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#291 François Billetdoux
Loriane Posté le : 06/09/2014 23:30
Le 7 Septembre 1927 à Paris naît François Billetdoux

auteur dramatique et romancier français. Il est l'un des initiateurs du nouveau théâtre ; ses œuvres décrivent le monde avec un humour féroce teinté de burlesque qui tourne parfois à l'humour noir.;Il meurt à Paris le 26 Novembre 1991

En bref

Élève de l'I.D.H.E.C., producteur de radio, comédien, romancier, Brouillon d'un bourgeois, 1961, il élabore un théâtre de l'insolite, de l'ironie et de l'incommunicabilité Tchin-Tchin, 1959 ; Va donc chez Törpe, 1961 ; Comment va le monde, Môssieu ? Il tourne, Môssieu !, western métaphysique, 1964.
Il faut passer par les nuages 1964, satire de la bourgeoisie, évoque la recherche d'une chaleur intime, absente du monde, de même que ses tentatives audiovisuelles Pitchi Poi, 1967 ; Radio-Solitude en Cévennes, 1976 ou dramatiques la Nostalgie, camarade, 1974 ; Réveille-toi Philadelphie, 1988, sorte d'autobiographie spirituelle à l'humour métaphysique.

Sa vie

Né à Paris en 1927, François Billetdoux fut un élève de Charles Dullin et suivit les cours de l'Institut des hautes études cinématographiques avant de travailler, à partir de 1946, à la Radiodiffusion française. Dans l'univers confus du théâtre de l'après-guerre, son œuvre bouscule les règles sans pour autant brouiller le jeu. Dès À la nuit, la nuit en 1955, créé au théâtre de l'Œuvre, cette surprise nous déséquilibre. On ne sait trop sur quel pied danser.
Tant de légèreté, et tant de mélancolie. Tant de bizarrerie au cœur de la vie. Et puis, brusquement, le voilà sombre, douloureux, les larmes aux yeux, tout à la peine immense et secrète des hommes. Et c'est Tchin-tchin en 1959, qui amorce l'ascension avec le sourire aigu, énigmatique, désespéré de Catherine Renn. Expérimentateur né, alchimiste du langage, et pesant toutes les ambiguïtés sur ses balances.
Au nihilisme de Beckett, à la noirceur complaisante d'Anouilh, Billetdoux oppose un humanisme désarmé, ironique, qu'une vague espérance éclaire. En vérité, il ne se désole pas : il s'étonne. Ces étonnements que l'humour, point grinçant, presque tendre, prolonge firent le triomphe de Va donc chez Törpe, au Studio des Champs-Élysées en 1961. Et les malentendus commencent.
Ils s'accentueront avec Comment va le monde, Môssieu ? Il tourne, Môssieu ! 1964, au théâtre de l'Ambigu, et Il faut passer par les nuages, 1964, au Théâtre de France. Tout, ici, est affaire de musique intérieure, de rythme intime, allant parfois jusqu'à l'élaboration de paroles sans écriture, comme dans Rintru pa trou tar, hin, 1971. Billetdoux, en effet, est musicien, musicien avec des mots comme il aurait pu l'être avec des notes.
Mais ce n'était déjà plus l'époque, ce qui explique, sans doute, le succès mitigé de Ai-je dit que je suis bossu ? 1980. Il se tut longtemps, comme si quelque chose entre lui et le public s'était rompu.
Avec Réveille-toi Philadelphie, 1988, mis en scène par Lavelli au théâtre de la Colline, et la publication de son théâtre complet, le fil s'était renoué. Le charme doux amer, et qui est celui des âmes en peine, marque à tout jamais le théâtre de Billetdoux, nous disant en mineur que les hommes et les choses, les passions et les haines, les amours vaincues s'estompent dans le temps, ne laissant en chacun qu'un regret infini.

François Billetdoux Paris, 7 septembre 1927 - Paris, 26 novembre 1991 est un auteur dramatique et romancier français. Il est l'un des initiateurs du nouveau théâtre ; ses œuvres décrivent le monde avec un humour féroce teinté de burlesque qui tourne parfois à l'humour noir.

Cofondateur de la SCAM, il est le créateur du néologisme multimédia.

Il est le père de l'actrice Virginie Billetdoux et de l'écrivain Raphaële Billetdoux.

Théâtre

À la nuit la nuit 1955
Le comportement des époux Bredburry 1955
Tchin-Tchin 1959
Va donc chez Thorpe 1961
Comment va le monde, Môssieu Il tourne, Môssieu 1964
Il faut passer par les nuages 1966
Silence, l'arbre remue encore 1967
1969 : 7 + quoi ?, théâtre du Gymnase
Femmes Parallèles 1970 :
Rintru pa trou tar, hin 1971
Les Veuves 1972
La Nostalgie, camarade 1974
Ai-je dit que je suis bossu ?1980
Réveille-toi, Philadelphie 1988

Romans

L'Animal 1955
Royal garden blues 1957
Brouillon d'un bourgeois 1961

Comédien

1959 : Tchin-Tchin de François Billetdoux, mise en scène François Darbon, Poche Montparnasse
1961 : Va donc chez Thorpe de François Billetdoux, mise en scène Antoine Bourseiller, Studio des Champs-Élysées
1971 : Rintru pa trou tar hin ! de François Billetdoux, mise en scène Serge Peyrat, théâtre de la Ville

Metteur en scène

1955 : Au jour le jour de Jean Cosmos, théâtre de l'Œuvre
1955 : À la nuit la nuit de François Billetdoux, théâtre de l'Œuvre
1960 : Le Comportement des époux Bredburry de François Billetdoux, théâtre des Mathurins
1964 : Comment va le monde, Môssieu ? Il tourne, Môssieu de François Billetdoux, théâtre de l'Ambigu

Remarque

Femmes parallèles est en fait composé de trois monologues Léonore, Anatolie et Julie Mad ; la pièce a été créée sous ce nom à la Comédie française le 2 novembre 1970. Ces trois textes sont réunis avec Bagage, Gnagna, Machin-tout-court, Pilaf et Ai-je dit que je suis bossu ? dans un recueil intitulé Monologues paru chez Actes Sud.

Fonds d'études

Les archives de François Billetdoux, notes préparatoires, versions successives des œuvres, repentirs, ont été données par son épouse au département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France

Prix

1989 : Grand Prix du Théâtre de l’Académie Française

Liens
http://youtu.be/t6AhzuHkz8Y Le comportement des époux Bredburry


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[img width=600]http://www.regietheatrale.com/index/index/thematiques/auteurs/Billetdoux/photos-billetdoux/billetdoux(3).jpg[/img]

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#292 Tristan Bernard
Loriane Posté le : 06/09/2014 23:28
Le 7 septembre 1866, à Besançon naît Tristan Bernard,

de son vrai nom Paul Bernard, romancier et auteur dramatique français. Il est célèbre pour ses mots d'esprit. Il aurait inventé le jeu des petits chevaux, il meurt à Paris le 7 décembre 1947, à l'âge de 81 ans, il est inhumé au cimetière de Passy,

En Bref

Bernard Paul, dit tristan est un Humoriste français, romancier et dramaturge. Avocat puis industriel, il fait ses débuts littéraires à la Revue blanche en 1891, il change alors son prénom, tout en prenant la direction du Vélodrome Buffalo. Après quelques collaborations, avec Pierre Veber et Jules Renard notamment, ce dilettante, sportif et bohème, s'impose comme romancier, Mémoires d'un jeune homme rangé, 1899 ; Amants et voleurs, 1905, comme chroniqueur humoriste, Contes de Pantruche et d'ailleurs, 1898, et surtout comme auteur dramatique, plus d'une centaine de pièces de 1895 à 1941, excellant dans tous les registres comiques, du vaudeville à la comédie de mœurs, les Pieds Nickelés, 1895 ; l'Anglais tel qu'on le parle, 1899 ; Triplepatte, 1905 ; Monsieur Codomat, 1907 ; les Jumeaux de Brighton, 1908 ; le Petit Café, 1911 ; le Sexe fort, 1917 ; Ce que l'on dit aux femmes, 1922.... Son humour et sa causticité font de lui l'une des incarnations de l'esprit parisien et boulevardier. Beaucoup de ses œuvres furent adaptées au cinéma dans l'entre-deux guerres.

Sa vie

Fils d'architecte, il quitte Besançon pour Paris à l'âge de quatorze ans et fait ses études au lycée Condorcet, puis à la faculté de Droit. Il entame une carrière d'avocat, pour se tourner ensuite vers les affaires et prendre la direction d'une usine d'aluminium à Creil.
Son goût pour le sport le conduit aussi à prendre la direction d'un vélodrome à Neuilly-sur-Seine.
En 1891, alors qu'il commence à collaborer à La Revue Blanche, il prend pour pseudonyme Tristan, le nom d'un cheval sur lequel il avait misé avec succès aux courses.
En 1894, il publie son premier roman, Vous m'en direz tant !, et l'année suivante sa première pièce, Les Pieds nickelés.
Proche de Léon Blum, Jules Renard, Marcel Pagnol, Lucien Guitry et de bien d'autres artistes, Tristan Bernard se fait connaître pour ses jeux de mots, ses romans et ses pièces, ainsi que pour ses mots croisés.
Il contribue en 1917 par quelques articles aux débuts du Canard enchaîné. Il préside les banquets pour les numéros-anniversaires du journal en 1931 et 1934.
Il a rajouté une strophe aux Stances à Marquise2 de Pierre Corneille, reprises en chanson par Georges Brassens :

" Peut-être que je serai vieille,
Répond Marquise, cependant
J'ai vingt-six ans, mon vieux Corneille,
Et je t'emmerde en attendant"

Ami de Jules Renard, d'Alphonse Allais, de Courteline, de Lucien et Sacha Guitry, Tristan Bernard fait partie de ces figures qui ont marqué la vie parisienne durant toute la première moitié du XXe siècle.
Plus que par son œuvre, qui a remporté cependant un grand succès en son temps, il est connu par ses bons mots.
On ne relit sans doute plus guère Tristan Bernard, mais il n'est pas un dictionnaire d'aphorismes ou de citations dans lequel il ne soit cité maintes fois.
Fils d'architecte, Tristan Bernard, de son vrai nom Paul Bernard, fait d'abord des études de droit.
Il passe sa licence puis dirige une fabrique d'objets en aluminium. Il s'aperçoit bien vite qu'il est plus attiré par les lettres et renonce à sa carrière commerciale. Il faut noter cependant que passionné de vélo, il devient directeur du vélodrome Buffalo à Paris.
Il publie ses premiers textes en 1894 dans la Revue blanche.
Puis, en collaboration avec d'autres auteurs, parmi lesquels Renard et Courteline, X, roman impromptu 1896. Romancier abondant, il publie notamment Mémoires d'un jeune homme rangé 1899 et Un mari pacifique 1901, récits bonhommes et ironiques, empreints d'une verve très boulevardière.
C'est du reste au théâtre que Tristan Bernard connaît de véritables triomphes.
Il écrit sans autre prétention que le succès public. Selon lui, le théâtre est régi par des lois, mais ces lois, nous ne les connaissons pas. Il ne faut donc chercher chez Tristan Bernard que ce qu'il nous donne : une peinture amusée de personnages frivoles ou légèrement veules.
Ainsi sa comédie la plus célèbre, Triplepatte 1906, qui est la peinture d'un indécis. Il faut citer aussi Les Pieds Nickelés 1894, L'anglais tel qu'on le parle 1899, Le Petit Café 1911, Les Petites Curieuses 1920 et Que le monde est petit 1930.

L'indulgence sans illusion de Tristan Bernard se trouve assez bien résumée par un de ses mots, qui force l'admiration, lorsqu'il a été arrêté pendant la dernière guerre en tant que juif.
Pendant l'Occupation, presque octogénaire, menacé en raison de ses origines juives, il est arrêté à Nice et déporté au camp de Drancy; à son départ pour le camp, il a pour sa femme cette phrase :
L'indulgence sans illusion de Tristan Bernard se trouve assez bien résumée par un de ses mots, qui force l'admiration, lorsqu'il a été arrêté pendant la dernière guerre en tant que juif:
"Jusqu'à présent nous vivions dans l'angoisse, désormais, nous vivrons dans l'espoir."
Il est libéré trois semaines plus tard grâce à l'intervention de Sacha Guitry et de l'actrice Arletty.
Il refuse une première fois sa libération, ne voulant pas laisser sa femme, Mamita ; ils sortent finalement tous les deux quelques jours après. Son petit-fils, François, déporté à Mauthausen, n'en revient pas ; Tristan Bernard ne se remettra jamais de cette disparition.

Tristan Bernard a trois fils. Le premier, Jean-Jacques, est un auteur dramatique, promoteur du théâtre du silence, Martine, qui témoigna également sur l'univers concentrationnaire :" Le Camp de la mort lente, Le Pain rouge".
Le deuxième, Raymond, est un grand réalisateur de cinéma, avec notamment Les Misérables, première version cinématographique en noir et blanc.
Le troisième, Étienne, est professeur de médecine, phtisiologue, et contribue à la diffusion du BCG.
Tristan Bernard est par ailleurs le beau-frère du dramaturge Pierre Veber et de Paul Strauss, sénateur de Paris.

Il est l'oncle du journaliste et scénariste Pierre-Gilles Veber et du scénariste Serge Veber, le grand-oncle du cinéaste Francis Veber et l'arrière-grand-oncle de l'écrivaine Sophie Audouin-Mamikonian.

Mots d'esprit

Caricature publiée dans Les Hommes du jour 1911.
À propos de l'invasion allemande pendant la Seconde Guerre mondiale :
En 1914, on disait on les aura, eh bien maintenant, on les a.
Comme c'est triste d'avoir si peu d'occupation dans un pays si occupé.
Tous les comptes sont bloqués, tous les Bloch, prononcer Bloc sont comptés.
À sa femme : Jusqu'à présent nous vivions dans l'angoisse, désormais, nous vivrons dans l'espoir.
À son départ pour le camp de déportation,
- De quoi avez-vous besoin M. Tristan Bernard ?
- D'un cache-nez.
La mort, c'est la fin d'un monologue.
Il vaut mieux ne pas réfléchir du tout que de ne pas réfléchir assez.
Tristan Bernard est également connu pour ses grilles de mots croisés, pleines d'esprit et de malice ; toutefois, contrairement à une idée reçue, ce n'est pas à lui que l'on doit cette définition en 8 lettres, Vide les baignoires et remplit les lavabos entracte, mais à Renée David.

Principales publications

Vous m'en direz tant !, avec Pierre Veber 1894;
X..., roman impromptu, avec George Auriol, Georges Courteline, Jules Renard, Pierre Veber 1895;
Contes de Pantruche et d'ailleurs 1897;
Sous toutes réserves 1898;
Mémoires d'un jeune homme rangé, roman 1899;
Un Mari pacifique, roman 1901;
Amants et voleurs 1905;
Citoyens, animaux, phénomènes 1905;
Deux Amateurs de femmes 1908;
Secrets d'État 1908;
Auteurs, acteurs, spectateurs 1909;
Le Roman d'un mois d'été 1909;
Les Veillées du chauffeur, contes, essais, récits de voyages 1909;
Nicolas Bergère, joies et déconvenues d'un jeune boxeur 1911;
Sur les Grands Chemins 1911;
Mathilde et ses mitaines, roman 1912;
Le Poil, organe en principe hebdomadaire des réserves de l'armée inactive, hebdomadaire 1915;
Souvenirs épars d'un ancien cavalier 1917;
Le Lion, cours texte dans l'hebdomadaire Le Canard Enchainé 1918;
Le Taxi fantôme 1919;
L'Enfant prodigue du Vésinet, roman 1921;
Le Jeu de massacre 1922;
Tableau de la boxe 1922;
Corinne et Corentin. Roman de mœurs et d'aventures à portée sociale intermittente 1923;
L'Affaire Larcier, roman 1924;
Féerie bourgeoise, roman 1924;
Autour du ring : tableau de la boxe 1925;
Mots-croisés, cinquante problèmes 1925;
Les Moyens du bord, roman 1927;
Le Voyage imprévu, roman 1928;
Hirondelles de plages, roman 1929;
Nouveau recueil de cinquante problèmes de mots croisés 1930;
Les Parents paresseux 1932;
Paris secret, roman 1933;
Aux abois, roman 1933;
Voyageons 1933;
Visites nocturnes, roman 1934;
Compagnon du Tour de France 1935;
Robins des bois, roman 1935;
60 années de lyrisme intermittent 1945, dont il offrit un exemplaire à Sacha Guitry avec cet envoi : "A mon vieil ami Sacha...qui m'a tiré - je ne l'oublierai jamais - des griffes allemandes. Tendrement". n°118 du catalogue de la vente de la bibliothèque Sacha Guitry, 25/03/1976 - arch.pers.;
Nouveaux mots croisés, avec la collaboration posthume de Jean de La Fontaine 1946
Vanille pistache, histoires choisies, illustration de Paul Georges Klein, avec un portrait de l'auteur par Henri de Toulouse-Lautrec, préface de Léon Blum 1947

Théâtre

Les Pieds nickelés, comédie en 1 acte, Paris, Théâtre de l'Œuvre, 15 mars 1895;
Allez, messieurs ! pièce en 1 acte, Paris, Théâtre de l'Odéon, 13 janvier 1897;
Le Fardeau de la liberté, comédie en 1 acte, Paris, Théâtre de l'Œuvre, 15 mai 1897;
Franches Lippées, comédie en 1 acte, Paris, Théâtre du Champ-de-Foire, 6 mars 1898;
Silvérie, ou les Fonds hollandais, pièce en un acte, en collaboration avec Alphonse Allais, Paris, Théâtre des Capucines, 19 mai 1898;
Le Seul Bandit du village, vaudeville en 1 acte, Paris, Théâtre des Capucines, 10 novembre 1898;
Une aimable lingère, ou Chaque âge a ses plaisirs, proverbe de château, Paris, Théâtre des Mathurins, 26 janvier 1899;
L'Anglais tel qu'on le parle, vaudeville en 1 acte, Paris, Comédie-Parisienne, 28 février 1899;
Octave ou les Projets d'un mari, comédie en 1 acte, Paris, Grand-Guignol, 6 novembre 1899;
La Mariée du Touring-Club, vaudeville en 4 actes, Paris, Théâtre de l'Athénée, 8 décembre 1899;
Un négociant de Besançon, comédie en un acte, Paris, Théâtre des Mathurins, 25 février 1900;
L'Affaire Mathieu, pièce en 3 actes, Paris, Théâtre du Palais-Royal, 24 octobre 1901;
Daisy, comédie en 1 acte, Paris, Théâtre de la Renaissance, 13 mai 1902;
Les Coteaux du Médoc, comédie en un acte, Paris, Théâtre du Vaudeville, 2 décembre 1903;
Le Captif, comédie en 1 acte, Paris, Théâtre des Mathurins, 9 février 1904;
Triplepatte, comédie en 5 actes, avec André Godfernaux, Paris, Théâtre de l'Athénée, 30 novembre 1905;
La Peau de l'ours, 1 acte, Paris, Théâtre de l'Athénée, 2 février 1907;
Sa Sœur, pièce en 3 actes, Paris, Théâtre de l'Athénée, 7 février 1907;
La Cabotine, pièce en 3 actes, avec Alfred Athys, Paris, Théâtre des Nouveautés, 2 octobre 1907;
Monsieur Codomat, comédie en trois actes, Paris, Théâtre Antoine, 17 octobre 1907;
Les Jumeaux de Brighton, pièce en 3 actes et 1 prologue, Paris, Théâtre Femina, 16 mars 1908;
Le Poulailler, comédie en trois actes, Paris, Théâtre Michel, 3 décembre 1908;
Le Danseur inconnu, comédie en 3 actes, Paris, Théâtre de l'Athénée, 29 décembre 1909
Le Peintre exigeant, Paris, Comédie-Française, 21 février 1910;
Le Costaud des Épinettes, comédie en 3 actes, avec Alfred Athis [Natanson], Paris, Théâtre du Vaudeville, 14 avril 1910;
L'Incident du 7 avril, comédie en 1 acte, Paris, Théâtre de l'Athénée, 20 mai 1911;
Le Petit Café, comédie en 3 actes, Paris, Théâtre du Palais-Royal, 12 octobre 1911;
L'Accord parfait, comédie en 3 actes, avec Michel Corday, Paris, Théâtre Femina, 25 novembre 1911;
On naît esclave, pièce en 3 actes, avec Jean Schlumberger, Paris, Théâtre du Vaudeville, 4 avril 1912;
Les Phares Soubigou, comédie en 3 actes, Paris, Comédie Royale, 4 décembre 1912;
La Gloire ambulancière, comédie en 1 acte, Paris, Comédie des Champs-Élysées, 10 mai 1913;
Les Deux Canards, pièce en 3 actes, avec Alfred Athis, Paris, Théâtre du Palais-Royal, 3 décembre 1913;
Jeanne Doré, pièce en 5 actes et 7 tableaux, Paris, Théâtre Sarah-Bernhardt, 16 décembre 1913;
La Crise ministérielle, comédie en un acte, Paris, Comédie des Champs-Élysées, 5 mars 1914;
Du vin dans son eau, ou l'Impôt sur le revenu, comédie en 1 acte, Paris, Comédie des Champs-Élysées, 5 mars 1914;
Le Prince charmant, comédie en 3 actes, Paris, Comédie-Française, 12 juillet 1914;
L'École du piston, comédie en 1 acte, Paris, Théâtre Antoine, juin 1916;
Le Sexe fort, pièce en trois actes, Paris, Théâtre du Gymnase, 12 avril 1917;
Les Petites Curieuses, pièce en 3 actes, Paris, Théâtre des Boulevards, 1920;
Cœur de lilas avec Charles-Henry Hirsch, mise en scène André Brulé, Théâtre de Paris, 5 mars 1921;
My Love... Mon Amour, comédie en 4 actes, Paris, Théâtre Marigny, 3 février 1922;
Ce que l'on dit aux femmes, Théâtre des Capucines Mai 1922;
Les Plaisirs du dimanche, comédie en 1 acte, Paris, Sporting Club, 31 mars 1925;
L'École des quinquagénaires, comédie en un acte, en vers, Paris, Comédie-Française, 18 avril 1925;
Un perdreau de l'année, comédie en 3 actes, Paris, Théâtre Michel, 24 avril 1926
Jules, Juliette et Julien, ou l'École du sentiment, comédie en 3 actes et un prologue, Paris, Théâtre de l'Œuvre, 10 mai 1929;
L'École des charlatans, pièce en 4 actes, avec Albert Centurier, Paris, Théâtre de l'Odéon, 1er avril 1930;
Langevin père et fils, comédie en cinq actes, Paris, Théâtre des Nouveautés, 15 mai 1930
Un ami d'Argentine, pièce en 4 actes, avec Max Maurey, Paris, Théâtre de l'Athénée, 5 novembre 1930;
Le Sauvage, comédie en quatre actes, Paris, Théâtre Tristan-Bernard, 19 février 1931;
La Partie de bridge, pièce en un acte, Paris, Théâtre de la Michodière, 24 avril 1937;
La Petite Femme de Loth, pièce de théâtre;
Théâtre pièces réunies
Théâtre 8 volumes, 1908-1939;
Théâtre sans directeur 1930;
Sketches:

Le Narcotique. La Morale et le Hasard. Révélation. Expédition nocturne. La Maison du crime. Une opération magistrale. Le Triomphe de la science. Le Coup de Cyrano. Un mystère sans importance, Radio-Paris, 1930.

Hommages

Un buste de Paul Bernard dit Tristan Bernard, œuvre de Josette Hébert-Coëffin 1906 - 1973 est situé sur la Place Tristan-Bernard 17e arrondissement de Paris.

Liens

http://youtu.be/bibhJjpuvkw La discrète
http://youtu.be/x2XFqvReRLM Un jeune homme rangé
http://youtu.be/AosYCGlTuiE Au café de Flore
http://youtu.be/wz5zgE8fObk Sans tambour ni trompette


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[img width=600]http://www.artvalue.fr/image.aspx?PHOTO_ID=3699802&width=500&height=500[/img]

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#293 Tristan L'Hermitte
Loriane Posté le : 06/09/2014 22:48
Le 7 septembre 1655, à Paris, meurt François L'Hermite, sieur du Soliers,

dit Tristan L'Hermite
,


né en 1601 à Janaillat aujourd'hui département de la Creuse au château de Soliers, dans la Marche, poète et dramaturge français du mouvement baroque et libertinage il écrit aussi des romans historiques. Il occupa le fauteuil 17 de l'Académie française de 1649 à 1655.

En bref

Poète de l'amour, de la nuit et de la nature, il s'illustra au théâtre avec des tragédies, dont le succès balança celui du Cid. Les déchirements de l'amour et de la jalousie y sont rendus d'une manière déjà racinienne, grâce à un style homogène, dépouillé et soutenu. La Mort de Sénèque et la Mort du grand Osman racontent l'histoire de deux conspirations qui se referment sur leurs auteurs avec une froide précision.
On doit encore à Tristan l'Hermite une autre tragédie Panthée et une comédie le Parasite.
Il composa une amusante autobiographie romanesque
Après une jeunesse errante et aventureuse qu'il a racontée — ou plutôt romancée — dans un récit curieux et attachant, Le Page disgracié 1642, Tristan l'Hermite entre vers 1621 au service de Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII, qu'il quittera vingt-cinq ans plus tard pour suivre le duc de Guise. Il mourra pauvre et désenchanté, regrettant ses années de vaine servitude.
Il fait représenter en 1636 une tragédie régulière, remarquable par la puissance dramatique et la majesté du ton, Marianne : le succès de cette pièce, dont l'héroïne est déjà cornélienne, balance celui du Cid joué la même année. D'autres pièces suivent : La Folie du Sage 1642, une tragi-comédie ; des tragédies où l'on retrouve la même simplicité, la même tension, la même noblesse, notamment La Mort de Sénèque 1644, La Mort de Crispe 1644 ou 1645, Osman 1645 ou 1646; une pastorale inspirée de Rotrou, Amarillis 1652 ; une comédie, Le Parasite 1654. Si l'œuvre dramatique de Tristan est vivement applaudie, son œuvre poétique est moins bien connue de ses contemporains. C'est qu'il se tient à l'écart des groupes littéraires ce qui ne l'empêchera pas d'être élu à l'Académie française en 1649 et des modes même si, vers la fin de sa vie, il se laisse entraîner par la vogue du burlesque et celle de la poésie galante.
Et pourtant, les recueils qu'il publie : Les Plaintes d'Acante 1633, Les Amours 1638, où l'on trouve le fameux Promenoir des deux amants, La Lyre 1641 — et plus tard un volume d'éloges de Grands, Les Vers héroïques 1648 — font de lui l'un des poètes lyriques les plus importants de son temps. Artiste au registre étendu — poésie élégiaque, poésie encomiastique, poésie descriptive la première pièce qu'il a fait paraître, La Mer, est, à l'époque, la plus belle réussite du genre —, sensible à la beauté des formes et à celle de la nature, attentif à la musique du vers, il sait varier savamment strophes et mètres, créer des images neuves et séduisantes, trouver des expressions d'un raffinement et d'une subtilité extrêmes : ses poèmes, aujourd'hui encore, frappent par leur noblesse ou charment par leur grâce rêveuse et inquiète.

Sa vie

Auteur dramatique fort applaudi en son temps, et dont la première pièce, la fameuse tragédie de Mariane au printemps 1636, surpassa le succès de Médée et préfigura celui du Cid en janvier 1637. Le comédien Montdory, considéré comme le meilleur acteur tragique de son temps, il créa aussi le rôle de Rodrigue dans Le Cid, et tenait le rôle du roi Hérode sur la scène du Théâtre du Marais à sa création; un an et demi plus tard, il est frappé de paralysie partielle en hurlant les fureurs d'Hérode à la fin de la pièce et doit se retirer définitivement du théâtre.

Poète lyrique à l’inspiration bien personnelle et au souffle large et parfois superbe, polygraphe intéressant dans ses Plaidoyers historiques et ses Lettres mêlées, conteur à la fois aimable et amusant dans sa curieuse autobiographie du Page disgracié en 1643, si instructive, en outre, sous le rapport des événements comme des mœurs de la période qu’elle embrasse, Tristan L’Hermite a emprunté son prénom à Louis Tristan L'Hermite, grand prévôt de France sous Louis XI, qu'il prétendait être un de ses ancêtres.

Descendant prétendument de Pierre l'Ermite, le prédicateur de la première croisade, sa famille est quasiment ruinée à l’époque de sa naissance. Il est malgré tout placé comme page chez Henri de Bourbon-Verneuil, fils illégitime d’Henri IV et de la marquise de Verneuil, en 1604. Il passe ensuite chez Scévole de Sainte-Marthe, trésorier de France avant de devenir secrétaire du marquis de Villars-Montpezat.
Descendant d’une race dont vingt-six étaient passés par les mains des bourreaux, il en avait hérité le sang bouillant et la violence primesautière. Ayant blessé successivement à coups d’épée un cuisinier qui avait eu le tort de lui jouer une mauvaise farce puis, à Fontainebleau, un promeneur qui l’avait heurté par mégarde, il est obligé, en 1619, de s’exiler en Angleterre après avoir tué un opposant en duel, épisode qu’il a relaté de façon romancée sur le mode burlesque dans le roman Le Page disgracié.

En 1620, il participe aux campagnes de Louis XIII contre les huguenots dans le Sud-Ouest. En 1621, il entre au service de Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII et participe à la création de plusieurs ballets de cour.
Il est élu à l’Académie française en 1649. La vie de débauche qu’il mène dans l’entourage de Gaston d'Orléans et son goût immodéré pour le vin et le jeu finissent par avoir raison du peu de santé que lui laissait sa tuberculose. Rapidement oublié à sa mort, il a bénéficié de la redécouverte de la littérature baroque et des auteurs libertins dont il diffère pourtant.

Œuvre poétique

Sa vie errante ne l'a pas empêché de se faire un nom dans la République des lettres avec ses poésies mélancoliques chantant avec une grande sincérité les charmes de la nature et de l’amour : La Mer, 1627, les Plaintes d’Acante, 1633, Églogue maritime, 1634, les Amours de Tristan, 1638, la Lyre du sieur Tristan, 1641, Vers héroïques, 1648. Disciple de Malherbe, sa poésie se caractérise par une grande subtilité et fut assez mal reconnue par ses contemporains.

Œuvre théâtrale

Il écrit également pour le théâtre avec des tragédies, parmi lesquelles la Mariane, 1636, Panthée, 1637, la Mort de Sénèque, 1644, la Mort de Crispe, 1645, Osman, 1650, une tragi-comédie, la Folie du sage, 1644, une pastorale, Amaryllis, 1653 et une comédie Le Parasite, 1654.
Le succès, à l'exception de Panthée où la place tenue par le lyrisme nuit à l’intrigue remporté par ses tragédies, où la critique littéraire des XIXe et XXe siècles a discerné des moments pré-raciniens, le font considérer comme un rival de Corneille par ses contemporains. Lié aux Béjart, son frère cadet, Jean-Baptiste L'Hermite, avait épousé Marie Courtin, demi-soeur de Marie Hervé épouse Béjart, il confie la création de La Mort de Sénèque et de La Mort de Crispe à l'éphémère troupe de L'Illustre Théâtre, 1643-1645, constituée par les Béjart et Molière. C'est le rôle d'Epicharis dans La Mort de Sénèque qui vaut à Madeleine Béjart sa réputation de très grande comédienne.

Œuvre en prose

Il a également publié des Lettres mêlées, 1642 et des Plaidoyers historiques, 1643. Mais son œuvre en prose la plus connue, qui est aussi son œuvre la plus lue de nos jours, est Le Page disgracié. Ce récit à la première personne raconte l'histoire d'un page disgracié en ce qu'il a perdu la grâce du souverain qu'il servait et les avantages qui y étaient attachés.
Les aventures qui suivent reprennent certains aspects du roman picaresque mais tout en conservant toujours au personnage une certaine dimension de noblesse. On rattache de ce fait ce texte aux histoires comiques à la française. Cette œuvre, publiée en 1643, est republiée en 1667 par le frère de Tristan, Jean-Baptiste L'Hermite qui y ajoute des Clefs censées éclairer le lecteur sur la dimension autobiographique de l'œuvre.
Mais Jacques Prévot souligne que ces notes aveuglent surtout le lecteur sur la dimension fictionnelle et moraliste de l'œuvre car le Page disgracié n'est pas une autobiographie, même s'il emprunte à la vie de son auteur.

Traductions

Tristan L'Hermite a également donné dans la traduction d'œuvres latines, scientifiques ou poétiques, notamment une cosmographie, tiré des manuscrits attribués à François Viète et destinés à faire l'éducation de Catherine de Parthenay, puis de ses enfants. Dédicacé en 1636 à Mlle de Lavardin, cet ouvrage, publié en 1637, 2 exemplaires 1643, 5 exemplaires et 1647, 3 exemplaires répertoriés par l'OCLC, donne d'une façon naïve une description du monde, géographique et astronomique, selon le point de vue de Ptolémée et les préceptes astrologiques en cours au XVIe siècle. On y découvre entre autres les correspondances entre le monde d'en haut et le monde d'en bas, sublunaire. Tristan L'Hermite, malade pulmonaire, y trouve des raisons de sa maladie dans les influences de Saturne. Tristan L'Hermite a pu connaître Mlle de Lavardin à Malicorne dans le Maine, dans le château de sa mère, Marguerite de la Baume, mais il l'a surtout fréquentée à Paris à l'Hôtel de Lavardin, dans le salon de sa mère, veuve du marquis de Lavardin et remariée depuis 1630 avec le seigneur, futur comte de Modène, "chambellan des affaires" de Gaston d'Orléans et meilleur ami de Jean-Baptiste L'Hermite. Séduit par la jeune femme de seize ans, Tristan lui offre de quoi satisfaire sa curiosité scientifique. On ne sait si le manuscrit attribué à Viète provient de la bibliothèque de Scevolle de Sainte-Marthe. Après le mariage de Mlle de Lavardin, il écrivit encore pour elle un sixain "Pour Mme la Comtesse de Tessé" publié dans La Lyre en 1641.

On retient également une autre traduction, très libre, de l'Ode à Postumus d'Horace et des sospiri d'Ergasto de Giambattista Marino, réécrite sous la forme des plaintes d'Acante

Œuvres de Tristan L'Hermite

François Tristan L’Hermite, Œuvres complètes, Paris, Honoré Champion ; Genève, Slatkine, 1999-2003 : tome 1 Prose - tome 2 Poésie- tome 3Poésie- tome 4 Tragédies- tome 5 Théâtre, Plaidoyers.
Le Page disgracié, édition présentée, établie et annotée par Jacques Prévot, Gallimard, Folio classique», 1994.
Libertins du xviie siècle, premier tome, volume de la Pléiade contenant Le Page disgracié, 1998.
Principes de cosmographie. Epître à Mlle de Lavardin. Traduit du latin d'un manuscrit de François Viète. Avec un Traité de la Sphère - Elèments de Géographie. Elèments d'astronomie, A. Courbé, BN G 92058
Œuvres de Tristan L’Hermite en ligne sur le site Gallica
Stances et autres œuvres du sieur Tristan.
Ses pièces et leurs représentations sur le site CÉSAR
Choix de poèmes
Des extraits et des analyses, une présentation de l'auteur sur le site des amis de Tristan

Critiques

Ouvrages généralistes
Coulet Henri, Le Roman jusqu'à la Révolution, A. Colin, 1967-1968.
Demoris René, Le Roman à la première personne. Du classicisme aux lumières, A. Colin, 1975.
Lever Maurice, Le Roman français au XVIIe siècle, PUF, 1981.

Monographies

Claude Abraham, Tristan l’Hermite, Boston, Twayne, 1980
Claude K. Abraham, The Strangers: The Tragic World of Tristan l’Hermite, Gainesville, U of Florida Press, 1966
Véronique, Adam, Images fanées et matières vives: cinq études sur la poésie Louis XIII, Grenoble, ELLUG, 2003
Sandrine Berregard, Tristan L’Hermite, ‘héritier’ et ‘précurseur’: Imitation et innovation dans la carrière de Tristan L’Hermite, Tübingen, Narr, 2006
Doris Guillemette, La libre pensée dans l’œuvre de Tristan l’Hermite, Paris, Nizet, 1972
Catherine Maubon, Désir et écriture mélancoliques : lectures du ‘Page disgracié’ de Tristan l’Hermite, Genève, Slatkine, 1981

Lien

http://youtu.be/U9pUYl_COJA Le promenoir des amants par Régine Crespin
http://youtu.be/MODMLPBwOJQ Par Gérard Souzay


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#294 Charles Baudelaire début 1
Loriane Posté le : 30/08/2014 23:51
Le 31 août 1867 à 46 ans, à Paris meurt.Charles-Pierre Baudelaire

poète français inclassable, né à Paris le 9 avril 1821. Il représente un mouvement de modernité poétique, Parnasse, Symbolisme, Romantisme, il écrit de la poésie, Poésie, des poème en prose, des essais, des critiques d'art. Dante d'une époque déchue selon le mot de Barbey d'Aurevilly, nourri de romantisme, tourné vers le classicisme, à la croisée entre le Parnasse et le symbolisme, chantre de la modernité, il occupe une place considérable parmi les poètes français pour un recueil certes bref au regard de l'œuvre de son contemporain Victor Hugo, Baudelaire s'ouvrit à son éditeur de sa crainte que son volume ne ressemblât trop à une plaquette…, mais qu'il aura façonné sa vie durant : Les Fleurs du mal.

ses Œuvres principales sont Les Fleurs du mal en 1857, Les Paradis artificiels en 1860, Le Spleen de Paris, publication posthume 1846-1859
Au cœur des débats sur la fonction de la littérature de son époque, Baudelaire détache la poésie de la morale, la proclame tout entière destinée au Beau et non à la Vérité. Comme le suggère le titre de son recueil, il a tenté de tisser des liens entre le mal et la beauté, le bonheur fugitif et l'idéal inaccessible. À une passante, la violence et la volupté Une martyre, mais aussi entre le poète et son lecteur, Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère et même entre les artistes à travers les âges Les Phares. Outre des poèmes graves Semper Eadem ou scandaleux Delphine et Hippolyte, il a exprimé la mélancolie, Mœsta et errabunda, l'horreur, Une charogne et l'envie d'ailleurs L'Invitation au voyage à travers l'exotisme.

[size=SIZE]En Bref[/size]

Paul Valéry, dans une conférence de 1924 dont le texte, Situation de Baudelaire, fut publié dans le recueil Variété 1924-1944, a fait du poète des Fleurs du mal le pionnier de la modernité ; pour lui Rimbaud, Verlaine et Mallarmé constituent la triade majeure.
Telle que Baudelaire l'a conçue, la modernité doit beaucoup à son expérience de la peinture. Dès 1846, traitant de l'héroïsme de la vie moderne, il y voyait l'alliance de quelque chose d'éternel et de quelque chose de transitoire, d' absolu et de particulier. Une telle beauté, d'un type nouveau, pouvait faire échec à la décadence qu'il appréhendait. Approfondissant la notion, il insistait, dans le Salon de 1859, sur le gouvernement de l'Imagination. Quatre ans plus tard, Constantin Guys 1802-1892, en représentant des scènes parisiennes, lui apparaissait comme le peintre de la vie moderne. C'est dire que plusieurs composantes s'associent dans cette modernité, entre rêve et réalité.
Baudelaire prolonge le romantisme en le renouvelant. Il méprise le réalisme, ce canard que Champfleury a lancé, mais la beauté ne va pas pour lui sans un grain de réalité. Quant au symbolisme, il ne l'a pas fondé, contrairement à ce qu'on lit trop souvent dans les manuels littéraires. Rares même sont les textes, comme Correspondances , où des images préparent une théorie qu'il n'a jamais élaborée et qui d'ailleurs restera diffuse en France à la fin du siècle.
Au point de départ, il convient plutôt de placer une situation, dans l'acception sartrienne du terme. Et tel est le sens, en effet, de l'essai décisif que Jean-Paul Sartre a consacré à Baudelaire en 1947, mettant l'accent sur le choix de lui-même que le poète a fait. Tous ses efforts ont concouru à s'emparer de soi-même, dans son éternelle „différence“, à réaliser son Altérité, en s'identifiant au Monde tout entier.
Cela ne signifie pas que la création verbale doive être négligée, et Sartre, moins indifférent à la poésie qu'on ne l'a dit, le savait fort bien. Il attire aussi l'attention sur les signes, sur les symboles dans l'œuvre d'un poète qui a dit fortement que tout, pour moi, devient allégorie, Le Cygne, l'un des Tableaux parisiens , dans l'édition autorisée des Fleurs du mal, en 1861. Rimbaud, qui a reconnu en Baudelaire le premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu, se disait pourtant déçu en 1871 par une forme qu'il jugeait encore mesquine. Pourtant celui qui n'est ni un second romantique, ni un parnassien bien qu'il ait collaboré au Parnasse contemporain avec les Nouvelles Fleurs du mal en 1866, ni un symboliste avant la lettre a été un modèle tant pour ses admirateurs français qu'on pense à Pierre Jean Jouve, à Yves Bonnefoy que pour ses admirateurs étrangers qui l'ont souvent traduit et qui ont grâce à lui trouvé les voies d'une nouvelle poésie dans leur pays Swinburne en Angleterre, Stefan George en Allemagne, Biély en Russie, ou les fondateurs de la poésie moderne au Japon à l'ère Meiji.

Sa vie

Charles Baudelaire naît le 9 avril 1821 au 13 rue Hautefeuille à Paris. Sa mère, Caroline Dufaÿs, a vingt-sept ans. Son père, Joseph-François Baudelaire, né en 1759 à La Neuville-au-Pont6, en Champagne, est alors sexagénaire. Quand il meurt en 1827, Charles n'a que six ans. Cet homme lettré, épris des idéaux des Lumières et amateur de peinture, peintre lui-même, laisse à Charles un héritage dont il n'aura jamais le total usufruit. Il avait épousé en premières noces, le 7 mai 1797, Jeanne Justine Rosalie Janin, avec laquelle il avait eu un fils, Claude Alphonse Baudelaire, demi-frère de Charles.
Un an plus tard, sa mère se remarie avec le chef de bataillon Jacques Aupick. Le futur poète ne sera plus jamais en contact avec sa mère. Peu fait pour comprendre la vive sensibilité de l'enfant, l'officier Aupick - devenu plus tard ambassadeur - incarne à ses yeux les entraves à tout ce qu'il aime : sa mère, la poésie, le rêve et, plus généralement, la vie sans contingences. S'il va haïr le général Aupick, c'est sans doute que celui-ci s'opposera à sa vocation. C'est surtout parce que son beau-père lui prenait une partie de l'affection de sa mère. ... Une seule personne a réellement compté dans la vie de Charles Baudelaire : sa mère
En 1831, le lieutenant-colonel Aupick ayant reçu une affectation à Lyon, le jeune Baudelaire est inscrit à la pension Delorme et suit les cours de sixième au Collège royal de Lyon. En cinquième, il devient interne. En janvier 1836, la famille revient à Paris, où Aupick sera promu colonel en avril. Alors âgé de quatorze ans, Charles est inscrit comme pensionnaire au Collège Louis-le-Grand, mais il doit redoubler sa troisième. En seconde, il obtient le deuxième prix de vers latins au concours général.
Renvoyé du lycée Louis-le-Grand en avril 1839 pour une vétille, Baudelaire mène une vie en opposition aux valeurs bourgeoises incarnées par sa mère et son beau-père. Il passe son Baccalauréat au lycée Saint-Louis en fin d'année et est reçu in extremis. Jugeant la vie de l'adolescent scandaleuse, son beau-père décide de l'envoyer en voyage vers les Indes, périple qui prend fin prématurément, en 1841, aux îles Mascareignes (Maurice et La Réunion.

De retour à Paris, Charles s'éprend de Jeanne Duval, une jeune mulâtresse avec laquelle il connaîtra les charmes et les amertumes de la passion. Dandy endetté, il est placé sous tutelle judiciaire et mène dès 1842 une vie dissolue. Il commence alors à composer plusieurs poèmes des Fleurs du mal. Critique d'art et journaliste, il défend Delacroix comme représentant du romantisme en peinture, mais aussi Balzac lorsque l'auteur de La Comédie humaine est attaqué et caricaturé pour sa passion des chiffres ou sa perversité présumée. En 1843, il découvre les paradis artificiels dans le grenier de l'appartement familial de son ami Louis Ménard, où il goûte à la confiture verte. Même s'il contracte une colique à cette occasion, cette expérience semble décupler sa créativité il dessine son autoportrait en pied, très démesuré. Il renouvellera cette expérience occasionnellement, et sous contrôle médical, en participant aux réunions du "club des Haschischins". En revanche, sa pratique de l'opium est plus longue : il fait d'abord, dès 1847, un usage thérapeutique du laudanum, prescrit pour combattre des maux de tête et des douleurs intestinales consécutives à une syphilis, probablement contractée vers 1840 durant sa relation avec la prostituée Sarah la Louchette. Comme De Quincey avant lui, l’accoutumance lui fait augmenter progressivement les doses. Croyant y trouver un adjuvant créatif, il en décrira les enchantements et les tortures.

En 1848, il participe aux barricades. La Révolution de février instituant la liberté de la presse, Baudelaire fonde l'éphémère gazette Le Salut Public d'obédience résolument républicaine, qui ne va pas au-delà du deuxième numéro. Le 15 juillet 1848 paraît, dans La Liberté de penser, un texte d'Edgar Allan Poe traduit par Baudelaire : Révélation magnétique.
À partir de cette période, Baudelaire n'aura de cesse de proclamer son admiration pour l'écrivain américain, dont il deviendra le traducteur attitré. La connaissance des œuvres de Poe et de Joseph de Maistre atténue définitivement sa fièvre révolutionnaire. Plus tard, il partagera la haine de Gustave Flaubert et de Victor Hugo pour Napoléon III, mais sans s'engager outre mesure d'un point de vue littéraire, L'Émeute, tempêtant vainement à ma vitre / Ne fera pas lever mon front de mon pupitre - Paysage dans Tableaux parisiens du recueil Les Fleurs du mal.

Baudelaire se voit reprocher son style d'écriture et le choix de ses sujets. Il n'est compris que par certains de ses pairs tels Armand Baschet, Édouard Thierry, Champfleury, Jules Barbey d’Aurevilly, Frédéric Dulamon ou André Thomas… Cet engouement confidentiel contraste avec l'accueil hostile que lui réserve la presse. Dès la parution des Fleurs du Mal en 1857, Gustave Bourdin réagit avec virulence dans les colonnes du Figaro du 5 juillet 1857 : Il y a des moments où l'on doute de l'état mental de M. Baudelaire, il y en a où l'on n'en doute plus ; - c'est, la plupart du temps, la répétition monotone et préméditée des mêmes choses, des mêmes pensées. L'odieux y côtoie l'ignoble ; le repoussant s'y allie à l'infect…. Cette appréciation totalement négative deviendra le jugement dominant de l'époque.

Moins de deux mois après leur parution, Les Fleurs du mal sont poursuivies pour offense à la morale religieuse et outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs. Seul ce dernier chef d'inculpation sera retenu. Baudelaire est condamné à une forte amende de trois cents francs, réduite à cinquante par suite d'une intervention de l'impératrice Eugénie. L'éditeur Auguste Poulet-Malassis s'acquitte, pour sa part, d'une amende de cent francs et doit retrancher six poèmes dont le procureur général Ernest Pinard a demandé l'interdiction Les Bijoux ; Le Léthé ; À celle qui est trop gaie ; Lesbos ; Femmes damnées Delphine et Hippolyte ; Les métamorphoses du Vampire. Malgré la relative clémence des jurés eu égard au réquisitoire plus sévère qui vise onze poèmes, ce jugement touche profondément Baudelaire. Contraint et forcé, il fera publier une nouvelle édition en 1861, enrichie de trente-deux poèmes. En 1862, Baudelaire est candidat au fauteuil d'Eugène Scribe à l'Académie Française. Il est parrainé par Sainte-Beuve et Vigny. Mais le 6 février 1862, il n'obtient aucune voix et se désiste. Par la suite, il renoncera à se présenter au fauteuil d'Henri Lacordaire20. En 1866, il réussit à faire publier à Bruxelles c'est-à-dire hors de la juridiction française, sous le titre Les Épaves, les six pièces condamnées accompagnées de seize nouveaux poèmes.

Le 24 avril 1864, très endetté, il part pour la Belgique afin d'y entreprendre une tournée de conférences. Hélas, ses talents de critique d'art éclairé ne font plus venir grand monde… Il se fixe à Bruxelles où il rend plusieurs visites à Victor Hugo, exilé politique volontaire. Il prépare un pamphlet contre son éphémère pays d'accueil qui représente, à ses yeux, une caricature de la France bourgeoise. Le féroce Pauvre Belgique! restera inachevé. Souhaitant la mort d'un royaume que, lucide et prémonitoire, il juge artificiel, il en résume l'épitaphe en un mot : Enfin !.
C'est en Belgique que Baudelaire rencontre Félicien Rops, qui illustre Les Fleurs du mal en 1866. Lors d'une visite à l'église Saint-Loup de Namur, Baudelaire perd connaissance. Cet effondrement est suivi de troubles cérébraux, en particulier d'aphasie. À partir de mars 1866, il souffre d'hémiplégie. Il meurt à Paris, de la syphilis, le 31 août 1867. Il n'a pu réaliser son souhait d'une édition définitive des Fleurs du Mal, travail de toute une vie. Il est inhumé au cimetière du Montparnasse 6e division, dans la même tombe que sa mère et son beau-père détesté, le général Aupick.
Le Spleen de Paris autrement appelé Petits poèmes en prose est édité à titre posthume en 1869, dans une nouvelle édition remaniée par Charles Asselineau et Théodore de Banville. À sa mort, son héritage littéraire est mis aux enchères. L'éditeur Michel Lévy l'acquiert pour 1 750 francs. Une troisième édition des Fleurs du Mal, accompagnée des onze pièces intercalaires, a disparu avec lui.

Révision de la condamnation de 1857

C'est par la loi du 25 septembre 194622 que fut créée une procédure de révision des condamnations pour outrage aux bonnes mœurs commis par la voie du livre, exerçable par le Garde des Sceaux à la demande de la Société des gens de lettres. Celle-ci décida aussitôt, à l'unanimité moins une voix, de demander une révision pour Les Fleurs du Mal, accordée le 31 mai 1949 par la Chambre criminelle de la Cour de cassation.
Dans ses attendus, la Cour énonce que : les poèmes faisant l’objet de la prévention ne renferment aucun terme obscène ou même grossier et ne dépassent pas, en leur forme expressive, les libertés permises à l’artiste ; que si certaines peintures ont pu, par leur originalité, alarmer quelques esprits à l’époque de la première publication des Fleurs du Mal et apparaître aux premiers juges comme offensant les bonnes mœurs, une telle appréciation ne s’attachant qu’à l’interprétation réaliste de ces poèmes et négligeant leur sens symbolique, s’est révélée de caractère arbitraire ; qu’elle n’a été ratifiée ni par l’opinion publique, ni par le jugement des lettrés.

Domiciles du poète

Baudelaire habita principalement à Paris où, constamment endetté et pressé de fuir ses créanciers, il occupa une quarantaine de domiciles :

13, rue Hautefeuille, où il naît le 9 avril 1821. La maison fut détruite lors du percement du boulevard Saint-Germain, mais on peut encore voir le no 15 ;
50, rue Saint-André-des-Arts, à partir de la mort de son père 1827 ;
11, rue du Débarcadère située à l’époque à Neuilly-sur-Seine 1827-1828 ;
17, rue du Bac, à partir du second mariage de sa mère 1828, et jusqu’à la promotion de son mari le colonel Aupick 1832 ;
Lyon 1832-1836. Baudelaire est logé d’abord à la pension Delorme, puis à l’internat du collège Royal ; Pendant cette période, il réside également au 4-6, rue d'Auvergne. Une plaque marquée d'un C et d'un B au balcon du deuxième étage y a été apposée.
32, rue de l'Université, de retour à Paris 1836 ;
123, rue Saint-Jacques, à l'internat du lycée Louis-le-Grand mars 1836-avril 1839 ;
rue Culture-Sainte-Catherine, dans le Marais, domicile de ses parents après son renvoi du collège printemps 1839. Baudelaire reprend ses cours comme externe au Lycée Saint-Louis ;
22, rue du Vieux-Colombier, chez son répétiteur M. Lassègue, jusqu'à passage du baccalauréat août 1839 ;
rue de l’Estrapade, pension L'Évêque et Bailly ;
rue du Pot-de-Fer-St.-Sulpice, chez Mlle Théot ;
73, rue de Lille ;
50, rue de Sévigné ;
Bordeaux, Île Maurice et Île Bourbon actuelle Île de la Réunion, lors de son voyage dans les mers du Sud 9 juin 1841 - début février 1842 ;
10 devenu 22 quai de Béthune, sur l’île Saint-Louis29, au rez-de-chaussée à gauche de la porte d’entrée, avec fenêtre sur rue mai-décembre 1842. Il y reçoit les visites de sa nouvelle maîtresse Jeanne Duval, qu’il avait rencontrée au théâtre du Panthéon sis au cloître Saint-Benoît bâtiment détruit depuis, à la place de l'actuelle Sorbonne ;
rue Vaneau, au rez-de-chaussée premier semestre de 1843 ;
15, quai d’Anjou, sur l'île Saint-Louis juin à septembre 1843 ;
17 quai d’Anjou, à l'hôtel Pimodan originellement hôtel de Lauzun, puis redevenu tel plus tard, sur l'île Saint-Louis. Baudelaire occupe trois pièces au dernier étage sous les combles, côté cour octobre 1843 - 1846. Lors de son aménagement, il loge Jeanne Duval et la mère de Jeanne au 6, rue de la Femme-sans-Tête devenue rue Le Regrattier, également sur l’île Saint-Louis ;
une succession d’hôtels et de chambres garnies, souvent très brièvement, à partir de 1846. Au cours de 1846-1847, il réside successivement à l’hôtel Corneille rue Corneille ; au 33, rue Coquenard (devenue rue Lamartine ; à l’hôtel de Dunkerque 32, rue Lafitte ; au 68 ou 36 ?, rue de Babylone ; à l’hôtel Folkestone rue Lafitte ; 24 rue de Provence ; 7 rue de Tournon ; et encore dans de petits garnis « borgnes et introuvables »31 ;
18, avenue de la République (devenue avenue de Neuilly à Neuilly-sur-Seine août 1848 ;
Dijon bref séjour;
95, avenue de la République devenue avenue de Neuilly à Neuilly-sur-Seine mai 1850 - juillet 1851 ;
25, rue des Marais-du-Temple devenue rue Yves-Toudic ;
11, boulevard de Bonne-Nouvelle mai - juillet 1852;
60, rue Pigalle, dans un hôtel situé non loin de Mme Sabatier, qui habitait au 4 ou 16, rue Frochot octobre 1852 - mai 1854. La mère de Baudelaire et son mari, le général Aupick, habitent à cette époque au 91, rue du Cherche-Midi ;
61, rue Sainte-Anne, à l'hôtel d’York actuellement hôtel Baudelaire Opéra février 1854 ;
57, rue de Seine, à l'hôtel du Maroc mai 1854 - février 1855 ;
« balloté d’hôtel en hôtel en mars 1855, où il déménage à six reprises. Au début de juin, il loge dans des gîtes de rencontre ;
13, rue Neuve-des-Bons-Enfants, à l'hôtel de Normandie juin 1855 ;
27, rue de Seine juillet - août 1855 ;
18, rue d’Angoulême-du-Temple devenue rue Jean-Pierre-Timbaud janvier - juin 1856. C’est là qu’il emménage de nouveau avec Jeanne Duval, mais les choses ne s’arrangent pas disputes parfois violentes et il la quitte ;
19, quai Voltaire, à l'hôtel Voltaire, actuellement hôtel du quai Voltaire, juin 1856 - novembre 1858. Baudelaire y achève les Fleurs du Mal. L’hôtel se trouve à deux pas de l’imprimerie du Moniteur universel, qui va publier en feuilleton un roman de Poe dans la traduction de Baudelaire - ce dernier dort souvent à l’imprimerie après avoir travaillé toute la journée ;
Allers-retours entre le domicile de sa mère à Honfleur, et le domicile de Jeanne à Paris, 22, rue Beautreillis ; avec quelques séjours à Alençon pour rendre visite à son éditeur Poulet-Malassis novembre 1858 - juin 1859 ;
22, rue d’Amsterdam, à l'hôtel de Dieppe cet hôtel existe toujours 1859-1864. Mme Sabatier habite non loin à partir de 1860, au 10 rue de la Faisanderie. À cette époque, Baudelaire loge Jeanne Duval à Neuilly-sur-Seine, au 4 rue Louis-Philippe, où il cohabite avec elle brièvement de décembre 1860 à janvier 1861 ;
28, rue de la Montagne à Bruxelles, lors d'un séjour en Belgique 1864-1866. Baudelaire loge principalement à l’hôtel du Grand Miroir, Lors de ses rares retours à Paris, il loge à l’hôtel du Chemin de fer du Nord, place du Nord. Jeanne Duval habite à cette époque au 17, rue Sauffroy, dans le quartier des Batignolles. C’est en Belgique que Baudelaire est atteint d’une congestion cérébrale et rapatrié vivant, mais aphasique ;
1, rue du Dôme, dans le quartier de Chaillot, à la clinique du docteur Duval. Baudelaire y entre en juillet 1866 et y meurt le 31 août 1867.

Baudelaire fréquentait beaucoup les cafés. Selon un ami de jeunesse, il composait dans les cafés et dans la rue. Dans sa jeunesse, il retrouvait ses amis Chez Duval, un marchand de vin installé place de l’Odéon. Il affectionnait aussi La Rotonde, un café du quartier Latin. Il prenait souvent ses repas à la Tour d’Argent sur le quai de la Tournelle, un restaurant qui existe toujours sous le même nom mais dont l’intérieur n’a plus rien en commun avec son apparence à l’époque de Baudelaire. Plus tard, ce sera le café Momus de la rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois, le Mabille, le Prado, la Chaumière et la Closerie des Lilas.

La bride sur le cou

Si Jean-Paul Sartre commence son essai en rappelant une « maxime consolante, il n'a pas eu la vie qu'il méritait, Yves Bonnefoy a pu considérer l'existence de Baudelaire comme une « vie exemplaire . Une telle opinion tranche sur le jugement qui a été porté sur lui par ses proches et par certains de ses contemporains qui lui ont reproché : soit son perpétuel endettement, soit sa vie dissipée, soit ses liaisons avec des filles ou avec Jeanne Duval, fréquentée depuis 1842, la seule femme que j'ai aimée, écrira-t-il en 1845, et vers laquelle il ne cessera de revenir. Pour celui qui a cherché en Baudelaire non seulement la vérité de parole, le sens de la mort mais encore la vérité de vie, le poète des Fleurs du mal, s'étant trouvé séparé, par l'incompréhension de son temps, des occasions vulgaires, des fins médiocres, a été finalement, selon Bonnefoy, réduit au meilleur – au plus obscur de lui-même, sculpté en forme d'esprit. Contraint d'être essentiel au profit bientôt de chacun.
Il n'est pas interdit de chercher l'origine de ce mal dans le roman familial, au sens freudien de l'expression. Charles avait six ans quand son père mourut, plus que sexagénaire. Moins de deux ans après, Mme Baudelaire, née Caroline Dufäys, se remariait avec le lieutenant-colonel Aupick, qui devait finir ses jours en 1857 couvert d'honneurs, puisqu'il avait été élevé au grade de général et qu'il était devenu sénateur. Ce reproche est toujours latent, quelquefois exprimé dans les lettres de Baudelaire à sa mère : Quand on a un fils tel que moi, on ne se remarie pas, lui écrit-il. Quant à son attitude à l'égard du beau-père, elle est changeante et complexe : aux élans d'affection dans les premières lettres succède une agressivité qui ira croissant jusqu'à ce paroxysme, la révolution de 1848. Baudelaire y a été peu mêlé, mais il ne peut s'empêcher d'exprimer sa révolte personnelle et sa rancune exigeante : Il faut fusiller le général Aupick !
L'un des griefs les plus vifs contre lui était le voyage forcé de 1841. Sous l'inspiration d'Aupick, alors commandant de l'École d'application d'état-major, et d'Alphonse, le demi-frère de Charles, fils d'un premier mariage de François Baudelaire, le conseil de famille avait en effet décidé d'éloigner de Paris le jeune homme. Il avait dû s'embarquer à Bordeaux sur le Paquebot-des-Mers-du-Sud, en partance pour Calcutta. Baudelaire n'était pas allé plus loin que l'île Maurice et l'île Bourbon la Réunion et il était revenu seul, en prétendant avoir désormais la sagesse en poche. C'était sans doute trop dire. Du moins tout n'était-il pas négatif : il avait respiré dans l'océan Indien le parfum exotique qui embaume l'un de ses premiers poèmes ; il en consacre deux autres, l'un À une Malabaraise, un autre À une dame créole, Mme Autard de Bragard, chez qui il avait été reçu. Il l'invite, il est vrai, à quitter le pays parfumé que le soleil caresse » pour aller sur les bords de la Seine et de la Loire. Elle y vint, en effet, mais mourut pendant le voyage de retour, en 1857, au cours de cette année décisive pour Baudelaire, puisqu'à deux disparitions, la dame créole, le général Aupick s'ajoute la première publication des Fleurs du mal, confiée aux éditeurs Poulet-Malassis et De Broise, suivie du procès et de la condamnation de l'ouvrage pour délit d'offense à la morale publique, entraînant le retranchement de six poèmes du recueil. L'année 1857 est aussi celle de la mise en vente des Nouvelles Histoires extraordinaires d'Edgar Poe. La première série, Histoires extraordinaires, avait paru l'année précédente.

L'autre grief, qui se retourne tout aussi bien contre l'ex-Mme Baudelaire, est la tutelle à laquelle il est soumis. En septembre 1844, sa famille, inquiète de le voir dissiper l'héritage paternel, l'a doté d'un conseil judiciaire en la personne de maître Ancelle, notaire à Neuilly. C'est pour lui une humiliation affreuse contre laquelle il ne cessera de protester et dont il souffrira toute sa vie. Il a même tenté de se suicider, en juin 1845. Rien n'est plus révélateur de sa détresse que les lettres qu'il écrit à sa mère en 1853, où il annonce s'être séparé de Jeanne, mais demande de l'argent pour elle. Il prétend que le manque de nourriture et l'abus d'eau-de-vie lui ont gâté l'estomac et ruiné la santé, le contraignant à absorber du laudanum pour apaiser ses souffrances. Chez lui, rue Pigalle, il souffre du froid, et, se sentant espionné, il cherche refuge dans des hôtels borgnes. L'état de marasme dans lequel il se trouve est tel qu'il n'a pas la force de décacheter les lettres qu'il reçoit, et que l'écriture même de celle qui l'a fait naître lui cause la même terreur que l'écriture de ses ennemis.
Cette même année 1853, il cherche le soutien de Mme Sabatier, la Présidente, l' Ange plein de bonheur, de joie et de lumières à qui il adresse entre autres le poème intitulé « Réversibilité ». Fut-elle aussi angélique ? Il y a lieu d'en douter. Mais comme la dame créole avait donné une manière de coup d'envoi aux futures Fleurs du mal, Apollonie Sabatier inspire les poèmes d'un cycle lumineux qui contraste, dans le recueil, avec les évocations de la femme à la peau d'ambre, la femme impure avec laquelle il a engagé un impitoyable Duellum .
Il est à la fois excessif et réducteur de mettre un visage précis derrière chacune des figures féminines évoquées dans la poésie de Baudelaire. Aux côtés de Jeanne Duval et de Mme Sabatier, il faut faire place à Marie Daubrun, l'actrice aux yeux verts qui lui préféra Théodore de Banville, à la belle Juive, à Sisina, à Françoise, la Franciscae meae laudes pour laquelle il écrit un poème en latin, à Berthe, à l'énigmatique J.G.F. à laquelle est dédié un poème des Fleurs du mal, L'Héautontimorouménos, et Les Paradis artificiels. Opium et Haschisch, en 1860. Cette dernière se cache-t-elle sous le sobriquet de Jeanne Gentille Femme, comme l'a astucieusement suggéré Jean Pommier ? Est-elle une autre ? Peu importe. Une identification trop rigoureuse tuerait la poésie.
Car si la biographie est nécessaire, le report de la vie sur l'œuvre reste insuffisant et parfois trompeur. L'autre danger est de faire subir à Baudelaire ce qu'Antonin Artaud stigmatisait, à propos de Gérard de Nerval, dans sa lettre à Georges Le Breton du 7 mars 1946. Sous prétexte d'éclairer les vers d'un grand poète du point de vue de la sémantique, de l'histoire, de l'archéologie ou de la mythologie, le commentateur ne ferait qu'en enténébrer la vie, que manquer la nécessité vivante de sa création. Or c'est le processus même de cette création qu'il faut tenter de reconstituer

Regards sur l'œuvre Horreur et extase Spleen baudelairien.
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Tout enfant, j'ai senti dans mon cœur deux sentiments contradictoires : l'horreur de la vie et l'extase de la vie.Mon cœur mis à nu.
Toutes les grandes œuvres romantiques témoignent de ce passage de l'horreur à l'extase et de l'extase à l'horreur. Ces impressions naissent chez Baudelaire du sentiment profond de la malédiction qui pèse sur la créature depuis la chute originelle. En ce sens, les Fleurs du Mal appartiennent au Génie du christianisme.
L'œuvre entière offre un aspect étrange et puissant, conception neuve dans sa riche et sombre diversité, marquée du sceau énergique d'une longue méditation.... Les Fleurs du mal appartiennent au Génie du Christianisme..

Analysant ce qu'il appelait le vague des passions dans la préface de 1805 à cet ouvrage, Chateaubriand écrivait : Le chrétien se regarde toujours comme un voyageur qui passe ici-bas dans une vallée de larmes, et qui ne se repose qu'au tombeau. Pour Baudelaire, il ne s'agit ni de littérature, ni de notions plus ou moins abstraites, mais du spectacle vivant de sa triste misère . Comme la nature, l'homme est souillé par le péché originel et, à l'instar de René ou de Werther Goethe, Baudelaire n'éprouve le plus souvent que le dégoût pour la multitude vile Recueillement. Ce qui le frappe surtout, c'est l'égoïsme et la méchanceté des créatures humaines, leur paralysie spirituelle, et l'absence en elles du sens du beau comme du bien. Le poème en prose La Corde, s'inspirant d'un fait vrai, raconte comment une mère, indifférente à l'égard de son enfant qui vient de se pendre, s'empare de la corde fatale pour en faire un fructueux commerce.

Baudelaire devait en souffrir plus que tout autre35 : L'Albatros dénonce le plaisir que prend le vulgaire à faire le mal, et, singulièrement, à torturer le poète.
Dans L'Art romantique, Baudelaire remarque : C'est un des privilèges prodigieux de l'Art que l'horrible, artistement exprimé, devienne beauté et que la douleur rythmée et cadencée remplisse l'esprit d'une joie calme. Des poèmes, comme Le Mauvais Moine, L'Ennemi, Le Guignon montrent cette aspiration à transformer la douleur en beauté. Peu avant Baudelaire, Vigny et Musset avaient également chanté la douleur.
Comment Baudelaire aurait-il pu croire à la perfectibilité des civilisations ? Il n'a éprouvé que mépris pour le socialisme d'une part, le réalisme et le naturalisme d'autre part38. Avec une exception pour le réaliste Honoré de Balzac, chez qui il voyait bien davantage qu'un naturaliste, Si Balzac a fait de ce genre roturier [le roman de mœurs une chose admirable, toujours curieuse et souvent sublime, c'est parce qu'il y a jeté tout son être. J'ai maintes fois été étonné que la grande gloire de Balzac fût de passer pour un observateur ; il m'avait toujours semblé que son principal mérite était d'être visionnaire, et visionnaire passionné.
Les sarcasmes à l'égard des théories socialistes, après 1848, réalistes ou naturalistes se multiplient dans son œuvre. Comme Poe dont il traduit les écrits, il considère le Progrès, la grande idée moderne, comme une extase de gobe-mouches. Pour en finir avec ce qu'il appelle les hérésies modernes, Baudelaire dénonce encore l'hérésie de l'enseignement : La poésie, pour peu qu'on veuille descendre en soi-même, interroger son âme, rappeler ses souvenirs d'enthousiasme, n'a pas d'autre but qu'elle-même. … Je dis que si le poète a poursuivi un but moral, il a diminué sa force poétique ; et il n'est pas imprudent de parier que son œuvre sera mauvaise.
Le poète ne s'en révolte pas moins contre la condition humaine. Il dit son admiration pour les grandes créations sataniques du romantisme comme Melmoth roman noir - gothique - de Charles Robert Maturin. Négation de la misère humaine, la poésiene peut être pour lui que révolte. Dans les Petits poèmes en prose, celle-ci prend une forme plus moderne et se fait même humour noir.

Genèse et évolution des Fleurs du mal

À la date de 1853 ont déjà éclos quelques-unes des fleurs du mal, en tout cas des poèmes, parfois précoces, qui seront insérés dans le recueil de 1857. À une dame créole, sans doute le poème le plus ancien, a paru dès le 25 mai 1845 dans le journal L'Artiste ; il deviendra la pièce LIV des Fleurs du mal dans la première édition. Don Juan aux enfers paraît le 8 septembre 1846 dans le même journal, sous le titre L'Impénitent. Il deviendra la pièce XV dans chacune des éditions des Fleurs du mal. Au total, le recueil de 1857 ne contient que 57 pièces nouvelles sur les cent qui le constituent. Il est composé de cinq sections Spleen et idéal, Fleurs du mal », Révolte, Le Vin et La Mort.
Plusieurs titres, correspondant à divers états du projet, ont précédé le titre définitif, qui fut suggéré, dit-on, par Hippolyte Babou : Les Lesbiennes, dont il reste au moins trois morceaux, Les Limbes, onze sonnets, en 1851, dans Le Messager de l'Assemblée, qui rappellent le début de l'Inferno de Dante. Il est plus important d'assister à ce véritable acte de naissance que constitue la publication le 1er juin 1855, dans la Revue des Deux Mondes à laquelle Alfred de Musset avait tant donné, de dix-huit poèmes déjà regroupés sous le titre Les Fleurs du mal. Par la suite, Baudelaire persiste et signe : pour la première édition de 1857, pour l'édition autorisée de 1861 126 poèmes, pour les Nouvelles Fleurs du mal, seize poèmes publiés en 1866 dans Le Parnasse contemporain, pour la troisième édition à laquelle la maladie et la mort l'empêcheront de donner sa forme définitive, ce sera l'édition posthume publiée chez Michel Lévy, qui contient 151 poèmes. Ces Fleurs du mal sont des fleurs maladives, selon l'interprétation qu'il suggère lui-même dans la dédicace à Théophile Gautier. Mais plus encore elles naissent du gouffre, de l'enfer, de ce qui peut être le plus hideux et le plus repoussant. D'où la section intitulée seulement Fleurs du mal, placée en abyme dès l'édition de 1857, puis repoussée en quatrième position en 1861, tandis qu'une nouvelle section Tableaux parisiens vient succéder à Spleen et idéal. Elle amplifie la modernité du recueil en mettant l'accent sur l'imaginaire de la ville.
Baudelaire n'a cessé d'ajouter, et en particulier les pièces admirables qu'il a conçues à Honfleur en 1859, lors de brefs et rares séjours dans la maison qu'y avait fait aménager feu le général Aupick, la Maison-Joujou : La Chevelure, en particulier, et Le Voyage, le poème le plus long, celui par lequel s'achèvera l'édition autorisée de 1861, ouvrant sur la mort et sur l'inconnu dont elle réserve peut-être la découverte. Il n'a cessé non plus de retrancher : non seulement les pièces condamnées par la censure impériale et appelées à devenir Les Épaves, dans une plaquette composite publiée à Bruxelles en 1866, mais les poèmes qu'il a choisis lui-même d'éliminer au fur et à mesure, en raison de sa très grande exigence d'artiste. Il lui arrive même d'avoir peur de ce qui naît de sa plume, comme si c'était monstrueux. Comme la mère, dans Bénédiction, est épouvantée à la naissance de son enfant, cette dérision,ce monstre rabougri, cet arbre misérable qui a poussé en elle comme un arbre maudit, il recule devant ce qui sort de son imagination et de sa plume. Rien n'est plus révélateur, rien n'est plus étonnant à cet égard que la lettre qu'il adresse à sa mère le 9 juillet 1857, où il lui annonce la publication de ses poésies, Les Fleurs du mal, et où il présente le livre comme « revêtu d'une beauté sinistre et froide. Il l'a conçu, écrit-il, avec fureur et patience. Mais quand, chez l'imprimeur, il l'a vu dans son premier état, il a pris peur : épouvanté moi-même de l'horreur que j'allais inspirer, raconte-t-il, j'en ai retranché un tiers aux épreuves.

Art poétique

Rejetant le réalisme et le positivisme contemporains, Baudelaire sublime la sensibilité et cherche à atteindre la vérité essentielle, la vérité humaine de l'Univers, ce qui le rapproche du platonisme. Il écrit ainsi, en introduction à trois de ses poèmes dans le Salon de 1846 : La première affaire d'un artiste est de substituer l'homme à la nature et de protester contre elle. Cette protestation ne se fait pas de parti pris, froidement, comme un code ou une rhétorique, elle est emportée et naïve, comme le vice, comme la passion, comme l'appétit. » Et il ajoute, dans le Salon de 1859 :
" L'artiste, le vrai artiste, le vrai poète, ne doit peindre que selon ce qu'il voit et ce qu'il sent. Il doit être réellement fidèle à sa propre nature".
Baudelaire énonce ainsi les principes de la sensibilité moderne :
" Le beau est toujours bizarre. Je ne veux pas dire qu'il soit volontairement, froidement bizarre, car dans ce cas il serait un monstre sorti des rails de la vie. Je dis qu'il contient toujours un peu de bizarrerie, de bizarrerie non voulue, inconsciente, et que c'est cette bizarrerie qui le fait être particulièrement le Beau."
C'est pourquoi l'imagination est pour lui la reine des facultés. En fait, elle substitue une traduction légendaire de la vie extérieure ; à l'action, le rêve.
Cette conception de la poésie annonce celle de presque tous les poètes qui vont suivre. Cependant, Baudelaire n'a pas vécu son œuvre. Pour lui, vie et poésie restent dans une certaine mesure séparées ce qu'il exprime en disant: La poésie est ce qu'il y a de plus réel, ce qui n'est complètement vrai que dans un autre monde. Là où Baudelaire et Stéphane Mallarmé ne pensent qu'à créer une œuvre d'art, les surréalistes voudront, après Arthur Rimbaud, réaliser une œuvre de vie et essaieront de conjuguer action et écriture. Malgré cette divergence d'avec ses successeurs, Baudelaire fut l'objet de vibrants hommages, tel celui que lui rendit le jeune Rimbaud, pour qui il représente un modèle :
" Baudelaire est le premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu. Il suffit de comparer ces propos :
" … qui n'a connu ces admirables heures, véritables fêtes du cerveau, où les sens plus attentifs perçoivent des sensations plus retentissantes, où le ciel d'un azur plus transparent s'enfonce dans un abîme plus infini, où les sons tintent musicalement, où les couleurs parlent, et où les parfums racontent des mondes d'idées ?
Eh bien, la peinture de Delacroix me paraît la traduction de ces beaux jours de l'esprit. Elle est revêtue d'intensité et sa splendeur est privilégiée. Comme la nature perçue par des nerfs ultra-sensibles, elle révèle le surnaturalisme
à ce passage du Premier Manifeste du surréalisme :
"réduire l'imagination à l'esclavage, quand bien même il y irait de ce qu'on appelle grossièrement le bonheur, c'est se dérober à tout ce qu'on trouve, au fond de soi, de justice suprême. La seule imagination me rend compte de ce qui peut être, et c'est assez pour lever un peu le terrible interdit ; assez aussi pour que je m'abandonne à elle sans crainte de me tromper"

Ainsi, le surnaturalisme porte en germe certains aspects de l'œuvre de Lautréamont, de Rimbaud et du surréalisme même.
C'est à propos de la peinture d'Eugène Delacroix et de l'œuvre de Théophile Gautier que Baudelaire a usé de cette formule célèbre qui caractérise si justement son art : " Manier savamment une langue, c'est pratiquer une espèce de sorcellerie évocatoire. C'est alors que la couleur parle, comme une voix profonde et vibrante, que les monuments se dressent et font saillie sur l'espace profond ; que les animaux et les plantes, représentants du laid et du mal, articulent leur grimace non équivoque, que le parfum provoque la pensée et le souvenir correspondants ; que la passion murmure ou rugit son langage éternellement semblable".
Baudelaire utilise régulièrement la synesthésie pour créer une fusion des sens, notamment dans le poème Correspondances.
Avant lui, seul Gérard de Nerval avait pratiqué une poésie qui ne fût pas littérature. Libérée du joug de la raison, la poésie peut désormais exprimer la sensation.
" En faisant de Baudelaire le chef de file d'une poésie de la sensation, Barrès le montre s'épuisant à "chercher de sensations en sensations des frissons, des frissons nouveaux"
Lors de l'inauguration du monument Baudelaire au cimetière du Montparnasse, Armand Dayot, inspecteur des Beaux-Arts, rappellera cette recherche de la sensation :
"Ce fait même d'avoir découvert un frisson nouveau, frisson qui va jusqu'à l'extrême limite de la sensibilité, presque au délire de l'Infini, dont il sut emprisonner les manifestations les plus fugitives, fait de Baudelaire un des explorateurs les plus audacieux, mais aussi des plus triomphants de la sensation humaine"
Déjà, dans ses meilleurs poèmes, Baudelaire, tout comme Mallarmé et Maurice Maeterlinck après lui, ne conserve du vers classique que la musique. Par les césures irrégulières, les rejets et les enjambements, il élude le caractère trop mécanique de l'alexandrin et pose les prémices du vers impair de Verlaine et des dissonances de Laforgue, voire du vers libre. Baudelaire jette ainsi les bases du symbolisme.
Inspiré par la lecture de Gaspard de la nuit d'Aloysius Bertrand, qui avait introduit en France le poème en prose, Baudelaire compose les Petits poèmes en prose et explique, dans sa préface :
"Quel est celui de nous qui n'a pas, dans ses jours d'ambition, rêvé le miracle d'une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ? ".

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#295 Charles Baudelaire suite 2
Loriane Posté le : 30/08/2014 23:49
L'expérience du miroir

L'horreur pourtant peut être sympathique, comme le suggère le titre paradoxal d'un poème probablement composé à Honfleur, publié le 15 octobre 1860 dans L'Artiste et appelé à devenir la pièce LXXXII de la première section, la plus longue, Spleen et Idéal, allongée encore dans l'édition de 1861. La peur de soi ne va pas sans fascination. Après deux quatrains en forme de question et de réponse, les deux tercets font place à une expérience qui dans la vie intérieure et dans la poésie de Baudelaire occupe une place considérable, l'expérience du miroir :

Cieux déchirés comme des grèves,
En vous se mire mon orgueil ;
Vos vastes nuages en deuilSont les corbillards de mes rêves,
Et vos lueurs sont le reflet
De l'Enfer où mon cœur se plaît.
Si l'image des miroirs jumeaux est discrètement lumineuse dans La Mort des amants, le miroir où se contemple l'individu seul est autrement inquiétant. Celui qui se punit lui-même, L'Héautontimorouménos , s'y découvre en proie à l'ironie vorace, donc à l'autodérision : il la découvre dans sa voix, dans son sang, et il finit par se considérer dans le sinistre miroir / Où la mégère se regarde. C'est dire qu'il s'identifie à Mégère, l'une des Érinyes grecques, l'une des Furies latines, figure effrayante de la vengeance. Lui-même se poursuit, se torture ; il est à la fois le bourreau et la victime du châtiment infernal dans l'enfer de ce miroir, qui est aussi l'enfer de l'œuvre vengeresse.
Le motif parvient à son expression la plus complète dans le poème suivant, L'Irrémédiable, qui réunit divers emblèmes illustrant la conscience. Elle a pénétré en l'homme depuis la chute d'Adam et Ève. Elle est rendue plus insidieuse et plus pénétrante par la présence ironique, lucide et cruelle, qu'elle constitue. Ce n'est d'ailleurs pas tant la conscience du mal que la conscience dans le Mal, et le poème s'achève sur cette expression :

Tête-à-tête sombre et limpide
Qu'un cœur devenu son miroir !
Puits de Vérité, clair et noir,
Où tremble une étoile livide,Un phare ironique, infernal,
Flambeau des grâces sataniques,
Soulagement et gloire uniques,
– La conscience dans le Mal.
La versification, apparemment légère, ne fait que mieux ressortir le caractère aigu de la souffrance. Le tête-à-tête, la confidence que deux êtres se font l'un à l'autre, se transforme en l'épreuve de la conscience solitaire. L'apparente valorisation de cette conscience, considérée comme un puits de vérité, ne va pas sans retour vers l'image fondamentale du gouffre intérieur, révélatrice de ce que Benjamin Fondane 1898-1944 a appelé à propos de Baudelaire l'expérience du gouffre. Cette vérité elle-même, la vérité de soi, est sans indulgence ; le jugement sur soi est porté sans pardon.
Certains mots fondateurs de l'ensemble du recueil Les Fleurs du mal sont ici comme des pivots : ils tournent du positif au négatif, de l'apparence du Bien à l'horreur du Mal. Au fond du puits de vérité, à la fois clair et noir, une étoile apparaît sans briller, elle est une étoile livide, sans vie, comme si elle était elle-même condamnée. Au lieu des phares dont les lumières brillent dans l'un des premiers poèmes – huit artistes, de Rubens à Delacroix –, seul un phare ironique, infernal, éclaire ici d'une lumière empruntée, douteuse, sans grâce ni pitié, l'enfer intérieur de celui qui a été damné par lui-même. Et ce phare, précisément, n'est autre que la conscience dans le Mal.
Tout pourtant n'est pas si sombre, et il aurait été excessif que Verlaine place Baudelaire parmi sa série de six médaillons sur Les Poètes maudits 1888, dont lui-même, sous l'anagramme de Pauvre Lélian, constitue le dernier. Le dandysme baudelairien apporte la note d'une grâce particulière, même s'il comporte son danger propre et s'il peut se retourner : c'est bien une manière de vivre et dormir devant un miroir, Mon Cœur mis à nu. L'ironie baudelairienne elle-même n'est pas toujours vorace : l'un des petits poèmes en prose, Le Miroir, en apporte la preuve, avec la revendication d'un homme qui, au nom des immortels principes de 1789, revendique le droit de se regarder dans le miroir.

L'épuisement de la parole

Scrupuleux à l'extrême, Baudelaire avançait très lentement dans la préparation de ses publications, qu'elles fussent personnelles ou alimentaires. Menant plusieurs ouvrages de front, il devait abandonner bien des projets : un drame, ou plutôt un livret d'opéra comme La Fin de Don Juan, un roman même, que ne compense pas tout à fait sa brillante nouvelle, La Fanfarlo, publiée dès 1847 quand il n'était encore que Charles Defayis, le nom de sa mère corrigé ou déformé.
Il en résulte un sentiment d'impuissance créatrice qui augmente sa rage contre les autres et contre soi-même. Ses lettres à divers correspondants, les notes intimes regroupées après sa mort sous des titres auxquels il avait songé – Hygiène, Fusées, Mon Cœur mis à nu –, disent et redisent ses velléités, ses abandons et ses souffrances. Il se plaint en 1861 de sa volonté perdue, gâchée. En février 1865, il est obligé de constater : Rien, jamais rien. En décembre de la même année, il s'étonne : Je ne suis plus maître de mon temps. Sa peur devient celle du silence, de l'aphasie dans laquelle, par un cours tragique de sa destinée, il va sombrer en effet.
Lui qui depuis 1842 a si peu voyagé, il décide en 1864 de se rendre en Belgique. Ce pays passe pour un pays de liberté pour les écrivains exilés, attaqués ou condamnés. C'est là qu'a été publié en 1862 le roman de Victor Hugo, Les Misérables, que Baudelaire ne prise guère d'ailleurs. C'est là que vont paraître Les Épaves en 1866. C'est là que Rimbaud, sept ans plus tard, publiera Une saison en enfer. Quand, le 24 avril 1864, Baudelaire gagne Bruxelles, il compte récupérer beaucoup d'argent, et il en a besoin plus que jamais. Il lui faut envisager de faire une tournée de conférences. Il espère aussi y trouver un éditeur pour la publication de ses œuvres complètes. Mais il n'y rencontre qu'une très grande avarice, dont il se plaint dans une lettre à sa mère du 6 mai 1864. Il cherche à se venger en entreprenant d'écrire une manière de pamphlet, un ouvrage inachevé de sinistre dérision, pour lequel il envisage les titres de Pauvre Belgique ou La Belgique déshabillée.
En janvier 1860, une crise cérébrale fugace avait pour la première fois donné l'alerte. Le rhumatisme à la tête ne le quitte plus en Belgique. Lors d'un second voyage, en mars 1866, il est pris à Namur d'un étourdissement qui le laisse à demi paralysé et à peu près aphasique. Le regard d'une fixité navrante frappera tous ceux qui viendront lui rendre visite dans la clinique du docteur Dumas, après son rapatriement à Paris. L'un de ces témoins, Jules Troubat, se rappelle un dîner chez le photographe Nadar, où l'on avait traîné Baudelaire, en janvier 1867. Il en est resté à ces trois mots : Non, cré nom, nom, se rappelle-t-il. Et pourtant la mémoire fonctionne encore : Baudelaire a encore la présence d'esprit de montrer du doigt les poésies de Sainte-Beuve, les œuvres d'Edgar Poe en anglais, un petit livre sur Goya et, dans le jardin de la clinique du docteur Duval, une plante exotique qui lui rappelle sans doute son voyage dans les îles des mers du Sud. Au nom de Manet et à celui de Wagner, il a souri d'allégresse.
Mais l'évolution du mal est irréversible. S'y ajoute une plaie gangréneuse, terriblement douloureuse. Dans ses derniers moments, on a l'impression qu'il ne peut dormir que les yeux ouverts. Il meurt le 31 août 1867 à 11 heures du matin, déjà en état de décomposition physique et si faible qu'il ne luttait plus.

La poétique baudelairienne

Ses refus
L'attitude de Baudelaire peut être négative, polémique même. Ainsi il poursuit de son ironie les prétentions de l'esprit positif et positiviste à envahir le domaine poétique. Il lutte contre ce qu'il appelle l'hérésie de l'enseignement, dont il dénonce les formes les plus insupportables.
Il repousse tout d'abord la volonté d'unir l'art et la science. Dans la Préface des Poèmes antiques, en 1852, Leconte de Lisle avait proclamé que « l'art et la science, longtemps séparés par suite des efforts divergents de l'intelligence, doivent tendre à s'unir étroitement, si ce n'est à se confondre. Baudelaire s'insurge contre une telle tentative, en particulier dans l'article sur Théophile Gautier paru le 13 mars 1859 dans le journal L'Artiste sous le titre L'Art romantique, et repris dans les Notes nouvelles sur Edgar Poe. Pour lui, la poésie ne peut pas, sous peine de mort et de déchéance, s'assimiler à la science .... Elle n'a pas la vérité pour objet, elle n'a qu'elle-même. La vérité n'a rien à faire avec les chansons ; tout ce qui fait le charme, la grâce, l'irrésistible d'une chanson enlèverait à la vérité son autorité et son pouvoir. Froide, calme, impassible, l'humeur démonstrative repousse les diamants et les fleurs de la Muse ; elle est donc absolument l'inverse d'une humeur poétique. Il y a une manière d'incompatibilité d'humeur entre la poésie et la science.
Baudelaire s'acharne encore davantage contre la théorie bourgeoise de la moralité et de l'utilité sociale de l'art. Dans son article sur « Les Drames et les romans honnêtes, en 1851, il s'écrie : il est douloureux de noter que nous trouvons des erreurs semblables dans deux écoles opposées : l'école bourgeoise et l'école socialiste. Moralisons ! Moralisons ! s'écrient toutes les deux avec une fièvre de missionnaires. Naturellement l'une prêche la morale bourgeoise et l'autre la morale socialiste. Dès lors l'art n'est plus qu'une question de propagande.
En cela le prologue des Confessions d'un mangeur d'opium anglais 1822 le gêne. Il le juge artificiel. Thomas de Quincey 1785-1859 n'a cherché en l'écrivant qu'à attirer la sympathie sur lui-même.
Il ne faut donc pas exagérer la position morale de Baudelaire dans le prologue Au lecteur des Fleurs du mal. Sans doute tel péché peut-il se trouver condamné dans tel ou tel poème du recueil ; mais, à d'autres moments, le poète en fera tout aussi bien l'apologie. La femme aimée, quel que soit son nom, est à la fois la créature aux sens insatiables et l'enchanteresse aux bijoux. Baudelaire a la certitude que lorsque le vice est séduisant, il faut le peindre séduisant, mais quand il traîne avec lui des maladies et des douleurs morales singulières, il faut tout autant les décrire. Il se donne pour mission de montrer toutes les plaies, à commencer par les siennes. Nul préjugé moral : l'art ne choque pas la morale.

La question de l'Art pour l'Art

Théophile Gautier 1811-1872 est sans doute épargné par les attaques ou les remarques acerbes de Baudelaire, qui lui rend au contraire hommage dans la dédicace des Fleurs du mal, toujours maintenue en tête du recueil. Pourtant les rapports qu'il entretient avec l'école de l'Art pour l'Art sont complexes.
Sans doute pour lui la poésie n'a-t-elle « d'autre but qu'elle-même, comme il le souligne dans les Notes nouvelles sur Edgar Poe. Mais il est plus nuancé dans sa lettre à Ancelle du 18 février 1861 au sujet de la nouvelle édition des Fleurs du mal. Il lui confie, ou plutôt il lui rappelle que, dans ce livre atroce, il a mis tout son cœur, toute sa tendresse, toute sa religion travestie, toute sa haine. Dire le contraire, ajoute-t-il, ce serait mentir comme un arracheur de dents .
Si, un temps, il a opposé l'art pur à l'art philosophique, il refuse tout aussi bien le formalisme et la plastique. Certes, il lui est arrivé, dans sa jeunesse surtout, de sacrifier au culte de la Beauté, de la concevoir comme un rêve de pierre. Mais la renommée du sonnet qui la célèbre ainsi ne doit pas faire illusion. Baudelaire refuse la poésie purement sculpturale et le néo-paganisme comme il écarte en peinture l'ingrisme et la réduction à l'épure de la ligne. Il glorifie au contraire le colorisme symbolique.
La folie de l'art est égale à l'abus de l'esprit : cette formule décisive se trouve dans l'article de 1852 contre l'École païenne. La poésie, refusant les impuretés, mais refusant aussi de se réduire à une pure technique, atteint, au-delà de l'enseignement et au-delà de la forme, la spiritualité magique. Elle est la quête perpétuelle, tantôt comblée, tantôt angoissée et frustrée, d'un paradis de l'âme, en face duquel les paradis artificiels ne sont qu'une approximation bâtarde. Le secret douloureux dont parle le poème La Vie antérieure est le désir de parvenir à l'état suprême d'élévation qui permet de planer sur la vie et de comprendre sans effort « le langage des fleurs et des choses muettes, Élévation.
Le passage du réel au magique s'opère à la faveur de l'insolite. Et c'est pourquoi le beau est toujours bizarre, Exposition universelle, 1855. Grâce à la reine des facultés, l'imagination, le poète, en état d'excitation extatique, peut percevoir, en dehors des méthodes philosophiques, les rapports intimes et secrets des choses, les correspondances verticales entre l'univers des formes sensibles et un univers transcendant. Les objets placés sous les yeux humains ne sont que des représentations, des symboles d'une réalité idéale, et la Nature, revêtue de spiritualité, devient un temple aux vivants piliers, Correspondances.
Obtenus naturellement ou acquis artificiellement, ces états d'enthousiasme restent néanmoins passagers. L'analogie, en définitive, est celle qui existe entre l'homme et le monde. Qu'est-ce que l'art pur suivant la conception moderne ?, demande Baudelaire dans l'article L'Art philosophique : C'est créer une magie suggestive contenant à la fois l'objet et le sujet, le monde extérieur à l'artiste et l'artiste lui-même.Telle est peut-être la définition la plus juste de la poétique baudelairienne : le poème, synthèse allégorique des mythes et d'images quotidiennes, est comme une germination intérieure issue de l'échange continu des spectacles et des sentiments, germination verbale et rythmique aussi dans le contrepoint incessant du concret et du symbolique.

Pour une poétique universelle

Pour Baudelaire, la poésie verbale n'est qu'une des expressions techniques possibles de la poésie universelle qu'il recherche à l'horizon de sa quête esthétique. Lui qui a été si sensible à la peinture et même à la musique ne conçoit pas la poésie comme différant dans son essence des autres arts. La révélation des correspondances horizontales, confortée par l'expérience des paradis artificiels, fonde une poétique de l'analogie universelle : Les parfums, les couleurs et les sons se répondent Correspondances. Il existe de subtiles affinités entre la peinture et la musique. Dans le compte rendu de l'Exposition universelle de 1855, il note de l'œuvre d'Eugène Delacroix ces admirables accords de sa couleur qui font souvent rêver d'harmonie et de mélodie, et l'impression qu'on emporte de ses tableaux est quasi musicale. Dans le poème Les Phares, ces arrangements éveillent les fanfares étranges qui passent, comme un soupir étouffé de Weber.
La conséquence de cette révélation est double. D'une part, la poésie aura pour charge de traduire les correspondances entre les sensations, soit qu'elle les explique, soit qu'elle en use, en inventant des alliances de mots hardies : les parfums verts de Correspondances, les cheveux bleus de La Chevelure sont des illustrations exemplaires d'une telle poétique du transfert, fondée sur le sens des synesthésies. De même que : je buvais ton souffle, dans Le Balcon, ou ta salive qui mord, dans Le Poison.
La poésie doit elle-même entrer en correspondance avec les autres arts. Ainsi se justifie la tentative baudelairienne de traduire en mots la poésie colorée de Rubens, de Delacroix, ou celle, musicale, de Wagner. La pièce la plus significative à cet égard est Les Phares, qui déroule une série de huit médaillons en forme de quatrains : chacun est consacré à un artiste, jusqu'aux trois derniers qui donnent sa conception de l'Art. Baudelaire ne se soucie pas ici de décrire des toiles où figureraient les éléments visuels qu'il égrène le lac de sang pour Delacroix, le triste hôpital pour Rembrandt. Il procède bien plutôt par métaphores suggestives. Ainsi l'image du miroir, associée à Léonard de Vinci, évoque sa lumière, polie comme un reflet sur la toile.
La plastique est rejetée, mais les arts plastiques sont conviés, en particulier dans Les Fleurs du mal où sont transposées des œuvres précises : le poème Bohémiens en voyage est écrit d'après une estampe de Jacques Callot ; Don Juan aux enfers, d'après une lithographie de Guérin ; Duellum, d'après le caprice 62 de Goya ; Une gravure fantastique, d'après une eau-forte de John Hamilton Mortimer ; Le Masque, d'après une statue allégorique d'Ernest Christophe dans le goût de la Renaissance ; Danse macabre, d'après une autre statue du même sculpteur.

Le roman esquivé

On a pu s'étonner que Baudelaire, admirateur d'Edgar Poe, mais aussi de Hoffmann et de Balzac, ait peu produit en matière de littérature narrative. Pourtant, il a médité sur les problèmes du roman, distinguant par exemple entre les romanciers forts et les romanciers curieux quand il a présenté sa traduction de La Révélation magnétique de Poe aux lecteurs de La Liberté de penser le 15 juillet 1848. On pourrait tirer de ce texte et d'autres les éléments d'une poétique baudelairienne du roman.
Mais que reste-t-il des projets inaboutis qu'il a eus ? Le Jeune Enchanteur 1846, longtemps tenu pour une œuvre originale, n'est que la traduction d'un texte anglais découvert dans un keepsake et probablement dû au révérend Croly. Seule La Fanfarlo échappe à ce qui ne serait qu'une absence du roman dans l'œuvre de Baudelaire. Publiée en 1847 dans le Bulletin de la Société des gens de lettres, cette nouvelle est encore signée Charles Defayis. Samuel Cramer, le protagoniste, est immédiatement présenté comme l'homme de belles œuvres ratées, victime du dieu de l'impuissance. Baudelaire, qui s'est dépeint sous ces traits, connaît les affres d'une telle impuissance en matière de récit et de roman.
On a conservé de lui des listes de titres et canevas de romans et de nouvelles. L'un de ces projets, Le Marquis invisible, est considéré par lui-même comme très important. La Ciguë islandaise revient avec insistance. Il envisage un roman sur les Derniers Hommes, où l'on retrouverait en eux et autour d'eux les mêmes vices qu'autrefois. L'Automate semble dans le sillage de Poe. Et on voit reparaître ou apparaître la Sisina des Fleurs du mal, ce qui prouve qu'il n'y a pas de rupture absolue entre l'œuvre poétique de Baudelaire et ses projets romanesques. D'une manière générale, il veut trouver des aventures horribles, étranges, à travers les capitales.
Claude Pichois a fait observer que, pour un certain nombre de sujets, Baudelaire semble avoir hésité entre le genre du poème en prose et celui de la nouvelle ou du récit. On peut faire observer que, dans l'autre sens, les petits poèmes en prose de Spleen de Paris pourraient être les résidus d'une entreprise romanesque au moins latente.
Pour le comprendre, il convient de se reporter à la dédicace à Arsène Houssaye pour Le Spleen de Paris et, plus encore, au canevas de cette dédicace. Elle commence là où finit le Tristram Shandy (1760-1767) de Laurence Sterne, que Baudelaire connaissait : Sans queue ni tête. Tout queue et tête. Ces notations liminaires livrées à l'état brut renvoient vraisemblablement à l'équivoque obscène et grossière sur laquelle Sterne avait choisi d'achever son roman. Elles renversent le goût qu'eut Baudelaire pour ce romancier à beaucoup d'égards déconcertant. Samuel Cramer a plaisir à jouer avec lui dans La Fanfarlo. Lui aussi, d'une autre manière, dans l'un de ses petits poèmes en prose, Les Bons Chiens, où il s'adresse à Sterne, celui du Voyage sentimental en 1768 et celui de Tristram Shandy. Il le salue à la fois comme sentimental farceur et comme farceur incomparable. Ailleurs, il lui emprunte l'histoire de cet âne auquel fut offert un macaron et qui s'en délecta.
Michel Butor a eu raison de mettre l'accent sur la dédicace à Arsène Houssaye, en tête du recueil Le Spleen de Paris, où Baudelaire indique qu'il ne suspend pas la volonté rétive de son lecteur au fil interminable d'une intrigue superflue. Cela signifie bien, comme l'écrit l'auteur des Essais sur le roman en 1969, que ces petits poèmes en prose contiennent un roman, mais que Baudelaire a retranché tout ce qui n'était pas immédiatement poétique. À s'en tenir à la poésie pure, si elle est concevable, on risque de négliger l'aspect narratif de ces cinquante morceaux, de mettre l'accent sur les premiers en négligeant ceux qui, plus tardifs, tournent à l'anecdote, au conte, ou même à la confidence autobiographique.
Le plus frappant à cet égard est précisément le dernier, Les Bons Chiens, celui que Baudelaire a placé sous le signe de Sterne en s'adressant directement à lui comme Tristram Shandy le faisait dans le célèbre roman, qui correspond aussi à une expérience des limites du genre romanesque. Ce texte, lié au premier séjour en Belgique, a paru pour la première fois dans L'Indépendance belge le 21 juin 1865. Il est dédié à un artiste bruxellois, Joseph Stevens, qui s'était fait une spécialité de la peinture animalière et qui avait représenté en particulier des chiens. Baudelaire évoque leur relation, relate le don que le peintre lui avait fait un jour de son gilet, tout en poursuivant sa rêverie. Que le poète endosse le gilet du peintre, comme il y insiste dans les dernières lignes, cet échange pourrait être intégré à un roman de l'artiste. Mais c'est le signe aussi de la proximité entre création poétique, critique artistique et confession personnelle, toutes tentations qui s'exercent concurremment et harmonieusement sur Baudelaire. De même, dans un autre de ces petits poèmes en prose qui, à beaucoup d'égards, s'apparentent à des Fantasie stücke ou des Nachtstücke, trois autres tentations, Éros, Plutus et la Gloire montent dans la nuit, tel L'Homme au sable en 1817 de Hoffmann, l'escalier mystérieux par où l'enfer donne assaut à la faiblesse de l'homme qui dort, du poète qui finalement les repousse.
Si l'on revient au poème placé en tête du recueil Le Spleen de Paris, L'Étranger qui aime les nuages, les merveilleux nuages, on comprend aisément que c'est une manière d'autoportrait. La découverte à Honfleur des peintures d'Eugène Boudin (1824-1898), le roi des ciels comme l'appelait Corot, décrites dans le Salon de 1859, tous ces nuages aux formes fantastiques et lumineuses, permet déjà de réunir en Baudelaire et le narrateur, et le poète et le critique d'art. Ne sommes-nous pas d'ailleurs au seuil d'un roman du poète, d'un récit tour à tour dramatique l'étude du beau qui est un duel dans Le Confiteor de l'artiste), exaspéré (Un plaisant , Le Chien et le flacon, hanté La Chambre double, allégorique Chacun sa chimère, vengeur (Le Mauvais Vitrier , Assommons les pauvres), confidentiel (la confession d'un solitaire dans À une heure du matin, dans Les Foules ou dans Les Fenêtres), tendu par un vœu puissant Any Where out of the World). Même l'ironie mordante n'y fait pas défaut qui, digressions et brisures en moins, n'est pas sans rappeler encore la manière de Sterne : Mademoiselle Bistouri pourrait avoir sa place auprès du docteur Slop ou de la sage-femme de Shandy Hall, et les chimères elles-mêmes ne sont pas sans analogie avec les dadas (hobby-horses) du père de Tristram.

Baudelaire fut-il aussi stoïque que le bouffon Fancioulle dans Une mort héroïque ? Il y écrit que l'ivresse de l'art est plus apte que toute autre à voiler les terreurs du gouffre ; ... le génie peut jouer la comédie au bord de la tombe avec une joie qui l'empêche de voir la tombe, perdu, comme il est dans un paradis excluant toute idée de tombe et de destruction. Les notes sombres abondent pourtant dans une œuvre qui ne se réduit pas à un cimetière éclairé par la lune, mais où la menace semble la condition de l'émerveillement. Peut-être cette autre alliance est-elle celle qui fait la force et le prix de son œuvre.

Liens
http://youtu.be/qbAlqvHE0Ao Le procés des fleurs du mal
http://youtu.be/Y8M3L-RHE_o Chant d'automne
http://youtu.be/VvIIoNmTidM La vie antérieure par Léo ferré
http://youtu.be/TwkTPJoWbyQ sa vie
http://youtu.be/k50-xrloE2U La modernité dans la poésie de Baudelaire
http://youtu.be/CQBbzO3DHtc Spleen et idéal
http://youtu.be/rYPUs1S9YPc Les fleurs du mal le procès


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#296 Pline l'ancien
Loriane Posté le : 23/08/2014 22:23
Le 24 Aout 79, à Stabies, Stabia en latin, près de Pompéi, lors de l'éruption

du Vésuve meurt, à 56 ans, Gaius Plinius Secundus, Pline l'Ancien,


en latin Gaius Plinius Secundus, né en 23 après J.-C. à Novum Comum l'actuelle Côme dans le nord de l'italie écrivain et naturaliste romain du ier siècle, auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée Histoire naturelle.
Il adopta son neveu qui prit le nom de Caius Plinius Caecilius Secundus, Pline le Jeune, en 79 après J.-C.
L'Histoire naturelle Naturalis historia, qui compte trente-sept volumes, est le seul ouvrage de Pline l'Ancien qui soit parvenu jusqu'à nous. Ce document a longtemps été la référence en sciences et en techniques. Pline a rassemblé le savoir de son époque sur des sujets aussi variés que les sciences naturelles, l'astronomie, l'anthropologie, la psychologie ou la métallurgie.

En bref

Pline l'Ancien – ainsi nommé pour le distinguer de son neveu et fils adoptif Pline le Jeune – fut parfois appelé Pline le Naturaliste. Le seul ouvrage qui reste de lui est en effet une Histoire naturelle. Et, malgré l'importance de ses écrits historiques qui constituent l'une des principales sources de Tacite, son enquête sur la nature s'est imposée comme une sorte de bilan du savoir de l'époque. C'est ce qui lui a valu de traverser heureusement les siècles.
Les loisirs d'un homme d'action
Gaius Plinus Secundus, chevalier romain né à Côme, fut un auteur remarquablement fécond. Venu dans sa jeunesse de Côme à Rome, il fut à l'école des rhéteurs, selon la coutume, puis commença une carrière équestre, dans l'administration impériale. Préfet d'une aile de cavalerie, il fit campagne en Germanie, peut-être entre 47 et 57. Il interrompit sa carrière pendant les dernières années du règne de Néron, et se consacra, pendant cette période, à des travaux littéraires. L'arrivée au pouvoir de Vespasien, qui était son ami, le rappela à l'activité administrative : en 70, on le trouve procurateur des finances impériales en Gaule narbonnaise, puis en Afrique 71-72 ; en 73, il est procurateur d'Espagne citérieure. Nommé en Gaule Belgique, il est rappelé à Rome, où il collabore étroitement avec l'empereur ; peut-être est-il dès lors préfet de la flotte de Misène, l'une des plus hautes fonctions confiées à des chevaliers. En 79, au moment où se produisit l'éruption du Vésuve, qui ensevelit Pompéi, Herculanum et Stabies, Pline se trouvait à Misène, et il voulut se rendre compte par lui-même du désastre – à la fois curiosité de savant et devoir professionnel, pour l'organisation des secours. Mais il mourut sur le rivage de Stabies, sans doute d'une crise cardiaque provoquée par les gaz délétères. Le récit de cette mort nous a été conservé par une lettre de Pline le Jeune à Tacite VI. En dépit des lourdes tâches de sa carrière administrative, Pline occupait la plus grande partie de son temps à des lectures innombrables, dont il faisait des résumés. Pline composa de la sorte trois livres sur l'éloquence, huit livres sur la manière correcte d'écrire, puis des ouvrages de biographie la vie de son ami Pomponius Secundus et surtout d'histoire : vingt livres sur les guerres contre les Germains et trente et un livres qui continuaient l'œuvre historique d'Aufidius Bassus, lequel avait lui-même continué Tite-Live. Nous ne savons pas exactement à quelle date Pline commençait son récit, mais seulement qu'il y racontait le règne de Néron. Ce livre, écrit sous Vespasien – donc après la chute des Julio-Claudiens – est résolument hostile à la dynastie déchue et surtout à Néron. Ce sera l'une des sources de Tacite. La dernière partie de sa vie fut consacrée à la vaste compilation trente-sept livres que constitue l'Histoire naturelle Naturalis Historia, publiée en 77, avec une longue dédicace à l'empereur Titus.

Sa vie

Pline l'Ancien naquit sous le consulat d’Asinius Pollion et de Caïus Antistius Vetus en 23 de l'ère chrétienne, soit l'an de Rome 776.
Caïus Plinius Secundus naquit sous le consulat de Caïus Asinius Pollion et Caïus Antistius Vetus, l'an de Rome 776, 23 de l'ère chrétienne. Il y a de l'incertitude sur le lieu de sa naissance, placée suivant les uns, à Vérone; suivant les autres, à Côme Nuvocomum. Ce qui fait croire que Pline est de Vérone, c'est que des manuscrits portent en effet Plinius Veronensis, et que Pline lui-même, dans sa préface, appelle d'un mot militaire Catulle son pays conterraneus; or Catulle était de Vérone. En faveur de Côme, on remarque qu'Eusèbe de Césarée, dans sa Chronique, joint au nom de Pline l'épithète de Novocomensis; mais Eusèbe et les écrivains postérieurs ont longtemps confondu Pline l'auteur de l'Histoire naturelle et Pline le Jeune, son neveu, l'auteur des Lettres et du Panégyrique de Trajan. L'argument le plus considérable en faveur de Côme, ce sont les inscriptions que l'on a trouvées dans cette ville, inscriptions où le nom de Pline revient souvent: elles ne sont pas, il est vrai, relatives à notre Pline, mais du moins elles montrent qu'à Côme ce nom était commun, et l'on en tire la conclusion que notre auteur était aussi de cette ville. En définitive, ce point ne paraît pas susceptible d'une solution.
Les écrivains postérieurs ont longtemps confondu Pline l'auteur de l'Histoire naturelle et Pline le Jeune, son neveu, l'auteur des Lettres et du Panégyrique de Trajan. L'argument le plus considérable en faveur de Côme est le nombre d'inscriptions trouvées dans cette ville où le nom de Pline revient souvent : elles ne sont pas, il est vrai, relatives à notre Pline, mais du moins elles montrent qu'à Côme ce nom était commun, et l'on en tire la conclusion que notre auteur pouvait être aussi de cette ville. En définitive, ce point ne paraît pas avoir trouvé sa conclusion définitive.

Formation

Pline l'Ancien était membre de la classe sociale des chevaliers romains, eques par sa mère, fille du sénateur Gaius Caecilius de Novum Comum. Avant 353, son père Gaius Plinius Celer l'emmena à Rome, où il confia son éducation à un de ses amis, le poète et général Publius Pomponius Secundus. Pline y acquit le goût d'apprendre, qu'il conserva toute sa vie. Deux siècles après la mort des Gracques, le jeune homme put admirer certains de leurs manuscrits autographes, dans la bibliothèque de son précepteur. Il leur consacra plus tard une biographie. Pline mentionna les grammairiens et rhétoriciens Remmius Palaemon et Arellius Fuscus dans sa Naturalis historia, et fut sans doute leur élève. À Rome, il étudia la botanique au topiaire d'Antonius Castor et vit les anciens arbre lotus sur les terrains qui avaient appartenu auparavant à Crassus. Il put également contempler la vaste structure édifiée par Caligula6 et assista probablement au triomphe de Claude Ier sur la Bretagne, en 44 III, 119. Sous l'influence de Sénèque, il devint un étudiant passionné de philosophie et de rhétorique et commença à exercer la fonction d'avocat.

Carrière militaire

Il servit sous les ordres de Gnaeus Domitius Corbulo en Germanie en 47, participant à la conquête romaine des Chauques, tribu germanique du littoral Nord-Ouest et à la construction du canal entre le Rhin et la Meuse. En tant que jeune commandant d'un corps de cavalerie praefectus alae, il écrivit, dans ses quartiers d'hiver, un essai sur l'art de lancer le javelot à cheval de jaculatione equestri.
En Gaule et en Espagne, il apprit la signification d'un certain nombre de mots celtiques. Il nota les sites associés à l'invasion romaine en Germanie, et les lieux des victoires de Drusus, Plin. Epp., III, 5, 4. Son rêve était de raconter l'histoire de toutes les guerres entre Romains et Germains. Il accompagna Pomponius, ami de son père, en expédition contre les Chattes 50 et visita la Germanie pour une troisième fois, en tant que compagnon du futur empereur Titus Flavius Praef. § 3.

Recherches

Sous Néron, il vécut principalement à Rome. Il mentionna la carte d'Arménie et les abords de la mer Caspienne qui fut cédée à Rome par le personnel de Corbulo en 59 VI, 40. Il assista aussi à la construction de la Domus Aurea de Néron après le grand incendie de 64 XXXVI, 111.
Entre-temps, il compléta les vingt livres de son Histoire des guerres germaniques, seul ouvrage de référence cité dans les six premiers livres des Annales de Tacite, I, 69. Cet ouvrage fut probablement l'une des principales sources de renseignements sur la Germanie jusqu'aux écrits de Tacite. Au début du ve siècle, Symmaque eut un petit espoir de retrouver une copie Epp., XIV, .
Il consacra beaucoup de son temps à des sujets relativement plus sûrs, comme la grammaire et la rhétorique. Studiosus, un travail détaillé sur la rhétorique, est suivi des huit livres de Dubii sermonis 67. Travaillant sans relâche, il se fait transporter en litière pour qu'un de ses esclaves lui lise des ouvrages et qu'il puisse dicter ses notes à un autre esclave secrétaire muni de tablettes enduites de cire.

Au service de l'État

Sous le règne de son ami Vespasien, il retourna au service de l'État comme procurateur en Gaule narbonnaise, 70 et en Hispanie romaine 73. Il visita aussi la Gaule belgique 74. Durant son séjour en Espagne, il se familiarisa avec l'agriculture et les mines du pays, en plus de visiter l'Afrique VII, 37. À son retour en Italie, il accepta une charge auprès de Vespasien, qui le consultait aux aurores avant de vaquer à ses occupations officielles. À la fin de son mandat, il consacra l'essentiel de son temps à ses études Pun. Epp., III, 5, 9.
Il compléta une Histoire de son Temps en 31 livres, traitant du règne de Néron jusqu'à celui de Vespasien, qu'il voulait ne laisser paraître qu'après sa mort N. H., Praef. Cette œuvre, citée par Tacite Ann., XIII, 20 ; XV, 53 ; Hist., III, 29, influença Suétone et Plutarque.
Pline termina presque son grand ouvrage Naturalis historia, une encyclopédie dans laquelle il collecta une grande partie du savoir de son époque, travail planifié sous la direction de Néron. Les informations qu'il collecta à cette fin ne remplissaient pas moins de 160 volumes en l'an 73, lorsque Larcius Licinus, le légat préteur d'Hispania Tarraconensis, essaya vainement de les acheter pour l'équivalent de plus de 200 000 £ valeur estimée en 2002. Il dédia son œuvre à Titus Flavius en 77.
Le 24 août 79, date traditionnellement fixée pour l'éruption du Vésuve qui ensevelit Pompéi et Herculanum, il se trouvait à Misène, en tant que Préfet commandant la flotte militaire romaine, basée en cet endroit. Voulant observer le phénomène au plus près et désirant porter secours à quelques-uns de ses amis en difficulté sur les plages de la baie de Naples, il partit avec ses galères, traversant la baie jusqu'à Stabies aujourd'hui Castellammare di Stabia où il mourut, probablement étouffé, à 56 ans.
L'éruption fut décrite par son neveu Pline le Jeune dont le nom est retenu en volcanologie ancienne pour décrire ce type d'éruption : on parle en effet d'éruption plinienne.
Le récit de ses dernières heures est relaté dans une intéressante lettre que Pline le Jeune adressa, 27 ans après les faits, à Tacite Epp., VI, 16. Il envoya aussi, à un autre correspondant, un exposé sur les écrits et le mode de vie de son oncle III, 5 :
Il commençait à travailler bien avant l'aube… Il ne lisait rien sans en faire de résumé ; il disait même qu'il n'existait aucun livre, si mauvais soit-il, qui ne contienne quelque valeur. Au pays, seule l'heure du bain l'exemptait d'étudier. En voyage, lorsqu'il était déchargé d'autres obligations, il se consacrait uniquement à l'étude. En bref, il considérait comme perdu le temps qui n'était pas consacré à l'étude.Il fut utilisée comme référence pendant de nombreux siècles par d'innombrables élèves.

L'Histoire naturelle

Pline l'Ancien est l'auteur de la première grande encyclopédie scientifique connue. Cet ouvrage, qui constitue une source de renseignements infiniment précieuse sur les connaissances des Anciens, restera jusqu'au xve siècle l'essentiel du savoir de l'Occident chrétien tant en matière de zoologie et de botanique qu'en médecine et qu'en minéralogie.
Pline assure qu'il avait utilisé deux mille volumes pour rassembler la matière de cette vaste enquête sur la nature. Il donne l'indication de ses sources. La curiosité de Pline ne se limite pas aux phénomènes naturels proprement dits, mais à tout ce qui trouve sa matière dans la nature, par exemple les œuvres d'art statuaire, peinture. En composant cet ouvrage, Pline suit l'exemple des encyclopédistes romains qui l'ont précédé notamment Varron, au siècle précédent. Une intention philosophique domine l'œuvre : l'idée d'une Nature souveraine créatrice et ouvrière de la Création Hist. nat., XXII, 117 ; XXIV, 1, etc., idée surtout stoïcienne en son principe, mais assez généralement répandue à Rome. Elle explique que l'auteur déclame volontiers contre tout ce qui déforme et corrompt la nature : le luxe, les mœurs déréglées, etc. L'Histoire naturelle a des résonances morales qui font écho aux idées reçues alors : il serait injuste de voir dans ces pages des développements de pure rhétorique.
Le premier livre est la liste des sources. Le livre II expose la structure de l'univers. Les livres III et IV sont consacrés à la géographie : les livres VII à XI aux animaux êtres humains et autres, tous les animalia, ce qui est animé ; les livres XII à XIX à la botanique ; les livres XX à XXXII à la médecine ; les livres XXXIII à XXXXVII aux minéraux, métaux, pierres et œuvres d'art exécutées à partir de ces matériaux.
L'Histoire naturelle contient donc la somme des connaissances de ce temps, connaissances fort mêlées, les unes déjà scientifiques, la grande masse de caractère folklorique. Les conceptions générales sur la structure du monde, dont le Soleil est l'âme, et où la divinité, unique, est partout, se rattachent plus à une vulgate philosophique qu'à une école déterminée. Les données sur les peuples et les pays lointains sont empruntées au stoïcien Posidonius ; Pline tient compte aussi des explorations effectuées plus récemment. Son livre est un bilan, et longtemps il symbolisera tout le savoir humain.

Œuvres

Pline le jeune dans une de ses lettres cite toutes ses œuvres.
Je suis très heureux que la lecture des livres de mon oncle vous passionne au point de vouloir les posséder tous et d'en réclamer la liste complète. Je remplirai le rôle de catalogue et même je vous indiquerai l'ordre de leur composition, car cette connaissance ne déplaît pas non plus aux curieux de lettres.
L'Art de lancer le javelot à cheval en 1 livre : il l'a composé avec autant de talent que de soin, lorsqu'il était aux armées comme commandant d'une aile de cavalerie.
La Vie de Pomponius Secundus en 2 livres : il en était particulièrement aimé ; il écrivit cet ouvrage comme pour s'acquitter d'une dette envers la mémoire de son ami.
Les Guerres de Germanie en 20 livres : il y a raconté toutes les guerres que nous avons soutenues contre les Germains. Il les commença pendant son service en Germanie ; un songe lui en donna l'idée ; pendant son sommeil il vit debout devant lui le fantôme de Drusus Néron, qui, après avoir soumis une grande partie de la Germanie, y mourut ; il lui recommandait de veiller sur sa mémoire et le priait de le sauver d'un injurieux oubli.
L'Homme de lettres en 3 livres, divisés en 6 volumes à cause de leur étendue : il y prend l'orateur au berceau et le conduit à sa perfection.
Les Difficultés de la grammaire en 8 livres : il l'écrivit pendant les dernières années du règne de Néron, quand tous les genres d'études un peu libres et un peu sérieuses eurent été rendues périlleuses par la servitude.
La Suite d'Aufidius Bassus en 31 livres.
L'Histoire naturelle en 37 livres : ouvrage étendu, savant, presque aussi varié que la nature elle-même.
Des ouvrages de Pline, un seul est arrivé jusqu'à nous, L'Histoire naturelle. L'auteur commence par exposer des notions sur le monde, la terre, le soleil, les planètes, et les propriétés remarquables des éléments. De là il passe à la description géographique des parties de la terre connues des anciens. Après la géographie vient ce que nous appellerions l'histoire naturelle, à savoir l'histoire des animaux terrestres, des poissons, des insectes et des oiseaux.
La partie botanique qui suit est très considérable, d'autant plus que Pline introduit beaucoup de renseignements sur les arts, tels que la fabrication du vin et de l'huile, la culture des céréales, et différentes applications industrielles. La partie botanique terminée, il revient sur les animaux pour énumérer les remèdes qu'ils fournissent ; enfin il passe aux substances minérales, et là ce qui est une des parties les plus intéressantes de son livre il fait à la fois l'histoire des procédés d'extraction de ces substances, et celle de la peinture et de la sculpture chez les anciens.
Cette monumentale encyclopédie, dans laquelle Pline a compilé le savoir de son époque, a longtemps été la référence en matière de connaissances scientifiques et techniques. Pour la réaliser, Pline dit avoir consulté 2 000 ouvrages dus à 500 auteurs différents. Selon son neveu Pline le Jeune, sa méthode de travail était de prendre des notes tandis qu'un de ses esclaves lui lisait un livre à haute voix.
Ses intérêts principaux La philosophie
Comme beaucoup de gens cultivés du début de l'empire romain, Pline était adepte du stoïcisme. Il était lié avec son plus noble représentant, Publius Clodius Thrasea Paetus et subit aussi l'influence de Sénèque. Ce stoïcien qui s'adonnait à l'étude de la nature et dont la morale lui enseignait d'être agréable avec les autres, chercha sans cesse dans son œuvre littéraire à être bénéfique et à instruire ses contemporains Praef. 16, XXVIII, 2 ; XXIX, I.

Il fut aussi influencé par l'épicurisme, l'académisme et la renaissante école pythagoricienne, mais sa vision de la nature et des dieux resta essentiellement stoïcienne. Selon lui, c'est la faiblesse de l'humanité qui enferme la déité sous des formes humaines entachées de fautes et de vices (II, 148). La divinité est réelle : c'est l'âme du monde éternel, dispensant sa bienfaisance tant sur terre que sur le soleil et les étoiles II, 12 sqq., 154 sqq.. L'existence de la divine Providence est incertaine II, 19 mais la croyance en son existence et à la punition des méfaits est salutaire II, 26 ; et la récompense de la vertu consiste en l'élévation à la divinité de ceux qui ressemblaient à un dieu en faisant le bien pour l'humanité (II, 18, Deus est mortali iuuare mortalem, et haec ad aeternam gloriam via . Il est mauvais de s'enquérir du futur et de violenter la nature en ayant recours aux arts de la magie II, 114 ; XXX, 3 mais l'importance des prodiges et des présages n'est pas rejetée II, 92, 199, 232.
La vision que Pline a de la vie était sombre : il voyait la race humaine plongée dans la ruine et la misère (II, 24 ; VII, 130). Contre le luxe et la corruption morale, il se livra à des déclamations si fréquentes comme celles de Sénèque) qu'elles finissent par lasser le lecteur. Sa rhétorique fleurit pratiquement contre des inventions utiles comme l'art de la navigation dans l'attente du bon sens et du goût XIX, 6.
Avec l'esprit de fierté nationale du Romain, il combina l'admiration des vertus qui menèrent la république à sa grandeur (XVI, 14 ; XXVII, 3 ; XXXVII, 201. Il n'éluda pas les faits historiques défavorables à Rome XXXIV, 139 et, bien qu'il honorât les membres éminents des maisons romaines distinguées, il était libre de l'indue partialité de Tite-Live pour l'aristocratie. Les classes agricoles et les vieux seigneurs de la classe équestre Cincinnatus, Curius Dentatus, Serranus et Caton l'Ancien étaient pour lui les piliers de l'état et il se lamentait amèrement du déclin de l'agriculture en Italie (XVIII, 21 et 35, latifundia perdidere Italiam. De même, pour l'Histoire des débuts de Rome, il préféra suivre les auteurs pré-augustéens ; cependant il vit le pouvoir impérial comme indispensable au gouvernement de l'empire et il salua le salutaris exortus de Vespasien XXXIII, 51.

Littérature et science

À la fin de ses longs travaux littéraires, en tant que seul Romain à avoir choisi comme thème l'entièreté du monde de la nature, il implora la bénédiction de la mère universelle sur tout son travail.
En littérature, il attribua la plus haute place à Homère et à Cicéron XVII, 37 sqq. puis en second lieu Virgile. Il fut influencé par les recherches du roi Juba II de Numidie et qu'il appelait mon Maître
Il voua un profond intérêt à la nature et aux sciences naturelles, les étudiant d'une manière nouvelle pour cette époque dans le monde romain. Malgré le peu d'estime que l'on portait pour ce genre d'études, il s'efforça toujours d'être au service de ses concitoyens XXII.
L'envergure de son œuvre est vaste et complète, une encyclopédie de toutes les connaissances et les arts tant qu'ils sont liés à la nature ou qu'ils en tirent leurs matériaux. Dans ce but, il étudia tout ce qui fait autorité dans chacun de ces sujets et ne manqua pas d'en citer des extraits. Ses indices auctorum index d'auteurs sont, dans certains cas, les autorités qu'il a lui-même consultées, bien que cela ne soit pas exhaustif parfois ces noms représentent les auteurs principaux sur le sujet qui ne sont connus que de seconde main. Il reconnut franchement ses obligations à tous ses prédécesseurs dans une phrase qui mérite d'être proverbiale curiosité scientifique pour les phénomènes de l'éruption du Vésuve mena sa vie d'étude infatigable à une fin prématurée. Il écrit dans sa préface : nec dubitamus multa esse quae et nos praeterierint ; homines enim sumus et occupati officiis. Préface : Je ne doute pas que beaucoup de choses m'ont échappé, mais je suis un homme, occupé par les affaires publiques.. A noter aussi sa conviction de la rotondité de la Terre, encore peu partagée à cette époque, ainsi que sa description précise des marées, avec une esquisse d'explication par les phases de la Lune.
Son style trahit une influence de Sénèque. Il vise moins à la clarté qu'à l'épigramme. Il est plein d'antithèses, de questions, d'exclamations, de tropes, de métaphores, et d'autres maniérismes de l'âge d'argent de la littérature romaine deux premiers siècles. La forme rythmique et artistique de la phrase est sacrifiée à une passion pour l'emphase qui enchante par le report de l'argument vers la fin. La structure de la phrase est aussi souvent erratique et décousue. On note aussi une utilisation excessive de l'ablatif absolu et des phrases à l'ablatif sont souvent mises en apposition pour exprimer l'opinion de l'auteur sur un énoncé qui précède immédiatement. Par exemple : XXXV, 80, dixit Apelles... uno se praestare, quod manum de tabula sciret tollere, memorabili praecepto nocere saepe nimiam diligentiam.

L'art

Il s'intéressa spécialement à la fabrication de grands papyrus XIII, 68-38 et aux différentes sortes de teintures de pourpre IX, 130, alors que sa description du chant du rossignol est un exemple élaboré du caractère parfois splendide de sa prose XXIX, 81 sqq.
La plupart des études récentes sur Pline se concentrent sur l'étude de ses domaines d'expertise, spécialement ceux présentés dans ses chapitres sur l'histoire de l'art les livres XXXIII à XXXVII - le plus ancien exposé sur ce sujet ayant survécu. Ses sources sont les traités perdus sur la sculpture en bronze et sur la peinture du sculpteur Xénocrate d'Athènes IIIe siècle av. J.-C. et l'érudit romain Varron Ier siècle av. J.-C..
On peut voir des statues des deux Pline en position assise, et revêtus de l'habit des érudits des années 1500, dans l'entrée principale de la cathédrale Santa Maria Assunta de Côme.
Les anecdotes de Pline l'Ancien concernant les artistes grecs inspirent à Vasari les sujets des fresques qui décorent encore les murs de son ancienne maison à Arezzo.
La botanique : les livres XII à XXVII
Dans 16 livres de l'Histoire naturelle, Pline tenta de réunir toutes les connaissances de son temps sur les végétaux. Non seulement il rassembla toutes les informations botaniques disponibles dans les ouvrages auxquels il avait accès mais mena aussi des enquêtes auprès des médecins, des herboristes, des gens de la campagne et fait par lui-même des observations sur le terrain. De cette large collecte, il tira un inventaire de la plus grande partie des plantes connues et nommées de son temps, soit environ 900 végétaux, le double de ce qu'avait donné Théophraste, quatre siècles plus tôt. Il donna sur chaque plante des informations de nature botanique mais précisa aussi leurs utilisations agricoles, alimentaires, pharmaceutiques ou magiques. En général, il rapportait ces informations en disant on dit, on raconte, sans porter de jugement de valeur, sans qu'on puisse savoir ce que lui-même en pensait.
Pour Ducourthial, En dépit de leurs défauts et des erreurs qu'ils contiennent, les seize Livres de l'Histoire naturelle que Pline a consacrés à l'étude des plantes constituent sans nul doute l'ouvrage le plus complet sur le sujet que l'Antiquité nous ait légué. Ils sont une mine inestimable de renseignements sur les connaissances botaniques au Ier siècle de notre ère ainsi que sur les croyances populaires attachées à la cueillette de nombreux végétaux et à leurs propriétés .

La gastronomie et le vin, livre XIV

Pline est une mine inépuisable de renseignements sur les habitudes alimentaires des Romains et la viticulture. « Après Columelle, Pline est de tous les auteurs latins celui auquel nous devons le plus de données sur les différentes espèces de vignes et de vins connus des anciens. Le livre XIV de l'Histoire Naturelle est consacré à ce thème ; il compte 22 chapitres qui traitent du sujet dans ses moindres détails, depuis les différentes espèces de vignes, la nature du sol, le rôle que joue le climat, le vin en général, les différents vins d'Italie et d'outre-mer connus depuis les temps les plus reculés, jusqu'à l'énumération des plus célèbres ivrognes de la Grèce et de Rome13. » Il fournit également des renseignements précieux sur les plantes odorantes, les arbres fruitiers, le blé, l'agriculture, le jardinage, les plantes médicinales, les viandes, poissons, gibiers, l'apiculture, la boulangerie, les légumes.

Vins romains. et .Les animaux

Pline l'Ancien consacra quatre livres aux animaux dans son œuvre encyclopédique L'Histoire naturelle (Naturalis Historia).
Livre VIII Traitant de la nature des animaux terrestres
Livre IX Contenant les animaux aquatiques
Livre X Contenant l'histoire des oiseaux
Livre XI Traitant des insectes
De plus, il compléta cet ensemble par quatre autres livres consacrés aux remèdes tirés des animaux.
Livre XXVIII Traitant des remèdes tirés des animaux
Livre XXIX Traitant des remèdes fournis par les autres animaux qui ne sont pas susceptibles d'être apprivoisés, ou qui sont sauvages
Livre XXX Traitant des autres remèdes fournis par les animaux
Livre XXXII Traitant des remèdes que fournissent les animaux aquatiques
Les historiens des sciences, notamment ceux du xixe siècle, lui reprochent son manque d'esprit critique, sa crédulité quant à la description d'animaux fantastiques ou légendaires mais cette critique est à nuancer car Pline prend généralement de la distance en attribuant précautionneusement ces descriptions à des auteurs14.

L'ornithologie, livre X

Le livre X est consacré aux oiseaux et s'ouvre sur l'autruche. Pline la considérait comme le point de passage des mammifères aux oiseaux. Il aborda de très nombreuses espèces et s'attarde particulièrement sur les aigles et d'autres rapaces comme les éperviers.

Bien qu'il ait emprunté de nombreux passages à Aristote, les récits les plus fabuleux cohabitent avec des faits plus réalistes.

Postérité

Vers le milieu du iiie siècle, un résumé des parties géographiques de l'œuvre de Pline est réalisé par Caius Julius Solinus et au début du ive siècle, les passages médicaux sont réunis dans les Medicina Plinii15. Au début du viiie siècle, Bède le Vénérable possède un manuscrit de toute l'œuvre. Au IXe siècle, Alcuin envoie à Charlemagne un exemplaire des premiers livres Epp. 103, Jaffé et Dicuil réunit des extraits des pages de Pline pour sa mesure de la terre (Mensura orbis terrae, C, 825).
Les travaux de Pline sont tenus en grande estime au Moyen Âge. Le nombre de manuscrits restants est d'environ 200, mais le plus intéressant d'entre les plus anciens, celui de la Bibliothèque d'État de Bamberg Msc.Class.42, ne contient que les livres XXXII à XXXIII. Robert de Cricklade, supérieur du prieuré de Sainte Frideswide à Oxford, adresse au roi Henry II un Defloratio, contenant neuf volumes de sélections prises d'un des manuscrits de cette classe et qui est, depuis peu, reconnu comme donnant parfois la seule indication valable du texte initial. Parmi les manuscrits plus anciens, les codex Vesontinus, jadis à Besançon XIe siècle, sont séparés en trois parties, désormais une à Rome, une à Paris, et la dernière à Leiden (où il existe aussi une transcription du manuscrit total.
Son succès perdure au xvie siècle, comme en atteste le fait qu'il s'en est publié 43 éditions avant 1536.

Opinion sur Pline l'Ancien

Buffon sur Pline l'Ancien

Pline a travaillé sur un plan bien plus vaste qu'Aristote. Il a voulu tout embrasser, et il semble avoir mesuré la nature, et l'avoir trouvée trop petite encore pour l'étendue de son esprit. Son Histoire naturelle comprend, indépendamment de l'histoire des animaux, des plantes et des minéraux, l'histoire du ciel et la terre, la médecine, le commerce, la navigation, l'histoire des arts libéraux et mécaniques, l'origine des usages, enfin toutes les sciences naturelles et tous les arts humains; et ce qu'il y a d'étonnant, c'est que dans chaque partie Pline est également grand. L'élévation des idées, la noblesse du style relèvent encore sa profonde érudition: non-seulement il savait tout ce qu'on pouvait savoir de son temps, mais il avait cette facilité de penser en grand, qui multiplie la science. Il avait cette finesse de réflexion de laquelle dépend l'élégance et le goût, et il communique à ses lecteurs une certaine liberté d'esprit, une hardiesse de pensée qui est le germe de la philosophie. Son ouvrage, tout aussi varié que la nature, la peint toujours en beau. C'est, si l'on veut, une compilation de tout ce qui a été écrit avant lui, une copie de tout ce qui avait été fait d'excellent et d'utile à savoir; mais cette copie a de si grands traits, cette compilation contient des choses rassemblées d'une manière si neuve, qu'elle est préférable à la plupart des livres originaux qui traitent de cette matière.

Georges-Louis Leclerc, Comte de Buffon,

Discours premier sur l'histoire naturelle traduit par Émile Littré, Paris, Dubochet, 1829, volume I, III

L'épisode le plus célèbre de la vie de Pline est celui de sa fin tragique, que son neveu, Pline le Jeune, a relatée dans une lettre écrite à Tacite peu après l'événement. Commandant de la flotte stationnée à Misène Campanie lorsque se produit l'éruption du Vésuve, le 24 août 79, Pline veut observer de près le phénomène et se fait conduire à Stabies, sur la rive sud-est de la baie de Naples. C'est là qu'il expire, le 25 août, asphyxié par les gaz qui s'échappent du volcan. Le surlendemain, on retrouvera son corps intact.

Lettre de Pline le Jeune relatant la mort de Pline lors de l'éruption du Vésuve

Vous me demandez que je vous écrive comment mon oncle a péri, afin que vous puissiez redire cette catastrophe avec plus de vérité à la postérité. Je vous en remercie, car je vois qu'à sa mort , si vous la célébrez, est réservée une gloire immortelle. À la vérité il a composé lui-même des livres nombreux qui demeureront: néanmoins la durée éternelle de vos écrits ajoutera beaucoup au maintien de son souvenir. À mon avis, heureux sont ceux à qui par la faveur des dieux il fut donné ou de faire ce qui mérite d'être écrit, ou d'écrire ce qui mérite d'être lu; plus heureux encore ceux qui ont cette double prérogative. C'est parmi ces derniers que sera mon oncle, grâce à ses livres et aux vôtres.Aussi ce que vous me demandez, je m'en charge volontiers, et même à mon tour, je l'exige de vous. Il était à Misène, et de sa personne commandait la flotte. Le 9 des calendes de septembre 24 août vers la septième heure de la journée, la première heure était comptée du levé du soleil, ma mère lui dit qu'il apparaissait un nuage d'une grandeur et d'une forme extraordinaire. Mon oncle s'était chauffé au soleil, avait pris de l'eau froide, puis, couché, avait fait un gouter et il étudiait; il demande ses sandales, et monte en un endroit d'où la merveille était le plus visible. À le voir de loin, on ne savait de quelle montagne le nuage sortait; on sut depuis que c'était du Vésuve.

Pline le jeune "Lettre à Tacite", Lettres, VI, reproduite et traduite par ÉMILE LITTRÉ, "Notice sur Pline et son livre", in Histoire naturelle, Paris, Dubochet, 1829,


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#297 Jorge Luis Borgès
Loriane Posté le : 23/08/2014 18:55
Le 24 Aout 1899 à Buenos-Aires en Argentine naît Jorge Luis Borges,

de son nom complet Jorge Francisco Isidoro Luis Borges Acevedo, écrivain argentin de langue espagnol, de prose et de poésie à Buenos Aires. Il reçoit le prix Cervantes en 1979 Ces Œuvres principales sont, Fictions 1944,, L'Aleph 1949, L'auteur et autres textes 1960, Le Livre de sable. Il meurt, à 86 ans à Genève en suisse le 14 juin 1986.
Ses travaux dans les champs de l'essai et de la nouvelle sont considérés comme des classiques de la littérature du XXe siècle.

En bref

Vagabond lettré, Borges se veut le flâneur qui s'adonne aux plus vastes déambulations livresques, dont « La Bibliothèque de Babel » est comme l'allégorie. Son œuvre suppose un prolifique mais jamais profus théâtre de variétés où le vernaculaire côtoie l'exotique, où les espions s'allient aux sinologues Le Jardin aux sentiers qui bifurquent et où les gangsters ourdissent des pièges cabalistiques La Mort et la boussole. Parce qu'il suppose les plus étranges ententes, le monde borgésien est fatalement basé sur le mélange. Dans cet érudit bric-à-brac, le va-et-vient entre culte du gaucho, théologie et orientalisme est de règle. L'œuvre de Borges est, comme toute facture littéraire, tractation et transmutation : une transaction géniale entre des textes disparates. Compromis basé sur l'hybridation, elle fait montre d'une exceptionnelle capacité additive. Alexandrine, elle présuppose la bibliothèque totale. Elle pâtit et elle profite d'une universalité périphérique, celle de l'« autre rivage » occidental constitué par Buenos Aires. Correspondant à une culture multicentrique, elle pratique le syncrétisme des sources hétéroclites et sous-entend la transculture babélique, faite de promiscuité migrante et polyglotte. Borges invente ainsi une appropriation unique de cette vaste et distincte matière transculturelle, un amalgame particulier de diverses sources, rehaussé par une composition si équilibrée et rigoureuse que tous les composants deviennent nécessaires, inéluctables.
Très tôt, Borges définit ces penchants, son modus operandi, qu'il précise dès le début dans ses écrits réflexifs et programmatiques. On trouve une déclaration prémonitoire, applicable à toute son œuvre, dans un essai de 1921 intitulé Apuntaciones criticas : la metáfora, Notes critiques : la métaphore où il affirme l'origine métaphorique – autrement dit, mythologique – de toute connaissance. Celle-ci devient métaphorique parce que tout système symbolique provient de la métaphore et peut donc s'imputer à la sphère mythique. Considérant l'intellection comme aussi fictive que l'imagination, Borges opte pour un traitement obstinément esthétique de tout savoir et fait de la théologie une branche de la littérature fantastique. Il dévie toute connaissance vers le littéraire, manipule librement les gnoses en les incorporant dans le récit, pour concevoir ses fictions déconcertantes.

Sa vie

Jorge Luis Borges est le fils de Jorge Guillermo Borges, avocat et professeur de psychologie féru de littérature et de Leonor Acevedo Suárez, à qui son époux a appris l'anglais et qui travaille comme traductrice. La famille de son père était pour partie espagnole, portugaise et anglaise ; celle de sa mère espagnole et vraisemblablement portugaise aussi. Chez lui, on parle aussi bien l'espagnol que l'anglais, et depuis sa plus tendre enfance. Borges est donc bilingue, même s'il dira toute sa vie qu'il ne maîtrise pas parfaitement l'anglais.
Dans son Essai d'autobiographie 1970, Borges remonte la généalogie de sa famille, jusqu'à un très lointain XVIe s. : Les Irala, les Garay, les Cabrera et tous ces autres conquistadors espagnols qui ont fondé villes et nations. Jamais je n'y ai songé… Je suis très ignorant de leur vie. D'ailleurs, c'étaient des personnes très peu intelligentes, des militaires espagnols et de l'Espagne d'alors.
Il compte même parmi ses ancêtres un tyran authentique, Juan Manuel de Rosas, et bon nombre de héros des guerres d'indépendance du XIX., dont le colonel Isidoro Suárez Il fit planer sa valeur sur les Andes… Il est à présent un peu de cendre et de gloire, lit-on dans un poème de Ferveur de Buenos Aires : J'ai donc des deux côtés de ma famille des ancêtres guerriers ; cela peut expliquer mes rêves de destinée épique que les dieux m'ont refusée, sagement sans doute.
Son père très intelligent, et, comme tous les gens intelligents, très bon est avocat, d'ascendance anglaise par sa mère Bien qu'il fût très fier de son ascendance anglaise, il avait coutume d'en plaisanter et disait d'un air faussement perplexe : Après tout, les Anglais, qu'est-ce que c'est ? Un groupe de travailleurs agricoles allemands. , et s'intéresse avant tout à la littérature – Shelley, Keats, Swinburne pour la poésie, Hume, William James ou Berkeley pour la philosophie, Burton pour l'ethnologie et le dépaysement, entre autres. Il est son premier maître de littérature : C'est lui qui me révéla le sens et la portée de la poésie – le fait que les mots ne sont pas seulement un moyen de communication mais aussi un symbole magique – et de la musique. Quand je récite maintenant des poèmes en anglais, ma mère me dit que j'ai ses mêmes intonations.Quant au nom de Borges, il vient d'ancêtres portugais l'Auteur et autres textes, 1960, et signifie bourgeois. Ses premiers souvenirs sont le lent et boueux fleuve de la Plata, à Montevideo où il est en vacances.
En 1901, peu après la naissance de sa sœur Norah, compagne et caudillo de ses jeux d'enfance et d'adolescence, Borges part avec les siens pour le quartier de Palermo, à Buenos Aires, peuplé de truands souvent d'origine italienne, les compadritos, fameux par leurs rixes au couteau » :« Palermo était d'une misère insouciante Evaristo Carriego, 1930. Mais ce Palermo pittoresque ne frappe guère le regard de l'enfant :On faisait tout à la maison pour que nous l'ignorions et l'on y parvenait fort bien … En ce qui me concerne, je soupçonnais à peine l'existence des compadritos parce que je ne sortais pratiquement jamais de la maison.

L'homme-bibliothèque

Que fait Borges enfant ? Il lit. Et d'énumérer tous les grands classiques anglo-saxons de l'évasion, dévorés derrière les grands murs clos : Mark Twain, Stevenson, Wells, Hawthorne, Dickens, Jack London, Poe, Lewis Carroll, les Mille et une nuits dans la traduction provocatrice de Burton en cachette sur le toit , et Don Quichotte – en anglais. À six ans, il déclare solennellement à sa famille : Je veux devenir écrivain. Il précisera plus tard :Je me suis toujours considéré comme un écrivain avant même d'écrire. Il confiera à Jean de Milleret :Quand je lisais, je m'identifiais avec l'auteur, ou l'un de ses personnages ; par exemple, quand j'avais onze ans, j'étais Lesage ou Cervantès. Il vit, il n'existe que dans la bibliothèque – le lieu magique qui régit toute sa vie et son imaginaire :J'ai grandi dans un jardin, derrière une grille à fers de lance, et dans une bibliothèque aux livres anglais illimités Evaristo Carriego. Si on me demandait ce qui a compté le plus dans ma vie, je répondrais : la bibliothèque de mon père. Il m'arrive de penser qu'en fait je ne suis jamais sorti de cette bibliothèque. Plus tard, la Bibliothèque de Babel , l'un des récits les plus célèbres de Fictions, commencera par ces mots : L'univers que d'autres nomment la Bibliothèque se compose d'un nombre indéfini, et peut-être infini, de galeries hexagonales, avec au centre de vastes puits d'aération bordés par des balustrades très basses. Borges plus tard sera bibliothécaire – conservateur aveugle de livres connus par cœur :
Lent dans l'obscur, j'explore la pénombre
Creuse avec une canne incertaine
Moi qui m'imaginais le Paradis
Sous l'espèce d'une bibliothèque

Poème des dons

Sa bibliothèque rêvée est d'ailleurs une métaphore des circuits neuronaux ; sa biographe Alicia Jurado affirme que Borges est un labyrinthe le Jardin aux sentiers qui bifurquent , dans Fictions ; interviewé en 1969 par André Camp, Borges précise qu'il pensait aux Carceri d'invenzione de Piranèse, à De Quincey, à Kafka – à un poème de Baudelaire, Rêve parisien : Le labyrinthe est le symbole évident, inévitable, de la perplexité. Toute ma vie, je n'ai cessé d'être perplexe devant l'univers, perplexe devant le problème philosophique pour moi essentiel : le problème du temps et de l'identité. Homme-labyrinthe, homme-bibliothèque, on voit tout ce que l'Umberto Eco du Nom de la rose lui doit.
Le très jeune Borges, si myope que l'on craint déjà pour lui les affres de la cécité, malédiction familiale, compose – en anglais, puisque sa gouvernante l'a élevé dans cette langue – un manuel de mythologie et, en espagnol archaïsant, une histoire assez farfelue, écrite à la manière de Cervantès – un roman de chevalerie démodé, intitulé la Visière fatale. Il a sept ans et souffre de savoir qu'il ne sera jamais soldat, à cause de sa vue :« j'ai de très bonne heure eu honte d'être quelqu'un n'aimant que les livres au lieu d'être un homme d'action. Pendant toute mon adolescence, j'ai pensé que c'était une injustice que l'on m'aimât. Je ne méritais pas que l'on m'aimât, d'aucune façon, et je me souviens que le jour de mon anniversaire me remplissait de confusion, parce que tout le monde me comblait de cadeaux et que je pensais n'avoir rien fait pour les mériter et être une sorte d'imposteur. Ce n'est qu'à trente ans passés que j'ai surmonté cette impression Essai d'autobiographie.
Ce n'est qu'à partir de 1908 qu'il va en classe – sans enthousiasme : Comme je portais des lunettes, un col dur et une cravate, j'étais en butte aux railleries et brimades de la plupart de mes camarades qui étaient tous de la graine de voyous.Cette même année, il traduit le Prince heureux, d'Oscar Wilde – une traduction si belle que le journal El País la publie et que tout le monde l'attribue à Borges père, qui se prénomme également Jorge.
La famille va passer ses vacances à Adrogué ce labyrinthe perdu et tranquille de propriétés, de places et de rues qui convergeaient et divergeaient, dans une grande propriété de style néocolonial, et Borges découvre la Pampa, les gauchos, le fleuve, l'odeur des eucalyptus.
Premier séjour en Europe
Au début de 1914, peut-être pour que Borges père puisse faire soigner sa vue déclinante par de vrais spécialistes, toute la famille a la bonne et malencontreuse idée de partir pour l'Europe – Londres, Cambridge, Paris, Genève enfin, où, coincée par les événements, elle séjourne jusqu'à la fin des hostilités, sans grandes difficultés le peso argentin est alors une monnaie plus forte que les monnaies européennes. Borges apprend le français – par la littérature Daudet, Hugo, Gyp, Rémy de Gourmont et Zola et cultive la nostalgie argentine à travers les livres de la bibliothèque familiale. À seize ans, la seule réalité qui le touche est celle des livres. Lisant Crime et Châtiment, il note : Ce roman dont les héros étaient une prostituée et un assassin me semblait bien plus redoutable encore que la guerre qui nous environnait. » Il découvre Carlyle et Chesterton, Rimbaud et les Leaves of grass de Walt Whitman – « pendant un temps je considérai Whitman non seulement comme un grand poète mais comme le seul poète. Et De Quincey, « un écrivain très suggestif, doué d'une curiosité et d'une érudition presque inépuisables » – on croirait un autoportrait. Il apprend seul l'allemand en lisant les poèmes de Heine et le Golem, le roman fantastique de Meyrink, qui lui inspirera plus tard un poème.
La vie continue, cependant, en Argentine. Mi noche triste, premier tango-canción (tango-chanson sentimentale) fait fureur : Borges aura toute sa vie horreur du tango, « pensée triste qui se danse, auquel il préfère les milongas, chansons populaires de caractère réaliste, pleines de sang et de fureur : À travers ces milongas je me souviens du nom des vieux assassins de Palermo et d'ailleurs.
Pour améliorer encore son allemand, il lit Richter, qu'il n'aime pas, les expressionnistes, qu'il pense supérieurs à tous les -ismes de l'époque, et Schopenhauer, le plus grand des philosophes, pour lui. L'histoire de Borges, c'est d'abord l'histoire de ses lectures : Ma mémoire est décidément trop bonne pour que je sois un penseur personnel, plaisantait-il.
Voilà Borges bachelier, qui demande pour cadeau d'anniversaire une encyclopédie allemande. Longtemps il sera un grand lecteur d'encyclopédies, lues avec méthode. Il a déjà écrit des sonnets en anglais et en français, avant de réaliser qu'il était « voué à l'espagnol, irrémédiablement ». La famille Borges séjourne à Lugano, puis en Espagne, à Barcelone et à Palma – parce qu'il n'y a pas de touristes… Il écrit à Jacobo Sureda :« Je ne m'adonne à la littérature que la plume à la main et j'espère ne jamais en venir à littératuriser ; mais sait-on jamais. » Installé à Séville, il rejoint les « ultraïstes » de la revue Grecia qui « se proposait de renouveler la littérature, une branche des arts dont ils n'avaient pas la moindre idée ». Il y publie un « Hymne à la mer ». C'est à Madrid en 1920 qu'il rencontre le fondateur de l'ultraïsme, Rafael Cansinos Asséns, auteur du Candélabre à sept branches, « un livre de psaumes, dit Borges, très érotique ». Les réunions du Café colonial sont le prétexte à des joutes rhétoriques débridées. Borges collabore alors à la plupart des revues d'avant-garde espagnoles, Grecia, Cervantes, Reflector, Baleares, Ultra, Tableros, Cosmópolis. Sa sœur Norah illustre brillamment cette épopée ultraïste, qui s'ouvre alors à l'Europe et multiplie les contacts avec Tzara et le dadaïsme. En mars 1921, Borges rentre en Argentine,« la Terre des Présidents avariés, des cités géométriques et des poètes qui n'ont pas encore accueilli dans leurs hangars l'avion biscornu de l'Ultra ». Avant de partir, il détruit un recueil de poèmes, Rythmes rouges (dont certains toutefois sont parus en revues) et un livre inédit d'essais, les Cartes du tricheur. Installé à Buenos Aires, qu'il redécouvre (il commence à écrire les poèmes de Ferveur de Buenos Aires, qui paraîtront en 1923 à compte d'auteur), il a pour la première fois l'idée d'écrire un roman fantastique en collaboration (avec Macedonio Fernández, sur la tombe duquel il dira, en 1952 :« L'un des grands bonheurs de ma vie, c'est d'avoir été l'ami de Macedonio et de l'avoir vu vivre »). Il lance la revue murale Prisma, qui n'aura que deux numéros, puis Proa, qui en aura trois.

Borges poète

Ferveur de Buenos Aires paraît alors que Borges est de retour en Europe (selon un parcours déjà éprouvé, Angleterre, France, Suisse, Espagne), et lui vaut d'être cité l'année suivante dans la revue de Marinetti, Futurisme. Préfaçant son recueil en 1969, Borges écrit, après avoir noté que le jeune homme de 1923 et le « correcteur » de 1969 étaient un seul homme :« En ce temps-là je cherchais les soirs, les banlieues et le malheur ; je cherche maintenant les matins, le centre et la sérénité » :
Si les choses sont vides de substance
et si l'innombrable Buenos Aires
n'est qu'un rêve
qu'érigent les âmes par une commune magie, Il y a un instant où son être est démesurément menacé, et c'est l'instant frémissant de l'aube, lorsque sont rares les rêveurs du monde et que seuls quelques noctambules conservent, cendreuse et à peine ébauchée, l'image des rues qu'ils définiront ensuite avec les autres
Point du jour
La critique est divisée : Pour les uns je suis un classique rusé et pour les autres un vertigineux ultraïste… .
De retour en Argentine, Borges se rend chaque soir à la Bibliothèque nationale et y explore l'Encyclopaedia Britannica avec méthode, apprenant tout sur tout. « Les encyclopédies, note son biographe, Emir Rodriguez Monegal Borges par lui-même, Seuil, 1970, en tant que structures littéraires et prototypes d'un certain style d'écriture, servent de modèles non seulement pour les essais de Borges mais aussi pour bon nombre de ses contes les plus fameux
Il partage son activité littéraire entre Proa, réactivée, et Martin Fierro, plus politique. Il y publie nombre d'articles de critique littéraire (repris dans Inquisitions, 1925) qui sont autant de prises de position. Sa sœur illustre un nouveau recueil de poèmes, Lune d'en face, plein d'« argentinismes » :
Pampa,
Je t'entends aux tenaces guitares sentencieuses,
Et dans tes hauts oiseaux et dans la plaine lasse
Des charrettes de foin qui viennent de l'été
À l'horizon d'une banlieue
Le « guitariste des couchants », comme il se définit par autodérision, reniera plus tard ce fatras de fausse couleur locale . Borges collabore activement au journal La Prensa, et prépare son étude sur la Langue des Argentins 1928, où il analyse particulièrement le lunfardo, l'argot de la rue. Suit en 1929 le premier recueil dont Borges mature sauvera quelque chose, le Cahier San Martín :
La mort de quelqu'un
– mystère dont je possède le nom vacant, dont nous ne saisissons pas la réalité –
maintient vers le Sud une maison ouverte jusqu'à l'aube,
une maison ignorée que je ne suis pas destiné à revoir,
mais qui m'attend cette nuit,
dans la haute insomnie de ses lampes attardées,
émaciée de mauvaises nuits, différente,
minutieuse de réalité
Cette nuit-là on veillait quelqu'un dans le Sud

Borges prosateur

Borges reçoit le premier des nombreux prix qui jalonnèrent sa carrière, et, avec son montant, s'offre l'Encyclopaedia Universalis … Il publie Evaristo Carriego, l'homme qui découvrit les faubourgs délabrés et miséreux de la ville – le Palermo de ma jeunesse . L'année suivante, Victoria Ocampo fonde la revue Sur, dont Borges sera l'un des principaux collaborateurs. Il y rencontre le tout jeune Adolfo Bioy Casares. Il publie en 1932 Discussion, réunion d'essais, écrit dans le supplément littéraire de Crítica des récits qui sont les premières moutures des futurs contes de l'Histoire universelle de l'infamie (publiée en 1935 – biographies déformées de personnages réels, gangsters et autres. Mais, pudeur ou dédoublement, il signe son premier conte, Hommes des faubourgs, plus tard l'Homme au coin du mur rose du nom, emprunté à sa parentèle, de Francisco Bustos. Il fréquente Drieu la Rochelle, de passage à Buenos Aires, qui trouve pour qualifier la Pampa le mot parfait, que tous les poètes argentins ont vainement cherché : vertige horizontal. Drieu de retour en France fait sur Borges un long article élogieux dans l'Intransigeant.
En 1936 paraît Histoire de l'éternité, recueil d'articles. Borges est aussi traducteur – de Gide Perséphone, de Virginia Woolf (Orlando), de Michaux (Un barbare en Asie), de Kafka, la Métamorphose. Pour la première fois, en 1937, il exerce une activité rémunérée comme assistant dans une bibliothèque d'un quartier pauvre de Buenos Aires :« Par une ironie du sort, j'étais alors un écrivain assez connu – sauf à la bibliothèque. Je me souviens qu'un de mes collègues releva un jour dans une encyclopédie le nom de Jorge Luis Borges, ce qui le fit s'étonner de l'identité de nos noms et de nos dates de naissance. » Dans le tramway qui l'amène au travail, Borges lit la Divine Comédie et le Roland furieux.
1938 est l'année de la mort de son père, et d'un accident qui dégénère en septicémie et le fait délirer trois semaines : Durant les jours et les nuits qui suivirent l'opération, il put comprendre qu'il n'avait été jusqu'alors que dans la banlieue de l'enfer, le Sud , in Fictions. Tapir blessé , il craint d'avoir des facultés intellectuelles amoindries et, pour se rassurer, écrit Pierre Ménard, auteur du Quichotte. C'est l'histoire très borgesienne d'un auteur qui recopie minutieusement le roman de Cervantès, ce qui en fait un autre texte : Ménard choisit comme réalité le pays de Carmen – c'est dire que notre lecture est fatalement contaminée par notre culture, que les connotations d'un texte le style archaïsant de Ménard – tout compte fait étranger – pêche par quelque affectation. Il n'en est pas de même pour son précurseur, qui manie avec aisance l'espagnol courant de son époque ne sont pas les mêmes, non en raison des intentions de l'auteur, mais du regard du lecteur. Le même type de paradoxe plein de sens, quelques années plus tard, amènera Borges à disserter sur l'influence de Kafka au XIXe s. Zénon, Han Yu, Kierkegaard, Robert Browning, Léon Bloy, lord Dunsany :
Si je ne me trompe pas, les textes disparates que je viens d'énumérer ressemblent à Kafka, mais ils ne se ressemblent pas tous entre eux. Ce dernier fait est le plus significatif. Dans chacun de ces morceaux se trouve, à quelque degré, la singularité de Kafka, mais si Kafka n'avait pas écrit, personne ne pourrait s'en apercevoir. À vrai dire, elle n'existerait pas. Le poème Fears and scruples de Robert Browning annonce prophétiquement l'œuvre de Kafka, mais notre lecture de Kafka enrichit et gauchit sensiblement notre lecture du poème. … Le fait est que chaque écrivain crée ses précurseurs. Son apport modifie notre conception du passé aussi bien que du futur. Dans cette corrélation, l'identité ou la pluralité des hommes n'importe en rien. Le premier Kafka, celui de Contemplation Betrachtung, 1913, est moins précurseur du Kafka des mythes sinistres et des institutions atroces que ne le furent Browning et lord Dunsany. Kafka et ses précurseurs, Autres Inquisitions, 1952.
La démarche purement borgesienne nous amène en fait immédiatement à chercher l'influence de Borges dans les littératures des siècles antérieurs… Raymond Roussel certainement, par exemple, mais aussi bien De Quincey, par un injuste retour des choses, ou Macpherson inventant Ossian.
Pour la première fois en 1939, un texte de Borges l'Approche du caché est traduit en français – au moment où la vue de Borges baisse considérablement.
Contre les dictatures

La guerre éclate, la position de Borges est dénuée d'ambiguïté : Il est possible qu'une déroute allemande soit la ruine de l'Allemagne ; il est indiscutable que sa victoire serait la ruine et l'avilissement de l'univers. Avec Silvina Ocampo et Bioy Casares (Borges a été leur témoin de mariage, et lui vient de publier sa célébrissime Invention de Morel), Borges publie une Anthologie de la littérature fantastique (1940), puis une Anthologie de la poésie argentine (1942) – et, seul, le Jardin aux sentiers qui bifurquent, première partie de Fictions. Avec Bioy Casares, il crée l'auteur-personnage Bustos Domecq, héros-narrateur de parodies policières, Six Problèmes pour Don Isidro Parodi, les Douze Signes du zodiaque, etc.« Honorio Bustos Domecq ne tarda pas à nous gouverner d'une poigne de fer et, pour notre plus grande joie d'abord puis à notre consternation, il devint complètement différent de nous, ayant ses propres fantaisies, ses propres sous-entendus, son propre style apprêté. » Borges rassemble, en les remaniant, ses Poèmes (1943), traduit Melville (Bartleby) et publie Fictions (1944). L'année suivante, à l'enquête de la revue Latitud « Pourquoi écrivez-vous ? », il répond : « Il n'est pas pour moi d'autre destin. »
Avec la même logique qui lui faisait haïr Hitler, Borges devient l'ennemi déclaré du péronisme : « La situation en Argentine est très grave, écrit-il en 1945, si grave qu'un grand nombre d'Argentins sont en train de devenir nazis sans s'en rendre compte. » Perón (que Borges appelle l'Innommable) arrive au pouvoir (24 février 1946). Les dictateurs ont bonne mémoire : il destitue Borges de son emploi de bibliothécaire et le nomme, par dérision, inspecteur des volailles et des lapins au marché public de la rue Córdoba. Réaction immédiate :« Les dictatures fomentent l'oppression, les dictatures fomentent la servilité, les dictatures fomentent la cruauté ; encore plus abominable est le fait qu'elles fomentent la stupidité » (1946). Dans la déferlante péroniste, Borges sera, pour les dix ans à venir, l'adversaire décidé du totalitarisme.
Avec Bioy Casares, les identités de substitution alternent et se cumulent : sous le pseudonyme de B. Suarez Lynch, ils publient Un modèle pour la mort et, sous la signature de Bustos Domecq, Deux Fantaisies mémorables. Borges fonde une nouvelle revue, Anales de Buenos Aires. Il publie Nouvelle Réfutation du temps (1947), puis son second recueil de contes, l'Aleph (1948), où une nouvelle, « la Demeure d'Astérion », reprend le thème quasi autobiographique du labyrinthe – et du Minotaure :
Je sais qu'on m'accuse d'orgueil, de misanthropie, peut-être de démence. Ces accusations (que je punirai le moment venu) sont dérisoires. Il est exact que je ne sors pas de ma maison ; mais il est moins exact que les portes de celle-ci, dont le nombre est infini, sont ouvertes jour et nuit aux hommes comme aux bêtes […] Je suis unique ; c'est un fait. Ce qu'un homme peut communiquer à d'autres hommes ne m'intéresse pas. Comme le philosophe, je pense que l'art d'écrire ne peut rien transmettre. ».
Borges est élu président de la Société argentine des écrivains, l'un des rares îlots de résistance à Perón (1950), et, grand amateur de sagas, il travaille sur les Anciennes Littératures germaniques 1951. Il devient progressivement aveugle :« Ma cécité avait progressé graduellement depuis mon enfance. C'était comme un lent crépuscule d'été. Il n'y avait rien là de particulièrement dramatique. » Sa mère, avec laquelle il vit, lui sert de plus en plus de lectrice et de secrétaire. À la chute de Perón septembre 1955, il est nommé à la direction de la Bibliothèque nationale – aveugle comme ses deux prédécesseurs à ce poste.
L'aveugle le plus célèbre depuis Homère

Les distinctions pleuvent sur la tête de Borges. Membre de l'Académie argentine des lettres, prix national de littérature (1956), prix Formentor (1961), commandeur des Arts et des Lettres en France 1962, chevalier de l'Empire britannique (1965) et de l'ordre du Soleil, docteur honoris causa de plusieurs universités prestigieuses Columbia, Oxford, Michigan, Sorbonne… Il ne cesse d'écrire : avec Luisa Mercedes Levinson, la Sœur Héloïse (1955) ; avec Margarita Guerrero, le Manuel de zoologie fantastique 1957 ; seul, l'Auteur 1960. Professeur de littérature anglaise, il séjourne aux États-Unis (1962) puis en Europe (1963). Il se marie finalement avec une amie d'enfance, Elsa Astete Millian, en 1967, et part enseigner aux États-Unis, en Israël (1969). En 1969 paraît le recueil de poèmes Éloge de l'ombre : « Le temps m'a appris quelques ruses, écrit-il en préface. J'évite à présent les synonymes, qui ont le désavantage de suggérer des différences imaginaires ; j'évite les hispanismes, les argentinismes, les archaïsmes et les néologismes ; je préfère les mots habituels aux mots surprenants. Suivent les nouvelles du Rapport de Brodie. En octobre 1970, les époux Borges se séparent – l'écrivain part seul en Islande, la terre de ses sagas bien-aimées. En 1972 paraît l'Or des tigres : La parabole succède à la confidence, le vers libre ou blanc au sonnet. .
Les honneurs se succèdent : Buenos Aires le déclare citoyen illustre, il reçoit le prix Alfonso Reyes à Mexico (1973), il est au Chili grand-croix de l'ordre d'O'Higgins, l'Espagne lui décerne le prix Cervantès (1980), la France le prix Cino del Duca, l'Italie le prix Balzan, le Mexique le prix Ollin Yolitzli, aux États-Unis le prix de la Fondation Ingersoll ; la France le fait commandeur de la Légion d'honneur. Franco Maria Ricci édite luxueusement le Congrès, un conte tout à la fois autobiographique et fantastique. En 1974, avec son vieux complice Bioy Casares, Borges écrit le scénario des Autres, le film énigmatique de Hugo Santiago : Borges n'a cessé de s'intéresser au cinéma. En juillet de la même année paraissent ses Œuvres complètes – subterfuge commode pour éliminer définitivement des œuvres qu'il renie :« Je crois que j'ai trop écrit. Mais si écrire beaucoup est une condition nécessaire pour laisser finalement quelques lignes décisives, je ne me repens pas. L'œuvre d'un auteur est une suite de brouillons pour arriver à quelques pages définitives. Il faut travailler une vie entière pour laisser un vers, une fable, un conte, une fiction. Et puis, les erreurs que j'ai commises en noircissant tant de papier m'ont permis d'accéder à la sérénité », déclare-t-il en 1980. Parmi ces pages « définitives », peut-être faut-il compter les nouvelles du Livre de sable (1975), que Borges semble particulièrement aimer. Au mois d'août de la même année, la Rose profonde, où la cécité occupe à son goût trop de place :« La cécité est une clôture, mais c'est aussi une libération, une solitude propice aux inventions, une clef et une algèbre. » Le 8 juillet 1975, sa mère meurt, à 99 ans. Le voilà désormais avec Maria Kodama, guide, secrétaire, compagne de chaque heure :« Voici le labyrinthe de Crète dont le centre fut le Minotaure que Dante imagina comme un taureau à tête d'homme et dans le réseau de pierre duquel s'égarèrent tant de générations, comme Maria Kodama et moi nous nous égarâmes ce matin-là et continuons égarés dans le temps, cet autre labyrinthe » (Atlas). En 1976 paraissent les poèmes de la Monnaie de fer :
J'ai commis le plus grand des péchés que l'on puisse
commettre : le péché de n'avoir pas été
Heureux…
À Maria Kodama il dédie les poèmes d'Histoire de la nuit – le plus intime puisqu'il prodigue les références littéraires 1977, et en 1981 ceux du Chiffre.
1986. Hospitalisé début janvier à Genève, il se marie par procuration, au Paraguay, avec Maria Kodama, à qui il dédie son dernier recueil de poèmes, les Conjurés (« Nous ne pouvons donner que ce qui, déjà, appartient aux autres . Il emménage dans une maison du vieux Genève lorsqu'il meurt, le 14 juin, d'un emphysème ou d'un cancer du foie, selon des rumeurs diverses, veillé par sa femme et par l'écrivain argentin de langue française Hector Bianciotti. « Une mort très douce », écrit ce dernier. Borges avait déjà écrit d'Evaristo Carriego, ce poète des rues qui venait, le dimanche, lorsqu'il était enfant, dans la maison de Palermo :« Je pense que l'homme est poreux devant la mort et que son imminence le sillonne de lassitudes et de lumière, de vigilances miraculeuses et de prémonitions. » Et, dans une interview plus récente :Il serait triste pour moi, après ma mort, de penser que sur terre je m'appelais Borges, que j'ai publié quelques bouquins, que je venais d'une famille de militaires… Je préfère oublier tout cela, de même que je préfère oublier l'époque où j'étais dans le ventre de ma mère. Je suis un peu fatigué d'être Borges, et après ma mort je serai peut-être quelqu'un, peut-être personne, mais j'espère n'être plus Borges..
Jorge Luis Borges est, par propension et par invétéré dessein, un homme de lettres. Cette condition constitue l'axe de sa biographie, elle la résume. De ce fait, il identifie son destin au littéraire et se figure le paradis comme une bibliothèque où les textes les plus hétérogènes circulent : Dante, la mystique arabe et Les Mille et Une Nuits, mais aussi Berkeley, Coleridge, De Quincey, Chesterton, Stevenson, Cervantès et Quevedo. Sans oublier Homère, le roman policier, les kenningan, les bestiaires du Moyen Âge, la Bible et la kabbale – et l'Encyclopædia Britannica. À part ce jeu spéculaire de la lecture et de l'écriture, peu de choses, selon Borges, lui sont arrivées qui soient dignes d'être remémorées. Nonobstant, certains événements de sa vie le conditionnèrent de façon décisive : sa naissance à Buenos Aires, nouvelle cosmopole, à l'orée du XXe siècle ; son origine à la fois patricienne et saxonne ; l'acquisition de l'anglais comme langue maternelle ; le penchant littéraire de Jorge Guillermo Borges, son père ; son enfance dans la quartier de Palermo ; son séjour en Europe de 1915 à 1921 ; son baccalauréat à Genève, ville qui lui révèle sa vocation d'écrivain et où il s'en va mourir, en conclusion voulue d'une vie et d'une œuvre circulaires ; son militantisme d'avant-garde en tant que fondateur des mouvements Ultra et Martin Fierro ; sa collaboration à la revue Sur, fondée par Victoria Ocampo, et son amitié pour Adolfo Bioy Casares, qui donnera lieu à une fructueuse collaboration ; son accident de 1938, une chute qui occasionna une progressive cécité, et dont il évoque le souvenir dans la nouvelle essentielle qu'est « Le Sud ; son opposition au péronisme, qui le convertira en conférencier puis, une fois le régime démis, en directeur de la Bibliothèque nationale et en professeur de littérature anglaise ; enfin, l'évidence de son extraordinaire renommée internationale.

Poésie et mémoire

À l'origine et au terme de l'œuvre de Borges prime le poème. Dans cette musique verbale, dans cette forme du temps, qui figure les mystères de la mémoire et les agonies du désir, dans cette émotive fabrique, qui est une des configurations du rêve, réside peut-être l'intime continuité qui cimente l'œuvre de Borges, et qui est la clé de sa circonvolution. De même que toute littérature commence par le vers, Borges débute par la poésie, pour s'approcher graduellement de la narration au moyen de ces singulières mixtures que constituent ses essais nouvellistes La Muraille et les livres, Formes d'une légende, Nouvelle Réfutation du temps ou de ses nouvelles essayistes Histoire du guerrier et de la captive , Examen de l'œuvre d'Herbert Quain , de ses comptes rendus narrativisés L'Approche d'Almotasium , de ses fictions bibliographiques ou apologétiques Tlön Uqbar Orbis Tertius. Autant sur le plan narratif Borges se singularise par le caractère latéral ou limitrophe de ses inventions, par la transgression ou l'hybridation des genres, par l'excentricité revendiquée au regard des pôles littéraires traditionnels, autant sa poésie, après une phase où ultraïsme et couleur locale faisaient bon ménage, observe de plus en plus étroitement la prosodie classique. Elle s'en remet à un jeu simplifié, à la sûreté de l'ancien, pour forger des vers adamantins qui résistent à l'usure du temps et qui, devenus un jour de provenance inconnue, pourront retourner à leur source : la mémoire impersonnelle de la langue que la poésie perpétue. Ou peut-être Borges choisit-il la simplicité rhétorique pour indiquer qu'elle seule peut conduire à la grandeur intrinsèque. Selon lui, la maximale valeur littéraire consiste à représenter avec pureté un type générique.
Borges expérimente ainsi, au fil des années, un passage graduel de l'expressionnisme initial au néoclassicisme, patent à partir d'El Hacedor L'Auteur, 1960, en passant par L'Autre, le Même 1965, Éloge de l'ombre, La Rose profonde ou Histoire de la nuit jusqu'à La Cifra Le Chiffre, 1981. Tandis que dans sa poésie empreinte d'ultraïsme, celle des trois premiers livres – Fervor de Buenos Aires 1923, Luna de enfrente 1925 et Cuaderno San Martín 1929 –, il met en valeur son goût de la modernité conçue comme esprit d'innovation, mobilité et mutabilité formelles et focales, dynamisme intensificateur de rapprochements surprenants, bientôt il se modère, censure tout excès avant-gardiste, qualifie son premier style de « vaniteusement baroque » et recourt ouvertement aux conventions prosodiques, rhétoriques et symboliques. Il abandonne peu à peu le vers libre et les formes ouvertes, renonce presque à la psalmodie d'origine whitmanienne, si fréquente à partir de Luna de enfrente, pour adopter les mètres plus traditionnels : l'alexandrin, l'hendécasyllabe, l'heptasyllabe. Dès lors que la cécité l'empêche d'écrire, la métrique participe de cette mnémotechnique subordonnée à la mnémonique rhétorique qui lui permet de composer mentalement ses poèmes, dans lesquels il réitère en des formes usuelles son répertoire caractéristique de motifs : labyrinthe, miroir, songe, sable, tigre, épée, bibliothèque. À ceux-ci s'ajoutent, sur la fin, la vieillesse, l'éthique et aussi cette cécité limitative, valorisée par son ascendance mythique Tirésias, Œdipe et littéraire Homère, Milton, Paul Groussac.

Parallèlement, Borges troque les heurts de l'invention pour les bonheurs de l'ordre, sachant que, une fois brisée la solidarité qui rattachait le divin au monde, il ne peut que contrefaire ses modèles et commercer avec des fantasmagories. Sur le plan du vocabulaire, il abandonne la singularisation, la localisation et la diversification idiomatiques. Il tempère les dénivellements de sa poésie initiale qui, comme ses premiers essais, ostentatrice de richesse lexicale, surabonde de cultismes, archaïsmes, néologismes et argentinismes et tend volontiers vers la pléthore expressionniste et baroque. Préférant les mots habituels à ceux qui étonnent, il parvient à un style qui paraît nécessaire, exempt des anciennes torsions et raretés, dépouillé de toute vaine éloquence. Quant aux images, on note chez Borges le même passage du particulier au général, de l'individuel au générique, de la substance sensuellement perçue dans sa singularité qualitative à l'essence qui transmute les attributs multiformes de la réalité en modèles idéaux.
Également, dans l'ordre des métaphores s'opère la reconversion des surprenantes aux topiques, le rejet des métaphores ultraïstes et des analogies débordant tout cadre habituel de référence. Puis, une fois banni tout outrepassement imaginaire, Borges opte pour les métaphores primordiales, enracinées dans la mémoire ancestrale la vie comme fleuve, tissu, fil, songe, reflet du miroir ou mirage. Tout se passe comme si la cécité avait soustrait Borges au monde bigarré et confus, le dispensant de nouveauté et le réduisant au savoir réflexif et réminiscent où lieux, visages, choses et livres demeurent figés par une mémoire sans avenir. Le temps, qui inéluctablement ajoute et ôte la vie, est alors pour lui un retour par lequel tout converge vers son centre secret, un mouvement centripète se déplaçant vers la propre, obscure et insaisissable essence.
À travers un jeu habile d'anachronismes, Borges s'acharne ainsi à sauvegarder les vertus primordiales du poème, à le ramener à sa source et origine : la mémoire rhétorique et la mémoire mythique. Il cultive les effets classiques de la distanciation qui détachent le texte du présent circonstanciel et du monde environnant ou qui subliment et stylisent l'immédiat, qui le suspendent moyennant l'artifice d'une harmonieuse configuration esthétique. Il atténue son empreinte personnelle, réprime la marque directe de sa subjectivité. Borges dit préférer, en lieu et place du lyrique et de l'élégiaque, l'épique et le spéculatif. La présence culturelle prédomine sur celle du sujet psychologique, qui n'en sous-tend pas moins la raisonnée, la pondérée architecture de cette poésie orbiculaire. Comme sa prose, la poésie de Borges est collectrice. Recueil de diverses lectures, elle abonde en reflets et interpolations. Elle est faite de citations, d'emprunts, d'imitation, autrement dit de remémoration. Comme toute littérature, elle est substantiellement apocryphe. Artificieux assemblage de figures et de modes préexistants, ingénieux montage d'autres textes, comme toute littérature elle est un astucieux plagiat, un captivant simulacre qui évoque tour à tour Spinoza, Gracián et la villa d'Adrogué, le tigre, le tango et la pluie.

Une esthétique de l'apocryphe

Autre trait distinctif, le scepticisme qu'il affiche dès 1926 dans El Tamaño de mi esperanza Taille de mon espoir, où il revendique une incrédulité égale à celles de Swift, Sterne et Shaw : parce qu'elle est une sorte de foi retournée, elle devient, par son intensité, source d'œuvre. De ce scepticisme empreint d'une certaine impersonnalité, il découle une distance ironique, un détachement qui sépare l'énonciateur de ses énoncés. Cette posture sceptique est de nouveau soulignée dans l'épilogue d'Otras inquisiciones, 1952 Autres Inquisitions, où l'auteur témoigne de sa tendance « à estimer les idées religieuses ou philosophiques par leurs valeurs esthétiques, pour ce qu'elles contiennent de singulier ou de merveilleux ». Et de conclure : « C'est là, sans doute, l'indice d'un scepticisme essentiel. » Le troisième trait décisif se définit lui aussi prématurément : son antipsychologisme, son rejet de l'opiniâtreté subjective, de l'anecdotique sentimental, de la révélation intime. Sa réprobation de tout registre excessivement personnel apparaît avec insistance dans les manifestes de la période avant-gardiste. Dans le roman, Borges dédaigne le réalisme psychologique, et dans la poésie le « psychologisme confessionnel ». Il considère dès le départ que le moi, en tant qu'épicentre stable de la personnalité ou invariant individuel, est un mirage qui sert à dénommer la mobile pluralité des états de conscience. Ceux qui reprochent à Borges la faible densité psychique de ses personnages, l'absence d'individuation intériorisée font en réalité l'impasse sur son projet littéraire, sa philosophie et sa poétique.
Dans la représentation des personnages, Borges ne particularise pas ; il relativise, il annule l'identité individuelle par dédoublement, multiplication ou réversibilité. Dans Le Mort, un être aux allures de primate se révèle être Homère. Exercé à la mésestime de lui-même, Borges considère l'ego comme illusoire jeu de reflets, jugeant les différences personnelles triviales et fortuites. Tout homme est autre – tout homme en lisant Borges est Borges ; tout homme est tous les hommes, autant dire aucun. Ou bien tout homme est unique, et, dans son absolue singularité, insondable et impensable. Devant l'impossibilité de connaître le singulier, Borges opte pour le générique dépourvu de réalité ; ses traits distinctifs, les affects, les mobiles, les procédés, émanent de quelqu'un qui est à la fois tous et personne. Il réduit les possibilités empiriques aux conduites fondamentales de l'homme sujettes à l'infinie répétition.

Discours sur le peu de réalité

Pour Borges, le fantastique est consubstantiel à la notion de littérature, conçue avant tout comme une fabulation, un artifice fait de chimères et de cauchemars, gouverné par l'algèbre prodigieuse du songe, mais un songe dirigé et délibéré. Les fantaisies borgésiennes nous projettent vers la frontière de l'expérience, et la gnose du réel raisonnable vers les limites de la conscience possible, vers les dehors du domaine établi par l'homme dans un univers cryptique, rétif aux faillibles stratégies de la connaissance. Borges ne poursuit aucun désir de naturaliser le récit, il évite par conséquent toute prétention au réalisme, toute confusion entre littérature et réalité. De même, il se garde de qualifier ses narrations de nouvelles pour ne pas les confondre avec ces simulacres naturalistes et psychologiques qui présupposent une continuité factuelle entre texte et hors-texte. Tout, chez Borges, renvoie à l'invalidation de nos clés cognitives, de notre univocité protectrice, de nos significations rassurantes. Il ébranle les assises de toute intellection réaliste, bouleverse le système de coordonnées permettant de formuler les postulats du réel, déjoue les catégories classificatrices, subvertit la causalité convenue. En se faisant paradoxe, le style relativise les procédés du savoir.
Pour Borges, langage et monde ne sont pas équivalents, ni interchangeables. Le monde, cet écrasant non-sens, ce comble chaotique, est définitivement inintelligible ; cette totalité infinie et indivise demeure allégoriquement ou symboliquement indicible, même si « La Loterie à Babylone » tente l'impossible pari de proposer une « image » du monde. Borges se sait ourdisseur d'images sans portée réelle, incapables de franchir le fossé qui les sépare des corps. Pour lui, l'histoire n'existe pas dans le monde effectif ; nullement prescrite dans le réel, elle est un effet de lecture qui, en inscrivant le discordant, le tisse par une exigence inhérente au textuel. Si toute histoire est supposée, si toute histoire est figurée, il n'est d'autre consolation que de fabuler des fictions qui se reconnaissent comme telles, et donc qui ne se prétendent pas corrélatives du réel. Par le biais des savants anachronismes ou de la mise à distance que permet la légende, Borges place ses fantaisies dans un état pré- ou paléopsychologique, qui donne lieu à un commerce direct avec le fabuleux et le prodigieux et qui lui permet de s'approprier tout le flux de la littérature sacrée, tout le trésor d'inspiration mythique ou mystique. Le riche répertoire symbolique de la théologie et de la métaphysique est détourné de l'ordre transcendantal vers l'immanence littéraire pour composer des labyrinthes progressifs, rétrospectifs, circulaires, des labyrinthes mentaux qui sont la pâle réplique des naturels, métaphore de cet autre labyrinthe qui les contient tous : l'inembrassable univers.
Adepte des arcanes, Borges trame dans ses récits une étrange symbiose entre énigmes textuelles et énigmes factuelles en relation spéculaire. D'où chez lui cet amalgame de l'essai et du narratif, d'où le caractère métalittéraire que Borges prête à ses fictions. Y est omniprésente la condition interdépendante et interchangeable d'un auteur à la fois lecteur, ourdisseur et déchiffreur de cryptographies. Borges nie l'originalité, considérant que toute écriture coexiste au sein d'une textualité qui la rend possible, la conditionne et l'implique. Il a coutume d'indiquer, dans le cours de ses fictions, les sources qui les suscitent, mettant ainsi en relief ses mécanismes constitutifs. Il contrevient ainsi à la tendance centripète du récit, à sa feinte d'autogénération, et récuse les pouvoirs démiurgiques du narrateur.
Chez Borges, le récit se donne sous une configuration hautement stylisée, traduite en une parole proverbiale. Le gnomique affleure à la superficie du texte et occupe une telle place qu'il le fait osciller entre l'événementiel et le théorique. Délibérement archaïsant, Borges se reporte aux modèles canoniques, aux universaux fantastiques. Simultanément, il manipule des plus lointaines aux plus récentes gnoses pour inventer ses ingénieuses, ses impressionnantes confrontations, intersections, imbrications. Le fantastique résulte alors du croisement des mythomachies avec les logomachies. Un art combinatoire accouple cosmogonies mémorables et philosophies illustres pour instaurer cette étrangeté, ce vide provoqué par des manifestations qui renvoient à une présence indiscernable et ignorée.

Œuvre

Borges en 1963,
photo de Alicia D'Amico
Borges privilégie l'aspect fantastique du texte poétique, rejetant une écriture rationnelle, qu'il juge insuffisante et limitée. Certains[Qui ?] considèrent Borges comme l'une des influences majeures du réalisme magique latino-américain. D'autres[Qui ?] y voient au contraire un écrivain universel dans lequel peut se reconnaître toute l'humanité.

Son travail est érudit, et à l'occasion délibérément trompeur Tlön, Uqbar, Orbis Tertius. Il traite souvent de la nature de l'infini La Bibliothèque de Babel, Le Livre de sable, de miroirs, de labyrinthes et de dérive Le Jardin aux sentiers qui bifurquent, de la réalité, de l'identité ou encore de l'ubiquité des choses La Loterie à Babylone.

" Jorge Luis Borges est l'un des dix, peut être des cinq, auteurs modernes qu'il est essentiel d'avoir lus. Après l'avoir approché, nous ne sommes plus les mêmes. Notre vision des êtres et des choses a changé. Nous sommes plus intelligents. "a dit à son propos Claude Mauriac.
Des ouvrages comme Fictions ou L'Aleph contiennent des textes souvent courts et particulièrement révélateurs du talent de Borges pour l'évocation d'univers ou de situations étranges qui lui sont propres. Dans Le Miracle secret, un écrivain, face au peloton d'exécution, dans la seconde qui précède sa fin, se voit accorder la grâce de terminer l'œuvre de sa vie. Le temps se ralentit infiniment. Il peaufine mentalement son texte. Il retouche inlassablement certains détails… Il fait évoluer le caractère d'un personnage à la suite de l'observation d'un des soldats qui lui font face… Dans un autre récit, "histoire d'Emma Zunz" (Fuera de Emma Zunz), une jeune fille trouve un moyen inattendu, cruel et infaillible de venger son honneur et celui de sa famille…
Homère surgit peu à peu d’un autre texte, L’immortel, après un extraordinaire voyage dans l'espace et le temps. Dans Pierre Ménard, auteur du Quichotte, Borges nous dévoile son goût pour l'imposture, et un certain humour littéraire souvent rare, mais qui dans l'ouvrage Chroniques de Bustos Domecq, écrit en collaboration avec Adolfo Bioy Casares, s'épanouira dans l'évocation d'une étonnante galerie de personnages artistes dérisoires et imposteurs.

La concision, les paradoxes, les associations fulgurantes de mots comme « perplexes couloirs » sont typiques de son style unique.
Borges est devenu aveugle assez jeune mais de façon progressive, ce qui eut une forte influence sur ses écrits. Dans une de ses nouvelles, L’Autre, il se rencontre lui-même plus jeune, sur un banc, et se livre à quelques prédictions : « Tu deviendras aveugle. Mais ne crains rien, c'est comme la longue fin d'un très beau soir d'été ». À ce sujet, il raconte dans l’Essai autobiographique que cette cécité était probablement d'origine héréditaire et que certains de ses ascendants avaient connu la même infirmité. N'ayant jamais appris le braille, il dut compter sur sa mère pour l'aider, puis sur son assistante Maria Kodama. Il se faisait lire journaux et livres et dictait ses textes.
Outre les fictions, son œuvre comprend poèmes, essais, critiques de films et de livres. On y trouve une sorte de réhabilitation du roman policier, plus digne héritier de la littérature classique à ses yeux, que le nouveau roman. Ce genre littéraire demeure seul, selon lui, à préserver le plan de la construction littéraire classique, avec une introduction, une intrigue et une conclusion.
On trouve également parmi ses écrits de courtes biographies et de plus longues réflexions philosophiques sur des sujets tels que la nature du dialogue, du langage, de la pensée, ainsi que de leurs relations. Il explore aussi empiriquement ou rationnellement nombre des thèmes que l'on trouve dans ses fictions, par exemple l'identité du peuple argentin. Dans des articles tels que L’histoire du Tango et Les traducteurs des Mille et Une Nuits, il écrit avec lucidité sur des éléments qui eurent sûrement une place importante dans sa vie.
Il existe de même un livre qui réunit sept conférences dans diverses universités, qu'on peut considérer comme sept essais, clairs, ordonnés, d'une simplicité dérivant de leur caractère oratoire. Dans ce petit recueil de savoir, Les Sept Nuits (Siete Noches), on trouve un texte sur les cauchemars, sur les Mille et une nuits, sur la Divine Comédie de Dante, sur le bouddhisme et d'autres thèmes que Borges exploite et nous fait partager avec l'autorité didactique et la simplicité pédagogique d'un véritable professeur, érudit de la littérature.
Écrits entre 1923 et 1977, ses poèmes retrouvent les thèmes philosophiques sur lesquels repose la pluralité de l'œuvre de Borges. Des poèmes comme El Reloj de Arena (Le Sablier) ou El Ajedrez (Les Échecs) reconstruisent les concepts borgesiens par excellence, comme le temps, instable et inéluctablement destructeur du monde, ou le labyrinthe comme principe de l'existence humaine, mais d'un point de vue poétique, condensé dans des images surprenantes. Ces poèmes sont réunis dans Antologia Poética 1923-1977 (Recueil Poétique).
Sous le pseudonyme de H. Bustos Domecq, il écrit en collaboration avec Adolfo Bioy Casares Six problèmes pour Don Isidro Parodi, série d'énigmes mi-mondaines mi-policières. Le héros, Don Isidro Parodi, joue les détectives depuis la prison où il est enfermé et dans laquelle il est sollicité par une étrange galerie de personnages. L’isolement forcé semble stimuler sa clairvoyance car, sans quitter sa cellule, il résout chaque énigme aussi facilement que les autres détectives de la littérature, tels Auguste Dupin, Sherlock Holmes ou Hercule Poirot.

Histoire de l'éternité Historia de la eternidad 1936
Six problèmes pour Don Isidro Parodi (1942)
Fictions (Ficciones) (1944) (recueil contenant La Bibliothèque de Babel
L'Aleph (El Aleph) (1949)
Enquêtes puis Autres inquisitions (Otras inquisiciones 1952
L'Auteur puis L'auteur et autres textes (El hacedor 1960
L'Autre, le Même (El otro, el mismo) (1964)
Pour les six cordes (Para las seis cuerdas) (1965
Le Livre des êtres imaginaires (El libro de los seres imaginarios) (1967) collab. Margarita Guerrero (rééd. augm. du Manuel de zoologie fantastique, 1965, trad. de Manual de zoologiá fantástica, 1957)
Éloge de l'ombre (Elogio de la sombra) (1969)
Le Rapport de Brodie (El informe de Brodie) (1970)
Essai d'autobiographie (An autobiographica essay (1970 traduit en 1980 avec Livre de préfaces
L'Or des tigres (El oro de los tigres) (1972)
Introduction à la littérature nord-américaine (Introducción a la literatura norteamericana) (L'âge d'homme, 1973), en collaboration avec Esther Zemborain de Torres
Livre de préfaces puis Préfaces avec une préface aux préfaces (Prólogos con un prólogo de prólogos) (1975)
Le Livre de sable (El libro de arena) 1975
La Rose profonde La rosa profunda 1975
La Monnaie de fer La moneda de hierro 1976
Libro de sueños non traduit 1976.
Qu'est-ce que le bouddhisme? Qué es el budismo?
Histoire de la nuit Historia de la noche 1977
Sept nuits Siete noches 1980
Livre de préfaces, suivi de Essai d'autobiographie 1980
Le Chiffre La cifra 1981
Neuf essais sur Dante Nueve ensayos dantescos 1982
Atlas (1984)
Les Conjurés (Los conjurados) (1985
Le Martin Fierro (1985) trad. Bernard Lesfargues - Éditions Curandera, : , 1985
Conversations à Buenos Aires (Dialogos de Jorge Luis Borges y Ernesto Sábato) (1996) Jorge Luis Borges - Ernesto Sábato
Ultimes dialogues (1996) Jorge Luis Borges - Osvaldo Ferrari
La proximité de la mer, anthologie (2010) (ISBN 978-2-07-012842-6)
La Sœur d'Eloisa avec Luisa Mercedes Levinson, traduction française de Christian Garcia
"Dialogue", entretien, textes rares, lettres inédites, Jorge Luis Borges, Victoria Ocampo, préface de Maria Kodama, introduction d'Odile Felgine, traduction d'André Gabastou, Bartillat/SUR, Paris, 2014
Par ailleurs, Borges a publié un grand nombre de chroniques, notamment dans Proa 1924-1926, La Prensa 1926-1929, Sur et El Hogar 1936-1939.

Dans une entrevue, à l'automne 2010, María Kodama suggère, à qui veut s'initier à l'œuvre de Borges, de commencer par Le livre de sable 1975, Les Conjurés 1985 et Le rapport de Brodie 1970, avant d'aborder Fictions 1944 et L'Aleph (1949).

Adaptations cinématographiques

Invasion, film réalisé par Hugo Santiago en 1968, en collaboration avec Jorge-Luis Borges, sur une idée de Jorge-Luis Borges et Adolfo Bioy Casares;
La Strategia del Ragno (La Stratégie de l'araignée), film réalisé par Bernardo Bertolucci en 1970, d'après Thème du traître et du héros (Fictions);
El Sur (le Sud), film réalisé par Carlos Saura en 1992;

Adaptations musicales

Les ruines circulaires, mélodrame pour piano et un acteur de Michèle Reverdy, 1999

Références littéraires

Dans le roman d'Umberto Eco Le Nom de la rose, adapté au cinéma par Jean-Jacques Annaud en 1986, le bibliothécaire aveugle Jorge de Burgos est une évocation peu voilée de Jorge Luis Borges, la bibliothèque labyrinthique faisant référence à la Bibliothèque de Babel, la célèbre nouvelle de Borges. Umberto Eco, qui vénère indubitablement l'art de Borges s'est sans doute amusé à créer un personnage qui, par son étroitesse d'esprit et son absence totale de curiosité, est un peu le contraire de Borges, même s'il partage avec lui la cécité et la familiarité des livres. La préface du Nom de la Rose est d'ailleurs un clair hommage à Borges et pourrait avoir été écrite par lui. Umberto Eco nous y raconte le mystère compliqué d'un ouvrage de l'abbé Vallet, mystère qui par miracle se dénoue… à Buenos Aires, quand notre romancier, fouinant sur les étagères d'un petit libraire antiquaire dans la Corrientes découvre la version castillane d'un opuscule de Milo Temesvar, De l'utilisation des miroirs dans le jeu des échecs, etc.

Hommages

Le 24 août 2011, Google lui consacra son logo.

liens

http://youtu.be/qT_i9tNbnjE Entretien 1
http://youtu.be/mwcsVdfxCCw Entretien2
http://youtu.be/bVbcroIR0yY entretien 3
http://youtu.be/l_8H1xzcgtM Entretien 4
http://youtu.be/whNgoxPZC00entretien5
http://youtu.be/PCZYdvhSZXI entretien6
http://youtu.be/wQaUk3QAjEk entretien7


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#298 Paulo Coelho
Loriane Posté le : 23/08/2014 16:24
Le 24 août 1947 à Rio de Janeiro, naît Paulo Coelho,

romancier, écrivain de drame psychologique de langue portugaise et interprète brésilien, il . Il a acquis une renommée internationale avec la publication de L'Alchimiste, vendu à 65 millions d'exemplaires. Il a vendu plus de 165 millions de livres à travers le monde et ses ouvrages ont été traduits en 80 langues.Il est fait chevalier de l'Ordre National de la Légion d'Honneur et membre de l'Académie des lettres brésilienne depuis 2002
Les récits de Coelho abordent des thèmes proches à chacun, notamment ceux concernant les rêves, les projets, les faiblesses, les doutes, et le sens de la vie… Ces thèmes concis ne s'embarrassent guère d'un décor somptueux : l'essentiel étant l'histoire des deux ou trois personnages bien ciblés qui se mesurent au destin.
La légende personnelle

La légende personnelle est une expression utilisée par l’écrivain Paulo Coelho dans son livre L'Alchimiste. Selon lui, nous serions tous porteurs d'un destin particulier et favorable. L'accomplissement de ce destin, qu’il nomme la légende personnelle, dépendrait de notre capacité à retrouver nos envies profondes.
"Si vous écoutez votre cœur, vous savez précisément ce que vous avez à faire sur terre. Enfant, nous avons tous su. Mais parce que nous avons peur d’être désappointé, peur de ne pas réussir à réaliser notre rêve, nous n’écoutons plus notre cœur. Ceci dit, il est normal de nous éloigner à un moment ou à un autre de notre Légende Personnelle. Ce n’est pas grave car, à plusieurs reprises, la vie nous donne la possibilité de recoller à cette trajectoire idéale " extrait de l’interview en lien externe

Sa vie

Paulo Coelho est né à Rio de Janeiro, d'un père ingénieur appartenant à la classe moyenne brésilienne. Il fréquente l’école jésuite de San Ignacio. Ses parents le veulent ingénieur, Paulo aime le théâtre. Quand il annonce à sa mère qu'il souhaite devenir écrivain, sa mère lui répond :
"Mon chéri, ton père est un ingénieur. C'est un homme raisonnable et logique avec une vision très nette du monde. Sais-tu exactement ce qu'est un écrivain ? ."
Après quelques recherches, Paulo découvre qu'un écrivain porte toujours des lunettes et ne se coiffe jamais et a le devoir de ne jamais être compris par sa génération .
Introverti et rebelle, il s'oppose au chemin tracé par ses parents. Son père, désemparé par cet enfant difficile, le fait interner dans un hôpital psychiatrique alors qu’il n’avait que dix-sept ans. Il s'en est échappé trois fois avant d’être relâché à l'âge de 20 ans. Paulo dit à ce sujet Ils n'ont pas fait ça pour me faire souffrir... mais ils ne savaient pas quoi faire. Ils n'ont pas fait ça pour me détruire, ils ont fait ça pour me sauver. Bien des années plus tard, l’écrivain puisera dans cette expérience pénible le matériau de son roman Veronika décide de mourir.
Pour faire plaisir à ses parents, Paulo décide de suivre des études de droit et met de côté son rêve de devenir écrivain. Mais il abandonne tout un an plus tard.
Les années 1960 voient l’explosion internationale du mouvement hippie. Paulo y souscrit, ainsi qu’à tous ses excès. À l'age de 23 ans, il abandonne sa ville natale pour voyager à travers le Mexique, le Pérou, la Bolivie et le Chili, ainsi qu'à travers l'Europe et l'Afrique du Nord. Deux ans plus tard, il revient au Brésil et commence à composer des paroles de chansons populaires, travaillant avec des musiciens tels que Raul Seixas. Leur association est un succès, et leur collaboration contribue à changer le visage de la scène rock brésilienne. Coelho s'est réconcilié avec la confession catholique en rencontrant sa femme Cristina, artiste peintre.
Sa vie est un roman intense : avant d’acquérir une réputation internationale et de devenir un auteur de best-sellers lu dans le monde entier, il a dû surmonter de nombreuses épreuves. A l’adolescence, entre 1966 et 1968, ses parents, croyant reconnaître dans son attitude rebelle des signes de folie, le font interner trois fois en hôpital psychiatrique où il subit des électrochocs. En raison de sa présence dans certains cercles artistiques, il est également emprisonné et soumis à des tortures physiques pour des activités subversives contre la dictature brésilienne.

Paulo Coelho rencontre ensuite la rock star Raul Seixas et rejoint le mouvement hippie, une expérience qu’il qualifie « d’amour et de paix», une période très « sex, drugs and rock n’ roll. Ensemble, entre 1973 et 1982, les deux artistes composent environ 120 chansons, qui ont révolutionné la musique pop au Brésil – certains de leurs tubes sont encore dans les mémoires. Hérica Marmo décrit cette période de sa vie dans le livre La chanson du magicien, une trajectoire musicale de Paulo Coelho, publié en 2007. Hippie, journaliste, star du rock, acteur, dramaturge, metteur en scène et producteur de télévision … ce tourbillon d’activités est interrompu en 1982, lors d’un voyage en Europe.

Il est brièvement emprisonné en 1974 sous le prétexte d'avoir commis des gestes subversifs contre la dictature brésilienne. Après cette expérience, Paulo Coelho aspire à une vie ordinaire. Il est alors journaliste spécialisé dans la musique brésilienne, puis il travaille chez Polygram et rencontre sa première épouse. Cet épisode de « normalité ne dure que quelques années. En 1978, il quitte sa femme et son travail.
Son questionnement spirituel l'amène à participer à bien des expériences, y compris des rituels de magie noire. Sur le chemin du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, il trouve l'inspiration de son premier livre Le Pèlerin de Compostelle en 1987 mais qui ne sera exporté que 10 ans plus tard. Dans une interview il raconte :
"J'étais très heureux dans ce que je faisais. Je faisais quelque chose qui me donnait nourriture et eau. Je travaillais, j'avais une personne que j'aimais à mes côtés, j'avais de l'argent. Mais je ne vivais pas mon rêve. Mon rêve était, et l'est toujours, de devenir écrivain."
Il laisse tomber sa carrière d’interprète pour se consacrer entièrement aux livres.

À Dachau, puis quelques temps plus tard, à Amsterdam, Paulo vit une rencontre mystique avec "J", son mentor à venir, qui le convainc d’entreprendre le pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle. C’est en 1986, à l’âge de 38 ans, sur le chemin de Compostelle, à travers la France et l’Espagne, que Paulo Coelho se convertit au christianisme, retrouvant ainsi la foi qui lui avait été enseignée à l’école par les Jésuites. Il décrira plus tard cette expérience dans son premier livre, Le Pèlerin de Compostelle, publié en 1987.

L’année suivante, il publie sa deuxième œuvre, L’Alchimiste, celle qui lui a permis d’accéder une renommée mondiale.

Aujourd’hui, ce roman est considéré comme un classique moderne, et admiré universellement. L’histoire – que beaucoup considèrent comme hors du temps – est destinée à enchanter et inspirer des générations de futurs lecteurs.
L’Alchimiste a été suivie par Brida publié en 2010 en France, Le cadeau suprême 1991, un travail qui s’appuie sur un texte d’Henry Drummond, Les Walkyries 1992, Maktub 1994, Sur le bord de la rivière Piedra, je me suis assise et j’ai pleuré 1994, La Cinquième Montagne 1996, Lettres d’amour du Prophète 1997, basé sur l’œuvre de Khalil Gibran, Le Manuel du Guerrier de la Lumière 1997, Veronika décide de mourir 1998, Le Démon et mademoiselle Prym 2000, Onze Minutes 2003. Parmi les publications les plus récentes on compte :, Le Zahir, 2005, Comme la rivière qui coule 2006, La Sorcière de Portobello 2007, La Solitude du Vainqueur 2009, Aleph 2011 tous publiés en France par Flammarion en grand format et par J’ai Lu en poche.
Paulo Coelho a reçu de nombreux prix internationaux et pour beaucoup, prestigieux. Les critiques ont salué son style poétique, réaliste et philosophique, et son langage symbolique, qui non seulement parle à l’esprit mais aussi au cœur.
Depuis 2002 il est membre de la prestigieuse Académie Brésilienne des Lettres. Paulo Coelho apparaît dans le Livre Guinness des Records pour le plus grand nombre de traductions 53 d’un seul titre L’Alchimiste dédicacée en une seule séance 45 minutes. Ce record a été atteint lors d’une compétition internationale de «séances de dédi
Derrière l’écrivain se cache un homme qui aime lire et voyager, une personne qui aime les ordinateurs, Internet, la musique, le football, qui aime se promener et pratiquer le Kyudo – une discipline qui allie la pratique du tir à l’arc à la méditation. Il commence d’ailleurs ses journées très tôt par une promenade de deux heures, puis se consacre au lancement de 24 flèches avec l’un de ses trois arcs.
Il a toujours eu un profond intérêt pour le cinéma, et travaille actuellement sur ​​son premier projet de film, intitulé La Sorcière Expérimentale. Avec son épouse, Christina Oiticica, il partage sa vie entre Rio de Janeiro et l’Europe.

Il habite à Genève, en dehors des périodes où il voyage pour promouvoir son œuvre. Il consacre une partie de ses revenus à sa fondation qui s'occupe de jeunes et de personnes âgées délaissées à Rio.

Carrière

En 1987, Paulo Coelho publie Le Pèlerin de Compostelle.
En 1988, il publie le roman qui le rend célèbre L'Alchimiste, traduit en français en 1994. La légende qui est à la source de son ouvrage est celle du fondateur d'une synagogue de Cracovie : Isaac Jakubowicz. Le roman est basé sur une nouvelle de Jorge Luis Borges, Le Conte des deux rêveurs.
Il est également l'auteur de Sur le bord de la rivière Piedra, je me suis assise et j'ai pleuré, traduit en 23 langues, et de Maktub en 1994, de Le Démon et Mademoiselle Prym en 2000, Onze minutes en 2003, Manuel du guerrier de la lumière, La Cinquième Montagne, Le Zahir, Comme le fleuve qui coule, Le manuscrit retrouvé en 2012 et Adultère en 2014.
Il a vendu plus de 165 millions de livres à travers le monde et ses ouvrages ont été traduits en 80 langues. Il a gagné de nombreux prix littéraires dans divers pays, y compris une mention du prestigieux Prix littéraire de Dublin pour Veronika décide de mourir.
Il est chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur et il a reçu de nombreux prix internationaux prestigieux. Est membre de l'Académie des lettres brésilienne depuis 2002 et Messager de la paix des Nations unies depuis 2007. Avec plus de 30 millions de fans, il est l’auteur qui compte le plus grand nombre d’adeptes sur les réseaux sociaux.
Paulo Coelho est un des rares écrivains à être l'objet de fan-clubs officiels, au Brésil bien sûr mais aussi en Italie, en Espagne, en Pologne, au Portugal, en Grèce et également en France.

Style

Les livres de Coelho sont des romans à tendance philosophique abordant la spiritualité, à la manière d'un vaste conte. Une spiritualité syncrétique, qui méconnaît les orthodoxies, empruntant à des traditions très diverses, et parfois contradictoires : religions, courants philosophiques, mysticisme, spiritisme, méditation, surnaturel, ésotérisme, etc. Le style fluide et direct, aisé à traduire, et la trame simple des récits ont permis à Coelho de toucher un très vaste lectorat, dans toutes les cultures.
Cette écriture simpliste lui vaut toutefois d'être considéré par une grande partie de la critique comme un écrivain mineur aux moyens faciles, dans la lignée du roman populaire, voire des manuels de « développement personnel », proposant une spiritualité insaisissable, sans fondement solide. Au Brésil, bien qu'il y soit l'écrivain le plus connu, et membre de l'Académie des lettres depuis 2002, il est critiqué entre autres pour son manque d'originalité, l'immense publicité qui accompagne la sortie de chacune de ses œuvres et ses fautes de grammaire… Habitué à ces reproches, Coelho rétorque régulièrement que le fait que ses livres soient lus par un si large public lui suffit.

"Je pense que les écrivains écrivent, les critiques critiquent et les lecteurs lisent. En ce qui concerne la simplicité de mes livres, je donne entièrement raison à mes critiques. Être simple, c'est ce qu'il y a de plus difficile."

Œuvres

Dates de parution en français
Le Pèlerin de Compostelle, J'ai Lu, 1987
L'Alchimiste, J'ai Lu, 1994, 1995 édition illustrée par Mœbius, édition de poche J'ai lu, 1996
Maktub, J'ai Lu, 1994.
Sur le bord de la rivière Piedra, je me suis assise et j'ai pleuré, J'ai Lu, 1994.
La Cinquième Montagne, J'ai Lu, 1996.
Manuel du guerrier de la lumière, J'ai Lu, 1997 .
Conversations avec Paulo Coelho, J'ai Lu, 1999.
Veronika décide de mourir, J'ai Lu, 1998.
Le Démon et mademoiselle Prym, J'ai Lu, 2000.
Onze minutes, J'ai Lu, 2003.
Le Zahir, Flammarion, 2005
Comme le fleuve qui coule, Flammarion, 2006.
La Sorcière de Portobello, Flammarion, 2007, 380 p.
La Solitude du vainqueur, Flammarion, 2009, 373 p.
Brida, Flammarion, 2010
Aleph, Flammarion, 2011
Le Manuscrit retrouvé, Flammarion, 2013
Adultère, Flammarion, 2014

Œuvres non publiées en France

As Valkírias Les Valkyries, 1992
Filmographie
Comme scénariste
1979 : Amante Latino
Comme compositeur
1998 : Rita Lee: Acústico MTV vidéo
Jeux-vidéo
Comme scénariste
1997 : Pilgrim par le livre et l'épée design et personnages: Moebius, Infogrames

Liens

http://youtu.be/ltCpoy28PH0 Portrait de Coelho
http://youtu.be/ltCpoy28PH0 Interview Ina
http://youtu.be/QmB-28okkjw L'alchimiste citations


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#299 Aldo Palazzeschi
Loriane Posté le : 16/08/2014 19:56
Le 17 août 1974 à Rome meurt Aldo Palazzeschi

c'est le nom de plume de Aldo Giurlani, poète et romancier italien. Il choisit le nom de Palazzaschi, qui était le nom de famille de sa grand-mère maternelle, dès ses premières publications.Il naît le 2 février 1885 à Florence

En bref

Aldo Giurlani naît à Florence ; adolescent, il choisira le pseudonyme de Palazzeschi qui est le nom de sa grand-mère. Issu d'une famille de la bourgeoisie aisée son père le destine à des études commerciales, Aldo rêve, très jeune, d'être comédien, et entreprend d'écrire son premier recueil de poèmes, I Cavalli bianchi, 1905 Cheveux blancs. L'année suivante, il abandonne sa carrière théâtrale pour se consacrer à la littérature. Deux autres recueils voient le jour, Lanterna 1907 et Poemi 1908. En 1909, il adhère au futurisme, le mouvement littéraire et artistique fondé par F. T. Marinetti. Il publie un nouveau recueil de poèmes, L'Incendiario 1910 et le roman Il Codice di Perelà 1911, par la suite réédité sous le titre Perelà uomo di fumo. Son adhésion au futurisme dure jusqu'en 1914. Il mettra notamment en contact Papini et Soffici avec Marinetti, contribuant à la naissance d'un futurisme florentin dont l'organe officiel, la revue Lacerba 1913-1915 le compte parmi ses plus importants collaborateurs. C'est dans cette revue qu'il publie, en janvier 1914, sa célèbre contribution théorique au mouvement de Marinetti : La Contre-douleur éd. franç., 1973. Il décide de se désolidariser du futurisme alors qu'il séjourne à Paris, et fréquente Apollinaire qui l'introduit dans les milieux littéraires. Après la guerre, sa production est assez régulière : Due Imperi... mancati 1920, Il Re bello nouvelles, 1921 ; La Piramide roman, 1926, Poesie 1930, Stampe dell''800 prose, 1932. Cette période créatrice atteint son apogée avec son chef-d'œuvre romanesque, Le Sorelle Materassi 1934, dont le succès le consacre définitivement comme romancier auprès du grand public. Sa vie ne change pas pour autant. Il continue d'habiter Florence et, fidèle à sa solitude, reste célibataire jusqu'à sa mort.
Après la publication de Il Palio dei buffi nouvelles, 1937, il décide pendant la guerre de s'établir à Rome et travaille au roman I Fratelli Cuccoli, qui sortira en 1948. À la fin du conflit, reprenant son livre de 1920, il publie Tre Imperi... mancati 1945, pages de souvenirs où il proclame à nouveau sa sévère condamnation de la guerre. Après la publication en 1951 d'un recueil de nouvelles, Bestie del 900 Bêtes de notre temps, 1963, un autre roman, Roma 1953, lui vaudra le prix Marzotto. À partir de 1957 commence l'édition de ses Œuvres complètes. Il publie encore Vita militare prose, 1959, Il Piacere della memoria 1964, Il Buffo integrale nouvelles, 1966, Il Doge roman, 1967. L'année suivante, un grand succès salue son retour à la poésie avec le recueil Cuor mio 1968. Suivent deux romans, Stefanino 1969, Storia di un'amicizia 1971, et un nouveau recueil de poèmes, Via delle cento stelle 1972. En juin 1974, dans un numéro spécial de la revue Il Verri consacré à son œuvre, il publie deux contes et un poème extraits de ses derniers livres, que sa mort ne lui permettra pas d'achever.

Sa vie

Né d'une famille de commerçants aisés, il entreprit d'abord des études commerciales, poussé par son père. Pourtant, souhaitant pouvoir se dédier au théâtre il commence à fréquenter l’école Tommaso Salvini en 1902. Il est probable qu'il ait renoncé à signer de son nom de famille pour Palazzeschi en raison du désaccord avec son père sur son projet de carrière. Il publie son premier recueil de poésie, d'inspiration crépusculaire, Cavalli bianchi en 1905, à compte d'auteur, chez un éditeur imaginaire, Cesare Blanc le nom de son chat et l’année suivante il abandonne le théâtre pour se vouer entièrement à la poésie.
De 1909 à 1914, il adhère au mouvement futuriste fondé par Filippo Marinetti. Ses œuvres publiées dans le cadre du futurisme sont L’incendiario 1910 et Il codice Perelà 1911 réécrit en 1955 sous le titre Perelà uomo di fumo. Il devient l’un des plus importants collaborateurs de la revue du mouvement Lacerba, dans laquelle il contribue à écrire des essais de théorisation du futurisme, parmi lesquels l’article La contre-douleur 1914 restera le plus connu. Il commence à cette période à contribuer à la revue La Voce de Giuseppe De Robertis.
En 1914, Palazzeschi, pacifiste, rompt avec les futuristes à cause de leur position interventionniste dans la Grande Guerre. Bien qu'étant réformé, il est mobilisé pour quelques mois en tant que soldat du génie durant l'été 1916 avant de rester en garnison à Florence, Rome, puis Tivoli.
Après la guerre, il maintient une attitude détachée vis-à-vis du régime fasciste et mène une vie très isolée, ce qui lui permet d’intensifier sa production littéraire. Il écrit Due Imperi... mancati 1920, livre en partie autobiographique sur la Première Guerre mondiale, Il Re bello 1921, “La Piramide” 1926, “Stampe dell'800” prose, 1932. Mais l’apogée est atteint avec Le Sorelle Materassi 1934, dont le succès le fait connaitre du grand public et qui sera adapté au cinéma en 1944 puis dans un téléfilm dramatique en 1972.

En 1938 son père meurt et en 1939 sa mère; Palazzeschi, en 1941, vient habiter à Rome où il résidera jusqu'à sa mort.

Pendant les années soixante, Palazzeschi entre dans une troisième phase de sa production qu'il consacre à ses expériences juvéniles. La nouvelle avant-garde littéraire l’exalte en le considérant comme leur précurseur principal, mais il répond avec détachement et ironie. Parmi ses dernières œuvres, écrites à l'aube de ses quatre-vingts ans, on trouve "Il buffo integrale" publié en 1966, dans lequel Italo Calvino reconnait un modèle pour son écriture. Il publie cette même année un recueil de poèmes en français, Schizzi italofrancesi, où il croque des scènes de la vie parisienne, ayant fréquenté la France durant le fascisme, pour fuir la culture officielle, puis le conte surréaliste "Stefanino" 1969, le Doge 1967 et finalement le roman "Storia di una amicizia" 1971.

L'écriture de Palazzeschi a souvent été considérée bizarre, paradoxale, allégorique, d’avant-garde et capable de créer un monde imaginaire par la critique du xxe siècle, qui a aussi remarqué sa capacité à maintenir des liens ténus avec les autres cultures européennes de ces années.

Poésie

I cavalli bianchi, 1905.
Lanterna, 1907.
L'incendiario 1905-1909.
Schizzi italo-francesi, 1966.
Via delle cento stelle. 1971-1972.

Prose

Il Codice di Perelà, 1911 réécrit en 1954 sous le titre de Perelà uomo di fumo
Due imperi mancati, 1920
Il Re bello, 1921
La piramide. Scherzo di cattivo genere e fuor di luogo, 1926
Gravures du xixe siècle Stampe dell'Ottocento 193
Les sœurs Materassi Sorelle Materassi 1934
Il palio dei buffi, 1937
Tre imperi mancati. 1922-1945, 1945
Les frères Cuccoli I fratelli Cuccoli 1948
Bêtes de notre temps Bestie del 900 1951
Un Prince Romain Roma, 1953
Scherzi di gioventù Recueil d’œuvres de jeunesse, 1956
Vita militare, 1959
Il piacere della memoria, 1964
Il buffo integrale, 1966
Ieri, oggi e...non domani, 1967
Le Doge Il doge, 1967
Stefanino, 1969
Storia di un'amicizia, 1971
La conversation de la comtesse Maria Interrogatorio della contessa Maria, (1988 publication posthume

Liens

http://youtu.be/SmBJEqL2Z3Y Divertissements poétiques
http://youtu.be/7I3pLVJSBGA Poésies


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#300 Robert Sabatier
Loriane Posté le : 16/08/2014 19:48
Le 17 août 1923 à Paris naît Robert Sabatier

écrivain et poète français, il reçoit le Prix Artaud, le Grand prix de poésie de l'Académie française, le Prix Goncourt
il est membre de l'Académie Goncourt, ses Œuvres principales sont Les Allumettes suédoises en 1969, Trois sucettes à la menthe en 1972, Les Noisettes sauvages en 1974,
Les Fillettes chantantes en 1980, il meurt à 88 ans, à boulogne-Billancourt, le 28 juin 2012 à Boulogne-Billancourt

En bref

À côté de son œuvre romanesque, Robert Sabatier n'a cessé de s'intéresser passionnément à la poésie, avec une belle fécondité d'historien et de poète. Son Histoire de la poésie française neuf volumes parus de 1975 à 1988 est devenue un monument très important de l'histoire littéraire française. Robert Sabatier y fait montre d'une largeur de vues peu commune, d'une grande hardiesse à sortir de l'ombre les poètes méconnus de toutes époques, d'une absence de dogmatisme, enfin, qui lui permet de rendre compte tout aussi sereinement des traditions qui se perpétuent et des ruptures éclatantes. « Le poème, seul prince », dit l'historien qui confère explicitement au genre poétique une fonction libératrice.
L'œuvre poétique de Robert Sabatier compte de nombreux recueils, parmi lesquels Les Fêtes solaires 1955, Les Poisons délectables 1965, Icare et autres poèmes 1976, L'Oiseau de demain 1981, Écriture 1993, Les Masques et le miroir 1998. Très sensible à l'éclatement de la parole, caractéristique de la poésie du XXe siècle, Robert Sabatier fait volontiers profession de chercher à opérer un rassemblement, une réédification, une reconstruction de la parole.
Il se veut un poète influencé par tous les autres, qu'il connaît si bien, et non par la toute dernière avant-garde que, pour autant, il n'ignore pas. Sa poésie est, le plus souvent, régulièrement rythmée, parfois rimée. Dans ce mode traditionnel, elle se fait l'écho des angoisses que peut à bon droit susciter notre époque. Robert Sabatier fut membre de l'académie Goncourt de 1971 jusqu'à sa mort, survenue le 28 juin 2012.

Sa vie

Issu de parents et grands-parents auvergnats, mais élevé à Montmartre, puis dans le quartier du Canal Saint-Martin, Robert Sabatier raconte son enfance dans les séries du "roman d'Olivier", dont les Allumettes suédoises, porté à l'écran par Jacques Ertaud en 1996. Avec 3 millions d'exemplaires vendus à ce jour, en y intégrant les épisodes les plus récents comme Olivier 1940 et les Trompettes Guerrières, l'auteur rencontre un important succès de librairie.
L'écrivain Robert Sabatier est né à Paris le 17 août 1923. Les innombrables lecteurs de son roman d'Olivier successivement Les Allumettes suédoises, 1969 ; Trois Sucettes à la menthe, 1972 ; Les Noisettes sauvages, 1974 ; Les Fillettes chantantes, 1980 ; La Souris verte, 1990 ; Olivier et ses amis, 1993 ; Olivier 1940, 2003 ; Les Trompettes guerrières, 2007 ont d'emblée reconnu en lui un écrivain populaire, au sens le plus généreux du terme.
Dans ce cycle, l'auteur ne déserte jamais un réalisme solide fondé sur les souvenirs vécus. L'émotion directe y affleure sans insistance. Elle est provoquée par les difficultés d'un enfant qui découvre le monde, après la mort de ses parents.
C'est ainsi que le héros du Cygne noir 1995 s'affronte à l'image du père inconnu.
Pour cocasses qu'ils apparaissent souvent, les personnages de Robert Sabatier fleurent l'authenticité, d'autant plus que l'auteur se veut la mémoire exacte d'une époque révolue : les années 1930, à Montmartre, par exemple, avec son drôle de monde qu'il s'efforce de recréer jusqu'à recourir à de fréquents inventaires les films du moment, les acteurs oubliés, les publicités d'alors, les modes langagières, etc.. Alain Bosquet pourra parler avec justesse d'un néo-naturalisme romantique, appréciation que contredit, à l'occasion, tel ou tel autre roman naviguant dans le genre picaresque, La Sainte Farce, 1960 ou le conte fantaisiste et merveilleux, Les Enfants de l'été, 1978 ; Le Lit de la merveille, 1997.

Orphelin de bonne heure, ouvrier typographe, il participe à la Résistance, imprime lui-même ses premiers vers et fonde à Roanne une revue, la Cassette. Il restera toujours fidèle à l'inspiration poétique
Les années secrètes de la vie d'un homme, traduit en allemand et en suédois sous le titre d'Ego, mais aussi Diogène et le Traité de la Déraison Souriante révèlent un auteur plus grave, proche davantage de Cioran que de Mac Orlan.
En 1950, Robert Sabatier travaille aux Presses universitaires de France. Il devient par après directeur littéraire des éditions Albin Michel, jusqu'à son élection à l'Académie Goncourt en 1971, ainsi qu'à l'Académie Mallarmé.
Il est l'auteur d'une Histoire de la poésie française en 9 volumes.
À partir de 1956, il fait paraître quelques romans policiers sous le pseudonymes de Robert Vellerut.
Vers 1978, il réalise un enregistrement en 33 tours où il récapitule déjà sa carrière d'auteur. Il fut l'un des sociétaires de l'émission de radio Les Grosses Têtes sur RTL.
Robert Sabatier meurt le 28 juin 2012 à l'hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt. Il est inhumé le 2 juillet 2012 à Paris, au cimetière du Montparnasse4 18e division.

Œuvres

Robert Sabatier a écrit des romans, des essais, des recueils d'aphorismes et de poésies.
Romans Série Le roman d'Olivier

Les Allumettes suédoises, Éditions Albin Michel, Paris 1969
Trois sucettes à la menthe, Éditions Albin Michel, Paris 1972
Les Noisettes sauvages, Édition Albin Michel 1974
Les Fillettes chantantes 1980
David et Olivier 1986
Olivier et ses amis 1993
Olivier 1940
Les Trompettes guerrières 2007

Autres romans

Alain et le Nègre Éditions Albin Michel, 1953
Le Marchand de sable 1954
Le Goût de la cendre 1955
Boulevard 1956
Canard au sang 1958
La Sainte Farce 1960
La Mort du figuier 1963 Prix Richelieu
Dessin sur un trottoir 1964
Le Chinois d'Afrique 1968
Les Enfants de l'été 1978
Les Années secrètes de la vie d'un homme 1984
La Souris verte 1990
Le Cygne noir 1995
Le Lit de la Merveille 1997
Le Sourire aux lèvres 2000
Le Cordonnier de la rue triste 2009

Poésie

Les Fêtes solaires Prix Artaud 1952
Dédicace d'un navire 1984
Les Poisons délectables
Les Châteaux de millions d'années
Icare et autres poèmes
L'Oiseau de demain
Lecture
Ecriture
Les Masques et le Miroir
Les Feuilles volantes
Sahel
Lumiére vivante
L'Enfant sauvage

Histoire littéraire

Histoire de la poésie française 9 volumes

Romans policiers sous le pseudonyme de Robert Vellerut

Pourquoi tuer un chien ?, Le Masque no 557, 1956
Le Portrait dans la vitrine, Le Masque no 656, 1956
Piste en zigzag, Le Masque no 915, 1966

Bibliographie

Jean-Pierre Leclerc, L'Auvergne des douze : Blaise Pascal, Chamfort, Jules Vallès, Pierre Teilhard de Chardin, Valery Larbaud, Jules Romains, Henri Pourrat, Georges Bataille, Alexandre Vialatte, Jean Anglade, Robert Sabatier, Georges Conchon., 297 p., Trois Arches, Chatou, 1993

Cinéma

Alain et le nègre a été adapté au cinéma par Maurice Delbez en 1964 sous le titre : Un gosse de la butte Rue des Cascades

Liens

http://youtu.be/phg6Hwym7uM Son enfance la vie d'Olivier
http://youtu.be/aGVhfktgGk8 Sabatier entre à l'académie Goncourt
http://youtu.be/QvsQaPAdejw Le coordonnier de la rue triste
http://youtu.be/rkBAfu3aUuA Interview par KTO TV
http://youtu.behttp://youtu.be/rkBAfu3aUuA/78gpxt-6UBE Le lit de la merveille
http://youtu.be/cVUhELN2pAE La souris verte


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Il souffle des mots à l'estrade
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A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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