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La synergologie à découvrir
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Synergologie, une discipline scientifique de lecture du langage corporel


Pourquoi le langage corporel doit-il être un objet scientifique ?


La question se trouve posée : Est-il vraiment nécessaire de fonder une discipline autour du langage corporel ?
Car après tout, le langage corporel est abondamment observé à commencer par des disciplines déjà prestigieuses, la médecine par exemple. Le premier réflexe du médecin n'est-il pas d'observer son patient d'un point de vue corporel , le premier réflexe de l'ethnologue d'observer un peuple à travers ses diverses composantes individuelles corporelles, d'un psychologue de comprendre son client à partir de comportements corporels atypiques dont il cherche à restituer la logique….?
Bref, pourquoi faire du traitement du langage corporel, l'objet d'une discipline à part entière ?

Si le langage corporel est pris en compte par toutes les disciplines relevant des sciences humaines, aucune d'entre elles n'en n'a fait l'objet propre de sa discipline, parce que pour toutes les sciences humaines, le langage corporel sert d'appui pour parler d'autre chose. Pour le médecin le geste (au sens large) est un symptôme, pour l'ethnologue il est l'expression d'un rituel, pour le psychologue, un épiphénomène. En fait dans toutes ces disciplines, le geste n'a jamais de raison d'être pour lui-même. Parce que pour toutes les disciplines, le geste intéresse le chercheur dans sa dimension co-verbale. Il n'est intéressant que dans la mesure où il permet d'éclairer l'objet de la réflexion qui n'est jamais le geste lui-même. Or la dimension co-verbale du geste est très loin d'être la plus intéressante.

Parce que le geste n'est pas que co-verbal il est d'abord et avant tout pré-verbal, il est sept fois préverbal ( !)
1-D'un point de vue anthropologique, dans l'histoire le geste a précédé la parole. L'aire verbale (aire de Broca) est née sur le siège d'une partie de aire gestuelle. Le mot est né du geste en quelque sorte. Et en interaction le geste continue à précéder le mot. Le geste est préverbal et non conscient.
2-D'un point de vue ethnologique, tous les peuples ne bougent pas tous de la même manière. Les émotions n'ont pas partout le même statut et l'expansivité prend des formes différentes d'une culture à une autre, d'un sexe à un autre selon les cultures. C'est une deuxième dimension gestuelle pré-verbale et non consciente.
3-D'un point de vue individuel. La dynamique gestuelle de deux enfants issus de mêmes parents est différente. Ils ne bougent pas de la même façon qu'ils parlent ou ne parlent pas. Le geste est pré-verbal et non conscient.
4-Le corps précède la pensée ( !), parfois de plusieurs secondes dans l'acte de communication. Une personne peut bouger sur une chaise et se mettre en retrait bien avant de prendre effectivement conscience qu'elle n'est pas d'accord avec son interlocuteur. La pensée négative en gestation était déjà présente dans des aires infra cérébrales interconnectées avec le corps et son langage. Le geste est préverbal et préconscient
5-Le corps prépare la parole dans le geste d'engramme. Parfois le corps bouge pour faciliter l'accès à certains mots. On parle de dimension d'engramme du geste. Le geste est préverbal.
6-Le geste réflexe précède l'acte de conscience. Le réflexe s'amorce avant que nous n'ayons conscience du danger. (Exemple : lorsque nous appuyons par réflexe sur la pédale de frein de la voiture). La situation a été analysée en dehors du contrôle de notre conscience. Le geste est préverbal et préconscient
7-Le geste précède la parole dans le geste d'amorçage. Il permet à la parole de s'amorcer, moins d'une seconde avant que la personne ne parle.

C'est la septième dimension préverbale. Le geste est préverbal et préconscient
Les différentes voies préverbales du gestes permettent de comprendre que :
a. Il est possible de se comprendre sans se parler
b. Il est possible de penser sans l'aide du langage verbal
c. Si le corps se met en interaction avant que la personne n'ait la pleine conscience d'agir
Et s'il nous arrive de penser sans passer par les mots, dans ces conditions aborder l'être humain par le canal du langage corporel, pour le comprendre semble incontournable, et une réflexion entreprise sous cette forme, différente de ce que nous ont proposé les sciences humaines jusque là. L'objet autonome « langage corporel » était nécessairement susceptible de voir fonder autour de son observation, une discipline scientifique nouvelle.

La Synergologie permet de comprendre et de déchiffrer le non verbal
Les cinq premières dimensions du non verbal
L’expression « non verbal » demande à être définie précisément.
Dire qu’est non verbal ce que ne sont pas les mots revient à fabriquer une définition si floue qu’elle ne peut pas être opérationnelle.

Le non verbal peut, sans difficultés, être regroupé en cinq grandes catégories de base :
le périverbal,
le para verbal,
l’infraverbal,
le supra verbal,

le préverbal (1)
L'identification de ces catégories permet de comprendre en outre, pourquoi plutôt que penser une science du non-verbal unique, il semble plus efficace scientifiquement de penser la réalité non verbale au croisement de disciplines diverses.

Le périverbal peut être considéré comme la première dimension non verbale.
C’est l'espace et le temps dans la communication. Une discipline, la proxémique organisée autour et à partir du travail d’Edward Hall (2) en a fait son champ d'expertise à la fin des années 1960, en montrant comment les dimensions de l'espace et du temps, foncièrement culturelles structurent nos comportements à notre insu.

Le paraverbal comprend les sons produits lors des communications, le ton, le timbre, l' intonation de la voix.
Les linguistes à partir du travail sur la prosodie se sont emparés de cette dimension, qui fait partie pleinement de leur champ de compétences.

L'infraverbal comprend les codes non décodables consciemment, les odeurs, mais aussi les couleurs par exemple.
Dès que nous parlons d'effet subliminal ou que nous évoquons les "effets d'exposition" "effets d'amorçage", nous évoquons en fait l'infraverbal. Ce terrain est de plus en plus défriché par les scientifiques, d'abord parce qu'il est démontré aujourd’hui que la réalité subliminale modifie les comportements, mais plus encore parce que toutes les études récentes procédant par IRM, montrent que ce qui est perçu comme subliminal, c'est à dire non décodable consciemment, laisse pourtant des traces cérébrales dans le cerveau capable de décoder des images qui durent moins de 1/50000 de seconde (3).

Le suppraverbal comprend les signes distinctifs (montres, marques...), qui sont partie intégrante du non verbal.
Produit de choix conscients faits par l'individu, il traduisent le plus souvent sur le corps l'état des rapports sociaux, ce qui fait que cette dimension au coeur de tout travail sémiotique, éthnnologique ou anthropologique, intéresse la sociologie, la psychologie et de manière générale toutes les sciences sociales ou humaines. Des disciplines aussi pragmatiques que le marketing et la publicité ont fait des signes supraverbaux le coeur de leur expertise.

Enfin reste pour avoir fait le tour du non verbal, la dimension préverbale dont ne rendent pas vraiment compte ni l'infraverbal ni le supraverbal.
Lorsque nous sommes en interaction, le langage corporel de l’autre est décodé préalablement à ce que nous prenions la parole à l’insu même de notre conscience, et nous construisons nos interventions verbales sans nous en rendre compte, préalablement, pré-verbalement, si l'on peut dire. Ces processus de décodage du langage corporel se déroulent à l'insu de la conscience, grâce à l’action pré-verbale des neurones miroirs, centrée sur le langage corporel. Cette particularité amène à distinguer infra verbal traitant toutes les données (odeurs, couleurs, formes..) et le pré-verbal prenant assise sur le langage corporel. Le propre de la discipline synergologie est de se centrer sur les données pré-verbales. La première opération permettant de faire entrer le non verbal dans le champ scientifique consistait à produire un découpage de cette réalité en catégories opérationnelles.
Éléments annexes :
(1) Ce texte est repris de Turchet, P. (2009). Non verbal et langage corporel, entre épistémologie et heuristique. Revue de Synergologie, 1, 1.
(2) Hall E-T (1971). Le Langage silencieux, Seuil, 1971. Trad de : The Silent Language, (1959) et Hall E-T (1984). La Dimension cachée, Seuil, Trad de : The Hidden Dimension, 1966).
(3) Kirouac Gilles et Doré F.Y : Judgment of facial expressions of emotion as a function of exposure time. Perceptual and Motor skills, 57, pp.683-686. Et également parmi une abondante litérature Murphy S.T, Zajonc R.B : “Affect, cognition and awareness : Affecting priming with optimal and suboptimal stimulus exposures”. Journal of personality and Social psychology, 64, 723-739


Le langage du corps, une autre façon de communiquer !


Communication non verbale et langage non verbal
Deux expressions sont parfois considérées à tord comme des synonymes. Ce sont les expressions « communication non verbale » et « langage non verbal. ».
Car de la même manière que le langage n’est pas la communication, le langage non verbal n’est pas la communication non verbale.

Ne cherchez pas votre langage non verbal, il vous suit à la trace, comme une ombre. Il est ce qui se dégage de vous, car quoi que vous fassiez ou ne fassiez pas, que vous bougiez ou ne bougiez pas, votre langage corporel vous exprime.
Le langage corporel est riche de notre histoire et nous le véhiculons sans nous en rendre compte. C’est parce qu’il a un langage non verbal propre, grâce à lui, que vous pouvez reconnaître un proche, à sa démarche dans la brume, au loin, au milieu d’autres gens.

La communication non verbale est d’une autre nature. Elle est liée à l’interaction, à l’échange. Les gestes y prennent toute leur importance. Elle va permettre de ponctuer, renforcer, nuancer, voire même contredire ce qui sera dit par les mots.
Pour les spécialistes, le ton sur lequel les choses seront dites, sera d’ailleurs aussi de la communication non verbale, car le ton ce n’est pas les mots, le ton de la voix étant paraverbal, il est non verbal.

La distinction entre langage et communication non verbale est importante. Ne pas la faire peut conduire à des contresens. Lorsqu’il est dit par exemple, de manière très juste, reprenant la phrase célèbre de Paul Watzlawick« On ne peut pas ne pas communiquer » (1), pour formuler le fait que quoi qu’on fasse, qu’on le veuille ou non, nous envoyons des messages à nos interlocuteurs. C’est vrai…. Sauf si vous vous placez du point de vue de celui qui envoie ces messages à son « corps défendant » simplement parce qu’il est dans la lune ou plus encore parce qu’il n’a pas conscience, qu’une personne le regarde. Il a bien un langage non verbal mais ce n’est pas de la communication non verbale. Ces questions qui semblent être des questions de détail deviennent des questions de la première importance dès que l’objectif consiste à comprendre l’autre à partir de la structure de son langage corporel.

(1) En fait Paul Watzlawick aurait plutôt écrit : « La communication est une condition sine qua non de la vie humaine et de l'ordre social »
(p.7) , Une logique de la communication, 1967, Point Seuil


Comprendre le langage corporel dans la communication non verbale


Quelle est l’importance du langage non verbal ?
De drôles de chiffres circulent sur l’importance de la communication non verbale. Les plus populaires, sans doute parce qu’ils sont les premières statistiques fournies sur ce sujet, sont les chiffres d’A. Mehrabian (7% les mots, 38 % ton, timbre intonation, 55 % le langage non verbal). Mais A.Mehrabian (1970) a reconnu ensuite, face la généralisation « virale « de ce discours que ses chiffres ont été mal interprétés et qu’on leur a donné trop d’importance.

Difficile de dire d’un point de vue quantitatif, ce que représente le langage non verbal, et plutôt qu’un discours quantitatif de plus, c’est plutôt à partir d'un exemple, que nous allons raisonner :
Imaginez au loin, un ami avec qui vous voulez partager un évènement personnel heureux. Vous le voyez avancer vers vous dans le corridor. Vous lui tendez la main. Il avance la sienne. Vos regards se croisent. Il a un visage triste. En fait, vous n’avez pas vraiment cherché à repérer son émotion du momen,t mais c’est un module cérébral (neurones miroirs + cortex pariétal antérieur droit), qui l’a fait pour vous et vous a envoyé l’information consciente « Il a l’air triste » que vous prenez donc en compte. Avez-vous toujours envie de partager votre bien-être ? Non. Son regard a transformé le cours de vos pensées. Vous lui dites plutôt :
- « Tu as l’air pensif ce matin... fatigué ? »...
Un seul regard échangé a suffi à transformer le cours de vos pensées, car vous avez oublié en le regardant, l’information qui vous rendait vous, heureux.
Il vient de se passer quelque chose de beaucoup plus incroyable encore, que le fait que dans la communication 7 % du langage passe par les mots, 38 % par le ton le timbre et l’intonation de la voix et 55 % par le langage du corps.
Ici, la communication non-verbale de votre interlocuteur a totalement changé la trajectoire de vos pensées : Il vous a fait changer de sujet de conversation.

Ce phénomène se produit chaque jour. L’autre nous change alors qu’il ne nous dit rien ! et nous changeons notre interlocuteur sans le savoir. Non seulement le langage du corps donne son tempo au dialogue, mais en plus il en transforme sa teneur. Au-delà de la transmission de l’information, c’est sur la nature de l’information elle-même que le langage du corps a un impact. Dans cet exemple, le message non-verbal ne représente pas 55% de la communication, le message non-verbal transforme la teneur même des messages que s’envoient les interlocuteurs. Il transforme 100% de leur communication ! Dans l’échange, les informations envoyées et reçues sont ainsi hiérarchisées à partir de critères émotionnels. En nous traversant, les émotions nous permettent de comprendre ce qui est important. Elles peuvent transformer totalement la teneur de la communication verbale.

Pourquoi à votre avis certaines personnes sont réputées pour être celles à qui toutes les confidences sont livrées, alors que d’autres ne se voient jamais confier d’informations d’ordre personnel ? Simplement parce que certains visages, certains corps donnent confiance. Ils donnent envie de s’ouvrir. Nous sentons confusément une résonance avec ce que nous sommes. Certains ont une capacité plus grande à l’empathie. Sans le savoir ces personnes, par certaines attitudes, mouvements, micromouvements, lorsqu’ils nous regardent et communiquent avec nous, savent s’ouvrir des portes que nous aurions pu croire fermées. Ces personnes adressent à l’autre des indices corporels susceptibles de le voir s’ouvrir. Des indices corporels traducteurs de leurs émotions.

Prenons maintenant un autre exemple :
Votre employeur vous convoque dans son bureau, et contre toute attente, vous annonce qu’il vous licencie.
Dans cet exemple, les mots par ce qu’ils représentent, sont si violents qu’ils vous bouleversent. Et la communication non verbale n’est d’aucune importance. Nous pourrions dire qu’elle représente 0 % de la communication.
Le rapport entre la communication verbale et non verbale, leur importance à l’une et à l’autre, comme nous le voyons, dépend d’autres facteurs qu’une mesure quantitative issue d’une seule expérience. Elle sera très importante si vous échangez avec quelqu’un qui ne parle pas votre langue, mais par contre, le langage corporel observable, absolument inadéquat à rendre compte d’une conversation téléphonique. Ce qu’il convient de garder à l’esprit, c’est qu’en interaction le langage corporel est une composante de la communication qui l'a fait évoluer à notre insu, ce que ne font pas les mots sous cette forme, simplement parce que les mots sont toujours employés consciemment.

D’une certaine manière à son insu et au nôtre, les effets du langage corporel sont plus insidieux. Et l’oublier serait se cantonner à ne pas comprendre ce qu’est réellement la communication.
(1) Mehrabian, Albert; Wiener, Morton (1967). "Decoding of Inconsistent Communications". Journal of Personality and Social Psychology 6 (1): 109–114.


Interpréter nos émotions avec le langage des gestes


Le Langage des émotions
La synergologie entre « conscience de soi », « émotion » et « langage corporel »
La compréhension de l’être humain a été révolutionnée par les technologies de résonance magnétique, une nouvelle définition de l’esprit humain est façonnée par les scientifiques. L’esprit dans la théorie de l'esprit est ce qui permet d’avoir une conscience claire et indépendante d’exister.
La conscience de soi exprime la capacité humaine à comprendre que nous pensons différemment les uns des autres, que chacun a des pensées différentes de celles de son alter égo.

La meilleure connaissance des mécanismes cérébraux permet par ailleurs de comprendre qu’il est impossible d’être parfaitement raisonnable sans émotions. Elles nous permettent selon des critères inconscients de distinguer les choses importantes de celles qui le sont moins. Certaines choses nous émeuvent, d'autres moins, d'autres pas du tout. Le corps par ses réactions nous offre la possibilité de hiérarchiser les informations.

Si l’activité de l’esprit est située dans le cerveau et si les interactions lisibles sur le corps participent à la fabrication de la raison, le langage corporel devient la voie majeure pour lire l’activité du cerveau sur le corps et la structure du langage corporel devient l'outil qui permet d'appréhender le fonctionnement de l'esprit humain.

L'émotion est un mouvement Emotion est né du latin « émovéré », qui signifie : Se mouvoir.
Elle nait de chaque interaction et modifie quelque chose dans la configuration de notre visage et de notre corps. L’étymologie en soi donne des indications précises sur le chemin à suivre pour lire l’émotion : d’abord observer son mouvement, car l’émotion est un mouvement corporel... Derrière une émotion, il y a donc toujours un mouvement. Il est même sans doute à la base de l’émotion ! C’est ce qu’avait bien compris un grand psychologue de la fin du XIX ème siècle : William James. Il symbolisait le processus en prenant un exemple aujourd’hui devenu classique : « Si lors d’une promenade vous croisez un ours, pensez-vous d’abord à vous enfuir et prenez-vous conscience ensuite que vous avez peur ? ou bien alors, avez-vous peur et vous enfuyez-vous pour cette raison … ? » Dans ce débat, tout le vingtième siècle lui a donné tord en disant : Si nous avons peur nous nous enfuyons. Avançons que c’est d’ailleurs assez logique. Mais des recherches récentes montrent que la fuite est préalable et que c’est en courant que l'être humain prend conscience qu'il a peur de l’ours !
Ce mécanisme est au cœur même de la survie.
En voiture, il nous est tous arrivés de freiner avant même d’avoir pu analyser la nature du danger. Si nous avions dû attendre que notre «cerveau conscient », le néo-cortex intervienne, il aurait été trop tard. Ce sont des composantes émotionnelles qui ont fait le travail beaucoup plus rapidement. Entre l’émotion et le mouvement, nés de l’interaction, se déroule un véritable pas de deux, et nous entrons dans la danse dès la naissance, car l’amygdale est déjà préformée à la naissance.
Partir des mouvements du visage et du corps pour décrire l’interaction semble avoir tout son sens. Consciemment, nous mettons les mouvements du corps en relation avec des états psychiques. Ce que nous faisons lorsque nous disons « il pleure c’est donc qu’il est triste », ou « tu as vu comme il est fier, il bombe le torse», « Je voulais lui parler de ça… il a plissé le front, j’ai tout de suite arrêté », « en ce moment il se traine , il est épuisé »…
Si nous nous livrons à cet exercice de mise en relation d’états émotionnels ou psychiques avec les mouvements du visage et du corps c’est parce le cerveau se livre à cette opération. Nos mouvements, les informations que nous intégrons, les émotions que nous ressentons, sont des instances inter reliées dans notre cerveau. Une pensée, une émotion, un mouvement, ont des répercussions réelles aux deux autres niveaux. De la même manière que nous ne pouvons pas manger sans que forcément notre estomac travaille, que forcément il envoie des messages de bien-être à notre cerveau qui les décode et que nous en prenons conscience, nos états internes se modifient toujours à plusieurs niveaux simultanément.
Nous nous en rendons bien compte lorsque nous faisons du sport : le fait de marcher, nager, faire du vélo par exemple, ne sont qu’une somme de mouvements, mais ils déclenchent du bien-être et font souvent naître en cours ou juste après l’effort des pensées, des émotions d’un ordre différent de ce qu’elles étaient, avant d’entreprendre ces mouvements. Nos mouvements nous ont changés, en quelque sorte.
Longtemps nous avons cru que le cerveau pilotait le corps, lorsque nous éprouvions des émotions, mais nous savons aujourd’hui que le processus est plutôt interactif. Le corps ne fait pas que réagir aux messages envoyés par le cerveau. Il envoie, lui aussi, des messages émotionnels transitant par le tronc cérébral, à destination du cerveau. C’est si vrai que lors d’accidents, les malades empêchés d’envoyer des informations corporelles au cerveau, ressentent également moins d’émotions.
Le travail du synergologue est ainsi en quelque sorte d'observer le mouvement, de le qualifier, et lui donner du sens.

L'émotion est déterminée par des constantes non verbales
Le travail sur les émotions se heurte à une difficulté propre aux émotions elles-mêmes. Comme il suffit de regarder son interlocuteur pour s’assurer de leur présence, chacun pense savoir les décoder. Alors qu’il existe un décalage important entre nos capacités inconscientes qui sont énormes, sans limites disent certains, et nos capacités conscientes qui sont beaucoup plus limitées.
Nous nous trompons sur les émotions que nous ressentons et notre capacité à les décoder consciemment chez les autres est négligeable par rapport à ce qu’elle pourrait être. Il faut apprendre à observer.
La lecture des émotions contraint à se débarrasser d’une croyance commune : Il ne faut pas observer pour apprendre, il faut apprendre pour observer. Nous ne verrons jamais si nous ne savons pas quoi regarder. Apprendre à observer une émotion sera d’autant plus facile que nous saurons comment elle se construit.
Un souci d’efficacité nous conduira à ne pas distinguer entre des états aussi différents qu’affect, état d’âme, sentiment, pulsion, état psychique, humeur, voire même programme comportemental… et émotion !
Derrière le fait par exemple qu’un être humain soit en colère, en rage, exaspéré, agressif par exemple ou seulement irrité, des constantes générales non-verbales communes se profilent toujours. Les émotions seront donc définies à partir de leurs constantes non-verbales.
Le regroupement de constantes non-verbales communes nous permettant de fabriquer des catégories émotionnelles.
Nous commencerons tous alors à parler de la même chose.

Les émotions sont paradoxales, elles permettent de cacher nos émotions !
Le paradoxe des émotions c’est qu’elles nous permettent de cacher nos émotions ! c’est un comble. En fait, pour utiliser une métaphore, les émotions agissent à l’occasion selon le même mécanisme que les produits dopants chez les sportifs !

Que faire pour qu’un produit illicite soit rendu non décelable, lors de contrôles anti-dopants ? On le masque à l’aide d’un autre produit ! Le même phénomène a lieu avec les émotions que l’on cherche à cacher. Comment faire pour cacher une émotion ? Il s’agit simplement de plaquer sur elle une autre émotion !

Les non-dits sont petits ou gros. Mais derrière des états différents, tous les non-dits sont régis par les mêmes règles. Il y a toujours ce que nous disons d’un côté et ce que nous montrons, de l’autre côté. Ce que nous disons, traduit l’émotion à laquelle nous cherchons à faire adhérer notre auditoire en nous accompagnant du discours. Ce que nous ressentons, c’est l’émotion sous jacente, celle que nous ressentons réellement. Chaque fois que l’émotion sous jacente est de même nature que l’émotion sur jacente la personne est pleinement authentique. En revanche si l’émotion sous jacente est de nature différente de l’émotion sur jacente, il y a un décalage… et c’est la lecture de ce décalage qui va nous intéresser.

Plutôt que de parler de mensonge lorsque la relation n'est pas pleinement authentique, nous parlerons plutôt de non-dit. Pour décoder ces non-dits, il faudra préalablement se demander dans quelle attitude mentale se trouve la personne placée en situation de cacher ce qu'elle pense. La personne persuadée qu'elle est plus maligne que l'autre ne se comportera pas comme celle qui est persuadée que son mensonge va être découvert. Elles ne livreront pas les mêmes items ou plutôt pas les mêmes chaines logiques d'items, pour employer un langage synergologique. Enfin ces deux personnes ne se comporteront pas comme la personne vigilante qui communiquera le moins possible pour ne pas se désavouer.

Trois types d'attitudes mentales pour trois types de non-dits. Il ne faut pas non plus négliger le fait que la personne estimant le non-dit nécessaire trouvera un aplomb pour cacher la vérité, bien supérieur à celle qui se sent coupable de le faire. C'est pour remédier à ces difficultés méthodologiques liées à la nature de la relation humaine que la synergologie développe ses concepts autour d'une théorie de la relation.
C'est également une autre manière de dire que la synergologie ne peut pas être enfermée dans un lexique corporel strict.

Les perceptions des émotions selon les écoles
« L'émotion tout le monde sait ce dont il s'agit jusqu'au moment de la définir » J. Le Doux.

Les émotions ont un statut différent et sont abordées de façon non moins différente selon les chercheurs et les écoles qui les considèrent.
La conception d'un certain nombre d'émotions primaires ne fait pas consensus dans la communauté scientifique (Belzung, 2007). Il n'y a d'ailleurs pas de consensus sur la notion même d'émotion , ni même d'ailleurs sur celle de système limbique dans laquelle se trouveraient les émotions (Ledoux, 2005) !
C'est pour éviter d'entrer dans ce type de débat que la synergologie ne parle pas d'émotions mais d'états corporels et qu'elle qualifie huit groupes d'états corporels qualificatifs de huit grands groupes émotionnels.
Car il faut comprendre que l'émotion est d'abord un état corporel (James, 1898).

Pour certains chercheurs les émotions sont des réponses corporelles qui ont permis à la race humaine de s’adapter au cours de la vie. Darwin C (1872). Ces chercheurs se distinguent autour de deux positions : ceux pour qui les émotions sont universelles, Cf Ekman. P (1993) Eibl Eibesfeldt I (1976)....et ceux pour qui elles résultent de représentations mentales Izard (1971), Doï.T. (1988).

Pour d'autres, elles sont un construit social, des codes appris intégrés depuis l'enfance nous permettant de socialiser, communiquer ensemble, c’est la position socio-constructiviste : Brunner.J., (1991). Vygotski. L.,(1992). Fehr F.S.,( 1984).

D’autres groupes de réflexions partent d’une argumentation plus physiologiste : pour les uns les émotions sont des états mentaux résultant de la perception par le cerveau des réactions corporelles; James W (1884) (Ils rejoignent le camp universaliste) pour les autres tout part d’abord du cerveau. Cannon W.B : (1929) (Il rejoignent le camp cognitiviste autour de la théorie des représentations mentales).

Une fois posée, tranchée cette série de questions se pose une autre série de questions : la question incontournable de l’inconscient imposée par Freud dans les sciences. Est-ce que des forces inconscientes ne pourraient pas déclencher les émotions ? Zajonc. R :(1984). Mais là non plus les choses ne sont pas toutes simples car si pour certains l’inconscient est au cœur de la psyché et ne peut pas être connu, notamment Amaral et all, (1992) Scherrer(1995) LeDoux (2005) .. pour d’autres comme Magda Arnold (1960) il est possible de faire émerger à la conscience les forces inconscientes.

Nous sommes pour notre part certains qu'un consensus peut être obtenu autour de l'émotion à partir du moment où il est admis que l'émotion est fondamentalement un état corporel et qu'elle peut donc être appréhendée par l'observation.

Pour la synergologie, ce n'est pas l'émotion qui est universelle, c'est un mauvais débat, c'est l'état corporel qui la fonde.
Universellement chaque être humain connait forcément :
Un état hypertonique ou un état hypotonique
Un état à valence positive ou négative
Un état gardé pour soi ou tourné vers l'autre...
Et des items corporels peuvent très bien montrer tout ca...

Pensées binaires et émotions
Le plus souvent nos pensées sont binaires, nous choisissons ceci plutôt que cela. Sans les émotions pour guider nos choix, nous serions peut être incapables de choisir.
Nous pensons de façon binaire pour une raison pratique : nous ne pouvons pas faire deux choses en même temps. Il nous faut choisir ceci ou cela, ceci plutôt que cela, ceci avant cela ou ceci après cela... Devant le croisement de deux routes en voiture, il nous faut prendre une décision. Et nous accordons nos vies au principe de cette réalité physique. D’ailleurs, il nous est tous arrivés de penser qu’à certains carrefours de la vie : il faut choisir !

Lorsque nous faisons des gestes, nous pouvons très bien désigner deux objets ou valeurs au même endroit, mais nous avons tendance à les placer l’un à côté de l’autre, l’un plus à droite ou plus à gauche que l’autre.
Regardez les gens faire autour de vous. Ils ne vous diront jamais : « pendant nos vacances nous sommes allés à Paris et Florence » en faisant le geste exactement au même endroit.

Les émotions et les valeurs s’entrelacent. Nous hiérarchisons sans cesse entre les choses importantes et celles qui le sont moins, entre ce que nous aimons et ce que nous aimons moins, ce qui permet dans les moments cruciaux de prendre les bonnes décisions. Nous prenons nos décisions sur des critères émotionnels. Dans ce contexte, tous les mots que nous employons sont chargés émotionnellement, même les plus neutres. (Antonio Damasio parle de marqueurs somatiques. (Cf Damasio A.R. et all (1991).

L’expérience que nous avons de chaque chose se charge d’émotion. Les choses ont une saveur, non pas parce qu’elles sont poétiques mais parce que c’est une question de survie. Si nous évoquons deux choses en même temps nous faisons deux gestes dans deux endroits distincts de l’espace et privilégions, préférons une réalité par rapport à une autre.
Nous choisissons, hiérarchisons pour survivre et notre langage corporel se fait traduction dans l'espace de cette réalité.


Le langage des gestes, une communication basée sur le non verbal


Les gestes : un langage de la relation
Avez-vous remarqué que lorsque vous êtes seul(e) et que vous réfléchissez, vous ne faites pas de gestes ? Vous réservez les gestes aux situations dans lesquelles vous êtes en relation. Le geste est lié à la relation. Et en relation il a un double intérêt.

En relation, le discours verbal a tendance à être soutenu par de petits gestes qui pourraient sembler inutiles, car en théorie l'interlocuteur de celui qui parle ne les regarde pas vraiment. Mais ces petits gestes auraient disparu s'ils étaient vraiment inutiles. L'être humain ne fait rien pour rien et chaque fois qu'il dépense de l'énergie c'est pour une raison précise, la restauration d'un équilibre. Ces petits gestes en apparence anodins permettent d’aller stimuler une aire cérébrale liée à la production verbale. C'est le principe de l'homéostasie. Et relation, parce que l'échange se co-construit dans l'instantanéité du moment, que les interlocuteurs doivent se répondre sur le champ, une aire cérébrale connexe à l’AMS est stimulée, lors de la production gestuelle qui aide à trouver ses mots.

La production gestuelle permet un autre phénomène :
Inconsciemment, celui qui écoute prend en compte les gestes de celui qui parle.
Ces gestes colorent et donnent toute profondeur au discours. Si vous dites à votre interlocuteur "Le ciel est bleu" c'est l'expression de votre visage et la nature de vos gestes qui vont lui permettre de comprendre quelles sont les intentions de votre message. Vos expressions gestuelles permettent de comprendre que vous cherchez lorsque vous dites que le ciel est enfin bleu, que le ciel est encore bleu, que le ciel est bleu alors qu'il était prévu qu'il pleuve. Vos gestes associés à l'expression de votre visage expriment votre intention. Avec les gestes, les partenaires de communication se livrent les uns avec les autres à une forme d’accordage à la fois affectif et cognitif.

Les gestes apportent parfois des informations supplémentaires et permettent de densifier la relation. D'ailleurs, sans cela d'un point de vue ontogénétique, ils auraient disparu à l'apparition des mots, ce qu'ils n'ont pas fait. C’est sans doute là une des questions les plus fascinantes auxquelles se trouve confrontée toute réflexion sur le non verbal. Au moment où nous nous attendions à voir disparaitre les gestes, parce que les mots les remplaçaient, ils se sont mis au contraire à proliférer. Les grands gestes décrivant les choses remplacées par une multitude de petits gestes permettant de nuancer les mots et de faire passer un certain nombre d’états d’être. D'un point de vue plus technique, de multiples catégories de gestes sont apparues, des attitudes conscientes, mi conscientes, non conscientes, comprenant des gestes figuratifs, projectifs, symboliques, d’engramme.
Mais surtout le geste qui servait jusque là de support informationnel à la communication, en est devenu un support relationnel.



























Posté le : 12/12/2013 16:46
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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