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Accueil >> newbb >> Défi du 18/07/15 : un monde de singes [Les Forums - Défis et concours]

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Défi du 18/07/15 : un monde de singes
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Cher Zamis,

Delphine me donne la très lourde charge du défi de la semaine. Oui, je mesure le poids de la responsabilité qui m’incombe…

Avis donc aux futurs aoutiens qui ne sont pas encore partis en vacances !
Le thème m’est inspiré par les réflexions de Donaldo sur la littérature (voir sa participation au précédent défi) et notamment son évocation du roman « la planète des singes ».
Donc le défi va être simple ;

Un monde de singes :


Vous êtes tranquillement à votre poste de travail un lundi matin lorsque soudain vous réalisez que votre collègue de bureau –dont vous aviez déjà décelé une tendance pathologique à chercher des poux sur la tête des autres – est en fait… Un chimpanzé !

(Sont admises toutes autres variations du genre : vous êtes tranquillement en train de prendre l’apéro en famille est vous réalisez que votre belle mère qui mange des cacahuètes depuis un quart d’heure n’est autre qu’un orang-outang…)


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Posté le : 17/07/2015 14:17
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Re: Défi du 18/07/15 : un monde de singes
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La vie rêvée des animaux


Robert Wilkinson, plus connu sous le pseudonyme de Magic Bob, ouvrit d’abord un œil puis le second. Nu comme un ver, seul au milieu d’un lit inconnu, il tenta de se remémorer sa nuit précédente. Dans ses souvenirs enfumés, il vit une grande blonde lui tourner le dos et commander en français un vin au nom de château. La suite disparut dans un fondu enchainé digne des pires films de John Woo.

Magic Bob, légende des services de renseignement américains, ne s’affola pas outre-mesure. Affronter des brutes soviétiques, capturer des barbus iraniens ou échapper aux triades chinoises composait son quotidien de sauveur du monde libre. En homme pragmatique, il chercha son caleçon, récupéra sa chemise et se dirigea vers la salle de bains. Après une toilette soignée, il se rhabilla lentement tout en étudiant la chambre d’hôtel où il avait passé ses douze dernières heures.

Son téléphone portable en profita pour sonner.
— Robert Wilkinson, pour vous servir, ironisa-t-il.
— Tu ne crois pas si bien dire, Bob, hurla une voix masculine au fort accent texan.
— Monsieur le Président ?
— Qui d’autre, abruti ! Tu n’as pas encore enregistré mon numéro dans ta liste de contacts ?
— Vous savez bien que ce n’est pas autorisé par la procédure de l’Agence.
— Vous êtes vraiment des fonctionnaires !

Magic Bob soupira en silence. De tous les candidats au fauteuil suprême, jamais il n’aurait misé un kopeck sur le sénateur du Texas, un fils de magouilleur issu d’une longue lignée de menteurs républicains plus prompts à jouer de la gâchette qu’à négocier en finesse.
— Que me vaut cet appel, monsieur le Président ?
— C’est la merde ici !
— Définissez le mot « merde », monsieur le Président.

Le Texan répondit par une bordée de jurons, agrémentée de qualificatifs imagés sur les préférences sexuelles de Robert Wilkinson, ponctuée à la fin par un bruyant crachat de chique.
— En gros, on a remplacé mon personnel par le zoo de New-York.
— Comment ça ?
— Quand je me suis réveillé ce matin, j’ai sonné comme d’habitude pour le service de mon petit déjeuner. Devinez qui s’est pointé !
— Danny de Vito ?
— J’ai parlé d’un zoo, pas d’un cirque ! Un peu de concentration, Bob !
— Je donne ma langue au chat.
— Vous y êtes presque ! Un canasson est entré dans ma chambre, habillé en majordome. Il a henni un bon coup avant de me proposer la carte du jour.
— Vous avez bu, hier soir ?
— Pas plus que d’habitude.
— Et votre femme ? Qu’a-t-elle dit ?
— Elle n’était pas dans le lit. Je l’ai appelé, histoire de me sentir moins bête. Devinez la suite !
— Elle est arrivée en tenue de jockey ?
— J’aurais préféré ! A sa place, j’ai vu une guenon, vêtue comme elle, avec le même collier de perles, celui offert par le Premier Ministre Grec quand on lui a racheté ses amas de pierres pour éponger ses dettes.
— Vous êtes sûr que c’était elle ?
— Elle m’a appelé par un petit nom que personne d’autre ne connait.

Magic Bob savait le Président ballot mais pas à ce point naïf. Tout le monde de l’espionnage connaissait son alias amoureux, celui dont l’affublait la mémère sophistiquée qu’il avait épousé pour la forme à deux mois de l’investiture républicaine.
— Vous êtes formel ?
— Quand même, je sais reconnaître ma femme !
— N’est ce pas juste un problème de maquillage ? Ou une descente de Botox ?
— Bob, je sais faire la différence entre ma chère et tendre au réveil et un visage de singe.
— Qu’avez-vous fait ensuite ?
— J’ai pris mon Colt 45 dans ma table de nuit et viré les animaux de ma chambre.
— Les lieux sont donc sécurisés ?
— Oui, j’ai fait comme c’est écrit dans la procédure en cas de tentative de prise d’otages ou d’attaque extra-terrestre. Ma chambre est devenue une « Panic Room » de luxe.

A entendre ces mots, Magic Bob se mit à maudire Jodie Foster et son film à la noix. Il lui fallait reprendre la main pour éviter un nouvel épisode d’Alamo en plein cœur de la capitale fédérale.
— Où en êtes-vous à présent ?
— Je suis reclus dans mes cinquante mètres carrés, prêt à défendre ma vie.
— Que font le cheval et la guenon ?
— Ils tambourinent contre ma porte. D’autres animaux semblent se joindre à eux.
— Comment ça ?
— J’entends aboyer, miauler, barrir, caqueter, j’en passe et des meilleures.
— Ne bougez-pas, j’arrive !
— J’espère bien ! Vous seul pouvez résoudre ce casse-tête.

La situation semblait compliquée mais pas forcément désespérée. Dans sa longue carrière au service de l’Oncle Sam, Magic Bob avait débrouillé des affaires nettement plus ardues où des imbroglios politiques se mêlaient à des histoires de fesses, amplifiées par des considérations géopolitiques et la vive concurrence entre officines fédérales. Il enfila sa veste, vérifia le cran de sûreté de son automatique et sortit de la pièce.

Le couloir était dépeuplé, signe de l’accalmie avant la tempête. Magic Bob se dirigea vers l’ascenseur, appuya sur le bouton d’appel et attendit patiemment. Le temps lui sembla quantique, entre passé et présent. Il essaya de rassembler ses pensées, de balayer d’un revers logique les contradictions d’une situation anormale. Son cerveau entrainé reprit rapidement le dessus.

La cabine ouvrit finalement ses portes, livrant son luxueux décor agrémenté d’une musique d’ambiance à la saveur sonore d’une guimauve d’antan. Magic Bob en conclut qu’il avait du choisir cet hôtel non pour son esthétique mais parce qu’il se trouvait à une distance raisonnable de son dernier lieu de débauche. Il tenta une dernière fois de se souvenir de la veille, en vain. Le voyage vertical dura une éternité. Enfin, il arriva à destination, à l’étage supposé de la réception.

Magic Bob sortit d’un pas décidé. La réalité le rattrapa vite, du moins dans sa nouvelle version, un cauchemar proche du récit présidentiel. Dans le vaste hall d’entrée, se tenait une ménagerie polymorphe où les bovidés côtoyaient la race porcine, où le personnel d’accueil affichait une dentition chevaline et parlait en s’ébrouant constamment. Magic Bob serra la crosse de son arme allemande dans le but évident de se rassurer. Sa moitié cartésienne lui commanda de marcher vers la station de taxis sans prêter d’attention au spectacle animalier. Il s’exécuta sans demander son reste.

Une voiture stationnait en tête de la file. Magic Bob ouvrit la portière arrière gauche, s’assit sur la banquette et indiqua le chemin au gros type assis au volant.
— La Maison-Blanche et vite !
— On est parti, répondit le chauffeur dans un concert de grognements.

Magic Bob sursauta. Il regarda dans le rétroviseur et constata avec effroi la nature première de son conducteur de fortune. « Un grizzli, il a fallu que ça tombe sur moi ! » cria-t-il en silence. Néanmoins, il choisit de ne pas s’affoler, de se comporter normalement et de prendre son mal en patience.
— Vous êtes de passage dans la capitale ? C’est le meilleur moment, précisa le chauffeur.
— Oui, je viens voir un de mes amis qui travaille à la Maison-Blanche, répondit Magic Bob, étonné d’engager la conversation avec un plantigrade de deux mètres.

Le reste du trajet se résuma à une discussion cordiale sur des sujets inintéressants au possible comme seuls les touristes peuvent en supporter. Une fois sur place, Magic Bob paya sa course, laissant un pourboire pharaonique à l’ursidé majeur, puis se rua sur le poste de garde.
— Robert Wilkinson, dit-il en présentant son badge officiel de l’agence en trois lettres qui faisait fantasmer les journalistes en mal de sensations. Je dois joindre le PC de sécurité en urgence.
— Je dois avoir une raison, répliqua le planton, une sorte de chien de chasse à grandes oreilles.
— Demande du Président !
— Tout le monde me sert la même excuse pour resquiller.
— Appelez votre supérieur hiérarchique et aboyez lui mon nom !

Le garde s’exécuta. Magic Bob entendit des aboiements à l’autre bout de la ligne. Visiblement, son identité fonctionna comme un sésame car une doublette de bergers allemands vint le chercher, vérifia son accréditation puis l’invita à les suivre dans les locaux de la protection rapprochée. Une fois sur place, il passa les épreuves usuelles destinées à confirmer ses autorisations puis se dirigea vers l’antichambre de la résidence présidentielle.

Une guenon, fort agitée, l’attendait au milieu d’une multitude d’équidés et de molosses canins.
— Ah, enfin, vous êtes là, Robert, couina-t-elle. Dieu soit loué ! Mon mari n’en fait qu’à sa tête. Figurez-vous qu’il ne veut pas m’ouvrir, qu’il me traite de Cheeta et menace de tirer dans le tas.
— Une raison particulière à ce comportement, Madame ?
— Je ne crois pas. Hier soir, il a diné seul dans sa chambre, prétextant un match de football qu’il ne voulait pas rater pour tout l’or du monde.
— Vous n’étiez pas là ?
— Non, j’avais un gala de charité à Philadelphie. J’ai préféré dormir sur place et ne rentrer qu’au matin.
— Qu’a mangé le Président au diner ? Peut-être qu’il est victime d’une intoxication alimentaire.
— Je me suis renseignée. Il a mangé des plats français, envoyés par le Premier Ministre Hubert Boulon de la Visse.
— Qu’est ce que c’était, exactement ?
— De la tête de veau ravigote, des pieds de cochon et des cuisses de grenouilles.
— Tout un programme. On en a atomisé pour moins que ça.
— C’est ce que je lui répète depuis des mois mais il n’en fait qu’à sa tête, invoquant son ouverture culinaire envers nos alliés européens.
— Qu’est ce qu’il a bu avec ça ?
— Du vin de Bordeaux, quelques bières américaines et son bourbon favori.
— Un mélange détonnant.
— Rien d’exceptionnel comparé à la semaine dernière quand il a dégusté la cuisine irlandaise.

Magic Bob continua son semblant d’investigation, essayant de ne pas paraître étonné de discuter gastronomie présidentielle avec une femelle chimpanzé entourée de chevaux habillés en domestiques et de cabots équipés d’oreillette.
— Je pense en savoir assez, Madame. Permettez-moi de tenter quelque chose.
— Vous avez mon aval, Robert.
— J’ai besoin que vous et le personnel sortiez des appartements. C’est d’une importance capitale, surtout quand le mode « Panic Room » a été enclenché.
— Je comprends. Qu’allez-vous faire ?
— J’ai la confiance du président. Il m’écoutera et saura revenir à la raison.

La Première Dame s’exécuta. Magic Bob se retrouva seul dans la pièce. Il se dirigea vers la chambre présidentielle puis tapa à la porte.
— J’ai déjà dit non, il me semble, rugit une voix au fort accent texan.
— C’est Magic Bob, monsieur le Président.
— Vous avez une drôle d’intonation, Bob. Qu’est-ce qui me dit que vous n’êtes pas un agent provocateur déguisé en Magic Bob ? Vous savez, comme dans Mission Impossible.
— Primo : ce n’est pas parce que j’ai été élevé en Californie que je parle bizarrement. Tout le monde n’a pas gardé des vaches dans le ranch paternel.
— Autant pour moi. J’oubliais que monsieur Wilkinson venait de chez les évaporés, à draguer les blondes peroxydées en jouant avec son surf.
— Deuxio : Je peux vous rappeler des moments inoubliables, connus seulement de nous deux, comme notre virée dans un bordel d’Helsinki où vous dansiez nu au milieu de femmes laponnes.
— C’est bon, inutile de me raconter la suite, Bob. Je vous crois.
— Ouvrez la porte, monsieur le Président, avant que votre guenon ne rapplique avec ses bourrins et ses cabots.

Magic Bob entendit le lourd bruit des loquets de sécurité. La « Panic Room » ouvrit lentement sa porte blindée. L’agent secret retint sa respiration.
— Putain, vous m’avez blousé, cria un âne débraillé.
Magic Bob ne lui laissa pas le temps d’utiliser son Colt 45. Il maîtrisa le baudet d’un atemi vigoureux, le déposséda de son arme puis l’immobilisa au sol.
— Pourquoi vous aurais-je doublé, monsieur le Président ? C’est quand même vous qui avez une satanée tronche de bourricot.
— Elle est bonne celle là, rugit le mulet, surtout venant de la part d’un gars avec une gueule de canard géant et de grands pieds palmés.

Posté le : 18/07/2015 10:47
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Re: Défi du 18/07/15 : un monde de singes
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Ah ! Ah !

La femme du président ? un singe à collier ? le président, un vieux canasson?
C'est digne de "la ferme des animaux", tout ça !

J'aime beaucoup ta vision des choses. On se laisse emporter par l'absurde de la situation. on ne se demande même pas pourquoi les deux personnages principaux sont pétris par cette crise de conscience alors que les autres trouvent tout cela normal !!!!!

J'ai aimé ton texte où l'écriture moderne se mêle à la tradition moyenâgeuse qui veut que l'on illustre les qualités humaines par les traits que l'on prête aux animaux (voir le Roman de Renart...)

Une très belle participation !

Posté le : 18/07/2015 15:22
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Re: Défi du 18/07/15 : un monde de singes
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Chère Emma,

Je tenais avant de partir en Italie à répondre à ton défi.
Tu me fais la grâce de lire mes textes et de me donner des conseils, et aussi de les aimer, je crois.

Je me suis un peu écarté du sujet mais je suis resté parmi les singes.

J'appelle mon poème (eh oui, encore un poème!), présenté sous la forme d'une fable : "l'homme qui devient singe".


Il était une fois un magicien puissant
Dont les pouvoirs étaient vraiment ahurissants.
Il pouvait ainsi transformer tout être humain,
En l’animal souhaité, en un tour de main,
Jusqu’au jour où, atteint d’une fièvre aux méninges,
Le zozo se prit à les changer tous en singes.

Son mal ne passant pas, il resta le seul homme,
Au sein d’un peuple de singes, tous gentilshommes.
Il s’étonna de leur comportement étrange.
Ils étaient devenus de véritables anges.
L’orgueil, la jalousie les avaient tous quitté.
Les longues joutes oratoires étaient stoppées.
Quelques querelles pouvaient encore exister
Sans qu’une guerre ne puisse tant s’installer.
Ils avaient gardé des humains bien des vertus
Et de la bienveillance étaient revêtus.
Des qualités des singes ils étaient adoubés.
Ainsi leur intuition était exacerbée.
Il s’étonna qu’ils ne fassent plus de grimaces.
Dans mon mal, se dit-il, je me trouve perspicace :
Réussir de la sorte une nouvelle espèce,
Quelle gloire, pour une action à l’emporte-pièce !

Une guenon magicienne qui passait là,
Trouva ses nouveaux congénères raplapla.
Ils sont tristes sans leurs simagrées, se dit-elle.
Où sont donc passées nos relations fraternelles ?
Les grimaces font partie de notre culture.
Ils ne sont pas des nôtres et n’ont pas fière allure !
Trop c’est trop ! Il faillait mettre un terme à cela.
Elle se tortura les méninges, sans blabla,
Fit au milieu d’eux une ou deux incantations,
Et chacun retourna à ses méditations,
Dans l’espèce animale dont il était issu.

Que nous dit cette petite fable reçue.
Non ! Pas qu’il faille se torturer les méninges
Pour régler les affaires des hommes et des singes.
Ou alors peut être que dans les simagrées,
On peut prendre beaucoup, si cela vous agrée.
A moins qu’il ne faille prendre son mal en patience,
Pour qu’auprès des singes les hommes prennent audience.

In fine, c’est comme vous voulez.
Tiens, faites donc des simagrées !

Bises et amitéis depuis le lac d'Orta.

Jacques

Posté le : 18/07/2015 22:35
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Re: Défi du 18/07/15 : un monde de singes
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cher iste,

je te remercie pour ce texte qui m'a fait sourire!
C'est toujours fort savoureux de découvrir tes créations.
Je trouve que dans ce texte, tout y est déroutant mais plein d'humanité (au sens noble du terme).
J'y reviendrai pour un commentaire plus détaillé ce soir car je t'écris de mon portable et ça n'a rien d'une partie de plaisir.

Amitié et bonnes vacances en italie!

Posté le : 19/07/2015 15:42
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Re: Défi du 18/07/15 : un monde de singes
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(R)évolution

Je serre la main velue de mon collègue de bureau pour le féliciter. Il me montre ses dents jaunes et remue ses grandes oreilles en guise de satisfaction. Son regard simiesque brille entre des sourcils fournis. Ari a mis son costume en tweed pour l’occasion. Il se tient le plus droit possible mais son dos reste toujours légèrement courbé, ce qui est normal pour un chimpanzé. Cette scène aurait pu faire partie d’un film de science-fiction il y seulement dix ans.
Tout a commencé en 2015, un scientifique qui étudiait les grands singes a découvert un groupe de chimpanzés reclus dans la forêt amazonienne et qui avait évolué de façon incroyable. Ils vivaient dans un village parfaitement organisé, à l’image de nos ancêtres de l’ère néolithique. Ils devinrent capables de communiquer avec les humains grâce au langage des signes que le scientifique leur apprit. Il leur fit découvrir le mode de vie des hommes qui attisa leur curiosité naturelle. Ils demandèrent à être intégrés dans la société humaine. Ils furent d’abord embauchés dans des usines où aucune qualification n’était nécessaire. Mais cela a vite tourné à l’exploitation à outrance. On leur confiait les tâches les plus ingrates et parfois même dangereuses pour un salaire de quelques bananes. Les singes créèrent alors leur propre syndicat appelé « S.S. » pour « Solidarité Simiesque ». Il y eut un débat international sur la possibilité de leur octroyer leur propre identité. Ils eurent gain de cause grâce à Maître Goodall, petit-fils de la célèbre primatologue.
Ils obtinrent l’arrêt de l’expérimentation sur leurs semblables et firent reconnaître les martyrs de l’espace comme des héros, tels que Albert I , Gordo, Sam, Yorick, Patricia, Mike, Enos ou encore Ham. Ils sollicitèrent aussi des zoos équitables où la race humaine y serait représentée au même titre que tous les autres animaux. Après quelques indignations de l’opinion publique, l’idée fit son bonhomme de chemin. Une sorte de casting fut organisé et des individus acceptèrent de vivre en zoos, sous les yeux des autres, moyennant quelques avantages âprement négociés tels que le wifi, des repas gastronomiques, des vêtements et du matériel de marque offerts par des sponsors et surtout être exempté du programme d’échange dans le cadre de la préservation de l’espèce.
Certains chimpanzés apprirent à écrire et purent ainsi accéder à des postes de bureau. Il y a quelques mois, on me présenta Ari, un simiesque. Je n’en fus pas trop étonnée. Je l’ai écolé quelques heures. Il apprenait rapidement et était minutieux dans son travail. C’est ainsi qu’il devint un des meilleurs éléments de l’entreprise.
Et aujourd’hui, c’est l’apothéose ; le voici nommé « employé du mois ». Je n’en reviens pas. Il est vrai qu’il ne tapote pas sur son téléphone portable entre deux courriers et ne papote pas trente minutes devant la machine à café. La loi du moindre effort n’affecterait-elle que les humains ? A quand un chimpanzé PDG ? Ainsi va l’évolution… Lucy nous l’a appris…

Posté le : 20/07/2015 12:52
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Re: Défi du 18/07/15 : un monde de singes
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Ah ! ah ! bien trouvé !
En voilà une belle réflexion sur le travail en plein cœur des vaaaaaaaaaacances !
Mais pourquoi ? Pourquoi les humains travailleraient-ils alors que des animaux (évolués s'il vous plait), sont capables de faire le sale boulot à notre place...

En plus, nos collègues singes sont plus productifs et plus disciplinés...

Enfin, bon... voilà qui n'arrangera pas le chômage de masse...



Merci Couscous pour cette belle participation !



En tout cas, je suis très surprise par la vision que vous avez, les uns et les autres, de nos amis les singes : autant toi que Iste ou bien Dumont, vous mettez en avant leur côté doux et sympathique alors que des films comme "king kong" ou bien "la planète des singes" mettent l'accent sur le côté bestial et sauvage... C'est vraiment intéressant !

Posté le : 20/07/2015 15:40
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Re: Défi du 18/07/15 : un monde de singes
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Donald,
"
Ton récit m'a fait marrée jusqu'au bout. Tu n'as pas aimé "Panic room" ? Sacrée Jodie !

Quelle ménagerie ! Mais de là à transformer la first lady en guenon, c'est fort tout de même.

J'adore ton imaginaire animalière mon canard.

Grosses bises d'une dame Toucan (ben oui, avec mon grand nez !)

Couscous

Posté le : 20/07/2015 16:16
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Re: Défi du 18/07/15 : un monde de singes
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Istenozot,

J'aime l'idée que les singes soient plus pacifiques que les hommes. On n'a en effet jamais connu de guerre de singes.
Est-ce l'effet des simagrées ? Possible... il faudrait tenter d'en faire plus souvent.

Merci pour cette jolie fable et bonne vacances !

reviens-nous tout bronzée et en pleine forme.

Bises


Couscous

Posté le : 20/07/2015 16:43
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Re: Défi du 18/07/15 : un monde de singes
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Simiesque


Je t’ai longtemps prise pour une femme
Mais découvris que tu n’étais que guenon
Lorsque je te proposai de sceller nos âmes
Et que tu me dis « non » !

Lorsque tu pris nerveusement ce fruit
Que tu épluchas avec hâte
J’ai eu un doute fortuit
Sur ta vraie place au sein des primates

Ta moue m’apparut ignoble rictus
La parole un grognement bestial
Cacophonie, disgrâce et hiatus
Toute, à tes instincts, vassale


Voilà pour les gestes, reste le cœur
Qu’en cachette, j’entrepris de connaître.
Je découvris un bijou plein de candeur
Sans facéties ni fourberie. Il faut l’admettre !


Je ne te croyais qu’un vulgaire humain
Refoulant ta nature sous étoffe et linge
Mais tu te révélas un être peu commun
Qui me donna envie d’être un singe !

Posté le : 20/07/2015 19:04
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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