Après une vie et une carrière totalement cartésienne, ma vie a basculé grâce à l'écriture. Aux encres du soleil couchant, et ce pendant sept années...
Et pour la suite (et la fin...) ¡Quién sabe!
Tant qu’on écrit, on croit savoir ce que l’on tient au bout de soi-même : la lumière, l’angle, le cadrage. Et puis vient la relecture. L’image développée est là sur le papier. Je ne suis plus celui qui l’a prise mais celui qui la voit.
Seigneur ! La surprise que c’est !
Le tour que vous jouent les mots, la mise en mots. Des tours pendables ! C’est toi l’écrivain, c’est toi le pendu. Il s’agit de se dépendre. Ça s’appelle travailler. Souvent on meurt étranglé.
Elsa Triolet - La mise en mots
Fabricando fit faber est un proverbe de vérité, car il est plutôt rare qu'en poétisant dru on en devienne petit télégraphiste, voire même mannequin de haute couture...D'après Pierre Dac dixit
Et puis, ici, accrocher des rayons de lune pour venir y tremper ma plume...
( à voir, à trouver, aussi as Cavalier, Graphène, Heidi, Oxy, Ottello, On, Mortimer and Tétrao ... )
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Aux encres du soleil couchant… Plein de ressources, j’ai quitté ma fontaine. Tout cru, en amorce, sage, rinçant les rives sur mon chemin. Alors de lourds vêtements ont sondé mon dos nu. Sous la pluie, mes eaux grossies ont flotté tristement, s’engouffrant, s’embouchant, se grevant. À jamais…
Sur les hauts fonds, sur les plages, sous les ponts, j’ai repêché des bagues singulières. Mais la gangrène à noyé tous mes doigts. Mes larmes ont débordé, et traversé leur gué sur mes chagrins…
Dans mes yeux chuchotant j’ai construit un landau. Une douce barque que la mer a bercée. En pièce perdue. Puis détachée, elle prit le large…
En clapotis, en cascades, j’ai baigné sur les sciences. Dans mes bras percés de mille voix, l’acier bleuté coulait autour de Guernica. J’ai drissé haut mes voiles. Sus, à la corde. Bien pendu…
Des galets de lune ont roulé mes remords. Les vagues de mes songes écorchaient ma chevelure. J’ai coulé, dénudé, sur la traîne des algues au fond de lacs sans issues. Aux spasmes de mon visage, à toutes mes envies refluées, mon corps n’était qu’empreinte éphémère. Sur la mer…
Aujourd’hui la roue du moulin de la mort est désamorcée, elle m’avait sis, pourtant. Si belle. Rebelle.
À l’embouchure, je relève la plume. Surfe, surfe mon doux morceau d’absolu, mon aile avant qu’on ne la rogne, sous l’estran mordoré, aux encres du soleil couchant…
Cavalier