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Accueil >> newbb >> Défi "harlequinade" du 22 août 2015 [Les Forums - Défis et concours]

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Défi "harlequinade" du 22 août 2015
Plume d'Or
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Bonsoir chères Loréennes et chers Loréens,

Me revient l'honneur de vous proposer le défi de la semaine.

Soyez un clown, soyez fou.
Vous êtes le clown Arlequin. Vous avez le coeur léger et vous recherchez l'amour dans la ville qui est la plus belle à vos yeux.
Raconter avec humour et ingéniosité, comme vous l'impose votre personnage, votre rencontre avec cette ville et avec votre amour possible qui s'étonne de vous voir ainsi.


A vos plumes d'Arlequin bien sûr!

Amitiés de Bourgogne.

Jacques

Posté le : 21/08/2015 22:40
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Re: Défi "harlequinade" du 22 août 2015
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Arlequinade

Charles Quintal est un jeune homme timide. La vingtaine bien entamée, il vit dans un petit appartement dont il paie le loyer au moyen de son maigre salaire de chauffeur de bus. Depuis quelques mois, il a retrouvé son amour d’enfance : Colombine. La petite fille aux taches de rousseur est devenue une femme à la silhouette de mannequin. Charles est parvenu à l’inviter un soir au restaurant. Ils ont longuement discuté, évoqué leurs souvenirs d’enfant, leur carrière et leurs amours. Charles fit l’impasse de son traumatisme quant aux quolibets dont il faisait l’objet, à cause de son patronyme et de son léger surpoids. Colombine lui expliqua qu’elle sortait d’une séparation douloureuse avec Pierre Hautain. À la simple évocation du nom de son rival de toujours, Charles fit la grimace. Si Pierre n’avait jamais existé, aujourd’hui il serait marié avec Colombine et la rendrait heureuse, il en est persuadé. Mais il n’est jamais trop tard.

Un matin, Charles trouve dans sa boîte aux lettres un carton d’invitation pour un bal masqué à l’autre bout de la ville samedi soir. En bas, la signature de Colombine et un petit mot « Je t’attends ». Le cœur du jeune homme s’emballe. Il se voit déjà tous deux enlacés, se trémoussant sur un slow langoureux, leurs corps lovés et ses mains sur les reins de Colombine, en attente d’une descente autorisée.

Qui dit bal masqué suppose un déguisement. Il se rue vers la seule boutique spécialisée en la matière. Il demande un costume de Pierrot la Lune, l’amoureux de Colombine selon la tradition. Mais ce dernier est déjà loué. On lui propose celui d’Arlequin. Après une longue réflexion et un essayage, Charles opte pour cette version colorée de l’amoureux.

Nous voici vendredi soir. Son costume sur le dos, le chapeau multicolore arrimé sur la tête et son loup noir sur les yeux, Charles se met en route, le cœur en fête. Quelques mètres devant lui, une vieille dame glisse et chute. Toutes ses courses se répandent sur le trottoir. Toujours bon samaritain, notre Arlequin l’aide à se relever et court après les conserves qui roulent vers la chaussée. La dame semble assez étonnée de l’accoutrement de son sauveur. Elle se met alors à rire bruyamment. Parvenant enfin à reprendre son souffle, elle pose sa main sur celle de Charles en lui disant :

« Excusez-moi mais vous me rappelez mon cher mari défunt. C’est dans ce déguisement qu’il m’a séduite à mes seize ans. Je vous souhaite aussi de trouver l’amour.
– Merci Madame, c’est au programme. Au revoir.

Au détour d’une rue, des sirènes de police se mettent à résonner tout autour de Charles. Une camionnette effectue un dérapage digne d’un film de Luc Besson. Des policiers armés en sortent et se jettent sur lui en le plaquant violemment au sol. Les menottes aux poignets, il est embarqué sans explication à part le fameux « Vous avez le droit de garder le silence ».

Au bureau de police, on l’enferme dans une cellule où comatent quelques âmes sur des bancs couverts de graffitis divers. Un homme à la barbe de trois jours, le dévisage avant de se mettre à rire à gorge déployée.

– Qu’est-ce que tu fais ici, toi ?
– Je crois que c’est une erreur.
– Le bal masqué, c’est pas ici. À moins que tu viennes nous distraire. Tu sais jongler ? Raconter des blagues ?
– Je… devais retrouver ma copine.

Un policier l’appelle et l’amène dans une pièce avec un miroir sans tain. Là, il se retrouve avec d’autres gars déguisés. L’un est en diable, un autre en clown et un troisième en vampire. Ils portent tous les trois des masques. Ils doivent se montrer sous toutes les coutures, de face, et de profil. Au final, Charles est libéré. En passant la porte, il croise la vieille dame qui lui explique qu’un homme déguisé lui a volé son sac. C’est la raison pour laquelle la police a arrêté tous les gens déguisés de la ville, la plupart se rendant à la même fête que lui. Il s’avère que le coupable est le clown. Qui l’eut cru ? Le diable et le vampire ne sont pas les méchants cette fois-ci ! C’est d’ailleurs en leur compagnie que Charles continue sa route vers le lieu du bal.

En entrant dans la salle bondée et sombre, notre Arlequin cherche sa Colombine. Il a la mauvaise surprise de la trouver dans les bras de Pierrot la Lune. Charles reconnaît les yeux lubriques de Pierre Hautain ! Il se met à bouillir intérieurement. Il pensait en être définitivement débarrassé. Comment séduire sa belle maintenant ?
Il a besoin de chasser la tension accumulée. Charles se poste au beau milieu de la piste de danse et se met à se trémousser au rythme de la musique. Ses mouvements d’abord saccadés et désordonnés font sourire les autres danseurs, son déguisement le rendant encore plus ridicule. Mais peu à peu, ses pas se font plus assurés, son corps évolue presque gracieusement sur la musique endiablée, tel Travolta dans « Saturday night fever ». Les yeux révulsés, Charles est en transe. Il n’est plus un jeune homme timide, ni Arlequin le grotesque, il devient une bête de danse. Il ne remarque pas que les autres se sont écartés de la piste pour le regarder. Ils se mettent à battre la mesure de leurs pieds et de leurs mains. A la fin du morceau, c’est un tonnerre d’applaudissements qui résonne dans la salle des fêtes.

Charles reprend son souffle en saluant l’assistance lorsque ses yeux tombent dans ceux de Colombine qui brillent d’admiration. Elle s’approche de lui, le sourire aux lèvres en demandant :

– Tu me fais danser ?
– Tu connais le dicton : Mieux vaut danser avec Arlequin que pleurer dans les bras de Pierrot.

Posté le : 22/08/2015 14:23
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Re: Défi "harlequinade" du 22 août 2015
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Chère Delphine,

Figure toi que j'ai hésité dans le choix du défi, entre Arlequin et Pierrot. Et j'ai opté pour la joie plutôt que pour la tristesse.
Une belle opposition : Arlequin contre Pierrot.

Quelle fâcheuse méprise!
Mais Bon Dieu mais c'est bien sûr. Les policiers sont des Pierrots et ne veulent pas le succès d'Arlequin.
Tout s'explique. C'est là le sens psychanalytique de ton texte. Je te rassure : je vais bien!

Merci pour ce texte où l'imagination fleurit encore et toujours!

Bises et amitiés de Bourgogne.

Jacques

Posté le : 22/08/2015 18:26
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Re: Défi "harlequinade" du 22 août 2015
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Cher Istenozot.

Je ne savais pas si je pouvais envoyer ma contribution car elle reflète la mélancolie de mes sentiments qui vont à l'opposé du style léger que tu nous proposes.
Comme je sais que tu es toujours indulgent, alors j'ai pris le risque calculé de le poster.
Merci,

Dans les rues d’Arlequin, je vais d’un pas tremblant,
L’âme colombinant et le cœur cliquetant,
Tout pomponné de rouge et parfumé de larmes,
La mort est ma maitresse et le rire est mon arme.

Tandis que dans la rue, les gens, à moi s’adressent,
Et que tous les enfants, pour mieux me rire au nez,
S’accrochent à mon froc, et sur leurs pieds se dressent,
Je dois me contenter, de ronger mon bonnet.

Dans les rues d’Arlequin, les passants se demandent,
Qui est cet homme-là, qui est c’est homme laid ?
Et moi, je ne sais plus seulement où je vais…

Dans un sordide hôtel à l’amour qui déroge,
Je la surpris avec un bandit, un maraud,
Un jeunot que j’aimais, mon doux ami Pierrot.


Posté le : 23/08/2015 05:32
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Re: Défi "harlequinade" du 22 août 2015
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Une bien belle histoire, ma chère Couscous, très positive. Charles Quintal, quelle trouvaille digne de ton humour de colorieuse ! Colombine a le mot de la fin, celui qu'on aimerait bien entendre plus souvent.
Merci pour ce moment de candeur.
Bises
Donald

Posté le : 23/08/2015 12:51
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Re: Défi "harlequinade" du 22 août 2015
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Couscous,

une fort belle et tendre histoire où l'amour est au rendez-vous ! comme quoi, on peut trouver l'âme sœur même avec quelques kilos en trop et un costume bariolé ! hi hi

Posté le : 23/08/2015 17:30
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Re: Défi "harlequinade" du 22 août 2015
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Exem !

ah ! quelle ambiance un peu lugubre mais c'est toujours de la très belle poésie et les personnages de la commedia dell arte sont au rendez-vous !

Posté le : 23/08/2015 17:33
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Re: Défi "harlequinade" du 22 août 2015
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Le farceur et le faraud

(petite participation rapide, en espérant qu’on ne repérera pas trop facilement mes rimes à grosses ficelles ! amitié !)


Dans la belle ville d’Arles
L’était un Arlequin
Un beau prince de Galles
Sourire à un Sequin

L’était fou amoureux
De la gente Pétronille
La maitresse aux grands yeux
De l’école pour filles

« O mamours, ô mildiou !
Chantait-il malhabile,
Pour toi, je fais la roue
Mon cœur s’automobile ! »

Pour un mot de sa douce
Il décrochait le ciel
Le trempait dans la mousse
Le saupoudrait de miel

« Comme toi, y’en a qu’une !
O reine de ma ruche ! »
Puis il gonflait la lune
En ballon de baudruche

Il faisait mille pirouettes
Il faisant tant le pitre !
Pour la pieuse à lunettes :
L’humour point au chapitre !

- J’épouse Pierrot Goudru
Notaire du village
Répondait son élue
Dans un sourire volage
S’il est très terre à terre
Et pas toujours aimable
Il a un bon salaire
A porter sur la table

- Mon adorée dorade !
Répondait l’Arlequin
Vois-moi, comme je vis bien !
Ce n’est pas la famine
Avec un seul Écu
Je ne fais pas grise mine
Et quand je suis malade :
Il y a la sécu !

Un mari assisté
Intermittent du spectacle
Vivant de charité
A la cour des miracles :
C’est trop de liberté
Pour notre belle pudique
Qui rêve nécessité,
Craint l’opinion publique

Elle lui répond de go
Malmenant son égo :
« Une vie d’ASSEDIC
De minima sociaux !
De payer des Agios
Ça n’a rien de ludique
Descend de la lune
Trouve donc un vrai travail
Et gagne de la tune
Pour assurer la graille ! »

Mais ainsi, la Vestale
Des temps matérialistes
Tomba du piédestal
De notre idéaliste

Arlequin aux abois
Alla se consoler
Près d’un joli minois :
Colombine l’esseulée

Il l’épousa en juin
En habits de brocarts
Juste à temps, car a point
Un polichinelle au tiroir

Ils vécurent fort heureux
En pays d’Avignon
Un jour faste, un jour creux
Partageant le quignon

Quant à la Pétronille
Elle eut une vie austère
Regrettant son beau drille
A ses heures solitaires

Goudru était goujat
Doublé d’un vrai tocard
Partout la cocufia
Dans le pays du Gard

« Meuh ! On m’a prévenue »
Meuglait l’ex-égérie
Devenue bête cornue
Et plus jamais chérie

Morale de cette histoire
Si j’ose vous abreuver
De morale péremptoire
Mille fois éprouvée :

Pour vivre dans l’aisance
Épousez un faraud
Des cornes d’abondance
Vous presseront le dos

Pour un mariage d’amour
Épousez un farceur
Qui ne manque d’humour
Ne manquera de cœur !

Posté le : 23/08/2015 17:42
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Re: Défi "harlequinade" du 22 août 2015
Plume d'Or
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Bravo EXEM !
Certes, tu n'as pas rempli stricto sensu le cahier des charges, mais ce poème recèle à mon goût l'âme tourmentée d'Arlequin tel qu'on ne l'a pas officiellement raconté.
J'ai adoré.
Bye
Donald

Posté le : 23/08/2015 18:29
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Re: Défi "harlequinade" du 22 août 2015
Plume d'Or
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Cher Exem,

Tu as eu raison de nous offrir ce poème. Sois en très vivement remercié.

Comme j'ai aimé la compétition éternelle que tu nous proposes entre Arlequin et Pierrot.
J'ai hésité dans le choix du défi entre Arlequin et Pierrot. Encore une fois lirais-tu dans mes pensées?

J'ai aimé particulièrement ces deux vers :

"Tout pomponné de rouge et parfumé de larmes,
La mort est ma maitresse et le rire est mon arme."

Merci, mille fois mercu cher Exem.

Porte toi bien et rpends bien soin de toi.

Amitiés de Dijon.

Jacques

Posté le : 23/08/2015 19:26
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Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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