEP, Lénine a fait preuve de qualités d'homme d'État réaliste, en dépit de la considérable opposition doctrinale qu'il a du affronter au sein du Parti. La mise en place de la NEP contribue par ailleurs à mettre en lumière les lourdeurs bureaucratiques de l'État soviétique, suscitant l'inquiétude de Lénine qui préconise de combattre les mauvaises pratiques et la paralysie administrative.
Malgré le tournant de la NEP, le régime soviétique continue de mener des politiques répressives à grande échelle. Plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de rebelles de Kronstadt faits prisonniers sont exécutés sans jugement ou envoyés en camp de concentration. Après l'écrasement de Kronstadt, Lénine envoie Toukhatchevski et Antonov-Ovseïenko écraser la révolte de Tambov : la répression touche non seulement les rebelles, mais également leurs familles ; l'Armée rouge fait usage de gaz asphyxiants pour venir à bout de la population paysanne révoltée. La Tchéka, sous les ordres de Dzerjinski, multiplie les arrestations de mencheviks, de socialistes-révolutionnaires et d'anarchistes. Parmi tous les opposants réprimés, Lénine voue une haine particulière aux membres des autres mouvements socialistes. Il conserve cependant, malgré les violentes polémiques qui les ont opposés, de l'affection pour son ancien ami Martov ; ce dernier est uniquement mis en résidence surveillée par la Tchéka. À l'hiver 1919-1920, apprenant que celui qui fut son rival au sein du POSDR est très souffrant, Lénine ordonne que les meilleurs médecins de Moscou soient envoyés à son chevet.
Avant que les politiques de la NEP puissent être mises en place, la Russie soviétique est victime, à partir de 1921, d'une famine atroce, causée non seulement par la sécheresse, mais également par la destruction des capacités productives des campagnes, victimes des violences et des réquisitions. Pour lutter contre la famine, Lénine préconise la restauration immédiate des structures chargées des réquisitions, malgré leur rôle dans le déclenchement du désastre. La Russie bénéficie d'une assistance extérieure, apportée notamment par les États-Unis ; Lénine accepte cette aide, mais ordonne que la Tchéka espionne la commission américaine dépêchée à Moscou pour organiser l'aide.
La famine donne également l'occasion à Lénine de lancer une vaste campagne contre le clergé russe. Le patriarche de l'église orthodoxe ayant prescrit que soient donnés, pour soutenir les victimes de la famine, tous les objets de valeur contenus dans les églises à l'exception des objets consacrés, Lénine fait ordonner la saisie générale de ceux-ci. L'opposition de l'église et des fidèles donne le signal d'une violente répression. Affirmant que le clergé est sur le point de se tourner contre le pouvoir soviétiques, Lénine écrit, dans une document secret adressé aux membres du Politburo, que le contexte de la famine permettra de réaliser la confiscation des trésors de l'église avec l'énergie la plus sauvage et la plus impitoyable, ce qui implique l'exécution du plus grand nombre possible de représentants du clergé réactionnaire et de la bourgeoisie réactionnaire ... Plus grand sera le nombre des exécutions, mieux ce sera. Près de huit mille membres du clergé russe sont tués en 1922, tandis que les églises sont pillées. L'athéisme, déjà soutenu par la propagande antireligieuse des bolcheviks, devient une composante décisive de l'idéologie d'État soviétique.
Bien que les politiques de Terreur subsistent, elles tendent ensuite à se relâcher. Durant la période de la NEP — et par-delà l'enrichissement d'une nouvelle classe de spéculateurs et de bureaucrates — la population, dans son ensemble, ne subit plus la terreur ni la famine, et tend à retrouver des conditions de vie normales. La NEP est un succès, qui fait reculer la famine et permet à l'économie russe de se redresser de manière remarquable. Après le pic de la guerre civile, le nombre de prisonniers internés dans les camps diminue fortement pour tomber à 25 000, soit le tiers de la population carcérale en Russie. Moshe Lewin affirme que ceux qui ont étudié le fonctionnement de la justice et des pratiques pénitentiaires dans les années vingt période de la NEP savent que le camp était conçu pour être une pratique plus humaine que les cages appelées prisons. Ce lieu où l'on travaillait dans des conditions proches de la normale était considéré comme le meilleur moyen de rééduquer et de réhabiliter, ces conceptions libérales n'ayant pris fin que dans les années 1930 . Anne Applebaum souligne quant à elle l'existence, aux côtés des camps de rééducation, d'autres camps au régime spécial nettement plus dur, et gérés par les services de sécurité - la Tchéka, puis son successeur le Guépéou - dans des conditions parfaitement arbitraires ; les deux systèmes de camps finissent plus tard par fusionner, le second prenant le pas sur le premier. Durant la période de la NEP, Lénine lui-même continue de prôner des mesures répressives radicales, aussi bien contre les opposants que contre les saboteurs, les espions et les profiteurs qui se retrouvent jusque dans le Parti. Face aux abus de la bureaucratie du Parti et aux ennemis supposément infiltrés, il préconise « l'épuration par la terreur : justice sommaire, exécution sans phrases.
Lénine lui-même, au sein du Parti communiste, n'occupe pas d'autres postes officiels que ceux de membres du Comité central et du Politburo. Jugeant nécessaire de nommer un organisateur pour l'aider à contrôler l'appareil du Parti et à appliquer la NEP, il se tourne vers Staline ; en mars 1922, lors du XIe congrès, il soutient la nomination de ce dernier au poste de Secrétaire général du Comité central du Parti communiste, créé pour l'occasion. Cette fonction d'apparence technique permet à Staline de contrôler les nomination des cadres, s'assurant ainsi de solides appuis et renforçant son influence sur le Parti.

Formation de l'URSS Union des républiques socialistes soviétiques.

Jusqu'en 1920, Lénine croit encore à l'exportation de la révolution vers l'Ouest. Les échecs successifs des révolutions, en Finlande, en Allemagne, en Hongrie ou en Bavière, la défaite en Pologne, le conduisent à prendre acte de l'isolement de la Russie soviétique. Afin d'installer la révolution dans la durée, il convient d'organiser le territoire dont elle dispose, ce qui revient à recomposer ce que la politique d'autodétermination, dont il n'était pas parvenu à garder la maîtrise, a décomposé. Entre 1918 et 1922, la plus grande partie des anciens territoires impériaux séparés à la suite de la révolution et de la guerre civile sont réunifiés suivant un processus complexe, passant de la phase des autodéterminations - durables ou éphémères - à des phrases de regroupement dans un cadre fédéral, le plus souvent improvisé au gré des circonstances et selon l'évolution des rapports de force.
Le cadre fédéral s'impose rapidement dans les faits comme la meilleure solution pour organiser l'espace de l'État révolutionnaire et pour tenter d'éviter la désintégration provoqué tant par la possibilité d'autodétermination que par le contexte de la guerre civile et des interventions étrangères. En juillet 1918, avec l'adoption de la constitution de la République socialiste fédérative soviétique de Russie RSFSR, le cadre fédéral est fixé pour la Russie, sans que la constitution soit très précise sur le contenu et le fonctionnement de la fédération.
Durant quatre ans, la fédération se développe selon deux processus. D'une part, l'entrée au sein de la Russie de républiques ou des régions autonomes. D'autre part, une série d'alliances bilatérales entre la Russie et des Républiques soviétiques voisines, officiellement indépendantes, où les bolcheviks locaux ont pris le pouvoir durant la guerre civile : Ukraine et Biélorussie, et, dans le Caucase, Azerbaïdjan et Arménie. Un système complexe de traités lie progressivement ces républiques à la RSFSR en réduisant leurs domaines de compétences. Dans le Caucase, le cas de la Géorgie, qui souhaite conserver son indépendance et où les mencheviks locaux sont au pouvoir, s'avère plus complexe. Pressé par Ordjonikidze et Staline de recourir à la force, Lénine hésite, craignant notamment une réaction des Britanniques qui compromettrait la situation internationale de la RSFSR ; il finit cependant par se laisser convaincre de donner son accord. En février 1921, l'Armée rouge envahit la Géorgie, qui est rapidement soviétisée comme les deux autres républiques caucasiennes.
La reconquête de la Géorgie, et donc la garantie des intérêts territoriaux de la Russie, se fait au prix d'accords implicites avec diverses puissances. Lénine, qui souhaite faire sortir la Russie de son isolement, en tire également un bénéfice diplomatique, mais au détriment de l'extension de la révolution. Les Britanniques acceptent la main-mise russe sur le Caucase région cruciale à la fois du point de vue géographique, mais aussi du fait de ses matières premières en échange d'un arrêt du soutien soviétique aux tentatives révolutionnaires en Occident ; le gouvernement turc de Mustafa Kemal ferme également les yeux à condition que celui de Lénine cesse de soutenir non seulement Enver Pacha, rival de Kemal, mais également les communistes turcs.
La nécessité de mieux organiser l'économie soviétique en utilisant au mieux les ressources existantes pousse Lénine à encourager les regroupements régionaux : cela provoque néanmoins une nouvelle criser dans le Caucause, du fait de la réticence des dirigeants communistes de la RSS de Géorgie. Lénine charge alors Ordjonikidze de réorganiser la Transcaucasie, ce dont ce dernier se charge de manière unilatérale et souvent brutale ; il délègue par ailleurs la supervision de l'affaire caucasienne à Staline, dont il soutient les décisions dans un premier temps. Les difficultés persistante dans le Caucase et en Ukraine incitent Lénine à accélérer le processus de fédéralisation ; au dixième congrès du Parti, Staline expose le projet de fédération, dont le modèle sera la République fédérative de Russie, destinée à servir plus tard également de modèle à une fédération mondiale des États socialistes. Le 10 août 1922, une commission présidée par Staline est constituée pour élaborer le projet d'État fédératif. Un mois plus tard, elle présente son projet dont le principe, baptisé autonomisation, implique en réalité l'absorption des autres Républiques soviétiques par la RSFSR, dont le gouvernement deviendrait celui de la fédération. Géorgiens et Ukrainiens contestent le projet ; Lénine, temporairement éloigné par la maladie, en prend connaissance à la fin du mois et demande à Staline de revoir son projet. Aux yeux de Lénine, il convient d'unir dans une fédération des Républiques égales, et non pas dominées par la Russie : l'État fédéral devra donc avoir ses propres organes de gouvernement, qui coifferont ceux des Républiques. Staline, tout en déplorant le libéralisme national de Lénine, se conforme au souhait de ce dernier et présente un nouveau projet, qui est approuvé par le Comité central le 6 octobre. Les Géorgiens continuent néanmoins d'exprimer leurs réticences, dont la principale tient à leur refus d'intégrer l'Union en tant que simple élément de la République socialiste fédérative soviétique de Transcaucasie, au sein de laquelle la Géorgie a été intégrée avec l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Les discussions des communistes géorgiens avec Ordjonikidze sont si houleuses que ce dernier en arrive à frapper l'un de ses interlocuteurs. Lénine accueille d'abord les requêtes des Géorgiens avec scepticisme, mais finit par exiger d'être complètement informé de l'affaire. Scandalisé par ce qu'il apprend des excès d'Ordjonikidze dont il avait initialement pris le parti, il se montre de plus en plus préoccupé par le comportement de Staline et de ses alliés, et commence à revoir la politique nationale à la lumière de cette affaire242. En décembre 1922, malgré la dégradation de son état de santé - il est, dans le courant du mois, frappé par plusieurs attaques - Lénine tente de reprendre le contrôle de la situation. Déplorant que la question nationale soit confiée à des personnes qui se comportent comme des brutes bureaucratiques, il rédige des notes en vue du futur congrès du Parti, prévu en mars 1923 : il y reconnaît être gravement coupable de ne pas s'être occupé lui-même de l'autonomisation au sein de l'Union, ce qui risque d'aboutir à livrer les minorités à un produit cent pour cent russe, le chauvinisme grand-russien, qui caractérise la bureaucratie russe. Lénine, qui considérait jusque-là que les communistes étaient, par définition, des internationalistes, est forcé de reconnaître que des communistes - même issus des minorités, comme Staline et Ordjonikidze qui sont eux-mêmes Géorgiens - peuvent se comporter en ultranationalistes russes.
L'inquiétude de Lénine ne freine pas le cours des évènements, ni l'adoption par le Politburo du texte sur les Principes fondamentaux de l'Union. Le 30 décembre 1922, un traité donne naissance à l'Union des républiques socialistes soviétiques, qui réunit les Républiques socialistes soviétiques de Russie, d'Ukraine, de Biélorussie et de Transcaucasie. Lénine, qui souffre d'une dent, n'assiste pas à la signature du traité ; le jour même, il annonce dans une lettre à Kamenev son intention de déclarer une guerre à mort au chauvinisme russe.

Maladie et mort Dégradation de la santé de Lénine

Lénine, à la mi-1921, est épuisé mentalement et physiquement. Souffrant toujours de migraines et d'insomnies, il a subi plusieurs alertes cardiaques et connaît des difficultés croissantes pour faire face à sa charge de travail : divers médecins, dont des spécialistes étrangers, sont appelés pour l'examiner, mais ne parviennent pas à se mettre d'accord sur un diagnostic. En juin, le Politburo ordonne à Lénine de prendre un mois de repos ; il retourne alors à Gorki. Malgré sa santé déclinante, Lénine continue de suivre les affaires de l'État ; il insiste sur la nécessité d'appliquer une politique de terreur contre les opposants. Au-delà de la répression des paysans révoltés à Tambov, il prône au début de 1922 une extension de la terreur à toutes les menaces réelles ou potentielles contre le pouvoir soviétique, qu'il s'agisse d'agir contre le clergé en milieu rural ou d'organiser des procès publics contre les socialistes-révolutionnaires et les mencheviks. Lénine n'obtient pas satisfaction sur tous les points : le procès des dirigeants mencheviks n'est pas organisé, mais celui des S-R a bien lieu, sans pour autant se solder par des condamnations à mort comme Lénine l'avait escompté. Sur le plan international, il se tient informé des négociations en cours à Gênes et à Rapallo après avoir, pour des raisons de sécurité et de santé, renoncé à se rendre en personne à la conférence de Gênes. Le 19 mai 1922, il demande à Félix Dzerjinski de faire dresser par la Tchéka une liste d'intellectuels soupçonnés de sympathies contre-révolutionnaires, en vue de les expulser de Russie.
Nadejda Kroupskaïa et Lénine au Manoir de Gorki.
De plus en plus angoissé par sa santé, Lénine va jusqu'à envisager le suicide au cas où il deviendrait handicapé ; il demande à Staline de lui fournir du poison dans cette éventualité. Le 23 avril 1922, sur le conseil de l'un des médecins allemands appelés à son chevet, il est opéré pour retirer la balle logée près de son cou depuis l'attentat de 1918. L'opération se passe bien mais, le 25 mai, Lénine est victime d'un accident vasculaire cérébral. Frappé d'hémiplégie du côté droit, il a en outre des difficultés à parler. Il fait l'objet de nouveaux examens pour trouver l'origine de son mal ; un test de détection de la syphilis s'avère négatif. Lénine récupère progressivement au Manoir de Gorki et continue de se tenir informé des travaux du Politburo et du Sovnarkom, notamment par l'intermédiaire de Staline qui lui rend régulièrement visite.
En juillet, son état semble s'améliorer quelque peu. Il s'informe auprès de Staline de l'expulsion de Russie des S-R, mencheviks et KD. Un nouveau malaise, le 21, provoque une paraphasie qui dure plusieurs jours. En septembre, sa capacité de travail augmente ; il reçoit de nombreux visiteurs et suit les travaux de la commission chargée de rédiger le projet mettant sur pied l'Union des républiques socialistes soviétiques.
Fin septembre, Lénine reçoit de ses médecins l'autorisation de reprendre ses fonctions. Il revient le 2 octobre dans son bureau du Kremlin, mais dépasse très rapidement les limites du rythme de travail que lui ont prescrit les docteurs. En parallèle, ses rapports avec Staline se dégradent : Lénine manifeste une irritation croissante envers le Secrétaire général du Parti, qu'il considérait jusque-là comme un collaborateur de confiance et qui avait été l'un de ses principaux visiteurs durant sa convalescence à Gorki. Sur le plan humain, Staline lui apparaît comme un personnage vulgaire et dénué d'intelligence ; sur le plan politique, Lénine s'inquiète de ses manifestations de chauvinisme grand-russe dans les contextes de l'affaire géorgienne et du projet de fédération. Il s'oppose également au projet de différents dirigeants communistes, dont Staline, d'affaiblir ou de supprimer, dans le cadre de la NEP, le monopole de l'État sur le commerce extérieur.
Lénine continue de réclamer l'expulsion de Russie des intellectuels bourgeois et s'irrite que la Tchéka tarde à mettre ses demandes à exécution. À Maxime Gorki qui lui écrit pour protester contre cette mesure, Lénine répond que les intellectuels, les laquais de la bourgeoisie, ne sont pas, comme ils le croient, le cerveau de la nation mais, en réalité, sa merde. En novembre, Lénine assiste au quatrième congrès du Komintern : il apparaît physiquement marqué, s'exprime avec moins d'aisance qu'auparavant et se tient à l'écart des débats.

Tentative de rupture avec Staline

En ce qui concerne la vie intérieure du Parti communiste, Lénine est choqué, lorsqu'il reprend le travail à l'automne, par l'étendue des rivalités personnelles entre dirigeants bolcheviks et par la prolifération des organes administratifs inutiles. La lutte contre la bureaucratie lui apparaît progressivement comme une priorité. Le rôle de Staline et de son entourage - notamment Ordjonikidze, du fait de sa brutalité lors de la crise géorgienne - lui semble de de plus en plus néfaste. Mais la santé de Lénine se dégrade à nouveau et l'empêche de prendre des mesures concrètes ; entre le 24 novembre et le 3 décembre, il est victime de plusieurs malaises. À la mi-décembre, ses médecins lui prescrivent un repos complet.
Lénine fait venir sa secrétaire Lidia Fotieva et entreprend de lui dicter des lettres pour faire connaître ses positions à différentes personnalités bolcheviques, dont Trotski. En effet, face au pouvoir grandissant de Staline, Lénine envisage maintenant de trouver un allié en la personne de Trotski, qui partage ses positions quant au monopole du commerce extérieur, et qu'il charge de parler en son nom lors du prochain Plénum du Comité central. Dans le même temps, l'état physique de Lénine se détériore à nouveau : le 16 décembre, une nouvelle attaque le prive momentanément de l'usage de sa jambe et de son bras droit. Le 18 décembre, le Comité central confie à Staline le soin de veiller sur Lénine et de s'assurer que ce dernier suit bien les conseils de ses médecins ; Staline, arguant des ordres donnés par le corps médical, interdit à Lénine toute activité et enjoint à son entourage ne lui communiquer ni informations ni documents et de ne pas écrire sous sa dictée. Lénine soupçonne dès lors Staline de le priver délibérément d'informations et d'être lui-même à l'origine des consignes de prudence des médecins. Lénine est veillé par sa sœur Maria et par son épouse Nadejda Kroupskaïa ; cette dernière, notamment, le tient au courant des derniers évènements et transmet ses messages à différents dirigeants. Le 22 décembre, Staline apprend que Kroupskaïa a transmis à Trotski une lettre dictée par Lénine ; il téléphone alors à la femme de Lénine et l'injurie.
Dans la nuit du 22 au 23 décembre, l'état de Lénine s'aggrave à nouveau. Les 23 et 24, il entreprend malgré tout de dicter une lettre au congrès, qui passera par la suite à la postérité sous le nom de testament de Lénine. Dans ce texte, qu'il envisage de faire lire ou de présenter lui-même lors du XIIe congrès du Parti communiste - prévu au printemps 1923 - Lénine passe en revue plusieurs problèmes inhérents à l'organisation du Parti et souligne les atouts et les faiblesses de plusieurs personnalités - Staline, Trotski, Zinoviev, Kamenev, Boukharine et Piatakov - qui pourraient chacune être appelée à devenir le principal dirigeant de l'Union soviétique. Il se garde néanmoins de désigner explicitement son propre successeur et laisse le Comité central libre de ses choix. Le testament insiste notamment sur la rivalité entre Trotski et Staline, soulignant que ce dernier a concentré un pouvoir immense entre ses mains, dont il n'est pas sûr qu’il sache toujours en user avec suffisamment de prudence.
Le 4 janvier 1923, peut-être après avoir été informé des injures proférées par Staline à l'égard de son épouse, il ajoute à sa lettre au congrès un addendum dans lequel il reproche au secrétaire général d'être trop grossier ou trop brutal, selon les traductions et préconise de le remplacer par quelqu'un qui soit plus patient, plus loyal, plus poli et plus attentionné envers les camarades.
Durant les mois suivants, Lénine s'emploie à se prononcer sur tous les domaines, en vue de faire prendre en compte ses avis lors du prochain congrès. Dans ses derniers articles, publiés en janvier et mars 1923, il se penche sur les questions de la bureaucratie et de l'organisation de l'appareil politique. Il vise notamment à trancher la question des compétences du Parti et de l'État et envisage de replacer le Parti au centre du système politique. Face aux problèmes du socialisme russe, la solution lui semble résider non pas dans l'introduction d'une forme de pouvoir populaire, mais dans le renforcement des organes du Parti. Pour ce faire, il prône notamment la réorganisation du Rabkrin l'Inspection ouvrière et paysanne, chargée de superviser l'ensemble de l'administration, en la réduisant à un petit nombre de fonctionnaires chargés de contrôler à la fois le Parti et l'État. Bien que conscient des dérives bureaucratiques de l'appareil d'État soviétique, Lénine continue de placer ses espoirs dans le Parti.
L'évolution de la pensée de Lénine, durant les derniers mois de sa vie, alors qu'il prend conscience du danger représenté par Staline et qu'il entreprend de lutter contre la bureaucratie, a fait l'objet, chez les historiens, d'interprétations divergentes. Pour Moshe Lewin, la prise en compte par Lénine de la dimension humaine de l'Histoire traduit une évolution capitale dans sa réflexion et, s'il avait vécu, l'histoire de l'URSS en aurait été radicalement changée. Hélène Carrère d'Encausse, tout en qualifiant l'étude de Moshe Lewin de stimulante, se montre moins convaincue et souligne que les solutions proposées par Lénine pour combattre la bureaucratie s'avèrent elles-mêmes très bureaucratiques et que, si Lénine a indéniablement pris davantage en compte le facteur humain - voire découvert l'humanisme - il n'en est pas moins resté attaché à sa conception du rôle dirigeant du Parti ; pour elle, Lénine n'a en définitive guère changé au seuil de la mort. L'historien Nicolas Werth souligne également que jamais Lénine, malgré l'évolution de sa pensée durant les derniers mois de sa vie, ne remet en cause l'usage de la violence. Le soviétologue Archie Brown juge quant à lui que Lénine ne se montre pas préoccupé par la nature dictatoriale des pouvoirs détenus par Staline, mais bien par le fait que c'est Staline qui les détient.
Durant sa maladie, Lénine apprend que Martov, en exil à Berlin, est lui-même mourant. Il s'enquiert à plusieurs reprises du sort de son ancien camarade, allant jusqu'à demander s'il est possible de lui venir financièrement en aide pour se soigner, et regrettant la rupture de leur amitié.
On ignore à quelle date précise Lénine découvre le comportement de Staline à l'égard de Kroupskaïa : peut-être l'a-t-il appris à la fin du mois de décembre 1922, ce qui l'aurait alors poussé à rédiger son addendum au testament ; aucune certitude n'existe cependant à ce sujet. Ce n'est qu'au bout de plusieurs mois qu'il réagit explicitement à cet épisode : le 5 mars 1923, il envoie à Staline une lettre comminatoire, dans laquelle il lui reproche d'avoir insulté son épouse et lui réclame des excuses sous peine que toute relation soit rompue entre eux. Le lendemain, il fait porter à Trotski ses notes sur le dossier géorgien, et le charge d'aborder cette question en son nom devant le Comité central ; il envoie également aux Géorgiens une note dans laquelle il leur annonce son soutien. Mais le 10 mars, avant le XIIe Congrès du Parti qui aurait pu se révéler décisif dans l'affrontement avec Staline, Lénine est frappé d'une nouvelle attaque, qui le laisse paralysé et incapable de parler distinctement.

Derniers mois

Lors du XIIe congrès, qui se déroule en avril 1923, Trotski annonce être en possession des notes de Lénine sur la question nationale, mais Staline retourne la situation en l'accusant de dissimuler des documents au Parti, ce qui ruine l'effort de Lénine pour être présent par l'intermédiaire de Trotski. Ce dernier, mis en position d'accusé, se tient dès lors coi durant le congrès et ne fait aucun usage des notes de Lénine, tandis que Boukharine, qui avait tenté de contrer Staline, finit par renoncer et soutenir ce dernier. Au cours de ce même congrès, Kamenev et Zinoviev se livrent à un panégyrique de la pensée de Lénine. Le chef des bolcheviks avait pu, jusque-là, faire l'objet de critiques de la part des autres cadres du parti. Alors que Lénine est désormais mis à l'écart par la maladie, exalter les mérites du léninisme en tant qu'idéologie officielle du Parti commence à devenir, pour chacun des dirigeants communistes, une manière d'affirmer sa propre légitimité.
À la mi-mai, Lénine est jugé transportable et emmené au Manoir de Gorki. Encore capable de se faire comprendre, il réclame du poison à son épouse et à sa sœur, mais les deux femmes, qui espèrent le voir guérir, refusent. La présence de Preobrajenski, qui est lui-même en convalescence dans les environs, l'aide à se détendre. En juillet, à sa demande, Lénine est transporté à Moscou, où il visite ses appartements du Kremlin. Il effectue là sa dernière sortie. Dans l'après-midi du 21 janvier 1924, il succombe à une nouvelle attaque. Un communiqué officiel des autorités soviétiques annonce : il n'est plus parmi nous, mais son œuvre demeure.
Les causes exactes de la maladie et de la mort de Lénine ont fait l'objet de différentes hypothèses, qui découlent en partie de celles émises à l'époque par ses différents médecins. Ces derniers ont évoqué comme possibilités un empoisonnement dû au plomb contenu dans la balle tirée par Fanny Kaplan, et resté ensuite logée dans le cou de Lénine durant plus de trois ans ; d'aucuns ont également jugé que l'opération nécessaire pour retirer la balle du cou de Lénine a été la cause de dommages irréparables. La possibilité d'une artériosclérose cérébrale a enfin été évoquée. L'hypothèse selon laquelle Lénine serait mort de la syphilis a été invalidée à l'époque par un test, mais reprise ensuite par ses adversaires politiques en vue d'insinuer que le dirigeant soviétique menait une vie dissolue; elle a été cependant jugée crédible, sur la base de diagnostics posthumes, dans une étude publiée en 2004. D'autres rumeurs ont également circulé, comme celle, évoquée par Trotski lui-même264, d'un empoisonnement de Lénine par Staline. En 2013, une équipe américano-russe de médecins juge, sur la base des documents disponibles, que Lénine est probablement mort d'une artériosclérose, qui pourrait avoir été causée par une anomalie génétique ; l'hypothèse d'une mort causée par l'artériosclérose est d'autant plus crédible que le père de Lénine, de même que son frère Dmitri et ses sœurs Anna et Maria, sont tous morts des suites de problèmes circulatoires.

Le culte de Lénine au sein du mouvement communiste

Immédiatement après la mort de Lénine, le Politburo ordonne que son corps soit mis dans la glace, en attendant de trouver le meilleur moyen de le conserver. Une cryogénisation est un temps envisagée, mais le corps est finalement embaumé et exposé publiquement dans un mausolée sur la Place Rouge à Moscou, malgré les protestations de Kroupskaïa. Lénine est, après sa mort, utilisé comme une icône par le régime soviétique ; des monuments lui sont consacrés et de nombreux lieux sont rebaptisés en son honneur : Pétrograd ex-Saint-Pétersbourg est ainsi rebaptisé Leningrad ; Simbirsk, sa ville de naissance, prend le nom d'Oulianovsk tandis que Vichnie Gorki, où il est mort, prend celui de Gorki Leninskie. L'image de Lénine devient omniprésente : statues, bustes, fresques et monuments divers consacrés à Lénine deviennent un élément important du paysage soviétique et, plus tard, se généralisent aux autres régimes communistes. On lui consacre des livres, des timbres, des photos et des films. Une littérature de propagande tend à faire de Lénine une sorte de Saint : Maxime Gorki le présente comme un héros de légende, un homme qui a arraché de sa poitrine son cœur brûlant pour l'élever comme un flambeau et éclairer le chemin des hommes.
Sur le plan idéologique, la pensée de Lénine est d'emblée érigée en référence politique indépassable. Deux jours après la mort de Lénine, le gouvernement soviétique publie la brochure Lénine et le léninisme, Les dirigeants soviétiques s'empressent, immédiatement après la mort de Lénine, de revendiquer l'héritage intellectuel de ce dernier, souvent de manière contradictoire et dans le cadre de leurs rivalités respectives. Trotski publie dès janvier 1924 la brochure Cours nouveau réunissant des articles publiés à la fin 1923, dans laquelle il se revendique du léninisme pour pourfendre le bureaucratisme de l'appareil et soutenir sa théorie de la révolution permanente. Entre avril et octobre 1924, Staline prononce une série de conférences, réunis ensuite dans l'opuscule Les Principes du léninisme : le secrétaire général du Parti présente une synthèse de la pensée de Lénine, qu'il systématise en un tout cohérent, simplifiant au passage ses conceptions marxistes, et dont il fait une doctrine obligatoire pour l'ensemble du mouvement communiste, qui lui permet de s'introniser gardien de l'orthodoxie. Zinoviev publie en 1925 une brochure intitulée Le Léninisme, surtout destinée à dénoncer Trotski. Les membres de l'Opposition de gauche, qui regroupe les partisans de Trotski et divers adversaires de Staline, se disent quant à eux bolcheviks-léninistes. Boukharine et Kamenev participent également à la mise en avant du léninisme comme idéologie de référence. La veuve de Lénine et ses deux sœurs contribuent à entretenir sa mémoire, qui se mue dans le discours officiel en une dévotion quasi-religieuse ; Maria, en particulier, publie sur son frère des souvenirs hagiographiques et souvent fantaisistes; en 1926, elle soutient Staline en assurant que Lénine avait toujours accordé à ce dernier une entière confiance
En mai 1923, les notes composant le testament de Lénine sont communiquées au Comité central par Nadejda Kroupskaïa ; le 22 mai, le CC débat de l'opportunité de démettre Staline de ses fonctions et de communiquer le document au Parti. Staline croit, ou feint de croire que sa carrière est achevée, et propose de démissionner. Mais, tandis que Trotski s'abstient d'intervenir, Staline est soutenu par Kamenev et Zinoviev ; ce dernier, notamment, déclare : nous sommes heureux de constater que les craintes d'Ilitch concernant notre secrétaire général n'étaient pas fondées. La passivité des autres dirigeants permet à Staline de conserver son poste et de consolider, dans les années qui suivent, sa dictature personnelle, tout en se présentant comme le disciple, le continuateur et le seul exégète autorisé de Lénine, tout en éliminant ceux qui l'avaient soutenu. Malgré l'insistance de Kroupskaïa, le CC décide, par 30 voix contre 10, de ne pas communiquer le texte au congrès du Parti. En 1925, le testament est publié hors d'URSS par des partisans de Trotski comme Max Eastman. Les autorités soviétiques dénoncent alors le texte comme un faux ; Trotski lui-même doit, sous la pression de Staline, désavouer ses propres partisans et signer une déclaration qui nie l'existence du testament. Deux ans plus tard, reprenant le combat contre Staline, Trotski mentionne à nouveau le testament dont il avait nié l'existence, et réclame en vain qu'il soit rendu public.
Bien que le courant trotskiste - bientôt réduit à la clandestinité ou à l'exil - continue de se réclamer de Lénine, c'est Staline qui s'impose, en URSS et au sein de l'Internationale communiste, comme le seul interprète autorisé de Lénine ; il fixe pour des décennies la doctrine communiste, résumant la pensée et les analyses de Lénine par une série de formules répétitives et de processus historiques rigides. L'expression marxisme-léninisme est par la suite créé pour désigner l'interprétation des pensées de Marx et de Lénine en vigueur en URSS, puis dans les autres régimes communistes. La publication des textes de Lénine - et notamment de ses œuvres complètes, dont l'édition officielle est maintes fois repoussée et remaniée - s'effectue désormais, en URSS, au gré des besoins politiques conjoncturels du régime ; ses écrits sont soumis, si besoin, à une sévère censure, le pouvoir soviétique s'attachant à ne présenter de la pensée de Lénine que la version qui sert le mieux ses intérêts du moment. En 1938, une directive secrète du Comité central, rendue publique vingt ans plus tard, interdit la publication en URSS de nouveaux ouvrages sur Lénine.
Le cerveau de Lénine est, à sa mort, prélevé et conservé dans du formol. Deux ans plus tard, le gouvernement soviétique demande au neuroscientifique Oskar Vogt de l’étudier, dans l'espoir que ses travaux permettent de découvrir la source du génie de Lénine ; un Institut du cerveau est créé spécialement à Moscou pour permettre à Vogt de poursuivre ses recherches. Vogt publie en 1929 un article sur le cerveau dans lequel il rapporte que certains neurones pyramidaux dans la troisième couche du cortex cérébral de Lénine étaient particulièrement larges ; cependant, les théories de Vogt sur les liens entre l'intelligence et la structure du cerveau ont depuis été discréditées. Les Soviétiques cessent par la suite de publier des informations sur le cerveau de Lénine. Les scientifiques tendent aujourd'hui à considérer que le cerveau de Lénine était tout à fait normal et ne se distinguait que par la taille du lobe frontal.
Lénine continue, après la déstalinisation, d'être considéré comme une référence politique et intellectuelle, sa figure étant désormais opposée à celle de Staline dans le discours officiel du mouvement communiste : en 1956, dans son rapport au XXe congrès du PCUS, Nikita Khrouchtchev oppose ainsi la « grande modestie du génie de la révolution, Vladimir Ilitch Lénine » au culte de la personnalité dont s'entourait Staline. L'existence du testament de Lénine est alors reconnue par l'URSS, et les remarques de Lénine sur la personnalité de Staline sont rendues publiques. La référence à Lénine demeure fondamentale au sein du mouvement communiste, mais héritage est revendiqué de manière contradictoire par des camps opposés. Khrouchtchev présente ainsi la déstalinisation comme un retour à Lénine et aux sources du socialisme ; mais Mao Zedong et ses partisans, qui refusent la déstalinisation, s'appuient eux aussi sur de multiples références aux textes de Lénine au moment de la rupture sino-soviétique puis durant la révolution culturelle, pour arguer de la nécessité de nouvelles révolutions et dénoncer la politique soviétique.
Durant toute la période de la guerre froide, la figure de Lénine continue d'être officiellement honorée en URSS et dans les pays du Bloc de l'Est ; seule une version idéalisée et hagiographique du personnage est cependant autorisée dans l'historiographie communiste, au mépris de ses aspects humains et de la complexité de sa pensé ; cette utilisation de l'image de Lénine aboutit à réduire ce dernier à ce que le politologue Dominique Colas décrit comme un ectoplasme au service du pouvoir. Même chez une partie des adversaires du système soviétique, Lénine continue de faire l'objet d'un certain respect. L'historien et dissident soviétique Roy Medvedev publie ainsi dans les années 1960-1970 des travaux particulièrement critiques à l'égard du stalinisme, tout en continuant de présenter une figure idéalisée de Lénine, qu'il oppose à celle de Staline.

Jugements et controverses sur son rôle historique

Le rôle historique de Lénine fait l'objet d'un grand nombre d'études, que l'ouverture des archives soviétiques facilite en apportant un nouvel éclairage sur son action politique. Si le rôle fondamental de Lénine dans l'histoire du XXe siècle n'est généralement pas contesté, d'autres points sont plus polémiques ; la question de la continuité entre le léninisme et le stalinisme a notamment fait l'objet d'interprétation contrastées, certains auteurs arguant d'une rupture entre l'époque léniniste et l'époque stalinienne, d'autres considérant Staline comme un digne héritier de Lénine, qui aurait pleinement profité de l'appareil répressif mis en place par Lénine, tout en élevant les pratiques dictatoriales à un niveau supérieur.
Après la déstalinisation, des interprétations affirment que le léninisme de l'époque de la Nouvelle politique économique était un régime d'une nature toute différente que la dictature de Staline ; dans les années 1970, à l'époque de l'Eurocommunisme, divers partis communistes occidentaux débattent du rôle de Lénine, certains voyant dans le Lénine des dernières années un précurseur du socialisme à visage humain, d'autres allant jusqu'à s'interroger sur ses pratiques dictatoriales et son usage de la terreur. Plusieurs partis communistes occidentaux cessent alors de faire référence au léninisme dans leurs statuts. Lors de la fin de la guerre froide, l'ouverture aux chercheurs des archives soviétiques permet de découvrir les directives dans lesquelles Lénine prône, avec constance, les mesures répressives les plus brutales à l'égard des opposants.
Boris Souvarine voit en Lénine un utopiste pour qui la fin justifie les moyens, et commente : Lénine cite Marx pour justifier le régime soviétique identifié à la "dictature du prolétariat", alors que Marx entendait par cette expression une "hégémonie politique" résultant du "suffrage universel"; ce qui n'a rien de commun avec le monopole d'un parti, l'omnipotence d'une "oligarchie" Lénine dixit, un Guépéou inquisitorial et un archipel du Goulag. Il tourne en dérision le culte de Saint Lénine et estime qu'on reconnaît un arbre à ses fruits, concluant : Il serait absurde de confondre Lénine et Staline dans une même appréciation sans nuances comme de prétendre que le maître n'est pour rien dans les turpitudes de son disciple. En conscience, on ne saurait écrire désormais sur Lénine en fermant les yeux sur les conséquences du léninisme et de son sous-produit, le stalinisme ; sur l'injustice atroce des répressions, des exactions, des dragonnades, des pogromes, des hécatombes ; sur les tortures et la terreur infligées aux peuples cobayes de "l'expérience socialiste" ; sur l'avilissement de la classe ouvrière, l'asservissement de la classe paysanne, l'abrutissement de la jeunesse studieuse, l'anéantissement d'une intelligentsia qui faisait honneur à la Russie de toujours. Lénine n'avait pas voulu cela. Quand même, pour sa large part, il en est responsable.
L'historien Stéphane Courtois, coauteur du Livre noir du communisme, juge que la pensée et la pratique politique de Lénine font de lui le véritable inventeur du totalitarisme, Staline n'ayant été que son parfait exécuteur testamentaire. L'un des biographes de Lénine, l'historien et militant trotskiste Jean-Jacques Marie, déplore en 2004 qu'après un demi-siècle d'hagiographie imposée par le discours officiel soviétique, la figure de Lénine soit désormais diabolisée, dans des écrits qui le présentent comme un monstre ou une sorte d'Antéchrist. L'historienne Hélène Carrère d'Encausse, autre biographe, remarque au contraire que Lénine échappe au jugement- ou du moins y a échappé pendant longtemps - car il a été assimilé à l'incarnation du marxisme orthodoxe, donc du projet de Marx, tandis que la condamnation a, durant des décennies, frappé le seul Staline, accusé d'avoir corrompu l'œuvre léniniste. Hélène Carrère d'Encausse insiste sur le caractère exceptionnel de Lénine, prodigieux tacticien et génie politique, inventeur des moyens de transformer une utopie en État, bien que théoricien finalement fort moyen ; elle rappelle cependant la contradiction entre un discours dont le thème dominant est le bien de l'humanité et une pratique fondée sur le malheur des hommes, pour lequel Lénine n'eut jamais un mot de pitié, et encore moins de remords et juge que le succès de l'entreprise révolutionnaire de Lénine ne justifie rien des tragédies inhérentes à l'entreprise léniniste .
Condamnation posthume lors de la fin de l'URSS, puis réhabilitation partielle sous Poutine

La période de la Perestroïka aboutit dans les années 1980-90 à une réévaluation, voire un renversement de l'image de Lénine en URSS. Le mouvement de réformes impulsé par Mikhaïl Gorbatchev se présente d'abord comme un retour aux sources de la pensée léniniste, mais la réévaluation de l'histoire soviétique, l'ouverture des archives historiques dans le cadre de la Glasnost aboutissent à une relecture de plus en plus critique du rôle de Lénine lui-même, dont l'image se dégrade aux plans idéologique et personnel. Le 11 mars 1990, le jour même où le rôle dirigeant du PCUS est aboli, l'historien et député réformateur Iouri Afanassiev, lors d'une intervention retransmise en direct à la télévision soviétique, critique Lénine en lui reprochant d'avoir élevé la violence, la terreur de masse en principe d'État et l'illégalité en principe politique de l'État. Si le début de la Perestroïka et de la Glasnost s'était accompagné d'une redécouverte du passé stalinien, les années 1990-1991 voient une remise en cause, en URSS, de la figure historique de Lénine. Le stalinisme est, de manière croissante, présenté comme une continuation logique de la période léniniste ; avec la fin de la censure en Union soviétique, une grande partie des nouveaux journaux tend, de manière croissante, à présenter Lénine comme un criminel sanguinaire et à dénoncer la révolution d'Octobre, tandis que le passé tsariste est souvent idéalisé. Avec la chute des régimes communistes en Europe, de nombreuses statues de Lénine sont abattues en tant que symbole des anciens régimes. Un certain nombre de monuments en l'honneur de Lénine existent encore cependant en Europe, surtout en Russie, mais également dans des pays ex-communistes d'Europe de l'Est.
Après la chute de l'URSS à la fin 1991, la période communiste dans son ensemble a été condamnée en Russie, sous la présidence de Boris Eltsine. En 1993, Eltsine supprime la garde d'honneur du mausolée de Lénine. Il est un temps envisagé de faire enterrer le corps et de supprimer le mausolée, mais ce projet est finalement abandonné : le mausolée de Lénine continue d'être un monument touristique visité en Russie. En janvier 2011, le parti Russie unie a créé un site Web où l’on peut voter pour ou contre l’enterrement du corps de Lénine. En 2012, la possibilité de faire retirer tous les monuments consacrés à Lénine est évoquée devant le parlement russe ; cette proposition se heurte cependant au fait qu'il est illégal, en Russie, de détruire un monument historique.
Après l'élection de Vladimir Poutine en 2000, la figure de Lénine fait l'objet en Russie d'une certaine réhabilitation, ce qui lui vaut d'être présenté avant tout comme un grand homme d'État, fondateur de l'URSS - future superpuissance - et, par là-même, artisan de la modernisation de la Russie. L'idéologie communiste de Lénine tend, a contrario, à être occultée.

Terreur et crimes de masse

L'utilisation de la terreur, de la violence et des mesures dictatoriales pour assurer le triomphe de la révolution, tient une place primordiale dans la pensée de Lénine89. Lénine élabore le concept de Terreur de masse dès 1905, au lendemain de la répression de la première Révolution russe par le régime tsariste. Ce concept est mis en pratique une fois la révolution commencée - révolution dans laquelle les bolchéviques sont très minoritaires, par ailleurs - par une politique volontariste, théorisée et revendiquée ... comme un acte de régénération du corps social. La terreur est l’instrument d’une politique d’hygiène sociale visant à éliminer de la nouvelle société en construction des groupes définis comme ennemis ; sont ainsi voués à la mort la bourgeoisie, les propriétaires fonciers et les koulaks, vus comme des paysans exploiteurs. Ceux-ci sont considérés dans le vocable léninien comme des insectes nuisibles, des poux, des vermines, des microbes, dont il faut épurer, nettoyer, purger la société russe.
Lénine crée en 1919, en pleine guerre civile, un système de camps de concentration ; les camps de concentration et la peine de mort deviennent dès ce moment des composantes indispensables du système de Terreur, qui, pour Lénine, est inséparable de la dictature du peuple.
Lénine est également le principal responsable d'une politique de déportation de populations entières, ainsi traitées car vues comme ennemies du régime soviétique ; la plus marquante d'entre elles étant la décosaquisation, une politique visant à exterminer les Cosaques, liés au régime tsariste et supposés riches, dès 1919.
L'usage de la violence de masse, en accord avec les conceptions léninistes, est bien plus importante que sous le régime dictatorial de Nicolas II : en seulement quelques semaines, la Tchéka exécute deux à trois fois plus de personnes que l'ancien régime n’en avait condamné à mort en 92 ans.
Les exactions commises à l'encontre des populations civiles commencent, dans les territoires de la future Union soviétique, sous le gouvernement de Lénine, elles sont seulement poursuivies, et non initiées par son successeur, Joseph Staline. De même, la propagande de masse et un culte de la personnalité sont utilisés en Union Soviétique pour rallier la population du pays aux idées du régime déjà sous Lénine, bien avant que Staline ne prenne le pouvoir. Ces méthodes de gouvernement, mises en place par Lénine et systématisées par Staline, ont précédé celles des nazis, et pourraient même les avoir inspirées, notamment en ce qui concerne l'utilisation des camps de concentration.

Dictature et totalitarisme

Dès les premiers temps du régime soviétique, les méthodes dictatoriales employées par Lénine font l'objet de vives critiques dans les rangs socialistes, et sont l'une des principales causes de la rupture entre le socialisme démocratique et le communisme. En 1920, lors du congrès de Tours, Léon Blum dénonce la vision léniniste de la dictature du prolétariat, qui n'est en fait à ses yeux que la dictature exercée par un parti centralisé, où toute l'autorité remonte d'étage en étage et finit par se concentrer entre les mains d'un comité patent ou occulte, soit finalement la dictature de quelques individus. Karl Kautsky s'en prend, dans l'entre-deux-guerres, aux mesures dictatoriales du régime bolchevik, dont il juge qu'elles conduisent, tout autant que le fascisme, à l'oppression du prolétariat : la différence étant que cette oppression est une intention de départ dans le fascisme, tandis que dans le bolchevisme, elle est le résultat naturel des méthodes employées. Kautsky va jusqu'à considérer que Mussolini n'est que le singe de Lénine.
Diverses analyses existent quant au rôle personnel de Lénine dans l'évolution totalitaire de l'État soviétique. Le jugement porté sur Lénine par la philosophe Hannah Arendt évolue avec le temps : elle conteste dans un premier temps que Lénine ait détruit toute démocratie interne au Parti bolchevik, et considère que Staline est le véritable coupable du basculement de la Russie dans le totalitarisme ; sa réflexion l'amène ensuite à considérer que Lénine, en commettant l'erreur fondamentale de préférer l'outil de la dictature à celui de la démocratie pour faire triompher la révolution, a abouti à priver les Soviets de tout pouvoir véritable au profit du Parti. Elle continue cependant d'attribuer au seul Staline la responsabilité de la nature proprement totalitaire du régime: pour elle, les phases totalitaires du régime soviétique, par opposition aux phases autoritaires, correspondent à la grande terreur stalinienne et à la période 1950-1953. Cette analyse est contestée par d'autres auteurs, comme Leonard Schapiro, qui considèrent que le totalitarisme soviétique commence dès l'époque de Lénine.
Dominique Colas, pour sa part, considère que Lénine est, en tant qu inventeur de la dictature du parti unique, le prototype des tyrans modernes ; à ses yeux, si les idées contenues dans Que faire ? ne sauraient être considérées comme la cause unique de l'évolution de la révolution russe, le programme démiurgique de Lénine et la logique léniniste n'en tiennent pas moins un rôle important dans l'histoire de l'URSS, ce qui permet de se demander si le parti tel que le concevait Lénine n'est pas la matrice du totalitarisme.
Nicolas Werth juge, dans un article de l'Encyclopædia Universalis, que c'est bien Lénine qui est à l'origine de la nature totalitaire du communisme moderne. Stéphane Courtois juge également fondamental le rôle du léninisme dans le développement du totalitarisme et le philosophe et historien Tzvetan Todorov qualifie Lénine de fondateur du premier État totalitaire. De même, le magazine américain Time présente Lénine comme l'initiateur de la tragédie de notre ère, la montée en puissance des États totalitaires.

Écrits Œuvres et bibliographie de/sur Lénine.

Lénine est l’auteur d'une œuvre théorique et philosophique qui se veut dans la continuité de celle de Karl Marx, dont il a défendu les interprétations orthodoxes contre les « révisionnistes » comme Eduard Bernstein.

Parmi ses nombreux écrits ses œuvres complètes ont été publiées en français en 45 volumes on peut retenir :

Que faire ?
Matérialisme et empiriocriticisme
L'Impérialisme, stade suprême du capitalisme
L'État et la Révolution
La Maladie infantile du communisme, le gauchisme



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Posté le : 07/11/2015 22:23
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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