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Le vase de Soissons
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Le 1er mars 487, aurait eu lieu l'anecdote du " vase de Soissons

Clovis il passe ses troupes en revue et repère dans les rangs l'homme qui l'a défié. Il lui reproche une tenue négligée et d'un geste brutal jette ses armes à terre. Le soldat se baisse pour les ramasser. Clovis, alors, lève sa hache et la lui plante dans la tête. Ainsi as-tu traité le vase de Soissons, aurait-il dit en guise d'oraison funèbre.
Le vase de Soissons est un objet précieux, sujet du récit d'un événement à caractère historique, qui se serait déroulé en 486 après la bataille de Soissons, et rapporté au cours de la deuxième moitié du vie siècle par Grégoire de Tours, près d'un siècle après les faits.
Cependant, il n’y a sans doute pas d’anecdote franque plus célèbre que celle du vase de Soissons et les manuels scolaires de la Troisième République, catholiques aussi bien que laïques, l’ont beaucoup illustrée.

L'anecdote en bref

Après la bataille de Soissons, la ville est pillée et les trésors sont rassemblés pour le grand partage du butin. L'évêque de Reims, Saint Remi, envoie un messager auprès du roi des Francs : il y a parmi le butin un vase sacré qui lui est très précieux et qu'il aimerait récupérer.
La règle des Francs est de tirer au sort la part de chacun parmi le butin. Avant que le tirage ne commence, Clovis demande a ses hommes que le fameux vase lui soit donné en plus de la part que le sort lui reservera. La plupart des guerriers sont d'accord, mais un franc s'avance, lance au visage du roi " Tu n'auras que ta part " "et frappe le vase de sa francisque sa hache.
La tradition veut que le vase fut brisé, alors qu'en réalité il ne fut que cabossé, en effet c'était un vase de metal, pas de porcelaine !
Clovis ravale sa colère et fait donner à l'envoyé de Saint Remi ce qui reste du vase.
Au début de l'année suivante, Clovis passe en revue ses troupes avant de partir à la guerre. Il s'arrête devant l'homme qui a abîmé le vase. Il s'empare de ses armes, les examine et les jete à terre en lui reprochant leur mauvais entretien. Alors que le guerrier se baisse pour les ramasser, Clovis lève sa hache et lui fracasse la tête en disant " Souviens-toi du vase de Soissons!"
Est-elle authentique?
A priori, oui.
Pourquoi est-elle célèbre?
Pas pour illustrer les méfaits de la rancune, mais parce qu'elle est très riche d'enseignements : cette toute petite histoire met en évidence de nombreux détails du fonctionnement de la société des Francs, en particulier elle définit à la perfection le rapport entre le roi et ses guerriers ainsi que de l'état des pouvoirs dans la Gaule d'après la chute de l'empire romain d'occident.
Que nous apprend-elle?
L'anecdote du vase de Soissons nous apprend de nombreuses choses sur les Francs et la Gaule de cette fin de Vième siècle.
Le roi franc et ses guerriers
Les rapports entre le roi et ses guerriers sont régis d'une manière très différente du futur fonctionnement féodal et varient suivant qu'on soit en temps de guerre ou de paix. L'histoire du vase de Soissons en est un excellent descriptif :
Le temps de la paix : La société franque est fondamentalement égalitaire, égalité entre les guerriers, hommes libres et francs ; les femmes, les non-libres et les étrangers ne sont pas concernés par cette égalité. En temps de paix, le roi est un franc comme les autres. Il ne dispose d'aucun droit et d'aucune autorité particulière. Quand commence l'histoire du vase de Soissons, la fin de la bataille vient de clôturer la saison de guerre et on commence la saison de paix par le partage traditionnel du butin. Pour respecter l'égalité des guerriers, chaque part est tirée au sort, y compris celle du roi qui n'est à ce moment qu'un simple guerrier comme les autres. Clovis fait donc par sa demande une entorse à la loi, et le franc qui s'y oppose est tout à fait dans son bon droit. Clovis, qui n'a pas marqué par ailleurs l'histoire comme quelqu'un aimant se faire marcher sur les pieds ne peux qu'endurer l'affront et se taire, même si cet affront le discrédite devant les envoyés de l'évêque Rémi.

La Gaule de Clovis

Selon le chroniqueur Grégoire de Tours 539-594, Clovis, âgé de 20 ans et encore païen, avait pillé diverses églises, notamment à Reims.
L'évêque de la ville, identifié à Remi ou Rémi, le prie de lui restituer un vase remarquable et le jeune roi des Francs, soucieux de lui plaire, le lui promet. C'est ainsi qu'à Soissons, devant le butin rassemblé, il demande à ses soldats la permission d'enfreindre l'usage, qui est de distribuer le butin par tirage au sort, en en restituant un lot. Mais l'un des soldats, envieux et impulsif, s'insurge et frappe de sa francisque le vase qui s'en trouve cabossé. Clovis ravale sa rage et restitue malgré tout le vase à l'évêque.
Descendant d'une illustre famille aristocratique de Gaule, Syagrius était fils d'Ægidius qui possédait des domaines dans le nord de ce pays. À la fin du Ve siècle, il avait regroupé quelques troupes romaines pour contenir la poussée des Francs Saliens. Grégoire de Tours, qui est notre seule source Historia Francorum, II, 27, le nomme le roi des Romains. Ce qu'on appelle le royaume de Syagrius recouvrait, vers 480, les pays entre Loire et Somme et englobait la ville de Soissons, siège du pouvoir. Clovis, lorsqu'il devint chef des Francs en 481, décida de supprimer cette enclave encore romaine ; aidé d'un autre chef franc, Ragnachar, il réussit à battre Syagrius en 486 et le força à s'enfuir dans le royaume wisigoth de Toulouse. C'est à la suite de cette bataille que se situe l'épisode légendaire du vase de Soissons, qui montre que, déjà, Clovis ne voulait pas mécontenter le clergé gallo-romain. Celui-ci exigea du roi wisigoth Alaric II qu'il lui remît Syagrius et le fit tuer en secret (486). Il conserva néanmoins ce qui restait des rouages gouvernementaux modelés sur ceux de l'Empire d'Occident. Soissons devait devenir l'une des résidences favorites des Mérovingiens.
L'Empire Romain d'Occident vient de s'effondrer, submergé par les Grandes Invasions. Romulus Augustule, le dernier empereur d'occident, a été déposé par Odoacre roi des Hérules. Les insignes du pouvoir imperial ont été envoyé par défi à Constantinople ; l'empereur d'orient se considère désormais comme le seul représentant de l'autorité romaine.
En Gaule, l'unité romaine a été remplacée par une mosaïque d'états germaniques. Seul un territoire reste sous contrôle des gallo-romains : la région entre Somme et Loire, gouvernée par Syagrius, fils d'un compagnon d'Aetius.
La Gaule après la chute de l'Empire romain d'occident
L'ambitieux nouveau roi des Francs, Clovis, a des vues sur la Gaule. Sa conquête va commencer par l'invasion du royaume de Syagrius. Les armées s'affrontent près de Soissons. C'est la défaite pour le dernier état gallo-romain libre.

Le temps de la guerre : Quand au début du printemps les guerriers se réunissent à nouveau, on entre dans le temps de la guerre. Le roi devient alors le chef de guerre tout puissant qui a pouvoir de vie et de mort sur chacun de ses guerriers. Dans ce contexte, il a le droit de mettre à mort n'importe quel guerrier, même en punition d'une faute légère, mauvais entretien supposé des armes.
Les conséquences de ce système : Le pouvoir exhorbitant de vie et de mort sur ses sujets pendant le temps de la guerre ne doit pas masquer le gros problème militaire qui se pose au roi franc à cause de ce système : en effet, les guerres se préparent pendant la paix. Or, comme pendant la paix le roi ne peut rien ordonner, l'entrainement et la permanence des troupes sont impossibles à réaliser, ce qui entrave l'efficacité de la machine de guerre franque et empêche le roi d'avoir une politique à long terme. Clovis trouvera un moyen de contourner cette entrave culturelle : par son baptême, il deviendra à travers la religion catholique un souverain de droit divin, ce qui lui fondera une préséance continuelle sur ses guerriers et son peuple.

La Gaule du Vième siècle

L'anecdote du vase de Soissons a pour cadre la Gaule décomposée de l'après empire romain. L'ancienne unité impériale a été anihilée. Peu d'anciens pouvoirs subsistent, de nouveaux apparaissent. Les deux puissances qui dirigeront bientôt la future France amorcent leur rapprochement
Le pouvoir de l'Eglise : L'Eglise catholique, religion officielle de l'Empire romain est la seule institution romaine a avoir survecu à la chute de l'Empire romain d'occident, peut être parce qu'elle était une institution ancrée à la fois en occident et en orient. Pour les populations gallo-romaines, elle est le dernier vestige qui les rattache à la splendeur passée. Persécutée par la plupart des peuples germaniques, chrétiens mais ariens, l'Eglise a un avenir incertain, mais jouit encore d'un grand prestige et a un poids politique important car elle commande aux consciences et donc à la fidélité des populations gallo-romaines. C'est une puissance que Clovis ne peut se permettre de s'aliéner pour mener à bien sa conquête. C'est pourquoi, ne pouvant se permettre de débouter les envoyés de l'évêque Rémi, il ne peut faire autrement que prendre le gros risque de braver les coutumes ancestrales et de provoquer le courroux de ses guerriers. Quand son coup d'audace échoue lamentablement, il ne peut réagir, mais brûle interieurement car la dernière chose qu'il voulait était bien de voir son autorité bafouée devant les hommes de l'Eglise.
Clovis est un interlocuteur respectable : Soyons réaliste, Clovis n'est pas le prototype du preux chevalier : cruel, ambitieux, avide de pouvoir et de richesses, sans scrupules, il n'hésite pas à piller et rançonner les régions qu'il envahit, ni à mettre à mort des membres de sa famille. On ne peut pas dire qu'il se rapproche de l'idéal d'humanisme préché par les évangiles... Cependant, il présente un énorme avantage pour l'Eglise : roi barbare et païen, il ne peut espérer établir son pouvoir sur la Gaule, où la puissance dominante est alors le royaume arien des Wisigoths sans l'aide de l'Eglise, et l'Eglise le sait. L'Eglise sait aussi qu'elle risque de disparaitre sous les persécutions des ariens et que la protection de ce roi non-arien est sa seule chance de survie. Voilà pourquoi des grands noms de l'Eglise de Gaule de l'époque, Sainte Geneviève et Saint Rémi soutiendront ce roi qui n'a rien d'un saint. Voilà pourquoi on ose (avouez que la chose a de quoi surprendre) lui envoyer un messager pour récupérer gracieusement un vase dont le barbare vient juste de s'emparer par la force! Bien avant le mariage avec la pieuse Clotilde, le roi franc et l'Eglise de Gaule entretiennent déjà des rapports privilégiés;
Bientôt ces deux pouvoirs s'uniront avec le baptême de Clovis, puis le couronnement de Charlemagne et initieront le mariage du pouvoir national franc et de l'Eglise catholique qui domineront conjointement tout le Moyen Age et ne divorceront vraiment, le premier répudiant le second qu'en 1905 avec la séparation du Clergé et de l'Etat.

L’histoire du vase de Soissons selon Grégoire de Tours

L’anecdote du vase de Soissons nous est contée par Grégoire de Tours au livre II, chapitre 27 de l’Histoire des Francs. Il la situe vers l’an 486, au cours de la guerre livrée par Clovis Ier, roi des Francs saliens au Romain Syagrius et peu de temps après la prise de Soissons sa capitale. En ce temps-là, écrit Grégoire, beaucoup d’églises furent pillées par l’armée de Clovis parce qu’il était encore enfoncé dans les erreurs du fanatisme, quia erat ille adhuc fanaticis erroribus involutus.
C’est ainsi que les soldats enlevèrent d'un édifice religieux situé dans le diocèse de Reims, avec d’autres ornements liturgiques, un vase liturgique, probablement en argent, d’une taille et d’une beauté extraordinaires. L’évêque Remi envoya un émissaire à Clovis pour lui demander qu’à défaut des autres prises il lui restituât au moins cet objet auquel il tenait précieusement. Le roi invita l’homme à le suivre jusqu’à Soissons où devait avoir lieu le partage du butin en l’assurant que dès que le vase lui serait échu, il donnerait satisfaction à l’évêque.
Ainsi as-tu fait au vase à Soissons !
C’est donc à Soissons, la ville qui vient d’être prise et dont Clovis paraît déjà avoir fait sinon sa capitale du moins son camp principal, que se joue la scène centrale. L’armée est rassemblée autour du butin amoncelé. Le roi demande aux "très valeureux guerriers " de lui céder le vase en plus de sa part. Les hommes de bon sens, illi quorum erat mens sanior lui répondent : " Tout ce que nous voyons ici est à toi, glorieux roi, et nous sommes nous-mêmes soumis à ton autorité : nos ipsi tuo sumus dominio subjugati. Agis maintenant comme il te plaira, personne ne peut te résister. " Mais, tout le monde ayant parlé, un soldat — homme léger, envieux et impulsif : levis, invidus ac facilis — à la stupéfaction générale, frappe le vase de sa hache en s’écriant : " Tu ne recevras que ce que le sort t’attribuera vraiment !"
Clovis avala l’affront, nous dit Grégoire, mais " garda sa blessure cachée dans son cœur ". L’évêque récupéra quand même son vase, brisé ou cabossé.
Au bout de l’année, ayant convoqué à nouveau l’armée au Champ de Mars, Clovis, passant ses guerriers en revue, reconnut le soldat insolent. Constatant que sa tenue et ses armes laissaient à désirer, il les lui prit et les jeta à terre. Le soldat se baissa pour les ramasser et Clovis en profita pour lui briser le crâne d’un coup de francisque, disant :
" Ainsi as-tu fait au vase à Soissons !"
La version la plus populaire retenue par les ouvrages scolaires de la IIIe République étant :
" Souviens-toi du vase de Soissons ! "

Historicité et exemplarité

Grégoire de Tours n’a certainement pas inventé l’anecdote du vase, elle devait circuler dans les milieux ecclésiastiques de son temps. Mais il lui applique ses procédés de stylisation habituels pour en faire une histoire édifiante.
D'après Godefroid Kurth, " Il n’y manque que l’élément merveilleux pour le classer dans la catégorie des histoires en l’honneur des saints ". Mais l’historien belge, ne reconnaissant cependant dans ce récit aucun des critères qui lui semblaient signer une origine populaire, accepte son historicité ; il suggérait même que la source originale pourrait être la Vita perdue de saint Remi que Grégoire affirme par ailleurs avoir eue sous les yeux et que le récit pourrait ainsi remonter à un témoin proche et peut-être oculaire de l’évènement.
K. F. Werner souligne, quant à lui, l’analogie curieuse des deux actes - le coup de hache qui brise le vase et le coup de hache qui fracasse la tête du soldat – procédé littéraire qui plaiderait pour une histoire inventée.
Michel Rouche dans sa biographie de Clovis pages 205 à 211 commente "La véritable histoire du vase de Soissons" sans remettre en cause son historicité.
Louis Halphen, dans un article qui fut longtemps un classique, avait déjà remarqué que le châtiment du soldat, intervenant un an après le crime, pouvait être rapproché d’un thème hagiographique qui se rencontre ailleurs dans Grégoire : dans les Miracles de saint Julien, un comte qui a extorqué aux prêtres de Brioude trente pièces d’or pour rançon d’un de leurs serviteurs injustement emprisonné, meurt subitement au bout de l’an ; ailleurs, un voleur qui a emporté les vitres précieuses de l’église d’Yzeures-sur-Creuse, meurt misérablement, lui aussi au bout d’une année. Comme le soldat de Clovis, ces détenteurs injustes de biens d’église paraissent d’abord pouvoir jouir du bien mal acquis, avant de succomber à la vengeance d’un saint lésé lorsqu’arrive l’anniversaire de leur méfait. Tout se passe comme si Clovis, tout païen qu’il soit, prenait modèle sur ces vengeances célestes ou se faisait leur instrument. " Moralité, concluait Godefroid Kurth, que les barbares y regardent à deux fois avant de s’opposer à ce que justice soit rendue à un évêque et à son église ".
Dans l’Histoire des Francs, l’anecdote du vase apparaît à sa place chronologique, elle vient aussi, pourrait-on dire, à sa place idéologique. Si l’on suit le plan hagiographique de la Vie de Clovis tel que le propose Martin Heinzelmann, celle-ci s’ouvre par une annonce messianique de sa naissance, puis se succèdent les faits saillants de sa vie païenne : la victoire sur Syagrius qui n’eut pas peur de résister, l’épisode du vase qui nous occupe, le mariage avec Clotilde, les doutes qui assaillent le roi à la mort du petit Ingomer. Chacune de ces étapes met en évidence la progression du roi vers le salut et le révèle, par touches successives, comme un instrument de Dieu.
Au stade du vase, la stylisation de Grégoire semble viser un double but : opposer vigoureusement le Clovis païen qui pille les églises au Clovis converti qui interdit à ses troupes de rien prendre de ce qui leur appartient, ne serait-ce que du fourrage pour les chevaux. Mais en même temps, ce Clovis encore plongé dans le fanatisme se distingue déjà de ses guerriers par son respect des clercs : c’est un signe avant-coureur certain de sa conversion. C’est ainsi que, selon Franck Collard, l’histoire était déjà comprise à la fin du Moyen Âge dans la tradition historiographique de Saint-Denis.

Le vase de Soissons et l’évêque Remi

Saint Remi, évêque de Reims demandant à Clovis la restitution du vase de Soissons.
Rien dans le texte de Grégoire ne permet d’identifier l’église et l’évêque en question. Tout au plus le contexte de la guerre contre Syagrius et le fait que le butin est partagé à Soissons les situent-ils avec toute vraisemblance dans l’ancien domaine gallo-romain, au nord de la Seine. Au siècle suivant, le Pseudo-Frédégaire insère l’histoire dans sa chronique8 ; elle a d’évidence sa source dans les Dix Livres d’Histoire de Grégoire, mais l’auteur y introduit une altération importante, l’évêque n’envoie plus un messager mais vient lui-même supplier Clovis de lui rendre le vase – et surtout cet évêque a désormais un nom : c’est Remi, évêque de Reims, celui-là même qui a salué Clovis lors de sa prise de pouvoir et qui, dix ou douze ans plus tard, l’a baptisé dans sa cathédrale.
Le Liber Historiae imite le silence de Grégoire quant au nom de l'évêque.
La tradition du récit a repris le nom de Remi comme étant l'évêque.
Nous avons conservé le testament de saint Remi. L’évêque y lègue « un vase d’argent de dix-huit livres » à l’église de Laon après l’avoir refondu pour en faire « des patènes et des calices ». Puis il poursuit : "Quant à l’autre vase d’argent qu’a daigné me donner le seigneur roi Clovis d’illustre mémoire que j’ai reçu dans la fontaine sacrée du baptême pour que j’en fasse ce que je voulais, toi, mon héritière l’église susdite, j’ordonne qu’on en fabrique un encensoir et un calice gravé de représentations, ce que j’en aurais fait d’ailleurs si j’en avais eu le temps durant ma vie… " Son neveu Loup, lui aussi évêque, est chargé de l’exécution de ce vœu

Le vase de Soissons et les coutumes militaires

L’histoire du vase de Soissons a un autre intérêt : elle constitue un document rare, bien que fort stylisé, sur la vie militaire des armées franques et, à ce titre, elle a récemment retenu l’attention des historiens les plus romanistes de l’époque franque.
Sous l’Empire romain, les militaires touchaient régulièrement une solde et une part de butin que leurs chefs leur redistribuaient selon leur grade, leur ancienneté ou d’autres critères. Dans les armées du Bas-Empire qui n’existaient plus que par leurs corps d’auxiliaires barbares, les règles ont sûrement dû s’adapter et, dans bien des cas, se négocier. En fin de compte, le code Théodosien contient une loi de Valentinien III, datant de l’an 440, qui concerne apparemment des soldats fédérés qui doivent garder notre province et leurs propres biens et dans laquelle l’empereur décrète : Quel que soit ce qu’un vainqueur prend à l’ennemi, il lui appartient de plein droit. Ce texte qui privatise le pillage et couvre d’un pudique manteau juridique un désordre qu’on ne pouvait plus empêcher a sûrement été connu des soldats intéressés, ces barrack room lawyers, comme dit Bachrach et tout aussi sûrement peu apprécié des derniers généraux romains… Clovis – qui est de ceux-ci – aurait par son autorité, maintenu dans son armée un usage létique de collectivisation de l’ensemble du butin et de son partage intégral par les sortes. Les Wisigoths connaissaient apparemment un usage identique qui autorisait le roi à prélever lors du partage un septième du tout…


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Posté le : 28/02/2015 15:52

Edité par Loriane sur 01-03-2015 19:14:21
Edité par Loriane sur 01-03-2015 19:17:34
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Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
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A bord de ce cahier volant
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Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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