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De Montpellier
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Le 27 septembre 1601 au château de Fontainebleau naît Louis XIII
Roi de France et de Navarre. Louis XIII, surnommé Louis le Juste, décédé à 52 ans, le 14 mai 1643 au château neuf de Saint-Germain-en-Laye, inhumé à la basilique de Saint-Denis, est roi de France et de Navarre entre 1610 et 1643. Couronné dans la cathédrale de Reims le 17 octobre 1610, il succède à son père Henri IV et précède son fils louis XIV Il est le fils de Henri IV et de Marie de Médicis, qui sera régente de 1610 à 1614. Il est dauphin de France du 27 Septembre 1601 au 14 Mai 1610, soit pendant 8 ans 7 mois et 17 jours. Il réside au Château neuf de Saint-Germain-en-Laye, puis Palais du Louvre. Son règne est marqué par l’affaiblissement des grands et des protestants, la lutte contre la maison de Habsbourg et l'affirmation de la domination militaire française en Europe pendant la guerre de Trente Ans. L’image de ce roi est inséparable de celle de son principal ministre, le cardinal de Richelieu. Il est le père du roi Louis XIV et de Philippe, fondateur de la maison Orléans dont est issu le roi Louis-Philippe Ier.
En bref
Fils de Henri IV et de Marie de Médicis, Louis XIII est l'une des figures les plus énigmatiques de la royauté française. Son personnage, cette singulière et si efficace alliance politique qu'il a constituée avec Richelieu ont donné lieu aux interprétations les plus diverses. Du tableau, à la fois critique et ambigu, de Tallemant des Réaux à l'admiration inconditionnelle de Saint-Simon, de la quasi-victime romantique d'Alexandre Dumas aux portraits contrastés de l'historiographie contemporaine, autant de points de vue divers, mais qui tendent, tous, à privilégier Richelieu. Le roi timide, secret, pudique ne manque ni de dons naturels, artistiques en particulier, ni de bon sens. Quasi abandonné par sa mère, veule et peu intelligente, il a, peut-être, souffert du mystère qui planait sur la mort de son père. Il a probablement détesté sa mère et peu aimé sa femme. Roi dès l'âge de neuf ans, mais roi à l'éducation négligée, il laisse éclater sa rancœur et son orgueil bafoué en faisant assassiner Concini, favori de sa mère, en 1617. Cet événement démontre que la raison d'État et le peu de scrupules quant au choix des moyens ne sont pas des créations exclusives du cardinal de Richelieu. Non que la politique de Luynes de 1617 à 1621 eût été très différente de celle de Concini : catholique, pro-espagnole, elle ne s'en différencie que par l'éloignement de la régente Marie de Médicis. Il faut attendre 1624 et l'entrée de Richelieu au gouvernement pour que, très progressivement, après maintes expériences, se dégage une nouvelle politique dont le mérite revient à ce dernier. L'important est de voir ce que signifie le ministériat. Sa courte durée de 1624 à 1661, avec Richelieu puis avec Mazarin, l'importance de l'hostilité qu'a suscitée cette forme de gouvernement, la grandeur des deux personnages qui s'y sont succédé posent des problèmes. On a l'habitude de mettre la série de complots contre les cardinaux Premiers ministres sur le compte de la politique extérieure. C'est oublier qu'ils visent d'abord le système inauguré en 1624, autant et plus que les hommes qui l'incarnent. Richelieu, comme Mazarin, ont fait la fortune de leur famille et de leur clientèle. Et il existe, de ce fait, une certaine rivalité entre clientèle royale et clientèle ministérielle, comme l'a bien entrevu Alexandre Dumas. Au vrai, la question ne se serait pas posée avec une telle acuité si les nécessités de la guerre de Trente Ans n'avaient, dans la décennie 1630-1640, formidablement augmenté, par l'accroissement de l'armée et de la pression fiscale, la puissance réelle du pouvoir monarchique. L'installation des intendants dans les provinces, la centralisation administrative qui joue au bénéfice de la ville de Paris et se traduit, entre autres, par l'essor, définitif, de l'atelier de frappe monétaire parisien au détriment des ateliers provinciaux, tout prouve combien le poids de l'État s'appesantit sur l'ensemble de la société française. Ces novelletés », justement attribuées au ministériat, font de lui le point de mire non seulement des tenants d'une politique extérieure plus pacifique, mais aussi des partisans d'une structure d'État moins pesante. Or Louis XIII ne s'est guère éloigné de la ligne tracée par Richelieu et a souvent renchéri sur les rigueurs du cardinal. En vérité, le seul vrai ministériat a été celui de Mazarin, maître exclusif, et par moments désinvolte, d'Anne d'Autriche. Richelieu doit d'abord convaincre le roi, et l'on connaît sa célèbre phrase sur la difficulté à conquérir et à garder les quelques pieds carrés du cabinet royal. Louis XIII a tenu à rester le maître de ses décisions et il a eu à maintes reprises, comme lors de la journée des Dupes, à trancher entre son ministre et les clans adverses. Henri IV devait encore équilibrer les diverses tendances politiques dans son entourage. Louis XIII a pu se permettre de donner son appui à un homme dont la politique ne représentait probablement pas la tendance majeure de l'opinion de la cour et de la ville. Ce qui paraît démontrer le rôle prééminent du cardinal souligne, paradoxalement, la profondeur du renforcement de l'absolutisme royal, et explique aussi la violence des tentatives de réaction ultérieures. N'exagérons cependant pas l'opposition entre le rationalisme déjà classique du couple politique roi-Premier ministre et la réaction féodale de cette première moitié du XVIIIe siècle français étonnamment baroque. Chez le roi comme chez le cardinal, on rencontre aussi quelques-uns des désirs politiques fondamentaux de l'époque : souhait de voir réaliser l'unité religieuse, à tout le moins de briser l'État dans l'État qu'avait formé, sous la régence, l'appareil politique protestant groupé autour des Rohan ; volonté de rénovation religieuse et d'épuration des mœurs. Mécène à sa manière, doué pour la musique, quelque peu sculpteur, Louis XIII se révèle peut-être le mieux dans ses goûts. Il a fait, entre autres, de Georges de La Tour un peintre royal et, ce qui est plus significatif, il a collectionné les œuvres de celui-ci : éclairage oblique, mais combien typique, de l'homme. Ambigu, secret, jaloux de son autorité et pénétré de ses devoirs, Louis XIII a eu, à défaut de génie propre, celui de voir et d'utiliser celui du cardinal. Y a-t-il tant d'hommes, surtout dans le monde politique, qui ont possédé ce genre de clairvoyance et, plus encore, qui sont capables de supporter sans ombrage un esprit qui les dépasse ? Jean Meyer
Le fils de Henri IV et de Marie de Médicis
Louis XIII, premier fils du roi Henri IV et de la reine Marie de Médicis, naît au château de Fontainebleau. L'enfance du dauphin Louis nous est assez bien connue grâce au journal qu'a laissé son médecin, Jean Héroard. Tous les détails de son alimentation, sa santé et de sa vie intime y sont notés. Le futur roi est installé dès le mois de novembre au château de Saint-Germain-en-Laye, où il retrouve les enfants illégitimes de son père, puis plus tard ses frères et sœurs le rejoignent au château1. Il est baptisé le 14 septembre 1606 à Fontainebleau, son parrain est, comme il est d'usage, le pape Paul V, représenté par le cardinal de Joyeuse, sa marraine est sa tante, Éléonore de Médicis, duchesse de Mantoue, sœur de la reine Marie. Du château de Saint-Germain, le jeune Louis XIII sort peu, sa mère Marie n'aime pas beaucoup que son fils entre en contact avec les habitants. Le dauphin est rapidement attiré par la musique et reçoit souvent des musiciens dans ses appartements. Il joue lui aussi de certains instruments et chante. La danse, la peinture et le dessin seront aussi parmi les distractions du futur souverain, mais ce qu'il préfère, ce sont les armes et ce qui touche au militaire. Très tôt, il se découvre une passion pour les armées et les chevaux et parle souvent de guerre. Il s'exerce très jeune à l'arc et à l'arquebuse4 et aime faire appliquer les obligations cérémoniales à ses gardes. Il reçoit sa première leçon à l'âge de sept ans de la part de son précepteur le poète Nicolas Vauquelin des Yveteaux ; il ne montre pas un grand intérêt pour les lettres, que ce soit en français ou en latin, pour la géométrie, les mathématiques. Seule l'histoire semble le passionner un peu, en dehors des activités artistiques et militaires. Jugé insuffisant, des Yveteaux est remplacé en 1611 par le philosophe Nicolas Le Fèvre, qui meurt en novembre 1612, remplacé par M. de Fleurence. Il a pour gouverneur le militaire Gilles de Courtenvaux de Souvré. Le futur Louis XIII a une profonde adoration pour son père, malgré le fait que ce dernier n'hésite pas à le fouetter dès son plus jeune âge et à l'humilier moralement selon un ancien usage qui veut que le dauphin soit dressé pour servir le Roi et la Reine8. Son père montre toutefois des signes d'affection en demandant à ses enfants de l'appeler papa et non Monsieur comme le veut l'usage. Ses relations avec sa mère sont tout autres. Cette dernière cache rarement sa préférence pour son cadet Gaston d'Orléans. Il n'est jamais ravi de la voir et refuse plusieurs fois de la servir, contrairement à son père, avec lequel il n'hésite pas à jouer le rôle de valet de chambre.
Louis, l'orphelin de père
À la mort d'Henri IV en 1610, Louis XIII monte sur le trône. Il n'a que 8 ans. Le pouvoir est alors assuré par sa mère Marie de Médicis, qui gouverne le royaume comme régente. La majorité du roi est proclamée en 1614, mais Marie déclare que Louis est trop faible de corps et d'esprit pour assumer les devoirs de sa charge ; elle l'écarte du Conseil et laisse gouverner ses favoris Concino Concini et Léonora Galigaï qui accaparent les plus hautes charges de l'État. Traumatisé par la mort brutale d'un père qu'il chérissait, le petit roi n'a pas une enfance joyeuse. Tout d'abord, il ne trouve aucun substitut à l'amour paternel auprès de sa mère Marie de Médicis, qui le considère comme quantité négligeable. Louis se renferme assez vite sur lui-même, il a des troubles d'élocution, voire de bégaiement et souffre d'un manque d'affection.
Louis face à la régence de sa mère
Par ailleurs, le mépris des favoris italiens à son égard accroît son mal-être. En grandissant, Louis XIII devient taciturne et ombrageux. Il y a pourtant en lui, en regard de ces défauts, une forte volonté d'être digne de son père Henri IV. Il s'indigne de voir Concini, un étranger incapable selon lui, d'usurper le gouvernement de son État, tandis qu'on le relègue, lui, jeune roi, dans un coin du Louvre. Or la régence de Marie de Médicis est très difficile : la gestion des affaires par son gouvernement est mauvaise, et les forces du royaume, hostiles à la centralisation du pouvoir qu'avait initiée Henri IV, en profitent. De graves troubles éclatent dans le royaume religieux, nobiliaires, sociaux, ce qui provoque des États Généraux inutiles et une instabilité politique. La politique pro-italienne et pro-espagnole de la Reine fait naître chez le petit roi un très lourd sentiment d'amertume. Alors que Henri IV avait songé à marier son héritier avec la princesse Nicole de Lorraine héritière des duchés de Lorraine et de Bar, ce qui aurait porté pacifiquement la frontière française jusqu'aux Vosges, le 21 novembre 1615 à Bordeaux, Marie de Médicis marie le jeune roi à Anne d'Autriche, infante d'Espagne. Pour Louis, c'est une humiliation de plus, car, conformément à la mémoire des choix de son père, il ne voit en Anne qu'une Espagnole et par conséquent une ennemie. Louis XIII, qui n'a que quatorze ans, pour éviter toute demande de divorce par l'Espagne, est obligé de consommer le mariage comme en témoigne son médecin dans ses notes personnelles, prises heure par heure et qui relatent avec précision la vie du jeune Louis XIII. Le roi est traumatisé par ce rapport obligatoire, au point qu'il attendra quatre ans avant de regagner, poussé par le duc de Luynes, le lit de la reine, son épouse.
Assassinat de Concini dans la cour du Louvre 24 avril 1617
À la mort de son père 1610, il n'a que 9 ans. Sa mère, qui exerce la régence, le marie à Anne d'Autriche en 1615. La politique catholique et pro-espagnole suivie par Marie de Médicis et la faveur dont jouit Concini, véritable chef du gouvernement, provoquent une opposition gallicane au parlement et le mécontentement des protestants et des grands, qui se livrent à des prises d'armes et exigent de la régente la réunion des états généraux 1614-1615. Tenu à l'écart du gouvernement par sa mère malgré sa majorité déclarée le 2 octobre 1614, Louis XIII, pénétré du sentiment de la grandeur royale, souffre de cette humiliation. Sur les conseils de Luynes, il fait assassiner Concini 24 avril 1617, puis disgracie les ministres de sa mère, qu'il exile à Blois.
Un souverain qui affirme son autorité.
Après la régence mouvementée et pro espagnole de sa mère, Louis XIII rétablit progressivement l'autorité royale en brisant les privilèges des protestants, ceux des Grands, et l'encerclement des Habsbourg par une politique conflictuelle conduite par son ministre Richelieu.
Sortir de la régence de la reine-mère
C'est par un coup de force, le 24 avril 1617, que Louis XIII accède au pouvoir. Poussé par son favori Luynes il ordonne l'assassinat du favori de sa mère, Concino Concini et fait exécuter la Galigai sa femme, dame de compagnie de sa mère. Il exile Marie de Médicis à Blois et prend enfin sa place de roi. Louis XIII remplace Concini par son propre favori, Charles d'Albert, duc de Luynes. Très rapidement, Luynes accumule les titres et les fortunes. Son avancement crée des mécontentements, d'autant que le favori du roi est un très mauvais homme d'État. En 1619, la reine-mère s'échappe du château de Blois et lève une armée contre son fils qui choisit de se réconcilier avec elle, lors du Traité d'Angoulême le 30 avril 1619, lui cède les villes d'Angers et de Chinon, mais lui interdit de revenir au Conseil. En 1620, Marie de Médicis déclenche une guerre civile qui se conclut par sa défaite totale à la bataille des Ponts-de-Cé le 7 avril 1620, où le roi commande personnellement. Par crainte de voir sa mère poursuivre des complots, le roi accepte son retour à la cour de France, et se réconcilie avec elle sous l’influence de Richelieu.
Contre les protestants
Le roi se rend à Pau en Béarn, dont il est le souverain, pour y rétablir la religion catholique comme religion officielle. Dès lors, il entend mettre fin aux privilèges politiques et militaires dont bénéficient les protestants depuis l'Édit de Nantes et imposer le catholicisme d'État à tous ses sujets. De 1620 à 1628 siège de La Rochelle, il combat et massacre les protestants, pille et détruit les fortifications de leurs places-fortes. Il mène une première campagne contre les protestants en 1621 et permet la prise de Saint-Jean-d'Angély, mais il échoue devant Montauban défendue par le duc de Rohan en grande partie du fait de l'incompétence de Luynes. Celui-ci meurt de la scarlatine durant le siège de Monheurt, alors qu'il était déjà tombé en disgrâce. Les hostilités reprennent en 1622. Le 16 avril, par une habile manœuvre, le roi écrase le duc de Soubise réfugié dans l'île de Riez. Puis il attaque son frère le duc de Rohan retranché dans Montpellier. Finalement un accord est conclu entre les deux parties, le 19 octobre 1622 au bout de deux mois de siège. Louis XIII signe l'Édit de Montpellier confirmant l'Édit de Nantes : extension de la liberté d'exercice de culte des protestants et limitation à deux du nombre de leur places de sûreté La Rochelle et Montauban.
Le duc de Luynes
Mais le roi ne prend pas effectivement le pouvoir : il laisse gouverner Charles d'Albert de Luynes, qui poursuit la politique catholique de la régente. Aussi l'opposition des grands, qui intriguent avec Marie de Médicis, se reconstitue-t-elle, ainsi que celle des protestants. Après avoir dispersé l'armée des princes et de sa mère aux Ponts-de-Cé 7 août 1620, Louis XIII mène une expédition contre les protestants qui se sont soulevés dans le Midi, sous la direction de Rohan, après le rétablissement du culte catholique en Béarn et Basse-Navarre et la réunion à la Couronne de ces provinces 1620. L'armée royale ayant échoué devant Montauban 1621, puis Montpellier 1622, le roi confirme l'édit de Nantes paix de Montpellier, 18 octobre 1622.
Avec Richelieu, souverain confident
Après la mort de Luynes décembre 1621, Louis XIII, conscient de ses propres limites et de la nécessité d'une ferme direction des affaires du royaume, décèle chez Richelieu le ministre d'envergure qui lui manque. Bien qu'il se défie du cardinal, qui est un protégé de sa mère, il l'appelle au Conseil le 29 avril 1624. Devenu principal ministre quatre mois plus tard, Richelieu le demeurera jusqu'à sa mort 1642. Ainsi s'établit dans la France d'Ancien Régime une nouvelle forme de gouvernement, le ministériat, système fondé sur l'étroite association du roi et de son ministre, leur collaboration et mutuelle confiance. Richelieu souverain confident suggère au roi les décisions qui s'imposent, mais Louis XIII est seul à décider ; la puissance du ministre lui vient de ce que la confiance royale lui délègue l'autorité. Le système qui ne fonctionne réellement qu'à partir de 1630 restera précaire en raison de la nature très complexe de Louis XIII, dont Richelieu redoutera toujours les crises d'instabilité. Une santé médiocre, une enfance privée d'affection expliquent en partie le caractère timide, secret et ombrageux du roi, ainsi que ses amitiés passionnées qui le lient notamment à Marie de Hautefort, à Mlle de La Fayette, à Luynes et à Cinq-Mars. Profondément pieux, Louis XIII vouera son royaume à la Vierge 10 février 1638. Jaloux de son autorité et imbu de ses droits et de ses devoirs de roi, il est passionné pour les choses de la guerre mais a peu de goût pour la politique. Avec Richelieu, homme d'État plus qu'administrateur, il va s'efforcer, pendant huit ans, de restaurer l'autorité royale et de rétablir en Europe la puissance de la monarchie française.
La mise au pas des huguenots et l'édit de grâce d'Alès
En 1624, le royaume est en proie à l'anarchie : les huguenots partageaient l'État avec le roi, les grands se conduisaient comme s'ils n'eussent pas été ses sujets et les plus puissants gouverneurs des provinces comme s'ils eussent été souverains en leurs charges ...; la dignité de la majesté royale était tel qu'il était presque impossible de la reconnaître Richelieu. Dès 1629, le parti huguenot est brisé : vaincus à La Rochelle 1628 et en Languedoc 1629, les protestants sont privés de leurs privilèges politiques assemblées et militaires places de sûreté par l'édit d'Alès 28 juin 1629. Mais cet édit, qui maintient les dispositions religieuses de l'édit de Nantes, indigne le parti dévot, hostile à la tolérance.
Le choix de Richelieu
Le Cardinal de Richelieu, premier ministre du Roi, 1633 par Philippe de Champaigne Louis XIII, décidé à participer davantage aux affaires de l’État et de se lier à un seul ministre, gouverne avec Brûlart de Sillery et son fils, le marquis de Puisieux, ainsi qu’avec La Vieuville qui sont vite disgraciés pour incompétence. En 1624, Marie de Médicis parvient à faire entrer le cardinal de Richelieu au conseil du roi, prélat qui a été le représentant du clergé aux États généraux de 1614 et ministre du gouvernement Concini. La plupart des historiens mettent en évidence l'étroitesse des relations entre Louis XIII et Richelieu qui écrit : Je soumets cette pensée comme toutes les autres à votre majesté pour signifier au roi qu'il ne tentera jamais de gouverner à sa place. La relation du Roi avec Richelieu est assez complexe et a sans doute évolué avec le temps vers une affection réelle. Il est l'auteur de cet éloge sur le cardinal : Le cardinal de Richelieu est le plus grand serviteur que la France ait eu. Les deux hommes partagent une même conception de la grandeur de la France et des priorités qui s’imposent dans le domaine politique. Mais le Cardinal, beaucoup plus posé et responsable, semble respecter beaucoup plus la fonction que l'homme. Le programme politique de Richelieu se décline de plusieurs manières : l'abaissement des grands féodaux, la rationalisation du système administratif et la lutte contre la maison de Habsbourg à l'extérieur Guerre d'Italie 1624-1625, Guerre franco-espagnole, Guerre de Trente Ans. Richelieu combat les protestants moins d'une façon planifiée que pour assurer l'autorité de l'État. Toutes les guerres contre les huguenots sont déclenchées par le soulèvement d'un de leurs chefs duc de Rohan, Benjamin de Rohan, duc de Soubise. Même le siège de La Rochelle n'est sans doute pas souhaité jusqu’à ce que Rohan déclenche les hostilités. La reddition de cette dernière ville, après un très long siège qui s'achève en 1628, est suivie de la promulgation de l’édit de grâce d’Alès 28 juin 1629, interdisant les assemblées politiques et supprimant les places de sûreté protestantes, mais maintenant la liberté de culte dans tout le royaume sauf à Paris.
Le choix décisif
Appuyé sur la très grande majorité des Français sensibles à la renaissance catholique, ce parti réprouve les alliances protestantes et la guerre contre les Habsbourg, champions de la Contre-Réforme, que préconisent Richelieu et le parti des bons Français : il réclame la paix pour réformer l'administration du royaume plein de séditions Michel de Marillac et soulager le peuple misérable et accablé d'impôts. Le parti des bons Français estime, au contraire, que le salut de l'État exige que l'on abatte la maison d'Autriche, qui prétend à la monarchie universelle, et que le roi doit séculariser sa politique pour défendre l'indépendance de la Couronne de France. Désavouant les dévots lors de la journée des Dupes 10 novembre 1630, Louis XIII choisit la politique de guerre et de grandeur suggérée par Richelieu, abandonnant toute pensée de repos, d'épargne et de règlement du dedans du royaume. Toute la politique intérieure va être subordonnée aux exigences de la lutte contre les Habsbourg.
Politique conduite par Richelieu contre les Grands et l'Espagne Affaiblir les Grands
Louis XIII doit faire face à l’hostilité d’une partie de la famille royale à l'égard de Richelieu et de sa politique anti-espagnole. Il se brouille avec sa femme. Après 11 ans de mariage, le couple, qui s'entend mal, n'a toujours pas donné d'héritier à la couronne. En 1626, la reine, poussée par la duchesse de Chevreuse, participe au complot du comte de Chalais, ayant pour but d'assassiner le roi et mettre son frère et héritier, le joyeux Gaston de France, sur le trône. À partir de cette date, le couple vit séparé. Dès le début de l'implication de la France dans la guerre de Trente Ans 1635, Anne d'Autriche tente de renseigner secrètement l'Espagne sur les dispositions militaires et politiques françaises bien qu'elle soit tenue à l'écart de toutes les décisions du roi. La trahison est découverte mais l'affaire est finalement étouffée par le roi lui-même, qui est trop pieux pour penser sérieusement à un divorce de répudiation, qui provoquerait en outre des difficultés avec le Saint-Siège. Il écarte également définitivement sa mère lors de la journée des Dupes 10 novembre 1630, pendant laquelle la cour croit le cardinal congédié, à la suite d’une violente altercation entre le roi et la reine-mère. Cette journée se termine par l'exil de la reine-mère à Moulins le roi ne la revit plus jamais, l'emprisonnement du chancelier Michel de Marillac et l'exécution du frère de celui-ci, le maréchal de Marillac, pour des motifs fallacieux, le procès étant dirigé par des hommes du cardinal. Louis XIII doit mater plusieurs révoltes organisées par son frère et héritier, Gaston d'Orléans, et faire enfermer nombre de ses demi-frères comme le duc de Vendôme. Conscient des dilemmes qui agitent le roi, Pierre Corneille lui dédie plusieurs répliques du Cid. Le roi veut aussi rabaisser l'orgueil des Grands du royaume et se montre inflexible à plusieurs reprises, ordonnant l'exécution du comte de Montmorency-Bouteville pour avoir violé l'interdiction des duels et celle du duc de Montmorency pour révolte. La légende qui fait de Louis XIII un fantoche soumis à Richelieu a pour origine le refus de nombre de contemporains de donner au roi le crédit des nombreuses exécutions qui eurent lieu sous son règne. Louis XIII veut que les enfants de la noblesse, trop souvent rebelles, soient réunis non loin de Paris et crée en 1638 le Collège de Juilly pour leur inculquer l'amour de leur roi dans un lieu où il pourra leur rendre visite régulièrement.
Briser l'encerclement espagnol
Depuis François Ier, le Royaume de France est encerclé par les possessions des Habsbourg (Espagne, Saint-Empire, Pays-Bas, influence en Italie, colonies.... Plusieurs guerres ou complots ont opposé les Habsbourg aux Valois, en particulier au moment des guerres de religion. Henri IV au moment de son assassinat en 1610 était sur le point de faire alliance avec les protestants pour relancer la guerre contre la très catholique Espagne. Pendant la régence, à cause de la peur d'une nouvelle guerre, sa veuve Marie de Médicis se rapproche du parti pro-espagnol et conclut deux alliances matrimoniales avec les enfants de Philippe III 1612. En 1615, Louis XIII épouse Anne d'Autriche, et Élisabeth le dauphin Philippe, prince des Asturies. Mais la France redoute toujours la politique impérialiste des Habsbourg, notamment en Allemagne, et se fait défenseur des « libertés germaniques. Sur les conseils de Richelieu, Louis XIII attend l'occasion favorable pour desserrer la domination diplomatique et reprendre le projet de son père, la guerre contre l'Espagne plusieurs fois reportée. Or, les Habsbourg sont en difficulté dans l'Empire face aux protestants lors de la guerre de Trente Ans. De plus, le redressement de la France par Richelieu amène l'accroissement des tensions franco-espagnoles. À partir de 1631, la diplomatie française se rapproche des ennemis de l'Espagne, et particulièrement des puissances protestantes qu'elle finance. D'abord, les deux pays se contentent d'une guerre froide passage du pas de Suse et Guerre de Succession de Mantoue. L'année 1635 marque un véritable tournant : la France déclare la guerre ouverte à l'Espagne. Le roi est dans une position délicate, d'un point de vue politique comme religieux, puisqu'il se retrouve en conflit avec deux rois catholiques Habsbourg : Ferdinand III du Saint-Empire et Philippe IV d'Espagne. Son allié est le protestant Gustave II Adolphe de Suède. Militairement, jusqu’à la fin du règne, le roi est engagé dans une terrible guerre durant laquelle il commande plusieurs fois personnellement siège de Corbie. Il occupe ainsi la Catalogne révoltée dans la guerre des faucheurs 1641. Après ces quelques années difficiles, l'armée française vient peu à peu à bout de l'armée espagnole.
Un régime de guerre L'effort de guerre
L'effort de guerre se traduit par une aggravation du fardeau fiscal et un renforcement de l'absolutisme monarchique et de l'appareil étatique. Pour faire face à ses besoins financiers sans cesse croissants, la monarchie en guerre recourt à toutes sortes d'expédients : elle procède à des emprunts aux traitants et financiers et à des mutations monétaires création du louis d'or, 1640 ; elle multiplie les ventes d'offices nouveaux dévaluant ainsi les anciens et accroît le don gratuit du clergé ; surtout, elle augmente la taille et la gabelle et crée des taxes nouvelles de consommation. Mais le déficit sera constant.
Le relèvement de l'État
Afin d'assurer l'autorité royale dans tout le royaume et la tranquillité publique, Richelieu utilise les institutions existantes mais en les rendant plus efficaces et en les peuplant d'hommes de confiance tels les surintendants Bouthillier et Bullion, le chancelier Séguier, le Père Joseph. Le parlement voit ses droits et ses devoirs fixés dit du 21 février 1641. En province, les gouverneurs sont surveillés, doublés ou remplacés par des lieutenants généraux ; l'emploi des commissaires et des intendants devient intensif, quasi systématique : chargés de maintenir l'ordre et de contrôler tous les corps provinciaux dotés de privilèges, les intendants dépossèdent pratiquement de leurs fonctions les officiers de finances trésoriers, élus règlement d'août 1642. De plus, pour tenir l'opinion publique et défendre leur politique, Louis XIII et Richelieu entretiennent des pamphlétaires et utilisent la Gazette 1631 de Théophraste Renaudot. La fondation de l'Académie française 1635 relève, en partie, du même souci de propagande monarchique.
Le choix de la fermeté
Contre la noblesse séditieuse… Ce régime et ces finances de guerre imposés à un pays attaché à ses privilèges et à ses libertés, et au moment d'un fléchissement de toute l'économie renversement de la conjoncture européenne, de hausse en baisse, vers 1630-1640, et crises de subsistances en 1629-1630 et 1636-1639, provoquent de multiples résistances. Supplantée par la noblesse de robe, qui est omniprésente dans l'appareil étatique, la noblesse d'épée ourdit de nombreux complots qui sont d'autant plus redoutables que des membres de la famille royale y sont impliqués en particulier Gaston d'Orléans, héritier du trône jusqu'en 1638, et que les princes du sang et les grands seigneurs, dotés de larges clientèles nobiliaires, négocient parfois avec des souverains étrangers et même avec une puissance ennemie Espagne. Louis XIII frappe impitoyablement les conjurés exécutions du comte de Chalais 1626, du duc de Montmorency 1632, de Cinq-Mars 1642. Il prend des mesures sévères contre les duels, fait démanteler les châteaux forts et attache davantage les nobles au service de ses armées. Malgré ces mesures, l'esprit de sédition nobiliaire subsistera : la noblesse turbulente, qui obéit encore à une morale féodale et cultive la notion romanesque du héros, restera étrangère à la notion de raison d'État chère à Richelieu. … les révoltes populaires Les révoltes populaires rurales et urbaines qui éclatent chaque année sont dues à la pression fiscale qui s'accroît considérablement à partir de 1635 avec l'ouverture des hostilités. Les plus fortes effervescences se situent en 1630 et de 1635 à 1643 révoltes des croquants 1636-1637, des va-nu-pieds 1639-1640, etc.. Encadrées parfois par des nobles qui craignent que leurs paysans pressurés par le roi ne puissent plus leur payer rentes, droits ou fermages, ces émotions sont encouragées par la passivité complice des parlements, des municipalités et des officiers locaux, menacés dans leurs privilèges par les progrès de l'administration monarchique. Sans cohésion, ni programme, ces révoltes populaires seront brisées impitoyablement.
Pour le premier rang en Europe
Contrecarrer l'hégémonisme des Habsbourg
La guerre est destinée à contrecarrer les visées hégémoniques des Habsbourg de Vienne et de Madrid, et à enrayer leur expansion, mais aussi à améliorer la sécurité des frontières du royaume et à donner à la France une place prépondérante en Europe. Dans l'Empire, où se déroule un conflit entre l'empereur et les princes protestants guerre de Trente Ans, la France s'efforcera de garantir les princes contre l'oppression de la maison d'Autriche. Mais son but essentiel sera d'écarter la menace d'encerclement que les possessions espagnoles font peser sur le royaume : pour ce faire, écrit Richelieu au roi le 13 janvier 1629, il convient d'ouvrir des portes dans tous les États voisins pour mieux intervenir contre l'éventuelle menace espagnole. Le 6 mars 1629, Louis XIII force le pas de Suse, puis s'empare de Pignerol 1630, faisant ainsi échec à l'Espagne en Italie, traité de Cherasco. En 1634, la France étend sa zone de couverture vers l'est en occupant la Lorraine.
La guerre couverte
Pratiquant la guerre couverte 1630-1635, Louis XIII soutient les adversaires de l'empereur Ferdinand II princes protestants allemands, Gustave II Adolphe, Maximilien de Bavière et de Philippe IV d'Espagne Provinces-Unies. Assurer la continuité et la succession du roi
L'absence d'héritier favorise les complots
Le souci majeur de Louis XIII, durant son règne, est d'être de nombreuses années sans héritier mâle. D'une santé médiocre, secoué par de violentes maladies, le roi manque à maintes reprises de mourir subitement sans héritier : cela entretient chez les prétendants au trône de grandes espérances Gaston d'Orléans, le comte de Soissons, le comte de Moret…. La très difficile relation qu'entretient le roi avec la reine augmente les espoirs de ces princes, qui toujours mêlés à des complots (notamment la conspiration de Chalais, espèrent bien que le roi n'ait jamais d'héritier. La naissance du dauphin, futur Louis XIV, en 1638 après 23 ans de mariage, alors que le roi et la reine ont 36 ans, le font surnommer l'enfant du miracle. Les mémorialistes diffèrent sur l'attitude du roi à l'égard de son héritier : Tallemant des Réaux dit que le roi considéra son fils d'un œil froid, puis se retira. Tous les autres mémorialistes, dont l'ambassadeur de Venise Contarini qui était présent, disent que le roi tomba à genoux devant son fils et l'embrassa. Louis XIII et Anne d'Autriche ont en 1640 un second fils, Philippe, le futur duc d'Orléans. Ces deux naissances limitent les complots à ceux qui veulent prendre la place du Cardinal, malade conspiration de Cinq-Mars.
Le décès de Richelieu, la montée de Mazarin et la mort du Roi
Louis XIII le Juste, écu d’argent, 1er poinçon de Warin 1642, Paris. Après la mort du cardinal, en décembre 1642, le roi décide de se réconcilier avec certains des anciens conspirateurs comme son demi-frère, César de Vendôme et ses fils, le duc de Mercœur et le duc de Beaufort. Toutefois, il poursuit la même politique. Il fait entrer au conseil d'État un des proches collaborateurs de Richelieu, le Cardinal Mazarin qui devient vite premier ministre de fait, le Roi n'a pas nommé de premier ministre, mais au bout de quelques mois, lorsque le secrétaire d'État à la guerre, Sublet de Noyers démissionne, le roi nomme pour le remplacer un des protégés de Mazarin, Michel Le Tellier. Après six semaines de terribles coliques et vomissements, Louis XIII meurt le 14 mai 1643, soit 33 ans jour pour jour après son père Henri IV assassiné le 14 mai 1610, à 41 ans, des conséquences d'un mal aujourd'hui identifié comme la maladie de Crohn. Il est toutefois probable que cette maladie chronique n'ait fait que l'affaiblir et que le coup de grâce lui ait été donné par son médecin, Bouvard, qui laisse le bilan de trente-quatre saignées, mille deux cents lavements et deux cent cinquante purges pratiqués sur le roi dans les deux dernières années de sa vie14. Son corps est porté à la basilique Saint-Denis sans aucune cérémonie, selon son propre désir pour ne pas accabler son peuple d'une dépense excessive et inutile. Juste avant de mourir, Louis XIII rédige un testament visant à limiter les prérogatives de sa femme, la nouvelle Régente. Anne d'Autriche n'en tient pas compte et le fait casser dès qu'elle en a connaissance.
Personnalité et bilan : un roi fragile qui rétablit l'autorité royale Louis le Juste : un roi religieux
Louis XIII est très pieux, profondément catholique. S'il est tolérant envers les protestants, c'est par respect de la réconciliation accomplie par son père. Marie de Médicis a tout de même veillé à ce que son fils reçoive une éducation catholique sévère. Louis XIII a horreur du péché. C'est pour lui une obsession. Le roi répugne aux superfluités de la vie. Les difficultés qu'il rencontre en 1638, ainsi que son tempérament très pieux l'amènent à placer la France sous la protection de la Vierge Marie. Il rédige aussi, avec son confesseur, le père Nicolas Caussin, un livre de prières. Sa politique religieuse active rallie le clergé ce qui limite les contestations catholiques à sa diplomatie d'alliance avec les puissances protestantes contre les Habsbourg. Le roi contrôle par son gouvernement centralisateur les autorités locales dans le souci du bien-être des peuples et du salut de ses États. Il est à l'origine de l'édit qui fait obligation aux évêques d'octroyer une rémunération aux officiers du culte. Il permet le retour de l'école des Jésuites de Clermont à Paris et ouvre celle-ci aux fils de la bourgeoisie. Il aide également Vincent de Paul - qui sera canonisé par Clément XII le 16 juin 1737 - à fonder une congrégation religieuse dont le but est de venir en aide aux plus pauvres. Le corps des Intendants remplace les baillis et sénéchaux dans l'administration du territoire. Sous son règne est frappé le premier Louis d'or. Il achève la construction du pont Neuf, fait creuser le canal de Briare et crée le premier office de recensement des chômeurs et invalides. Toutefois, le poids des conflits pèse lourd en fiscalité.
Un roi guerrier qui agrandit son royaume
Louis XIII est un roi-soldat comme son père. Depuis toujours, il est passionné par les chevaux et par les armes. Excellent cavalier, il se trouve fréquemment sur les champs de bataille, où il montre un grand courage. En temps de paix, la chasse est son passe-temps favori. Il ne craint pas de dormir sur la paille, quand ses chevauchées l'emmènent loin de la ville. Il écrit des articles militaires pour la Gazette de Théophraste Renaudot. Quoique passionné par le dessin et la danse, Louis XIII, n'est pas un roi mécène. La seule statue à son effigie fut fondue à la Révolution. Il a cependant protégé le peintre Georges de La Tour, voulu faire rester Poussin en France et promulgué plusieurs édits en faveur des troupes de théâtre. Il affirme nettement l'unité du Royaume, contre les protestants, les grands et l'Espagne, en général par l'usage de la force. Le Béarn et la Navarre sont rattachés à la couronne tandis que les protestants cessent de former un État dans l'État. Perpignan, le Roussillon, et la Catalogne en révolte contre l'Espagne sont annexés à la France, de même que l'ensemble de la Savoie et du Piémont, ainsi que la ville de Casale Monferrat. Au nord, une grande partie du Hainaut est conquise avec la prise d'Arras. À l'est, la Lorraine est intégralement occupée par les troupes françaises. Enfin, le roi subventionne les expéditions de Champlain au Canada et favorise le développement de la Nouvelle-France. Louis XIII laisse faire Richelieu qui cherche à doter la monarchie française d'une marine de guerre. Cette jeune marine, qui compte une soixantaine de vaisseaux et un peu plus de vingt galères en 1642, intervient efficacement contre la flotte espagnole en Méditerranée et sur les côtes atlantiques. Il autorise aussi, pour la France, la traite négrière en 1642. Tous les ports français y participeront, en premier lieu ceux de Nantes et de Bordeaux mais aussi le Havre, Marseille, Brest, Lorient, La Rochelle ou St-Tropez. La traite suscite néanmoins de violentes protestations. Sur le plan économique, Louis XIII crée en 1640 le louis d'or, un nouveau système monétaire français qui tiendra jusqu'à la Révolution française.
La déclaration de guerre
Puis, le 19 mai 1635, il ouvre le conflit avec l'Espagne, entrant ainsi dans la guerre de Trente Ans. Après des revers prise de Corbie, 1636 ; désastre de Fontarabie, 1638), la France et ses alliés remportent des succès : l'occupation de Brisach 1638 ouvre les portes de l'Allemagne; la prise d'Arras 1640 garantit solidement la frontière du Nord ; en 1642, le Roussillon est conquis capitulation de Perpignan, 9 septembre. Ces succès et le soutien accordé par Richelieu aux révoltes du Portugal et de la Catalogne 1640 Louis XIII est proclamé comte de Barcelone en 1641 amorcent le déclin de la puissance de l'Espagne. Louis XIII et Richelieu meurent peu avant la victoire de Rocroi 19 mai 1643 sur les Espagnols. La guerre qu'ils ont entamée en 1630 malgré l'opinion catholique, et qu'ils ont menée au moyen d'une séparation des intérêts politiques et religieux, aboutira aux traités de Westphalie 1648 et des Pyrénées 1659, qui consacreront l'échec des ambitions des Habsbourg et la prépondérance française en Europe. Avant de mourir 14 mai 1643, Louis XIII organise la régence de son fils, le futur Louis XIV, en créant un conseil de régence comprenant Anne d'Autriche et Mazarin.
La sexualité du Roi
La sexualité du Roi a été sujette à une attention particulière, eu égard à ses relations hétérosexuelles et aux relations qu'il entretient avec certains hommes de son entourage, comme le raconte Gédéon Tallemant des Réaux dans ses Historiettes. Si le roi ne trouve pas le bonheur dans son mariage avec Anne d'Autriche l'union n'est consommée qu'en 1619, il lui donne deux enfants18, la reine accouchant du futur Louis XIV après plusieurs fausses couches. Le Roi avait, selon les termes de Pierre Chevallier, incontestablement des tendances homosexuelles. Il est lié amoureusement à plusieurs autres personnes : aux femmes Louise Angélique de La Fayette et Marie de Hautefort, et aux hommes le Duc de Luynes, François de Barradat, Claude de Saint-Simon et le marquis de Cinq-Mars ; il n'existe cependant pas de preuve qu'il se soit engagé dans des relations charnelles avec ses favoris masculins. Le sexologue Fritz Klein, spécialiste de l'étude de la bisexualité, voit ainsi le roi Louis XIII comme bisexuel.
Un souverain austère
Son rejet des vanités entraîne chez lui une grande méfiance vis à vis des courtisans et de sa femme. Il vise ainsi une réputation d'austérité. Anne d'Autriche, son épouse, est délaissée après la nuit de noces ; le jeune Louis XIII a de la honte et une haute crainte selon les mots d'Héroard à aller voir la reine, contrairement à beaucoup de ses prédécesseurs. Son jeune âge 14 ans peut justifier ses appréhensions. Il la néglige ensuite assez souvent. Toutefois, la plupart des historiens et des romanciers qui soutiennent la thèse d'une non consommation du mariage de Louis XIII et Anne d'Autriche avant la naissance de Louis XIV oublient que la reine fit trois fausses couches, dont l'une consécutive à une chute accidentelle dans un escalier. Des études génétiques récentes prouvent que Louis XIV descendait bien d'Henri IV, garantissant ainsi qu'un fils de Henri IV est bien le père de Louis XIV. Sa santé fragile et sa religiosité peuvent expliquer pour partie cette distance vis-à -vis d'une épouse imposée par sa mère. Sa méfiance politique justifiée joue un rôle au moins aussi important. Autre raison ; le souvenir de la mésentente politique et conjugale entre ses parents : outre sa position anti-espagnole, Marie de Médicis reprochait à Henri IV ses infidélités ouvertes Louis avait été élevé avec ses demi-frères. Toutefois, on connaît du roi deux liaisons féminines, toutes deux platoniques il est vrai : l'une avec Marie de Hautefort, future duchesse d'Halluin, l'autre avec Louise de La Fayette, avec laquelle il voulut se retirer à Versailles.
Les favoris
Durant son règne, Louis XIII entretient des relations émotionnelles fortes avec quelques hommes de son entourage. Les deux plus célèbres de ses favoris furent le duc de Luynes et le marquis de Cinq-Mars, que le roi combla de bienfaits. La nature exacte de ces relations est l'objet de réflexion de la part de certains contemporains et des historiens comme Chevallier et Petitfils. Sans avoir de preuves que ces relations aient été charnelles, la familiarité du roi avec ses favoris les a conduits à s'interroger sur une possible homosexualité ou bisexualité du roi. Pierre Chevallier, qui a par ailleurs douté de l'homosexualité d'Henri III, a mis en avant les tendances homosexuelles de Louis XIII ; il évoque le témoignage en octobre 1624, du Vénitien Morosini, qui définit le rôle du maréchal de Toiras, l'un des favoris de Louis XIII : Non pour les affaires de l’État mais pour la chasse et les inclinations particulières du roi. Jean-Christian Petitfils a repris ces conclusions, tout en mettant en avant, sans le prouver toutefois, les convictions catholiques du monarque pour inférer l'hypothèse de la non-consommation de ses désirs. Parmi les contemporains, la source la plus importante à cet égard est Gédéon Tallemant des Réaux, chroniqueur assez hostile à Richelieu et qui ne se cache pas d'utiliser des témoignages de seconde, voire de troisième main. Parmi les autres sources, on citera Héroard, Ménage et Saint-Simon. Parmi, les autres favoris, on peut citer Blainville, Vendôme, le commandeur de Souvray, Montpuillan-la-Force, le marquis de Grimault, François de Baradas et le duc de Saint-Simon.
Le compositeur et joueur de luth
En 1635, Louis XIII aurait créé la musique, le livret et les costumes du Ballet de la Merlaison ou Ballet de la chasse au merle, dansé par le roi lui-même la même année à Chantilly et à Royaumont le 17 mars. Louis XIII jouait également du luth dès l'âge de 3 ans. Surnommé le roi des Instruments, il l’impose à sa Cour et lui consacre des cycles de concerts privés devant une assemblée choisie d’amateurs et de praticiens comme lui.
Ascendance de Louis XIII de France Descendance
Louis Dieudonné 1638-1715, roi de France et de Navarre 1643-1715, épouse en 1660 sa cousine Marie-Thérèse d'Autriche, infante d'Espagne 1638-1683, d'où six enfants naissent, puis secrètement Françoise d'Aubigné, Veuve Scarron, marquise de Maintenon 1635-1719 Philippe de France 1640-1701 duc d'Anjou, puis duc d'Orléans, Monsieur, épouse en 1661 sa cousine Henriette d'Angleterre 1644-1670 d'où six enfants naissent, puis en 1671 Élisabeth-Charlotte de Bavière 1652-1722 d'où trois enfants naissent.
Naissance de Louis XIV
Louis XIII avait fait le vœu de placer le royaume de France sous la protection de la Vierge Marie s'il obtenait un fils. Au bout de vingt-trois années de mariage, ce vœu fut enfin réalisé : le dauphin Louis Dieudonné, futur Louis XIV, naquit en 1638. Mais la mort du roi devait empêcher celui-ci d'exécuter entièrement sa promesse : élever un nouveau maître-autel à Notre-Dame de Paris et offrir au chœur un groupe sculpté représentant la Vierge et le Christ après la Crucifixion.
Le style Louis XIII
De la fin du XVIe s. à l'avènement de Louis XIV, les modèles hispano-flamands et italiens se partagent les faveurs des décorateurs et de leurs commanditaires, princes, nobles et grands bourgeois. Les murs se couvrent de larges cartouches peints encadrés de stucs dorés, ou se tendent de tapisseries ou de cuirs gaufrés, peints et dorés. La chambre demeure la pièce principale de l'appartement, qu'occupe le lit « en housse », drapé de courtines (remplacé vers 1645 par l'alcôve fermée d'une balustrade), accompagné de sièges (fauteuils, chaises, « ployants », tabourets) garnis de tissu, à pieds tournés en chapelet ou en spirale. Le grand meuble d'ébénisterie est le cabinet d'ébène, souvent d'importation flamande ou allemande, aux vantaux sculptés en léger relief, porté par des cariatides, des consoles ou des balustres, tandis qu'apparaît, venue d'Italie, la table bureau.
Le bilan d'un règne
Son règne a associé la grandeur de l'État et la misère du peuple, la puissance extérieure et la fragilité intérieure, avec la détresse financière, la précarité économique et les troubles sociaux. Son action, conjuguée à celle de Richelieu, a été décisive : elle a porté la France au premier rang en Europe, transformé l'absolutisme doctrinal en absolutisme pratique et renforcé l'unité du royaume. Mais l'effort de soumission fiscale que le roi a exigé d'un peuple récalcitrant a suscité une masse de mécontentements qui gronde dans des révoltes durant tout son règne et explosera lors de la Fronde. La rigueur de cette époque tourmentée et tumultueuse n'a nullement enrayé les progrès de la civilisation. Le règne de Louis XIII occupe les trente-trois années centrales du premier xviie siècle 1600-1660, ce demi-siècle dit baroque qui est marqué par un réveil éclatant du catholicisme et par une floraison de talents littéraires et artistiques : c'est l'époque de saint François de Sales, de saint Vincent de Paul, de Bérulle et de Saint-Cyran ; celle d'Honoré d'Urfé, de la marquise de Rambouillet, de Scarron, de Théophile de Viau, de Corneille, de Descartes, de Pascal, de Simon Vouet, de Philippe de Champaigne, de Le Sueur, etc.
La musique du roi de France 1601-1643.
Grand amateur de musique dès son enfance, il succéda en 1610 à son père Henri IV, mais, malgré sa position, n'eut pas d'influence sur la vie musicale en France à cette époque. Son attitude fut plutôt celle d'un dilettante passionné, entouré de musiciens, et n'hésitant pas à prendre part, lui-même, aux ensemble vocaux, voire à diriger le chœur royal lors de l'absence de son chef. Il reste fort peu de ses œuvres, bien que la tradition veuille faire de lui un compositeur de musique sacrée motets, harmonisations de psaumes, De profundis. En fait, seul un psaume, Seigneur à qui seul je veux plaire, peut lui être attribué de source sûre. Il est, en revanche, l'auteur d'une chanson à 4 parties, Tu crois, ô beau soleil publiée par Mersenne et surtout de la partition intégrale (paroles et musique du Ballet de la Merlaison, exécuté le 15 mars 1635 à Chantilly par le roi et des membres de la cour.
Culture Inspirations littéraires
Alexandre Dumas
Robert Merle, Fortune de France les tomes 7 Ã 13 du cycle retracent la vie de Louis III
Arts
Une statue équestre de Louis XIII est située, place des Vosges à Paris dans le square portant son nom. Ce monument a été élevé le 4 novembre 1829 en remplacement de l’ancienne statue de bronze érigée en 1639. Le Vœu de Louis XIII.
Cinéma et télévision
Le personnage de ce roi apparaît dans de nombreux films, essentiellement grâce aux diverses adaptations du roman d'Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires qui a été adapté une trentaine de fois. Le roi y apparaît souvent comme un personnage triste et infortuné. Certaines adaptations de Dumas, comme celles de George Sidney ou de Richard Lester, font de Louis XIII un personnage comique, en le dépeignant comme un benêt ou un maladroit. Le règne de Louis XIII donne au cinéma de cape et d'épée, notamment dans les années cinquante et soixante, ses heures de gloire. Les Trois Mousquetaires 1948, de George Sidney, avec Frank Morgan dans le rôle du roi. Louis XIII y est dépeint comme un imbécile, dénué de toute autorité et ouvertement méprisé par Richelieu. Les Trois Mousquetaires 1953 d'André Hunebelle avec Louis Arbessier dans le rôle du roi. Si Versailles m'était conté... 1954 de Sacha Guitry avec Louis Arbessier dans le rôle du roi. Le Capitan 1960 d'André Hunebelle : le film relate le conflit entre Concini et le jeune Louis XIII, joué par Christian Fourcade. Les Trois Mousquetaires 1961 de Bernard Borderie avec Guy Tréjan dans le rôle du roi. Cyrano et d'Artagnan 1964 d'Abel Gance avec Philippe Noiret dans le rôle du roi. Les Diables 1971 de Ken Russell : le film relate l'affaire des démons de Loudun ; le roi, joué par Graham Armitage, y fait deux courtes apparitions. Dans cette représentation assez fantaisiste, Louis XIII est dépeint comme un homosexuel efféminé qui se divertit en tuant dans son jardin, à coups de pistolet, des protestants habillés en oiseaux. Les Trois Mousquetaires 1973 et On l'appelait Milady 1974 de Richard Lester avec Jean-Pierre Cassel dans le rôle du roi. Louis XIII est à nouveau représenté comme un personnage ridicule et incompétent. D'Artagnan amoureux, mini-série de 1977 réalisée par Yannick Andréi avec Gabriel Cattand dans le rôle du roi. Richelieu ou la Journée des dupes, téléfilm de 1983 réalisé par Jean-Dominique de La Rochefoucauld avec Patrick Raynal dans le rôle du roi. Les Trois Mousquetaires 1993 de Stephen Herek avec Hugh O'Conor dans le rôle du roi. Les Trois Mousquetaires 2011 de Paul W. S. Anderson en 3D avec Freddie Fox dans le rôle du roi. Richelieu, la Pourpre et le Sang 2014 de Henri Helman avec Stéphan Guérin-Tillié dans le rôle du roi ; téléfilm français qui traite de la conspiration de Cinq-Mars The Musketeers 2014 de Adrian Hodges avec Ryan Gage dans le rôle du roi ; série télévisée britannique
Sources imprimées
Pierre Boitel, sire de Gaubertin, Histoire des choses les plus mémorables de ce qui s'est passé en France depuis la mort de Henri le Grand jusqu’à l'assemblée des notables en 1617 et 1618 Armand Jean du Plessis de Richelieu, Mémoires du cardinal de Richelieu sur le règne de Louis XIII Antoine Girard & Jacques Dinet, jésuites : La Mort du roi Louis le Treizième, mis en forme par Girard à la demande de la reine mère pour servir de modèle à Louis XIV en 1643. Jean Héroard, Journal : publié sous la direction de Madeleine Foisil, Centre de recherches sur la civilisation de l'Europe moderne séminaire de Pierre Chaunu, vol. 1 et 2, Paris, Fayard,‎ 1989, 3123 p.
Bibliographie
Pierre Chevallier, Louis XIII, roi cornélien, Paris, Fayard,‎ 1979, 680 p. Paul Cunisset-Carnot, Un Mouvement séparatiste sous Louis XIII. L'émeute des Lanturelus à Dijon en 1630 1897 Madeleine Foisil, « La première éducation du prince d'après le Journal de Jean Héroard, Mélanges de l'École française de Rome. Moyen Âge, Temps modernes, t. 99-1,‎ 1987, p. 303-335 . Madeleine Foisil, L'enfant Louis XIII : l'éducation d'un roi, 1601-1617, Paris, Perrin,‎ 1996, 263 p. Hubert Méthivier et Pierre Thibault, Le Siècle de Louis XIII, 9e édition corrigée, Collection : Que sais-je ? ; n° 1138, 1994, (en) Lloyd Moote, Louis XIII, the Just, 1989 Jean-Christian Petitfils, Louis XIII, Perrin, 2008 Marius Topin, Louis XIII et Richelieu : étude historique, 1876
Posté le : 25/09/2015 20:52
Edité par Loriane sur 02-10-2015 19:30:13
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