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De Montpellier
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* Le 28 Juillet 1794 est guillotiné Robespierre
Maximilien Marie Isidore de Robespierre, ou Maximilien Robespierre est un avocat et un homme politique français, né le 6 mai 1758 à Arras et mort guillotiné le 28 juillet 1794 à Paris, place de la Révolution.
Aîné d'une fratrie de cinq enfants, il perd sa mère à l'âge de six ans. Puis son père abandonne ses enfants, et il est pris en charge par son grand-père maternel. Après d'excellentes études au collège d'Arras et au collège Louis-le-Grand de Paris, licencié en droit, il devient avocat et s'inscrit en 1781 au Conseil provincial d'Artois, occupant même une charge d'avocat
Robespierre incarne la Révolution française dans sa tendance démocratique et ses méthodes terroristes, ce qui lui vaut, selon la règle, des admirateurs et des détracteurs. Toutefois, les premiers sont longtemps demeurés rares, parce que Robespierre déplaisait à beaucoup de révolutionnaires en raison de ses convictions morales et religieuses. Les détracteurs au contraire ont toujours abondé, parce que Robespierre dès sa chute a servi de bouc émissaire. Entre ces deux courants, des flottements se sont produits au gré des fluctuations de l'histoire et des idéologies de 1794 à nos jours.
Enfance et jeunesse;
Par ses origines, Maximilien de Robespierre se rattache à la petite bourgeoisie de robe qui peupla les assemblées révolutionnaires, en même temps qu'il s'en distingue par les infortunes de sa famille. Il naquit à Arras, quatre mois après le mariage de ses parents ; il perdit sa mère dès 1764, son père délaissa les enfants et disparut, ses grands-parents moururent trop tôt pour l'élever. Il lui manqua l'affection, la considération et la richesse. Boursier, il s'acharna au collège pour conquérir ce qui lui faisait défaut.
Maximilien de Robespierre était le fils ainé de Maximilien-Barthélémy-François de Robespierre né en 1732, avocat au Conseil supérieur d'Artois, et de Jacqueline-Marguerite Carraut née en 1735, fille d'un brasseur d'Arras. Après leur rencontre en 1757, les deux jeunes gens s'étaient mariés le 2 janvier 1758. Né à Arras le 6 mai suivant, Robespierre fut donc conçu hors mariage. Par son père, il descendait d'une famille de gens de robe artésiens: son grand-père Maximilien 1694-1762 était également avocat au Conseil supérieur d'Artois, son bisaïeul Martin 1664-1720 procureur à Carvin, son trisaïeul Robert notaire à Carvin et bailli d'Oignies. Le couple eut encore quatre autres enfants : Charlotte en 1760, Henriette-Eulalie-FrançoiseEulalie-Françoise en 1761 et Augustin en 1763 ; le puîné vit le jour le 4 juillet 1764. Mais la mère mourut huit jours plus tard, à vingt-neuf ans, suivie de près par le nouveau-né. Robespierre avait six ans. À en croire les Mémoires de Charlotte, François de Robespierre aurait abandonné ses enfants peu après la mort de son épouse. En revanche, selon Gérard Walter, on trouve des traces de lui à Arras jusqu'en mars 1766, puis de nouveau en octobre 1768. Ensuite, deux lettres de François de Robespierre, envoyées de Mannheim, confirment qu'il vivait en Allemagne en juin 1770 et en octobre 1771. L'année suivante, d'après le registre d'audiences du Conseil d'Artois, il était de retour à Arras, où il plaida quinze affaires du 13 février au 22 mai. Enfin, en mars 1778, à la mort de son beau-père, un jugement de l'Échevinage d'Arras indique qu'étant absent, il s'était fait représenter. Par la suite, si l'on prête foi à ce document, on perd sa trace. L'abbé Proyart qui semble avoir connu personnellement le père de l'Incorruptible) prétend qu'après avoir habité quelque temps à Cologne, il aurait annoncé le dessein de se rendre à Londres, et de là aux Îles, où il serait possible qu'il vécût encore en 1795, mais cette hypothèse, discutée par Albert Mathiez, est rejetée par Auguste Paris et Gérard Walter. Un acte d'inhumation le fait mourir à Munich le 6 novembre 1777, version reprise par Henri Guillemin ou Catherine Fouquet Après la mort de leur mère, les deux filles furent recueillies par leurs tantes paternelles, les garçons par leur grand-père maternel, Jacques Carraut 1701-1778. Maximilien entra, en 1765, au collège d'Arras ancienne institution jésuite qui n'appartenait pas encore aux Oratoriens, étant gérée par un comité local nommé par l'évêque. Charlotte, dans ses Mémoires, affirme que l'attitude de Maximilien avait connu un grand changement, à l'époque et que, conscient d'être en quelque sorte le chef de la famille, il avait pris un tour plus grave et sérieux. En 1769, grâce à l'intervention du chanoine Aymé auprès de l’évêque d’Arras, Louis-François-Marc-Hilaire de Conzié, il obtint une bourse de 450 livres annuelles de l'abbaye de Saint-Vaast et entra au collège Louis-le-Grand, à Paris. Malgré son extrême dénuement, il fit de brillantes études au collège Louis-le-Grand 1769-1781, où il eut pour condisciples Camille Desmoulins et Louis-Marie Stanislas Fréron. Son nom fut plusieurs fois proclamé aux distributions de prix du Concours général : deuxième prix de thème latin et sixième accessit de version latine en 1772, quatrième accessit de vers latins et de version latine en 1774, deux seconds prix en latin et le quatrième accessit de version grecque en 1775, le premier prix de rhétorique en 1776, etc.. D'après l'abbé Proyart, préfet du collège, c'était un élève studieux, se consacrant uniquement au travail, solitaire et rêveur, peu expansif. Très bien vu par ses maîtres, il fut choisi, en 1775, pour prononcer le compliment en vers du nouveau roi Louis XVI. Il rencontra Jean-Jacques Rousseau à la fin de sa vie, entre 1775 et 1778 - ou l'aperçut, selon Gérard Walter. Selon les Mémoires posthumes de Brissot, témoignage rejeté par Gérard Walter comme invraisemblable pour des raisons chronologiques, il aurait été un temps clerc chez le procureur Nolleau fils, où le futur girondin l'aurait croisé. Reçu bachelier en droit de la faculté de Paris le 31 juillet 1780, il obtint son diplôme de licence le 15 mai 1781 et s'inscrivit sur le registre des avocats du Parlement de Paris deux semaines après. Le 19 juillet, sur rapport du principal du collège, une récompense de 600 livres lui fut octroyée. Par ailleurs, sa bourse passa à son frère Augustin. À vingt-deux ans, il terminait donc, ses études pourvu d'un certificat de bonne conduite, d'une gratification et d'une licence en droit. Avocat, il avait rétabli sa position sociale et ses chances quand il s'installa à Arras. Son séjour prolongé à Paris au collège Louis-le-Grand l'avait ouvert à la philosophie des Lumières, détaché du catholicisme et engagé sur les traces de Rousseau avec une ferveur de disciple admiratif : "Homme divin, tu m'as appris à me connaître bien jeune, tu m'as fait apprécier la dignité de ma nature et réfléchir aux grands problèmes de l'ordre social. " Il parut pourtant s'intégrer aisément à cet ordre. Il se fit une réputation d'avocat, de lettré, de bel esprit. Il entra à l'académie d'Arras et à la société des Rosati, comme Lazare Carnot ; comme lui et comme Rousseau, il concourut pour gagner les prix et la notoriété des académies provinciales. La réussite fut imparfaite, les lauriers trop rares, et les confrères déjà parvenus faisaient peser une lourde tutelle sur les jeunes. Il s'en indignait en 1788, tout comme Carnot déplorant la stagnation des jeunes talents dans le corps des ingénieurs militaires. Le climat de 1788 était à la contestation. Mais Robespierre étendait ses griefs à la société tout entière et projetait de libérer les pauvres de l'oppression et de l'injustice. À cette époque, il se défendait contre certaines tendances profondes de sa nature, pressentant qu'elles l'empêcheraient d'aboutir : "Une idée absolue de perfection, de pureté, déclarait-il, ne peut être qu'une erreur politique." Il se limitait à des vues réformistes et plaçait ses espérances en Necker. La convocation des états généraux lui fournit l'occasion d'agir.
Député du tiers état
Élu député, il se sentit soudain revêtu de toute l'autorité que donnait une souveraineté du peuple toute neuve, en même temps qu'investi d'une haute mission, celle de régénérer la nation dans sa structure et son esprit. Du coup Robespierre devint un homme nouveau, libéré de la timidité et du souci des autorités, si apparents dans ses mémoires de concours. D'emblée, il sentait la puissance des résistances opposées à ses aspirations, comprenait l'un des premiers qu'il faudrait combattre farouchement et se persuadait de l'existence et de la force d'un "complot des ennemis du peuple ". Il lui appartenait de dénoncer inlassablement, énergiquement, tout ce qui s'opposait à la promulgation et à l'application des "principes , des axiomes qui guideraient l'action révolutionnaire et sur lesquels s'édifierait la société nouvelle, harmonieuse et définitive : singulièrement l'égalité de droits, la bonté et la quasi-infaillibilité du peuple, l'efficacité souveraine de la vertu pour assurer le bonheur. Orateur inlassable, minutieux et inflexible, il devint l'un des chefs des démocrates, censurant l'oubli des principes, réclamant le suffrage universel, l'admission de tous dans la garde nationale, dans les jurys des tribunaux, s'opposant à la répression brutale des mouvements populaires. Il gagna ainsi l'admiration du jeune Saint-Just, dès 1790, les acclamations des Parisiens et des Arrageois à la fin de l'assemblée et l'offrande de son buste couronné par les Jacobins. Chemin faisant, à la suite d'échecs répétés, il avait perdu toute considération pour la plupart des députés, il s'était convaincu de la nocivité des factions, il avait récusé la valeur immuable du verdict de la majorité. Il lui préférait la pureté des principes, l'incorruptibilité du caractère, le respect et l'application des "saintes maximes de l'égalité et de la morale publique ", la confiance en l'Être suprême, grâce à quoi un ordre nouveau serait établi "pour des siècles et pour l'univers ", à la fois idéaliste et quelque peu rigide.
Le Jacobin, membre de la Commune de Paris
Ce fut donc avec une autorité intacte que, de septembre 1791 à septembre 1792, n'étant plus député, selon une règle qu'il avait fait accepter, il milita sans trêve au club des Jacobins. Il adjurait les frères et amis des clubs de toute la France, les députés démocrates, d'être " toujours armés d'une salutaire défiance ". La déclaration de guerre l'opposa vigoureusement aux Brissotins, elle lui paraissait imprudente et criminelle, faisant le jeu du roi et des généraux en cas improbable de succès. Avec les défaites, un sursaut patriotique éclata, en même temps que grandissait l'action des sans-culottes ; Robespierre appuya le mouvement qui aboutit à la chute du roi, le 10 août ; il devint membre de la Commune de Paris et commença de tenir un rôle de premier plan. Non seulement il fut élu député de la Convention, mais il orienta le choix des autres députés de Paris par le vote oral et public et l'épuration des candidats. Lié désormais aux démocrates parisiens, il fut éclaboussé par les massacres de septembre, dont il n'était pas responsable bien qu'il ait failli y exposer Brissot.
À la Convention et aux Jacobins, Robespierre combattit farouchement les Girondins, bourgeois égoïstes, privilégiés par la fortune et par l'éducation, hostiles au peuple et surtout à celui de Paris. C'est ainsi qu'il les voyait, comme tant de Montagnards et de démocrates. Pourtant cette dialectique des riches et des pauvres lui apparaissait simpliste et trompeuse ; le critère de la vertu et de la croyance en l'Être suprême rejetait les athées corrompus et corrupteurs, fussent-ils Montagnards.
D'autre part, les relations avec les sans-culottes n'étaient pas seulement affectées par la prise de position morale et religieuse, mais encore par les divergences de politique sociale et économique. Robespierre refusait au domaine économique et financier un rôle fondamental : grâce à la Providence, la France était largement pourvue de richesses ; il suffirait que la vertu élimine l'égoïsme et la spéculation pour que chacun soit assuré du nécessaire. C'était donc le refus de l'intervention, de la taxation, du contrôle, réclamés par les sans-culottes. Déjà déçu par les parlementaires, Robespierre se défiait des porte-parole du peuple et admettait que, si le peuple n'avait jamais tort en principe, il pouvait cependant être induit en erreur et que, de ce fait, l'insurrection, arme suprême, risquait de tourner à l'aventure. Finalement Robespierre jouissait d'un prestige plus éclatant que solide, plus assuré dans la lutte contre les ennemis communs que dans l'édification d'une France nouvelle.
S'il imposa son point de vue pour la mort du roi, quand il lutta contre les Girondins après la trahison de Dumouriez en avril 1793, il dut faire des concessions aux sans-culottes. Il alla jusqu'à proposer de définir la propriété comme "la portion de biens garantie par la loi", il proclama le "droit à l'existence ", ce qui impliquait de profondes réformes. Il obtint ainsi l'appui des sections armées de Paris, dont les canons décidèrent l'éviction des principaux Girondins le 2 juin 1793. Près de deux mois plus tard, le 26 juillet 1793, Robespierre entrait au grand Comité de salut public : ce fut l'apogée de sa carrière. Le délai de deux mois s'explique-t-il par une hésitation ? Robespierre eut-il conscience qu'il maniait mieux les clubs que les députés, et mieux les députés qu'un petit groupe de personnages fortement trempés ?
Dictateur ou un membre contesté du Comité de salut public ?
La conjoncture était catastrophique, tant au-delà des frontières qu'à l'intérieur de la République, les ennemis étaient déchaînés et victorieux, les révolutionnaires demeuraient divisés. Le Comité de salut public organisa une lutte implacable contre les ennemis déclarés, mais il fallut louvoyer pour éviter les ruptures entre révolutionnaires. Robespierre accepta lui aussi, sous la pression des Enragés, le maximum, la législation contre les accapareurs, la levée en masse, l'armée révolutionnaire parisienne. Il s'efforça d'enrayer la déchristianisation. Il parvint à faire mettre en place un gouvernement d'exception doté de rouages révolutionnaires, tandis que la constitution était mise en sommeil. Ce fut la Terreur. S'il n'en était pas le seul responsable, il était convaincu de sa nécessité ; il ne put cependant la mener à son gré, en dépit de ce qu'on a souvent nommé, à l'époque et depuis, sa dictature. Il se défendit jusqu'à son dernier souffle d'avoir été dictateur. Était-ce à juste titre ?
Assurément aucune magistrature comportant les pleins pouvoirs ne lui fut attribuée, jamais d'ailleurs il ne le demanda. Robespierre était membre d'un comité puissant, mais il n'y était soutenu que par Couthon et Saint-Just, les autres membres n'approuvaient pas sa politique. De plus, le comité dépendait de la Convention et, là non plus, Robespierre n'était pas sûr de rallier la majorité. D'autre part, le Comité de sûreté générale, sauf deux de ses membres, ne soutenait pas Robespierre. En revanche, il n'est pas douteux que Robespierre disposait d'un immense prestige et d'une vaste audience auprès des démocrates, des Jacobins, des sans-culottes de Paris et de province, grâce à quoi il pouvait souvent imposer ses vues. Enfin, Robespierre tenait de plus en plus souvent un langage de dictateur détenteur de la vérité : "Nous sommes intraitables comme la vérité, inflexibles, uniformes, j'ai presque dit insupportables comme les principes. " Il était profondément convaincu de la justesse de ses vues, ceux qui ne les partageaient pas ne pouvaient être que des traîtres à la cause du peuple, ils devaient être éliminés.
Ainsi, tour à tour, ceux qu'on dénomma hébertistes et dantonistes furent guillotinés, respectivement le 24 mars et le 5 avril 1794. À cette occasion, deux décrets, les décrets de ventôse, avaient décidé le séquestre des biens des suspects au profit des patriotes indigents, mesure dont l'audace fut tempérée par l'opportunité dans la décision et aussi dans l'application. Dans le précieux carnet qu'il portait le 9 thermidor, on lit bien que les " bourgeois " étaient les ennemis, mais il n'était pas question d'un transfert de propriété. Robespierre décevait Babeuf.
La chute
La Grande Terreur ne fut pas l'œuvre du seul Robespierre, bien que les tentatives d'assassinat qu'il essuya l'aient précipitée. Grâce aux revers subis par les ennemis du dehors puis du dedans, Robespierre crut pouvoir entamer l'œuvre d'édification de la société qu'il croyait la seule conforme aux principes, donc légitime et définitive. Il annonçait la liberté, le bien-être, l'essor du commerce et des arts, la disparition de la richesse excessive et de la corruption, en somme le bonheur général. Le moyen était la vertu, favorisée par des institutions neuves et efficaces. Cet épanouissement des âmes s'accomplirait sous les auspices de l'Être suprême, garant de l'harmonie. Lorsque Robespierre pontifia au cours de la fête fameuse du 8 juin, le processus était engagé qui devait conduire à la république démocratique et vertueuse des petits propriétaires, libres, égaux en droit et en considération, tous dévoués au bien commun.
Les possibilités et les risques ne lui apparurent pas nettement. Mal informé, obstiné, malgré les instances d'amis et de correspondants, fatigué aussi par un surmenage prolongé provoquant des dépressions, il ne vit pas grandir l'inquiétude de ceux qui, traversant ses desseins, se sentaient menacés. Il ne comprit pas non plus que les victoires militaires rendaient la Terreur moins acceptable. Il voulut épurer ses ennemis au Comité de salut public en s'appuyant sur la Convention, les clubs et les comités révolutionnaires. Il cessa de participer aux séances du comité, laissant le champ libre à ceux qu'il avait humiliés et menacés. Il perdit du temps. Lorsqu'il intervint à la Convention le 26 juillet, il ne fut pas suivi.
Attaque à la maison de la commune de Paris (hôtel de ville actuel)
Il croit, cependant, qu'il domine encore la Convention. Le 8 thermidor, c'est à dire ce 26 juillet, il monte à la tribune, attaque le Comité de salut public et le Comité de sûreté générale, et surtout lance un long réquisitoire contre les "traîtres" et les "fripons" …, qu'il refuse de nommer. Imprudence fatale. Cette diatribe sème l'inquiétude dans les rangs et permet aux conjurés de rallier les indécis du Marais ou de la Plaine : les centristes. Le lendemain, Saint-Just ne peut lire à la Convention le rapport qu'il a rédigé. En revanche, Billaud-Varenne et Tallien dénoncent la tyrannie de Robespierre, ce "nouveau Cromwell ". Celui-ci essaie, mais en vain, de se défendre : Collot d'Herbois et Jacques Thuriot , successivement présidents de l'Assemblée, l'empêchent de se faire entendre en agitant leur sonnette, et la Convention décide l'arrestation de Maximilien et de ses amis. Apprenant la nouvelle, la Commune essaie de réagir : elle se déclare en insurrection et fait délivrer les prisonniers. En réponse, l'Assemblée déclare hors-la-loi tout le groupe des robespierristes qui voulurent protéger leur chef. Dans la nuit, les sections modérées, conduites par Barras, marchent sur l'Hôtel de Ville, où se sont réfugiés les proscrits. Robespierre ne cherche pas à se défendre : il attend son salut de la légalité et non de la violence. En voyant arriver les hommes en armes, il se tire un coup de pistolet et se brise la mâchoire, à moins qu'il n'ait été atteint par le coup de feu du gendarme "Méda ou Merda" ?. Mis hors la loi, il refusa de patronner l'insurrection populaire, peut-être même tenta-t-il de se suicider. Le lendemain, lorsque, ce 9 thermidor, Robespierre est empêché de parler, et qu'il se sent perdu, il ne peut que dire : "Les brigands triomphent… ", mot révélant l'importance, chez lui, du point de vue moral dans l'analyse d'une situation politique. Transporté sanglant aux Tuileries et sommairement pansé, il demeurera pendant de longues heures couché sur une table avant d'être guillotiné avec ses fidèles, parmi lesquels son frère Augustin, Couthon, Le Bas, Saint-Just. Exécution publique, place de la concorde du 10 thermidor an II, 28 juillet 1794. Le grand artisan de la Révolution française a été sacrifié : sa mort marque la fin de la Convention montagnarde.
Cette fin souligne la complexité de l'homme, le manque de contacts avec ce peuple qu'il aimait plus qu'il ne le fréquentait, ses hésitations et ses scrupules dans l'action, qui contrastaient avec sa résolution pour défendre les principes dans la législation et la justice révolutionnaires. Sa foi, sa sincérité, son incorruptibilité ne suffisaient pas à l'œuvre exaltante qu'il avait entamée cinq ans plus tôt. Cette œuvre elle-même manquait à la fois d'assises économiques et de conscience historique, mais Robespierre lui avait donné une signification morale et culturelle.
Le jour de L’exécution
Ainsi Robespierre fut condamné sans procès et guillotiné l'après-midi même du 10 thermidor, sous les acclamations de la foule, en compagnie de vingt et un de ses amis politiques, dont Saint-Just et Couthon ainsi que son frère, Augustin Robespierre. Les vingt-deux têtes furent placées dans un coffre en bois, et les troncs rassemblés sur une charrette. On jeta le tout dans une fosse commune du cimetière des Errancis et l’on répandit de la chaux, afin que le corps du "tyran" Robespierre ne laisse aucune trace. Le lendemain et le surlendemain, 83 partisans de Robespierre furent également guillotinés. Une épitaphe posthume est imaginée par un anonyme à son sujet :
"Passant, ne t'apitoie pas sur mon sort Si j'étais vivant, tu serais mort."
En 1840, des partisans de Robespierre fouillèrent le sol du cimetière des Errancis, alors fermé depuis une trentaine d’années, sans découvrir aucun corps. Sa chute contribua, dans les jours et semaines qui suivirent, à un démantèlement progressif du gouvernement révolutionnaire, emporté par la réaction thermidorienne : adoption, dès le 11 thermidor, du renouvellement par quart tous les mois des comités, les membres étant inéligibles pendant un mois ; nomination de dantonistes et de modérés au sein des comités de salut public et de sûreté générale ; rattachement, le 1er fructidor, 24 août, de chacune des douze commissions exécutives remplaçant depuis le 1er floréal, 20 avril le Conseil exécutif aux douze principaux comités, et non plus au seul comité de salut public, et cantonnement des compétences de ce dernier et du comité de sûreté générale aux domaines de la guerre et de la diplomatie, pour l'un, de la police, pour l'autre, le comité de législation récupérant l'administration intérieure et la justice; suppression de la loi de Prairial ; réduction du nombre de comités de surveillance révolutionnaire à un par district en province et douze à Paris, au lieu de quarante-huit, limitation de leurs prérogatives et modification des conditions d'accès dans un sens défavorable aux sans-culottes. Ce démantèlement du système de l'an II, et particulièrement de l'appareil répressif n'aboutit pas, cependant, à la mise en accusation de tous ceux qui avaient organisé la Terreur et en avaient largement profité en mettant la main sur les biens des nobles et des banquiers exécutés, ces derniers chargeant Robespierre de tous leurs méfaits et n'hésitant pas à falsifier les documents historiques. Elle conduisit également à la remise en cause de la politique dirigiste, démocratique et sociale pratiquée par ce gouvernement afin de satisfaire le mouvement populaire des sans-culottes. Dès sa chute, tous les Duplay furent emprisonnés ; la femme de Maurice Duplay, âgée de 59 ans, fut, quant à elle, retrouvée pendue dans son cachot le 11 thermidor. Éléonore Duplay ne se maria jamais et vécut le reste de sa vie dans le regret de son grand homme. Marie-Éléonore Duplay, dite Cornélie, est la fille de Maurice Duplay et de Françoise-Éléonore Vaugeois, qui accueillirent Maximilien de Robespierre chez eux de 1791 à sa mort en 1794. Nous savons peu de choses sur elle. Elle avait un caractère droit et fier, d'où son surnom de Cornélie en référence à la mère des Gracques mais semblait un peu inhibée dans son rôle d'aînée. Elle étudiait la peinture sous Jean-Baptiste Regnault et se révélait assez douée mais n'ambitionnait pas d'en faire son métier. Selon la légende de la famille Duplay, Éléonore serait devenue la fiancée de l'Incorruptible pendant son séjour dans leur famille.
L'aprés Robespierre
Au lendemain du 9-Thermidor, devant des manifestations de sympathie à l'égard des vaincus – plusieurs suicides ou tentatives de suicide, apparition de chansons pleurant la mort de Robespierre, diverses manifestations d'hostilité à l'encontre de chanteurs antirobespierristes –, les Thermidoriens favorisèrent le développement d'une campagne de presse et de pamphlets à l'origine de la légende noire de Robespierre. Juste après l'exécution des robespierristes, Jean Joseph Dussault fit paraître dans plusieurs journaux un portrait dans lequel il tenta d'expliquer son ascendant par une capacité à profiter avec adresse de circonstances qu'il aurait été incapable de créer. Le lendemain, un article anonyme d'inspiration girondine le décrivit comme un mauvais patriote, protecteur des prêtres, fanatique lui-même, despote en devenir, insistant comme Dussault sur ses "talents médiocres" et 'une grande flexibilité aux circonstances, la science d'en profiter, sans savoir les faire naître ". Le Journal de Perlet expliqua que Robespierre envisageait une nouvelle épuration qui l'aurait conduit vers le trône. Le Journal des Lois, peut-être le premier, tenta de la faire passer pour un Tartuffe et un Sardanapale, faisant de Cécile Renault une maîtresse délaissée dont il aurait voulu se débarrasser. Le Perlet évoqua de prétendues orgies dans une maison d'Issy et un projet de mariage avec Marie-Thérèse de France, destiné à le faire reconnaître comme roi. Cette dernière affirmation fut reprise par Barras à la barre de la Convention, qui présenta la fille de Louis XVI comme la maîtresse de l'Incorruptible. Dans son numéro du 7 fructidor, 24 août, le Journal des Lois accusa encore Robespierre d'être un affameur du peuple. Autre affirmation de cette presse : Robespierre aurait machiné, en accord avec le " tyrans étrangers ", la Terreur pour dégoûter les autres peuples des principes révolutionnaires. Une commission dirigée par Edme-Bonaventure Courtois fut chargée de donner rapport des papiers saisies chez les robespierristes, afin de donner corps aux accusations de conspiration qui avaient justifié leur mise en accusation. Celui-ci fut distribué aux députés le 28 pluviôse an III, 16 février 1795, déclenchant aussitôt une vive polémique, de nombreuses pièces ayant disparu. Des députés s'étaient entendus avec Courtois pour faire disparaître des documents estimés compromettants. Par ailleurs, Courtois avait conservé des papiers, qui furent saisis à son domicile sous la Restauration. Parallèlement, l'ancien constituant Pierre-Louis Roederer fit paraître une mince plaquette, le Portrait de Robespierre, rédigée à la hâte et signée Merlin de Thionville ; le premier, il considérait que le cas Robespierre tenait de la pathologie, celui d'un tempérament mélancolique devenu trabilaire . En nivôse an III, Galart de Montjoie publia une Histoire de la conjuration de Maximilien Robespierre, biographie mêlant des "révélations" issues de la presse thermidorienne, des racontars issu des Actes des Apôtres et des résumés des comptes rendus parlementaires. En 1795 parut une brochure anonyme intitulée Vita del despota sanguinario della Francia Massimiliano Roberspierre et traduite "du français en italien", sans doute rédigée par un ecclésiastique réfractaire réfugié en Italie. Le récit sur son enfance y était particulièrement fantaisiste, l'apparentant avec Damiens à la suite des Actes des Apôtres. À la même époque parut à Hambourg une brochure, La Vie et les crimes de Robespierre surnommé le Tyran, depuis sa naissance jusqu'à sa mort, œuvre de l'abbé Proyart signée M. Le Blond de Neuvéglise, colonel d'infanterie légère . Si son information n'était pas toujours de première main et si son authenticité laissait souvent à désirer , l'auteur réfutait plusieurs fables imprimées en France.
Dans son histoire de la Révolution, Jacques Necker évoqua lui aussi Robespierre, qu'il avait connu au début de sa carrière politique et dont il n'envisageait pas sans amertume le degré d'élévation auquel il était parvenu, supérieur à celui de l'ancien ministre de Louis XVI. Le premier, il fit de Robespierre " l'inventeur de l'exécrable et fameuse journée du 2 septembre ". Dans le même temps, il condamnait les inventions des thermidoriens et des émigrés, qui avaient échoué à percer le mystère de Robespierre. Autre ministre de Louis XVI, Antoine François Bertrand de Molleville s'attacha également à l'énigme Robespierre dans son Histoire de la Révolution de France, parue entre l'an IX et l'an XI. Jugeant son rôle aussi étonnant qu'exécrable, il ne trouva d'autre explication, pour justifier sa brusque élévation, que sa haine à l'égard d'un Ancien Régime qui ne laissait aucune chance favorable à son ambition et sa lâcheté, qui l'incitait à commettre les assassinats sans nombre dont il se rendit coupable. En 1815 parurent trois ouvrages rédigés sous l'Empire mais saisis par la police : l’Histoire de la Révolution de l'abbé Papon, l’Essai historique et critique de la Révolution de Pierre Paganel et les Considérations de Germaine de Staël. Au contraire de leurs prédécesseurs, ces auteurs jugeaient que Robespierre marquerait durablement l'histoire, sa figure émergeant seule de cette période. Insistant également sur ses tendances égalitaires, l'abbé Papon jugeait qu'il se distinguait par l'austérité et le désintéressement dont il faisait montre. Dans ses écrits consacrés à la Révolution "Mes réflexions" en 1816, le Cours de philosophie positive en 1830-1842, le Système de politique positive en 1851-1854 Auguste Comte décrivit Robespierre comme un personnage au caractère essentiellement négatif, auquel il reprochait d'avoir promu un déisme légal, inspiré de Jean-Jacques Rousseau et associé au régime concordataire de Napoléon Ier, et l'opposa au mouvement encyclopédique de Denis Diderot et à Danton. Dans le même temps, il témoigna de son admiration pour la conception du gouvernement révolutionnaire instauré par la Convention. Après sa mort, le positiviste Pierre Laffitte reprit fidèlement cette analyse dans les conférences qu'il donna à la Bibliothèque populaire de Montrouge, résumées dans La Révolution française de Jean François Eugène Robinet, ainsi que dans le cadre des célébrations du centenaire de la Révolution. La première tentative de réhabilitation de Robespierre fut l'œuvre de Guillaume Lallement, auteur anonyme, entre 1818 et 1821, d'une compilation de l'ensemble des discours et rapports des assemblées parlementaires de la Révolution éditée par Alexis Eymery ; le tome XIV, consacré à l'an II, donnait une large place à Robespierre, dont il faisait le portrait en préalable aux événements du 9-Thermidor. Puis, en 1828, Paul-Mathieu Laurent, dit Laurent de l'Ardèche, publia sous le pseudonyme de "Uranelt de Leuze" une Réfutation de l'histoire de France de l'abbé de Montgaillard, parue l'année précédente, ardent panégyrique de Robespierre. À la veille de la révolution de 1830 parurent de faux Mémoires de Robespierre, généralement attribués à Auguste Barbier et Charles Reybaud, mais peut-être commencés par Joseph François Laignelot, qui avait été un intime de Charlotte de Robespierre. Cet écrit témoignait de l'opinion de la génération de 1830 sur Robespierre. Selon l'auteur, l'opinion selon laquelle Robespierre avait pu être un agent de l'étranger était tout à fait discréditée ; son incorruptibilité ne faisait aucun doute ; enfin, son intention, dans les derniers mois de sa vie, était de mettre fin à la Terreur et de purger la Convention de ses membres les plus criminels. Cette entreprise de réhabilitation connut une avancée décisive avec Albert Laponneraye, qui entreprit en 1832 la publication des discours de Robespierre en fascicules, avant d'éditer les Mémoires de Charlotte Robespierre sur ses deux frères en 1835 puis les Œuvres de Maximilien Robespierre en quatre volumes en 1840, qu'il contribua largement à diffuser.
La génération de 1848 bénéficia, quant à elle, de la publication de l’Histoire parlementaire, 1834-183, de Philippe Buchez et de Pierre-Célestin Roux-Lavergne, et de l'achèvement de la réimpression de l’ancien Moniteur, 1840-1845 par Léonard Gallois, qui vinrent contrebalancer les mémoires et témoignages, subjectifs, des contemporains. Cet apport documentaire favorisa un renouvellement historiographique, avec l’Histoire des Girondins, 1847 d'Alphonse de Lamartine, l’Histoire de la Révolution française, 1847-1853 de Jules Michelet et celle de Louis Blanc, 1847-1855, qui firent toutes de Robespierre "le centre de leurs investigations", même si seul Louis blanc lui était plus nettement d'emblée favorable. Sous le Second Empire, Ernest Hamel publia une Histoire de Robespierre, 1865-1868 considérée comme hagiographique, mais très bien documentée. Sous la Troisième République, les auteurs se détournèrent de Robespierre, assimilant la Terreur à la Commune de Paris (1871), comme Hippolyte Taine dans Les Origines de la France contemporaine, 1875-1893, ou faisant de Robespierre un " pontife", adversaire de l'athéisme, de la libre-pensée et de la laïcité, comme Alphonse Aulard. Lors du centenaire de la Révolution de 1889, l'épopée militaire fut privilégiée, avec les figures de Carnot, Hoche, Marceau, Desaix et surtout Danton.
Jean Jaurès contribua à ramener Robespierre au devant de la scène avec son Histoire socialiste de la Révolution française, tout en ouvrant vers les Hébertistes et les Enragés. En 1907, l'érudit Charles Vellay créa la Société des études robespierristes, qui publia à partir de 1908 les Annales révolutionnaires, devenues en 1924 les Annales historiques de la Révolution française, ainsi que les Œuvres complètes de Robespierre en dix puis onze volumes. L'un de ses premiers et principaux membres, Albert Mathiez fut le principal acteur de ce mouvement, qui fit de Robespierre la figure centrale de la Révolution, s'opposant à Aulard, son ancien maître, dans une lutte demeurée fameuse. À sa suite, on trouvait La Révolution française Georges Lefebvre ou le Robespierre de Gérard Walter, qui pointaient les limites de Robespierre sur les questions sociales et financières. Ce dernier ouvrage, selon Joël Schmidt, n'a pas été dépassé par l'abondance de sa documentation. Par la suite, si le rôle de Robespierre dans la Révolution ne fut pas remis en cause, la recherche historique ouvrit de nouveaux champs, avec l'exploration du mouvement sans-culotte, des Hébertistes et des Enragés, sous l'influence d'Albert Soboul. En 1956, au lendemain des élections législatives, l'Assemblée nationale vota une résolution invitant le gouvernement à , à organiser avec le maximum d'ampleur la célébration du deuxième centenaire de la naissance de Robespierre en 1958, en particulier à organiser, en son honneur, un hommage solennel, une journée dans les écoles et les universités, à favoriser par de larges subventions les travaux historiques, les expositions et les œuvres dramatiques. Dans les années 1960, en parallèle à une contestation du modèle communiste et soviétique, qui s'étaient affirmés les héritiers de la Révolution, l'école révisionniste ou libérale, emmenée par François Furet, Denis Richet et Mona Ozouf, contribua à remettre en cause cette image de Robespierre. Ainsi, François Furet écrivait le 7 juillet 1989 dans L'Express : Dans cette sagesse fin de siècle, Robespierre n’a pas vraiment été réintégré dans la démocratie française. Le droite veille sur cet ostracisme en brandissant les mauvais souvenirs. Mais l’Incorruptible a plus à craindre de ses amis que de ses ennemis. En l’embrassant trop étroitement, l’historiographie communiste l’a entraîné dans un redoublement de désaffection. Les travaux de Patrice Gueniffey et de Laurent Dingli se situent dans leur droite ligne. En 1986, en prévision de l'aboutissement commémoratif de cette réaction antirobespierriste, dans l'historiographie progressiste non marxiste, Max Gallo fit paraître sa Lettre ouverte à Maximilien Robespierre sur les nouveaux muscadins. Oublié des célébrations nationales du Bicentenaire de la Révolution, Robespierre demeure une figure majeure de l'histoire française, comme en témoigne la floraison des associations – les Amis de Robespierre pour le Bicentenaire de la Révolution, créés à Arras en 1987, l'Association Maximilien Robespierre pour l'idéal démocratique, AMRID, fondée en 1988 par Marianne Becker – et publications depuis 1989, et un personnage controversé, partagé entre les tenants de l'école jacobine et ceux des écoles néo-libérale et contre-révolutionnaire, entre des avocats et des procureurs. Ainsi, la mise en vente chez Sotheby's le 18 mai 2011 d'un lot de manuscrits, comprenant des discours, des projets d’articles de journaux, des brouillons de rapports devant être lus à la Convention, un fragment du discours du 8 thermidor et une lettre sur la vertu et le bonheur, conservés par la famille Le Bas après la mort de Robespierre a suscité une mobilisation parmi les historiens et dans le monde politique ; Pierre Serna a publié un article intitulé : Il faut sauver Robespierre ! dans Le Monde, et la Société des études robespierristes lancé un appel à souscription, tandis que le PCF, le PS et le PRG alertaient le ministère de la Culture. Lors de la vente, l’État a fait valoir son droit de préemption pour acquérir le lot à 979 400 euros au nom des Archives nationales. Ces manuscrits sont désormais en ligne sur le site des Archives nationales
Postérité
Héritage politique.
Le robespierrisme est un terme pour désigner une réalité mouvante ou pour qualifier des hommes qui partageaient ses idées. Plus généralement, il désigne toutes les personnes qui se réclament de la personne ou de la pensée de Maximilien de Robespierre. Parmi ceux qui se sont réclamés de Robespierre, figurent notamment le mouvement chartiste anglais, un certain nombre de républicains et de socialistes français des années 1830-40 – on a parlé de néo-robespierrisme – comme Albert Laponneraye, éditeur des Œuvres de Robespierre et des Mémoires de Charlotte de Robespierre, Philippe Buchez, qui a publié une Histoire parlementaire de la Révolution, Étienne Cabet, auteur d'une Histoire populaire de la Révolution française de 1789 à 1830 ou Louis Blanc, qui a écrit une Histoire de la Révolution française, instruits par Philippe Buonarroti, mais aussi les mouvements socialiste et communiste avec la monumentale Histoire de la Révolution française de Jean Jaurès ou les travaux de l'historien Albert Mathiez.
Littérature.
Charles Nodier a consacré à Robespierre un article, intitulé « De la littérature pendant la Révolution. Deuxième fragment. Éloquence de la tribune. Robespierre , dans la Revue de Paris en septembre 1829. Il a été repris, sous le titre Robespierre l'aîné, dans ses Souvenirs, épisodes et portraits pour servir à l'histoire de la Révolution et de l'Empire (1831) puis, sous le titre La Montagne, dans Recherches sur l'éloquence révolutionnaire dans le tome 7 des Œuvres de Charles Nodier. Même s'il présente Robespierre comme un personnage médiocre « exhaussé par l'opinion et les événements » et brosse un portrait de l'orateur conforme aux stéréotypes du temps pour ne pas trop heurter son public devant l'audace de son analyse, Nodier lui sait gré d'avoir, avec son frère Augustin, entrepris de canaliser, « dans le sens d'un ordre politique relativement viable, les forces génératrices de chaos », à travers notamment l'instauration du culte de l'Être suprême. De même, il lui reconnaît un supériorité d'ordre esthétique dans l'éloquence et affirme « qu'il faut chercher peut-être dans [ses] discours (...) presque tout ce qu'il y avait de spiritualisme et de sentiments humains dans l'éloquence conventionnelle ». En particulier, il fait montre d'admiration pour le discours du 7 prairial, où Robespierre affirme faire peu de cas de sa propre vie, après les tentatives d'assassinat d'Henri Admirat et de Cécile Renault, et celui du 8 thermidor, où il retrouve le dessein de pacification et de restauration de l'ordre public qu'il lui attribue264
Honoré de Balzac traite Robespierre comme un personnage à part entière dans Les Deux Rêves, paru dans La Mode en mai 1830 puis intégré dans Sur Catherine de Médicis. Dans ce texte, Catherine de Médicis apparaît en songe à Robespierre et justifie le massacre de la Saint-Barthélemy, qui n'a pas été motivé, explique-t-elle, par une animosité personnelle ou le fanatisme religieux, mais pour le salut de l'État. Fréquent dans la littérature royaliste de l'époque, le rapprochement entre ce massacre et ceux de la Révolution contribue à expliquer ces derniers en voulant réhabiliter la politique de la reine. Il ne lui reproche pas la Terreur, mais de l'avoir exercée au nom d'un principe démocratique. En dehors de ce texte, la figure de Robespierre dans l'œuvre de Balzac est uniformément antipathique, l'archétype du tyran sans cœur et sans scrupule, même si, jusqu'à la Révolution de 1848, il témoigne d'une réelle admiration devant la grandeur de sa destinée. Il figure ainsi parmi les génies qui ont changé la face du monde dans l'édition de 1846 de la lettre d'adieu de Lucien de Rubempré à Vautrin, avant de passer dans le rang de ceux dont le rôle a été uniquement destructeur, dans son exemplaire personnel.
Robespierre apparaît dans des ouvrages historiques d'Alexandre Dumas, Louis XVI et la Révolution, Le Drame de 93, ainsi que dans plusieurs de ses romans fleuves : le cycle des Mémoires d'un médecin, on trouve quelques allusions dans Le collier de la reine, Le Chevalier de Maison-Rouge et surtout dans La Comtesse de Charny et les deux parties de Création et rédemption, Le Docteur mystérieux et particulièrement La Fille du marquis. C'est également le cas dans la nouvelle La Rose rouge. S'appuyant particulièrement sur les ouvrages historiques de Jules Michelet et Alphonse de Lamartine, Dumas s'inspire surtout du premier pour le présenter comme un personnage qui ne sait pas vivre, rongé par la jalousie et l'ambition, sans lui reconnaître la même grandeur, son principal reproche étant 'incapacité de Robespierre pour la jouissance et le bonheur.
Dans Histoire de ma vie, George Sand prend la défense de Robespierre, victime à ses yeux des calomnies de la réaction . S'appuyant sur les écrits de Lamartine, elle le juge le plus humain, le plus ennemi par nature et par conviction des apparentes nécessités de la terreur et du fatal système de la peine de mort, mais aussi le plus grand homme de la révolution et un des plus grands hommes de l'histoire. Si elle lui reconnaît des fautes, des erreurs, et par conséquent des crimes, elle s'interroge : Mais dans quelle carrière politique orageuse l'histoire nous montrera-t-elle un seul homme pur de quelque péché mortel contre l'humanité? Sera-ce Richelieu, César, Mahomet, Henri IV, le maréchal de Saxe, Pierre le Grand, Charlemagne, Frédéric le Grand, etc., etc.? Quel grand ministre, quel grand prince, quel grand capitaine, quel grand législateur n'a commis des actes qui font frémir la nature et qui révoltent la conscience? Pourquoi donc Robespierre serait-il le bouc-émissaire de tous les forfaits qu'engendre ou subit notre malheureuse race dans ses heures de lutte suprême? Dans Les Misérables, Enjolras, le chef des étudiants révolutionnaires, exprime son admiration à l'égard de Jean-Jacques Rousseau et Robespierre. Dans son dernier roman, Quatrevingt-treize 1874, Victor Hugo met en scène la rencontre imaginaire entre trois grandes figures de la révolution française: Marat, Danton et Robespierre.
Jules Vallès offre de Robespierre une image foncièrement négative, concomitante à l'empreinte qu'il exerce sur lui. Avant 1871, Robespierre apparaît comme un visage pâle, paternel, celui de la violence froide et de la mort, un corps raide, hiératique, un héritier de Plutarque et de Jean-Jacques Rousseau, porteur du déisme du XVIIIe siècle. Cette critique devient une autocritique dans les années 1865-1866, sous l'influence de Pierre-Joseph Proudhon. Après l'expérience de la Commune, jugeant la génération 1848 et se jugeant lui-même à la lumière de Robespierre, il dénonce la tyrannie du patrimoine culturel classique enseigné dans les collèges et le système éducatif du XIXe siècle, se reprochant d'avoir imité des imitateurs de l'Antiquité, à travers Rousseau et Robespierre. Pourtant, signale Roger Bellet, la hargne de Vallès à l'égard de Rousseau n'est pas automatiquement réversible sur Robespierre ; son déisme voulait sans doute être à usage populaire, celui d'une religion non ecclésiastique, Vallès pouvait partager sa critique du philosophisme, sa critique d'un « monde de scolastique philosophique et émeutier » est plus proche de Robespierre que d'Hébert.
En 1912, Anatole France met en scène Évariste Gamelin, un jeune peintre jacobin, fidèle de Marat et de Robespierre, dans son roman Les dieux ont soif. L'Incorruptible apparaît lui-même dans le chapitre XXVI, peu avant le 9-Thermidor. L'épisode de la promenade dans les Jardins Marbeuf, lieu à la mode à l'époque, avec Brount, son chien danois, et de l'échange avec le petit Savoyard est déjà présent dans l’Histoire de la Révolution française de Louis Blanc et l’Histoire de Robespierre d'Ernest Hamel, qui l'ont tiré des mémoires manuscrits d'Élisabeth Le Bas.
Théâtre
Dès après sa mort, Robespierre a été le héros ou l'un des personnages principaux de nombreux drames ou tragédies : 49 pièces ont été recensées entre 1791 et 1815, 37 entre 1815 et 1989. Deux images de Robespierre s'en détachent : une majorité lui est hostile, sans nuance, l'autre partie est réhabilitatrice, voire célébratrice. Entre Thermidor et l'Empire se développe la légende noire de Robespierre, à travers les faibles drames de Godineau La Mort de Robespierre, ou la Journée des 9 et 10 thermidor, 1795 ou d'Antoine Sérieys La Mort de Robespierre, 1801. En décembre 1830, le Robespierre d'Anicet Bourgeois présente encore la même caricature de tyran sanguinaire, laconique et peureux. D'autres pièces font clairement allusion à Robespierre, ainsi Manlius Torquatus ou La discipline romaine pièce d'inspiration jacobine, jouée en février 1794 de Joseph Lavallée, Pausanias représenté en mars 1795, édité en 1810 de Claude-Joseph Trouvé, Quintus Fabius ou La discipline romaine interprété au théâtre de la République, fin juillet 1795 de Gabriel Legouvé ou Théramène ou Athènes sauvée 1796 d'Antoine Vieillard de Boismartin. En Angleterre, Samuel Taylor Coleridge, Robert Southey et Robert Lovell écrivent un drame en vers intitulé The Fall of Robespierre en août 1794 ; Coleridge rédige le premier acte, Southey le deuxième, Lovell le troisième ; mais Southey, jugeant cette dernière partie non conforme, la réécrit. Les auteurs s'appuient pour l'essentiel sur les comptes-rendus des événements parus dans la presse. Édité sous le seul nom de Coleridge en octobre 1794 par Benjamin Flower, il est tiré à 500 exemplaires et distribué à Bath, Cambridge et Londres.
Si le Thermidor 1891 de Victorien Sardou est d'inspiration girondine, le Robespierre 1845 de Rudolf Gottschall, le Maximilien Robespierre 1850 de Robert Griepenkerl, le Danton und Robespierre 1871 de Robert Hamerling, Le Neuf Thermidor (1871) de l'avocat nîmois Gaston Crémieux, le Robespierre ou les drames de la Révolution (1879) de Louis Combet, Le Monologue de Robespierre allant à l'échafaud (1882) d'Hippolyte Buffenoir, Le Dernier songe de Robespierre (1909) d'Hector Fleischmann, L'Incorruptible, chronique de la période révolutionnaire (1927) de Victor-Antoine Rumsard et le Robespierre 1939 de Romain Rolland sont robespierristes. Leur premier enjeu, selon Antoine de Baecque, est de transformer le corps, souffrant, blessé, défiguré de Robespierre le 10 thermidor, présenté par les thermidoriens comme un cadavre monstrueux, en un corps de héros , une figure christique. Fascinée par Robespierre, auquel elle attribue ses opinions communistes, Stanisława Przybyszewska (1901-1935) lui consacre deux pièces : L'Affaire Danton, redécouverte par le metteur en scène Jerzy Krakowski en 1967 et adaptée au cinéma par Andrzej Wajda sous le titre Danton, ainsi que Thermidor, demeurée inachevée. Avec le temps, les auteurs tendent de plus en plus à problématiser le personnage théâtral, ainsi Georg Büchner, qui ne prend pas parti pour ou contre lui dans La Mort de Danton 1835, mais s'interroge sur la possibilité de la révolution. Le même questionnement apparaît chez Romain Rolland, qui passe, entre Danton (1900) et Robespierre (1938), de la justification et de l'exaltation du personnage à l'expression des souffrances morales d'un Robespierre déchiré devant le problème du sang versé. Le Bourgeois sans culotte de Kateb Yacine, joué au festival d'Avignon de 1988 puis au palais Saint-Vaast d'Arras en 1989 et sur le carreau de la mine désaffectée de Loos-en-Gohelle en octobre 1990, présente Robespierre comme le seul des révolutionnaires français à avoir su imposer la suppression de l'esclavage, l'inspirateur permanent d'une révolution mondiale des maltraités , et voit en lui un modèle, un martyr vivant de la république , victime de ceux à qui il portait ombrage.
Liens
http://youtu.be/XiM74n8I2Gc Henri Guillemin Robespierre 1 http://youtu.be/Fpx5Gj-boRo Henri Guillemin Robespierre 2 http://youtu.be/dRqLQdctMZU L'ombre d'un doute Robespierre http://youtu.be/PhHH9G6mUcQ Robespierre La chute création de la légende noire http://youtu.be/_ssIznJZ-hw Robespierre par Laurent Dingli
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Posté le : 27/07/2013 17:18
Edité par Loriane sur 28-07-2013 15:19:15 Edité par Loriane sur 28-07-2013 15:40:21
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