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De Montpellier
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Le 11 octobre 1531 meurt Ulrich Zwingli
à Kappel am Albis dans le canton de Zurich, à 47 ans, pasteur, hommes de lettres de langue allemande, théologien et réformateur protestant suisse, né à Wildhaus dans le canton de Saint-Gall le 1er janvier 1484.Exègue et prédicateur son Œuvre principale est " La foi retrouvée " Très présent dans la société, il est un des principaux artisans des différentes tentatives de convertir, y compris militairement, la Suisse à la Réforme protestante. En 1523, il parvient à faire adopter la Réforme par le canton de Zurich, premier canton à le faire. Il est, depuis Zurich, à l'origine des Églises réformées de Suisse alémaniques. Il est l'une des références historiques du protestantisme libéral. Après un ministère à Glaris et à Einsiedeln, où il combattit la mariolâtrie, Zwingli fut appelé comme prédicateur à Zurich. Logicien rigoureux, il alla plus loin que Luther en ce sens que, selon lui, ce qui n'était pas enseigné dans la Bible devait être aboli : la Cène représentait un mémorial, sans présence réelle du Christ, et les images, qu'il considérait comme des idoles, devaient être enlevées des églises. Enfin, l'ancienne liturgie devait être remplacée.
En bref
Zwingli est un personnage complexe et multidimensionnel. Humaniste et autodidacte, penseur religieux et réformateur, patriote et figure nationale suisse – certains ajoutent prophète biblique –, il est tout cela en une personne, dont la vie et l'action sont conditionnées par l'histoire suisse durant le premier tiers du XVIe siècle. On ne saurait détacher ni abstraire tel ou tel aspect de sa personnalité sans fausser l'ensemble. Aussi convient-il dans toute étude, même partielle, de tenir toujours présentes à l'esprit ces différentes coordonnées Huldrych Ulrich Zwingli naquit à Wildhaus dans le Toggenburg, au pied du mont Santis Suisse orientale. Il était le troisième fils de l'ammann principal notable du district. Le Toggenburg dépendait de l'abbé de Saint-Gall, mais était lié par traité avec Schwyz, l'un des cantons primitifs de la Confédération – ce qui explique la conscience patriotique suisse de Zwingli. Celui-ci fréquenta d'abord l'école primaire de Weesen Walensee, puis la Trivialschule de Bâle et celle de Berne, dirigée par H. Wölflin Lupulus. Inscrit à l'université de Vienne en 1498 puis en 1500, il passa en 1502 à celle de Bâle où il fut formé dans l'esprit de la via antiqua ; il y devint bachelier ès arts en 1504 et maître en 1506 de Glarus après un semestre d'étude de théologie, il fut ordonné prêtre à Constance par l'évêque Hugo von Hohenlandenberg sept. 1506. Son séjour à Glarus 1506-1516 fut interrompu par deux voyages en Italie du Nord Novare, 1513 ; Marignan, 1515, où il accompagna les troupes suisses comme aumônier Feldprediger. D'abord partisan de l'alliance papale, il obtint du Saint-Siège une pension annuelle de cinquante florins, à laquelle il renonça en 1520. La défaite sanglante de Marignan lui ouvrit les yeux sur les méfaits du mercenariat et du régime des pensions. Ses premiers écrits sont des poèmes de portée politique : Allégorie du bœuf 1510, Le Labyrinthe 1516. En même temps, il se plongeait dans l'étude des scolastiques et des Pères, puis, sous l'influence d' Érasme, il se mit à étudier le grec 1513 et copia les épîtres de saint Paul en grec, d'après l'édition du Nouveau Testament Bâle, mars 1516, pour les mémoriser suivant le conseil que donne Érasme dans l'Enchiridion. Zwingli se rattache au cercle des humanistes bâlois admirateurs d'Érasme, dont Glarean était le centre. À partir de 1514, on peut parler d'un « humanisme suisse W. Näf, L. von Muralt, K. Maeder ; celui-ci n'eut qu'une existence éphémère, mais Zwingli retira de sa visite à Érasme à Bâle, au printemps 1516 une impression durable. Déjà dans un poème de 1510 Expostulatio Iesu cum homine, Érasme insinuait qu'il était vain de chercher un bien quelconque en dehors du Christ, alors que celui-ci était la source de tout bien, sauveur, consolateur et trésor de l'âme ; Zwingli en eut connaissance vers 1514-1515 Corpus Reformatorum, II, et dès ce temps il concentra ses pensées sur le Christ solus Christus, par opposition aux créatures et aux formes accessoires de la religion. Première appréhension mystique, qui avec le temps ne cessa de s'amplifier. La lecture des ouvrages du maître l'initia à la philosophia Christi et à ce qu'on appelait alors la « nouvelle théologie Écriture et Pères ; il fit sien le double idéal d'Érasme du Christus renascens renaissance des belles-lettres et du christianisme puisé à ses sources et du pacifisme. Ce dernier trait se conjuguait avec sa propre campagne pour la neutralité de la Confédération dans les luttes politiques que se livraient les grandes puissances. L'attitude de Zwingli indisposa la majorité de ses paroissiens de Glarus, qui militaient pour l'alliance française. Du 26 novembre 1516 à la fin de 1518, il se retira à Einsiedeln, où il devint curé Leutpriester, tout en faisant administrer provisoirement la cure de Glarus par son vicaire. S'il tenta à Einsiedeln de rénover la prédication par le recours aux textes de l'Écriture et des Pères, il resta dans la ligne traditionnelle ; il fit même alors le pèlerinage d'Aix-la-Chapelle. Son état d'âme du moment nous est révélé par la lettre qu'il écrivit au chanoine H. Utinger 5 déc. 1518 ; C.R., VII. À Érasme il demandait de le rendre meilleur et de l'aider dans le combat spirituel qu'il menait contre la chair. Le succès de sa prédication et son opposition à l'alliance française le désignèrent aux suffrages du chapitre de Zurich, qui l'élut le 11 décembre 1518 comme curé de la cathédrale. Il arriva à Zurich le 1er janvier 1519. On date d'ordinaire de l'arrivée de Zwingli à Zurich l'adoption de la Réforme en cette ville. En fait, cet événement n'eut lieu que trois années plus tard. En 1519, Zwingli se déclara contre le renouvellement de l'alliance française, question alors à l'ordre du jour ; seul des cantons suisses, Zurich y renonça effectivement en 1521 et se trouva de ce chef isolé. Il se détacha également de l'alliance avec le pape et les Habsbourg, sous l'influence de Zwingli, dont on cite les paroles à l'adresse du cardinal Schinner, légat papal : Retournez son chapeau rouge, il en tombe des ducats et des couronnes ; pressez-le, il ruisselle du sang de vos fils, frères, pères ou amis. » L'entrée en scène de Luther dispute de Leipzig, juin 1519 provoqua des remous en Allemagne méridionale et en Suisse. Zwingli lut nombre d'ouvrages de Luther et fit entrer dans sa synthèse en formation une partie des thèses luthériennes tout en leur donnant un accent propre égation du libre arbitre, rôle de la foi dans la justification, sens plus aigu du péché : C.R., I. D'une manière plus décisive, il fit à l'occasion d'une grave maladie la peste l'expérience du Tout de Dieu et du néant de la créature, qu'il a chantée ensuite dans le Pestlied 1520. Faisant écho à une parole de saint Paul Rom., IX, 20, il écrit : Je suis ton vase, façonne-moi ou brise-moi à ton gré ; jouet ou plutôt instrument entre les mains de Dieu, Zwingli acquiert alors une conscience plus vive de sa mission. À la différence de Luther, il associait intimement à ses problèmes personnels le salut de son peuple Zurich et la Confédération, avec les implications morales, sociales et politiques que cela comportait. Cette mystique de l'action sous la mouvance de l'Esprit, désormais intégré à la lettre de l'Écriture le sola scriptura au sens zwinglien ne s'entend pas autrement, ouvre une phase nouvelle de sa carrière. On discute sur le point de savoir à quelle époque précise Zwingli passa de l'attitude de réformiste au sens érasmien à celle du reformatorisch au sens luthérien. La question suppose une définition de ces termes, sur lesquels les historiens ne sont pas d'accord. Un fait paraît certain, c'est que ce passage fut ressenti par Zwingli non comme une rupture, mais comme un approfondissement ; déjà Érasme lui avait révélé le Christ comme source de tout bien, la doctrine de Luther entendue comme Christusmystik A. Adam s'en rapprochait. Mais ce qui est proprement reformatorisch chez Zwingli, c'est l'opposition radicale entre Dieu et la créature, opposition qui l'amena à éliminer de la doctrine et du culte tout ce qu'il considérait comme adventice inventions humaines dans les dogmes ; pratiques accessoires de piété. Les années 1522 et 1523 marquent le tournant. Zwingli entra d'abord en conflit avec l'autorité diocésaine sur des points de discipline : abstinence avr. 1522, célibat ecclésiastique juill. 1522. Il soumit le litige à l'arbitrage du Conseil, qui convoqua une dispute 29 janv. 1523. Il proposa soixante-sept thèses Schlussreden, sur quoi le Conseil confirma sa décision de l'année précédente juill. 1522, qui autorisait la prédication sur la seule base de l'Écriture. C'était donner un blanc-seing à Zwingli. La messe comme sacrifice et le culte des saints furent l'objet d'une dispute subséquente 26-29 oct. 1523. Cependant, la crainte de complications politiques obligea d'abord à surseoir abrogation des images en juin 1524, de la messe le Jeudi saint, en 1525. En même temps, les couvents furent supprimés, tandis que le chapitre cathédral était réorganisé 29 sept. 1523. Si césure il y a, elle se place en 1522, quand Zwingli renonça au mandat qu'il tenait de l'évêque pour se mettre à la disposition du magistrat Conseil, qui le confirma dans ses fonctions de Leutpriester. Zwingli passa alors d'une obédience à l'autre. Il cessa, de ce chef, de célébrer la messe, encore qu'il ait affirmé avoir cru à la présence réelle jusqu'en 1523. Les deux disputes de 1523, où l'on peut voir, avec B. Moeller, l'acte de naissance de la nouvelle communauté zurichoise, hâtèrent l'évolution. Notons que Zwingli se maria clandestinement en avril 1524 avec la veuve Anna Reinhard, avec qui il vivait maritalement depuis 1522. Durant ces années cruciales 1522 et 1523, Zwingli s'appuya de plus en plus sur le Conseil, et notamment le Grand Conseil représentant les corporations, où il comptait le plus de partisans ; le Petit Conseil était plus réactionnaire. De l'enquête minutieuse de W. Jacob il ressort que la Réforme à Zurich recruta ses adeptes dans toutes les couches de la population. Cependant, comme le remarque N. Birnbaum, les partisans de Zwingli viennent principalement de l'élite artisanale et mercantile dans les branches de la production affectées par les changements économiques et techniques récents. La campagne fut plus lente à se rallier et, d'après O. Vasella, la juridiction épiscopale s'y maintint plus longtemps qu'on ne l'a cru. Le clivage se produisit plutôt dans les rangs des partisans de Zwingli appartenant à l'élite intellectuelle C. Grebel, F. Mantz, qui optèrent pour un christianisme communautaire indépendant du pouvoir civil. Ce fut l'origine du mouvement ana baptiste en Suisse et en Allemagne méridionale communauté de Zollikon étudiée par F. Blanke. S'il y avait dans l'enseignement de Zwingli des amorces dans ce sens, on ne peut cependant parler à ce sujet de revirement dans sa pensée avec R. Walton contre J. H. Yoder. Faute de venir à bout du mouvement par des colloques avec les leaders, Zwingli appela contre eux la répression du pouvoir civil exécution de Mantz, 1527. En même temps que la Réforme zurichoise prenait sa physionomie particulière Volkskirche bénéficiant de l'appui du pouvoir séculier, Zwingli achevait de dessiner les grandes lignes de sa théologie Commentarius de vera et falsa religione, mars 1525. En matière de culte, il réagit contre certains excès de la dévotion populaire (notamment en ce qui concerne le culte des saints et vise à instaurer un culte plus dépouillé, plus spirituel, à l'image du Dieu-Esprit et en vertu du principe que le sensible ne peut agir sur la partie spirituelle de l'être humain. De ce point de vue, l'épuration du culte devait conduire à l'élimination d'une bonne part de ce qu'on entend communément par catholicisme . Mais, même en matière de musique et d'art religieux, Zwingli n'est pas aussi radical qu'on le présente d'ordinaire. Des études de C. Garside, H. Reimann, M. Jenny et O. Söhngen il ressort que ses attitudes négatives sur la musique religieuse datent de 1523 et qu'elles visent la psalmodie traditionnelle en latin et non le chant choral de la communauté évangélique. Plus hardies furent ses initiatives dans le domaine de la discipline : l'institution du tribunal matrimonial, où W. Köhler a vu le prélude du consistoire de Calvin à Genève, transférait au Conseil une part de la juridiction épiscopale, concernant notamment les mariages, la surveillance des pasteurs, l'assistance au culte, et même finalement l'excommunication des délinquants. Alors qu'ailleurs, à Bâle et à Strasbourg, l' Église se réservait le pouvoir d'excommunication et tendait à se distinguer du magistrat, on constate à Zurich l'évolution inverse. L'Église s'intègre de plus en plus à la cité corporative et se coule dans ses cadres ; de ce chef, elle perd son autonomie. Cette absorption a pour contrepartie le rôle de leader spirituel dévolu aux Pfarrer et à Zwingli lui-même. Leur tâche est d'éclairer les pouvoirs publics sur les démarches à faire dans l'intérêt général, ce qui suppose à la base un idéal religieux commun : la volonté de Dieu révélée dans l'Écriture admise comme règle de vie sociale aussi bien qu'ecclésiale. C'est en ce sens seulement qu'on peut parler de théocratie à Zurich R. Walton. L'élément pneumatique disparu, les Pfarrer devinrent des fonctionnaires du culte, et l'Église confondue avec l'État chrétien donna naissance au Staatskirchentum Église d'État ; ainsi à Berne après 1550. Mais, par là , la réforme zwinglienne n'a fait qu'accélérer un processus dont les débuts sont bien antérieurs : devant la carence de l'autorité épiscopale, le Conseil de Zurich s'était habitué à traiter même des affaires religieuses. En lui reconnaissant un jus in sacra, ce qu'en Allemagne les Luthériens étaient enclins à lui refuser, Zwingli ne faisait guère que renforcer sa compétence en ce domaine. Son action n'est donc pas aussi révolutionnaire qu'on la représente d'ordinaire.
Chronologie
1502 : S'inscrit à l'université de Bâle, où il obtient le grade de maître ès arts. 1506 : Achève ses études de théologie et est ordonné prêtre à Constance. 1506-1516 : Curé de la ville de Glaris. Ses sermons anti-mercenariat ne plaisent pas à la communauté rurale. 1516-1518 : Chapelain de l'abbaye territoriale d'Einsiedeln Notre-Dame des Ermites. 1512 : Comme aumônier militaire des Suisses à la solde du pape, il participe aux batailles de Novare 1513 et de Marignan 1515. 1513 : Apprend le grec ancien. 1516 : Rencontre Érasme et l'imprimeur Johann Froben à Bâle. Fin 1518 : Appelé comme prédicateur de la collégiale de Zurich. 1er janvier 1519 : Zwingli prêche pour la première fois à la Grossmünster de Zürich. Marqué par l'épidémie de peste qui décime plus du tiers des habitants de la ville cette année-là 2, il approfondit sa foi et devient peu à peu un authentique réformateur. 1519 : Devient curé de Zurich. 1520 : Renonce volontairement à sa pension papale. 16 mai 1522 : Par la publication de Vermahnung an die zu Schwyz, dass sie sich vor fremden Herren hutend, Zwingli commence à se faire connaitre en dehors de Zurich. 1523 : Passe définitivement à la Réforme avec la rédaction des 67 thèses (les Schlussreden) qu'il rédige pour participer à la première dispute de Zurich qui se tient le 29 janvier. Dès lors Zwingli va tout faire pour que Zurich devienne une cité réformée. 1524 : Épouse la veuve Anna Reinhart. Ils auront quatre enfants : Regula, Guillaume, Ulrich et Anna. Septembre 1525 : Zurich abolit la messe (Berne l'interdira en 1528, Bâle et Glaris en feront de même en 1529. Mars 1526 : Le premier culte réformé est célébré. Les moines se dépouillent de leurs habits religieux, la lecture du texte sacré se substitue au chant et les reliques sont abandonnées. Mai Zwingli est excommunié suite à la dispute de Baden (canton d'Argovie. 1529 : Colloque de Marbourg. Sous la présidence du landgrave Philippe Ier de Hesse, Zwingli y rencontre Martin Luther pour faire le point de leurs accords et désaccords sur la doctrine eucharistique. En juin, première bataille de Kappel. La Réforme, grâce à la Ligue évangélique réunissant les cantons de Berne, Saint-Gall, Bâle et Zurich, et sous l'action de Zwingli, s'étend aux bailliages communs alliance combourgeoise après la première paix de Kappel. Octobre 1531 : Les cantons catholiques attaquent les Zurichois et les battent à la 2e bataille de Kappel. Zwingli - aumônier des troupes zurichoises - est tué sur ce champ de bataille le 11 octobre 1531 alors qu'il assiste blessés et mourants.
Sa vie
Ulrich Zwingli naît le 1er janvier 1484 à Wildhaus dans le Toggenbourg canton de Saint-Gall. Il a neuf frères et sœurs. Son père est un simple paysan, amman ou magistrat de sa paroisse qui, connaissant toute l'importance de l'instruction, ne négligea rien pour lui en assurer les avantages. Zwingli en puisa les éléments à Bâle et à Berne. Les dominicains, augurant favorablement de ses débuts, cherchèrent à l'attirer dans leur ordre : mais son père, voulant l'y soustraire, l'envoya se perfectionner à l'université de Vienne en Autriche au semestre d'hiver 1498. Cependant le jeune Zwingli n'y apprit qu'un peu d'astronomie, de physique et de philosophie. Zwingli est exclu de l'université. Deux ans plus tard, on le retrouve à Bâle, où le professeur Thomas Wyttenbach l'encourage à se consacrer à des études de théologie. De retour dans sa patrie, après une absence de deux ans, il revint une seconde fois à Bâle, où il fut bientôt nommé régent. À peine âgé de dix-huit ans, il se livra avec toute l'ardeur d'un jeune homme aux devoirs de sa place ; et il acquit une connaissance plus profonde des langues qu'il était obligé d'apprendre à ses élèves. Il avait une inclination prononcée pour Horace, Salluste, Pline le Jeune, Sénèque, Aristote, Platon et Démosthène, dont la lecture l'occupait nuit et jour, et qui contribuèrent si puissamment à enrichir ses idées et à polir son style. Il ne négligea pas néanmoins l'étude des sciences nécessaires à l'état auquel il se destinait. Il eut pour professeur de théologie Thomas Wyttenbach, dont l'enseignement, sans avoir rien d'extraordinaire, s'élevait cependant au-dessus des préjugés de ses contemporains. D'autres historiens font l'éloge de la méthode qu'il employait dans l'enseignement, et de la confiance qu'il inspirait à ses disciples.
Débuts comme curé de la ville de Glaris 1506-1512
En 1506, il prit le degré de maître des arts, et fut promu à la cure de Glaris. Ce bénéfice lui convenait assez, parce qu'il le rapprochait de ses parents, et parce qu'il était honorable d'être à vingt-deux ans pasteur d'un chef-lieu de canton. L'évêque de Constance lui conféra les ordres sans difficulté, et souscrivit à son installation. Dès ce moment Zwingli crut devoir recommencer ses études théologiques sur un nouveau plan qu'il s'était formé. Après avoir relu les auteurs classiques de l'ancienne Grèce, pour se rendre leur langue familière, et pour en approfondir toutes les beautés, il se livra à l'étude du Nouveau Testament, et à la recherche des textes qui servent de fondement aux dogmes catholiques. Il suivit la méthode qui consiste à interpréter un passage obscur par un passage analogue plus clair, un mot inusité par des mots plus connus, ayant égard au lieu, au temps ; à l'intention de l'écrivain et à une foule d'autres circonstances qui modifient et changent souvent la signification des mots : II se mit ensuite à lire les Pères de l'Église, pour savoir de quelle manière ils avaient entendu les endroits qui lui semblaient obscurs. Ce n'était pas assez pour lui de connaître le sentiment des anciens théologiens ; il voulut aussi consulter les modernes, même les écrivains qui avaient été frappés d'anathème, comme John Wyclif et Jean Huss. Il paraît cependant qu'il se borna d'abord à gémir en secret sur les abus qui déshonoraient le clergé, et qu'il ne se pressa pas de les attaquer de front : le moment favorable n'était pas encore venu, mais il s'avançait à grands pas : gardant sur les articles de foi qui lui déplaisaient le silence le plus absolu, il ne les approuvait ni ne les condamnait.
Expérience de la guerre comme aumônier militaire 1512-1515
En 1512, lorsque 20 000 Suisses marchèrent à la voix de Jules II, pour secourir l'Italie contre les armes de Louis XII, Zwingli accompagna le contingent de Glaris, en qualité d'aumônier. Le fameux Matthieu Schiner, cardinal évêque de Sion, légat a latere, le chargea de distribuer à ses compatriotes les gratifications du pape. Après la bataille de Novare, où il avait été présent, Zwingli retourna dans sa paroisse reprendre ses fonctions pastorales, qu'il quitta de nouveau en 1515 pour marcher avec les Suisses au secours du duc de Milan, attaqué par François Ier, et il fut témoin de la bataille de Marignan, aussi fatale à sa patrie que la victoire de Novare lui avait été glorieuse. Zwingli avait prévu ce désastre, et il s'était efforcé de le prévenir dans un discours qu'il adressa aux Suisses à Monza, près de Milan. Zwingli interpréta la défaite de Marignan comme une punition divine envers les mercenaires suisses, engagés par des princes étrangers et menant la guerre par appât du gain. Le manque d'harmonie entre les chefs dit son historien à l'insubordination des soldats et leur penchant à suivre tour à tour des impulsions opposées, lui faisaient craindre pour eux quelque grand revers dont il aurait désiré de les préserver par ses conseils. Il approuva le refus qu'ils avaient fait d'accéder au traité offert par le roi de France, avant de connaitre la volonté de leurs gouvernements, Il donna de grands éloges à leur courage, les conjurant de ne pas se livrer à une sécurité doublement dangereuse, au moment où ils étaient en présence d'un ennemi supérieur en nombre. Il pria les chefs de renoncer à leurs rivalités ; il exhorta les soldats à n'écouter que la vois de leurs officiers, et à ne pas compromettre par une déci marche imprudente leur propre vie et la gloire de leur pays. Le désastre de Marignan fortifia Zwingli dans son aversion pour toute guerre qui n'est point entreprise dans le dessein de défendre la patrie. Peu de temps après son retour de Milan il fut nommé à la cure d'Einsiedeln, autrement Notre-Dame des Ermites, L'austérité de ses principes et la publication de la Fable du bœuf et de quelques autres animaux, contre l'usage barbare des Suisses de se mettre à la solde de l'étranger lui avaient fait des ennemis à Glaris.
Chapelain de l'abbaye d'Einsiedeln 1516-1519
Ne pouvant plus y rester sans éprouver des désagréments, il prit possession d'Einsiedeln en 1516. Cette abbaye était alors sous la direction de Théobald, baron de Geroldseck, qui en était administrateur, à cause de l'extrême vieillesse de l'abbé Conrad de Rechberg quoique ce religieux eût plutôt reçu l'éducation d'un soldat que celle d'un moine, il aimait les sciences et la régularité, et il voulait qu'elles fussent en honneur dans son abbaye ; il y appela Zwingli. Celui-ci accepta volontiers un poste qui le mettait en relation directe avec les hommes les plus éclairés de la Suisse. Tout son temps fut employé à l'étude ou à l'accomplissement de ses devoirs. Il débuta dans la carrière de la réformation en conseillant à l'administrateur d'effacer l'inscription placée au-dessus de la principale porte de l'abbaye : Ici l'on obtient rémission plénière de tous les péchés, et de faire enterrer les reliques, objets de la dévotion superstitieuse des pèlerins. Il introduisit ensuite quelques changements dans la discipline d'un couvent de femmes qui était sous sa direction. Bientôt il écrivit à Hugues de Landenberg, évêque de Constance, pour l'engager à supprimer dans son diocèse une foule de pratiques puériles et ridicules, qui pouvaient entraîner des maux sans remède. Il développa les mêmes idées dans un entretien avec le cardinal de Sion, et lui fit sentir la nécessité d'une réforme générale. La chose n'était pas difficile. Jusque-là Zwingli ne s'était guère communiqué qu'à ses amis ou à des hommes dont il connaissait la droiture. Le jour où il devait commencer la prédication de ce qu'il appelle le pur Évangile ne tarda pas à luire. Ce fut le jour même où l'on célébrait la fête de la consécration de l'église d'Einsiedeln par les anges. Au milieu d'une nombreuse assemblée que la solennité avait attirée, il monta en chaire, et prononça le discours d'usage tous les sept ans. Après un exorde plein de chaleur et d'onction, qui avait disposé les auditeurs à une attention soutenue, il passa aux motifs qui les réunissaient dans cette église, déplora leur aveuglement sur les moyens qu'ils employaient pour plaire à Dieu Ce discours produisit un effet étonnant : quelques auditeurs furent scandalisés d'une pareille doctrine, tandis que le plus grand nombre donna les marques les moins équivoques de son assentiment. On dit même que quelques pèlerins remportèrent leurs offrandes, ne croyant pas devoir contribuer au luxe qui était étalé dans l'abbaye de Notre-Dame des Ermites. Ces circonstances excitèrent l'animosité des moines contre celui qui diminuait ainsi leurs revenus. Cependant, il ne paraît pas que les supérieurs aient été irrités de sa conduite, puisque le pape Léon X lui fit remettre, vers la même époque, par le nonce Pucci, un bref apostolique dans lequel Zwingli était revêtu du titre de chapelain du Saint-Siège, et gratifié d'une pension. Le sermon du réformateur fut prononcé dans le courant de suivant ses historiens, d'où il suit qu'il devança Luther d'un an dans ses prédications, et que quand bien même la prédication des indulgences n'aurait point occasionné l'explosion, elle eût éclaté infailliblement d'elle-même à la première occasion qui se serait présentée.
Curé de Zurich 1519–1525
Le chapitre de Zurich le nomma curé de cette ville, à la sollicitation de ses partisans. Il s'y rendit vers la fin de l'année, et peu de jours après son arrivée, il parut devant le chapitre, déclara qu'il abandonnerait, dans ses discours, l'ordre des leçons dominicales, qui avait été suivi depuis Charlemagne, et qu'il expliquerait sans interruption tous les livres du Nouveau Testament. Il promit aussi de n'avoir en vue que la gloire de Dieu, l'instruction et l'édification des fidèles Cette déclaration fut approuvée par la majorité du chapitre. La minorité la regarda comme une innovation dangereuse. Zwingli répondit aux objections qu'il revenait à l'usage de l'Église primitive, qu'on avait observé jusqu'à Charlemagne ; qu'il se servirait de la méthode employée par les Pères de l'Église dans leurs homélies, et qu'avec l'assistance divine, il espérait prêcher de manière qu'aucun partisan de la vérité évangélique n'aurait lieu de se plaindre. On put voir, dès son premier sermon, prononcé le jour de la Circoncision, 1519, qu'il serait fidèle à son plan. Il en fut comme de tout ce qu'il avait fait jusqu'alors : les uns s'en édifièrent, les autres s'en scandalisèrent. S'il se fût contenté d'attaquer les abus, qui oserait le blâmer maintenant ? Mais il mit beaucoup d'aigreur dans ses attaques ; et, en outre, il s'éleva contre des pratiques vénérables, avec une amertume sans excuse. Il jugeait sévèrement : il fut jugé de même. Les esprits s'animèrent ; et il en naquit des tempêtes. Du reste, il se fit remarquer par une conduite très régulière. Il fit chasser de la ville par les magistrats toutes les filles publiques. Vers ce temps-là , Léon X envoya le cordelier Bernard Samson dans les treize cantons, pour y prêcher les indulgences, dont le produit était destiné à l'achèvement de la magnifique basilique de St-Pierre. Ce religieux éhonté ne craignit pas d'user de toutes sortes de supercheries pour tromper ses auditeurs. Il porta l'insolence à un point inconcevable. Quand il paraissait en public, il faisait crier à haute voix : Laissez approcher d'abord les riches, qui peuvent acheter le pardon de leurs péchés ; après les avoir satisfaits, on écoutera les prières du pauvre. Tant d'excès indignèrent les plus patients. L'évêque de Constance défendit aux curés de son diocèse de le recevoir dans leurs paroisses. Presque tous obéirent ; mais aucun ne mit autant d'ardeur dans son obéissance que le curé de Zurich. Il avait prévenu les désirs du prélat : il les avait même dépassés. En 1520, Zwingli renonça à la pension qu'il recevait du St-Siège, et obtint du conseil de Zurich qu'on prêcherait purement l'Évangile dans le canton. L'ambition de Charles Quint et de François Ier, qui se disputaient la couronne impériale, fournit à Zwingli l'occasion de développer de nouveau ses talents. Les deux compétiteurs s'efforcèrent d'intéresser la confédération helvétique en leur faveur. Zwingli était d'avis de garder la plus stricte neutralité ; et il s'en expliqua ouvertement. Lorsque les deux rivaux se furent déclaré la guerre, Zwingli, qui penchait pour la France, détourna le canton de Zurich de se joindre aux autres cantons ; ce qui lui attira la haine des personnages les plus marquants de la confédération, et lui enleva plusieurs partisans dans sa propre paroisse. Bientôt il engagea le conseil de Zurich à refuser au pape un secours de troupes que le saint-père demandait pour attaquer le Milanais ; et ce ne fut qu'après la promesse formelle d'employer ailleurs les Suisses que Léon X put obtenir trois mille Zurichois. La sagesse des avis de Zwingli fut manifestée par l’événement. Cependant son aversion pour une nouvelle alliance avec François Ier lui fit le plus grand tort dans l'esprit de beaucoup de personnes, qui ne furent pas fâchées de pouvoir confondre dans la même haine ses principes politiques et ses opinions religieuses.
Premiers conflits avec Rome 1522-1524
Le 14 mai 1522, Zwingli adressa une allocution très éloquente aux habitants de Schwyz, que la défaite de la Bicoque, commune à tous les cantons, excepté celui de Zurich, avait portés à réfléchir sur la position fâcheuse dans laquelle ils se trouvaient engagés et sur les moyens d'en sortir Quoique cette allocution soit plus conforme aux règles de la morale qu'à celles de la politique, les habitants du canton de Schwyz l'accueillirent favorablement. Ils chargèrent le secrétaire d'État d'exprimer leur reconnaissance à Zwingli ; et peu de temps après ils firent une loi dans leur assemblée générale pour abolir toute alliance et tout subside durant vingt-cinq ans.
Sur le carême
Pendant le carême de cette même année 1522, quelques personnes attachées à la nouvelle doctrine avaient enfreint publiquement l'abstinence et le jeûne ; le magistrat les fit mettre en prison, et refusa de les écouter. Zwingli entreprit de les justifier, dans un Traité sur l'observation du carême, qu'il terminait en priant les hommes versés dans l'intelligence des Écritures de le réfuter, s'ils croyaient qu'il avait fait violence au sens de l'Évangile. Cet ouvrage fut comme un manifeste de la part de Zwingli. Il jeta l'alarme parmi les ecclésiastiques et tous ceux qui étaient dévoués à l'Église catholique. L'évêque de Constance, pressé par ses propres craintes, et par de nombreuses sollicitations, adressa un mandement à ses diocésains, pour les prémunir contre la séduction. Il écrivit en même temps au conseil de Zurich, qui ne répondit pas de manière à le satisfaire ; et au chapitre de la même ville, qui permit à Zwingli de se défendre par un traité publié le 22 août dans lequel il établissait : que l'Évangile seul est une autorité irrécusable, à laquelle il faut recourir pour terminer les incertitudes, et décider toutes les disputes, et que les décisions de l'Église ne peuvent être obligatoires qu'autant qu'elles sont fondées sur l'Évangile. Pendant que Zwingli composait ce traité, la diète de Baden ordonna l'arrestation d'un curé de village qui avait prêché la nouvelle doctrine, et le fit transférer dans les prisons de l'évêché de Constance. Le réformateur n'eut pas de peine à voir que les gouvernements des cantons s'opposaient à la propagation de ses opinions. Dans le dessein de les gagner, il leur adressa, en son nom et en celui de neuf de ses amis, un précis de sa doctrine et une prière expresse de laisser libre la prédication de l'Évangile.
Sur le célibat des prêtres
Zwingli finissait par demander aux cantons de tolérer le mariage des prêtres, et s'élevait fortement contre les inconvénients du célibat. Il adressa une requête à l'évêque de Constance pour l'engager à se mettre à la tête de la Réforme, et à permettre qu'on démolît avec prudence et précaution ce qui avait été bâti avec témérité. Cette levée de boucliers souleva contre lui les prêtres et les moines, qui le décrièrent et le traitèrent en chaire de luthérien, injure la plus forte que l'on connût alors. Le scandale était à son comble. L'évêque de Constance crut bien faire en interdisant toute espèce de dispute jusqu'à ce qu'un concile général eût prononcé sur les points controversés. Mais il ne fut obéi ni des uns ni des autres ; et les discussions continuèrent avec autant de violence et d'acharnement qu'auparavant.
Disputes de Zurich 1523-1524
Zwingli s'imagina qu'il n'y avait pas de meilleur moyen pour y mettre un terme que de se présenter, dans les premiers jours de 1523, devant le grand conseil et de solliciter un colloque public, où il pût rendre compte de sa doctrine en présence des députés de l'évêque de Constance. Il promit de se rétracter si on lui prouvait qu'il était dans l'erreur ; mais il demanda la protection spéciale du gouvernement, dans le cas où il prouverait que ses adversaires avaient tort. Le grand conseil fit droit à sa demande et adressa, peu de jours après, une circulaire à tous les ecclésiastiques du canton, pour les convoquer dans la maison de ville le lendemain de la fête de Saint-Charlemagne 29 janvier, afin que chacun eût la liberté de désigner publiquement les opinions qu'il regardait comme hérétiques et pût les combattre l'Évangile à la main. Il se réservait le droit de prononcer définitivement sur ce qui serait dit de part et d'autre et de procéder contre quiconque refuserait de se soumettre à sa décision. Aussitôt que cet acte fut devenu public, Zwingli fit paraître soixante-sept articles qui devaient être soumis au colloque : il y en avait de très raisonnables.
Première Dispute janvier 1523
Au jour fixé 29 janvier 1523, le colloque ouvrit ses séances. L'évêque de Constance y était représenté par Jean Faber, son grand vicaire, et par d'autres théologiens ; le clergé du canton avait à sa tête Zwingli et ses amis. Il y avait en tout près de six cents personnes. Le bourgmestre de Zurich exposa le but de la convocation et exhorta les assistants à manifester leurs sentiments sans crainte. Le chevalier d'Anweil, intendant de l'évêque, Faber et Zwingli prirent successivement la parole. Celui-ci demanda instamment qu'on le convainquît d'hérésie, s'il en était coupable, en se servant toutefois de la seule autorité de l'Écriture. Le grand vicaire éluda la question, mais insensiblement et par son indiscrétion la dispute s'entama. Zwingli, qui s'exprimait avec beaucoup d'éloquence et de facilité, le poussa vivement; Faber s'aperçut qu'on l'écoutait avec défaveur et refusa de poursuivre. Alors la séance fut levée, et le conseil ordonna que Zwingli, n'ayant été ni convaincu d'hérésie ni réfuté, continuerait à prêcher l'Évangile comme il l'avait fait, que les pasteurs de Zurich et de son territoire se borneraient à appuyer leur prédication sur l'Écriture sainte, et que des deux côtés on eût à s'abstenir de toute injure personnelle. Cette décision de l'autorité civile en matière de religion irrita les catholiques qui jetèrent les hauts cris ; mais elle assura le triomphe de la réforme qui, dès ce moment, ne cessa de se fortifier de jour en jour par les écrits et les discours de Zwingli.
Deuxième Dispute septembre 1523
Vers la même époque, le pape Adrien VI lui adressa un bref très flatteur, pour l'engager à maintenir les privilèges du Saint-Siège. Il publia le procès-verbal de la conférence et la défense des soixante-sept articles sous le titre de Areheielèsgli. Cependant rien n'était changé dans le culte, et les offices se faisaient comme par le passé, lorsqu'il parut un écrit très véhément intitulé Jugement de Dieu sur les images. Les têtes ardentes en furent exaltées, et un cordonnier nommé Klaus Hottinger, accompagné de quelques fanatiques, renversa un crucifix élevé à la porte de la ville. Cet homme fut arrêté ; on voulait le punir, mais les avis furent partagés sur la culpabilité. Zwingli lui-même, tout en convenant qu'Hottinger méritait châtiment pour avoir agi sans l'autorisation du magistrat, déclarait formellement que la défense d'adorer les images ne regardait pas moins les chrétiens que les Israélites. Dans cette perplexité, le grand conseil convoqua un nouveau colloque pour examiner si le culte des images était autorisé par l’Évangile et s'il fallait conserver ou abolir la messe. Le 28 octobre 1523, plus de neuf cents personnes des cantons de Schaffhouse, de Saint-Gall et de Zurich se trouvaient réunies dans cette dernière ville ; les autres cantons n'avaient pas voulu s'y rendre. Le colloque dura deux ou trois jours. Zwingli parut avoir entraîné la majorité de l'assemblée ; mais il ne réussit pas à persuader le grand conseil, qui ne prit aucune détermination, par la crainte peut-être de choquer les autres cantons et les évêques qui avaient refusé d'envoyer des députés au colloque.
Troisième Dispute janvier 1524 et progrès de la Réforme à Zurich 1524-1525
En janvier 1524, il se tint une troisième conférence, qui fut un nouveau triomphe pour le réformateur. L'abolition de la messe en fut le résultat, et désormais le sénat et le peuple de Zurich montrèrent la plus grande déférence aux avis de Zwingli. Ce fait, consigné dans le Musée des protestants célèbres, ne se trouve pas dans la Vie de Zwingli, par Hess. Cet historien dit seulement que l'évêque de Constance ayant envoyé au sénat de Zurich une Apologie de la messe et du culte des images, le réformateur y répondit avec tant de solidité que le gouvernement permit d'enlever des églises les statues et les tableaux, que l'on remplaça par des inscriptions tirées des livres saints. Quant à la messe, elle ne fut définitivement supprimée qu'en 1525, le jour de Pâques, où l'on célébra la cène. Il avait été question du célibat ecclésiastique dans la conférence d'octobre 1523 ; Zwingli s'était attaché à prouver qu'il n'a aucun fondement dans le Nouveau Testament : c'était tout pour lui. Le gouvernement de Zurich ne se prononça pas d'une manière expresse sur ce point délicat : il se borna à là simple tolérance du mariage des prêtres. Zwingli en profita, et le 2 avril 1524, il épousa Anne Reinhart, veuve d'un magistrat, de laquelle il eut quatre enfants : : Regula, Guillaume, Ulrich, et Anna. Dans le même temps, il s'occupa de réformer le chapitre de Zurich, l'abbaye de Fraumûnster et les religieux mendiants. Les revenus des communautés supprimées furent employés à la dotation des professeurs de l'université, qu'il organisa avec autant de talent que de sagesse. Nommé recteur du gymnase en 1525, il appela auprès de lui les hommes les plus distingués dans la nouvelle réforme, les Pellican, les Gollinus, et leur confia l'enseignement du grec et de l'hébreu. Les autres chaires furent à peu près aussi bien remplies.
Controverse avec les Anabaptistes et les Luthériens 1525–1529
Tout allait suivant ses désirs, sans secousses et sans effusion de sang ; il jouissait d'une grande considération quand les divisions intestines de la réforme vinrent troubler son repos et lui mettre les armes à la main contre ceux mêmes qui, à son exemple, avaient secoué le joug de l'autorité.
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Posté le : 10/10/2015 16:23
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